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ANALYSE DU CONTEXTE COMMUNAUTAIRE DE MASHTEUITASH

6.3 Analyse du contexte communautaire de Mashteuiatsh, inspirée du modèle de Hindle

6.3.2 Analyse du contexte communautaire : partie analytique du modèle

Dans cette section, la partie analytique du modèle de Hindle est reproduite et représentée par deux étapes distinctes, comme dans le modèle de Hindle : 1) analyse des obstacles communautaires et 2) actions contextualisées.

1) Analyse des obstacles

Les acteurs du développement économique ont partagé certaines difficultés qui sont liées au développement de l’entrepreneuriat et qui doivent être mises en relation avec le contexte communautaire. Grâce à l’analyse du corpus empirique, les obstacles qui ont été répertoriés sont les suivants :

o Bas niveau de la scolarité des femmes autochtones :

« Écoutez, je vous dirais qu’on est en train de faire des avancées là-dessus. Je regarde au Québec, les femmes osent entreprendre maintenant. Les femmes autochtones, est-ce que moi je pense que les femmes autochtones ont des facteurs qui les empêchent comparativement aux femmes québécoises, si on veut? […] C’est sûr que dans certaines communautés, c’est difficile : souvent, les femmes n’ont pas ça facile. Ici, à Mashteuiatsh, il y a plusieurs organismes pour venir en aide. Est-ce qu’elles vont toutes demander de l’aide? Ça, j’imagine que non, c’est comme un peu partout ailleurs […] Est-ce que le facteur “étude”, est- ce qu’au niveau de la scolarité, c’est une chose qui peut faire en sorte que les femmes ont moins le goût parce que la scolarité est moins haute, ou ont dû arrêter pour s’occuper de la famille? […] » A_01

o Implication familiale des femmes autochtones :

« Souvent, les femmes autochtones ont des enfants jeunes. Donc, ça peut être un facteur qui fait qu’étant jeunes, elles ont le premier enfant, le deuxième, elles s’occupent de la famille et puis […] elles sont peut-être moins aptes à vouloir pousser dans ce sens-là. La famille, la culpabilité, parce que quand tu es entrepreneure, tu ne comptes plus tes heures. C’est des heures et des heures : difficiles pour une femme. La femme autochtone a souvent plusieurs enfants, je ne dirais pas plus que la femme québécoise, mais c’est un autre… c’est une autre mentalité, donc… laisser la maison et dire : “Là, maintenant, je me consacre à mon entreprise”, ce n’est pas évident, ce n’est pas évident. » A_01

« Les femmes, on dirait, ont plus de misère. Les femmes, on est… on est… déjà, on est indépendantes, donc on n’aime pas devoir raconter, étaler nos finances, étaler notre vie ou […] Souvent, elles vont venir ici, mais elles ont peur, elles ont peur de se faire voler son idée, de se faire voler son projet, donc elles vont être plus réticentes, plus méfiantes que les hommes. En partant peut-être les femmes, on est plus méfiantes des hommes un peu dans tout, mais il n’y a pas de différences dans l’entrepreneuriat. C’est effectivement la méfiance, la peur. » A_01

o Préjugés et stéréotypes liés au rôle de la femme en affaires :

« Malheureusement, même si on est en 2018, on fait encore face à certains préjugées, par exemple que la place d’une femme, ce n’est pas nécessairement en affaires. Malheureusement, ça doit être des messages qui peuvent possiblement se véhiculer, quand on sait que c’est faux. Mais je suis convaincu qu’elles font face à ces préjugés-là. Chez nous, à Mashteuiatsh, est-ce que c’est plus problématique qu’ailleurs? C’est malheureux à dire, mais je ne saurais pas dire. J’ai une perception que c’est tout aussi difficile, qu’on véhicule malheureusement certains préjugés aussi. Mais est-ce que c’est plus qu’ailleurs? Je ne le sais pas, je ne le sais pas, je devrais peut-être être au courant, mais je ne pourrais pas dire. » A_04

o Sexisme et patriarcat sur le plan communautaire :

« Je pense qu’au niveau culturel, les femmes ont à évoluer pour devenir des dirigeants, puis être capables de faire face à la musique. Je vais donner un exemple sur lequel souvent on est confronté : quand on est un entrepreneur, on doit prendre des décisions. On est souvent en majorité dans des contextes avec des hommes, parce qu’on est très peu des femmes. Et quand on adopte le style des hommes, dans une certaine façon, là, pas adopter leur style, mais on joue sur la patinoire, avec ce qu’on est comme femme, je dirais que les hommes ont un peu de difficulté à accepter le même message dit par une femme de ce qui serait dit par un homme. On se confronte beaucoup à ça, donc au niveau culturel, au niveau des mentalités, je dirais qu’il y a une difficulté. » A_18

2) Actions contextualisées

Les acteurs du développement économique communautaire qui ont été interviewés pendant l’enquête qualitative ont partagé certaines améliorations qui peuvent être apportées à la communauté et qui sont potentiellement utiles pour soutenir les activités des femmes entrepreneures Ilnuatsh. Les améliorations qui ont été répertoriées sont les suivantes :

o Sensibilisation à l’entrepreneuriat :

« Je pense que ce qu’il faudrait est de publiciser aux efforts qu’on veut des femmes entrepreneures, autant du côté du conseil qu’ici, à la SDEI. Je pense

qu’un peu tout le monde dans la communauté aurait intérêt à […] publiciser, sensibiliser encore plus. J’ai l’impression que ça se fait, mais je m’aperçois que peut-être cela ne se fait peut-être pas assez, puis est-ce qu’il y a un désir d’entreprendre qui est fort? Je ne sais pas, je ne peux pas répondre à ça. » A_01 o Programmes propres aux femmes entrepreneures autochtones :

« Peut-être que ce serait bien, un programme destiné aux femmes qui désirent entreprendre. » A_01

o Regroupements de femmes entrepreneures autochtones :

« Je dirais ce que je disais tantôt : de faire des regroupements pour échanger sur ce qu’on vit. Ce serait un plus. C’est sûr qu’à partir du moment où on a des regroupements, des associations, ça peut être juste […] Ces gens-là sont des messagers pour parler. Mais maintenant, à mon goût, on est beaucoup plus seules dans notre bateau. » A_18

o Incitatifs financiers :

« Il pourrait y avoir des bourses dédiées aux femmes entrepreneures ici, pour les aider, parce qu’on le sait que c’est dur de se partir une entreprise. C’est dur pour tout le monde de se partir une entreprise. En plus, c’est dur pour une femme de se partir une entreprise pour différentes raisons qu’on a énumérées tout à l’heure. » A_11

o Promotion des femmes dans le journal de la communauté :

« Comme je vous disais tout à l’heure, il faut promouvoir. Il faut faire beaucoup de promotion de tout ça. On a un journal qui est lu et reçu par tous les membres de la communauté : c’est le journal mensuel. C’est un mensuel qu’on a et qui devrait avoir une chronique là-dedans pour présenter une femme entrepreneure, soit tous les mois ou aux deux mois, dépendamment du nombre qu’on a […] Présenter ce qu’elles font, depuis quand elles font ça, c’était quoi leur rêve en faisant ça? Une petite entrevue d’une demi-page […] ça ferait connaître ce qu’elles font […] Les gens pourraient être surpris de l’effet que cela va avoir à long terme. » A_11

o Travailler sur la confiance de la femme :

« Je pense qu’il y a un avenir pour les femmes entrepreneures, mais il faut d’abord qu’on travaille sur toute la croissance personnelle de la femme, pour qu’elle puisse s’épanouir, pour qu’elle puisse prendre confiance en elle, puis qu’après ça elle sache qu’elle est capable de faire de grandes choses. Parce qu’elle est capable. Elle est capable, mais elle ne le sait pas, puis elle est toujours bloquée par son environnement, tu sais. Elle se sent responsable de tout, puis coupable de ne pas le faire […] Si on ne travaille pas sur cette confiance et la croissance personnelle de passer par-dessus, tu sais. Il y a des femmes qui ont

tellement eu des blessures, qui sont… qui ont été utilisées comme femmes- objets, partout là. » A_10

o Soutien des femmes en politique :

« Des fois, on parle en politique, il y a une sous-représentativité des femmes en politique, de façon générale. Cela pourrait passer par là aussi, peut-être pour ouvrir certaines portes aux femmes entrepreneures. » A_04

o Développer le soutien destiné aux femmes entrepreneures :

« Je pense qu’on pourrait développer davantage le soutien qu’on pourrait amener collectivement aux entrepreneures autochtones, via les différentes entités qu’on a, via aussi les associations plus nationales, au niveau de la grandeur du Québec. Je pense, entre autres, à l’APNQL. Probablement, je ne sais pas s’ils ont en place une instance entrepreneures au féminin, je ne suis pas certain, mais selon moi, il devrait y en avoir une, au même titre que différentes autres associations. » A_04