L’analyse de la chaîne du déplacement

Le fait de rendre obligatoirement accessible un ERP est nécessaire, mais rendre accessible un ERP sans prendre en compte son intégration dans la chaîne du déplacement, n’a aucun sens. Ne pas prendre en compte l’approche systémique de l’accessibilité, c’est donc rompre avec la cohérence de ce concept.

De ce fait, avec l’exemple de la mise en accessibilité du lycée Maine de Biran, une analyse globale a été établie pour déterminer si cet ERP est aujourd’hui intégré dans la chaîne

La mise en accessibilité des ERP : quelle intégration dans la chaîne du déplacement, l’accessibilité de la ville et à la ville ?

Pauline ESCARMANT

L’analyse suivante se fera à partir des composantes de la chaîne du déplacement et d’un jeu d’échelle entre le lycée, la ville de Bergerac, la Communauté d’Agglomération Bergeracoise (CAB) et le département de la Dordogne.

Tout d’abord, pour accéder au lycée, il y a un parvis. Cet aménagement permet aux élèves de rester en dehors de l’enceinte du lycée tout en étant en sécurité. Ce qui pose problème dans l’accessibilité de l’extérieur du lycée c’est le cheminement pour se rendre à la zone d’arrêt de bus. En effet, il y a des obstacles et la largeur et hauteur des trottoirs pour accéder à la zone de transports en commun ne sont pas aux normes. Cette zone de transports en commun accueille des bus scolaires et des bus de ville. (Cf. Annexe n°15, page 196)

Les transports urbains de la ville de Bergerac sont gérés par la CAB composée de 27 communes. Trois lignes fixes desservent la ville de Bergerac suivant des itinéraires et des horaires programmés. De plus, une ligne de transport à la demande (TAD) dessert le territoire de la CAB. La ville de Bergerac dispose de 116 arrêts existants. Pour le TAD, les autres communes de la CAB ont toutes un point d’arrêt. (Cf. Annexe n°16, pages 197 à 198)

Le TAD fonctionne avec des véhicules accessibles mais les usagers doivent réserver à l’avance (de 72h à 24h) pour le TAD sur Bergerac et de 7 jours à 24h à l’avance pour le TAD hors Bergerac. Bien que la CAB ait établi des tarifs très abordables pour ses transports, le système de fonctionnement du TAD vient contraindre la mobilité de ses potentiels usagers et donc des personnes handicapées.

Par ailleurs, encore peu d’arrêts sont accessibles à ce jour. C’est pourquoi un SDA-Ad’AP est actuellement en cours d’élaboration par les services de la CAB. Pour voir un exemple de point d’arrêt accessible réalisé par la CAB se référer à l’annexe n°17. (Cf. Annexe n°17, page 199)

Au niveau départemental, un réseau de transport interurbain a été mis en place par le Conseil Départemental de la Dordogne. (Cf. Annexe n°18, page 200) Sur ces lignes de transport, 4 sont actuellement accessibles pour les personnes handicapées (Ligne 1 : Périgueux-Angoulême ; Ligne 2 : Périgueux-Ribérac ; Ligne 3 : Périgueux-Bergerac ; Ligne 10 : Périgueux-Excideuil).

Les bus effectuant les trajets sur les lignes accessibles sont équipés :

- De girouettes visibles de l'extérieure, indiquent la destination de l'autocar.

- D’un bandeau lumineux avec des messages défilants signalant l’arrêt quitté et la destination.

- D’annonces sonores pour informer de l’arrêt quitté et de la destination

- D’une rampe d’accès

Par ailleurs, une mesure d'accompagnement peut être proposée sous une réservation obligatoire de 36 heures à l’avance.

L’objectif à ce jour est donc d’étendre cette mise en accessibilité aux autres lignes de ce transport interurbain.

En ce qui concerne la voirie, la rue Valette (rue du lycée) présente de nombreux obstacles pour les personnes handicapées (poubelles, voitures, trottoirs cassés etc.). Cette rue débouche en direction du centre-ville de Bergerac sur le Boulevard Jean-Moulin qui a été récemment refait. La première tranche de travaux date de 2011. Ce Boulevard est aujourd’hui accessible aux personnes handicapées. Il a été pensé et conçu de façon à partager l’espace tout en respectant les usages et en assurant la sécurité des usagers. Le réaménagement de ce Boulevard émane d’un souhait des élus pour l’embellissement de ce quartier, la réduction de la vitesse, et le développement des déplacements doux. (Cf. Annexe n°19, page 201)

D’autres travaux de mise en accessibilité ont bien évidemment été réalisés sur le territoire de la CAB, mais celui du Boulevard Jean-Moulin est le plus significatif quant à la chaîne du déplacement du lycée Maine de Biran jusqu’au centre-ville par exemple. Néanmoins, il n’y a pas de continuité entre le Boulevard Jean-Moulin et la rue Valette. Pour prendre un exemple la piste cyclable et les trottoirs aménagés sur le Boulevard Jean-Moulin s’arrêtent à l’entrée de la rue Valette. (Cf. Annexe n°20, page 202)

Au vue des contraintes de la mise en accessibilité, et de l’envergure des travaux pour rendre accessible l’ensemble de la voirie, il faut bien se dire qu’assurer la continuité et l’accessibilité de la chaîne du déplacement est difficile.

La mise en accessibilité des ERP : quelle intégration dans la chaîne du déplacement, l’accessibilité de la ville et à la ville ?

Pauline ESCARMANT

La politique de la ville de Bergerac sur l’accessibilité a été mise en place depuis les années 2010. En 2010, la ville de Bergerac a créé sa CCAPH. La CIAPH quant à elle n’a pas encore été mis en place au niveau de la CAB. Par ailleurs, depuis le 26 mai 2011, la ville de Bergerac a adopté un nouveau projet pour l’accessibilité. Ce projet s’articule autour d’un PAVE, d’un SDA des services de transports collectifs, et d’un diagnostic des ERP et IOP.

Cette analyse des transports, de la voirie et des espaces publics de la chaîne du déplacement de la ville de Bergerac a permis de mettre en avant des points de dysfonctionnement. Au vu de cette analyse, nous pouvons dire que l’intégration du lycée Maine de Biran dans la chaîne du déplacement de la ville de Bergerac est difficile. Cette chaîne du déplacement existe. Aller à Bergerac peut être possible grâce aux transports en communs. Encore faut-il habiter dans une commune desservie par un transport en commun accessible ou habiter près d’un arrêt de bus. Une fois sur place, nous pouvons dire que l’accessibilité de la ville aux personnes handicapées est loin d’être parfaite. Même si des efforts ont été réalisés par les collectivités territoriales, de nombreux points de la ville sont encore non accessibles.

Cette analyse a été réalisée au niveau local mais elle peut bien entendu s’appliquer à d’autres villes. En effet, nous sommes encore loin de la ville accessible et de l’objectif de 2005 qui était d’assurer la continuité et l’accessibilité de la chaîne du déplacement. C’est pourquoi, des pistes de réflexion pour améliorer l’accessibilité et la continuité de la chaîne du déplacement vont maintenant être abordées.