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2.1 SRUCTURATION ET HIÉRARCHISATION SPATIALE DE L'HABITAT

2.1.1 Structure et dynamique du peuplement

2.1.1.3 Évolution micro-régionale

De manière générale, nous pouvons observer que les diverses régions du Languedoc oriental se comportent de façon similaire, malgré quelques écarts ou décalages (Figure 17 et Figure 19).

Jusqu'au VIe s. av. J.-C. tandis que toutes les régions accroissent leur effectif d'établissements, ceux de la Vidourlenque ont tendance à se raréfier (Figure 16). Toutefois, il faut noter la progression de la surface globale occupée (Figure 18) qui révèle probablement un phénomène de regroupement de l'habitat sous la forme de hameaux, comme ceux repérés vers le Bois des Lens (Bessac, et al. 1979 ; Py 1990 : 278-279). Dans la même période, la région entre Montpellier et Lunel semble relativement mieux représentée en nombre d'établissements que les autres, notamment en raison de la densité du peuplement des rives de la lagune littorale (Dedet, Py 1985b ; Dedet, Py 1985c ; Dedet, Py 1985d). En revanche, dès le Ve s., le processus s'inverse avec une diminution de la part des établissements dans la même région, qui se trouve en partie délaissée, tandis qu'en Vidourlenque, en Vaunage et en Vistrenque le nombre des établissements est en augmentation. Ainsi, au cours du premier Âge du Fer, l'évolution du Lunellois-Montpelliérais tranche nettement avec celle des autres régions. Au cours des IIIe et IVe s., nous retrouvons le creux déjà observé dans toutes les régions, avec une amplitude réduite en Vistrenque dont la part des établissements demeure relativement élevée. À partir du IIe s., nous pouvons noter une même tendance dans toutes les régions vers l'augmentation du nombre des établissements, particulièrement marquée en Vaunage et Vidourlenque au Ier s.

La représentation de la superficie occupée par région confirme l'évolution générale observée sur l'ensemble des établissements du Languedoc oriental. Aucune des régions ne semble donc influencer la dynamique générale au détriment des autres, ce qui pouvait être un biais de l'analyse. Au contraire, chaque région prise indépendamment montre une progression nuancée avec des paliers, selon une allure qui rappelle une croissance de type logistique. Le modèle logistique décrit la croissance constante d'une population qui à un moment donné est limitée par un seuil qu'elle ne peut dépasser en raison du contexte économique et social dans lequel elle évolue. Ce seuil peut être lié par exemple aux "surfaces disponibles, à l'accessibilité des lieux, à la concurrence des lieux" (Pumain, Saint-Julien 2001 : 139-142).

0 10 20 30 40 50 60 70 80

VIIe VIe Ve IVe IIIe IIe Ier

siècles

Lunellois-Montpellierais Vidourlenque

Vaunage Vistrenque

Figure 16 – Évolution du nombre d'établissements occupés par région

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60%

VIIe VIe Ve IVe IIIe IIe Ier

siècles

Lunellois-Montpellierais Vidourlenque

Vaunage Vistrenque

Figure 17 – Évolution relative du nombre d'établissements par région (% sur le total des établissements occupés à l'Âge du Fer par région)

0 10 20 30 40 50 60

VIIe VIe Ve IVe IIIe IIe Ier

siècles

Lunellois-Montpellierais Vidourlenque

Vaunage Vistrenque

Figure 18 – Évolution de la superficie occupée par région

0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35% 40%

VIIe VIe Ve IVe IIIe IIe Ier

siècles

Lunellois-Montpellierais Vidourlenque

Vaunage Vistrenque

Figure 19- Évolution relative de la superficie occupée par région (% sur le total de la superficie occupée à l'Âge du Fer par région)

Comme nous l'avons déjà évoqué, il reste difficile, en ce qui nous concerne, de parler en termes démographiques, car nous n'avons pas d'idée exacte sur le nombre d'habitants concernés et parce que l'échelle séculaire retenue correspond à deux, voire trois générations de personnes en fonction de l'estimation de l'espérance de vie. Cependant, en suivant la progression linéaire générale, toutes choses égales par ailleurs, nous pouvons comparer les décalages dans la croissance du "peuplement" de chaque région. La représentation des écarts à la tendance globale montre les différentes phases d'accélération, de stabilité ou de ralentissement de la croissance, par rapport à la croissance moyenne (Figure 20). A cet égard, il faut noter une surface globale occupée relativement élevée en Vaunage au IVe, due en partie à la création de l'oppidum de Roque de Viou, c'est-à-dire au regroupement de l'habitat dans une agglomération ce qui par conséquent s'exprime par un nombre d'établissements peu élevé à cette période (Figure 16). En Vidourlenque au Ier s., on observe aussi une croissance extraordinaire de la superficie globale occupée, toutefois elle ne traduit pas le même phénomène qu'en Vaunage, dans la mesure où elle est associée à une forte progression du nombre des établissements ce qui traduit une densification du peuplement. Quoi qu'il en soit, ces évolutions révèlent probablement une attraction et un développement singulier de ces régions à ces époques. Dans une moindre mesure, nous percevons ce phénomène en Vistrenque au cours des Ve et IIIe s., ainsi qu'en Lunellois au IIe s. À l'inverse, nous pouvons noter une occupation relativement faible de l'espace occupé en Vaunage au Ve s., de la Vidourlenque au IVe s. et du Lunellois au IIIe s. Mais cette diminution de la surface occupée ne s'explique pas toujours de la même manière. En effet, il s'agit d'une probable désertion des régions de la Vidourlenque et du Lunellois, qui voit respectivement chuter le nombre des établissements occupés au IVe et au IIIe s., tandis qu'en Vaunage la rétraction de l'espace occupé révèle un essaimage de petits établissements relativement nombreux, comme en témoigne le pic du nombre d'établissements occupés au Ve s. (Figure 16).

Finalement, la variation de la superficie globale occupée par rapport à la moyenne et l'alternance des périodes de forte croissance puis de stabilité (Figure 19) montre probablement que certaines régions se révèlent plus attractives que d'autres à un moment donné, ce qui contribue à une croissance localement accélérée et à des décalages régionaux. En effet, nous pouvons supposer que l'installation d'un habitat ou d'un groupe d'habitats qui met en valeur une zone, tant d'un point de vue agricole qu'infrastructurel, lui confère un potentiel d'attraction vis-à-vis de nouvelles installations. Cette attraction va se concrétiser par l'implantation de nouveaux établissements dans la zone, qui vont contribuer au développement de la mise en valeur de l'espace. Si nous retenons cette hypothèse, il reste à déterminer quels sont les moteurs de la croissance et en particulier les facteurs qui la stimulent suffisamment pour développer un potentiel d'attraction. En d'autres termes, nous devons essayer de comprendre pourquoi une région devient plus attractive qu'une autre à une période donnée. Pour tenter de répondre à cette question, il convient de dépasser l'approche quantitative pour s'orienter vers une analyse qualitative de la structure de peuplement. Comme nous avons pu le constater sur le terrain, les établissements archéologiques enregistrés n'ont en effet pas tous la même fonction : certains peuvent être rangés dans la catégorie des "agglomérations", tandis que

d'autres s'apparenteront plus à des fermes, voire à des annexes agraires. Cette simple remarque montre que, dans une analyse spatiale, nous ne pouvons pas comparer des établissements dont la compétence territoriale est a priori fort contrastée. Or, la masse d'informations à notre disposition est trop importante pour que l'on puisse établir manuellement une typologie objective. Dans ces conditions, j'ai choisi d'utiliser une analyse