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ÉTABLIR UN PLAN DE FORMATION ET ACCOMPAGNER LES ÉQUIPES

Dans le document Mener un projet international #24 (Page 90-94)

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QU’AVEZ-VOUS DÉCIDÉ EN FIN D’EXPERTISE ?

Après avoir emmagasiné toutes ces observations et commencé à rédiger sur place un rapport qui se voulait constructif, nous avons décidé de tra- vailler à Paris prioritairement sur le renouvellement des collections : il fallait très vite constituer les collections audiovisuelles pour créer le fonds de base d’une médiathèque moderne et attirer un public diversifié. Vu les délais imposés, nous avons proposé des listes types de CD et de DVD à se procurer rapidement. Avec Sandra Garcin, l’administratrice du CCF, nous avons réfléchi aux travaux les plus urgents. Par hasard, nous avons ren- contré à notre hôtel le responsable d’une entreprise locale de travaux avec qui nous avons sympathisé, c’était la bonne surprise de cette aventure car il était disponible et compétent.

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Avant de partir de Ouagadougou, nous nous étions mis d’accord avec le directeur et le personnel de la bibliothèque pour élaborer un plan de formation (la majorité des personnels n’en avait jamais bénéficié). Nous avons donc mis à plat toutes les fonctions et les postes et envisagé l’orga- nisation d’un stage de formation aux nouveaux médias pour accompagner cette transformation. Pour nous, il n’était pas envisageable de créer de nouvelles collections sans prévoir de formation adéquate, comme cela se fait trop souvent dans les CCF. C’était aussi l’avis du directeur.

De retour à Paris, nous sommes restés constamment en contact par cour- riel avec l’équipe en place pour suivre les travaux, le choix du mobilier et les commandes documentaires. Tout s’est retrouvé précisé dans un « Rap- port de mission » de 30 pages extrêmement concret, rédigé et envoyé quinze jours plus tard : un record ! Il s’agissait en effet d’un plan de bataille examinant la situation sous tous ses aspects : description de l’existant lieu par lieu, préconisations visant à le modifier, rédaction de l’organigramme, budget, plan de formation, développement des collections, plan d’action sur 3 ans (durée exceptionnelle pour un CCF).

Nous avons participé activement au choix et à la commande du mobilier avec le service d’exportation de la Société Borgeaud sélectionnée par le CCF, implantation des rayonnages, couleurs des matériaux, délais et diffi- cultés de livraison (bateau ? avion ?). Le directeur du CCF, Alain Millot est venu à Paris mettre la touche finale et valider la commande.

La Rotonde, abritant à la fois les collections audiovisuelles, les bandes dessinées, les livres d’art et le kiosque à journaux/revues, a été inaugurée en janvier de cette année, en présence de l’ambassadeur de France. Le succès a été immédiatement au rendez-vous, nous a confié le directeur du CCF et le public est venu nombreux. Quant aux bibliothécaires, ils se sont sentis plus à l’aise dans leur travail et ont retrouvé une motivation. QU’EST-CE QUI VOUS A PARU ORIGINAL DANS CETTE AVENTURE PAR RAPPORT À VOTRE ACTIVITÉ À LA BDP ?

En effet, à la bibliothèque départementale de l’Essonne, j’accompagne depuis 15 ans les projets de construction et d’aménagement de biblio- thèques pour les communes. Ici, la différence était que nous nous trou- vions dans un pays sans infrastructures professionnelles, où tout devient

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donc compliqué quand on monte un projet original et dégagé de modèle préétabli. Mais la volonté du directeur du CCF, comme celle en Essonne de certains élus, nous a permis d’envisager ce nouvel équipement sous tous ses aspects et dans les moindres détails en associant les équipes concer- nées. Ce fut passionnant.

L’AVENTURE EST DONC TERMINÉE ? VOUS VOUS EN ÊTES TENUS LÀ ?

Non, comme je vous l’ai dit, d’un côté il y a eu le réaménagement des locaux et de l’autre la formation. Nous avons donc organisé et effectué une semaine de stage pour les agents de la bibliothèque d’Ouagadougou mais aussi du CCF de Bobo-Dioulasso au mois d’octobre suivant.

Ce programme de formation portait sur plusieurs thèmes, repérés dans nos entretiens avec les agents mais aussi avec les responsables de l’Ins- titut des sciences et techniques de l’information documentaire (ISTID), association professionnelle locale de formation des bibliothécaires et archivistes :

 comment créer des collections audiovisuelles (acqui- sitions et traitement) mais aussi comment les présen- ter et les mettre en valeur ;

 l’accueil des publics : création d’outils pour les usa- gers, guide du lecteur, règlement intérieur, charte Internet.

Et en parallèle, nous avons accompagné l’équipe de direction dans sa ré- flexion sur le management : répartition des rôles et des tâches, rédaction de fiches de poste et d’un organigramme. Puis nous avons piloté ce projet à distance avec le bibliothécaire et l’administration.

QUEL ENSEIGNEMENT TIREZ-VOUS DE CETTE EXPÉRIENCE ?

Tout d’abord, le projet n’est pas terminé et tous les problèmes ne sont pas résolus. Il nous faut encore nous attaquer à la rénovation et à la restruc- turation du bâtiment central. Les travaux sont en cours, il reste encore à faire l’implantation des collections et les différents aménagements, mais aussi insuffler un nouvel usage des fonds et réorganiser la circulation des

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lecteurs dans les nouveaux espaces. Ensuite, avant l’inauguration prévue fin septembre, nous devons travailler sur la collection existante : inven- taire critique, désherbage et définition d’une politique d’acquisition. C’est pourquoi un nouveau stage de formation sur ces sujets sera organisé avant la mise en place des collections. Il faut aussi rédiger un projet d’établisse- ment prenant en compte les différents axes d’orientation selon les usagers et les services : médiathèque grand public, elle est aussi une médiathèque d’étude et de recherche.

Plusieurs aspects sont à considérer, approfondir, modifier et/ou conserver tout en maintenant le rôle de l’établissement comme centre d’information sur la France contemporaine et les études en France. Si nous sommes sans conteste en Afrique, avec un public africain s’intéressant principalement à la culture de son continent par le biais de la langue française, nous avons aussi à faire, là, à des réalités et à des besoins que nous connais- sons bien en France : accès pour tous à la culture et à l’information, fonds généralistes mais répondant et aux besoins particuliers des élèves et des étudiants, mais aussi à d’autres catégories. Ouagadougou dispose heu- reusement de librairies et de diffuseurs de presse locale et française. On n’est pas totalement dépourvu de ressources documentaires, même si les bibliothèques locales sont pauvres et surchargées. La principale difficulté est peut-être, pour nous, d’aider les bibliothécaires locaux à adapter le mieux possible les collections, les services et les pratiquesà un public que nous ne connaissons pas bien et dont les centres d’intérêt peuvent être éloignés de ceux que nous maîtrisons quotidiennement dans l’exercice de notre métier en France. Heureusement, l’équipe en place est, bien sûr, plus au fait de ces goûts que nous et la réussite définitive de la nouvelle formule reposera entièrement sur son appropriation du projet. Nous lui faisons confiance.

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VALEASE

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OU LES

TRIBULATIONS D’UN ASSISTANT

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