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2.2.1

La prévalence

Il est assez difficile d’établir la prévalence exacte de la stéatose dans la po- pulation. En effet, celle-ci est habituellement asymptomatique. De plus, les méthodes diagnostiques non invasives ne permettent pas d’être formel. La lecture des transaminases peut quelques fois amener à la découverte d’une stéatose hépatique chez les patients. L’échographie permet également de diag- nostiquer la stéatose hépatique avec une très bonne spécificité mais une très faible sensibilité, puisqu’elle ne la détecte qu’au-delà de 30% et d’autant plus difficilement chez les patients obèses [34]. En conséquence, la prévalence de cette maladie est certainement sous-estimée et varie sensiblement selon les sources (Figure 2.4).

Malgré tout, parmi les chiffres à retenir, on avance une prévalence de 30% dans les pays développés [36], variant quelque peu selon les papiers, avec 29% au Japon [37], 25,8% en Espagne [38] ou encore 31% en Israël [39]. Une étude récente a montré que la prévalence de la stéatose a doublé en 20 ans, pour atteindre presque 11% des adolescents américains [40]. Sur la population française, la stéatose évaluée après biopsie hépatique est observée chez un tiers des patients ayant une augmentation des transaminases [41]. La prévalence de la stéatohépatite est évaluée aux alentours de 5% dans la population française.

Il a d’autre part été observé que la stéatose est plus fréquemment détectée chez les hommes, chez les femmes après la ménopause et qu’elle augmente si- gnificativement avec l’âge. Des différences ethniques ont aussi été rapportées, on constate par exemple que les Américains d’origine mexicaine semblent plus sensibles au développement de la stéatose, tandis que les Américains d’origine africaine le sont moins [42]. Il s’agit néanmoins pour le moment uniquement d’observations chiffrées et aucune explication moléculaire ou comportemen- tale n’a été apportée pour comprendre ces différences de susceptibilité. Un système de notation (NAFLD Activity Score ou NAS) en fonction de l’histo- logie du foie a été développé pour définir les différentes étapes de la stéatose hépatique. Ce dernier s’établit en fonction de l’inflammation lobulaire, de la

ballonisation des hépatocytes et du stade de fibrose du foie.

Figure2.4 – Le taux de prévalence de la stéatose hépatique utilisant différentes méthodes de diagnostic [35]

2.2.2

Les facteurs de risque

On observe la stéatose hépatique majoritairement dans les pays dévelop- pés, mais celle-ci commence à apparaitre clairement dans les pays en déve- loppement. Ainsi, le style de vie occidental a été fortement souligné comme participant à l’apparition de cette maladie, notamment la sédentarité et les habitudes alimentaires [43]. C’est pourquoi, le fort taux de prévalence de cette maladie et son augmentation croissante ces dernières années, est à mettre en parallèle avec les facteurs de risque qui lui sont associés. L’obésité, le syn- drome métabolique, le diabète de type II ainsi que l’hypertriglycéridémie sont des facteurs impliqués dans le développement de la stéatose hépatique et en augmentation constante dans la population occidentale.

L’obésité

La prévalence de l’obésité, qui se définit classiquement par un IMC1 supé-

rieur à 30 kg/m2, a commencé à croître dès la deuxième moitié du XXe siècle,

tant et si bien que l’OMS l’a reconnue comme épidémie mondiale en 1997. 1. Indice de Masse Corporelle ou IMC = poids/taille2

L’environnement a un rôle prépondérant dans cette maladie puisqu’on consi- dère que les facteurs génétiques sont responsables de 25% de la masse grasse [44]. Dans les années 2000, le nombre d’Hommes en surpoids a dépassé le nombre d’Hommes en malnutrition [45]. En 2002, on comptait 33% d’obèses aux Etats-Unis, ou encore 12,4% en France en 2006. Ainsi, il a été montré que 74% des patients subissant une chirurgie bariatrique avaient développé une stéatose hépatique [46] ou encore que la prévalence de celle-ci augmente d’un facteur 4,6 chez les patients obèses [47]. Une autre étude a montré que la prévalence de la stéatose chez des enfants obèses atteignait 53% [48]. De fa- çon intéressante, ces observations montrent par ailleurs que l’obésité morbide (IMC>40) n’est pas systématiquement synonyme de stéatose hépatique.

Le syndrome métabolique

Le syndrome métabolique se définit par une combinaison de dérégulation qui favorise le développement de maladies cardiovasculaires et d’un diabète de type 2. En augmentation depuis plusieurs années, le syndrome métabo- lique a atteint une prévalence de 25% aux USA [49]. L’IDF2 le définit par

la présence de l’obésité tronculaire3 comme critère obligatoire accompagnée

de la présence d’au moins deux paramètres secondaires, tels qu’une hyper- triglycéridémie4, un taux de HDL-cholestérol faible5, une hypertension6 ou

une hyperglycémie7. La stéatose hépatique est d’ailleurs aujourd’hui considé-

rée comme une manifestation hépatique du syndrome métabolique. En effet, plusieurs études ont montré la présence quasi systématique de marqueurs du syndrome métabolique parmi des patients atteints de stéatose hépatique [50][51].

Le diabète de type II

Le diabète de type II est un désordre métabolique qui se manifeste par une hyperglycémie8, induisant des lésions angiopathiques, dans un contexte

d’insulino-resistance. En France, on estime aujourd’hui que 2,5 millions de personnes sont traitées pour ce type de diabète et ce nombre est en augmen- tation constante [44]. Le régime alimentaire occidental joue un rôle majeur

2. International Diabete Federation

3. Périmètre abdominal ≥ 102cm pour les hommes ou ≥ 88cm pour les femmes 4. ≥ 1,50g/l (1,7mmol/l) ou un traitement spécifique pour cette anomalie lipidique 5. < 0,40g/l (1,0mmol/l) pour les hommes ou < 0,50g/l (1,3mmol/l) pour les femmes 6. Pression artérielle systolique ≥ 130 mm Hg ou diastolique ≥ 85 mm Hg ou une hypertension traitée

7. ≥ 1,0 g/l (5,6 mmol/l) ou diabète de type II traité 8. ≥1,26g/l selon l’OMS

dans le développement du diabète de type II en favorisant l’apparition d’une insulino-resistance au niveau des muscles, du foie et du tissu adipeux. Dès lors, le foie commence à relarguer du glucose dans le sang de façon continue et la lipolyse s’accentue dans le tissu adipeux. En hausse continue dans la population comme la majorité des désordres métaboliques, on estime qu’il y a 285 millions de personnes touchées par le diabète de type II, soit 6% de la population mondiale [52]. Encore une fois, la prévalence de la stéatose hépatique sur des patients diabétiques de type II est de 70% [53].

L’hypertriglycéridémie

L’hypertriglycéridémie correspond à un taux de triglycérides dans le sang trop élevé9. Elle est souvent associée à une hypercholestérolémie mais peut

se manifester en absence d’autres dérégulations, on parle alors d’hypertrigly- céridémie pure. Son origine peut être génétique, liée à un mode de vie oc- cidentale, ou à une consommation excessive d’alcool. L’hypertriglycéridémie augmente les risques de maladies cardio-vasculaires, par dépôts d’athérome dans les artères. La prévalence de l’hypertriglycéridémie, pure ou associée à d’autres dérégulations, n’est pas connue, mais il a été montré qu’elle aug- mente les risques de développer une stéatose hépatique de 50% -détectée par échographie- [54].

2.3

Une porte d’entrée vers d’autres patholo-