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Chapitre 1 Parcours de la traduction de Lao She en France

1.3. Les acteurs engagés dans le parcours

Le parcours de la traduction de Lao She en France une fois établi, il est temps de dévoiler les acteurs engagés dans ce processus ainsi que leur statut social, littéraire ou académique, afin de mieux approfondir nos connaissances sur la traduction et la réception de l’écrivain, surtout de son style en France, qui servira de base pour notre analyse sur la reproduction du style. Comme l’a dit un critique cité par Anne Cheng

1 Antoine Berman, « La retraduction comme espace de la traduction », Palimpsestes [En ligne], 4 | 1990, voir sur

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dans sa préface de la version en 1990 du Pousse-pousse, « À une époque où tout ce qui s’écrit sur la Chine est classé comme étant représentatif d’une idéologie ou d’une autre, c’est si bon de trouver enfin un homme pleinement conscient qu’un peuple est fait d’individus et que ces individus sont des êtres humains »1. Si la position privilégiée

qu’occupe Lao She en France est due d’abord à l’humanisme et aux valeurs esthétiques qui se révèlent dans son œuvre, elle est aussi liée aux attributs de tous les agents engagés dans ce voyage de l’auteur.

1.3.1. Traducteurs

Quand on parle des acteurs engagés dans l’introduction et la traduction à l’étranger d’un écrivain, ceux qui nous viennent les premiers à l’esprit sont certainement les traducteurs. Le traducteur y possède une importance majeure : dans l’acte de traduire, il est aussi lecteur et critique. Le choix des auteurs ou des œuvres à traduire, la compréhension de l’œuvre ainsi que leur recodage dans une autre langue influencent inévitablement la réception du public étranger et le façonnement de l’image de l’écrivain. Au cours du parcours ci-dessus, nous avons cité tous les traducteurs des versions françaises de Lao She, soit 19 au total (on ne prend pas en considération les versions signées « sans mention de traducteur »), chacun contribuant dans une certaine mesure au façonnement de l’image de l’écrivain en France. Pour faciliter le traitement, nous les diviserons en trois catégories : traducteurs-présentateurs, traducteur-spécialiste et ceux qui en restent.

La première catégorie regroupe les deux premiers traducteurs de Lao She, Jean Poumarat pour Cœur-joyeux, Clément Leclerc avec La Tourment jaune. Les deux traducteurs travaillaient à partir de l’anglais, ils ne connaissaient pas du tout le chinois, sans parler de la culture et de la littérature chinoises. Face à la première vague de la traduction de Lao She dans le monde entier, encouragés par le succès obtenu aux États- Unis, ils ont choisi de présenter en France les deux chefs-d’œuvre dans leur version tronquée américaine sans consulter l’original. D’où l’introduction de Cœur-joyeux qui fournit des connaissances élémentaires sur la Chine.

1 Anne Cheng, « Préface », in Lao She, Le Pousse-pousse, trad. par François Cheng et Anne Cheng, version

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La Chine, ce grand pays si attachant et encore si mal connu, présente un certain nombre de particularités que l’on ne doit jamais perdre de vue si l’on ne veut pas être déconcerté à chaque instant au cours de la lecture d’un livre comme Cœur-Joyeux.1

La compréhension du traducteur constitue la première étape de la traduction. Dans cette introduction, on ne trouve que l’abc de la civilisation chinoise ainsi que des clichés sur la Chine qui sont aux yeux des Chinois vraiment insignifiants. Le traducteur n’a même pas parlé de l’écrivain et de ce livre. Si, en 1947, un traducteur de l’œuvre chinoise répète encore les présentations superflues sur la Chine, qu’est-ce que nous pouvons attendre de sa version ? Dans une critique de la traduction française de Luotuo

xiangzi, Li Tche-houa, l’un des futurs traducteurs de Lao She, a parlé de la version de

Jean Poumarat qui est selon lui déplorable : « J’ai acheté un exemplaire de la traduction de Jean Poumarat. En comparant quelques pages avec le texte d’origine, j’ai constaté que la traduction est truffée de fautes, et je ne peux plus continuer à la lire »2. En

revanche, malgré les fautes ou les défauts dans les deux versions, Jean Poumarat et Clément Leclerc ont contribué quand même à l’introduction de l’écrivain en France. Ainsi, au lieu de les considérer comme des traducteurs proprement dits, nous préférons les décrire comme des présentateurs de Lao She en France, dans la mesure où ils ont ouvert une voie, grosso modo, dans la connaissance de l’écrivain.

Comme l’a indiqué justement la sinologue Isabelle Rabut, « si l’on excepte les traductions, peu nombreuses, effectuées dans les années 1930 ou 1940 par des missionnaires ou des collaborateurs de revues spécialisées, il aura fallu attendre l’essor des études chinoises dans les années 1970 pour qu’un nombre significatif de traducteurs entreprenne de défricher ce terrain quasi vierge que constituait alors la littérature chinoise moderne et contemporaine »3. Depuis la parution du Pousse-pousse en 1973,

1 Lao Sheh, op. cit., p. 7.

2 Li Tche-houa, « Critique sur les deux versions françaises de Luotuo xiangzi », in Li ang yi shi (Les chroniques de

la traduction à Lyon), Beijing, Shangwu yinshuguan, 2005, p.216.

3 Isabelle Rabut, « Un siècle de littérature chinoise moderne dans le miroir de la traduction française », Zone

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surgirent un groupe de traducteurs cultivés et spécialisés dans les domaines de la littérature et de la culture chinoises qui se consacrent à la traduction des œuvres de Lao She en France, parmi lesquels on peut citer Paul Bady avec ses trois titres traduits et

Gens de Pékin dirigé par lui, François Cheng et Anne Cheng avec le Pousse-pousse,

Claude Payen avec ses six titres, ainsi que Li Tche-houa, Bernard Lelarge, Chantal Chen-Andro, etc. On attribue ici à Paul Bady une place prédominante comme un traducteur-spécialiste de Lao She, parce que ses contributions vont déjà au-delà de la traduction et que c’est à lui qu’on doit l’étude la plus importante et la plus originale en Europe ; alors que l’on regroupe les autres traducteurs dans la troisième catégorie pour leurs expériences riches dans la traduction de la littérature chinoise et leur base solide en chinois. À part Bernard Lelarge qui est l’ancien conseiller économique de l’Ambassade de France en Chine et Xiao Jing-yi qui a traduit volontiers le premier tome de Quatre Générations sous un même toit avant de le recommander au Mercure de France, tous les autres traducteurs français de Lao She (dont la plupart sont les universitaires) se plongent depuis longtemps dans la littérature chinoise, et sont connus pour leur traduction littéraire.

Il est à remarquable que dans le cas de Lao She, il existe un type de traducteur- spécialiste, nous voulons parler, en l’occurrence, de Paul Bady. Comme on l’a dit plus haut, réputé comme l’un des défricheurs dans le domaine de la littérature chinoise moderne en France1, Paul Bady a exercé une triple activité – traducteur, universitaire,

critique – dans l’introduction et la traduction de Lao She en France. Ce n’est pas un hasard s’il a rencontré Lao She. Comme il l’a dit, « ma Chine est d’abord universitaire et intellectuelle. La chance que j’ai eue, c’est que cette Chine là s’est concrétisée par un premier voyage en 1965, puis par un séjour de trois ans à Pékin »2. Le voyage ainsi

que son séjour de trois ans comme attaché culturel à l’Ambassade de France à Pékin a témoigné de son intérêt croissant pour l’histoire culturelle et l’histoire de

1 Selon les mots de Qian Linsen, voir dans la deuxième couverture, in Qian Linsen (dir.), Faguo hanxue jia lun

zhongguo wenxue – xian dang dai wen xue (La Littérature chinoise aux yeux des sinologues français – sur la littérature moderne et contemporaine), Beijing, Waiyu jiaoyu yu yanjiu chubanshe, 2009.

2 P. Bady, R. Bosc, C. Cochini et al., La Chine pour nous, Paris, Éditions Resma, coll. « Connaissance du présent »,

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l’enseignement en Chine à propos desquelles il a rédigé une série d’articles. C’est en cherchant des ressources en cette matière qu’il a découvert Lao She et son destin tragique. En 1972, s’appuyant sur les matériaux qu’il a recueilli en Chine continental, au Japon et à Hongkong, Paul Bady a fait lors de la 17ème International Conference of

Orientalists à Tokyo une présentation sur la mort de l’écrivain, intitulée « The Fate of a Chinese novellist : Lao She’s suicide » avant de la publier, dans la revue hongkongaise

Renditions lors d’un numéro spécial dédié à Lao She, avec une postface de six pages

traçant le parcours de la réhabilitation de l’écrivain1. Si nous sommes d’accord avec

Qian Linsen, comparatiste chinois, pour dire que pendant les années 1970, vu les épreuves auxquelles confrontés les écrivains chinois, les sinisants français se penchaient sur les études du destin humain à travers la littérature chinoise moderne2,

c’est bien le cas pour l’étude de Paul Bady sur Lao She : l’intérêt pour le destin tragique de l’écrivain a suscité chez Bady l’intérêt pour l’œuvre de Lao She, en même temps, la recherche sur les valeurs et le sens de son œuvre a exalté en retour l’admiration du spécialiste pour l’écrivain. Après avoir cherché et recueilli toutes les ressources disponibles et accessibles dans la Chine continentale, au Japon, à Hongkong ainsi que dans d’autres territoires3, Paul Bady a traduit tout d’abord, pendant son séjour comme

pensionnaire dans la Maison franco-japonaise, un recueil d’essais sur le roman et l’humour, intitulé Lao niu po che. Cette traduction a retenu, dès sa parution, l’attention des sinisants de presque toute l’Europe, devenant une référence indispensable pour les études de Lao She. Après, Bady a publié successivement une dizaine d’articles au sujet de Lao She en suivant toujours de près les études d’autres pays, comme en témoignent des comptes rendus pour les études mondiales sur l’écrivain. En outre, il a essayé d’établir des relations avec la famille de Lao She lors de son séjour en Chine en 1980 pour mieux connaître l’écrivain et sa vie, tout en se mettant en contact avec les spécialistes de Lao She des autres pays en vue de fonder dans la même année, avec Li

1 Paul Bady, « Death and the Novel – on Lao She’s‘Suicide’ », suivi de : « Rehabilitation : A Chronological Proscript

», Renditions, No. 10, 1978 automne, pp. 5-20.

2 Qian Linsen, La littérature chinoise en France, Canton, Huacheng chubanshe, 1990, p. 24.

3 Cf. P. Bady, « Pour une histoire littéraire de la Chine moderne : quelques sources chinoises et japonaises », extrait

du Journal asiatique, Paris, Geuthner, 1978, pp. 437-456. Pendant les années 1960-1970, d’un côté, en tant qu’étranger, Paul Bady a eu beaucoup de difficultés en consultant la bibliothèque en Chine populaire, de l’autre, vu l’interdiction de publication des œuvres de Lao She, il lui fallait aller en chercher certaines à Hongkong ou au Japon.

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Tche-houa, une Association Internationale des Amis de Lao She.

Basée sur aussi bien de nombreuses ressources authentiques que sur une lecture et sur une recherche minutieuses, la compréhension de Paul Bady concernant l’œuvre de Lao She a atteint un niveau remarquable. D’où le succès prodigieux1 de Gens de Pékin

sous sa direction. Selon Gao Fang, « la subjectivité du traducteur participe de façon active au façonnement de l’image de l’Étranger »2, la préface de ce recueil montre dans

quelle mesure l’écrivain est compris par Bady qui sert de guide dans la réception et l’interprétation du lectorat français. Si le titre français ainsi que les nouvelles choisies de ce recueil ont déjà marqué l’une des caractéristiques et l’un des thèmes majeurs, à savoir Pékin, dans la création de Lao She, le traducteur-spécialiste a mis en relief trois autres caractéristiques importantes, qui éclairent d’un seul coup les lecteurs dans la compréhension de ces nouvelles et les attirent par l’humanité de l’écrivain. Selon Bady, Lao She est avant tout un écrivain qui « n’a cessé de donner la parole à ceux qui ne l’avaient pas… à tous ceux que la littérature, jusqu’à lui, ne décrivait qu’épisodiquement ou de façon sommaire »3. Ensuite, c’est la langue parlée,

spécifiquement le pékinois que Lao She emploie : « Mieux que beaucoup de ses contemporains, qui confondaient parfois la “langue claire” (baihua) avec l’occidentalisation de la syntaxe et du vocabulaire. Non, c’est vraiment la langue pékinoise dont use, avec un art inné, le romancier » ; de plus, conformément à ce que écrit l’auteur sur sa création, Bady a indiqué la relation de la musique avec la langue utilisée par Lao She, « dès la première note, comme s’il était à l’opéra »4. Enfin, c’est

sa description d’un monde disparu et sa pensée « constamment dominée, comme celle de tout grand écrivain, par l’obsession du temps ». Il est à noter que, de l’œuvre de Lao She, Paul Bady a dégagé un regard « d’archéologue ou plutôt d’ethnologue, qui tente avec succès de restituer un monde »5. Cette remarque a fait plus tard naître une

approche qu’il a employée dans sa thèse pour traiter des œuvres romanesques de Lao

1 Selon les statistiques des librairies You-Feng, Le Phénix et Gibert Joseph, Gens de Pékin est jusqu’aujourd’hui le

plus vendu parmi les œuvres de la littérature chinoise.

2 Gao Fang, La traduction et la réception de la littérature chinoise moderne en France, ibid., p. 12. 3 Paul Bady, « Préface », in Lao She, Gens de Pékin, op. cit., p. 11.

4 Ibid., p. 12. 5 Ibid., p. 13.

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She, c’est-à-dire l’approche consistant à reconstruire, sur la base des documents archéologues et ethnologues, le contexte social, économique, historique dans lequel l’auteur a travaillé dans chaque œuvre. Cette approche propre au spécialiste a été nommée Wenhua renlei xue (approche archéolo-cultuelle)1 en Chine, enrichissant dans

la grande majorité les études sur Lao She. Quant au choix des traducteurs2, pour mieux

reproduire le sens ainsi que le style de l’original, Bady a choisi non seulement des traducteurs spécialisés en littérature chinoise, tels que Li Tche-houa, traducteur français du grand classique Le Rêve dans le Pavillon rouge, la sinologue Martine Vallette- Hémery ainsi que Françoise Moreux qui connaît bien les coutumes pékinoises grâce à son séjour à Pékin, il a particulièrement invité un linguiste dont le domaine de recherche est les dialectes dans le Nord du Chine, à savoir Alain Peyraube, en vue de reproduire de façon plus appropriée et exacte le pékinois vivant utilisé par l’auteur. En outre, la biographie de Lao She, les bibliographies sur les œuvres de écrivains, les études relatives à l’écrivain et à Pékin ainsi que le petit glossaire à la fin facilitent beaucoup la compréhension de l’écrivain et de ses écrits chez les lecteurs français. Comme quoi, par rapport aux traducteurs professionnels, Paul Bady en tant que traducteur-spécialiste, grâce à ses recherches approfondies et à son sérieux académique, offre au lectorat français une traduction aussi fidèle que belle, avec son paratexte éclairant. En 1986, en collaboration avec Li Tche-houa, Paul Bady a traduit en plus deux romans de Lao She,

L’Enfant du Nouvel An et La Cage entrebâillée, accueillis bien par les milieux littéraires.

Bien que dans les années qui suivent, il n’effectue aucune traduction sur Lao She, il n’en continue moins à s’intéresser à l’auteur : il a écrit 7 préfaces et 1 postfaces pour les traductions, contribuant sous forme de paratexte à la diffusion et à la compréhension de l’auteur en France. N’oublions pas que avec les deux thèses dirigées par lui, il est devenu l’un des plus importants traducteurs-spécialistes sur Lao She dans le monde

1 Cf. Wu Yongping, « Zailun faguo xuezhe Bady de lao she yanjiu : jianji wenhua renlei xue fangfalun de mouxie

tedian », Ibid.

2 Cf. Li Tche-houa, Qian Linsen, « Fanyi : goutong shijie wenhua de qiaoliang, Li Zhihua : wo zenyang yijie Cao

xueqin, Ba Jin he Lao She » (La Traduction : pont de connexion pour les cultures mondiales, Li Tche-houa : comment traduis-je Cao Xueqin, Ba Jin et Lao She?), He er bu tong (Conciliant mais non conformiste), Nanjing, Nanjing daxue chubanshe, 2009, p. 358-359. Selon Li Tche-houa, Paul Bady a fondé un groupe de six traducteurs au sein de l’École normale de son retour en France en 1979, dont un est parti plus tard. Ainsi, les cinq qui sont restés, à savoir Paul Bady, Li Tche-houa, Françoise Moreux, Alain Peyraube et Martine Vallette-Hémery, ont travaillé ensemble pour Gens de Pékin.

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entier. C’est aussi grâce à sa triple activité qui associe la recherche à la traduction, que les versions françaises de l’écrivain ont commencé, depuis les années 1980, à attacher une importance au style et à sa reproduction, servant d’aide indispensable pour permettre à Lao She de s’échapper de toute interprétation idéologique ou politique en France.

Enfin, nous voudrions, à partir d’une documentation de première main, regarder de plus près à quel niveau Paul Bady s’est dévoué à l’étude de Lao She. Il s’agit de trois lettres1 entre Paul Bady et René Étiemble, retrouvées au fonds de celui-ci dans la

Bibliothèque nationale de France. Cinq mois après la publication des deux traductions de Lao She, L’Enfant du nouvel an et La Cage entrebâillée, Étiemble a envoyé une lettre à Bady le 7 avril 1987 dans laquelle il a exprimé son regret de ne pas les avoir recueilli dans sa collection « Connaissances de l’Orient » : « je ne me souviens pas si je vous remerciai des deux Lao She que vous avez traduits avec Li Tche-houa et publiés dans la collection “Du monde entier” en 86... Devant la qualité de ces livres mon seul regret est qu’ils aient échappé à “Connaissance de l’Orient”, où je les eusse accueillis avec d’autant plus de reconnaissance que pas un titre ne me fut accordé dans ma collection cette année-là ». Connu comme « grand ambassadeur de la littérature »2,

Étiemble est créateur et directeur de la collection « Connaissances de l’Orient » sous les auspices de l’Unesco et de Gallimard, par l’intermédiaire de laquelle de nombreux écrivains et philosophes ont fait leur entrée en France. Ainsi, son affirmation de « la qualité de ces livres » et son regret de ne pas les accueillir servent de référence remarquable pour déterminer les contributions de Bady. Quelques jours plus tard, le 15 avril, ce dernier a envoyé sa réponse. Vu l’information riche de cette lettre, nous allons la citer dans son ensemble.

Le Saut du Loup, Mercredi 15 avril 1987 Cher Monsieur,

Je suis confus que notre littérature « de petit aloi », par deux fois, vous ait conduit à prendre la plume. Pourtant la semaine qui vient à Hong Kong où une exposition sur le malheureux écrivain

1 Il y a au total sept lettres entre Bady et Étiemble au fonds René Étiemble de la Bnf, dont trois portent sur Lao She. 2 Communiqué de Mme Catherine Tasca, ministère de la Culture et de la Communication de France, émis à

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est organisée par la famille et les Presses littéraires du Peuple, je serai heureux de pouvoir faire état de votre approbation. Une fois encore, comme vous, je regrette que Gallimard ait préféré « Du monde entier », mais n’est-ce pas aussi qu’au moins pour la littérature moderne, voire contemporaine, l’intense et prolongé travail de « Connaissance de l’Orient » se trouve ainsi consacré ?

Si vous me le permettez, je serai heureux d’en parler de vive voix avec vous; lorsque je serai