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L'amanite tue-mouches, le plus célèbre de tous les champignons

Dans le document deviennent plantes (Page 60-63)

Ce champignon légendaire, appelé aussi fausse oronge ou agaric moucheté, fascine l'homme par sa beauté depuis la nuit des temps.

Son nom scientifique est Amanita muscaria (L. ex Fr.) Hooker. Il fait partie de la grande famille des Agaricacées. D'après Pelt (1983), la dénomination de tue-mouches remonte à une tradition lointaine selon laquelle le suc du champignon mélangé à du lait serait fatal aux mo u-ches et autres insectes. Des évidences scientifiques confirment cette tradition car le champignon sécrète un acide gras qui attire les mou-ches et une autre substance, l'acide iboténique qui les tue. Toujours d'après Pelt (1983), une autre explication est aussi proposée : on attri-buait autrefois les désordres mentaux à la fâcheuse déambulation d'un insecte dans le cerveau. Comme le champignon attire effectivement les mouches et que celui qui le mange montre souvent des signes de

Les plantes qui deviennent des drogues

démence, il a maintenant une mouche dans le cerveau ! La plupart des scientifiques, y compris l'auteur du présent livre, préfèrent la première explication de l'origine du nom vernaculaire de ce champignon.

L'amanite tue-mouches, considérée souvent comme un porte-bonheur, est un champignon spectaculaire à la fois par sa taille et par sa couleur. Il peut atteindre 25 cm de hauteur et le chapeau jusqu'à 20 cm de diamètre. La cuticule de ce dernier est d'un rouge éclatant, parsemée d'une sorte de grosses pustules blanches. Les lamelles sont blanches, ainsi que le pied qui se termine par un anneau sous le cha-peau. Lorsque le champignon est délavé par des pluies abondantes, le chapeau devient alors jaune orangé. On peut dès lors confondre l'ama-nite tue-mouches (fausse oronge) avec l'oronge vraie, appelée aussi amanite de César ou Amanita caesarea {Scop. ex Fr.) Pers. ex Schw ..

Cette dernière espèce est très recherchée par les vrais amateurs de champignons pour sa chair excellente qui s'accommode de toutes sor-tes de préparations. Il existe encore beaucoup d'espèces dans le genre Amanita, mais nous ne citerons ici que deux d'entre elles qui sont responsables chaque année de nombreux cas d'intoxication. En parti-culier, l'amanite panthère ou Amanita pantherina (OC. ex Fr.) Secr.

Ce champignon contient aussi des substances que l'on retrouve dans l'amanite tue-mouches. Il est consommé parfois dans le but de provo-quer des hallucinations et une sensation de bien-être. L'ingestion de

L'amanite tue-mouches

Les champignons hallucinogènes

plus de 100 grammes de champignons frais est mortelle. Environ 7 % de toutes les intoxications par des champignons en Europe sont dues à l'amanite panthère (Roth et al., 1990). Après un temps de latence d'en-viron 30 minutes, les premiers symptômes apparaissent déjà : maux de ventre et vomissements, suivis de tachycardie, de vertiges, d'ivresse avec hallucinations, d'euphorie, puis de dépression. Ces symptômes durent entre 10 et 15 heures. Pour la thérapie, il est recommandé d'ab-sorber du charbon actif pour éliminer les toxines et de provoquer le vomissement. L'amanite panthère peut être confondue avec l'oronge vineuse, connue aussi sous le nom d'amanite rougissante ou Amanita rubescens (Pers. ex. Fr.) S.F. Gray, qui est un comestible fort apprécié.

Mais attention, cette dernière espèce ne doit pas être consommée crue.

Elle contient en effet une substance hémolytique (qui détruit les globu-les rouges du sang) qui est modifiée en substance inactive à une tem-pérature supérieure à 60°C (Chaumeton et al., 2000).

Le champignon le plus dangereux sous nos latitudes est sans le moindre doute l'amanite phalloïde ou Amanita phalloïdes (Vaill.) Secr. Il contient de nombreuses toxines appartenant à la classe des cyclopeptides qui sont extrêmement hépatotoxiques (toxiques pour le foie). L'ingestion d'un seul champignon, connu aussi sous les noms d'oronge verte ou d'oronge ciguë verte peut provoquer la mort. Les substances les plus toxiques sont les amatoxines, dont la teneur est de l'ordre de 4,4 mg/25 g de champignons frais. La dose létale calculée pour l'homme est de 0,1 mg par kg de poids corporel (Roth et al., 1990). Le temps de latence est assez long et les premiers symptômes apparaissent entre 5-24 heures après l'ingestion. Ils sont violents : coliques abdominales douloureuses, vomissements répétés, diarrhées liquides très intenses. La personne intoxiquée doit être amenée dans les plus brefs délais dans un hôpital, si possible dans une division spé-cialisée en toxicologie. Dès que l'on soupçonne une intoxication par l'amanite phalloïde, il faut boire beaucoup (par exemple du thé}, pro-voquer le vomissement et avaler du charbon actif ( 10 g en suspension dans l'eau). Les amatoxines ne sont pas détruites par la cuisson. De plus, elles sont solubles dans l'eau. Cela signifie en clair que si parmi les convives, une personne ne mange pas de champignons, mais seu-lement la sauce, elle sera aussi intoxiquée. Une plante peut éventuel-lement apporter un certain soulagement. Il s'agit du chardon Marie ou Silybum marianum (L.) Gaertner (Asteraceae) connu pour ses effets bénéfiques sur le foie. Cette espèce, connue pour ses vertus thérapeu-tiques dès le Moyen Âge contient une substance, la silybine, aux propriétés hépatoprotectrices reconnues. Le temps de survie a été très nettement amélioré chez des animaux de laboratoire auxquels la

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silybine a été administrée avant 1' amanite phalloïde ou les amatoxines pures. Un effet de protection du foie est évident. Malgré cela, les constituants du chardon Marie ne constituent pas un véritable antido-te à une intoxication par l'amaniantido-te phalloïde. En effet, des lésions bio-chimiques du foie ont lieu bien avant que n'apparaissent les premiers symptômes d'une intoxication et ces lésions sont, dans la majorité des cas, irréversibles. Si l'on se rend compte que l'on a ingéré l'amanite phalloïde avant que n'apparaissent les premiers symptômes d'une intoxication, une injection intraveineuse de silybine peut parfois enco-re sauver la vie (Hostettmann, 1997).

De 1' usage traditionnel de l'amanite

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