• Aucun résultat trouvé

SIXIÈME CHAPITRE DISCUSSION

1. ACHATS RÉALISÉS DANS UN RESTAURANT RAPIDE

Plusieurs jeunes de l’échantillon achetaient plus ou moins fréquemment dans des commerces alimentaires durant une semaine typique. Près de la moitié des jeunes ont acheté au moins une fois un aliment ou une boisson dans un restaurant rapide. Cette valeur est bien supérieure à celle obtenue par He et al. (2012a) alors que seulement 7,7 % des jeunes ontariens adoptaient ce comportement au moins une fois hebdomadairement dans un restaurant rapide. Cette différence ne s’explique pas par l’âge des jeunes ontariens (11 à 13 ans) qui différait de celui des élèves de notre échantillon. En effet, 42,5 % des jeunes de secondaire 1 à 3 (majoritairement âgés de 11 à 13 ans) dans notre échantillon ont adopté ce comportement.

La prévalence d’acheteurs dans notre étude était également supérieure au 25 % de jeunes canadiens et 19 % de canadiennes de 11 à 15 ans ayant mentionné, en 2010, manger dans un restaurant rapide au moins une fois par semaine (Freeman et al., 2011). Il est d’autant plus surprenant que les proportions obtenues dans l’étude de 2010 aient été inférieures à celles mesurées dans notre échantillon, considérant que la consommation dans les restaurants rapides était évaluée, et non uniquement les achats. Une diversité dans les habitudes alimentaires des résidents du Canada pourrait être une piste d’explication pour ces différences.

Les autres études consultées lors de la recension des écrits ont quantifié les comportements d’achat hebdomadaire dans différents commerces alimentaires par la fréquence moyenne d’achat. Par exemple, le nombre moyen d’achats durant une semaine parmi les jeunes de l’étude de Laska et al. (2010), dans un restaurant rapide, était de 0,9 variant entre 0 et 5,5 fois. Ces données montraient que ce comportement était répandu chez les jeunes, tel que constaté dans notre étude.

Des changements dans les comportements d’achat des jeunes, lors d’une semaine typique, ont été mesurés entre les deux temps. En effet, les jeunes de la

cohorte de 2013 étaient significativement moins nombreux à acheter dans les restaurations rapides que ceux questionnés en 2008 dans l’école 1 alors qu’une tendance similaire a été constatée dans l’école 2.

La diminution de la fréquentation régulière d’un restaurant rapide par les jeunes, mesurée dans la première décennie des années 2000 aux États-Unis (Larson et al., 2014), était en cohérence avec les observations dans l’école 1 et la tendance dans l’école 2. Cette amélioration dans les comportements d’achat des jeunes était aussi en harmonie avec les données de l’enquête HBSC 2009-2010 (Freeman et al., 2014). En effet, une diminution de la consommation quotidienne d’aliments et de boissons moins nutritives disponibles dans les restaurants rapides (p. ex. les croustilles et les boissons gazeuses régulières) par de jeunes canadiens de 11 à 15 ans a été observée (Ibid.).

Durant une semaine typique, les jeunes achetaient dans les restaurants rapides principalement la fin de semaine ainsi qu’après l’école et en soirée; des moments où ils étaient principalement dans l’environnement familial. L’heure du midi les jours de semaine représentait la troisième occasion d’acheter pour les jeunes et le principal comportement d’achat spécifique à l’environnement alimentaire scolaire.

Les jeunes dans notre étude étaient beaucoup moins nombreux à acheter au moins une fois du lundi au vendredi dans les restaurants rapides que ceux questionnés dans l’EQSJS (26,8 % par rapport à 74,7 %) (Pica et al., 2012). Cette différence observée dans les proportions repose probablement, en partie, sur le comportement mesuré dans les études. En effet, l’enquête québécoise a mesuré les comportements de consommation dans les restaurants rapides alors que notre étude a plutôt sondé les achats. Ainsi, les aliments consommés par le jeune ont pu être achetés par un membre de la famille ou une autre personne dans l’enquête québécoise et donc ne pas être comptabilisés dans les données de notre étude. De plus, les données de l’enquête représentaient la moyenne au Québec. Il est donc possible, quoique cela soit peu

113

probable, que ce comportement fût beaucoup moins répandu chez les jeunes sherbrookois que chez ceux de l’ensemble de la province.

Réaliser un achat sur l’heure du midi au moins une fois par semaine était coutume chez 9,2 % des élèves sherbrookois questionnés dans notre étude. Selon Woodruff et al. (2010), 9 % des jeunes ontariens de 11 à 13 ans avaient consommé leur dîner, la veille (jour de classe), dans un restaurant ou un restaurant rapide. Dans notre étude, 6,3 % des élèves de secondaire 1 à 3 (majoritairement âgé de 11 à 13 ans) ont acheté au moins une fois dans un restaurant rapide durant les cinq derniers jours. La période d’échantillonnage établie pour calculer la moyenne pourrait expliquer cette différence (une journée par rapport à cinq jours). Une autre hypothèse repose sur l’éventail des commerces alimentaires ciblés; l’étude ontarienne considérait plus de commerces que notre étude, soit les restaurants rapides et les restaurants.

Dans une étude réalisée par Seliske et al. (2013), 7,4 % des jeunes canadiens de 13 à 16 ans ont rapporté consommer habituellement un repas provenant d’un casse- croûte, d’un restaurant rapide ou d’un café/beignerie hors de l’école sur l’heure du dîner. En revanche, c’était 13,0 % des jeunes sherbrookois de secondaire 3 à 5 (majoritairement âgé de 13 à 15 ans) questionnés dans notre étude qui ont acheté au moins une fois dans un restaurant rapide lors d’un midi les jours de semaine. L’étude canadienne mesurait la consommation d’un repas et non l’achat d’un produit alimentaire; cette différence pourrait expliquer l’écart dans les pourcentages.

D’un autre côté, les résultats de l’étude de Seliske et al. (2013) semblaient illustrer des comportements d’achat de plus d’une fois par semaine. En effet, la question utilisée par ces auteurs mentionnait le lieu habituel de consommation du repas du midi durant la semaine d’école. Supposant que cette consommation habituelle ait été quantifiée par une fréquence de trois fois et plus par semaine (plus de la moitié des jours de classe), elle était incohérente avec celle des jeunes dans notre échantillon. En effet, parmi les jeunes sherbrookois interrogés, 4,3 % ont

rapporté à la fois fréquenter plus de trois fois par semaine un restaurant rapide et adopter ce comportement au moins une fois les midis de semaine. La formulation des questions ne permettait pas de conclure que les fréquentes occasions d’achats mentionnés par les jeunes ont été réalisées le midi. Cependant, un maximum de 4,3 % des jeunes a pu le faire, soit moins que dans l’étude de Seliske et al. (7,4 %) (2013).

Entre 2008 et 2013, selon les résultats de notre étude, la prévalence d’acheteurs dans un restaurant rapide sur l’heure du midi a augmenté. Cependant, en dépit de la signification statistique de certains de nos résultats, les changements ont touché peu de jeunes dans chacun des établissements scolaires. Concrètement, 36 et 22 jeunes de plus ont acheté le midi, respectivement, dans les écoles 1 et 2 au T1 par rapport au T0. Dans l’école 3, c’était plutôt 18 jeunes de moins qui ont réalisé un achat au moins un midi de semaine au T1 qu’au T0.

Bref, près d’un jeune sur deux achetait dans un restaurant rapide durant une semaine typique. La prévalence d’acheteurs dans ces commerces durant une semaine a diminué significativement de 2,6 % entre le T0 et le T1. Nos résultats indiquaient également qu’un jeune sur dix achetait au moins une fois un aliment ou une boisson le midi les jours d’école dans un restaurant rapide. Ce comportement pourrait influencer les apports alimentaires des jeunes affectant négativement leur santé. En effet, les auteurs d’une étude ontarienne ont constaté que les jeunes qui consommaient leur dîner dans un restaurant rapide ingéraient significativement plus de calories lors de ce repas que ceux qui dînaient à l’école ou à la maison (Woodruff et al., 2010). Malheureusement, la prévalence de ce comportement s’était accrue significativement entre le T0 et le T1 selon les résultats de notre étude, même si cette augmentation n’était que de 2,0 %.

115

2. INFLUENCE DE LA DENSITÉ DE RESTAURANTS RAPIDES DANS LES ENVIRONNEMENTS