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Éloge à la bénignité de Dieu : figure de l’humilité et de la douceur

Dans le document La douceur (Page 198-200)

Les Saintes Écritures dépeignent un véritable éloge à la bénignité de Dieu20. Symbole de douceur, la bénignité est un acte de l’amour de Dieu envers les humains21. Quelle est la place que revêt alors la crainte de Dieu ? La piété dans l’obéissance de la Loi divine attire-t-elle sur les humains la bénignité de Dieu ? La crainte de Dieu s’élève dans le coeur de l’humain jusqu’à la piété et au sentiment profond du sacré. L’humain s’agenouille devant le mystère de la figure de Dieu. U effroi sacré l’envahit en face de la toute-puissance de Dieu et la conscience de sa propre impuissance en face du Créateur : effroi

de respect et tremblement d’amour (honor honoris et tremor amoris),proclamme saint Augustin22. Devant «le sentiment de l’état de créature, selon l’expression de Rudolf Otto, le sentiment de la créature qui s’abîme dans son propre néant et disparaît devant ce qui est au-dessus de toute créature23». Dans sa crainte de Dieu, crainte irrationnelle, l’humain perçoit aussi tout l’amour de l’humanité et les bienfaits qu’il octroie à ses créatures : il est fasciné par cet amour qui captive son coeur. Dieu a établi sa crainte dans leur coeur pour leur montrer la

magnificence de ses oeuvres, 10et ils loueront son saint nom, afin de raconter la magnificence de ses oeuvres (Si 17.8-10) Il a gratifié les humains de la loi de vie (Si 19.il) ; ils ont vu la magnificence

de sa gloire et entendu la gloire de sa voix (Si 19.13). La piété révèle l’amour de Dieu et la

20 La chrestotes est surtout un attribut divin dans V ancienne Alliance et fait référence à Dieu et à sa Loi. Grâce aux remarquables études du père C. Spicq s’éclaire l’importance de ce mot de douceur dans Yagapè

divine, — C. Spicq, Agapè dans le Nouveau Testament. Analyse des textes, tome II, Appendice II «La Bénignité», Paris, J. Gabalda et C,e Éditeurs, 1966.

21 Le mot xppordç implique une idée d’excellence et fait référence à l’honnêteté, l’honorabilité, au bonheur, la bonté, la bienveillance, la bienfaisance et la douceur. La xpqarôrqç est dit aussi d’une «bonté de coeur». La Vulgate traduit xpquxoq par dulcis ou suavis et xP'nuxdtqç par dulcedos et benignitas. Émile Littré donne cette définition de la bénignié : «Disposition du coeur par laquelle on se plaît à faire du bien à autrui», c’est-à-dire à faire du bien aux autres avec plaisir, - E. Littré, Dictionnaire de la langue française, Édition intégrale, Paris, Éditions Jean-Jacques Pauvert, 1956. — A. Bailly, Dictionnaire Grec Français, Paris, Librairie Hachette, 1950. - A. Emout et A. Meillet, Le dictionnaire étymologique de la langue latine. Histoire des mots,

Paris, Librairie C. Klinclsieck, 1932.

22 Saint Augustin, Les confessions, Éditions de la Bibliothèque Augustinienne, introduction et notes par A. Solignac, traduction de E. Trehorel et G. Bouissou, Éditions de M. Skutella, 1962 (XH.XIV.17).

23 Rudolf Otto, op.cit.p. 24.

reconnaissance de l’amour que Dieu témoigne aux humains24. Un amour qui est à la source même de la bénignité de Dieu envers ses créatures. À maints endroits dans les Saintes Ecritures, l’on proclame l’union de la bénignité de Dieu et de sa miséricorde dans une invitation à le louer et à le célébrer. Acclamez le SEIGNEUR, terre entière (Ps 100.1). Car le

SEIGNEUR est bon (suavis /xpTjatàç) : sa fidélité (miserisordia / ëXeoç) est pour toujours, et sa loyauté s'étend d’âge en âge (Ps 100.5)25. L’union de la miséricorde et de la bénignité conduit C. Spicq à dire que «la bénignité de Dieu est miséricordieuse ou que sa miséricorde est toute bénignité26». Célébrez donc la douceur de Dieu. Bénis le Seigneur, ô mon âme (Ps 104.1) ! Car l’humain est nourri des bénignités de Dieu et ces trésors de bénignités sont inépuisables.

27Tous comptent sur toi pour leur donner en temps voulu la nourriture : 28tu donnes, ils ramassent; tu ouvres ta main, ils se rassasient (implebuntur bonitate

/ xpqotorrjToç)

(Ps 104.27-28). David est éloquent à exprimer la fécondité de ses bienfaits. Tu couronnes tes bienfaits (benignitatis /

XprjozâxîjTÔç) de l'année, et sur ton passage la fertilité ruisselle (Ps 65.12). C’est la béatitude qui attend ceux qui aiment Dieu, qui espèrent en Lui et le craignent tout à la fois.

17Heureux l'âme de celui qui craint le Seigneur I 18Sur qui s ’appuie-t-il ? Qui est son

soutien ? 19Les regards de Dieu sont sur ceux qui l’aiment (timentes / àyancvvvaç), bouclier

puissant, soutien vigoureux, abri contre le vent brûlant, ombrage contre les feux de midi, sauvegarde contre les obstacles, protection contre la chute. 20Il élève l'âme et fait briller le regard, en procurant guérison, vie et bénédiction (Si 34.17-20).

24 «Dans toute piété qui atteint un degré supérieur se développe en même temps la conscience de l’obligation et du commandement moral, et ce dernier se présente comme un commandement de la divinité. Cependant le sentiment du sanctum peut exister dans sa profonde humilité sans être toujours et clairement pénétré de l’obligation morale ; il apparaît alors que le sentiment de quelque chose qui exige un respect incomparagle et en quoi l’on doit reconnaître la valeur objective suprême. La terreur en présence de sa sainteté ne coïncide nullement avec la simple “crainte” de la puissance absolue et de sa tremenda majestaen face de laquelle il n’y a en effet d’autres attitudes possible que celle de l’obéissance aveugle et atterrée. “Tu solus

sanctus” n’est pas l’exclamation de la peur, mais une salutation de louange pénétrée de respect, ce n’est pas

le simple balbutiement de l’homme en face de ce qui ne représente qu’une puissance supérieure, mais c’est aussi la parole par laquelle l’homme veut reconnaître et exalter ce qui possède une valeurqui dépasse toute notion. Ce qu’il exalte, ce n’est pas simplement la puissance absolue qui fait valoir ses exigences et qui contraint, mais c’est la puissance qui dans son essence possède le droit souverain de faire valoir les plus hautes exigences, de prétendre être servie, qui est exhaltée parce qu’elle est digne de l’être. “Tu es dignede recevoir la louange, l’honneur et la puissance”», - Rudolf Otto, op.cit., p.84.

25 «Alléluia ! Célébrez le SEIGNEUR, car il est bon (bonus/xpqovdç), car sa fidélité (misericordià 1 ëAeoç) est pour toujours (Ps 106.1). «Célébrez le Seigneur car il est bon (bonus / xpil^mç), car sa fidélité (misericordià / ëAeoç) est pour toujours» (Ps 107.1). «Célébrez le SEIGNEUR le tout-puissant, car il est bon (bonus /xpqoxoç)

et sa fidélité (misericordià / ËAeoç) est pour toujours» (Jé 33.11). Pourtant là, c’est la mot agatos qui fait place à la chrestotes pour une formule semblable : «Célébrez le SEIGNEUR, car il est bon (bonus / àya-Qoç) et sa fidélité

(misericordià / ëAeoç) est pour toujours» (Ps 136.1). 26 C. Spicq, «La Bénignité», op.cit.,p. 385.

Dieu est un Père protecteur pour les humains et les protège de la tentation du mal par la perfection de sa Loi divine.

8La loi du SEIGNEUR est parfaite, elle rend la vie ; la charte du SEIGNEUR est sûre, elle rend sage le simple. 9Les préceptes du SEIGNEUR sont droits, ils rendent joyeux le coeur ; le commandement du SEIGNEUR est limpide, il rend clairvoyant. 10La crainte du Seigneur est chose claire, elle subsiste toujours ; les décisions du SEIGNEUR sont la vérité, toutes elles sont justes (Ps 19.8-10).

Dieu éclaire de sa divinité la vie de l’humain. Car chez toi est la fontaine de la vie, à ta lumière

nous voyons la lumière (Ps 36.10). Dieu est source d’eau vive (Je 2.13). D’autant que Dieu protège ses humbles fidèles qui ont le coeur rempli de son amour, contre les orgueilleux qui ont le coeur endurci.

26Le coeur endurci finira dans le malheur, celui qui aime le danger y périra. 27 28

Le coeur endurci sera accablé de peine, le pécheur accumulera péché sur péché (Si 3.26-27). Le pécheur est celui qui fait du mal à son prochain. Repu d’orgueil, il ne tourne pas ses regards vers autrui et ne se souci pas de ne pas lui faire du mal, puisque ses regards et ses soucis ne sont que pour lui-même27. Au contraire, ceux qui aiment Dieu de tout leur coeur trouvent en lui un roccontre ceux qui cherchent à le perdre.

I4Éloigne aussi ton serviteur des orgueilleux : qu ’ils n ’aient pas d ’emprise sur moi, alors je serai parfait et innocent d ’un grand péché. 15 Que les paroles de ma bouche et le murmure de

mon coeur soient agréés en ta présence, SEIGNEUR, mon roc et mon défenseur(Ps 19.14-15) 1

Le fidèle fait de Dieu son refuge (Ps 31.2), car il libère l’humain et le délivre du mal par sa justice. Sois pour moi le rocher fortifié, le château-fort qui me sauvera. 4C ’est toi mon roc et ma

forteresse. Pour l ’honneur de ton nom, tu me conduiras et me guideras (Ps 31.3-4). Celui qui croit

au Seigneur, qui l’aime et qui ressent la piété en son coeur demeure sous sa protection.

Grâce au SEIGNEUR, les pas de l’homme sont assurés, et son chemin lui plaît. 24S’il trébuche, il ne

tombe pas, car le Seigneur le tient par la main (Ps 37.23-24). Et c’est encore le coeur qui est

touché. Le coeur de l ’homme étudie sa route, mais c ’est le SEIGNEUR qui affermit ses pas (Pr 16.8). Il est le véritable Père céleste des humains, qui chérit ses fidèles. Qu 'ils sont grands les

bienfaits (benignitatis /xpqoTOTijTdç) que tu réserves à ceux qui te craignent ! Tu les accordes à tous

ceux dont tu es le refuge, devant tout le monde (Ps 31.20/s. Contempler et goûter la divine

27 «Il faut définir l’orgueil une passion qui fait que de tout ce qui est au monde l’on n’estime que soi» - Jean de la Bruyère, Les caractères de Théophraste, «De l’orgueil», Paris, Classique français, 1993.

28 «Ici, c’est une exclamation du Prophète, qui contemple toutes ces choses, et qui admire de combien de manières votre douceur (dulcedo) est abondante, ô mon Dieu !», - Saint Augustin, Oeuvres complètes XI.835.

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