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Évaluation et comportements

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 178-200)

« Le nombre remplace le contenu : on ne lit plus, on compte » (Eraly, 2011 : 32)

Introduction

Pourquoi parler d’évaluation ? Afin de mieux comprendre la raison, il faut revenir sur ce que nous avons déjà dit. Pour les établissements d’enseignement, les classements internationaux et les accréditations représentent des moyens puissants pour acquérir du capital symbolique, c’est-à-dire de solidifier et/ou améliorer leur réputation au niveau international. Cette réputation permet d’attirer les meilleurs étudiants et enseignants-chercheurs. De plus, elle facilite la création de partenariats internationaux, ce qui a pour effet d’encourager les enseignants-chercheurs à collaborer avec leurs homologues des institutions partenaires, tout en encourageant la mobilité des étudiants.

Afin d'améliorer leur position dans les classements internationaux et leurs évaluations lors des audits des agences d’accréditation, les établissements d’enseignement supérieur doivent aligner leurs actions et décisions afin de mieux performer dans leurs activités qui leur permettront de se distinguer et d’améliorer leur classement. Comme nous venons de le voir précédemment, gardons à l’esprit que « mieux performer » signifie différentes choses, selon les classements et les accréditations concernés. Pour les classements internationaux, c’est habituellement être plus productif en matière de publications scientifiques. Pour les accréditations, quatre dimensions sont importantes : l'enseignement, la recherche, l’internationalisation et le lien avec la communauté des affaires. Par conséquent, les établissements d’enseignement supérieur entreprennent tout ce qui est en leur pouvoir dans le but de mieux se positionner en « utilisant » plus efficacement leurs ressources internes et en créant de nouvelles injonctions institutionnelles. C’est à ce moment-là que les systèmes d’évaluation entrent en scène afin de mettre au diapason les intérêts individuels des enseignants-chercheurs (volonté d’être reconnus dans leur discipline, d’enseigner des cours qui les intéressent, etc.) avec ceux de l’institution (volonté d’amélioration de la performance

globale de l’institution et de sa réputation). L’évaluation est donc un outil stratégique à la disposition des institutions d’enseignement afin d’atteindre leurs objectifs.

Évidemment, les systèmes d’évaluation dans les établissements d’enseignement supérieur existent depuis très longtemps, mais ce qui change c’est que cette évaluation se combine désormais essentiellement avec des outils bibliométriques et informatiques afin de mesurer – certains diraient contrôler – l’efficacité de la production des connaissances par les enseignants-chercheurs concernés. Chose à laquelle s’intéressent également de près les instances gouvernementales dans le but de vérifier la qualité de l’enseignement supérieur et leur « retour sur investissement ». En outre, les citoyens contribuables en font de même et se contentent très souvent de lire les journaux qui se nourrissent des classements internationaux qui eux-mêmes s’abreuvent de « chiffres » liés aux publications. Ainsi, les systèmes de classements des établissements et des revues s’ajoutent à cette force qui unit l’enseignant-chercheur et le système de publication.

C’est ainsi que certains enseignants-chercheurs nous ont affirmé que pour un enseignant-chercheur, l’évaluation est désormais omniprésente dans leur travail et qu'ils doivent rendre compte de plus en plus de leurs activités, presque chaque année que ce soit pour obtenir une promotion, du financement ou simplement démontrer que les étudiants sont satisfaits de leur « performance » en classe (Charles, 2009). Les enseignants-chercheurs doivent s’adapter aux nouvelles injonctions institutionnelles dont beaucoup viennent des classements et des systèmes d'accréditation.

Culture de l’évaluation et culture de métier

Le système d’évaluation et les comportements sont souvent intimement liés dans le monde du travail et dans la société en général (Dejours, 2003). Les « systèmes d’évaluation » pris au sens large existent sur une multitude de dimensions de la vie et chaque pays peut avoir les siennes qui lui sont propres et cela s’applique aussi – ce qui nous intéresse davantage – à chaque organisation et à chaque métier. Cette tendance à l’évaluation s’est tellement diffusée dans tous les aspects de la vie sociale qu'elle en est devenue « une culture » :

« La culture de l’évaluation, c’est-à-dire à la fois les dispositifs techniques d’évaluation et les discours qui les accompagnent et leur apportent une justification, se diffuse dans tous les secteurs de la société : le travail, la

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169 santé, la justice, l’emploi, la police, l’associatif, l’enseignement, la

recherche, la formation – pour l’essentiel sans grande résistance. La cause est entendue : l’évaluation est un des emblèmes de notre modernité réflexive et quiconque s’avise de s’y opposer choisit son cap ipso facto, celui du conservatisme, de l’inefficience et du déclin » (Eraly, 2011 : 15).

Cette culture de l’évaluation imbibe aussi les cultures professionnelles. Car un métier c'est faire des choses précises et analyser des problèmes en fournissant une approche, une expertise, un savoir-faire, une vision du monde intériorisée (l’éthos du métier) et une culture propre aux individus concernés. Les enseignants-chercheurs n’y échappent pas plus que les autres métiers et réagissent, comme tous les êtres humains à qui l'on offre la possibilité de choisir entre la carotte et le bâton. En d’autres mots, ils chercheront à éviter les punitions et à maximiser leurs récompenses. Les punitions et les récompenses peuvent prendre une multitude de formes parfois uniquement « symboliques », telles la réputation ou la reconnaissance par les pairs.

Pour mieux comprendre une profession ou une organisation, il est utile d’étudier à la fois sa culture d'évaluation et sa culture de métier, car toutes deux sont intimement reliées puisque le système d'évaluation a été conçu afin d'offrir un modèle de comportements jugés efficaces et souhaitables – par exemple, les bonnes pratiques – auxquels les individus d'une organisation ou d'un métier devraient s'identifier. Cela crée des habitudes, des attitudes, des comportements qui seront partagés par les membres d’une profession et appris par ceux qui aspirent au métier. Les systèmes d'évaluation participent donc aussi à la naissance d’une culture organisationnelle en influençant la culture des métiers et vice-versa. Un système d'évaluation est souvent utilisé par les membres d'un collectif afin d'ajuster leurs propres comportements, mais aussi afin de se situer les uns par rapport aux autres, créant une sorte de hiérarchie. Ce faisant, l’influence des systèmes d’évaluation s’étend aussi au niveau des décisions d’actions puisque les individus vont chercher à « maximiser » leurs avantages/bénéfices en choisissant des comportements qui seront davantage récompensés/rémunérés.

Avant d'amorcer cette section sur l’évaluation, nous nous permettons d’écrire quelques pages sur l’influence du travail qui « forme le regard » que les membres d’un métier ou d’une profession (enseignants-chercheurs, professionnels, médecins, etc.) portent sur eux-mêmes, les autres et leur travail : l’éthos d’un métier. Nous allons donc commencer par parler

de la culture de métier au sens large, c'est-à-dire de ne pas nous restreindre aux enseignants-chercheurs afin de mieux comprendre l'influence du travail dans la vie des êtres humains aujourd'hui et de voir à quel point la frontière entre la vie professionnelle et la vie personnelle est ténue. Cela permettra de rappeler que si les systèmes d’évaluation ont un effet sur la culture de métier, c’est qu’ils changent aussi la manière dont les individus voient leur métier et la relation qu’ils entretiennent avec lui (Dejours, 2004). Ensuite, nous pourrons étudier à la fois le système d'évaluation utilisé dans les établissements d'enseignement supérieur. Et cela permettra de mieux comprendre l'impact de ces systèmes d'évaluation sur le métier d’enseignant-chercheur. Nous verrons aussi à quel point les systèmes d’évaluation sont utilisés par les institutions d’enseignement afin d’améliorer leur compétitivité internationale en fonction des critères que prônent les classements internationaux (surtout la recherche) et les accréditations (l’enseignement, la recherche et le lien avec la communauté d’affaires) que nous avons exposés plus tôt. Comme vous le constaterez, tout s’imbrique dans un immense système qui formera le cadre de notre typologie d’enseignants-chercheurs.

Le travail : des univers professionnels à l’organisation

Aujourd’hui, les organisations se situent à tous les niveaux de nos vies. En fait, beaucoup d’individus passeront plus de 35 ans au sein de différentes organisations. Si on ajoute le temps de formation, on réalise que le travail accompli dans une organisation forme en grande partie le moteur de l’existence moderne. Juste en termes de situation temporelle dans nos vies, on parle fréquemment du temps des études – l’avant travail – c’est-à-dire le processus par lequel la majorité de la population occidentale acquiert son métier. Ensuite, on parle du travail comme le centre de nos vies qui nous permet à la fois de nous réaliser – certes pas toujours – et d’être rémunérés en récompense de nos efforts. Plus tard vient la retraite – l’après-travail – où l’on profite de nos dernières années pour revenir à l’essentiel : à la famille, aux amis et à soi-même en réfléchissant sur ce que nous avons fait de notre vie. Le travail représente donc le cœur du mouvement de l’existence et bien entendu du cycle économique de toute vie humaine contemporaine au sein d'une société capitaliste.

Notre profession sert à la fois d’identification à un groupe d’appartenance avec lequel on partage une vision commune du monde, mais aussi, et surtout elle fait partie intégrante de notre identité et de la façon dont nous nous représentons nous-mêmes par rapport aux autres

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171 et notre travail. Le travail c’est la réunion de l’alter et de l’ego; de l’autre et du soi. Pour Sainsaulieu (1977), le travail est devenu un nouveau lieu de rencontres et de relations humaines : de coopération et de compétition. Il y a donc une « influence profonde du travail organisé sur les structures mentales et les habitudes collectives des habitants du monde industriel ou administratif » (Sainsaulieu, 1977 : 9). Le travail se vit donc au-delà de ses fonctions intellectuelles, techniques ou manuelles. Les dimensions psychosociologiques du travail sont aussi importantes que ses dimensions techniques (Hughes, 1956). Un défi de notre vie, c’est de se situer consciemment et inconsciemment à travers les méandres relationnels créés par l’économie politique du travail. De trouver un équilibre. C’est pour cela que nous parlons d’existence, c’est-à-dire de temps, d’espace, de désir, de rationalité, d’irrationalité, de pulsion de vie se mêlant à la pulsion de mort – l’Éros et le Thanatos – de Freud (Chanlat, 1990; Dostaler et Maris, 2009). Par notre métier, notre position sociale qui représente notre statut et symbolise un territoire socioéconomique délimite nos activités quotidiennes (Abbott, 1988).

« Ce que nous appelons « travail » est une invention de la modernité. La forme sous laquelle nous le connaissons, pratiquons et plaçons au centre de la vie individuelle et sociale, a été inventée, puis généralisée avec l’industrialisme. Le « travail », au sens contemporain, ne se confond ni avec les besognes, répétées jour après jour, qui sont indispensables à l’entretien et à la reproduction de la vie de chacun; [...] ni avec ce que nous entreprenons de notre chef, sans compter notre temps et notre peine, dans un but qui n’a d’importance qu’à nos propres yeux et que nul ne pourrait réaliser à notre place (Gorz, 1988 : 25).

Le travail et les interactions sociales

Aujourd’hui, parler d’un métier ou d’une profession, c’est signifier par des mots et des concepts l’importance du travail comme lien avec le monde, mais aussi la progression incessante de la division du travail dans nos sociétés modernes : « Dans l’étude du travail humain toutes les approches renvoient à un moment ou un autre au fait évident, mais infiniment subtil, de la division du travail » (Hughes, 1956 : 61). Cette division des sociétés en diverses professions crée nécessairement un réseau d’interdépendances entre les individus d’une société ou d’une économie. Cette dépendance crée un besoin d’interagir avec les autres de notre entourage à tous les niveaux de notre vie, de la famille, de la collectivité, de l’économie, etc. Bref, comme nous explique Hughes (1956), chaque individu fait partie de la société, de la « totalité » du social et de l’économie. Chaque personne s’intègre dans un tout

complexe représenté par le social par le biais des interactions avec les autres métiers de la société créant inévitablement des liens foisonnants constituant la totalité des relations économiques de l’être humain (Hughes, 1956) :

« La division du travail, pour sa part, implique l’interaction; car elle ne consiste pas dans la simple différence entre le type de travail d’un individu et celui d’un autre, mais dans le fait que les différentes tâches sont les parties d’une totalité, et que l’activité de chacun contribue dans une certaine mesure au produit final. Or l’essence des totalités, dans la société comme dans les domaines biologiques et physiques, c’est l’interaction. Le travail comme interaction sociale est donc le thème central de l’étude sociologique et psycho-sociologique » (Hughes, 1956 : 61).

Chaque métier s’isole par un champ d’actions et de connaissances – par son savoir et savoir-faire – tout en les combinant avec celles des autres professions aboutissant ainsi à l’intégration sociale des métiers (Abbott, 1988). En fait, comme nous le démontre Hughes (1956), l’étude des professions ne peut plus se limiter à la simple dualité : le professionnel et le client. L’exemple que nous donne Hughes (1956) est celui du métier de médecin et de son patient. Entre les deux, il existe une foule d’acteurs qui interfèrent « dans leur relation fondamentale de leur activité » (Hughes, 1956 : 67). Il suffit de penser aux infirmières, aux médecins spécialistes, aux spécialistes issues d’autres disciplines (ex. : pharmaciens, psychologues, nutritionnistes), aux membres du personnel de soutien (ex. : administrateur, spécialistes juridiques, secrétaires médicales, etc.). Hughes (1956) donne aussi l’exemple des enseignants du secondaire qui voient leur relation avec les élèves de plus en plus occupées par l’administration scolaire, les parents, etc. Une foule d’agents susceptibles de modifier la relation pourtant si simple au premier regard entre le médecin et ses patients, entre l’enseignant et ses élèves. Cette situation s’applique généralement aux autres métiers qui s’inscrivent dans un schème particulier d’interactions, c’est-à-dire dans un processus d’interdépendance qui ne cesse de s’élargir au-delà de la profession ou du champ d’expertise spécifique : « La matrice institutionnelle dans laquelle un travail est accompli pour autrui devient certainement de plus en plus complexe dans la plupart des secteurs d’activités professionnelles; de plus en plus de catégories de travailleurs interviennent dans une division du travail aux limites toujours fluctuantes » (Hughes, 1956 : 67).

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173 L’interaction est donc au cœur de tout métier tissant ainsi une toile psycho socioéconomique qui rattache les individus et les groupes d’acteurs entre eux. Chaque métier devient un territoire identifiable et visible par les membres de cette profession ou ceux des autres (Abbott, 1988). Ce territoire psycho socioéconomique incarné par le savoir-faire et le savoir-être de tout métier devient un territoire stable, mais jamais totalement statique qu’utilisent les individus afin de se positionner par rapport aux autres. Toutes les professions s’emboîtent pour créer cet équilibre socioéconomique qui occupe depuis longtemps les économistes. Les frontières entre les divers métiers bougent parfois, notamment suite à des innovations techniques ou technologiques (Hughes, 1956a).

Le travail est une histoire humaine

Le travail représente donc une importante partie de notre existence. Cette part existentielle du travail que l’on oublie fréquemment existe par le lien unissant notre vie professionnelle à notre vie personnelle. Même si des mots séparent notre vie en diverses parties, à savoir en travail et en loisirs, ces parties n’ont en fait qu’une seule source, une même réalité interdépendante : la personne. Ce faisant, notre habitude de considérer le travail dans le but d’enrichir à tous les points de vue notre existence (psychologique, sociale et matérielle) ne devrait pas nous faire oublier la possibilité que chacun a d’enrichir son travail directement par son existence, par ses expériences et par ses talents personnels à la base même de son identité. Nous pourrions résumer cette idée par une phrase tirée d’un ouvrage de Winnicott « De l’être vient le faire, mais il ne peut y avoir de faire avant l’être » (Winnicott, 1986 : 27).

Ainsi, une personne qui s’exprime à travers son travail quotidien et vit une multitude d’expériences agréables (réalisation de soi, vie sociale, défis de toutes sortes, nouvelles connaissances, etc.) ou désagréables (stress, mises à pied, frustrations, conflits avec les collègues ou les patrons, etc.) nous offre la preuve que la vie professionnelle et l’existence d’un individu sont intimement reliées surtout dans la société d’aujourd’hui où le travail incarne une partie importante de notre identité personnelle (ce que je suis et ce que je pense être) et sociale (ce que je suis pour les autres). De plus, la majorité d’entre nous cherche du sens dans notre travail quotidien puisque le travail s’insère dans notre existence et que faire un travail sans se justifier – sans se convaincre – est pratiquement impossible. Certaines

personnes diront que c’est temporaire, que c’est une question d’argent, que c’est pour la famille, que l’emploi leur offre plein d’opportunités et de défis, etc. Le sens du travail est le cœur de la complexité de notre époque, car le travail peut certes se limiter à 35 heures par semaine, du lundi au vendredi, mais il demeure une source importante d’identités et de socialisation, et donc, à lui seul, une source de sens pour notre existence.

Une autre façon pour mieux comprendre le travail est de retourner dans le passé à travers les mille et une pages de l’histoire de l’humanité pour arriver dans l’Antiquité et réaliser que l’économie faisait partie intégrale de la famille. Gorz (1988) insiste sur le fait que tout se passait dans la sphère privée. En fait, l’économie était surtout reliée aux étapes, voire aux actions et idées, qui permettaient d’assurer la survie de la famille ou du ménage. Il ne s’agissait pas d’être par un travail (ex. enseignant), mais bien plutôt, d’être grâce au travail (vivant) puisque celui-ci était directement associé avec la survie de la personne et de sa famille. Bref, toutes les corvées jugées non désirables, mais que l’on devait faire tout de même, n’avait qu’un territoire, qu’une géographie, celle du chez-soi, c’est-à-dire les limites du ménage. Le travail était vécu en privé pour répondre aux besoins familiaux et l’on n’exagérait jamais les efforts nécessaires sauf en cas de nécessité. Le travail n’était qu’une façon de survivre, c’est tout: « L’idée même de « travailleur » était inconcevable dans ce contexte : voué à la servitude et à la réclusion dans la domesticité, le « travail », loin de conférer une « identité sociale », définissait l’existence privée et excluait du domaine public celles et ceux qui étaient asservis » (Gorz, 1988 : 28). D’ailleurs, il suffit de repenser à Platon et à Aristote qui mettaient la plus noble tâche dans le politique et dédaignaient le travail – la survie – comme uniquement digne des esclaves, ceux qu’Aristote appelait les « choses animées ». La sphère publique devenait donc – pour utiliser des expressions contemporaines – synonyme de liberté (Gorz, 1988), de réalisation de soi et de possibilité d’agir pour sa patrie.

En fait, le travail comme source d’identité et de socialisation, c’est-à-dire tel que nous le connaissons aujourd’hui aurait fait son apparition en même temps que les manufactures en Angleterre marquant le départ des usines et des travailleurs à la chaine rythmés par la cadence des machines. Dans les manufactures, le travail changeait désormais de forme, c’est-à-dire qu’il passait d’une forme artisanale où l’artisan fabriquait un objet et vivait de sa vente à une forme industrielle et parcellisée où le travail d’usine ne voyait plus la fin, ni le sens de ses actions dans la grande chaine le liant à la machine et aux autres travailleurs tous occupés

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