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I.2. METHODES INFORMATISEES D’ETUDE ET D’AIDE A LA PLANIFICATION

I.2.1. AIDE A LA DECISION DE SEQUENCES D’ENSEIGNEMENT

Les logiciels d’aide à la décision de séquences d’enseignement sont bâtis autour d’un des modules d’un logiciel de type tuteur intelligent1 : un générateur de plans (module pédagogue). Ces deux sortes de logiciels sont donc amenés à avoir des fonc-tions voisines, si ce n’est que les décisions seront dans le cas présent validées par l’enseignant. L’intérêt n’est donc pas le même : l’enseignant garde en principe le contrôle de la situation d’enseignement, le système expert ne faisant que lui proposer l’activité qui, d’après ses inférences, convient le mieux à la situation.

I.2.1.1. Description générale

Les systèmes d’aide à la décision de séquences d’enseignement sont le plus sou-vent des systèmes experts (Fuchs, Fuchs, Hamlett et Stecker, 1991). Ils aident l’enseignant à définir la planification de son action à venir.

Des expérimentations sont menées afin de voir si des sujets décidant avec l’aide du système expert ont de meilleurs résultats que ceux qui ne l’utilisent pas. Les résultats exposés ci-dessous montrent que cette hypothèse peut s’avérer.

I.2.1.2. Le système expert de Fuchs et al.

Cette recherche de type expérimental met en place l’utilisation d’un système ex-pert (SE) pour l’aide à la décision dans le domaine des mathématiques (opérations avec nombres entiers, décimaux, fractions). La problématique de cette recherche est la suivante : quels sont les effets d’un système d’évaluation avec ou sans consultation du SE sur la quantité et le type des ajustements de l’enseignant ainsi que sur la réussite des élèves ? Trente-trois sujets sont répartis en trois groupes, l’expérimentation durant vingt semaines. Les trois groupes expérimentaux sont les suivants :

1. Utilisation du CBM (Curriculum Based Measurement : test standardisé de réussite scolaire) avec consultation de SE (groupe CBM Ex) ;

2. Utilisation du CBM sans consultation de SE (CBM NEx) ; 3. Sans utilisation du CBM.

L’enseignant entre dans le SE, pour un élève donné : son graphe CBM, son niveau de maîtrise, le thème du cours précédent, des jugements sur la qualité de son travail journalier. Le SE se base sur ces indices pour donner un ajustement et des instructions détaillées pour mettre en œuvre cet ajustement. Il identifie deux problèmes pour l’enseignant, demande à l’enseignant d’observer les performances de l’élève à propos du problème ; puis, se basant sur cette observation, recommande un type d’enseignement adapté. Les enseignants utilisant le SE ont des élèves réussissant mieux le test final que ceux qui ne l’ont pas utilisé. En revanche, les élèves dont le cours a été conçu avec l’aide du CBM (groupe CBM NEx) n’ont pas de meilleurs résultats que le groupe-contrôle.

Signalons un point de la discussion des résultats :

1 Dans un logiciel de type tuteur intelligent, « […] les interactions système-apprenant sont organisées autour d’activités de résolution d’exercices, plus ou moins aidées ou contrôlées par le système qui joue ainsi un rôle de précepteur attentif et plus ou moins dirigiste. L’architecture informatique de ces systèmes comporte généralement quatre modules interdépendants […] : module domaine, modèle de l’élève, module pédagogue (ou tutoriel) et interface […] » (Baron, 1993, p. 108-109).

« Il est important de noter, malgré tout, que nous pouvons comparer a) le SE à une consultation humaine ou b) la consultation d’un expert à une collaboration entre pairs. Le SE a pu a) être particulièrement sain, augmentant l’efficacité des programmes d’enseignement ou b) rendre les enseignants obligés de suivre des recommandations, à cause du statut d’expertise de la consultation » (Fuchs et al., id., p. 636).

Cela nous ramène à l’étude de Garfinkel (1967) citée par Collins (1992, p. 247-248) où des étudiants, à qui on présente un logiciel d’orientation en tant que système expert1, attribuent un statut d’expert à ce logiciel, bien qu’il donne des réponses aléatoires.

I.2.1.3. L’instruction by design de Soloway et al.

Soloway, Guzdial, Brade, Hohmann, Tabak, Weingrad et Blumenfeld (1992) ont conçu le logiciel IByD, ou instruction by design, aidant les enseignants novices à planifier et intégrer des connaissances à propos de la matière, de la gestion de la classe, etc. IByD a les fonctionnalités suivantes :

construction de bases de connaissances, avec deux types de bibliothèques • considérations, où peuvent être consignées les connaissances prises en compte lors de la planification et • informations, contenant des activités d’élèves, des stratégies d’enseignement, procédures d’évaluation ;

intégration des bases de connaissances dans la planification : les bases précitées sont intereliées et activées lors de la planification d’une activité.

Une expérimentation a été menée pendant un semestre, sur des enseignants novices, avec un groupe-contrôle planifiant avec papier et crayon. Elle montre que les planifications avec logiciel sont plus explicites et interconnectées, leurs justifications à propos des décisions sont plus spécifiques et argumentées. Les auteurs concluent en écrivant que les novices ont pu, avec IByD, se construire un schéma de pensée pour leur prise de décision.

1 Voir aussi dans le même ouvrage (id., p. 246) les intéressantes discussions à propos du très célèbre ELIZA de Weizenbaum, qui simule les questions d’un psychanalyste.

I.2.1.4. Commentaires

Ces recherches, ainsi que les travaux simulant une classe, présentés plus bas, restent souvent trop près de la gestion particulière des élèves, alors qu’il nous semble qu’un enseignant ne fait pas que s’occuper des élèves un par un (Fuchs et al., 1991). Il convient toutefois de se demander, comme le signalent ces auteurs, si ce n’est pas le statut d’expert qui a contraint les sujets à exécuter aveuglément les recommandations du système, provoquant par là même un effet-placebo.