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Algèbre symétrique

Dans le document ALGÈBRE 1 (Page 98-0)

III. Algèbre tensorielle

5. Algèbre symétrique

On sera ici très bref car la construction est entièrement parallèle à celle de l’algèbre extérieure. Le problème universel à résoudre ici est celui pour les morphismes V→A où A est une algèbrecommutativeavec unité. L’algèbre solution de ce problème est l’algèbre symétriqueSV, obtenue comme le quotient

SV :=TV/J,

où J est l’idéal de TV dans lequel on a mis exactement ce qu’il faut pour que le quotient soit commutatif. Donc J est l’idéal engendré par les éléments du type

vwwv.

L’idéal J est à nouveau homogène, donc se décompose en J=L

nJ∩TnV, et on a une dé-composition

SV=M

SnV, SnV=TnV/(J∩TnV).

En particulier, S0V=Ket S1V=V, d’où l’injection canonique V,→SV. Le produit dans l’algèbre symétrique est noté sans signe particulier : par exemplev1v2=v2v1.

Une application linéairef : V→W donne une application linéaire Sf : SV→SW, avec Sf =L

nSnf. On a bien sûr la propriété S(f ◦g)=Sf◦Sg.

Les propriétés de SnV sont les suivantes.

1° L’applicationn-linéaire

Vn −→ SnV (v1, . . . ,vn) 7−→ v1· · ·vn

5. ALGÈBRE SYMÉTRIQUE 99

est symétrique(6)et elle est universelle pour cette propriété ; en particulier (SnV) est l’espace vectoriel des formesn-linéaires symétriques sur V.

2° Si (e1, . . . ,ed) est une base de V, une base de SnV est donnée par les (eki1

En particulier, si V 6=0, l’espace vectoriel SV est toujours de dimension infinie, contrairement àVV.

3° Si V est de dimension d, l’algèbre SV est isomorphe à l’algèbre de polynômes K[X1, . . . , Xd] : si (e1, . . . ,ed) est une base de V, un isomorphisme est obtenu en envoyanteisur Xi.

4° Si car(K)=0, on peut réaliser SnV à l’intérieur de TnV comme le sous-espacesnV destenseurs symétriques, c’est-à-dire des tenseurstsatisfaisant ¯σ(t)=tpour tout σ∈Sn; en effet, on dispose alors d’unesymétrisation

q: TnV −→ TnV

donc on obtient une décomposition de tout 2-tenseur en somme d’un tenseur anti-symétrique et d’un tenseur anti-symétrique :

T2V=a2V⊕s2V. (36)

Remarque 5.1(Foncteurs de Schur). — La décomposition (36) n’est plus valable pour TnV lorsquenÊ3 ; on a bien une inclusion(7)

TnV⊇anV⊕snV

mais elle est stricte pournÊ3. Il suffit pour s’en convaincre de calculer les dimensions : dim(T3V)=d3>dim(a3V)+dim(s3V)= somme directe de deux copies d’un espace vectoriel canonique notéS(2,1)V (voir exerc.

5.2).

6. Une applicationn-linéairef estsymétriquesif(vσ(1), . . . ,vσ(n))=f(v1, . . . ,vn) pour toutσSn. De nou-veau, on sait par définition de J que cette propriété est vraie lorsqueσest une transposition (i i+1) et il faut un petit argument pour l’étendre à toutes les permutations.

7. La somme est bien directe puisque le projecteurpest l’identité suranV mais est nulle sursnV.

En général, on a une décomposition canonique Vn= M

λ1Ê···ÊλdÊ0 λ1+···+λd=n

¡S(λ1,...,λd)mλ

où lesmλsont des entiers strictement positifs et lesS(λ1,...,λd)sont lesfoncteurs(8)de Schur, avec (on ne note pas lesλinuls)

S(1,...,1

|{z}

dfois

)V'adV ; – S(d)V'sdV ;

S(λ1,...,λd)V est une représentation irréductible de GL(V) (cf.??) de dimension Y

1Éi<jÉd

λi−λj+ji ji .

Exercice 5.2. — Soit V unK-espace vectoriel, avecKde caractéristique nulle.

a) Montrer que le sous-espace vectoriel S de V⊗3engendré par lesv1v2v3+v2v1v3v1v3v2v2v3v1est à la fois dans le noyau de l’antisymétrisationpet dans celui de la symétrisationq.

b) En déduire V3a3V⊕s3V⊕S.

c) Montrer que S est dans l’image de l’application linéaire injectivef : V⊗V2

V→V⊗3donnée parv1⊗(v2v3)7→v1v2v3v1⊗v3v2.

d) On considère l’application linéaireg: V⊗V2 V→V3

V donnée par la structure d’algèbre de VV (avec le fait queV1

V=V). Montrer quegest surjective et que S=f(ker(g)). En déduire la dimension de S.

e) Soit S0le sous-espace vectoriel de V⊗3engendré par lesv1v2v3+v2v1v3v3v2v1v3v1⊗v2. Montrer que S0est isomorphe à S et que

V3=a3V⊕s3V⊕S⊕S0.

Les espaces S et S0sont des copies deS(2,1)V, qui est donc isomorphe au noyau deg : V⊗ V2

V→V3 V.

8. La fonctorialité signifie que pour toutλ:=1, . . . ,λd) et toute application linéairef: VW, il existe une application linéaire canoniquement définieSλ(f) :Sλ(V)Sλ(W), avecSλ(Id)=Id etSλ(fg)=Sλ(f)◦Sλ(g) (cf.prop. 3.2 et § 5).

CHAPITRE IV

REPRÉSENTATIONS DES GROUPES FINIS

1. Représentations

Soit G un groupe et soit V unK-espace vectoriel. Unereprésentation linéairede G dans V est un morphisme de groupes

ρ: G−→GL(V).

En d’autres termes, on représente les éléments de G comme des automorphismes de V ou plus simplement, si V est de dimension finie et qu’on en choisit une base, comme des matrices (inversibles).

On notera la représentation (V,ρ), ou simplement, en l’absence d’ambiguïté,ρou V.

L’action d’un élémentg∈G sur V sera souvent notéeg·v(=ρ(g)(v)). C’est une action du groupe G sur V au sens de la déf. du § I.2.1.

Exemples 1.1. — 1° Si V=K, une représentation de G dans V est un morphismeρ: G→ K×; on l’appelle uncaractèrede G. Si G est fini, l’image est un groupe cyclique (exerc.

I.1.24).

2° Si G est défini comme un sous-groupe de GL(V) (ce qui est le cas de tous les groupes classiques), l’inclusion G,→GL(V) est appelée lareprésentation standard.

3° Si (e1, . . . ,en) est une base deKn, on obtient une représentation deSndansKnen po-santρ(σ)(ei)=eσ(i). Une telle représentation est appeléereprésentation de permutation.

Lesρ(σ) sont des matrices de permutation.

4° Si G est un groupe fini, on peut composer le morphisme de groupes de Cayley (ex.

I.2.3)

G ,→ Bij(G) g 7→ (x7→g x)

avec la construction du 3° ci-dessus pour obtenir une représentation ρR: G→Bij(G)→GL(KG),

KGest l’espace vectoriel des fonctions de G dansK. Un élémentgde G est envoyé sur la fonction G→Kcaractéristique de cet élément et siuKGetg∈G, on aρR(g)(u) :g07→

u(g−1g0) pour toutg0∈G.

Cette représentation s’appelle lareprésentation régulièrede G.

1.1. Vocabulaire et propriétés. — Soit (V,ρ) une représentation de G.

La représentation estfidèlesiρest injective.

Ledegréde la représentation est dim(V).

Unesous-représentationest un sous-espace vectoriel W⊆V stable sous l’action de G ; on parle de sous-espace G-invariant. Dans ce cas, on a des représentations induites sur W et sur le quotient V/W.

Exemples 1.2. — 1° Le sous-espace vectoriel

VG={v∈V| ∀g∈G g·v=v}

des vecteurs fixes sous G est un sous-espace G-invariant.

2° Si V, de base (e1, . . . ,en), est une représentation de permutation du groupeSn, l’hy-perplan

V0

n

X

i=1

xiei|x1, . . . ,xnK,

n

X

i=1

xi=0ª est une sous-représentation de V, ainsi que la droite supplémentaire

V1=K(1, . . . , 1).

Unmorphismeentre des représentations V1et V2est une application linéairef : V1→ V2telle que

g∈G f◦ρ1(g)=ρ2(g)◦f.

Dans ce cas, kerf et im(f) sont des sous-représentations de V1et V2et f induit un iso-morphisme de représentations

f : V1/ ker(f)→im(f).

L’espace des morphismes entre les représentations V1et V2est noté HomG(V1, V2), ou Hom(ρ12).

Si V et W sont des représentations de G, on peut former les représentations suivantes : – V⊕W pourρ(g)=(ρV(g),ρW(g)) ;

– V⊗W pourρ(g)=ρV(g)⊗ρW(g) ; – Vpour ˇρ(g)=tρ(g1) ;

– HomK(V, W)=V⊗W pourρ(g)(f)=ρW(g)◦f ◦ρV(g)1; en particulier l’espace des morphismes de représentations de V vers W est

HomG(V, W)=HomK(V, W)G; – TkV,Vk

V, SkV sont aussi des représentations de G. On a par (36) un isomorphisme de représentations

V⊗V'

2

^V⊕S2V.

1. REPRÉSENTATIONS 103

1.2. Représentations irréductibles. —

Définition 1.3. — Une représentation V estirréductiblesi ses seules sous-représentations sont 0 et V.

Toute représentation de degré 1 est bien sûr irréductible.

Exemples 1.4. — 1° Si G est abélien, queKest algébriquement clos, les seules représenta-tions irréductibles V de dimension finie de G sont de degré 1. En effet, tout espace propre (non nul) deρ(g) est une sous-représentation de V donc est égale à V ; ceci entraîne que tous lesρ(g) sont des homothéties. Toute droite D⊆V est alors une sous-représentation, donc D=V.

Ainsi les représentations irréductibles deZ/nZdansCsont données par l’image d’un générateur, qui doit être une racinen-ième de l’unité dansC. On obtient ainsi lesn repré-sentations irréductiblesρ0, . . . ,ρn−1, données par

kZ/nZ ρj(k)=exp(k j2nπi).

2° PournÊ3, la représentation standard du groupe diédral DndansR2est irréductible, puisqu’aucune droite n’est laissée stable par tous les éléments de Dn.

3° Les représentations standard de SL(V), GL(V) et Sp(V) sont irréductibles puisque ces groupes opèrent transitivement sur V {0} (si dim(V)Ê2). C’est aussi le cas pour O(n), qui opère transitivement sur la sphère unitéSn−1, qui engendre l’espace vectorielRn.

1.3. SupplémentaireG-invariant. — Si W est une sous-représentation de V, il n’existe pas en général de supplémentaire G-invariant de W dans V.

Exemple 1.5. — Le groupe G≤GL(2,K) des matrices triangulaires supérieures se re-présente dans V=K2par la représentation standard. La droite W=Ke1 est une sous-représentation dépourvue de supplémentaire T-invariant.

SiKest le corpsFp, on a ainsi un exemple avec un groupe G fini de cardinalp(p−1)2. Néanmoins, il y a quand même un résultat général d’existence de supplémentaire G-invariant pour certains groupes finis.

Théorème 1.6. — SiGest un groupe fini tel quecar(K)-|G|et queVest une représentation deG, tout sous-espaceG-invariant admet un supplémentaireG-invariant.

Corollaire 1.7. — Sicar(K)-|G|, toute représentation deGde dimension finie est somme directe de représentations irréductibles.

On va donner deux démonstrations du théorème, une première particulière àK=Rou C, mais qui est valable aussi pour certains groupes infinis ; une seconde traitant tous les corps.

Première démonstration. — SupposonsK=RouC. On choisit un produit scalaire ou un produit scalaire hermitien sur V, noté〈,〉0. Puis on définit un autre produit scalaire par

v,w〉 = 1

|G| X

gG

g·v,g·w0. (37)

Ce nouveau produit scalaire est G-invariant : pour toutg∈G, on a

g·v,g·w〉 = 〈v,w〉,

si bien queρest à valeurs dans O(V) ou U(V). En particulier, si W est G-invariant, West aussi G-invariant et fournit le supplémentaire voulu.

L’ingrédient essentiel de cette démonstration consiste à fabriquer un produit scalaire G-invariant par moyennisation d’un produit scalaire quelconque donné. Si G est un groupe topologique compact, il est muni d’une mesure de probabilité G-invariante, la mesure de Haar : en remplaçant (37) par l’intégration sur le groupe, la démonstration s’étend à ce cas.

Seconde démonstration. — On applique encore un procédé de moyennisation. Choisis-sons un projecteur quelconquep0∈End(V) d’image W. On pose

p= 1

|G| X

g∈G

ρ(g)◦p0◦ρ(g)−1∈End(V). (38)

Commeρ(g) préserve W, l’image de cet endomorphisme est contenue dans W. Six∈W, on aρ(g)−1(x)∈W, doncp0◦ρ(g)−1(x)=ρ(g)−1(x) etp(x)=x. Ceci montre quepest un projecteur d’image W.

Montrons que son noyau W0(supplémentaire de W) est invariant par G. Commençons par noter que, pour toutg0∈G, on a

ρ(g0)◦p◦ρ(g0)−1 = 1

|G| X

g∈G

ρ(g0)◦ρ(g)◦p0◦ρ(g)−1◦ρ(g0)−1

= 1

|G| X

g∈G

ρ(g0g)◦p0◦ρ(g0g)−1=p,

c’est-à-dire ρ(g0)◦p=p◦ρ(g0). Si p(x)=0, alors p◦ρ(g0)(x)=ρ(g0)◦p(x)=0, donc ρ(g0)(x)∈W0. On a donc bien trouvé un supplémentaire G-invariant de W dans V.

Lemme de Schur 1.8. — SoitG est un groupe fini tel que car(K)-|G|, soient (V11)et (V22)des représentations irréductibles deGet soit f: V1→V2un morphisme de représen-tations.

1° Siρ1etρ2ne sont pas isomorphes, f =0.

2° Siρ12et queKest algébriquement clos, l’application f est une homothétie.

Démonstration. — 1° Les sous-espaces ker(f) et im(f) sont G-invariants, donc triviaux.

2° Siλest une valeur propre def, alors ker(f−λIdV) est G-invariant, donc égal à V tout entier, etf est une homothétie.

Par le cor. 1.7, on peut décomposer la représentation régulièreKG(ex. 1.1.4°) en somme KG=M

Ri

1. REPRÉSENTATIONS 105

de représentations irréductibles. Soit (V,ρ) une représentation de G et soitv0∈V. L’appli-cation linéaire

f :KG −→ V (u: G→K) 7−→ X

gG

u(g)ρ(g)(v0)

est un morphisme de représentations. En effet, pour toutg0∈G, on a (cf.ex. 1.1.4°) fR(g0)(u)) = X

Siv06=0, l’applicationf n’est pas nulle, et si de plus V est irréductible de G, elle est surjec-tive. Par le lemme de Schur, il y a au moins unitel queν|Risoit un isomorphisme. Donc V est isomorphe à l’une des représentations Ri.

On en déduit le corollaire suivant.

Corollaire 1.9. — Sicar(K)-|G|, à isomorphisme près, il n’y a qu’un nombre fini de repré-sentations irréductibles deGet chacune est de degréÉ |G|.

Corollaire 1.10. — Sous la même hypothèse, soientR1, . . . , Rkles représentations irréduc-tibles deG. Toute représentation se décompose enV=LniRi, où les entiers naturels nisont uniquement déterminés par la représentation.

Une démonstration plus simple de ce corollaire sera vue au §??si car(K)=0, à l’aide de la théorie des caractères, mais la démonstration qui suit est générale.

Démonstration. — Par récurrence sur la dimension de V. Supposons V=L Vi =L

Wj, où les Viet les Wj sont des représentations irréductibles, éventuellement répétées. On va montrer qu’à permutation près, les (Vi) et les (Wj) sont la même collection de représenta-tions. On dispose donc d’un isomorphisme de représentations

f :M

sont aussi des isomorphismes. Pour appliquer l’hypothèse de récurrence, il suffit de mon-trer que est encore un isomorphisme. C’est en effet le cas : six∈L

iÊ2Viest dans le noyau,f(x)∈ W1etp1g(f(x))=p1(x)=0, donc,p1g|W1étant un isomorphisme,f(x)=0 etx=0.

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