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Activité proposée aux élèves :

Figure 1 : L’engagement dans la motivation

1.4 La poésie et l’imaginaire des élèves

1.4.4 La poésie et la maitrise de la langue

1.4.4.1 Activité proposée aux élèves :

Consignes : observez les mots suivants, que remarquez- vous ?

a) Liste des mots: clair – kilo – stock – chaos – acquérir – quelque – coq – saccharine.

b) Lecture des mots par les élèves. Les élèves constatent par eux-mêmes que le son [k] correspond à plusieurs graphies, à savoir : c- k- ck- ch- cqu- qu- q- cch.

c) En outre un graphème peut ne correspondre à aucun son. Exemple : le « h » dans homme, le « x » dans deux, le « gt » dans doigt, etc.

d) Certains mots avec une graphie double, se prononce avec une seule consonne et ne joue aucun rôle distinctif, par exemple : « arrêt », rapport ».

e) D‟autres permettent de distinguer deux monèmes, comme par exemple : mourait (imparfait) et mourrait (conditionnel), qui doivent être marquées à l‟oral.

Pour cela il faudrait prendre en considération ces différences entre langue maternelle et langue cible.

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Dans ce contexte, la poésie serait un moyen de proposer aux élèves ayant des problèmes au niveau de la combinatoire, une entrée possible en lecture. Par exemple, les comptines ou les jeux sonores leur permettent de prendre conscience des syllabes et les rendent plus attentifs aux correspondances phonies-graphies.

En travaillant sur les assonances, les allitérations, les sons, la langue devient un objet de jeu, de musique. Au moyen de la dictée, nous pouvons proposer comme activité de réécrire une comptine ou un poème riche en sonorités. Par exemple : les élèves chantent un mot dans leur tête. Ils vont ensuite, compter les syllabes (ba lan çoire), chercher d'autres mots de trois syllabes (a - rro – soir / phar - ma - cien), chercher des mots dans lesquels on entend "oir", frapper différemment dans les mains les syllabes en "oir", et écrire un poème collectif rimé en "oir". Les jeux poétiques nécessitent aussi la maîtrise du vocabulaire et permettent de l'enseigner "en contexte". Les élèves échappent ainsi à une étude trop traditionnelle de cette matière. Ils sont "pris" par le poème et ne s'aperçoivent pas qu'ils sont en train de construire des compétences lexicales. Sachant que pour des élèves en difficulté, contextualisé les leçons de vocabulaire est très important car on s'adresse à des enfants qui, encore plus qu'ailleurs, ont besoin de donner du sens aux apprentissages et de rompre avec un enseignement trop habituel.

En effet, le décalage entre sens propre et figuré fait souvent partie du jeu poétique. Par exemple, dans le poème "L'enfant qui battait la campagne" de Claude Roy1, le poète s'amuse à prendre le langage au pied de la lettre:

"Vous me copierez deux cents fois le verbe Je n'écoute pas. Je bats la campagne. Je bats la campagne, tu bats la campagne, Il bat la campagne à coups de bâton."

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Un autre jeu poétique à partir de situations vécues, donnant lieu à une lecture des élèves d‟un petit texte poétique de Jacques Charpentreau.

Les fenêtres :

Qu‟y a-t-il au trentième étage ? Une petite fille dans les nuages. Qu‟y a-t-il deux étages plus bas ? Un petit joueur d‟harmonica. Qu‟y a-t-il cinq étages plus haut ? Une grand-mère qui fait du tricot. Qu‟y a-t-il à l‟étage au-dessus ? Personne ne l‟a jamais su.

Comme prolongement les élèves imaginent eux-mêmes ce que renferme chaque étage. En exercice collectif, les élèves peuvent inventer aussi ce genre de poèmes en cherchant des expressions où le langage dit autre chose que ce qu'il signifie : "être dans la lune", "être dans les nuages", "appuyer sur le champignon", etc. Les mots valises ouvrent aussi la porte aux activités de vocabulaire "non classiques". Ils initient les enfants aux néologismes: "classançais" (un classeur de français), "ensage" (un enfantsage). Les mots valises apparaissent dans l'œuvre de L. Carroll: "De l'Autre Côté du Miroir"(1971). Dans ce livre, il explique que "slictueux" veut dire à la fois souple, onctueux et visqueux: il y a trois mots en un seul, comme dans une valise. Concernant toujours le vocabulaire, par le courant "OULIPO"1 (Ouvroir de Littérature Potentielle) des exemples de jeux nous sont transmis qui permettent de travailler l'utilisation du dictionnaire et la définition des mots : on substitue à chaque mot signifiant (verbe, substantif, adverbe en "ment") sa définition dans le dictionnaire, puis on réitère l'opération. Par exemple, un chien joue avec une souris se transforme en "un mammifère carnivore domestique qui sert à la chasse se divertit avec une petite rongeuse de la famille du rat". Ainsi, sans avoir l'impression de travailler, les enfants grâce à la poésie peuvent enrichir leur vocabulaire. Par ailleurs, dire un poème choisi durant la classe et expliquer le sens de quelques mots est un exercice qui peut aussi participer de cette dynamique d'enrichissement lexical.

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L‟ouvroir littérature potentielle a été fondé en 1960 à l‟initiative de François le lyonnais (mathématicien) et de Raymond Queneau (écrivain). Il comporte 23 membres. Il propose des contraintes pour la composition de textes littéraires, contraintes que certains de ses membres explorent. Ce qui est le plus moderne dans Oulipo, c‟est en premier lieu l‟apologie du « métier » d‟écrivain. « C‟est en écrivant qu‟on devient écriveron » disait Queneau.

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L‟étude de la grammaire, à travers des projets poétiques peut être encore un moyen d‟échanger le rapport à la langue et d'en faire un objet d'étude moins "scolaire". Ainsi, il est judicieux de faire jouer les élèves avec la langue, de leur apprendre à bousculer les structures, à déplacer des mots. En manipulant la langue, les élèves deviennent capables de prendre de la distance par rapport à l'objet linguistique. L‟activité choisie c‟est celle du « cadavre exquis ».

Expliquons ici le jeu poétique du cadavre exquis appelé aussi "jeu des petits papiers", inventé par les surréalistes dans les années 30 et utilisable pour un enseignement ludique de la grammaire. Ce jeu consiste à : " faire composer une phrase ou un dessin par plusieurs personnes, sans qu'aucune d‟elles puissent tenir compte de la collaboration ou des collaborations précédentes; l'exemple, devenu classique qui a donné son nom au jeu, tient de la première phrase obtenue de cette manière : le cadavre - exquis - boira- le vin -nouveau."(A. Breton & P. Eluard, 1938). En classe, en formant plusieurs groupes, il est possible de commencer simplement en demandant aux élèves d'écrire des sujets, des verbes transitifs, des compléments d'objet. Le jeu peut se compliquer par la suite, en introduisant des adjectifs, compléments de nom, compléments circonstanciels, adverbes, etc. c‟est ce que nous tenterons d‟expérimenter avec les élèves de deuxième année moyenne.

Concernant toujours le travail sur la maîtrise de la langue, l'importance de la comptine dans les premières années des apprentissages est très importante. Car savoir deux vers, une petite comptine est une manière pour l'élève de se rassurer sur sa capacité à enchaîner plusieurs mots les uns à la suite des autres sans avoir à les chercher. La poésie dispense dans un premier temps d'avoir à inventer sa parole. Par imprégnation, en effet, la comptine par exemple, apporte à l'élève des connaissances en vocabulaire et en syntaxe. Nous pensons que les comptines constituent un répertoire riche et varié des opérations diverses que l'on peut opérer sur cette matière première que sont les mots.

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