• Aucun résultat trouvé

Analyse bibliométrique de la production d’Haïti à partir du Web of Science

III. Analyse des données recueillies

III.2. Les informations disponibles dans les bases de données internationales

III.2.3. Analyse bibliométrique de la production d’Haïti à partir du Web of Science

Les bases de la bibliométrie – qui est un ensemble de techniques visant à s’appuyer sur l’analyse des publications scientifiques pour mesurer la production de connaissances nouvelles – se sont véritablement développées à partir des années 1950, lorsque des chercheurs ont pu établir des statistiques sur la science à partir de bases de données bibliographiques recensant les publications scientifiques (livres, articles et communications écrites) du monde entier13.

12[en ligne], consulté le 29 février 2019. URL:https://paris-sorbonne.libguides.com/wos

13«Les bases bibliographiques jouent un rôle essentiel en recherche, car tout travail scientifique démarre par une

« analyse bibliographique », c’est-à-dire par une synthèse exhaustive des connaissances déjà acquises et publiées sur un problème, et se termine par une publication nouvelle, qui expose les résultats obtenus au cours de ce travail. La qualité de la recherche dépend donc pour partie de l’efficacité de l’accès de chaque chercheur à l’information sur les travaux de ses collègues.

Historiquement, la bibliométrie s’est développée autour d’une base bibliographique particulière, connue sous le nom de Web of Science, du nom du principal produit en ligne commercialisé par son éditeur (Thomson Reuters). Dès les années 1960, la base est devenue un outil de référence pour les chercheurs en sciences de la matière et de la vie actifs dans les domaines qui étaient en expansion rapide au niveau international. Aujourd’hui encore, alors que les canaux de communication scientifique entre chercheurs se multiplient, les ouvrages et les articles scientifiques recensés dans ces bases bibliographiques restent importants, parce qu’ils ont un caractère « officiel » et parce qu’ils servent de support, justement, à des usages appliqués de la bibliométrie pour lesquels il est important de disposer Falagas et al. (2008) considèrent que « Le développement et la diffusion du World Wide Web (WWW) représentent une révolution de l’information, avec une distribution et un stockage rapides et pratiques des données disponibles dans le monde entier. Le développement de bases de données scientifiques, dont l'importance a été reconnue très tôt, est l'un des exemples les plus remarquables d'amélioration du stockage et de la diffusion d'informations importantes ».

Web of Science est une plateforme (produite par la société Clarivate Analytics - division du groupe Thomson Reuters) donnant accès à de nombreuses références d’articles scientifiques, d’actes de conférences et de livres. Un lien vers le texte intégral est souvent disponible. Il donne accès à sept bases de données bibliographiques :

Conference Proceedings Citation IndexScience Citation Index ExpandedSocial Sciences Citation IndexArts & Humanities Citation IndexIndex Chemicus

Current Chemical Reactions

Conference Proceedings Citation Index: Science and Social Science and Humanities

Web of Science qui permet également de générer des indicateurs bibliométriques (analyse statistique des publications). Web of Science est une base de données multidisciplinaire (toutes sciences exactes et appliquées).

Lemarchand (2012) a analysé la production nationale de connaissances universitaires dans tous les pays ibéro-américains et caribéens de 1973 à 2010. Dans son travail, il a déterminé l'évolution à long terme des réseaux de coopération entre 12 pays ibéro-américains et caribéens et 46 autres pays régionaux et extrarégionaux. Les pays sélectionnés sont responsables de 98% du total des publications scientifiques de référence citées par les scientifiques de cette région qui figuraient dans Science Citation Index (SCI), SSCI (Social Science Citation Index) et A&HCI (Arts and Humanities Citation Index), entre 1973 et 2010 (38 ans). La figure 1 illustre la distribution des principales publications scientifiques répertoriées dans les bases de données scientifiques susmentionnées.

Figure 1 : Distribution des principales publications scientifiques répertoriées dans les bases de données

En se basant sur des «articles uniquement» produits et publiés par au moins un auteur résidant en Haïti, répertoriés sur SCI Ext, SSCI et A&HCI pour la période de 1900 au 31 décembre 2017, Lemarchand (2018) a procédé à une analyse bibliométrique des travaux de recherche produits de « sources de référence » communes. Ainsi, à côté du Web of Science de Thomson Reuters, il existe maintenant une autre base généraliste, Scopus (Elsevier), et de nombreuses bases maintenues par des communautés

en Haïti et diffusés sous la forme d’articles scientifiques. Son analyse a fourni un total de 883 articles publiés avec au moins un auteur vivant en Haïti au cours de la période retenue (Figure 2). La figure 2 permet d’apprécier la répartition des articles par thèmes de recherche.

Figure 2 : Nombre total d'articles répertoriés chez SCI-EXT, SSCI et A & HCI en provenance d'Haïti (1900-2017)

Les indicateurs relatifs à la publication d’articles constituent une mesure de la collaboration scientifique14(OCDE, 2007).

Lemarchand (2018) rapporte que la majorité des publications produites en Haïti au cours de ces dernières années, ont des publications conjointes avec d’autres pays (environ 80% à 100%, voir le graphique). La figure 4 montre que la publication scientifique haïtienne dépend en grande partie de la coopération internationale.

Figure 4 : La publication conjointe internationale haïtienne avec d’autres pays en 2017 – en pourcentage (Lemarchand, 2018)

14 Quatre modes de publication des articles sont analysés dans le tableau de bord 2007 de l’OCDE : individuel,

mono-institutionnel, national et international. Ces indicateurs illustrent les modalités de partage du savoir entre les chercheurs, ou sa diffusion parmi eux, ainsi que les mutations des différentes formes de collaboration scientifique. La collaboration des chercheurs au sein d’une seule et même institution a constitué jusqu’à la fin des années 90 une forme majeure de recherche conjointe. […]

La publication conjointe d’articles, tant nationale qu’internationale, a gagné en importance au cours des dernières décennies. La publication nationale, issue de la collaboration de chercheurs de différentes institutions d’un même pays, a connu une croissance rapide. Elle a dépassé la publication mono-institutionnelle en 1998 et est restée depuis lors la première forme de collaboration scientifique.

Selon l’OCDE (2007) « Dans la science moderne, le groupe représente une entité de création de savoirs vitale. Le nombre d’auteurs d’un article scientifique est un indicateur des mutations de la collaboration scientifique. En 1981, quelque trois quarts de l’ensemble des articles scientifiques publiés avaient au plus trois auteurs. En 2005, 40% d’entre eux en ont au moins cinq. La diversification des sources de savoir grâce à la collaboration des scientifiques semble importante dans des domaines de recherche de pointe et pluridisciplinaires tels que les nanosciences et les biosciences » (OCDE, 2007).

Les États-Unis ont probablement un nombre critique de chercheurs qui co-publient avec des chercheurs vivant en Haïti (d’après la figure 5, environ 80 articles par an, soit 81% du total des publications d'Haïti en 2017).

Figure 5 : Articles internationaux conjoints Haïti/États-Unis d’Amérique publiés en 2017 (Lemarchand15, 2018)

15Guillermo A. Lemarchand est académicien, membre de l'Académie internationale d'astronautique. Entre 1990 et

2010, il a été chercheur en astrophysique, astrobiologie et radioastronomie. Il travaille actuellement en tant que consultant senior et chercheur principal à l'Observatoire mondial des instruments de politique de lutte pour les STI (GO-SPIN) de la Division de la politique scientifique et du renforcement des capacités, Secteur des sciences naturelles de l’UNESCO. Dr Lemarchand est un expert international des études politiques sur les IST, de la scientométrie et de la théorie des ondes longues. Leur projet en cours à l'UNESCO est "Observatoire mondial des instruments de politique pour la science, la technologie et l'innovation (GO-SPIN)".

Le nombre total de publications internationales conjointes avec la France est très faible (seulement 13 en 2017). Cela représente 13% de la publication totale d’Haïti pour cette année- là (figure 6).

Figure 6 : Publications internationales conjointes Haïti-France pour l’année 2017 (Lemarchand, 2018)