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3 Synthèse de la littérature

3.4 Accès à l’information et TIC

Comme le soulève Maria Araceli GARCIA MARTIN23, on constate durant le 20e siècle que l’accès à la sphère culturelle est lié à l’amélioration des capacités et des possibilités de croissance. L’accès à la culture et à l’information permet aux sociétés d’améliorer leurs capacités ce qui amène un développement économique important et réduit la pauvreté. C’est pourquoi les politiques de coopération devraient mettre davantage l’accent sur l’accès à l’information afin de rendre le développement plus durable et efficace.

3.4.1 Droit à l’information

Selon l’article Information and Communication Technologies and large-scale poverty reduction24, l’objectif de nombreux pays est d’offrir à tous un accès aux TIC. Cependant, même si les nouvelles technologies facilitent grandement l’accès à l’information, cet objectif est loin d’être atteint. En effet, la plupart du temps les accès sont limités et leurs prix sont souvent inabordables pour les plus pauvres.

De plus, la majorité des gens n’ont pas conscience de l’utilité que pourraient avoir

23 GARCIA MARTIN, Maria Araceli. Le rôle des bibliothèques dans les politiques culturelles de coopération au développement : modèle de gestion de la bibliothèque de l’Agence espagnole de coopération internationale (AECI), 22 août 2006, Séoul. IFLA, 2006.

24 WARNOCK, Kitty (éd.) et WICKREMASINGHE, Ravi, avec la coopération de WEIGEL, Gerolf. Information and Communication Technologies and large-scale poverty reduction : lessons from Asia, Africa, Latin America and the Caribbean. In : Site de Gerster Consulting [en ligne].

l’information et les TIC25 et de quelle manière ces dernières pourraient les aider à améliorer leurs conditions de vie. En outre, il arrive fréquemment que les projets de TIC ne prennent pas en compte la notion d’accès équitable pour tous.

L’article Right to information26 expose, quant à lui, l’importance d’établir des lois pour le droit à l’information afin que ce celui-ci soit reconnu comme étant fondamental. D’après ce texte, plus l’information est accessible et compréhensible par tous, plus on peut considérer que le pays concerné est démocratique et ouvert. De plus, celui-ci considère le droit à l’information comme une arme clé pour lutter contre la pauvreté et la corruption. Contre la pauvreté tout d’abord, car plus une population est informée, plus elle sera capable de se battre contre les circonstances dans lesquelles elle se trouve. Contre la corruption ensuite car, par exemple, si le peuple dispose des informations nécessaires pour savoir pour quelles raisons le gouvernement à donné un certain montant à une certaine entre-prise, il sera en mesure de déterminer si il y a eu corruption et de réagir le cas échéant.

3.4.2 Rôle de l’information

Dans l’entretien qu’il a accordé pour la réalisation de l’article A challenging view on the future of global knowledge sharing27, Ramesh SRINIVASAN explique que l’information apportée par les TIC peut aider les communautés défavorisées à s’autonomiser et à se prendre elles-mêmes en charge.

Concernant la diminution de la pauvreté, l’étude Up-scalling pro-poor ICT-policies and practices28, démontre qu’une bonne utilisation des TIC dans les pays à faible revenu d’Asie et d’Afrique, favorise la réduction de la pauvreté et permet d’atteindre les OMD. Cependant, les auteurs ne cachent pas que l’implantation de

25 Les TIC rassemblent l’ensemble des techniques utilisées dans le traitement, la gestion et la transmission de l’information. Celles-ci comprennent l’informatique, l’Internet, les télécommunications, la radio et la télévision.

26 UNITED NATIONS DEVELOPMENT PROGRAMME. BUREAU FOR DEVELOPMENT POLICY. DEMOCRATIC GOVERNANCE GROUP. Right to information : practical guidance note. UNDP, 2004.

27 MERL, Christina. A challenging view on the future of global knowledge sharing. In : Rural development news [en ligne]. 2007, no 1.

28 GERSTER, Richard ; ZIMMERMANN, Sonja. Up-scaling pro-poor ICT-policies and practices : a review of experience with emphasis on low income countries in Asia and Africa. In : Site de la Direction du développement et de la coopération [en ligne]. 2005.

technologies permettant de gérer l’information et la communication comporte des frais pour les pays qui désirent les utiliser pour améliorer leur système social.

Il est également important que l’utilisation des TIC dans la réduction de la pauvreté ne cesse pas une fois que l’information est transmise. Il est nécessaire d’observer le quotidien d’un individu ou d’une communauté, de voir comment ceux-ci perçoi-vent leurs besoins et déterminent quelle information leur est utile. Enfin, l’utilisation des TIC dans la réduction de la pauvreté doit être faite en respectant les croyan-ces et les valeurs des bénéficiaires.

L’article Citoyennes africaines de l’information29 expose, quant à lui, l’importance de l’implication des femmes dans la société de l’information. D’après celui-ci, quand les femmes sont éduquées et en bonne santé, leur famille, leur commu-nauté et leur nation en bénéficient. Les TIC peuvent être une bénédiction pour les femmes africaines en leur permettant de s’alphabétiser. Cela leur permettra de trouver des débouchés plus rémunérateurs afin d’améliorer leur statut social en faisant davantage respecter leurs droits. Les informations auxquelles ces femmes auront accès permettront d’améliorer leur état de santé et leur hygiène, ce qui contribuera à diminuer la mortalité maternelle et infantile.

3.4.3 S’adapter aux besoins

Selon les auteurs de l’article Information and Communication Technologies and large-scale poverty reduction30, il ne faut pas se concentrer sur le fait d’insérer à tout prix des TIC dans des projets où elles ne sont pas forcément nécessaires. Il vaut mieux déterminer quels sont les besoins prioritaires, puis déterminer si les TIC ont un rôle à jouer pour répondre à ces besoins.

De plus, Ramesh SRINIVASAN précise dans l’article A challenging view on the future of global knowledge sharing31 qu’il est important que les TIC soient adap-tées aux communautés qui les utilisent et correspondent à leurs besoins ainsi qu’à

29 RESEAU GENRE ET TIC. Citoyennes africaines de la société de l’information : manuel de première urgence à l’intention des décideurs. Dakar : Enda Tiers-monde, 2004.

30 WARNOCK, Kitty (éd.) et WICKREMASINGHE, Ravi, avec la coopération de WEIGEL, Gerolf. Information and Communication Technologies and large-scale poverty reduction : lessons from Asia, Africa, Latin America and the Caribbean. In : Site de Gerster Consulting [en ligne]. 2005.

31 MERL, Christina. A challenging view on the future of global knowledge sharing. In : Rural development news [en ligne]. 2007, no 1.

leur mode de fonctionnement et de réflexion. Il est important que les communautés puissent s’approprier les TIC et créer leur propre contenu.

Les auteurs de l’article Up-scaling pro-poor ICT-policies and practices32, partagent ce point de vue et expliquent qu’il est plus important de s’adapter aux besoins des populations que de leur imposer des technologies de pointe dont elles n’ont soit aucune utilité, soit aucune possibilité de les intégrer dans leurs systèmes. Ils pen-sent, en effet, qu’il est nécessaire que ces technologies soient accompagnées d’actions concrètes pour que leur utilisation ait véritablement un impact sur la qualité de vie des communautés défavorisées.

3.4.4 Réussir la mise en place d’un système utilisant les TIC

Les auteurs de Up-scalling pro-poor ICT-policies and practices33 ont relevé plusieurs conditions afin de réussir l’implantation d’un système utilisant les TIC : un choix approprié des technologies ainsi que la mobilisation des différents secteurs publics et privés. De plus, l’environnement basé sur les TIC doit inclure plusieurs caractéristiques comme la liberté d’expression, la diversité et la libre circulation de l’information. En outre, il ne doit y avoir aucun monopole au niveau de la fourniture de l’infrastructure des TIC.

De plus, l’article Information and Communication Technologies and large-scale poverty reduction34 fait part des leçons apprises par le biais de projets menés dans le domaine des TIC. Nous apprenons dans ce texte que l’approche « open access » réduit les coûts et pourrait, de ce fait, encourager les investissements pour offrir l’accès aux TIC aux communautés les plus marginalisées.

Cet article explique également que les infrastructures basées sur les communau-tés permettent l’aboutissement de projets qui ne seraient pas réalisables autrement. L’article donne comme exemple le fait qu’aucun fournisseur Internet

32 GERSTER, Richard ; ZIMMERMANN, Sonja. Up-scaling pro-poor ICT-policies and practices ; a review of experience with emphasis on low income countries in Asia and Africa. In : Site de la Direction du développement et de la coopération [en ligne]. 2005.

33 Ibid.

34 WARNOCK, Kitty (éd.) et WICKREMASINGHE, Ravi, avec la coopération de WEIGEL, Gerolf. Information and Communication Technologies and large-scale poverty reduction : lessons from Asia, Africa, Latin America and the Caribbean. In : Site de Gerster Consulting [en ligne]. 2005

n’aurait comme public-cible un village isolé, alors que si plusieurs villages se regroupaient, ils auraient les moyens de s’offrir un accès à Internet.

En outre, ce texte explique que si de nombreux projets échouent, c’est parce qu’ils se contentent de développer une version électronique de processus qui ne fonctionnaient pas auparavant. Il faut donc innover afin d’éviter de répéter des schémas inefficaces.

3.4.5 Rôle des bibliothèques

Plusieurs textes que nous avons étudiés, dont l’article Public libraries and the Millennium Development Goals35, affirment que les bibliothèques ont de nombreuses possibilités d’action dans le domaine de la coopération. Elles peuvent tout d’abord fournir l’information nécessaire pour soutenir les efforts locaux de développement. Elles sont ensuite un lieu où les populations peuvent se rencontrer et se réunir afin de tenter d’améliorer leur situation. De plus, les biblio-thèques soutiennent les efforts d’éducation des pays en voie de développement en fournissant du matériel pédagogique et un environnement de travail pour les élè-ves et étudiants. Les SID, grâce aux informations qu’ils offrent, peuvent contribuer à réduire la mortalité infantile et améliorer la santé des mères. Ils doivent de plus fournir des informations sur les maladies graves se propageant dans les pays du Sud afin de participer aux efforts de sensibilisation des populations touchées.

Dans le but de fournir ces informations au plus grand nombre, les bibliothèques ne peuvent se contenter de proposer des livres traditionnels dans la/les langue(s) officielle(s) du pays. Elles devraient en effet mettre à disposition les informations dans un langage, un format et un niveau adapté à tous les publics. Les différentes communautés devraient donc trouver dans les rayonnages de leur bibliothèque des documents sous forme écrite, parlée ou électronique, que ce soient des romans, des chansons, des danses, des séminaires ou encore des discussions de pairs. Les SID devraient également être mobiles afin de se rendre dans des quar-tiers isolés et des bidonvilles.

35 FORSYTH, Ellen. Public Libraries and the Millennium Development goals. In : IFLA Journal [en ligne]. 2005, vol. 30, no 4.

D’après Ellen FORSYTH36, les bibliothèques ont également un rôle à jouer dans la préservation des systèmes de connaissances traditionnels et indigènes. En effet, celles-ci peuvent aider les communautés à avoir un meilleur contrôle sur l’utilisation de leurs connaissances.

3.4.6 La DDC et les TIC

Dans l’article DDC et nouvelles technologies, nous apprenons que « La DDC a toujours considéré que le savoir est le capital le plus important pour le développement. » (Weigel, 2003). De plus en plus de projets de la DDC ont une composante TIC. Ceux-ci mettent d’ailleurs l’accent sur les contenus et la cons-truction des savoirs, et non pas uniquement sur la diffusion de l’information. En plus de ses propres activités, cette institution soutient des activités et des projets à travers des partenariats multi-acteurs et multilatéraux. A cet effet, elle associe des institutions publiques, privées et non lucratives.

Par le biais de cet article, nous apprenons que la DDC est convaincue que les TIC sont des instruments efficaces de lutte contre la pauvreté, principalement à travers les trois axes suivants : l’accès à l’information et au savoir, l’expression et l’autopromotion ainsi que la communication, les réseaux et les échanges.