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L’adoption de l’agriculture de conservation par les exploitations agricoles et leurs moyens d’existence moyens d’existence moyens d’existence

5.1 Caractéristiques des exploitations agricoles appuyées par le projet BVPI

Les informations disponibles permettent de comparer les caractéristiques moyennes des exploitations de chacun des deux groupes8 : appuyés et non appuyés par le projet (Figure 17).

La Figure 17 montre que le projet a travaillé avec des exploitations qui sont en moyenne nettement mieux dotées en ressources productives et en particulier en foncier cultivable disponible. Ces exploitations sont également en moyenne plus performantes avec un revenu par personne de 1 million Ar/personne/an qui est nettement au-dessus de la ligne de pauvreté.

8 Les variables ne suivent pas une distribution normale (gaussienne), on ne peut donc pas utiliser une ANOVA pour comparer les moyennes entre les deux groupes. Nous avons utilisé le test de Kruskal-Wallis ce qui est un test non paramétrique qui permet de déterminer si les échantillons proviennent d'une même population ou si au moins un échantillon provient d'une population différente des autres.

0% 50% 100% 150% 200% 250% Age du CE** Nbre de personnes Nb total UTA familiale

Nbre UTA Agricole Familiale Superficie totale** SAU totale** SAU en Tanety** SAU en BasFonds** Sup.Cultivée** NbP de parcelles* Sup en Jachère Valeur du Cheptel** Valeur Matériels et Batiments* Rev Total par

personne** Rev Total par

UTAF**

Rev Agricole par Ha SAU

EA Non Appuyées EA Appuyées

Figure 17 : Ecarts en pourcentage entre la moyenne des exploitations appuyées et la moyenne des exploitations non appuyées

Note : Données non pondérées moyenne de l’échantillon du groupe des exploitations non appuyées (N=120 exploitations agricoles et moyenne=100%

Les astérisques (*) à la suite du nom de la variable présentent les résultats du test de Kruskal-Wallis. Pas d’astérisque signifie que les moyennes ne sont pas significativement différentes ; * les moyennes sont différentes au seuil de 0,05 et ** les moyennes sont différentes au seuil de 0,001.

Comme le projet, en commençant ses activités dans les fokontany concernés, s’est adressé aux exploitations volontaires sans faire de véritable sélection. On peut émettre l’hypothèse qu’il a attiré une partie des exploitations de plus grande taille et plus capitalisées que l’ensemble des exploitations avec des performances relativement bonnes qui lui permettent certainement de dégager une capacité d’autofinancement après avoir satisfait les dépenses de consommation de la famille.

Après avoir répartit les exploitations dans les deux groupes selon les classes de pauvreté, on en déduit toutefois que les actions du projet ne se sont pas limitées aux grandes exploitations, des exploitations avec moins de ressources productives, plus petites et plus pauvres ont également été touchées (Figure 18).

5.2 Niveau d’adoption de l’agriculture de conservation

Les exploitations de l’échantillon peuvent être classées en trois catégories selon leurs situations vis-à-vis de l’AC (Tableau 11) : Type 1 ou T1, les exploitations qui n’ont jamais pratiqué l’AC ; Type 2 ou T2, les exploitations qui ont déjà pratiqué l’AC mais qui l’ont abandonné par la suite ; Type 3 ou T3, les exploitations qui pratiquent toujours cette technique et qui ont donc adopté l’AC. Pour avoir un aperçu du niveau d’adoption, dix ans après les premières actions de diffusion de l’AC dans le Moyen-Ouest du Vakinankaratra, cette classification doit être croisée avec le niveau d’encadrement par le projet. Les données doivent être pondérées pour supprimer la distorsion liée à la constitution de l’échantillon.

Les résultats de l’étude indiquent que 20% des exploitations des huit fokontany enquêtés (T2 et T3) ont adopté l’AC. Ce niveau de première adoption est relativement élevé. Toutefois, seulement 2% des exploitations ont maintenu l’adoption de l’AC (T3). Ce faible niveau de

48% 40% 21% 14% 19% 18% 12% 28% 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

EA Non Appuyées EA Appuyées

G4 EA Prospère G3 EA Sortie de la pauvreté G2 EA Pauvre G1 EA Extrêmement pauvre

Figure 18 : Répartition des exploitations agricoles appuyées et non selon les classes de pauvreté

Note : G1 exploitations agricoles en dessous du seuil d’extrême pauvreté ; G2 entre le seuil d’extrême pauvreté et le seuil de 1,25$ PPA/jour ; G3 entre les seuils de 1,25$ PPA/jour et de 2 $ PPA/jour ; G4 au dessus du seuil de 2,00 $ PPA/jour.

maintien de l’adoption de l’AC (donc de fort niveau d’abandon) est lié au fait que le projet n’a appuyé que 8% de l’ensemble des exploitations. Dans le groupe des exploitations appuyées par le projet, 28% pratiquaient l’AC en 2015, et pouvaient donc être considérées comme des exploitations adoptantes sur le long terme.

Tableau 11 : Répartition par statut d’adoption de l’agriculture de conservation par les exploitations

Type d’exploitation selon l’adoption de l’AC

En % du total En % de la colonne

Non Appuyées Appuyées Ensemble Non Appuyées Appuyées

T1 79% 0% 79% 86% 0%

T2 13% 6% 18% 14% 72%

T3 0% 2% 2% 0% 28%

Ensemble 92% 8% 100% 100% 100%

Source : auteur

On constate que parmi les exploitations non appuyées, 14% ont déclaré avoir pratiqué l’AC, puis l’avoir abandonné. Ces exploitations représentent 13% de l’ensemble des exploitations et sont donc plus nombreuses que les exploitations appuyées (seulement 8%). Cependant, toutes les exploitations qui ont expérimenté d’elles-mêmes l’AC, l’ont abandonné. L’enquête n’a pas été conçue pour disposer d’informations sur la manière dont ces exploitations avaient mis en œuvre l’AC sur leurs parcelles. Toutefois, l’abandon systématique, et l’absence d’exploitation qui auraient adopté l’AC sans avoir été appuyées directement par le projet, questionnent sur les possibilités réelles de dissémination de ces techniques sans appuis et accompagnements spécifiques.

6 Conclusion

Les objectifs de ce chapitre étaient de décrire l’approche de dissémination de l’AC et de caractériser les moyens d’existence des exploitations agricoles du Moyen-Ouest du

Vakinankaratra. On déduit de l’étude que la dissémination de l’AC a été marquée par une approche très « top down » dans le cadre de projet de développement. Le niveau de première adoption de l’AC par les exploitations agricoles est élevé mais les exploitations semblent avoir des difficultés à maintenir cette adoption dans le temps. Des éléments de réponse à ce comportement d’adoption sont en lien avec les moyens d’existences des exploitations agricoles qui se caractérisent par une grande diversité et une forte inégalité entre les exploitations. La pauvreté est largement répandue avec environ 70 % des exploitations et des personnes qui sont sous le seuil national de pauvreté. Elle est d’abord liée à la faiblesse des dotations en capital. L’agriculture est l’activité principale pour les ménages ruraux de la zone d’étude. Cette sphère agricole s’imbrique souvent avec différentes formes d’activités non agricoles. La contribution du revenu non-agricole dans le revenu global des ménages est très variable.