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4. Activité spontanée de la cellule de Purkinje chez la

souris normale éveillée

4 La cellule de Purkinje normale

4. Activité spontanée de la cellule de Purkinje chez la

souris normale éveillée

La cellule de Purkinje produit deux types de signaux bien distincts : Le spike simple et

le spike complexe. La figure 4.1 illustre un enregistrement typique d’une cellule de Purkinje

chez une souris normale éveillée. Le spike complexe peut aisément être discriminé des spikes

simples, dans la décharge desquels il induit un silence, également appelé pause. Dans ce

chapitre, nous envisagerons d’abord les caractéristiques de ces deux spikes pris isolément

avant de décrire leurs différentes interactions.

Figure 4.1 Enregistrement typique

de la décharge spontanée d’une cellule de

Purkinje sur une souris normale. Le spike

complexe peut aisément être discriminé des

spikes simples dans la décharge desquels il

induit une pause.

.

4.I. Le spike simple

En l’absence de toute stimulation de l’animal, la cellule de Purkinje produit les spikes

simples à une fréquence moyenne de 50 Hz, sous la forme d’un potentiel simple d’une durée

d’environ 400 µs, et d’une amplitude d’environ 1 mV sur les meilleurs enregistrements in

vivo. La fréquence moyenne de décharge des spikes simples peut cependant varier de 0 Hz à

plus de 250 Hz (Lisberger & Fusch 1974) en fonction des entrées excitatrices (fibres

parallèles) et inhibitrices (cellules en panier ou en étoile) de la cellule de Purkinje, mais

également de son excitabilité intrinsèque. Le spike simple est généré au niveau du premier

nœud de Ranvier (Clarck et al. 2005) suite à l’entrée rapide du cation sodium à travers les

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simples peut être qualifiée de tonique, quiescente (c’est-à-dire complètement absente) ou en

bursting, c’est-à-dire en succession régulière de trains de durée relativement constante. La

figure 4.2 illustre la transition réciproque de l’état tonique à l’état quiescent (A) et de l’état

tonique à l’état de bursting (B). Un burst est illustré par la figure 4.2C. En dépit des variations

importantes que peut présenter une même cellule de Purkinje dans la décharge de ses spikes

simples au cours d’un enregistrement spontané, ou des alternances répétées entre ses périodes

d’activité et de quiescence complète (Fig.4.2), la fréquence moyenne des spikes simples chez

l’animal éveillé et non stimulé se situe aux alentours de 50 Hz dans les différentes espèces

étudiées (Lisberger & Fusch 1974; Ghelarducci et al. 1975; Cheron et al. 1997; Schiffmann et

al. 1999).

Figure 4.2 (A)

Alternance de périodes

d’activité tonique et

quiescente d’une cellule de

Purkinje normale. (B)

Transition de l’état de

décharge tonique à celui de

décharge en bursting. (C)

Détail d’un burst de la cellule

illustré en B.

4 La cellule de Purkinje normale

Au contraire des enregistrements in vitro (Womack & Khodakhah, 2002) ou réalisés

sur l’animal endormi (Schwarz & Welsh 2001; Servais & Cheron 2005), la décharge des

spikes simples chez l’animal éveillé est typiquement arythmique. La figure 4.3 illustre un

enregistrement typique d’une paire de cellules de Purkinje arythmiques et asynchrones (Fig.

4.3A), et l’autocorrélogramme de l’une des deux cellules (Fig. 4.3B), autocorrélogramme

typique de la décharge spontanée d’une cellule de Purkinje chez une souris normale. Le pic

central représente le nombre total de spikes pendant la durée de l’analyse, chaque spike étant

ipso facto corrélé avec lui-même. Au-delà des deux premières vallées correspondant à

l’intervalle de temps minimum entre deux spikes, l’autocorrélogramme est plat, ce qui signifie

qu’aucune période de temps entre deux spikes ne prédomine pendant l’analyse. Nous verrons

que ce caractère arythmique de la décharge des spikes simples est aboli dans de nombreux

modèles de souris ataxiques.

Figure 4.3 (A) Enregistrement

typique d’une paire de cellules de Purkinje

normales sur une souris contrôle, distance

entre les électrodes = 250µm. (B)

Autocorrélogramme de la cellule illustrée

en A, tracé inférieur. (enregistrement de

120 secondes, largeur des catégories =

1ms). (C) Cross-corrélogramme de la

cellule illustrée en A, tracé inférieur,

déclenché par la cellule du tracé supérieur

(même paramètre qu’en B).

Chez l’animal normal éveillé, les cellules de Purkinje sont également largement

asynchrones (Cheron et al. 2004). La figure 4.3C illustre le cross-corrélogramme de

l’enregistrement simultané des deux cellules de Purkinje dont la décharge est illustrée à la

4 La cellule de Purkinje normale

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4.II. Le spike complexe

Le spike complexe est produite suite à l’activation glutamatergique de la cellule de

Purkinje par une et une seule fibre grimpante au niveau de leurs nombreux contacts

synaptiques (~1500), ce qui constitue un contact cellulaire extrêmement dense et étroit, non

seulement du point de vue morphologique, mais également du point de vue fonctionnel. Ainsi,

la décharge d’un potentiel d’action dans la fibre est toujours suivi d’un spike complexe

(intervalle de sécurité élevé) (Eccles et al. 1966a). La fréquence de décharge des spikes

complexes se situe entre 0.5 et 1 Hz (Lang et al. 1999; Schiffmann et al. 1999). Les spikes

complexes d’une même cellule présente une rythmicité dont la fréquence est aux alentours de

10 Hz (Lang et al. 1999). Cependant, compte tenu de la faible fréquence de décharge des

spikes complexes, des enregistrements extrêmement longs sont requis pour mettre en évidence

cette rythmicité. Les spikes complexes des cellules situées dans l’axe antéro-postérieur

présentent un certain degré de synchronie dont sont dépourvues les spikes complexes des

cellules situées dans l’axe des fibres parallèles (Lang et al. 1999).

Figure 4.4 (A) Spikes

complexes d’une même cellule de

Purkinje normale survenant en

période quiescente. (B,C) idem.

4 La cellule de Purkinje normale

L’enregistrement extracellulaire des spikes complexes montre un potentiel rapide,

biphasique, (négatif puis positif), d’une durée d’environ 500ms, suivi d’un nombre variable de

potentiels plus lents d’amplitude décroissante, la durée de l’ensemble variant entre 8 et 15 ms.

Nous appellerons spikes secondaires ces potentiels plus lents. Seule une partie des spikes

secondaires sont transmis dans l’axone des cellules de Purkinje vers les noyaux cérébelleux

profonds (Khaliq & Raman 2005; Monsivais et al. 2005). La forme du spike complexe d’une

même cellule est assez constante au cours d’un enregistrement, une légère variabilité pouvant

être observée dans la partie terminale du spike. La figure 4.4 illustre cette légère variabilité

dans la forme du spike complexe au cours d’un même enregistrement (3 cellules illustrées,

A-C).

Il semblait acquis que la partie initiale, rapide du spike complexe soit associée à une

entrée rapide de sodium au niveau du soma suite à l’ouverture de canaux sodiques dépendant

du voltage, tandis que les potentiels plus lents correspondraient à une entrée calcique au

niveau dendritique, consécutive à l’entrée de calcium via des canaux calciques dépendants du

voltage (Llinas & Sugimori 1980a et b). Cette conception classique de la composition ionique

du spike complexe a cependant été récemment remise en cause, du moins en ce qui concerne

les dépolarisations secondaires (Callaway & Ross 1997). De fait, la question, au demeurant

essentielle, de la nature ionique des dépolarisations secondaires du spike complexe est

actuellement en suspens (pour une revue, lire Schmoleski et al. 2002). Néanmoins, et quelles

qu’en soient ses conséquences au niveau de l’enregistrement électrophysiologique, il est

certain que le spike complexe s’accompagne d’une entrée massive de calcium dans la cellule

(Callaway et al. 1995) et que cette entrée de calcium est capitale pour un certain nombre de

mécanismes de régulation qui sont dépendants de ce cation, telle la dépression à long terme

(LTD) de la synapse fibre parallèle-cellule de Purkinje (Ito 1989), la facilitation de la fonction

des récepteurs GABA (Kano et al. 1992) ou l’activation des canaux potassiques dépendants

du calcium (Sausbier et al. 2004). Ce rôle ubiquitaire de la variation de concentration calcique

dans la cellule de Purkinje amène immanquablement à penser que la modulation de la

variation de concentration intracytoplasmique en calcium ionisé lors du spike complexe

constitue un mécanisme clef de la régulation de la décharge des cellules de Purkinje. En effet,

au moins deux mécanismes différents de plasticité synaptique modulent l’entrée de calcium

lors du spike complexe : l’inhibition de la cellule de Purkinje par les interneurones (Callaway

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4.III. Interactions entre les spikes simples et complexes

4.III.a. Régulation de la fréquence de décharge des spikes simples par les spikes

complexes

La décharge d’un spike complexe est suivie par un silence des spikes simples, silence

dont la durée moyenne est de 20 ms (Sato et al. 1992) (Fig. 4.1). La cause de ce silence est à

rechercher soit dans l’entrée massive de Ca++ lors du spike complexe ou dans une activation

par la fibre grimpante des cellules de Golgi et des cellules en panier qui inhibent

respectivement les cellules granulaires et les cellules de Purkinje. Suite à ce silence, le rythme

de décharge des spikes simples est augmenté dans 71 % , inchangé dans 25 % et diminué dans

4% des cas (Sato et al. 1992).

L’entrée de calcium se produisant pendant le spike complexe va contribuer à ralentir à

plus long terme la fréquence de décharge des spikes simples. En effet, comme nous l’avons

signalé plus haut, cette entrée de calcium est indispensable au fonctionnement de deux

processus inhibiteurs, la LTD de la synapse fibre parallèle-cellule de Purkinje (Ito 1989) et la

facilitation de la fonction des récepteurs GABA (Kano et al. 1992). L’existence de ces deux

mécanismes constitue l’explication communément admise pour comprendre l’augmentation

importante de la fréquence des spikes simples lors de la destruction (Colin et al. 1980) ou de

l’inactivation (Montarolo et al. 1982; Cerminara & Rawson 2004) de l’olive bulbaire. Miall et

al. (1998) et Kenyon et al. (1998) ont également proposé que la décharge de base en spike

complexe soit bien plus qu’un bruit de fond, et constitue via l’entrée de calcium qu’elle

implique une condition indispensable pour conserver une fréquence de spikes simples dans les

limites physiologiques. En effet, en l’absence de stimulation par la fibre grimpante, l’entrée

parallèle induit une potentiation à long terme (LTP). Par contre, lors de l’activation

concomitante de la fibre parallèle et de la fibre grimpante, c’est une LTD qui se produit. Miall

et al. (1998) et Kenyon et al. (1998) ont ainsi proposé que la finalité de la décharge au repos

des fibres grimpantes soit d’éviter l’induction d’une LTP de la synapse fibre parallèle-cellule

de Purkinje, et donc l’emballement des cellules de Purkinje. Nous verrons au cours de ce

travail comment nos expériences s’intègrent dans cette hypothèse.

4 La cellule de Purkinje normale

4.III.b. Régulations de la rythmicité des spikes simples par les spikes complexes

Schwartz et Welsh (2001) ont montré que la stimulation du cortex moteur (zone TM1)

entraînait dans les 200 ms l’apparition d’une rythmicité et d’une synchronie dans la décharge

des spikes complexes. Au contraire, les spikes simples présentent une rythmicité augmentée

dans les 80 ms qui suivent la stimulation, rythmicité rapidement abolie lors de l’apparition de

la synchronie des spikes complexes. L’abolition de la rythmicité des spikes simples dans les

50 ms qui suivent la survenue d’un spike complexe, soit dans la cellule étudiée, soit dans une

cellule voisine a amené ces auteurs à suggérer que la rythmicité des spikes simples étaient

dynamiquement contrôlée par la synchronie des spikes complexes. Sur une préparation de rat

anesthésiés au pentobarbital, Cerminara & Rawson (2004) ont montré qu’une disparition des

spikes complexes engendrée par microlésion de l’olive inférieure causait une augmentation

importante de la régularité des spikes simples. Ces résultats ont malheureusement été acquis

sur des rats anesthésiés à la kétamine ou au pentobarbital. Nous verrons dans la suite de ce

travail que ces deux substances modifient profondément la rythmicité et la synchronie des

cellules de Purkinje.

4.III.c. Régulation de la fréquence de décharge des spikes complexes par les

spikes simples

Les noyaux cérébelleux profonds se projettent sur l’olive bulbaire dont ils inhibent les

neurones. Dés lors, la destruction des fibres cérébello-olivaires engendre une augmentation de

la décharge des spikes complexes (Bengtsson et al. 2004). Il est dés lors probable qu’une

diminution de fréquence des spikes simples, en diminuant l’inhibition des noyaux cérébelleux

profonds, engendre une diminution de l’activité olivaire et dés lors une diminution de la

fréquence de décharge des spikes complexes. Ceci a amené Miall et al. (1998) a testé

l’hypothèse selon laquelle l’augmentation de la fréquence de décharge des spikes simples

puisse, au repos, prédire la survenue d’un spike complexe. Ces auteurs rapportent ainsi

l’augmentation légère, mais significative de la fréquence de décharge des spikes simples

4 La cellule de Purkinje normale

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l’inhibition des noyaux cérébelleux profonds et par conséquent une diminution de l’inhibition

des noyaux olivaires.

Figure 4.5 Simple spike activity

time locked to complex spikes. (a) This

record is the mean response of 9 blocks of

trials from one cell. Each block (6-65 trials

per block, median 13) was averaged, and

the averaged values used for statistical

testing. For display purposes only, the

average data from the 9 blocks have been

averaged together, and smoothed with a 20

ms box-car filter. Also for display only an

artifact at t=0 has been removed before

smoothing; this was due to the simple spike

detector being triggered by the complex

spike. Horizontal bars indicate the pair of

intervals with the most significant increase

in SS activity preceding the CS ; the area

within the dashed box has been enlarged in

the gray inset. (b) Averaged data from a

group of 10 different Purkinje cells, in the

same format (29-72 trials per cell, median

45)

Reproduit de Miall et al, 1998.

Nous n’avons pas pu confirmer cette observation en étudiant le comportement in vivo

des cellules de Purkinje changeant de mode de décharge (Servais et al. 2004). Nous avons en

effet sélectionné dans nos enregistrements réalisés sur souris normales C57Bl6J les cellules de

Purkinje présentant un ou plusieurs passages du mode tonique au mode quiescent. Les critères

d’inclusion pour cette recherche étaient d’observer sur une cellule de Purkinje en mode

tonique un arrêt total de la décharge des spikes simples pendant plus de 10 secondes (avec

conservation de la décharge des spikes complexes) puis une reprise de la décharge des spikes

simples à la même amplitude et à une fréquence égale ou supérieure à 30 Hz. Seules les

cellules de Purkinje dont l’amplitude du spike simple n’avait pas varié au cours de

l’enregistrement furent donc analysées. Cette procédure a été adoptée afin que la disparition

des spikes simples ne puisse être attribuée à un déplacement de l’électrode, et pour assurer

4 La cellule de Purkinje normale

que l’ensemble de l’enregistrement a bien eu lieu en somatique, puisque les spikes simples ne

remontent pas dans l’arbre dendritique de la cellule de Purkinje (Vetter et al. 2001).

Quatorze cellules de Purkinje (enregistrées chez 6 souris) remplissaient ces critères et

furent analysées. Aucune différence significative dans la fréquence des spikes complexes ne

put être mise en évidence entre les périodes de décharge tonique et de décharge quiescente des

spikes simples (0.51 ± 0.03 Hz et 0.49 ± 0.02 Hz, Test t de Student pour échantillon pairés).

Ces résultats semblent en contradiction avec ceux rapportés par Miall et al. (1998). En effet,

alors que selon ces auteurs, une augmentation de ~10 % de la fréquence de décharge des

spikes simples pendant une période de 50 ms suffirait à prédire la survenue d’un spike

complexe, nous n’avons pas observé la moindre diminution de la décharge des spikes

complexes pendant l’arrêt total des spikes simples, arrêt pouvant durer plusieurs dizaines de

secondes. Différents éléments peuvent expliquer cette contradiction. D’abord, les résultats de

Miall et al. (1998) furent acquis sur des singes entre deux sessions expérimentales, et donc en

état d’attente. A l’opposé, nos résultats concernent des souris en l’absence de toute

stimulation expérimentale passée ou à venir. Cependant, la question fondamentale de savoir si

la décharge en spikes complexes, et donc l’activité olivaire qu’elle reflète, est modulée par la

décharge en spikes simples reste la même dans les deux paradigmes expérimentaux. Nous

pensons que trois problèmes méthodologiques limitent l’interprétation des résultats de Miall

et al. (1998) et doivent sérieusement tempérer l’hypothèse selon laquelle une augmentation de

la fréquence des spikes simples pourrait prédire la décharge d’un spike complexe.

Premièrement, les intervalles de 50 ms utilisés par Miall et al. pour comparer les fréquences

de décharge sont pris différemment selon les cellules (pour certaines 100-150 ms avant le

spike complexe, pour d’autres 150-200 ms). Compte tenu de la variabilité de décharge des

cellules, il semble évident qu’en cherchant bien, même aux alentours de 150 ms avant un

spike complexe, on puisse toujours trouver un intervalle pour lequel la fréquence est

significativement plus haute ou plus basse que 225 ms plus tôt. Ensuite, durant un intervalle

de 50 ms, on peut raisonnablement espérer qu’une cellule qui décharge à 50 Hz produira 2 ou

3 spikes. C’est évidemment très peu pour calculer une fréquence, et le chiffre obtenu variera

de 30 à 50 % selon qu’une troisième ou une quatrième spike soit juste en dedans ou juste en

dehors de l’intervalle. Cette notion d’augmentation de fréquence ne peut donc être comprise

que dans un sens statistique, c’est-à-dire lors de la sommation de nombreux évènements. Or,

4 La cellule de Purkinje normale

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celle supposée suffisante pour engendrer un spike complexe sont ubiquitaires. Autant dire que

sur des tracés non moyennés, c’est à dire représentant la décharge réelle de la cellule, ces

augmentations de fréquence des spikes simples sont si courantes que les spikes complexes

devraient survenir au moins plusieurs fois par seconde, ce qui n’est pas le cas. Une explication

plausible des résultats de Miall et al. résiderait plutôt dans la rythmicité intrinsèque (à 10 Hz)

des spikes complexes, qui amènerait à considérer la période –150 ms pré-spike complexe à la

période 50 ms post avant-dernière spike complexe, période pendant laquelle 70 % des cellules

présentent une augmentation de décharge des spikes simples. Conscients du problème, Miall

et al. ont exclu de l’analyse toute spike complexe survenant dans les 500 ms après une autre

spike complexe. Cette précaution est cependant insuffisante. En effet, l’étude de Schwartz et

Welsh (2001) parue deux années plus tard, a montré que la survenue d’un spike complexe

dans une cellule voisine présentant une synchronie des spikes complexes avec la cellule

étudiée était suffisante pour moduler la fréquence et la rythmicité des spikes simples de la

cellule étudiée, même en l’absence de décharge en spike complexe de cette dernière.

Ces différents éléments nous amènent à penser que l’hypothèse selon laquelle

l’augmentation de décharge en spikes simples pourrait prédire la survenue d’un spike

complexe ne repose pas sur des arguments expérimentaux. Ceci n’exclut cependant pas

l’hypothèse selon laquelle une décharge chroniquement basse des spikes simples puisse

entraîner une diminution de la fréquence des spikes complexes, comme l’ont suggéré les

expériences de destruction du faisceau cérébello-olivaire (Bengtsson et al. 2004) ou, comme

nous le verrons dans ce travail, l’étude des souris SCA type 1, des souris consommant

chroniquement de l’éthanol et des souris BK-/-.

4.III.d. Régulation de la forme du spike complexe par le spike complexe

précédent

Compte tenu de l’origine supposée calcique des potentiels lents du spike complexe et

du rôle majeur de cet ion dans la régulation de l’excitabilité cellulaire, l’intérêt des auteurs

pour la forme du spike complexe s’est manifesté très tôt. Ainsi, en 1966, Eccles suggérait déjà

que le nombre de potentiels secondaires du spike complexe constituait un témoin de

l’excitabilité de la cellule de Purkinje (Eccles et al. 1966b). En 1986, Campbell et Hesslow

ont montré chez le chat anesthésié que lorsqu’un spike complexe obtenue par stimulation de

l’olive bulbaire suivait de moins de 100ms une autre spike complexe, l’amplitude et le nombre

4 La cellule de Purkinje normale

des potentiels secondaires étaient augmentés (interprété comme une « paired pulse

facilitation» (PPF)) (Campbell & Hesslow 1986). Par la suite, les études en patch clamp ont

montré que la synapse fibre grimpante-cellule de Purkinje présentait une plasticité à court

terme de type « paired pulse depression » (PPD), ce qui signifie que les potentiels excitateurs

post synaptiques sont diminués lors de la deuxième stimulation d’une stimulation pairée. En

1998, Hashimoto et Kano ont démontré la nature postsynaptique de ce phénomène, et sa

traduction en current clamp, a savoir une dépression de la post dépolarisation et une

diminution du nombre de potentiels secondaires, et ce, pour des intervalles de stimulation

pouvant atteindre 500 ms (Hashimoto & Kano 1998). Les observations de Campbell et