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2. DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE

2.2. Cadre théorique

2.2.3. Étape 3 : utilisation du STA dans l’étude d’impact

L’apport du STA à l’étude d’impact devrait faire une différence quant à la qualité du rapport d’étude d’impact produit et apporter une réelle plus-value à celui-ci. Le STA peut être utilisé dans les différentes sections du rapport d’étude d’impact : le choix des variantes et la délimitation des zones d’étude, la méthodologie, la description du milieu récepteur, l’évaluation des impacts et le choix des mesures d’atténuation, ainsi que les études de suivi environnemental.

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 Composantes valorisées de l’environnement, choix des variantes et délimitation des zones d’étude

Selon Fedirechuk et autres, une première étape de recherche sur le STA devrait être complétée avant que les études scientifiques n’aient commencé (Fedirechuk et autres, 2008). L’identification des composantes valorisées de l’environnement via le STA peut jouer un rôle dans la cartographie des éléments de résistance, dans le choix des variantes de moindre impact ou encore dans la délimitation des zones d’étude (Fedirechuk et autres, 2008; MVRB, 2005; Stevenson, 1996; Usher, 2000). Les composantes de l’environnement particulièrement valorisées par les communautés autochtones peuvent en effet influencer certains changements dans la conception du projet (MVRB, 2005; Fedirechuk et autres, 2008).

 Description de la méthodologie employée dans l’étude d’impact

La méthodologie liée à l’étude du STA devrait être clairement explicitée dans le rapport d’étude d’impact (Fedirechuk et autres, 2008) et développée conjointement avec les communautés autochtones concernées (Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, 2005). La méthodologie permettant d’intégrer le STA dans le rapport d’étude d’impact devrait également être décrite. Il pourrait être opportun de réaliser une section distincte sur le STA dans le rapport d’étude d’impact (Proulx, 2011). En outre, les connaissances traditionnelles, lorsqu’utilisées dans les différents chapitres de cette étude, peuvent faire l’objet de sous-sections particulières ou bien encore d’une police de caractère différente afin de mettre en évidence ces connaissances (ibid.). Il importe aussi de préciser si des informations issues du STA ne sont pas disponibles ou ne peuvent être utilisées (ibid.). Afin d’assurer une utilisation adéquate du STA dans l’étude d’impact, une personne responsable de l’étude du STA devrait participer à la rédaction des différents chapitres de l’étude d’impact (ibid.).

Le STA peut également contribuer à l’élaboration de la méthodologie de certaines études environnementales réalisées dans le cadre de l’étude d’impact, en guidant par exemple des lieux et des stratégies d’échantillonnage scientifique (Environnement Canada, 2006). Il permet aussi l’identification de certaines composantes environnementales qui pourrait orienter les études environnementales à réaliser (Proulx, 2011).

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 Description du milieu récepteur

La description du milieu récepteur peut être largement bonifiée par les informations issues du STA. Ainsi, comme le souligne un participant aux entrevues :

‹‹ On a intérêt à faire du savoir traditionnel en avant-projet, car [si] tu vas aller faire des études [scientifiques], … tu as une saison estivale peut-être deux pour essayer de connaître et [de] sortir les tendances sur 25 ans, … Tu as deux périodes pour échantillonner, c’est à peu près tout. Tandis que si tu es capable de coupler cela avec ce que les gens ont observé depuis 50 ou 100 ans, cela te donne une bien meilleure base de données ›› (entrevue).

Il paraît ainsi très approprié de se servir des connaissances des communautés autochtones pour étayer la connaissance du milieu récepteur (entrevue); une connaissance exhaustive du milieu est essentielle à l’évaluation des impacts

L’utilisation du STA dans la description du milieu récepteur devrait mettre en évidence les convergences, les divergences entre les informations issues du STA et les données scientifiques ou encore les apports du STA à la compréhension d’une question. Il semble important de prendre le temps de comparer des informations et de ‹‹ ne pas en avoir peur ›› (entrevue). Selon un participant aux entrevues, il importe aussi de vérifier et de pousser la recherche concernant une divergence d’information et de ‹‹ prendre pour acquis [que l’informateur] a raison jusqu’à preuve du contraire ›› (entrevue). D’ailleurs, des éclairages concernant des informations issues du STA peuvent lors de l’étude d’impact être demandés a posteriori lorsque des études scientifiques sur le milieu sont réalisées (Fedirechuk et autres, 2008). Selon l’ACÉE, l’étude d’impact devrait tenir compte des divergences d’informations entre le STA et la science et démontrer la manière dont celles-ci ont été traitées (ACÉE, 2013). Selon un participant aux entrevues, il est essentiel ‹‹ d’indiquer ce que l’on a appris du savoir traditionnel ›› surtout que, bien souvent, ‹‹ les trouvailles qui sont faites ne sont pas attendues ›› (entrevue).

 Évaluation des impacts et choix des mesures d’atténuation

Une description du milieu récepteur combinant le STA et des informations à caractère scientifique devrait permettre de comprendre les impacts appréhendés par les communautés autochtones (Fedirechuk et autres, 2008) et ceux-ci orienteront le choix des mesures d’atténuation. Les impacts liés au projet du promoteur peuvent ne pas être importants pour celui-ci alors qu’ils peuvent l’être

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pour les communautés autochtones. Cette divergence de perception devrait être considérée (Emery, 2000).

Alors que les impacts sont évalués pour chaque composante environnementale dans une étude d’impact, le STA semble s’attacher à évaluer les impacts dans une perspective plus globale, qui ne considère pas seulement une espèce ou une ressource en particulier, mais plutôt son rôle dans la chaîne alimentaire dans le cas d’une espèce, ou encore ses fonctions sociales, culturelles, médicinales et spirituelles (Fedirechuk et autres, 2008; Roué et Nakashima, 2002). Ainsi, les critères utilisés par le promoteur pour évaluer les impacts ne trouvent pas forcément leur équivalent dans les perceptions autochtones. Ces dernières s’attacheraient plutôt à réfléchir en termes de fréquence d’utilisation d’une espèce ou d’une ressource, d’utilisation historique, du nombre d’utilisateurs, de rareté, du type d’utilisation possible, ainsi qu’en terme d’association de cette espèce ou cette ressource avec des activités culturelles ou spirituelles (Fedirechuk et autres, 2008). De telles perceptions influencent le critère de l’intensité de l’impact (Proulx, 2011) et devraient être prises en considération.

Le STA permettrait d’identifier des impacts directs et indirects par sa vision systémique et intégrée (Roué et Nakashima, 2002). Par exemple, une modification de la distribution et de l’abondance du caribou pourrait affecter non seulement certaines familles de chasseurs, mais aussi le transfert de connaissances environnementales concernant le territoire utilisé par le caribou, ainsi que la quantité de nourriture distribuée à la communauté (Fedirechuk et autres, 2008). Le STA semble aussi s’attacher particulièrement à évaluer les impacts cumulatifs, d’autant plus qu’aujourd’hui certaines communautés autochtones ont une longue expérience des impacts reliés aux activités minières, hydroélectriques ou pétrolières (Stevenson, 1996; Usher, 2000). Des mesures d’atténuation et de bonification proposées par les communautés autochtones devaient aussi être prises en compte (Fedirechuk et autres, 2008). Toutefois, les communautés autochtones peuvent avoir des difficultés à évaluer quel sera le résultat de la mise en place d’une mesure d’atténuation compte tenu du fait qu’ils n’en ont pas l’expérience (Proulx, 2011). Ainsi, il paraît opportun de leur permettre d’échanger avec d’autres utilisateurs du territoire qui ont déjà eu l’expérience d’une mesure d’atténuation proposée (ibid.).

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 Études de suivi environnemental et social

Le STA pourrait être utilisé dans l’étude d’impact pour effectuer des recommandations quant aux études de suivi environnemental et social à mener. Il peut notamment permettre de proposer de nouvelles avenues de recherche ou encore des choix d’indicateurs pour le suivi de composantes environnementales (entrevue). Cette implication des communautés autochtones lors des études de suivi et la prise en compte de leurs connaissances permettraient d’assurer une forme de reddition de compte (Fedirechuk et autres, 2008). Les études de suivi devraient en effet prévoir un processus participatif impliquant les communautés autochtones et l’utilisation de leur savoir traditionnel (ibid.; entrevue; Usher, 2000).

D’un point de vue social, l’utilisation du STA lors des études de suivi environnemental et social vise aussi le maintien des connaissances et des compétences acquises par les participants autochtones aux études sur le savoir traditionnel (Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, 2005; Huntington et autres, 2011). Selon Huntington et autres, les suivis réalisés par les communautés autochtones pourraient également permettre de réaliser des économies substantielles (ibid.).

2.2.4. Étape 4 : présentation et remise des données aux communautés autochtones