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Monsieur C, étant interviewé pendant l'exposition « la lumière dans les arbres », montre son opinion de «partage

»

dans l'approche de l'accès. Pour lui, le fait de visiter est aussi une manière de profiter des œuvres dans un endroit où on peut partager.

Au début c'est ce que je m'étais dit (le désir d'achat), mais j'ai vite remarqué que j'adorais partager ces petits moments de bonheur avec un maximum de personnes.

Evidemment quand on voit une chose que l'on aime beaucoup, on aimerait l'avoir chez soi, et en même temps, je trouve important qu'on les trouve dans un endroit public où on peut les partager.

Belk (2006) a traité de ce phénomène de «partage» : il convient que partage, propriété et possession sont déterminés par la culture et associés à des comportements appris et normalisés. Il a ainsi discuté des raisons qui font obstacle au partage dans les cultures de consommation contemporaines privilégiant l'individualisme, le matérialisme et le souci du statut social. Cela conduit au débat de «l'égoïsme» de la possession que nous avons pu déceler dans la partie suivante.

«

Accès - le partage» contre

«

Possession - un désir égoïste

»

H considère le désir de posséder plutôt égoïste et ainsi le désir de possession, pour lui, a une image assez négative de ce désir.

Nous nous sommes donc dit que ce désir est très égoïste puisque la possibilité de posséder l'œuvre enlèverait l'aspect collectif et public qu'a l'art en général à travers les

expositions et manifestations.

Ce coté «égoïste» est également étudié par Adès (2006) en ce qui concerne les achats compulsifs: les achats compulsifs sont un comportement sous-tendu par le besoin de s'approprier symboliquement l'objet, de l'incorporer au travers de la transaction d'achat. Cette incorporation, selon Adès (2006), est paradoxale puisque les objets, dès qu'ils sont acquis, sont négligés et rejetés, comme l'est la nourriture dans le comportement boulimique.

Adès (2006) a creusé cette analyse dans le collectionnisme, qui, selon lui, est une autre forme extrême de la relation aux objets, les objets acquis faisant l'objet d'un véritable culte, indéfiniment rangés et ordonnancés. Il montre que, chez les personnalités obsessionnelles chez lesquelles domine le besoin de garder et de retenir, le collectionnisme va souvent de pair avec l'avarice.

Pour mIeux comprendre les deux points ci-dessus -l'accès/le partage; la possession! l'égoïsme- nous nous appuierons sur l'analyse du critique d'art Christian Ruby : «toutes les grandes villes de toutes les civilisations conjuguent, semble-t-il, d'une façon ou d'une autre, art et lieux publics ». L'auteur a montré l'exemple de la Grèce du Ve siècle où, en pleine crise politique athénienne, afin de détourner l'attention des citoyens des difficultés en cours, Périclès lance de gigantesques travaux d'ouvrages publics. Dans l'Italie antique, les rituels monumentaux des empereurs romains -l'effigie colossale du Marc Aurèle du Capitole- contribuent à la pérennité de la ville éternelle. Les hauts et solennels dispositifs de la Renaissance, le Colleoni de Verrocchio à Venise, les statues équestres des majestés, en même temps qu'ils concrétisent de véritables exploits techniques, réalisés par des sculpteurs qui sont avant tout des ingénieurs ou des architectes, font rayonner les perspectives urbaines autour des sujets des rois.

Ayant cette histoire à l'esprit, nous aurons mOInS de difficultés à comprendre l'art contemporain et ses missions publiques: la modernité artistique pénètre les lieux publics en fonctions de stratégies renouvelées. Elle met l'art en public, sous le prétexte affiché d'une démocratisation de l'accession aux arts modernes. La visée éducative n'est plus politique, mais artistique: il ne s'agit plus d'initier le peuple aux valeurs républicaines (ou socialistes), mais de l'inviter aux festins de l'Art -un art moderne, en rupture avec les canons du classicisme- et qui se regarde d'abord pour ce qui est, et non pour ce qu'il représente. Ainsi le renouvellement de l'art public et de sa pensée passe par une analyse des fonctions de la rue, des lieux publics dans leur ensemble, du public, ainsi que par une analyse des perspectives de l'unité-diversité politique et de la vie du corps politique.

Accès - un apprentissage, une expérience pour se préparer à une future possession

Pour M,l'accès pourrait être interprétée comme la première étape dans le processus d'apprentissage. Cependant elle n'exclut pas d'éventuelles possibilités de possession dans le

futur. Tous les accès pour elle constituent une préparation de « l'œuvre de rêve» et ainsi contribuent à une formation dans le milieu.

Je ne peux pas affirmer avoir fait face à des œuvres qui m'ont séduites au point de les désirer dans mon salon ou de vouloir investir là-dedans. Cependant, je n'éloignerais pas l'éventualité, si ma curiosité m'amène à fréquenter ce genre de milieu de manière plus approfondie, par exemple, d'un jour tomber sur

«

1'œuvre de mes rêves », qui me plairait et me toucherait au point d'éprouver le besoin de me l'approprier.

Ce coté «apprentissage» a été étudié par Pine II et Gilmore (1999) comme une des caractéristiques de l'expérience. Dreyfus et Dreyfus (1999) proposent aussi que les techniques (de la perception) soient apprises dans la vie à travers le jugement, l'erreur, et/ou l'observation ainsi que l'implication, la pratique, et l'expérience. L'acquisition des techniques, réciproquement, détermine comment les situations ou les choses, dans le futur, pourraient être traitées avec de réponses appropriées.

Accès - un choix personnel

Chez d'autres interviewés, nous trouvons aussi que c'est souvent un caractère propre à chaque individu, une satisfaction spirituelle qu'un « accesseur» recherche pendant la visite:

Oui ... C'est un caractère aussi: «je veux telle chose ou comme ça

»...

je ne suis pas tellement comme ça ... Donc posséder des œuvres? Je prends plaisir à en voir beaucoup, je les ai dans la tête, à la limite, je n'en ai pas besoin chez moi.

L'interviewé montre que l'aspect «découverte» l'intéresse plus que d'autres. Pour elle, être au courant de ce qui se passe dans le milieu paraît plus important et intéressant. Accès est ainsi la meilleure manière pour elle d'atteindre cet objectif.

Je ne suis pas intéressée par l'achat d'une œuvre, ce qui m'intéresse est vraiment la découverte. Ce n'est pas ça (l'achat) qui m'intéresse, c'est plus l'aspect culturel. Je suis assez éloigné de ce qui se passe sur le marché de l'art. Ce n'est pas ça qui me motive et qui m'intéresse. Je sais qu'il y a des œuvres qui valent chères et d'autres qui en valent moins, mais la possession n'est pas mon objectifpremier. Si j'ai un coup de foudre, je

regarde des images et des reproductions ou j'achète des livres, j'aime bien les bouquins.

Accès -la seule manière d'apprécier certaines œuvres installées à l'extérieur

Pour Mme. B, certaines œuvres sont faites pour être «accédée»

et non «possédée ». La

question ne se pose même plus, selon elle, pour ce genre de situation.

Je m'intéresse pas mal au Land Art et aux œuvres d'art éphémère en général. Il ne peut donc pas y avoir de désir de possession car c'est l'intervention d'artistes qui travaillent avec les matériaux de la nature dans la nature ... J'ai vu des installations en France mais je ne suis jamais allée en Amérique voir ce type d'art. Il y a des choses que j'aimerais voir mais que je n'ai pas vues. Il y a aussi des artistes qui viennent travailler

sur l'île de la Réunion de temps en temps et là je les rencontre mais ça reste très limité. Le côté respect de la nature et le coté éphémère, c'est ce qui me plait, hors des circuits galeries, musées traditionnels.

Antoine (1991) expliquait que l'art contemporain, ou l'art d'accommoder les restes, prend

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