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G-3 Un changement déterminant de l’écriture : le Li bian( 隸 變 Lì biàn

,

li =lì shū,

Ecriture des clercs ou écriture de Chancellerie61 ; biàn =changement )

: un changement de l’écriture des caractères paléosigillaires aux néosigillaires, puis aux caractères notariaux, aux caractères d’écriture rapide et aux cursifs.

60 « Le mérite du souverain empereur s’est appliqué avec diligence aux occupations fondamentales. Il

a mis en honneur l’agriculture ; il a proscrit la dernière des professions, les têtes noires ont alors été heureuses. Dans tout ce qui est sous le ciel, les cœurs se sont appliqués, les volontés se sont unies. Les armes défensives et offensives ont eu des dimensions identiques ; il a rendu uniformes les caractères primitifs et les caractères dérivés ». Se-ma Ts'ien, Mémoires historiques, Annales principales , Chapitre VI , Ts'in Che – hoang, traduits et annotés par Edouard Chavannes.

http://www.chineancienne.fr/traductions/se-ma-ts-ien-les-m%C3%A9moires-historiques/#extrait1 .

61 Naissance et évolution du style des scribes : Selon la tradition, 程邈 Chéng Miǎo, directeur de

prison sous la dynastie Qin (221-206 avant l'ère chrétienne), créa à partir du style sigillaire un style plus simple à tracer, plus régulier et permettant la rapidité. L’administration chinoise souhaitait se doter d’une écriture facilitant l’apprentissage et la prise de notes, renforçant par là son pouvoir en renforçant le pouvoir de l’écrit. Le style des scribes est donc celui des fonctionnaires. Existant en même temps que le sigillaire sous les Han (IIème siècle), il finira par le remplacer sauf en calligraphie. Dans la pratique, le style des scribes (隸書 lìshū) se caractérise par des traits épais, carrés et aplatis et

relativement espacés. S’ils étaient encore étirés et ondulés sous les Hans orientaux, ils deviennent par la suite et jusqu’à notre époque plus réguliers, leur verticalité leur donne une allure majestueuse. Outre la calligraphie et les documents administratifs, ils seront utilisés pour illustrer slogans, citations, titres…

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Image 3 : Style sigillaire petit sceau

Les points essentiels de cette évolution sont les suivants : avec les caractères sigillaires, passage du trait incurvé au trait droit; puis passage du tracé au pinceau arrondi au tracé carré ; puis passage de la structure voûtée à la structure mouvante, de l’exécution lente et minutieuse des tracés à l’exécution rapide et enlevée.62

Le processus se produit entre les dynasties Qin et Han ; il est le point de départ d’une nouvelle évolution des caractères chinois. L’étude de la philologie chinoise en tant qu’activité cognitive ne pouvait pas négliger cette transition.

62 Le style sigillaire ( 篆書 zhuànshū) est le plus ancien des styles utilisé en calligraphie : (dynastie

Qin, 221-206 avant l’ère chrétienne). De nos jours, utilisés dans la confection des sceaux, les caractères sigillaires, archaïques, étaient autrefois destinés à être gravés dans le bronze ou la pierre. Les lignes sont fines et d'épaisseur constante. Il n’y a pas de réelle contrainte dans le style, la forme des caractères est assez libre, c’est un peu le tracé que l’on obtiendrait de nos jours avec un feutre, c'est-à-dire courbe, peu anguleux. Il y a souvent équilibre entre les intervalles et la largeur du tracé s’il s’agit de gravure, et les caractères complexes donnent une impression très compacte.

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Image 4 : Style des scribes

La modification de xiǎozhuàn (petit sceau) à lìushū (écriture officielle ou scribe)

va se généraliser pour créer l’écriture chinoise, elle transforme l’ancienne écriture en écriture contemporaine tout en conservant les structures des composants. C’est elle qui précède l'écriture régulière qui est utilisée de nos jours pour la langue chinoise. Concrètement, c’est à cette époque que se fixent les éléments graphiques ou morphèmes (永 yǒng: servant de référence et contenant les huit éléments graphiques

utilisables).

Huit principes de Yong : Trait horizontal (一 ); trait vertical ( 丨 ); Point ( ` ); Crochet ( 乙) ; Courbe oblique à gauche (丿) ; le « crochet final » (亅) ; trait diagonal gauche (乀) ;trait diagonal droit (ノ).63

Il ne s’agissait pas que de réduire le nombre de traits et de les simplifier, fixer des prototypes que sont les clés pour faciliter la reconnaissance des caractères, mais trois passages qui sont essentiels : avec les caractères sigillaires, passage du trait

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Les huit traits assemblés du mot 永 yǒng signifient ‘éternité’ : ce mot est un caractère clef pour la

calligraphie chinoise puisqu'il montre à lui seul les huit traits calligraphiques les plus courants que les calligraphes chinois présentent, ce sont les huit principes de yǒng. La pratique régulière de ce

caractère permet d'acquérir la souplesse calligraphique pour maîtriser son écriture. Les éléments graphiques mentionnés ci-dessus sont donc au nombre de huit, mais en synthétisant, on ne compte que huit traits nécessaires, puisque le crochet suivi d’un trait oblique peut n’être compté que pour un seul tracé ainsi que le crochet suivi d’un trait vers le bas. Les huit graphismes utilisés sont les graphismes fondamentaux de l’élaboration des sinogrammes de la langue chinoise : il n’y a que ces six éléments de composition pour constituer tous les sinogrammes. Le nombre de graphèmes, comparé aux langues d’origine indo-européenne avec systèmes alphabétiques de plus de vingt lettres, est donc extrêmement réduit. Le tracé d’un sinogramme fera essentiellement référence au sens mais un élément phonétique s’y ajoutera.

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droit au trait incurvé, passage du tracé au pinceau arrondi au tracé carré, puis passage de la structure voûtée à la structure mouvante, de l’exécution lente et minutieuse des tracés à l’exécution rapide.

Le nombre de traits s’est réduit, il fallait limiter la variété trop abondante et complexe, le côté pictural a aussi été abandonné car difficile à représenter, les courbes ont disparu et ont été remplacées par des traits rectilignes, se coupant à angle droit. Par exemple : l’herbe 艸 simplifié en 艹 ; le tonnerre 靁 ; trois rizières réduit en un seul 雷. En plus, les clés de différentes formes vont servir d’éléments idéographiques et seront placées en différents endroits : le cœur 心 , stylisé en 忄 sont placés à gauche ; les autres représentations 恭 ou partie 心 déplacée vers le bas.

En résumé, des modèles de base comme la main ou le cœur sont fixés et leur place dans le sinogramme est précisée, c’est-à-dire dans la partie droite en haut ou en bas. Les clés telles que : 亻(homme)、口 (bouche)、火(feu)、木(arbre)、冫(glace) sont fixés à gauche ; 力(la force)、見(voir)、刂(couteau)、 鳥(oiseau)、斤(arche) sont du côté droit;冖(le toit)、雨(la pluie)、穴(grotte) se placent au-dessus;凵(récipient)、 心(cœur)、皿(plat) sont mis en dessous.

La simplification des caractères est une étape nécessaire : l’utilisation des clés et la place des éléments à l’intérieur de l’idéogramme sont devenues systématiques mais les représentations multiples de certaines clés ou de certains éléments (mains, cœur, pieds) complexifient l’idéogramme et le rendent souvent peu reconnaissable. Les caractères suivants sont les clés de la main, mais les parties perceptibles qui existent dans l’écriture archaïque sont désormais inconnues, peu identifiables : 父、 尹、書、舀、左、右、妻、友、爭、鬥、受、弄、秦、授、舁、興、與. Dans ces mots, reconnaîtrons-nous, combien de mains sont dissimulées ? Les groupes des pieds tels que 出、之、前、定、步、陡、降、舛、舞、韋、复, ont-ils la forme de pieds ?

Malgré cette variété et complexité du sinogramme, il existe des moyens de l’analyser et d’identifier des sous-parties reconnaissables (par mnémotechnique) indiquant par exemple le son ou le sens.

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Ces classes de reconnaissance sont au moins au nombre de six :

1 – le corps et les membres :手 main、止 pied,、人 homme、女 femme、耳 oreille、 目yeux、口 bouche….etc.

2 – les activités et caractéristiques physiques : 大 grand 立 debout、攵、夊、步 marche、身 corps、彳、亍 pas.. .etc.

3 – les phénomènes naturels : 日 soleil、月 lune、山 montagne、石 pierre、水 eau、 火feu、土 terre、雨 pluie…etc.

4 – la végétation et les animaux : 牛 buffle、羊 mouton、犬 chien、馬 cheval、 隹oiseau、魚 poisson、竹 bambou、木 arbre、米 riz、來 blé、艸 herbe……etc.

5 – la culture et la vie quotidienne : 斤、戈 armes、 門 porte、 宀 toit、 皿 récipients、 耒outils agricoles、ㄠ、 衣 habit、 豆、酉 tonneaux、田 rizière、刀 couteau、 冊livres、車 voiture、貝 coquillages、玉 jade、言 parole、示 manifester au-delà……

7 – les déictogrammes : nombres 一 ou 八 et présentations de mots horizontalement verticalement, à l’envers…

H  –  Définition de  la  langue  et  sa  place  par  rapport  à