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Consultations : «Ensemble pour l égalité entre les femmes et les hommes»

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Academic year: 2022

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Consultations  :  «  Ensemble  pour  l’égalité  entre  les  femmes  et  les  hommes  »  

 

 

   

   

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Lors de la consultation « Ensemble pour l’égalité entre les femmes et les hommes » qui s’est déroulée, le 23 Octobre 2015, avec plusieurs intervenants, Mme la sous-ministre associée Mme Catherine Ferembach a évoqué son intérêt et celui du secrétariat à la condition féminine de connaitre le point de vue des participants qui oeuvrent dans le monde des affaires et au contact des entrepreneur (e) s.

Nous nous sommes aperçus que les fondements de notre réflexion sur la place de la femme en société et dans le monde des affaires, notamment, pourrait être améliorée.

Nous avons également été conforté par la constatation que nos conclusions dans le domaine étaient partagées par différents intervenants, chacun dans son domaine d’expertise.

 

Le Regroupement présente l’intérêt majeur de créer un maillage des informations qui optimise les effets positifs d’un projet. Les jeunes chambres et ailes de jeunesses sont ainsi reliées par notre entremise. En leur sein, plusieurs jeunes femmes entrepreneures provenant de divers secteurs d’activités, prennent part à la dynamique du Regroupement et sont volontaires à faire changer les choses. La proximité qui se lie entre les Jeunes chambres et les jeunes femmes entrepreneures est gage de leurs connaissances de la réalité de leur vécu.1

L’un des atouts du Regroupement est qu’il compte pour membres 11 jeunes chambres de commerce culturelles, composant ainsi le tiers de ses membres. Cela nous permettra d’atteindre d’autant plus facilement, à la fois la femme immigrante que son homologue masculin. Cette plus value est le gage de notre capacité à répondre au volet de la femme immigrante soulevé dans le cadre de la loi2.

                                                                                                               

1  Pour   que   l’égalité   de   droit   devienne   une   égalité   de   fait,   Politique   gouvernementale   pour   l’égalité   entre   les   femmes  et  les  hommes,  p.  16,  En  ce  sens,  l’attitude  du  Regroupement  est  conforme  à  l’approche  sociétale  adoptée   par   le   Gouvernement.   Les   jeunes   femmes   que   nous   approchons   sont   actrices   et   sujettes   de   la   réalité   entrepreneuriale   au   Québec.   Elles   sont   conscientes   du   rôle   qu’elles   doivent   jouer   et   de   la   responsabilité   (individuelle  et  collective)  qui  est  la  leur  pour  le  Québec  d’aujourd’hui  et  les  Générations  Futures1.    

 

2  Idem,  p.  49  

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En conclusion, notre intérêt est de contribuer activement à atteindre l’objectif d’égalité homme-femme dans les domaines spécifiques de l’entrepreneuriat et du repreneuriat. Il s’agit de la spécificité dont le Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec (RJCCQ) entend se prévaloir.

Dans ce mémoire, le RJCCQ entend proposer sa vision sur la manière dont il conviendrait de promouvoir la femme entrepreneure et lui permettre de se dégager du rôle traditionnel qu’elle occupe au sein même de l’écosystème entrepreneurial.

Dans un premier temps, nous entendons brosser un portrait de la femme entrepreneure, Québécoise mais aussi et de manière générale la femme entrepreneure. Les écrits démontrent que les problématiques auxquels elle fait face sont sensiblement les mêmes dans plusieurs pays de la planète. Dans un second temps, nous souhaitons évoquer l’importance de la mettre en valeur afin que la perception et les stéréotypes ancrés dans les esprits de nos contemporains, y compris elle-même, évoluent.

Puis nous nous appesantirons sur la nécessité de décloisonner la femme entrepreneure de la zone de combat pour l’égalité de ses droits qu’elle a créé avec ses paires. Il s’agit de lui adjoindre son homologue masculin afin que de concert et en synergie la femme entrepreneure évolue dans un écosystème entrepreneurial dans lequel elle a toute sa place en tant que deuxième poumon de l’économie québécoise. Enfin, nous évoquerons la place des femmes dans les lieux décisionnels et notamment les conseils d’administration des sociétés. Une série de recommandation viendra étayer à la fois la manière dont le RJCCQ prétend atteindre les objectifs de la politique d’égalité mais aussi la contribution qu’il pourrait lui-même offrir afin d’accompagner l’entrepreneure dans la société québécoise.

 

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I. Introduction - Portrait global :

Le portrait de la femme entrepreneure est assez similaire dans le monde. La femme québécoise n’en diffère pas. Si l’on devait faire une description assez générale, elle avoisine la mi-trentaine, le plus souvent en couple avec des enfants à charge. Elle a une formation littéraire ou économique, parfois artistique, le profil de son entreprise est le plus souvent social. Contrairement à son homologue, elle a atteint des degrés académiques avancés. La grande spécificité de l’entrepreneuriat féminin est la création d’entreprise de services. Elle se lance difficilement dans des branches d’industrie telles que le textile, l’agro-alimentaire ou la construction3.

Quatre facteurs essentiels poussent la femme à se lancer dans la voie de l’entrepreneuriat : la réalité économique, le travail, la famille et des circonstances personnelles. Le premier facteur qui va pousser la femme à entreprendre est une insatisfaction quand au revenu familial qu’elles vont juger insuffisant. Le second facteur est parfois la difficulté de trouver un travail qui leurs conviennent (l’âge, la formation, progression au travail...). Le troisième facteur s’impose le plus souvent dans le cas de la succession, du repreneuriat; ou encore afin de parvenir à concilier le travail et la famille.

Enfin le dernier facteur existe dans certains cas lorsqu’elles ont eu des modèles ou un support familial qui les pousse à se réaliser dans une telle voie (un parent, un ami...)4.

Dans le cas de la femme, un critère fondamental ressort des facteurs sus-mentionnés.

L’entrepreneure se lance en affaire pour des raisons « extrinsèques » qui influenceront leurs décisions de manière positive ou négative. Le point le plus intéressant, et somme toute symptomatique, qui ressort du quatrième critère est la dimension émotionnelle de sa démarche, attendu que la femme entrepreneure se lance souvent en affaires si elle a

                                                                                                               

3  LE   LOARNE   LEMAIRE   Severine,   CUPILLARD   Virginie,   RAHMOUNI   BENHIDA   Bouchra,   NIKINA   Anna   et   SHELTON  Lois  Marie,  «  Femme  et  entrepreneur,  c’est  possible!  »,  p.  18  

4  AVOLIO   ALECCHI   Beatrice   et   RADOVIC-­‐MARKOVIC   Mirjana,   «  Women   and   entrepreneurship.   Female,   durability,  persistence  and  intuition  at  work  »,  p.  42-­‐43  

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un modèle ou un support qui l’accompagne et l’encourage, souvent cette figure est masculine (père, proche parent ou compagnon)5.

En ce qui concerne ses motivations, la plupart évoquent une volonté de se réaliser ou un désir d’autonomie. Peu d’entre elles sont appâtées par un désir de « pouvoir » :

« Le goût de l’argent et du pouvoir semble avoir fait place à des motivations plus nobles telles que l’indépendance personnelle, la satisfaction dans le travail ou la réalisation de soi 6»

Recherche d’indépendance et goût d’entreprendre les motivent autant que les hommes, mais les femmes mettent plus souvent en avant une opportunité à saisir et le désir de créer son propre emploi (68 % contre 59 %). La moyenne d’âge des créatrices et des créateurs est similaire (38 ans), mais les premières ont un niveau de diplôme supérieur : 65 % sont titulaires du baccalauréat ou d’un diplôme plus élevé contre 47 % des hommes. En revanche, elles bénéficient moins souvent qu’eux d’une expérience professionnelle en lien direct avec le secteur de création.

La réalisation de soi ou l’autonomie est un critère que l’on retrouve notamment dans les pays industrialisés tels que le Canada, et au Québec notamment. La Création par

« nécessité » découle souvent d’évènements tels que le chômage, la situation du conjoint, un licenciement ou la difficulté de trouver un emploi notamment après un long congé ou en raison de ce qui est convenu d’appeler « le plafond de verre » vers des postes de direction.7

                                                                                                               

5  Idem,  p.  46  

6  Idem,  p.  47,  Op  cit,  note  1,  p.  21  

7  Op  cit,  note  1,  p.  25  

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La place du préjugé dans la vie des femmes, et singulièrement des femmes entre elles est tenace. Un certain nombre d’entre eux relève du sexisme ordinaire latent dans l’environnement socioculturel : poids des préjugés générateurs d’autocensure, filières de formation initiale, déficit de modèles managériaux et bien sûr, la sempiternelle question de l’articulation entre vie professionnelle et vie familiale, en d’autre terme de la conciliation travail-famille. D’autres proviennent de l’environnement économique et financier : frilosité du secteur bancaire, comportement parfois trop prudent des créatrices face à l’emprunt et réserves à l’égard d’une stratégie de croissance.

En ce qui concerne la solidarité dans leurs projets mutuels, la femme entrepreneure est plus prompte à juger de son homologue féminin qu’un homme. Il apparait que les femmes qui ont le pouvoir de financer les projets d’autres femmes sont plus sévères dans leurs évaluations qu’envers le même projet porté par un homme. Celles qui s’en expliquent évoquent leur propre expérience et vécu et considèrent que des femmes, cheffe d famille qui ambitionnent de porter de gros projets ne seront pas capables de le faire et ne parviendraient pas à concilier leurs familles et leurs objectifs8. C’est bien regrettable mais cela démontre de l’existence d’une image et de stéréotypes qui ont la vie dure, y compris chez les femmes elles-mêmes. Pourtant, de nombreux exemples existent pour invalider de tels propos et c’est bien à ce niveau qu’il faut agir.

La question de savoir si la femme se cantonne à des entreprises de service est aussi un fait récurrent. Certains secteurs demeurent dominer par les hommes : l’industrie, la technologie, l’information, la communication, la construction ou le transport. Lorsqu’elles décident de s’y aventurer, elles sont souvent épaulées par des figures masculines qui leurs servent de « parrain ». Leur crédibilité en est tributaire. Des études sur le microcrédit menés par la Banque Gresham, et rapportée par la HSBC, démontrent que la perception du risque n’est pas la même entre la femme et l’homme. Celle-ci est beaucoup plus sage et investit beaucoup moins (49%) que son homologue.

                                                                                                               

8  Idem,  p.  32  

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En outre, les femmes lèvent beaucoup plus difficilement les fonds que les hommes.

Selon une étude menée par l’association des banquiers canadiens, l’entrepreneure est nettement plus défavorisée dans la mesure où elle enregistre un taux de refus deux fois plus importants (23%) que l’homme (14%).9 En conséquence, plusieurs études démontrent que pour financer leurs entreprises, elles ont souvent tendance à puiser dans leurs économies personnelles et à solliciter leur famille et amis10.

Recommandation 1 : Conscientisation :

Le Regroupement, bien conscient de ces réalités, rappelle qu’il s’agit de faits peu connus de la part de la population et à fortiori des femmes elles-mêmes. Elles ne deviennent conscientes de cet état des lieux que lorsqu’elles affrontent les défis et font face aux obstacles.

A cet égard, le RJCCQ recommande au Secrétariat à la Condition féminine de lever le voile sur le portrait des femmes entrepreneures et d’en faire prendre conscience l’opinion publique de manière large. Le RJCCQ fait appel au SCF afin de prendre les mesures nécessaires pour que des données claires soient véhiculées et que le portrait de la femme entrepreneure soit connue de la grande majorité des québécois et non seulement des fins connaisseurs de sa condition. Cela contribuerait sans aucun doute à faire évoluer les mentalités de manière significative.

Les moyens à utiliser sont diverses : campagnes de sensibilisation, poste publicitaires dans les émissions radios, susciter le débat et faire parler de la condition de la femme québécoise dans le monde des affaires, faire usage de réseaux ouverts de jeunes professionnels et cadres travaillant notamment dans les institutions financières ou organismes de conseils.

                                                                                                               

9  Idem,  P.  47  

10  idem,  p.  57  

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II. Valorisation de la femme entrepreneure québécoise:

Dans un excellent ouvrage co-écrit par Mesdames Francine Richer et Louise St_Cyr, des portraits de femmes fortes « ancêtres des femmes entrepreneures d’aujourd’hui » a été dépeint. Dès les premières immigrations en Nouvelle-France, les femmes se sont tenues au-côtés de leurs homologues et ont partagé leurs travails en participant à la vie économique :

« Pendant que les hommes se livraient à la chasse, à la pêche et à la traite des fourrures, les femmes administraient ces commerces familiaux qui sont, très certainement, les ancêtres des magasins généraux et peut-être bien des dépanneurs d’aujourd’hui. 11»

Les femmes ont tout au long de l’histoire du Québec étaient présentes et agissaient comme fondées de pouvoir, représentées leurs époux, ont droit de parole et participaient aux décisions de famille. C’est avec la conquête de la Nouvelle-France par l’Angleterre que la position de la femme va d’abord s’affermir avec l’acquisition du droit de vote puis sa déchéance en 1849 avec la Coutume de Paris. La révolution industrielle consacrera le retour de la femme dans la sphère publique mais en la reléguant au rôle d’employée, sous-payée à laquelle l’homme sera préféré12.

La lumière poindra à nouveau à partir de 1940 avec les suffragettes et l’acquisition du droit de vote. En 1967, la commission royale d’enquête sur la situation de la femme au Canada veillera à réhabiliter la femme dans tous les aspects de la vie et notamment économique. Ce rapport soulignait :

« Le fait de ne pas reconnaitre le potentiel économique des femmes est une autre cause des difficultés... elles sont très peu nombreuses à s’être fait une place dans certains domaines. Tant qu’il en sera ainsi, on ne songera pas à elles pour des postes de direction, et cela d’autant moins que les grandes entreprises semblent peu disposées à leur donner l’occasion de montrer ce qu’elles peuvent faire.... on nous a signalé des cas où la femme n’a pu obtenir d’hypothèques alors que leur revenu dépassait celui du mari... les femmes se voient refuser des prêts à leurs noms, pour des hypothèques ou pour d’autres fins simplement à cause de leurs sexes 13».

                                                                                                               

11  RICHER  Francine  et  St-­‐CYR  Louise,  «  L’entrepreneuriat  féminin  au  Québec.  Dix  études  de  cas  »,  Les  presses   de  l’université  de  Montréal,  2007,  p.  16-­‐17  

12  Idem,  p.  22-­‐23  

13  La  commission  royale  d’enquête  sur  la  situation  de  la  femme  au  Canada,  p.  23  dans  

RICHER  Francine  et  St-­‐CYR  Louise,  op  cit  note  9,  p.  29.    

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Il est bien étrange de lire dans un rapport datant du siècle dernier, un son de cloche qui ne teinte pas si loin des discours contemporains, chaque chose égale part ailleurs. Dire que la situation de la femme n’a pas évolué est une erreur grossière à laquelle nous ne saurons prêter le moindre crédit. Dans son rapport «Portrait statistique des femmes entrepreneures» de 2000, le ministère de l'Industrie et du Commerce du Québec indique que le tiers des entrepreneurs du Québec sont des femmes et que le taux de croissance du nombre de femmes entrepreneures est plus important que celui du nombre d'hommes. Les données de 2010 d'Industrie Canada démontrent quant à elles qu'au Québec, 19 % de l'ensemble des petites entreprises appartiennent majoritairement à des femmes. Toutefois, il est bien étrange de voir se profiler derrière ce passage des notions qui résonnent encore aujourd’hui sous d’autres noms. On parle de « plafond de verre », d’un difficile accès de la femme au crédit, d’une confiance davantage accordée à l’homme... et pourtant, on ne peut s’empêcher de le penser...

La réalité est que depuis les années 60, les femmes disposent d’outils pour s’émanciper et se réaliser. En se regroupant, elles ont su briser des obstacles. Plusieurs outils ont été mis à la disposition des femmes entrepreneures, notamment en région, qui sont en voie de démarrage et de consolidation de leurs entreprises. À la faveur de l’accès à l’éducation, elles ont commencé à conquérir des espaces masculins, se sont spécialisées dans les domaines de l’administration et de la gestion, se lancent dans les affaires et s’entraident14.

Ceci étant dit, le document de publication portant « Politique gouvernementale pour l’égalité entre les femmes et les hommes : Pour que l’égalité de droit devienne une égalité de fait », dans la section « Vers l’égalité économique entre les femmes et les hommes » (p.14), il est clairement souligné :

                                                                                                               

14  Idem,  p.  41-­‐42  

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« Les inégalités de revenus affectant les entrepreneures seraient surtout le fait de leurs grandes concentration dans le secteur des services. Il importe d’encourager la diversification des secteurs d’activités choisis par les femmes et mettre en place des conditions favorables au développement de leurs entreprises. »

La politique sus-mentionnée préconise comme solution à la division stéréotypée des rôles, la promotion et l’éducation au regard de modèles de comportements égalitaires.

Le RJCCQ souscrit parfaitement à cette approche et considère qu’elle contribuerait à une évolution de la présence des femmes dans différents secteurs d’activités. Si la femme semble être moins aventureuse, se cantonnant dans une zone restreinte, les données démontrent que celles qui franchissent un certain cap se sentent valorisées, soutenues et accompagnées. C’est précisément la voie que le RJCCQ entend emprunter pour accompagner l’évolution de la femme entrepreneure.

A la faveur de son réseau, le Regroupement est d’avis d’une part de mettre en exergue les accomplissements des femmes ayant d’ores et déjà cheminées dans le cadre de parcours à succès afin que ses pairs prennent en exemple les méthodes utilisées et afin qu’elles franchissent un certain conditionnement qui la cantonne à des secteurs considérés pour la femme comme traditionnels, en l’occurrence les secteurs des services. D’autre part, il ne faudra pas occulter le chemin parcouru par celles d’entre elles qui dans la vie de tous les jours contribuent à l’effort du développement économique du Québec de manière humble et sereine. Elles constituent autant de modèles à suivre, et surtout à mettre de l’avant afin qu’elles servent d’exemples.

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Recommandation 2: Mise en valeur des parcours entrepreneuriaux :

Le RJCCCQ recommande au Secrétariat à la condition féminine de mettre en exergue les parcours des femmes entrepreneures québécoises qui ont réussi dans leurs entreprises. Faire témoigner un large éventail de profil féminin (secteurs tertiaires, intrapreneures, mompreneures, entrepreneures issues de la diversité...) de leurs cheminements contribuerait à encourager des candidates à l’aventure entrepreneuriale à se lancer avec davantage de confiance. L’objectif est de susciter l’idée selon laquelle

« si elle a réussit, je peux aussi y arriver ».

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III. Lever les tabous :

De manière général, et comme nous l’avons souligné, la femme entrepreneure agit et réagit de manière spécifique. Il serait fort opportun de mettre en exergue les forces et les faiblesses qui la caractérise pour l’accompagner de manière sereine. Me Janie Duquette a à cet égard écrit un livre dans lequel elle lève le tabou de la spécificité de la gestion féminine dans les affaires15. Au nombre des caractéristiques particulières, elle relève des traits tels que : L’authenticité, l’empathie, l’intuition, la créativité, la bonté, le partage et la paix. Elle conclue son ouvrage :

« Je pense en effet que nous pouvons le faire, que nous avons le pouvoir de le faire. Si le changement commence par nous-mêmes, qu’il se propage, qu’il inspire, je pense que nous pouvons réaliser de grandes choses. Dans l’union, la cohésion et le respect. Le respect de soi, des autres femmes, et le respect des hommes qui eux aussi participeront au changement. »16

Elles véhiculent des valeurs basées principalement sur l ’ouverture et la flexibilité Elles adoptent un style de communication plus ouvert; Elles sont particulièrement disponibles pour leurs employés; Elles ont un style de leadership plus personnel, plus amical et plus orienté vers l ’équipe; Elles utilisent un processus des méthodes plus démocratiques et plus participatives.17

Selon Rosabeth M. Kanter18, les femmes qui sont en situation minoritaires attirent le regard sur leurs différences et adoptent « une stratégie d’accommodation » pour se conformer au groupe majoritaire. Elles ne suivent pas leurs propres points de vue.

Toutefois, les données ont démontré que lorsqu’elles parviennent à agir de concert, elles parviennent à influencer la culture dominante et agissent selon leurs forces :

                                                                                                               

15  Janie  DUQUETTE,  «    Les  7  clés  du  leadership  féminin.  Diriger  avec  la  tête  et  le  coeur»,  Éditions   transcontinentales  et  Journal  les  Affaires,  2014,  177  pages  

16  Idem,  p.  167  

17  Brush,  1992;  Carter  et  Cannon,  1992;  Chaganti,  1986;  Chaganti,  1986;    

18  Rapport  du  Conseil  du  statut  de  la  femme,  2010.  P.  27  

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« Deux psychologues américains (Eagly et Carly) affirment que nier les différences équivaudrait à privilégier le style de gestion masculin, ce qui peut être paralysant pour les femmes. Les femmes leaders mettraient davantage l’accent sur les aspects transformationnels de la gestion, par le soutien et l’encouragement qu’elles accordent à leurs subalternes. Elles ont également plus tendance que les hommes à récompenser les performances 19»

S’emparer de la spécificité féminine comme une force et un atout pour la société devrait constituer pour la société québécoise une démarche importante pour lever les tabous liés à l’entrepreneuriat féminin. Dans son ouvrage, «Innover au féminin 20», Louis- Jacques Filion a démontrer de manière éloquente de quelle manière la femme entrepreneure, qui sait s’emparer des caractéristiques liées à son genre, parvient à innover et à cet égard dépasser les espérances les plus inattendues pour le développement de l’économie québécoise.

Recommandation 3: Briser le tabou:

Le RJCCCQ recommande au Secrétariat à la condition féminine de mettre en œuvre les outils nécessaires afin que des études plus sérieuses soient menées sur la spécificité et le formidable potentiel de l’entrepreneurship féminin. Des études peuvent être menées à ce sujet et des observatoires de l’entrepreneuriat féminin doivent se pencher sans préjugés sur le modèle entrepreneurial que la femme peut proposer à la société. Il est bien entendu qu’une telle démarche doit être faite avec beaucoup de délicatesse.

Toutefois, il s’agit d’une dimension à part entière et avant-gardiste de l’approche entrepreneuriale dont le Québec peut s’emparer.

                                                                                                               

19  Conseil  du  Statut  de  la  femme,  «  Les  femmes  dans  la  gouvernance  des  entreprises  et  dans  les  institutions   démocratiques  –  Abitibi  Témiscamingue  »,  2013,  p.  7.  

20  FILION  Louis-­‐Jacques,  «    Innover  au  Féminin.  Savoir  se  dépasser  –  Intraprendre  »,  Presses  de  l’université  du   Québec,  2013,  292  pages  

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IV. Décloisonner l’espace d’affirmation de la femme entrepreneure :

Depuis les années 60, les femmes disposent d’outils pour s’émanciper et se réaliser. En se regroupant, elles ont su briser des obstacles. Le Développement économique du Canada a pu mettre à la disposition des femmes les Fonds d’aides aux entrepreneures en Région (AFER) sous forme d’une mise de fond pouvant atteindre 25000$.

Le RJCCQ a constaté au cours des dernières années qu’il existe plusieurs organisations, programmes et concours pour soutenir les jeunes entrepreneurs et reconnaître leur potentiel, mais très peu de lieux pour se rencontrer, échanger et recevoir – en un seul lieu et à un moment précis – tout le soutien nécessaire à leur réussite.

Les objectifs des cellules de co-développement visent à briser l’isolement des femmes pour leur permettre d’interagir entre elles mais aussi avec son homologue masculin;

favoriser l‘apprentissage pour permettre une amélioration rapide; Rendre accessible au sein des jeunes chambres et des ailes jeunesses les bonnes ressources sous forme de conseils et d’accompagnements de la part de ses pairs mais également de spécialistes, mentors et conseils; De telles cellules lui permettent de développer un réseau de contacts privilégiés et de confiance qui la propulsera au centre de l’activité économique.

Nous veillerons à la pousser dans l’action et à l’insérer davantage dans la dynamique du repreneuriat et de l’innovation.

La voie de l’intrapreneuriat est un volet de l’action que le RJCCQ souhaite accompagner. Les femmes intrapreneures évoluent dans des milieux de travail élevés et sont capable de mener des projets à des niveaux de complexité soutenus. Elles se distinguent par un réseau de relation plus important et choisi que les entrepreneures. En réalité, les caractéristiques spécifiques de la femme que Me Duquette a relever dans son ouvrage la place dans une position privilégiée pour être une actrice réelle de l’innovation entrepreneuriale :

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« ... l’intrapreneure se doit d’être une personne réflexive, non seulement une personne qui aime réfléchir mais aussi une personne qui réfléchit en vue de l’action. Une intrapreneure doit faire appel à plusieurs faculté... telles l’intuition, la créativité et l’imagination (mais aussi) a des capacités analytique et de la rationnalité21 »

Dans le cadre de la formation continue, les femmes cadres dans les entreprises devraient être incitées à suivre des formations en management. L’intrapreneuriat, parcours de formation-action permettant à un(e) salarié(e) de porter un projet au sein même de l’entreprise et aboutissant souvent à la création de filiales, doit également être encouragé.

En outre, et bien que l’essentiel de ses accomplissements ont pu voir le jour grâce à un rassemblement typiquement féminin, nous sommes d’avis qu’il est important de compléter cette démarche qui s’est avérée fructueuse en la décloisonnant des espaces dans lesquelles elle évolue traditionnellement. En effet, il s’agit souvent de regroupement de femmes qui agissent « par la femme, pour les femmes ». Or, il serait intéressant de propulser la femme au cœur de l’activité économique, notamment dans les jeunes chambres et ailes de jeunesse afin de la faire interagir dans un contexte mixte, parmi ses pairs masculins dont elle se rapprochera et ensemble agiront en synergie afin d’édifier une culture entrepreneuriale où la femme investira tous les secteurs.

A cet égard, le RJCCQ se prévaut d’un réseau étendu, de partenaires forts et structurés aptes à accompagner cette insertion dans la vie entrepreneuriale. Grâce aux outils dont le RJCCQ se prévaut, notamment l’existence de jeunes chambres culturelles, le Regroupement est capable d’entrainer la femme immigrante dans cet effort de consolidation de sa présence dans tous les secteurs d’activités. C’est là une plus value dont il est fondamental de tenir compte, qui sera en mesure de servir les desseins de l’ensemble de la société et qui accompagnera le plan d’action que le gouvernement souhaite mettre sur pied.

                                                                                                               

21  FILION  Louis-­‐Jacques,  «    Innover  au  Féminin.  Savoir  se  dépasser  –  Intraprendre  »,  Op  cit,  note  15,  p.  9  

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Recommandation 4: Introduire le combat de la femme dans un environnement mixte

Le RJCCCQ recommande au Secrétariat à la condition féminine de considérer l’opportunité pour la femme entrepreneure québécoise de faire évoluer son combat dans un environnement mixte qui la place, au côté de son homologue, dans un cadre institutionnel qui lui permette d’interagir, réfléchir et innover au côté de ses pairs et dans les mêmes secteurs d’activités. Il suffit de peu pour faire tomber les digues et la propulser dans des domaines qui jusqu’ici étaient l’apanage de l’entrepreneur. Le but recherché étant d’associer celui-ci à l’insertion de la femme dans tous les aspects et domaine de la vie entrepreneuriale québécoise.

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V. La gouvernance :

La place qu’occupent les femmes est encore bien loin de la parité avec leurs collègues masculins. Seules 18 % des maires des municipalités du Québec sont des femmes, et seulement 16% siègent sur des conseils d’administration des entreprises. Il est impératif de se poser la question de la manière dont il convient d’augmenter leurs présences dans les instances de décision. Le RJCCQ considère qu’il est fondamental d’augmenter les formations et programmes de soutien aux femmes afin de les doter des outils nécessaires pour siéger adéquatement sur les conseils d’administration. On y parle à demi-mot et toujours de manière susurré, mais dans les faits,plusieurs témoignages démontrent que les femmes sous-évaluent leurs compétences, freinent leurs ambitions et se rétractent facilement devant une responsabilité qu’elles jugent à tort plus forte que leurs capacités. Paradoxalement, et pour rejoindre notre seconde partie, plus la femme sera valorisée, plus les exemples siégeant sur des CA seront diffusées et davantage de jeunes femmes suivront la voie de leurs prédécesseures.

Les obstacles sociologiques auxquels elle demeure confrontée sont l’existence « d’une culture masculine du pouvoir réelle ou perçue » qui la confronte à des attitudes d’hégémonisme masculin qu’elle a du mal à affronter. Les affrontements directs ne sont pas véritablement dans sa nature puisque naturellement, la femme est davantage tournée vers la conciliation ou la recherche de consensus22. Pourtant, une étude du Conférence Board du Canada démontre que les entreprises dont les Conseils d’administrations sont gérées par des femmes sont beaucoup plus rentables.23

Le Conseil du statut de la femme a depuis longtemps alarmé sur la présence des femmes sur les Conseils d’Administration et l’importance de voir rehausser leurs nombres. Une telle approche rentrerait dans le cadre d’un souci de justice et d’égalité dans la mesure où elles constituent la moitié de la population et qu’elles sont en outre, le plus souvent, hautement qualifiées.

                                                                                                               

22  Conseil  du  Statut  de  la  femme,  «  Les  femmes  dans  la  gouvernance  des  entreprises  et  dans  les  institutions   démocratiques  –  Abitibi  Témiscamingue  »,  2013,  p.  3-­‐4    

23  Idem,  p.  7  

(18)

A cet égard, le RJCCQ souscrit parfaitement à ces énoncés et considèrent que la place des jeunes femmes sur les Conseils d’Administrations doit être accompagné. A cet effet, et dans le cadre de sa formation en gouvernance, Administrateurs de la Relève-ADR, le RJCCQ entend former davantage de jeunes pour siéger sur les Conseils d’administration et notamment ceux des sociétés d’États. Nous veillons à donner aux jeunes candidats, de moins de 40 ans les outils nécessaires en termes juridiques, stratégiques, comptables, ressources humaines et éthiques. Dans le processus de sélection, le Regroupement veille très sérieusement à proposer la moitié de ces places de formation aux jeunes femmes. Et, nous y arrivons avec succès.

En outre, le RJCCQ a créé une association des alumnis d’ADR afin de proposer des opportunités de rencontres, de dialogues et de recrutements pour l’ensemble des finissants. Notre souci est de veiller, en partenariat avec le Collège des Administrateurs des Sociétés de l’université Laval à former davantage de jeunes, notamment des jeunes femmes en provenance de toutes les régions du Québec pour siéger sur les Conseils d’administration. Le Regroupement a, lors des consultations sur le renouvellement de la politique Jeunesse du Québec mis l’accent sur le rôle incitatif que le gouvernement pouvait jouer sur la place à accorder aux jeunes sur les conseils d’administration, notamment ceux des sociétés d’États.

La parité homme-femme est un volet stratégique de l’action du Regroupement. C’est à ce titre que le RJCCQ a souhaité s’exprimer dans le cadre de la consultation pour

« Ensemble pour l’égalité entre les femmes et les hommes », notamment afin de sensibiliser le secrétariat à l’importance d’accompagner des initiatives visant à outiller la jeune femme québécoise afin qu’elle siège au côté de son homologue masculin et à part égale sur les conseils d’administration.

(19)

Recommandation 4: Mieux outiller la jeune femme pour un accès plus équitable sur les conseils d’administration:

Le RJCCCQ recommande au Secrétariat à la condition féminine d’accompagner la formation des jeunes femmes sur les Conseils d’Administration. A cet effet, et dans la mesure où le RJCCQ a enregistré des résultats probants, nous ne saurions mieux conseiller le gouvernement à considérer l’opportunité de former davantage de jeunes femmes. Un tel accompagnement aura un effet encourageant et incitatif afin que celle-ci envisage avec beaucoup plus de confiance sa place dans les conseils d’administration.

(20)

BIBLIOGRAPHIE  :    

 

AVOLIO   ALECCHI   Beatrice   et   RADOVIC-­‐MARKOVIC   Mirjana,   «  Women   and   entrepreneurship.   Female,   durability,   persistence   and   intuition   at   work  »,   Gower   edition,   2013,  162  pages.  (Avolio  Alecchi  et  Radovic-­‐Markovic,  2013)  

 

DUQUETTE   Janie,   «     Les   7   clés   du   leadership   féminin.   Diriger   avec   la   tête   et   le   coeur»,   Éditions  transcontinentales  et  Journal  les  Affaires,  2014,  177  pages.    

 

FILION  Louis-­‐Jacques,  «    Innover  au  Féminin.  Savoir  se  dépasser  –  Intraprendre  »,  Presses   de  l’université  du  Québec,  2013,  292  pages  

 

LE   LOARNE   LEMAIRE   Severine,   CUPILLARD   Virginie,   RAHMOUNI   BENHIDA   Bouchra,   NIKINA  Anna  et  SHELTON  Lois  Marie,  «  Femme  et  entrepreneur,  c’est  possible!  »,  Éditions   Pearson,  2012,    306  pages.    

 

RICHER  Francine  et  St-­‐CYR  Louise,  «  L’entrepreneuriat  féminin  au  Québec.  Dix  études  de   cas  »,  Les  presses  de  l’université  de  Montréal,  2007,  294  pages  

 

ROCOPLAN   Valérie,   «     Oser   être   la   chef.   Pour   celles   qui   veulent   assumer   leur   ambition   professionnelle  et  réussir  leur  carrière  »,  Éditions  Leduc,  2009,  237  pages.  

 

ÉTUDES  :      

Lee-­‐Gosselin  Hélène,  Housieaux  Caroline,  Villeneuve  Martine,  «  Réalités,  besoins  et   défis  des  femmes  entrepreneures  de  la  région  de  la  Capitale-­‐Nationale  »,  étude  réalisée   dans  le  cadre  de  la  mise  en  oeuvre  de  l’Entente  spécifique  en  matière  de  condition  féminine   dans  la  région  de  la  Capitale-­‐Nationale,  Février  2010,  101  pages.    

Conseil  du  Statut  de  la  femme,  «  Les  femmes  dans  la  gouvernance  des  entreprises  et  dans   les  institutions  démocratiques  –  Abitibi  Témiscamingue  »,  2013,  

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