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Entrepreneuriat Féminin Autochtone : une enquête qualitative exploratoire sur les expériences entrepreneuriales des femmes Ilnuatsh dans le contexte communautaire de la Première Nation des Pekuakamiulnuatsh

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Academic year: 2021

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Texte intégral

(1)

Entrepreneuriat Féminin Autochtone :

une enquête

qualitative exploratoire sur les expériences

entrepreneuriales des femmes Ilnuatsh dans le contexte

communautaire de la Première Nation des

Pekuakamiulnuatsh

Thèse

Francesca Croce

Doctorat en sciences de l'administration

Philosophiæ doctor (Ph. D.)

(2)

Entrepreneuriat féminin autochtone.

Une enquête qualitative exploratoire sur les expériences

entrepreneuriales des femmes Ilnuatsh dans le contexte

communautaire de la Première Nation des Pekuakamiulnuatsh

Thèse

Francesca Croce

Sous la direction de :

Pascal Paillé, directeur de recherche Thierry Rodon, codirecteur de recherche

(3)

RÉSUMÉ

L’entrepreneuriat féminin autochtone (EFA) est considéré aujourd’hui comme un thème de recherche émergent. Il suscite un intérêt de plus en plus important pour les décideurs de politiques publiques et les organisations internationales. En effet, il a été qualifié comme une stratégie afin d’améliorer les conditions de vie des femmes autochtones, qui sont partout dans le monde, malheureusement, victimes de discrimination et de plusieurs formes de violence systémique.

Malgré l’intérêt que suscite le développement socioéconomique des femmes autochtones, la carence actuelle des études sur le sujet nuit à la compréhension des caractéristiques de l’EFA, qui demeure aujourd’hui un sujet d’étude très peu exploré, particulièrement par la communauté de chercheurs en administration et en entrepreneuriat. En conséquence, le présent projet de recherche doctorale vise à combler cette lacune, à la fois théorique et empirique, grâce à la réalisation d’une enquête qualitative sur les expériences entrepreneuriales des femmes autochtones.

Grâce à une démarche qualitative exploratoire, collaborative et participative avec le milieu communautaire, la présente enquête qualitative sur les expériences entrepreneuriales des femmes a été réalisée au cours de l’été 2018 au sein d’une communauté autochtone du Québec, soit la communauté de Mashteuiatsh, qui appartient à la Première Nation des Pekuakamiulnuatsh. Cette enquête a été réalisée auprès de 22 femmes entrepreneures Ilnuatsh et de 5 acteurs du développement économique de la communauté.

Ce projet de recherche doctorale s’inscrit dans les approches critiques en entrepreneuriat visant à élargir l’analyse de l’EFA aux aspects traditionnels de l’entrepreneuriat ainsi qu’aux modes de vie propres aux femmes autochtones. Par sa démarche exploratoire, donc, ce projet de recherche fait état des connaissances actuelles sur les expériences entrepreneuriales des femmes Ilnuatsh, tout en promouvant leur vision de l’entrepreneuriat et leur vécu, et en expliquant comment le contexte communautaire influence leurs expériences entrepreneuriales.

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Les résultats de l’enquête de terrain exploratoire ont permis de mettre en lumière dix thèmes émergents liés à l’analyse de l’EFA : 1) Motivations; 2) Valeurs; 3) Auto- représentation de la EFA; 4) Obstacles; 5) Facteurs facilitants; 6) Savoir-faire local; 7) Rôle de la femme; 8) Modes de vie et traditions; 9) Perception de l’entrepreneuriat; 10) Hybridité entrepreneuriale. De plus, le corpus empirique a permis de reconstituer l’analyse du contexte communautaire afin de contextualiser et de mieux comprendre les expériences entrepreneuriales des femmes autochtones entrepreneures dans leur contexte d’action.

Les résultats de cette recherche viennent combler la lacune scientifique existante sur le phénomène de l’EFA et remettent aussi en question les fondements épistémologiques de la discipline de l’entrepreneuriat « classique », telle qu’elle est divulguée et connue aujourd’hui dans l’académie. Sur le plan pratique, les résultats de cette recherche doctorale fournissent aux praticiens des recommandations visant particulièrement le développement de l’EFA et l’amélioration des initiatives existantes. Sur le plan social, cette recherche favorisera, tant par le processus utilisé que par la diffusion des résultats, l’intégration des femmes autochtones dans l’activité économique de la province de Québec, tout comme au niveau national et international, et une plus grande implication des femmes dans le développement socioéconomique de leur communauté autochtone d’appartenance. Mots clés : Approches critiques, contexte communautaire, enquête qualitative, entrepreneuriat, expériences entrepreneuriales, femmes autochtones, Québec.

(5)

ABSTRACT

Nowadays, Indigenous women entrepreneurship (IWE) is considered as an emerging research theme. It attracts a growing interest from policy-makers and international organizations. Indeed, it was described as a strategy to improve the living conditions of indigenous women, who are unfortunately considered everywhere in the world as victims of discrimination and several forms of systemic violence.

There is an interest in the socio-economic development of indigenous women, but there are also insufficient studies on the topic, which undermines the understanding of the IWE characteristics. IWE is still very little explored by the research community, especially in administration and entrepreneurship. As a result, this doctoral research project aims to fill this gap, both theoretically and empirically, by conducting a qualitative survey on the entrepreneurial experiences of indigenous women.

Using a qualitative and exploratory approach, with the cooperation and the participation of the community, this qualitative survey on the entrepreneurial experiences of indigenous women was conducted during the summer of 2018 in an indigenous community within the Province of Québec: the community of Mashteuiatsh, which belongs to the Pekuakamiulnuatsh First Nation. This qualitative survey is based on 22 women entrepreneurs Ilnuatsh and 5 actors of the economic development of the community. This doctoral research project is inspired by critical approaches to entrepreneurship and aims at broadening the analysis of IWE to the traditional aspects of entrepreneurship and to indigenous women’s lifestyles. Through its exploratory approach, this research project reports current knowledge of the entrepreneurial experiences of Ilnuatsh women, while promoting their experiences and vision of entrepreneurship, and explains how the community context impacts their entrepreneurial experiences.

The results of this exploratory survey highlight 10 emergent themes related to the IWE analysis: 1) Motivations; 2) Values; 3) Self-representation of the IWE; 4) Obstacles; 5) Facilitating factors; 6) Local know-how; 7) Role of the indigenous woman; 8) Lifestyles and traditions; 9) Perception of entrepreneurship; 10) Entrepreneurial hybridity. In addition, the

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empirical body of work has allowed the analysis of the community context to be reconstructed in order to contextualize and better understand the entrepreneurial experiences of indigenous women entrepreneurs in their context of action.

The results of this research help fill the existing scientific gap on IWE, and also challenge the epistemological foundations of the “classic” entrepreneurship as disclosed and known today within the academy. In practical terms, the results of this doctoral research provide practitioners with specific recommendations for the development of IWE as well as the improvement of existing initiatives. In social terms, through the process used and the disclosure of results, this research will contribute to a better integration of indigenous women in the economic activity of the Province of Québec, and both at a national and international level, and to a greater involvement of indigenous women in the socio-economic development of their home indigenous communities.

Keywords: Critical approaches, community context, entrepreneurship, entrepreneurial experiences, Indigenous women, qualitative inquiry, Québec.

(7)

TABLE DES MATIERÈS

RESUME IV

ABSTRACT VI

TABLE DES MATIERES VIII

LISTE DES FIGURES, TABLEAUX XII

LISTE DES SIGLES, ACRONYMES ET ABREVIATIONS XIV

DEDICACES XV

REMERCIEMENTS XVI

AVANT-PROPOS XVII

INTRODUCTION 1

PREMIERE PARTIE DE LA THESE 3

CADRE THEORIQUE DE REFERENCE 3

CHAPITRE 1 4

ÉLÉMENTS DE PROBLÉMATIQUE 4

1.1ENTREPRENEURIAT AUTOCHTONE ET DEVELOPPEMENT SOCIOECONOMIQUE 4

1.2PERSPECTIVES CRITIQUES DE LA RECHERCHE 5

1.3ENTRE ENTREPRENEURIAT ET CULTURES AUTOCHTONES 6

1.4PROBLEME DE LA RECHERCHE 7

1.5QUESTIONS DE RECHERCHE ET OBJECTIFS 9

1.5.1QUESTION DE RECHERCHE GENERALE 9

1.5.2QUESTIONS DE RECHERCHE SPECIFIQUES 10

1.5.3OBJECTIF GENERAL 10

1.5.4OBJECTIFS SPECIFIQUES 11

1.6TERRAIN DE L’ENQUETE QUALITATIVE 11

1.6.1LA PREMIERE NATION DES INNUS 12

1.6.2PREMIERE NATION DES PEKUAKAMIULNUATSH 14

CHAPITRE 2 15

ENTREPRENEURIAT AUTOCHTONE : PERSPECTIVE INTERNATIONALE 15

2.1INTRODUCTION GENERALE 15

2.2« CONTEXTUALISED INDIGENOUS ENTREPRENEURIAL MODELS:A SYSTEMATIC REVIEW

OF INDIGENOUS ENTREPRENEURSHIP LITERATURE » 16

CHAPITRE 3 50

(8)

3.1INTRODUCTION GENERALE 50

3.2« INDIGENOUS ENTREPRENEURSHIP,SOCIETY AND THE DIMENSIONS OF DIVERSITY:AN

OVERVIEW OF THE CANADIAN NATIONAL CONTEXT » 51

DISCUSSION 60

THIS CHAPTER OFFERED AN OVERVIEW OF IE IN THE NATIONAL CANADIAN CONTEXT, TAKING INTO ACCOUNT THIS COUNTRY’S HISTORY OF COLONIZATION AND ITS EFFECTS ON

CONTEMPORARY CANADIAN SOCIETY REGARDING THE PRACTICES OF ABORIGINAL PEOPLES.THIS IS PARTICULARLY TRUE WITH RESPECT TO THE FIRST NATIONS COMMUNITIES LIVING ON

RESERVES.THIS ANALYSIS LINKED THE SOCIOLOGICAL ASPECT OF IE TO THE INTERRELATED

HISTORICAL, SOCIO-CULTURAL, POLITICAL AND FINANCIAL DIMENSIONS. 61

CHAPITRE 4 68

ENTREPRENEURIAT AUTOCHTONE : PERSPECTIVE DE GENRE 68 4.1 « INDIGENOUS WOMEN ENTREPRENEURSHIP : ANALYSIS OF AN EMERGING RESEARCH THEME AT THE INTERSECTION OF INDIGENOUS ENTREPRENEURSHIP AND WOMEN

ENTREPRENEURSHIP» 68

DEUXIEME PARTIE DE LA THESE 93

METHODE, RESULTATS ET CONTRIBUTIONS DE LA THESE 93

CHAPITRE 5 94

ASPECTS MÉTHODOLOGIQUES DE LA RECHERCHE 94

5.1CONSIDERATIONS ETHIQUES 94

5.1.1CONSIDÉRATIONS ÉTHIQUES EN MILIEUX AUTOCHTONES 95

5.1.2DEMARCHE COLLABORATIVE ET PARTICIPATIVE 96

5.2APPROCHE QUALITATIVE EXPLORATOIRE 99

5.2.1ENQUÊTE QUALITATIVE 100

5.2.2ENTREVUE SEMI-DIRECTIVE 101

5.3POPULATION VISEE POUR LA REALISATION DE L’ENQUETE 102

5.3.1FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH 102

5.3.2ACTEURS DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE 103

5.4ÉLABORATION DES INSTRUMENTS 103

5.4.1GUIDE D’ENTREVUE SEMI-DIRECTIVE AUPRÈS DES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH 103

5.4.2GUIDE D’ENTREVUE POUR LES ACTEURS DU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE 104

5.5DEROULEMENT DE L’ENQUETE QUALITATIVE 105

5.5.1STRATEGIE D’ACCES AU TERRAIN ET MODALITES DE RECRUTEMENT 106

5.5.2ENTREVUES INDIVIDUELLES 107

5.5.3ENTREVUE DE GROUPE 107

5.6BILAN DE L’ENQUETE QUALITATIVE 107

5.6.1PROFIL SOCIODEMOGRAPHIQUE DES FEMMES ILNUATSH 108

5.7RESULTATS ATTENDUS 109

5.8PLAN D’ANALYSE DES DONNEES 109

5.9VALIDATION ET PRESENTATION DES RESULTATS 111

5.10VALORISATION DES RESULTATS DE LA RECHERCHE 112

CHAPITRE 6 113

(9)

6.1ENTREPRENEURIAT ET CONTEXTE SOCIOCULTUREL : INTRODUCTION DES FACTEURS

CONTEXTUELS 113

6.2ENTREPRENEURIAT ET CONTEXTE COMMUNAUTAIRE AUTOCHTONE : INTRODUCTION

AU MODELE DE KEVIN HINDLE 115

6.3ANALYSE DU CONTEXTE COMMUNAUTAIRE DE MASHTEUIATSH, INSPIREE DU MODELE

DE HINDLE 119

6.3.1ANALYSE DU CONTEXTE COMMUNAUTAIRE : PARTIE DESCRIPTIVE DU MODÈLE 120

6.3.2ANALYSE DU CONTEXTE COMMUNAUTAIRE : PARTIE ANALYTIQUE DU MODELE 128

6.4ANALYSE DU CONTEXTE COMMUNAUTAIRE : FACTEURS CONTEXTUELS EMERGENTS 131

6.5MODELE ELARGI DE HINDLE 135

CHAPITRE 7 140

ANALYSE DE L’EFA 140

7.1PRINCIPAUX THEMES LIES A L’ANALYSE DE L’EFA 140

7.1.1MOTIVATIONS 141

7.1.2VALEURS 147

7.1.3AUTOREPRESENTATION DE LA FEMME 150

7.1.4OBSTACLES 154

7.3.5FACTEURS FACILITANTS 164

7.1.6SAVOIR-FAIRE LOCAL 168

7.1.7ROLE DE LA FEMME 171

7.1.8TRADITIONS ET MODES DE VIE 174

7.3.9PERCEPTION DE L’ENTREPRENEURIAT 179

7.3.10HYBRIDITE ENTREPRENEURIALE 182

7.2ANALYSE INTEGREE DES THEMES : LES METACATEGORIES 185

7.2.1PREMIERE METACATEGORIE : ANALYSE DE L’IDENTITE ENTREPRENEURIALE DES FA 186

7.2.2DEUXIEME METACATEGORIE : ANALYSE DU PARCOURS ENTREPRENEURIAL DES FEA 188

7.2.3TROISIEME METACATEGORIE : MECANISMES SOCIOCULTURELS DE TRANSPOSITION DANS

L’ENTREPRENEURIAT 190

7.2.4QUATRIEME METACATEGORIE : TAXONOMIES ET TYPOLOGIES DE L’EFA 192

CHAPITRE 8 195

CONTRIBUTIONS DE LA THÈSE 195

8.1CONTRIBUTIONS SUR LE PLAN THEORIQUE 195

8.2CONTRIBUTIONS SUR LE PLAN PRATIQUE 197

8.3CONTRIBUTIONS SUR LE PLAN SOCIAL 198

8.4LIMITES DE LA RECHERCHE DOCTORALE 199

8.5PLAN POUR LES RECHERCHES FUTURES 201

CONCLUSION 204

BIBLIOGRAPHIE 207

ANNEXE A : ANNONCE DE RECRUTEMENT POUR LES FEMMES

ENTREPRENEURES ILNUATSH EN ENTREVUE INDIVIDUELLE 213 ANNEXE B : SCRIPT POUR LE RECRUTEMENT DIRECT POUR LES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH EN ENTREVUE INDIVIDUELLE 214

(10)

ANNEXE C : SCRIPT POUR LE RECRUTEMENT DIRECT POUR LES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH EN GROUPE DE DISCUSSION 215 ANNEXE D: ANNONCE DE RECRUTEMENT POUR LES ACTEURS DU

DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE EN ENTREVUE INDIVIDUELLE 216 ANNEXE E : GUIDE D’ENTREVUE POUR LES FEMMES ENTREPRENEURES

ILNUATSH EN ENTREVUE INDIVIDUELLE 217

ANNEXE F : GUIDE D’ENTREVUE POUR LES FEMMES ENTREPRENEURES

ILNUATSH EN GROUPE DE DISCUSSION 220

ANNEXE G : GUIDE D’ENTREVUE POUR LES ACTEURS DU DÉVELOPPEMENT

ÉCONOMIQUE EN ENTREVUE INDIVIDUELLE 222

ANNEXE H : FORMULAIRE DE CONSENTEMENT À L’INTENTION DES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH EN ENTREVUE INDIVIDUELLE 224 ANNEXE I : FORMULAIRE DE CONSENTEMENT À L’INTENTION DES FEMMES ENTREPRENEURES ILNUATSH EN GROUPE DE DISCUSSION 228 ANNEXE L: FORMULAIRE DE CONSENTEMENT À L’INTENTION DES ACTEURS DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE EN ENTREVUE INDIVIDUELLE 232

(11)

LISTE DES FIGURES, TABLEAUX

Figure 1 : Processus collaboratif de la recherche avec le milieu, première partie Figure 2: Processus de la recherche avec le milieu, deuxième partie

Figure 3 : Modèle de Kevin Hindle (2010)

Figure 4 : Nature processuelle du modèle de Kevin Hindle (2010) Figure 5 : Carte du Nitassinan, territoire traditionnel

Figure 6 : Configuration institutionnelle de la communauté de Mashteuiatsh Figure 7 : Analyse du contexte communautaire, révision de la partie analytique Figure 8 : Analyse de l’EECA (Croce, 2019), adapté de Hindle (2010)

Figure 9 : Présentation des thèmes émergents liés à l’EFA

Figure 10 : Cartographie des motivations chez les femmes Ilnuatsh Figure 11 : Cartographie des valeurs chez les femmes Ilnuatsh

Figure 12 : Cartographie de l’autoreprésentation chez les femmes Ilnuatsh Figure 13 : Cartographie des obstacles chez les femmes Ilnuatsh

Figure 14 : Cartographie des facteurs facilitants chez les femmes Ilnuatsh Figure 15 : Cartographie du savoir-faire local chez les femmes Ilnuatsh Figure 16 : Cartographie du rôle de la femme chez les femmes Ilnuatsh

Figure 17 : Cartographie des traditions et modes de vie chez les femmes Ilnuatsh Figure 18 : Cartographie de la perception de l’entrepreneuriat chez les femmes Ilnuatsh Figure 19 : Cartographie de l’hybridité entrepreneuriale chez les femmes Ilnuatsh Figure 20 : Regroupement des thèmes en méta-catégories

Figure 21 : Première métacatégorie : analyse de l’identité entrepreneuriale des FEA Figure 22 : Deuxième métacatégorie : analyse du parcours entrepreneurial des FEA

Figure 23 : Troisième métacatégorie : analyse des mécanismes socioculturels de transposition dans l’entrepreneuriat

(12)

Tableau 1 : Profil démographique des communautés Innues

Tableau 2 : Répartition des participantes Ilnuatsh selon le type d’activité et le lieu d’opération

Tableau 3 : Profil sociodémographique des participantes Ilnuatsh

(13)

LISTE DES SIGLES, ACRONYMES ET ABRÉVIATIONS

APNQL : Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador

CDEPNQL : Commission du développement économique des Premières Nations et du Labrador

CERUL : Comite éthique de l’Université Laval DPI : Développement Piekuakami Ilnuatsh

EECA : Écosystème entrepreneurial communautaire autochtone EFA : Entrepreneuriat féminin autochtone

ENFFADA : Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées

FAQ : Femmes Autochtones du Québec PT : Pekuakamiulnuatsh Takuhikan

SAA : Secrétariat aux Affaires Autochtones

(14)

DÉDICACES

Je dédie cette thèse à la mémoire des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées

du Québec, du Canada et d’ailleurs.

(15)

REMERCIEMENTS

J’aimerais d’abord exprimer ma profonde reconnaissance envers la communauté de Mashteuiatsh pour m’avoir accueillie avec autant de bienveillance dans le cadre de ma recherche doctorale. Je remercie le chef de la communauté, monsieur Clifford Moar, le conseil des élus Katakuhimatsheta ainsi que la direction générale d’avoir approuvé à l’unanimité ce projet de recherche.

Je suis extrêmement reconnaissance envers madame Isabelle Lalancette, conseillère au développement de l’autonomie gouvernementale au sein du Conseil de bande de la communauté de Mashteuiatsh, Pekuakamiulnuatsh Takuhikan, porteuse du projet de recherche au sein de la communauté, qui a su m’accompagner avec brio, bienveillance et professionnalisme tout au long des étapes de ce projet de recherche. Son soutien, sa participation et sa collaboration ont été infiniment précieux tout au long du processus et indispensable pour la réussite de ce projet de recherche. Merci de tout mon cœur.

J’en profite également pour remercier madame Doris Paul, coordonnatrice au développement de la main-d’œuvre, et madame Audrey Bouchard, conseillère aux entreprises à la SDEI (Société de développement économique ilnu), toutes deux membres du comité-conseil qui a été mis en place pour le suivi du projet de recherche. Merci aussi à madame Hélène Boivin, coordonnatrice aux affaires gouvernementales et stratégiques, ainsi qu’à tout le comité de recherche de la communauté pour les échanges fructueux qui ont eu lieu et qui ont mené à la définition finale du projet de recherche.

Très chaleureusement, je tiens à remercier tous les participants de l’enquête qualitative. Sans eux, cette recherche n’aurait pas pu être menée à bien avec autant de satisfaction. Tout particulièrement, je tiens à remercier les femmes entrepreneures de la communauté de Mashteuiatsh, les chefs d’entreprises, les artistes et les artisanes, qui ont été si généreuses pendant les entrevues et qui m’ont accueillie comme l’une des leurs, moi, une étudiante étrangère. Je garde en mémoire tous ces moments de bonheur si précieux que j’ai partagés avec elles.

(16)

J’aimerais maintenant remercier l’ensemble de la communauté scientifique de cette thèse.

Tout d’abord, Pascal Paillé, directeur de recherche, et Thierry Rodon, codirecteur de recherche. J’offre mes sincères et chaleureux remerciements particulièrement à mon directeur de recherche, monsieur Pascal Paillé, qui a été d’une attention et d’un soutien exceptionnels. Sa confiance en mes capacités, ses encouragements, son profond sens pédagogique et sa grande expérience comme professeur et chercheur m’ont permis de réussir cette expérience doctorale et d’en faire une expérience professionnelle marquante et unique. Merci infiniment. C’était aussi un grand privilège d’avoir pu bénéficier de l’expertise et de l’accompagnement de mon codirecteur de recherche, monsieur Thierry Rodon, un professeur passionné depuis des années par la recherche en milieux autochtones. Son encadrement a contribué à une meilleure compréhension des questions autochtones.

J’aimerais aussi remercier les autres membres du comité de thèse. Chacun a su apporter ses contributions, si précieuses et si riches. Il s’agit des professeurs Norrin Halilem (Université Laval), membre interne du comité, Michel Racine (Université Laval), membre interne du comité et Olivier Germain (UQAM), examinateur externe. J’aimerais aussi remercier madame Carole Lalonde, directrice des programmes de doctorat, d’avoir présidé avec autant de savoir-faire la soutenance de thèse, toute l’équipe de direction des programmes de doctorat, et particulièrement Judy-Anne Hélie, pour son soutien et son accompagnement tout au long des étapes du doctorat.

J’aimerais remercier infiniment mes précieux mentors, fidèles et bienveillants, qui savent m’apporter toujours le meilleur et qui ont fait la différence dans mon parcours. Je remercie mes amis et amies de toujours ainsi que ma famille, qui a su me soutenir malgré la grande distance. Pour conclure, je remercie infiniment toutes les personnes qui m’ont soutenue pendant cette expérience doctorale, elles sont nombreuses, et tout-e-s les professeur-e-s que j’ai pu rencontrer à l’occasion des conférences et des colloques.

(17)

AVANT-PROPOS

Cette thèse fait l’objet d’une insertion d’articles et d’un chapitre.

Le premier article1 a été soumis en juin 2017 et publié en décembre 2017 dans la revue Journal of management & Organisation dans le cadre d’un numéro spécial sur l’entrepreneuriat

autochtone et l’innovation dirigé par les professeurs Jason Mika, Lorraine Warren, Dennis Foley and Farah R. Palmer.

Le chapitre2 a été soumis en juillet 2018 et publié en mars 2019 dans un ouvrage collectif

portant sur le thème de la diversité, du management et de l’inclusion, dirigé par les professeurs Andri Georgiadou, Maria Gonzalez-Perez et Miguel Olivas-Lujan.

Le deuxième article3 a été soumis en janvier 2019 et publié en juin 2019 dans la revue Ethnic and Racial Studies.

1 Croce, F. (2017). Contextualised indigenous entrepreneurial models: A systematic review of indigenous entrepreneurship literature, Journal of Management Organization, 23(6), 886-906.

2 Croce F. (2019). Indigenous Entrepreneurship (IE), Society and the Dimensions of Diversity: An Overview of the Canadian National Context, in: Georgiadou, A., Gonzalez-Perez, M.A. and Olivas-Lujan, M.R. (Dir.). Diversity within diversity

management: Country-based perspectives. Advanced Series in Management, Emerald Group Publishing.

3

Croce, F. (2019). Indigenous women entrepreneurship: analysis of a promising research theme at the intersection of indigenous entrepreneurship and women entrepreneurship, Ethnic and Racial Studies, 1-22.

(18)

INTRODUCTION

Après le premier chapitre de cette thèse, qui a pour objectif d’introduire les éléments problématiques du projet de recherche doctorale, la thèse est divisée en deux parties.

La première partie de la thèse présente le cadrage théorique de l’étude doctorale, lequel est divisé en trois chapitres :

o Le deuxième chapitre introduit une analyse de l’entrepreneuriat autochtone au niveau international, plus précisément une revue de littérature systématique portant sur la littérature existante à l’échelle internationale sur l’entrepreneuriat autochtone, ce qui a permis de dégager trois modèles entrepreneuriaux autochtones : modèle rural, modèle urbain et modèle éloigné;

o Le troisième chapitre introduit une analyse de l’entrepreneuriat autochtone au niveau national et plus particulièrement une revue de littérature de l’entrepreneuriat autochtone dans le contexte canadien, ce qui a permis de cibler trois dimensions de la diversité : la dimension socioculturelle, la dimension institutionnelle et la dimension financière;

o Le quatrième chapitre introduit, quant à lui, une analyse de l’EFA et intègre dans l’analyse de ce phénomène les particularités qui sont propres à la perspective de genre relativement à l’entrepreneuriat autochtone. Cette analyse est étayée par le cadre théorique de l’intersectionnalité et de la positionnalité.

La deuxième partie de la thèse présente à son tour les questions méthodologiques, les résultats de l’étude doctorale ainsi que les contributions de la thèse, et se compose de quatre chapitres :

o Le cinquième chapitre aborde les aspects méthodologiques de la présente recherche doctorale, qui ont fait l’objet d’une démarche collaborative et participative

(19)

avec le milieu autochtone, et ce, dans le respect des protocoles de recherche existants au Québec;

o Le sixième chapitre présente une analyse du contexte communautaire de Mashteuiatsh, qui a été inspirée du modèle diagnostic du professeur Kevin Hindle. À la suite de cette analyse, le modèle a été élargi en fonction de facteurs émergents identifiés avec les résultats de la recherche;

o Le septième chapitre introduit dix thèmes émergents relatifs à l’analyse de l’EFA qui permettent de mieux comprendre les particularités du phénomène et de l’étude. Les dix thèmes sont ensuite regroupés, et quatre métacatégories sont ciblées à partir de la mise en relation des thèmes;

o Le huitième chapitre présente les contributions théoriques, pratiques et sociales de la recherche doctorale ainsi que les principales limites du projet de recherche et des pistes pour de futures recherches.

Après la conclusion et la bibliographie de la présente thèse, les dix annexes sont appuyées par des documents inhérents à l’éthique de la recherche doctorale, tels que les formulaires de consentement pour les participantes et les participants de la recherche, ainsi que les annonces de recrutement et les guides d’entrevues qui ont été élaborés pour la réalisation de l’enquête qualitative.

(20)

PREMIÈRE PARTIE DE LA THÈSE

CADRE THÉORIQUE DE RÉFÉRENCE

(21)

CHAPITRE 1

ÉLÉMENTS DE PROBLÉMATIQUE

Ce projet de recherche doctorale est né d’une curiosité scientifique de la chercheuse qui souhaitait approfondir sa compréhension de ce qui est aujourd’hui connu dans l’académie sous le nom d’entrepreneuriat autochtone et d’entrepreneuriat féminin autochtone plus particulièrement. De façon significative, au-delà de l’intérêt scientifique, ce projet de recherche doctorale se justifie par l’importance que revêt la promotion de l’entrepreneuriat autochtone et, chez les femmes autochtones plus particulièrement, comme levier pour le développement socioéconomique des populations autochtones dans le contexte actuel, tant au niveau canadien qu’international. Ce chapitre présente les principaux axes d’analyse associés au sujet de la présente recherche doctorale : il s’agit de l’importance du développement socioéconomique des peuples autochtones, de la relation entre entrepreneuriat et cultures autochtones, ainsi que des perspectives critiques sur lesquelles cette recherche doctorale repose. De plus, la structuration de la problématique de la recherche, des questions de la recherche, des objectifs de l’étude ainsi que le terrain de la recherche doctorale sont présentés dans le premier chapitre de la présente thèse.

1.1 Entrepreneuriat autochtone et développement socioéconomique

Les peuples autochtones représentent une minorité très diversifiée dans l’ensemble de la population mondiale. Cependant, ils partagent certains défis. Citons à titre d’exemple, l’expropriation des terres, les différentes formes de violence, la discrimination dans la société et les enjeux liés à la colonisation, à la pauvreté et à plusieurs autres problèmes socioéconomiques (United Nations, 2009). Dans les dernières décennies, les instances internationales comme la Banque mondiale, les Nations Unies ou le Fonds international de développement agricole portent une attention particulière au développement des peuples autochtones dans le monde, notamment en mettant en place plusieurs projets qui visent à soutenir et à valoriser ces populations qui sont encore aujourd’hui excessivement marginalisées sur le plan du développement socioéconomique (Banque mondiale, 2016).

(22)

Les travaux scientifiques et académiques portant sur l’entrepreneuriat autochtone – et qui demeurent très récents (p. ex., Dana, 2015) si l’on compare à ceux de la littérature entrepreneuriale en général – convergent sur le fait que le développement de l’entrepreneuriat chez les peuples autochtones représente un élément important de l’amélioration des conditions de vie des populations autochtones et qu’il encourage les autochtones dans leur quête d’autonomie, de bien-être et d’affirmation identitaire. Par conséquent, l’entrepreneuriat autochtone est considéré depuis peu comme une stratégie qui pourrait possiblement sortir les communautés autochtones de la pauvreté et de la marginalisation qui les caractérisent (Anderson, 2002; Hindle et Lansdowne, 2005; Hindle et Moroz, 2009; Peredo, Anderson, Galbraith, Honig et Dana, 2004). Or, les fonctions sociale et économique de l’entrepreneuriat autochtone semblent être inséparables dans l’analyse de ce phénomène et sont réputées importantes pour le développement socioéconomique des populations autochtones. C’est pourquoi ce point de départ, et par conséquent la dissociation contestée de l’entrepreneuriat social ou économique dans l’étude de l’entrepreneuriat autochtone, suggère la prise en considération des approches critiques, en entrepreneuriat plus particulièrement, pour la réalisation de cette étude doctorale.

1.2 Perspectives critiques de la recherche

Thème de recherche relativement récent, l’entrepreneuriat autochtone, selon la définition adoptée jusqu’à présent au sein de la communauté de chercheurs, concerne la création, la gestion et le développement des entreprises fondées par les autochtones, et à l’avantage des autochtones (Hindle et Lansdowne, 2005). Cette définition, tout en s’inspirant des modèles entrepreneuriaux classiques, limite en quelque sorte l’entrepreneuriat autochtone exclusivement à la création d’entreprises, alors qu’il a été souligné que l’entrepreneuriat autochtone puisse aller bien au-delà des aspects entrepreneuriaux classiques (Croce, 2017 b).

En effet, l’entrepreneuriat autochtone a jusqu’à présent été principalement analysé à travers

les « lunettes interprétatives » de l’entrepreneuriat en général; il a été, par exemple, considéré comme une forme d’entrepreneuriat qui se situe entre l’entrepreneuriat économique et l’entrepreneuriat social (Anderson, Honig et Peredo, 2006; Tapsell et Woods, 2008; 2010) et a été analysé, encore une fois, en faisant référence au paradigme de l’entrepreneuriat classique.

(23)

Le présent projet de recherche doctorale vise donc les approches critiques en entrepreneuriat

(Germain et Jacquemin, 2017) et en entrepreneuriat autochtone plus particulièrement. Il tend à sortir des sentiers battus en entrepreneuriat, avec l’intention d’analyser l’entrepreneuriat autochtone comme une forme singulière d’entrepreneuriat et non comme une continuation de ce qui est déjà connu dans la recherche effectuée dans le milieu. De plus, cette approche critique de la recherche en ce qui a trait à la déconstruction des connaissances s’associe dans cette étude doctorale à la démarche critique propre aux milieux autochtones quand il s’agit de la recherche académique (p. ex., Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, 2014; Tuhiwai, 2012). Étant encore jeune, la recherche entrepreneuriale en milieu autochtone doit se distinguer parmi les diverses approches de la recherche en vue de s’affirmer et de « décoloniser » la recherche en milieu autochtone. Ce projet de recherche doctorale tient donc compte de cette double approche critique de la recherche, provenant autant du milieu académique, afin de nourrir des réflexions épistémologiques nécessaires à l’avancement des connaissances et de la science, que du milieu autochtone, avec un esprit collaboratif et participatif de la recherche.

1.3 Entre entrepreneuriat et cultures autochtones

En considération des approches critiques de la recherche, ce projet de recherche doctorale vise à analyser l’entrepreneuriat autochtone, plus particulièrement celui des femmes, en prenant en compte les cultures autochtones. Afin de faire ressortir l’authenticité de ce phénomène entrepreneurial dans les contextes autochtones, les modes de vie, la vision du monde et les systèmes socioéconomiques traditionnels des autochtones se doivent d’être pris en compte dans la présente recherche doctorale.

Bien que les populations autochtones aient rarement été considérées comme entrepreneuriales dans le sens moderne du terme (Shane et Venkataraman, 2000), plusieurs formes d’entrepreneuriat sont inhérentes aux cultures autochtones (Gallagher et Lawrence, 2012; Haar et Delaney, 2009). Ainsi, la conception de l’entrepreneuriat chez les autochtones doit correspondre à leur vision du monde et à leur organisation sociétale, qui demande une interprétation économique du système n’étant pas forcément la même interprétation que celle d’un système économique allochtone.

(24)

Ce projet de recherche doctorale tend donc à explorer et à faire correspondre les réalités de l’EFA et les diversités des populations autochtones à leur propre conception de l’entrepreneuriat. Tout en reconnaissant le lien que l’entrepreneur, en tant qu’individu, nourrit, grâce à ses contextes culturels (Welter, 2011), les facteurs socioculturels de ces populations, leurs valeurs, leurs cultures et leurs modes de vie feront donc partie intégrante de l’analyse. Au-delà des types d’entrepreneuriat autochtone définis et soutenus par les structures gouvernementales (p. ex., Affaires autochtones et du Nord Canada – Programme d’entrepreneuriat autochtone [PEA]), l’entrepreneuriat autochtone se doit d’être exploré en tenant compte des traits culturels authentiques des Autochtones et du regard que ces derniers portent sur l’entrepreneuriat à partir de leur vécu et de leurs expériences de vie. Dans un même ordre d’idées, la considération des cultures autochtones remet en question la pertinence des apports théoriques de l’entrepreneuriat classique en prenant en compte le lien qui relie l’entrepreneuriat et les cultures autochtones. Il reste ainsi à déterminer si les théories existantes à l’égard de l’entrepreneuriat moderne sont elles aussi pertinentes dans l’étude de l’entrepreneuriat autochtone.

1.4 Problème de la recherche

Malgré l’attention sociopolitique actuelle portée sur la question des femmes autochtones et sur leur développement économique plus particulièrement, l’EFA demeure un phénomène entrepreneurial qui demande à être mieux compris d’un point de vue académique. Effectivement, si à présent les études concernant les femmes autochtones (p. ex., Wilson, 2005) portent sur la compréhension des modes de vie et des rôles traditionnels des femmes autochtones au sein de leur communauté d’appartenance et de leur milieu de vie, l’analyse du lien qui subsiste entre l’entrepreneuriat et ces femmes est encore nouvelle chez les chercheurs en administration et en entrepreneuriat, plus particulièrement (Croce, 2016; Croce, Brière et Tremblay, 2016).

Plusieurs recherches ont été réalisées dans les dernières décennies sur l’entrepreneuriat autochtone (p. ex., Dana et Anderson, 2007), sans forcément intégrer la perspective de genre dans l’analyse, qui demeure encore à approfondir (p. ex., Croce, 2019b; Ratten et Dana, 2017; Wood et Davidson, 2011). La perspective de genre doit donc être davantage élaborée dans la recherche effectuée dans le milieu académique pour faire état des particularités et des

(25)

aspects sociologiques qui sont propres aux différentes identités des femmes autochtones (Affaires Autochtones et Développement du Nord Canada, 2012) et qui sont à faire correspondre avec la construction sociale de l’entrepreneuriat chez les femmes autochtones.

À ce jour, la littérature scientifique existante sur l’EFA témoigne de quelques études qui ont eu lieu dans plusieurs pays du monde, comme l’Australie (Pearson et Daff, 2014; Pearson et Helms, 2012; Wood et Davidson, 2011), le Canada (Lituchy, Reavley, Lvina et Abraira, 2006; Orser et Riding, 2016; Todd, 2012), l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine (Cahn, 2008; Dzisi, 2008; Martinez Nova, 2003). Bien qu’il existe des études sur les femmes autochtones et l’entrepreneuriat, la compréhension de l’EFA comme forme singulière d’entrepreneuriat ayant ses propres caractéristiques mérite encore d’être approfondie. En effet, si la littérature sur l’EFA fait état de certaines motivations pour les femmes autochtones à se lancer en affaires (p. ex., Wood et Davidson, 2011) – par exemple, la volonté de s’émanciper, de vaincre la pauvreté et d’aider les membres de la communauté – et des obstacles propres aux femmes à l’égard de l’entrepreneuriat (p. ex., Pearson et Daff, 2014), du point de vue de la recherche, un questionnement épistémologique sur la compréhension de ce phénomène s’impose, car cette littérature encore embryonnaire évoque principalement une vision de l’entrepreneuriat capitaliste et colonialiste (Tuhiwai, 2012; Weber, 1995) qui limite en quelque sorte la compréhension sociologique du phénomène et sa complexité.

C’est à partir de cette réflexion qu’a vu le jour ce projet de recherche doctorale. En mobilisant les approches critiques de la recherche en entrepreneuriat (p. ex., Tedmanson, Verduyn, Essers et Gartner, 2012; Verduijn, Dey, Tedmanson et Essers, 2014). Ce projet de recherche fera état du regard et des visions des femmes autochtones envers l’entrepreneuriat. Il sera ainsi possible de comprendre le phénomène à partir des déterminants socioculturels qui leur sont propres. En effet, si l’entrepreneuriat a été reconnu comme une stratégie possible pour améliorer les conditions de vie des femmes autochtones (p. ex., Pearsons et Helms, 2012), il reste encore à approfondir ce phénomène et surtout la signification que peut avoir l’entrepreneuriat pour ces femmes.

L’identification de cet écart, d’une part – qui existe entre l’importance de l’entrepreneuriat comme levier de développement des populations autochtones – et d’autre part, la carence

(26)

des recherches réalisées à ce jour sur l’entrepreneuriat des femmes autochtones, et en considération des perspectives autochtones, est à l’origine de la problématique de cette recherche doctorale. Afin de réduire l’écart, la présente recherche doctorale se focalise sur la restitution des expériences entrepreneuriales des femmes autochtones : c’est grâce à la compréhension de leurs expériences qu’il est possible de faire émerger les catégories d’analyse relatives aux caractéristiques de l’EFA.

Pour cette raison, la présente recherche doctorale se veut avant tout exploratoire et vise la compréhension des expériences entrepreneuriales des femmes autochtones, en passant par la contextualisation du contexte communautaire. La carence des données empiriques sur les expériences entrepreneuriales des femmes autochtones en prenant en compte les contextes communautaires autochtones semble être une importante piste de recherche en vue de réduire l’écart. Grâce à une enquête qualitative, l’état des connaissances des expériences entrepreneuriales telles qu’elles sont vécues par les femmes entrepreneures autochtones permettra de dégager des éléments pertinents, tant d’un point de vue théorique que pratique, associés à l’EFA comme une forme distincte d’entrepreneuriat.

1.5 Questions de recherche et objectifs

1.5.1 Question de recherche générale

En ce qui concerne l’analyse de la littérature existante sur l’EFA et la problématique de recherche qui a été soulevée, la question de recherche principale de cette étude doctorale s’articule autour de l’expérience entrepreneuriale des femmes autochtones. Elle se justifie par la compréhension du phénomène, en passant par la compréhension et l’étude des expériences entrepreneuriales des femmes autochtones de façon à discerner plusieurs aspects du phénomène et à mettre en lumière les principales caractéristiques.

La question de recherche principale de cette étude doctorale est la suivante :

o Comment les femmes autochtones vivent-elles leurs expériences entrepreneuriales dans leurs contextes d’action?

(27)

1.5.2 Questions de recherche spécifiques

Pour faire suite à la question principale, les questions de recherche spécifiques associées au présent projet de recherche doctorale sont les suivantes :

o Comment les femmes entrepreneures autochtones conçoivent-elles l’entrepreneuriat et que représente pour elles l’entrepreneuriat?

o Comment le savoir-faire traditionnel et les modes de vie autochtones se transposent-ils dans les activités entrepreneuriales?

o Comment le contexte communautaire et la culture de la réserve influencent-ils les expériences entrepreneuriales des femmes autochtones?

1.5.3 Objectif général

L’objectif général de ce projet de recherche est de réaliser un état de connaissances quant aux expériences entrepreneuriales des femmes entrepreneures autochtones.

En effet, considérant le peu d’études menées à ce jour sur le sujet et la carence des données empiriques en contexte québécois, et dans plusieurs contextes communautaires plus précisément, il devient impératif de réaliser une recherche visant à faire émerger les expériences des femmes autochtones en entrepreneuriat, tel que le perçoivent et le vivent les femmes autochtones. Il s’agit donc, à travers l’expérience entrepreneuriale de ces femmes, de réaliser un état de connaissance, soit un portrait qui favorisera la compréhension des fondements sociologiques de l’EFA et qui fera émerger la culture entrepreneuriale des femmes autochtones dans toute sa spécificité. Il s’agit aussi de réaliser un état des connaissances, ou un portait, relativement aux expériences des femmes autochtones, tout en tenant compte notamment de la diversité des activités entrepreneuriales, des cultures et des contextes.

Cet état de connaissances vise également à mettre à l’épreuve des faits empiriques sur les concepts théoriques et managériaux qui sont propres à la discipline de l’entrepreneuriat au

(28)

sens large et à l’entrepreneuriat autochtone plus particulièrement. Il contribuera également au développement d’un cadre théorique propre à l’EFA, qui repose sur les expériences concrètes des femmes autochtones.

1.5.4 Objectifs spécifiques

Les objectifs spécifiques de la recherche sont les suivants :

o Déterminer les caractéristiques de l’entrepreneuriat féminin autochtone (EFA);

o Répertorier les expériences entrepreneuriales des femmes autochtones en tenant compte du contexte communautaire et des types d’activités entrepreneuriales;

o Comprendre la culture entrepreneuriale des femmes autochtones à l’intérieur et à l’extérieur des réserves;

o Mettre à l’épreuve des faits empiriques sur les concepts théoriques et les techniques managériales propres à l’entrepreneuriat classique;

o Analyser les pratiques entrepreneuriales relativement au cadre de référence sociologique des femmes entrepreneures autochtones.

1.6 Terrain de l’enquête qualitative

Les peuples autochtones sont nombreux et diversifiés dans le monde (United Nations, 2009). Au Canada, la Constitution canadienne (1982) reconnaît trois groupes autochtones, qui sont respectivement :

o les Premières Nations; o les Métis;

o les Inuit.

Dans la province de Québec, dans laquelle la présente étude doctorale a eu lieu, on compte onze (11) nations autochtones, soit dix Premières Nations et une nation inuite (Secrétariat

(29)

aux Affaires Autochtones, 2011). Comme les différences socioculturelles qui existent entre les nations et les groupes autochtones sont très élevées, il a été jugé préférable de considérer un seul groupe autochtone pour la réalisation de ce projet de recherche doctorale. De cette façon, les écarts potentiels issus des différences entre les groupes autochtones ont pu être réduits.

Aux fins de la réalisation de cette recherche doctorale, une des dix Premières Nations a été choisie. Le choix d’une Première Nation s’explique par le fait qu’au Québec, « 60 % des femmes autochtones ont déclaré être membres des Premières Nations (catégorie qui comprend les Indiens inscrits ou non inscrits), tandis que 33 % étaient Métisses et 4 %, Inuites » (O’Donnell et Wallace, 2011) » ( Croce et al.., 2016, p. 17).

Parmi les onze Premières Nations, le choix est dirigé sur la Première Nation des Innus, la plus populeuse au Québec, comptant 19 955 membres (source : Statistiques des populations

autochtones du Québec 2015, http://www.autochtones.gouv.qc.ca/nations/population.htm). De plus,

cette Première Nation présente un bon dynamisme entrepreneurial si on la compare aux autres Premières Nations du Québec (Secrétariat aux Affaires Autochtones, 2011). Pour les raisons qui ont été exposées, cette thèse sur l’EFA se concentre sur les femmes autochtones qui appartiennent à la Première Nation des Innus.

1.6.1 La Première Nation des Innus

Même si elles font partie de la même Première Nation, les communautés innues sont diversifiées sur plusieurs plans. Tout d’abord, il importe de souligner que cette Première Nation est composée au total de onze communautés autochtones réparties au Québec et au Labrador (Secrétariat aux Affaires Autochtones, 2011). Dans la province de Québec, là où cette étude doctorale a eu lieu, on compte neuf communautés autochtones innues (Secrétariat aux Affaires Autochtones, 2011) :

1. Communauté de Pessamit (Conseil des Innus de Pessamit);

2. Communauté d’Essipit (Conseil de la Première Nation des Innus Essipit); 3. Communauté de La Romaine (Conseil des Innus d’Unamen Shipu); 4. Communauté de Mashteuiatsh (Pekuakamiulnuatsh Takuhikan);

(30)

5. Communauté de Matimekosh (Conseil de la Nation Innu); 6. Communauté de Mingan (Conseil des Innus de Ekuanitshit);

7. Communauté de Nutashkuan (Conseil des Montagnais de Nutashkuan); 8. Communauté de Pakuashipi (Conseil des Innus de Pakuashipi);

9. Communauté d’Uashat-Maliotenam (Conseil Innu Takuaikan).

Il est important de souligner que le développement économique et socio-institutionnel des communautés des Innus est très diversifié, tout comme l’est leur profil démographique, tel que l’indique le tableau 1.

Sur réserve Hors-réserve Total

Innus (Montagnais) Betsiamites 2 893 1 032 3 925 Essipit 215 514 729 La Romaine 1 116 45 1 161 Mashteuiatsh 2 085 4 447 6 562 Matimekosh–Lac John 847 117 964 Mingan * * 622 Natashquan 1 003 94 1 097 Pakuashipi * * 363 Uashat-Maliotenam 3 506 1 026 4 532 TOTAL 12 616 7 339 19 955

Tableau 1 : Profil démographique des communautés innues

Source : Statistiques des populations autochtones du Québec 2015; site Web du SAA

http://www.autochtones.gouv.qc.ca/nations/population.htm

Si certaines communautés innues sont plus peuplées que d’autres, il est aussi vrai que leurs institutions responsables du développement économique présentent des différences. Le positionnement géographique des communautés innues est aussi très varié : certaines communautés se situent en milieu éloigné – comme la Romaine (à 400 kilomètres au nord-est de Sept-Îles et accessible seulement par avion ou par bateau) et Pakuashipi (à 550 kilomètres au nord-est de Sept-Îles et accessible seulement par avion ou par bateau) –, tandis que d’autres sont accessibles par la route – comme Mashteuiatsh (à 6 kilomètres de Roberval), Uashat-Maliotenam (situé à l’est de Sept-Îles), Mingan (à 200 kilomètres à l’est de

(31)

Sept-Îles et accessible par la route 138) et Nutashkuan (à 336 kilomètres à l’est de Sept-Îles et accessible par la route 138 et par bateau).4

1.6.2 Première Nation des Pekuakamiulnuatsh

En raison de la diversité des réalités autochtones, des cultures et des styles de vie dans les communautés autochtones (United Nations, 2009), de la diversité des profils des femmes autochtones (Affaires Autochtones et Développement du Nord Canada, 2012) et de la variété du positionnement géographique des communautés relativement à l’analyse de l’entrepreneuriat autochtone, la présente enquête qualitative était initialement conçue pour tenir compte des différenciations existantes et explorer l’EFA dans toute sa diversité.

Compte tenu de la diversité systémique des communautés autochtones au Québec dans la construction sociale de l’expérience entrepreneuriale des femmes, cette enquête qualitative visait initialement à comprendre les expériences des femmes entrepreneures en fonction de différents contextes communautaires. Or, dans le cadre de cette étude doctorale, plusieurs communautés dela Première Nation des Innus avaient été considérées aux fins de l’analyse de l’EFA et classifiées en référence aux trois modèles entrepreneuriaux autochtones issus de la revue systématique sur l’entrepreneuriat autochtone (Croce, 2017b).

Au cours de l’enquête qualitative, la réceptivité, l’étroite collaboration avec la communauté de Mashteuiatsh ainsi que le taux élevé de participation des femmes Ilnuatsh pendant l’enquête de terrain ont fait en sorte que ce projet de recherche s’est limité seulement à la communauté de Mashteuiatsh. Il importe aussi de souligner que ce projet de recherche doctoral est le résultat d’une démarche collaborative et participative avec le milieu autochtone, maintenue tout au long du processus, tel qu’il sera introduit dans le chapitre méthodologique.

(32)

CHAPITRE 2

ENTREPRENEURIAT AUTOCHTONE :

PERSPECTIVE INTERNATIONALE

Ce deuxième chapitre introduit, quant à lui, un article conceptuel qui présente une revue systématique de la littérature internationale existante sur l’entrepreneuriat autochtone. Cet article a été publié en 2017 dans un numéro spécial sur l’entrepreneuriat autochtone et l’innovation de la revue Journal of management & Organization5. Les résultats de cette revue de

littérature systématique ont permis de cibler trois modèles entrepreneuriaux autochtones – le modèle urbain, le modèle rural et le modèle éloigné – qui représentent une façon de systématiser les modèles entrepreneuriaux autochtones et de les appliquer à l’étude des communautés autochtones dans le monde. Les résultats de cette revue systématique proposent, donc, une classification conceptuelle servant à cerner des pistes de recherche pour le développement de l’entrepreneuriat autochtone comme thème de recherche.

2.1 Introduction générale

La justification de cette revue systématique repose sur la nécessité, à la fois théorique et pratique, de combler une lacune à ce jour encore existante dans la littérature académique sur l’entrepreneuriat autochtone. Cette lacune concerne la contextualisation de modèles entrepreneuriaux autochtones (Hindle, 2010), qui se doit d’être prise en compte afin de mettre en lumière les spécificités de l’entrepreneuriat autochtone dans différents contextes dans le monde. En effet, bien que les particularités de la population entrepreneuriale à laquelle l’entrepreneuriat autochtone fait référence ont permis à l’entrepreneuriat autochtone de se distinguer comme thème de recherche à part entière, distinctement de l’étude des autres populations entrepreneuriales minoritaires ethniques (Peredo et al., 2004) et comme une sous-forme de l’entrepreneuriat ethnique (Anderson et Giberson, 2003; Dana et Anderson, 2007), plusieurs recherches sont encore nécessaires aujourd’hui pour le développement d’un cadre théorique propre à ce thème de recherche (Frederick, 2008).

5 Croce, F. (2017). Contextualised indigenous entrepreneurial models: A systematic review of indigenous

(33)

En effet, si l’entrepreneuriat autochtone est en plein essor aujourd’hui, il demeure caractérisé par une fragmentation conceptuelle, et les résultats de cette revue systématique représentent une façon de faire avancer les connaissances quant à la classification des modèles entrepreneuriaux autochtones.

2.2 « Contextualised indigenous entrepreneurial models: A systematic review of indigenous entrepreneurship literature »

Even though there are an estimated 370 million indigenous peoples around the world, less than 5% of the world’s population (United Nations, 2009), this statistical minority represents a third of the world’s 900 million poorest people (World Bank, 2016). Entrepreneurship has been identified as a major resource for indigenous self-empowerment, economic development and poverty reduction (Anderson, 2001; Hindle & Lansdowne, 2005; Hindle & Moroz, 2009; Peredo, Anderson, Galbraith, Honig, & Dana, 2004) and this paper aims to systematically review literature on indigenous entrepreneurship. The purpose of the paper is to determine trends and commonalities in indigenous entrepreneurship models that could contribute to theoretical discussions and assist policy-makers and practitioners to improve their effectiveness in supporting indigenous economic and entrepreneurial development initiatives within socio-cultural and geographically localized contexts.

Located in 90 countries, there are approximately 5,000 indigenous groups and close to 4,000 indigenous languages spoken around the world (United Nations, 2009). Additionally, according to Survival International, around 100 indigenous tribes have still not been discovered. The International Fund for Agricultural Development (IFAD) states that the lands where indigenous peoples live represent 80% of the planet’s biodiversity and they have a fundamental role in managing the world’s natural resources (IFAD, 2012).

In varying proportions, indigenous peoples are present on the five continents. According to the IFAD (2012), 70% of the total international indigenous population lives in Asia. In China, according to the United Nations (UN), the indigenous minority represents less than 9% of the total population, but accounts for about 40% of the country’s poorest population (UN, 2009). However, in some Latin American countries, such as Bolivia and Guatemala, indigenous peoples represent more than half of the total population (United Nations, 2009). In Africa, according to the International Work Group on Indigenous Affairs, there are an

(34)

estimated 50 million indigenous peoples (African Commission on Human and Peoples’ Rights, 2006). In Australia, the 2011 Census Post Enumeration Survey (PES) estimated the Aboriginal and Torres Strait Islander population at 662,300 people or about 3% of the total population (Australian Bureau of Statistics, 2013). In Canada, indigenous peoples represent 4.3% of the total Canadian population and almost half of the Aboriginal population lives on reserves, but are increasingly migrating to urban areas all across Canada (Statistics Canada, 2013). In the United States, according to the 2010 Census, there are 2.9 million indigenous peoples, identified as American Indians and Alaska Natives (United States Census Bureau, 2012).

According to the statistics presented here, indigenous peoples are considered an ethnic minority of the total population. The diversity among indigenous groups across the world is impressive from a cultural, socio-economic and structural point of view (UN, 2009), but nonetheless indigenous peoples share some common problems, including discrimination, the expropriation of land, marginalization and violence, abuse and identity acceptance (UN, 2013). For this reason, the United Nations Permanent Forum on Indigenous peoples has not adopted a general definition for indigenous peoples, instead, they consider the issue in terms of identification (UN, 2009).

The Secretariat of the Permanent Forum on Indigenous Issues (SPFII) was established in 2002 (resolution 57/197 of the General Assembly) within the United Nations’ New York-based Division for Social Policy and Development (DSPD), to inform the United Nations organizations, governments and the public about the issues facing indigenous peoples worldwide and to promote exchanges between member states and representatives of indigenous peoples. In the 2015 resolution concerning the rights of indigenous peoples, the General Assembly of the United Nations requested that the President include representatives of indigenous organizations in official bodies with the Member States to allow indigenous representatives and institutions to participate in meetings of the United Nations. To protect indigenous peoples, the Declaration on the Rights of Indigenous Peoples of the United Nations, adopted in 2007, stipulates the rights of these populations (UN, 2007). Also, The

International Day of the World’s Indigenous Peoples, every August 9, was established in 1995 to

raise awareness of the difficulties specific to indigenous peoples regarding human rights, education and health. In line with United Nations resolutions, various governments have

(35)

been proactive regarding indigenous economic development, including governmental development strategies focused on entrepreneurship as a major resource for economic development and poverty reduction for indigenous peoples.

In Australia for example, the Australian Government’s Indigenous Economic Development Strategy aims to support the development of aboriginal entrepreneurship (Australian Government, 2007). In 2013, the Canadian Government implemented the Aboriginal Business and Entrepreneurship Development (ABED) Program that aims to support indigenous entrepreneurs at different stages of the entrepreneurial process and provide funding for indigenous businesses through Aboriginal Financial Institutions (AFIs).

Despite governmental efforts to develop indigenous entrepreneurship to improve indigenous well-being and indigenous economic empowerment, an underlying lack of indigenous specificity and contextualization has contributed to the failure of these initiatives (Shoebridge, Buultjens, & Lila Singh, 2012). The need to understand the causes of these failures requires more contextualized research on indigenous entrepreneurship from an indigenous perspective in order to conduct in-depth and qualitative analysis of the contextual factors affecting indigenous entrepreneurship policies, strategies, and practices around the world (Hindle, 2010).

A systematic review aimed at gathering, evaluating and synthesizing all of the studies on indigenous entrepreneurship is, therefore, important for its theoretical contribution, identification of indigenous entrepreneurship models and practices across different contexts, and for recommendations to policy-makers and practitioners on indigenous peoples’ aspirations for entrepreneurial and economic development.

This systematic review was conducted by electronically and manually searching articles through academic literature with querying eight selected databases (ABI/ Inform Complete,

Business Source Complete, Web of Science, International Bibliography of the Social Sciences, Academic Search, Sociological Abstract, Entrepreneurial Studies Source, Bibliography of Native North America) and

using specific words related to indigenous peoples such as Indigenous, Aboriginal, Torres Strait

Islanders, First Nations, Native Nations, Native American, Metis, Inuits, American Indian and Native People. From 1,199 articles initially identified, 25 articles were selected for this systematic

(36)

review. The results and analysis formed three broad models of indigenous entrepreneurship based on geographic localization and degree of urbanization: 1) urban indigenous entrepreneurship; 2) remote indigenous entrepreneurship; and 3) rural indigenous entrepreneurship.

Following the introduction, the paper is organized into five sections. First, the theoretical and practical needs for this systematic review are outlined. Second, the research protocol and methodological aspects are introduced. Third, the main findings of the systematic review are presented and analyzed. Fourth, the characteristics of the three indigenous entrepreneurship models are presented and discussed. Fifth, the implications of the study are presented in the conclusions and avenues for future research on indigenous entrepreneurship are suggested.

Indigenous entrepreneurship and the systematic review context

In the academic literature, indigenous entrepreneurship has been defined as, “the creation, management and development of new ventures by Indigenous peoples for the benefit of Indigenous peoples” (Hindle & Lansdowne, 2005: 132). Therefore, according to the definition proposed by the authors, the concept of indigenous ownership and benefit are central to indigenous entrepreneurship. In recent decades, research on indigenous entrepreneurship has begun to appear in the literature (Dana, 2015; Dana & Anderson, 2007; Frederick, 2008; Hindle & Lansdowne, 2005; Peredo & Chrisman, 2006). This topic has affirmed itself as an independent field of research from the mainstream entrepreneurial literature and is distinct from ethnic entrepreneurship, which mostly concerns the entrepreneurial activities of immigrants or other major ethnic groups (Dana, 2007b), even if differences and similitudes need to be explored further between indigenous entrepreneurship and ethnic entrepreneurship (Kushnirovich, Heilbrunn & Davidovich, 2017; Peredo et al., 2004).

The initial literature on indigenous entrepreneurship identified indigenous values as the driving force behind entrepreneurial activities, providing evidence that indigenous entrepreneurs see entrepreneurship differently from the classic individualistic perspective that has emerged in the mainstream literature on entrepreneurship (Anderson, 1999; 2001). This literature also emphasized indigenous entrepreneurship as a tool for indigenous

(37)

economic development, overcoming the exogenous economic development conception of indigenous communities through external assistance (Peredo, et al., 2004). Therefore, this endogenous view of indigenous economic development recognized the efforts of indigenous entrepreneurs in building their own socio-economic community development and indigenous empowerment in the global economy (Anderson & Giberson, 2004; Peredo, et al., 2004).

Since the 2000s, however, the theoretical debate in the indigenous entrepreneurship literature has focused more closely on understanding the different indigenous contexts and their indigenous entrepreneurial outcomes (Hindle, 2010). In this regard, it is appropriate to recall that, globally, indigenous entrepreneurs belong to very diverse indigenous realities with respect to their geographical position, history, and political status (United Nations, 2009). Moreover, these specific indigenous realities have emerged from their own national realities regarding their attitudes toward resisting cultural assimilation and striving for self-indigenous affirmation (Peredo et al., 2004). Despite the fact that context has been recognized as an important factor affecting entrepreneurial activities in mainstream entrepreneurship (Welter, 2011), very few studies have emerged on the specificities of different entrepreneurial configurations in indigenous contexts.

Recent literature on the topic of indigenous entrepreneurship models, however, suggests that a contingency approach should be adopted to analyze and illuminate the different community entrepreneurial models (Hindle, 2010; Peredo et al., 2004). Although there is consensus in the indigenous entrepreneurship literature on the question of “why” and “what” indigenous entrepreneurship is, the question of “how” it occurs requires more research before endogenous models of indigenous entrepreneurship can be established. In support of this theoretical position, some researchers (Shoebridge, et al., 2012) have demonstrated the minimal success of some governmental policies and initiatives on indigenous entrepreneurship. In this regard, the social cognitive theories of entrepreneurship show that entrepreneurial behavior is not universal and it can change according to the cognitive perspectives of the entrepreneurs (e.g., Mitchell, Busenitz, Lant, McDougall, Morse, & Smith, 2002). Hindle (2010) highlighted this issue in the indigenous entrepreneurship literature by proposing a diagnostic model to analyze indigenous contextual

Figure

Tableau 1 : Profil démographique des communautés innues
Figure 1. Conceptual dimensions integrated in IWE’s analysis  Entrepreneurship	(E)	Indigenous	Entrepreneurship	(IE)	 Women	 Entrepreneurship	(WE)	Indigenous	Women	Entrepreneurship	(IWE)
Figure 2. Sociological framework for the emergence of IWE in the field
Figure 3: IWE at the intersection- within Intersectionality and Positionality.
+7

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