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V. ÉVOLUTION DU VOLUME ET DES ORIENTATIONS DE L’AIDE PUBLIQUE

4. Évolution de l’aide multilatérale

La création et l’extension rapide de tout un réseau d’institutions multilatérales à vocation de développement - dont la politique et le fonctionnement sont habituellement réglés par décision collective des gouvernements membres - ont été une pièce maîtresse de l’action en faveur du développement. La manière dont ce réseau s’est développé et affiné peut être considérée comme une des grandes réussites de la coopération internationale.

Le tableau V-5 indique, dans l’aide des Membres du CAD, la part qui est acheminée par l’intermédiaire des institutions multilatérales. Pour atténuer l’incidence des fluctuations des contributions aux institutions multilatérales, les comparaisons portent sur des périodes de trois ans. Le rôle de l’aide multilatérale s’est sensiblement élargi entre le début et le milieu des années 70. Les ressources de l’Association internationale de développement (IDA) se sont fortement accrues, de même que les moyens mis à la disposition des nouveaux guichets d’aide libérale des banques régionales de développement et les concours acheminés par l’intermédiaire du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Au cours de la même période, un volume considérable d’aide alimentaire a pu être apporté grâce au Programme alimentaire mondial, à la création du Fonds international de développement agricole (FIDA) et d’un certain nombre d’importants mécanismes de financement à des conditions de faveur au

Tableau V -5 . ÉVOLUTION DES CONTRIBUTIONS DES PAYS DU CAD AUX INSTITUTIONS MULTILATÉRALES

69/71 74/76 79/81 89/91 En pourcentage de L ’APD totale

Australie 12 16 23 28 Autriche 56 47 29 24 Belgique 13 (25) 16(30) 15 (30) 25 (42) Canada 23 34 40 32 Danemark 44 (44) 42 (45) 39 (46) 36 (42) Finlande 47 48 44 39 France 5(11) 6(14) 8(16) 11 (22) Allemagne 15 (24) 19 (32) 21 (33) 18 (33) Irlande 60 (85) 27 (66) 18 (60) Italie 17 (34) 37 (78) 49 (83) 23 (37) Japon 19 26 32 23 Pays-Bas 19 (26) 24 (34) 19 (26) 20 (29) Nouvelle-Zélande 15 22 25 15 Norvège 57 47 42 38 Portugal 1 .. 6(24) Espagne - - - - - - 16(38) Suède 53 36 31 30 Suisse 37 36 35 22 Royaume-Uni 23 (23) 32 (36) 24 (38) 22 (44) États-Unis 14 32 28 19 TOTAL CAD 16(18) 25 (30) 25 (30) 21 (28) En pourcentage du PNB 0.05 (0.06) 0.08 (0.10) 0.09 (0.11) 0.08 (0.09) En millions de dollars Total :

Aux prix et taux de change courants 1 121 (1 291) 2 554 (2 970) 6 221 (7 683) 11 036 (15 410) Aux prix et taux de change constants

de 1990 4 905 (5 649) 8 648 (10 229) 10 251 (12 657) 10 673 (15 091)

En pourcentage du total de l’aide multilatérale

Contributions aux organismes multilatéraux

IDA 35.9 33.9 32.7 27.7

NU 29.2 25.9 26.5 26.9

Banques régionales 0.2 0.9 13.6 11.3

CEE 13.2 14.0 19.0 23.6

A utresa 21.5 25.3 8.2 10.5

Note : Les chiffres entre parenthèses indiquent le pourcentage obtenu si l ’on tient compte des contributions versées à la CEE.

sein du Fonds monétaire international (FMI). En outre, on a observé une progression considéra­ ble de l’aide acheminée par les États Membres de la CEE par l’intermédiaire des programmes communautaires. Dans la seconde moitié des années 70, l’aide multilatérale a marqué un palier. Par contre, au cours des années 80, la part des programmes multilatéraux dans l’aide totale des Membres du CAD a décliné. Ce déclin a été particulièrement prononcé dans le cas des grands donneurs comme les États-Unis, le Japon et l’Italie. Les pays nordiques et le Canada demeurent au premier rang pour leur contribution à l’aide multilatérale. La diminution de l’importance relative de l’APD multilatérale, instrument essentiel de soutien des efforts coordonnés de réforme des politiques et d’ajustement structurel entrepris dans les pays à faible revenu, est particulièrement inquiétante.

Depuis quelque temps, une grande attention est accordée au renforcement et à l’améliora­ tion de l’efficacité du système des institutions multilatérales de développement. L ’étude réali­ sée par les pays nordiques, qui traite des réformes susceptibles d ’être opérées dans les activités menées par le système des Nations Unies dans le domaine économique et social et dans celui du développement, apporte une contribution importante à cet égard. On y propose un renforcement du rôle dévolu dans la pratique aux Nations Unies et à ses organismes spécialisés. On met par ailleurs en évidence la nécessité de mieux définir les rôles respectifs du système des Nations Unies et du groupe de la Banque mondiale sur la base de leurs avantages comparatifs. Le CAD a examiné certaines de ces questions dans le cadre des travaux présentés dans son rapport sur la

Coopération pour le développement dans les années 90 (OCDE, 1989). Les principales direc­ tives qui se dégagent pour l’avenir sont récapitulées ci-après.

L ’aide multilatérale continue de bénéficier d’un soutien vigoureux. Cependant, les don­ neurs fondent de plus en plus leur jugement concernant les organismes multilatéraux sur l’efficacité avec laquelle, à leur avis, ces organismes s’acquittent de certaines tâches précises sans poser en prémisse que l’aide multilatérale est en général préférable à une aide bilatérale. Or, sur la base de ce critère, la performance de certains organismes est généralement jugée médiocre. En conséquence, l’impératif, dans l’immédiat, pour la plupart des organismes est d’améliorer leur capacité opérationnelle et la qualité de leurs projets à partir d’une vision commune plus nette des objectifs à atteindre.

La Banque mondiale, le FMI et le PNUD sont les principales institutions multilatérales qui interviennent dans les domaines de la coordination de l’aide et de la planification des politiques. Ils pourraient cependant mettre davantage à profit les connaissances spécialisées des institutions sectorielles des Nations Unies lorsqu’ils formulent des avis à l’intention des États. Renforcer le rôle du PNUD en tant qu’organisme central de financement des programmes de coopération technique des Nations Unies reste une préoccupation majeure. Ce rôle d ’organe central de financement incombant au PNUD est la condition préalable et nécessaire de la cohérence de l’ensemble des programmes menés par l’Organisation des Nations Unies. Il y a lieu d’encoura­ ger les institutions sectorielles des Nations Unies à renforcer leur capacité d ’adaptation, de manière à ne plus travailler au coup par coup en fonction de tel ou tel projet mais à adopter une approche plus stratégique centrée sur les pays pris individuellement et s’articulant autour de trois éléments essentiels :

- amélioration des politiques ;

- élaboration de programmes assortis de priorités convenues en matière d’investissements et de dépenses publics ;

- soutien au renforcement institutionnel.

On s’accorde maintenant de manière générale à penser que les banques régionales de dévelop­ pement, tout en continuant à orienter essentiellement leur action sur les projets, devraient aussi

s’employer, dans une certaine mesure, à mettre au point des instruments de prêt pour l’exécu­ tion des programmes d’action gouvernementale, travaillant ainsi en parallèle avec la Banque mondiale et le FMI. Une question capitale est celle du financement. D ’importantes négociations concernant les appels de fonds auront lieu pendant l’année en cours, notamment pour reconsti­ tuer les ressources de l’IDA. En ce qui concerne tout particulièrement les institutions à vocation mondiale, le problème est de préserver à la fois un véritable esprit de multilatéralisme grâce à une large participation au financement et une expansion satisfaisante du volume total des concours.

Il est encourageant de constater qu’à la réunion de l’automne 1992 du Comité du dévelop­ pement (Comité ministériel conjoint des Conseils des gouverneurs de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international sur le transfert de ressources réelles aux pays en développement), les ministres ont appelé les délégués à l’IDA à opérer une avancée significative à leur réunion de novembre 1992 afin de parvenir à un accord, avant la fin de l’année, sur une Dixième reconstitution substantielle des ressources de l’IDA. Les ministres sont par ailleurs convenus qu’il fallait poursuivre l’examen d ’un «Supplément spécial pour la Terre» qui servirait à la défense de l’environnement.