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Les éléments de l’histoire de la douleur et de la souffrance

Première partie : De l’apparition des concepts à leur usage actuel

2.1. Les éléments de l’histoire de la douleur et de la souffrance

Pour pouvoir avancer dans notre recherche sur le rôle et la place de la souffrance dans le système complexe qui se crée autour de la démence, il est important de comprendre comment ont évolué à travers les siècles la notion de souffrance, comment les gens vivaient cette expérience et quelle est la situation aujourd’hui. Nous insistons sur la nécessité de connaître les éléments principaux de l’histoire du phénomène qui est étudié car notre façon de réagir à ce que nous arrive maintenant prend ses origines dans le passé lointain.

Quand on parle de la souffrance on arrive inévitablement à la question classique : est- ce que la souffrance et la douleur sont une même chose ou ce sont deux entités différentes ? Pour l’instant nous n’allons pas nous arrêter sur cette question. Dans ce texte, consacré à l’histoire de la souffrance nous allons aborder la souffrance dans ses deux dimensions : la souffrance de l’âme et la souffrance du corps. Pour nos ancêtres et pour nous également ces deux dimensions étaient très souvent inséparables et il n’est pas possible parler de la souffrance de l’âme sans évoquer la souffrance du corps.

Il nous semble important de mentionner au moins deux livres qui se sont proposés d’étudier l’histoire de la douleur et de la souffrance dans son évolution chronologique mais aussi dans la dimension transversale – à travers les différents systèmes de pensée (notamment la pensée religieuse). Il s’agit de l’ « Histoire de la douleur » de Roselyne Rey et « La quête de guérison » de M. Meslin et ses collègues.58 Ces deux ouvrages dressent un tableau étendu de l’évolution de la vision des gens sur la douleur et sur l’encrage de la souffrance dans les systèmes de pensée.

2.1.1. Les temps antiques

L’idée qui nous guide n’est pas de dresser un tableau chronologique précis, mais de s’arrêter plutôt sur les grandes étapes de l’évolution humaine. C’est pourquoi, sous le titre « les temps antiques », on se propose de réfléchir sur une grande époque de développement qui a duré jusqu’au Moyen Age et non seulement dans la Grèce et la Rome Antiques comme nous sommes tentés de penser au premier abord.

58 R. Rey Histoire de la douleur. Paris : Ed. La découverte & Syros, 2000 ; M. Meslin, A. Proust, Y. Tardan-

Ce qui caractérise cette époque dans l’attitude des gens face à la souffrance et la douleur, la notion centrale qui domine les mentalités, est la perception de la maladie comme un mal, et ce mal vient de l’extérieur, ne dépend pas de l’homme et apparaît dans la plupart des cas, comme l’influence d’une force maléfique (chez les égyptiens, par exemple, ce sont des démons qui provoquent la maladie). Pour l’homme antique la maladie est un phénomène incontrôlable, qui a une activité propre, indépendante de lui-même. De là vient l’idée que pour « traiter » la douleur il faut négocier avec ces forces (toujours chez les égyptiens, on négociait avec les démons tout en essayant de garder l’équilibre : ne pas trop les effrayer et ne pas trop les « acheter »). En ces périodes «pré-scientifiques », les mentalités sont dominées par le mythe et c’est le mythe qui peut expliquer la cause de la maladie. La négociation, dans ce cas, prend forme d’un rite : c’est ce qui caractérise la pratique médicale de ces époques. Le rite était extrêmement répandu et il n’est pas possible de trouver un système médical où le rite n’existe pas.

Le rôle du mythe est donc très important dans l’Antiquité (et sans doute encore maintenant) : il apporte dans le monde un ordre, un système, il coordonne l’activité humaine, consolide le moral, sanctionne et donne un sens aux rites, règle l’activité pratique. Selon le psychologue russe A. Tchostov, le mythe médical et le rituel qui en résulte donne au malade la possibilité de participer aux événements qui ont lieu, il lui donne également les instruments d’influence sur les forces autour de lui et les modalités de coordination des événements naturels et sociaux, et, d’une façon très importante, il apporte un langage dans lequel les sensations douloureuses peuvent être formulées et permet de les avoir.59

La maladie, une fois installée dans le corps de l’homme, est soumise non aux lois naturelles, mais aux lois du mythe. On peut illustrer ce propos par nombres d’exemples donnés par J-F Frazer dans son livre encyclopédique « Le rameau d’or »60 : dans les sociétés primitives il était interdit de toucher, et, surtout, de manger avec une femme qui avait ses règles, et si quelqu’un, par erreur ou par ignorance, franchissait cette loi il pouvait mourir, ce qui arrivait de temps en temps. Le traitement d’une maladie, d’une douleur, par le rite visait ces lois symboliques, mythiques : cette action n’était pas apparemment en liaison directe avec les causes (naturelles) du trouble. Mais cette action amenait à une

59 A. Tхостов Психология телесности, (A. Tchostov, Psychologie de la corporalité, Moscou, 2000, p.112)

amélioration subjective ou parfois objective du sujet. A. Tchostov donne une explication à ce phénomène : Les causes et les effets d’une maladie, d’un trouble, sont présents seulement dans la conscience des gens sous la forme de signes et symboles, et cette action de guérison vise juste certaines relations entre ces signes et symboles. Cette action, qui serait pour nous privée de toute rationalité directe s’adressait à la capacité des gens à comprendre des signes et des symboles, de les déchiffrer et neutraliser leur effet négatif, a un effet incontestable.61 Cet effet est évident même pour ceux qui ont une attitude sceptique face aux systèmes médicaux alternatifs non-scientifiques ; les procédés magiques, s’ils n’avaient pas existé, n’auraient pas eu une telle diffusion de tous les temps et dans tous les continents.

Mais, le « savoir » qui permet de traiter la maladie n’était pas accessible à tous : il appartient à ceux qui détiennent un pouvoir, les prêtres, les chamans, les mages, qui peuvent négocier avec les forces du mal. Dans la pensée magique il n’y a pas de place pour le hasard, ce qui signifie que tout ce qui arrive a une cause, une explication. Le sujet allait voir le médecin bien sûr pour être guéri, affirme M. Strauss mais ce qu’il demandait surtout, c’était de donner un sens à sa maladie. « Autrement dit, il voulait que soit interprété le désir qui avait été au départ de sa maladie. Quand ce désir était interprété par le chaman, était énoncé, il n’avait plus de raison de se manifester de façon chiffrée par la maladie ».62

En Grèce Antique, la préoccupation pour la souffrance, surtout celle du corps était très présente. Le corps parfait a beaucoup d’importance en Grèce Antique, il est représenté partout (on parle souvent du culte du corps en Grèce Antique), il doit être beau, sportif, jeune, etc. Et même ce corps parfait est en permanence menacé : un jour il peut devenir malade, douloureux, vieux. C’est un grand paradoxe et un grand questionnement avec d’une part ces sculptures qui prônent la beauté et la jeunesse et de l’autre les personnages mythiques comme Œdipe, Héphaïstos, Tirésias. Œdipe, l’un des personnages centraux de la mythologie grecque est « boiteux », au « pieds-enflés » ou « pieds-percés » ; Héphaïstos est « boiteux » des deux jambes (ou « pied tordu » selon d’autres versions du mythe), Tirésias – aveugle. Une explication de ces paradoxes proposée par H.J. Stiker, qui a travaillé sur la question de l’infirmité, tourne aussi autour du corps souffrant : « …la

61 A.Tchostov Op.cit., p. 110

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difformité physique posait à l’homme grec le problème même de sa condition. Condition qui cherche à colmater les brèches de l’altérité toute drapée qu’elle est dans le désir du même. La culture grecque se sait condamnée à oublier la différence, mais elle le sait. Donc elle sait aussi que cette différence serait son salut. Elle a, en fait, cherché à se sauver de la différence, mais la blessure était là, toujours à vif ».63

Les douleurs physiques et morales ne sont pas inconnues dans ce monde préoccupé par la beauté et la perfection. On voit émerger les premières approches « scientifiques » de la douleur, qui ont gardé pendant des siècles leur importance et même de nos jours cet abord, proposé par Hippocrate, est valable : pour lui, la douleur est un signe, ou, plutôt, un des signes qui permet de poser le diagnostic et prédire l’évolution de la maladie. Et c’est lui aussi, qui a été le premier à dire que la tâche du médecin consiste à soulager les souffrances.

Avant de parler de débats philosophiques sur le problème de la douleur et de la souffrance, parlons de la pratique : Hérophile, chirurgien d’Alexandrie « disséqua vivant plus de six cents condamnés à mort, curieux d’étudier sur le vif les palpitations cardiaques »64. Cela nous dit beaucoup sur la mentalité des grecs et leur attitude face à la souffrance ; la douleur, la souffrance, n’est pas accessible à tout le monde, elle ne concerne pas ceux qui sont exclus de la communauté (dans ce cas précis les condamnés à mort, mais aussi les infirmes ou les esclaves).

Deux courants philosophiques se sont positionnés face à la douleur, mais il n’y a pas beaucoup de différences dans leur attitude, malgré ce que l’on croit. Il s’agit des stoïciens et des épicuriens. Pour les stoïciens, il est important de faire la différence entre ce qui dépend de nous et ce qui n’en dépend pas et ils considèrent qu’il ne faut se laisser affecter que par ce qui dépend de nous. La douleur fait partie de phénomènes qui ne dépendent pas de nous, dans cette perspective, l’attitude face de la douleur est : « Supporte et abstiens toi ! ». Cicéron, un des représentants du stoïcisme, critique l'épicurisme, selon lequel la douleur est le pire des maux, car, dit-il, dans ce cas, la vertu et le courage seraient secondaires et la lâcheté deviendrait une vertu. À l'inverse, écrit-il : « Il faut tenir tête à la douleur ; car la question n'est pas tant de savoir si elle est un mal, que de s'affermir

63 J. Stiker Corps infirmes et sociétés. Essais d’anthropologie historique. Paris : Dunod, 2005, p. 52

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moralement pour pouvoir la supporter ».65 Ici, ce n'est pas le fait d'avoir à supporter de manière passive, qui est mis en avant, mais la capacité de l'individu stoïcien à dépasser et surmonter l'épreuve physique, qu'elle soit choisie, par l'athlète ou le soldat, ou subie, par le malade.

Les épicuriens recherchent le bonheur et le bonheur pour eux, tient dans l’absence de douleur. On peut rechercher le bonheur par l’ascèse, le détachement de tout ce qui est matériel, de tout ce qui provoque la séduction.

Ce qui unit ces deux concepts est l’idée que la douleur est un don, il faut soit la supporter, soit l’éviter, elle peut être interprétée comme venant de l’extérieur (forces maléfiques), elle peut aider le médecin à poser le diagnostic, mais la préoccupation centrale reste la même : il faut tout d’abord interpréter la souffrance, trouver l’explication et l’éviter, si possible, sinon – la supporter. Rares sont les voix qui disent qu’il faut soulager les souffrances. Parmi eux, Hippocrate, déjà cité, et Galien (131-201), qui essaie d’apaiser la douleur soit par la chirurgie soit par la pharmacologie.

2.1.2. Les temps bibliques

Il nous semble approprié de parler des « temps bibliques » non dans son aspect religieux ou historique, mais dans son aspect philosophique et culturel. Nous allons nous arrêter plutôt sur les grands concepts et idées bibliques que sur l’ordre chronologique des événements.

On constate dans la Bible, dans l’Ancien (AT) comme dans le Nouveau Testament (NT), une préoccupation importante pour cette question. Dans les statistiques données par M. Dousse66 pour la Traduction Œcuménique de la Bible (TOB) on note que sous la rubrique « souffrir » il y a 77 références (dont 25 pour le NT), sous la rubrique « souffrance » - 49 références (dont 25 dans le NT), et sous celle de « douleur » - 63 références (dont 10 pour le NT)67. Le christianisme s’est donc beaucoup préoccupé de la souffrance humaine.

Un des exemples bibliques les plus classiques est la souffrance de Job. Classique dans le sens où Job, frappé par les malheurs qui lui sont arrivés ainsi qu’à ses proches puis

65

Cicéron Devant la souffrance (Tusculanes II et III), Paris, Arléa, 1991

66 M. Meslin, A. Proust, Y. Tardan-Masquelier La quête de guérison, p.101

67 Pour comparer : si on fait les mêmes statistiques pour le Coran, on ne trouve pas les rubriques « douleur »

ensuite par la maladie et la douleur insupportable, est l’expression même de la souffrance tant physique que morale. Son histoire pose très vite la question centrale de la souffrance : pourquoi ? Job exprime bien le tourment du christianisme autour de cette question, tourment qui consiste à rechercher dans le péché ou la faute une cause de la souffrance : « Ai-je péché ? Qu’est-ce que cela te fait, espion de l’homme ? Pourquoi m’avoir pris pour cible ? En quoi te suis-je à charge ? »68

La maladie, dans l’Ancien Testament, selon L. Ravez et C. Tilmas-Cabiaux69 est souvent comprise dans le cadre de la théorie de la rétribution, comme châtiment mérité par lequel Dieu sanctionne la faute. La maladie, la souffrance du corps, sont liées dans la conscience religieuse juive, au péché. C’est la personne même ou quelqu’un de ses parents, de ses ancêtres, qui est responsable de cette souffrance. C’est à cause de la faute (la nôtre ou celle de notre famille) que nous souffrons ; nous sommes responsables du mal qui nous arrive. Et si ce n’est pas nous qui sommes responsable, c’est le péché originel, l’homme, par sa nature, est porteur d’une faute. Et si cet argument ne suffit pas, la souffrance peut être pensée comme un signe d’une élection divine particulière.

C’est tout cela qui trouble Job – se sachant innocent il ne comprend pas pourquoi il doit supporter toutes ces souffrances :

« Ne voit-il pas, lui, ma conduite ?

Ne tient-il pas le compte de tous mes pas ? Alors, ai-je fait route avec mensonge, Mon pied s’est-il hâté vers la fraude ? Qu’il me pèse à des justes balances Et Dieu reconnaitra mon intégrité ! »70

On peut constater en analysant l’exemple de Job, que ce qu’il demande c’est la justice, qu’on lui reconnaisse son intégrité, son innocence. Et comme fin à ses souffrances il demande la mort. Mais pas la guérison.

On voit bien ici, dans l’AT, « la philosophie » de la souffrance : on souffre parce qu’on est coupable. Il n’y a pas de possibilité d’échapper à la souffrance, il faut l’accepter (ce que fait Job tout au début : « Nous acceptons le bonheur comme un don de Dieu. Et le

68

Bible. Traduction œcuménique. Edition intégrale. 10ème édition. Paris : Les Editions du Cerf, 2004, p.1503

69

L.Ravez C.Tilmas-Cabiaux Le corps resitué. Médecine, éthique et convictions. Belgique : Presses Universitaires de Namur, 2006, p.104

malheur, pourquoi ne l’accepterions-nous pas aussi ? »71). La seule « échappatoire » est la mort.

Enfin, dans l’histoire de Job, la question posée est – mais de quoi Job est-il coupable ? - les commentaires de la TOB expliquent : « La culpabilité de Job n’est pas d’ordre moral. Elle est celle de l’homme qui non seulement se croit le maître de sa propre destinée mais aussi s’érige inconsciemment en être divin puisqu’il porte un jugement sur Dieu »72

Mais l’interprétation biblique de la souffrance ne s’arrête pas ici. Dans le NT on trouve une autre approche du même problème. D’après H.J. Stiker, c’est Jésus qui rompt le lien entre le mal et la faute individuelle. La pratique de Jésus, c’est de soulager et de guérir. En allant vers ceux qui souffrent dans leurs corps (les infirmes, les aveugles, les lépreux) « il a moins fait œuvre sociale qu’œuvre de déconstruction de la mentalité religieuse » - dit Stiker.73 Jésus déclare que les malades, les infirmes, les marginaux seront les premiers dans le « Royaume de Dieu », il leur donne un exemple de foi et de grâce.

Le Christ n’est pas venu pour supprimer la souffrance, mais il est venu pour lutter contre la douleur et la souffrance. Dans ce sens, « l’Evangile est la négation de la passivité en face de la souffrance »74. Cette ouverture, cette mise en action, ont été une transformation de la pensée chrétienne, ce qui a permis le développement de ce mouvement en faveur des pauvres et des malades, l’ouverture des hôpitaux et des cliniques sous l’égide de l’Eglise.

On peut constater, néanmoins, que même de nos jours il existe une difficulté pour certaines auteurs chrétiens à se débarrasser de cette pensée qui règne en AT, l’idée du péché comme cause de la maladie : « Mais si le Christ a pu venir guérir l’humanité, c’est parce que lui-même n’a pas été souillé par la maladie du péché originel. Il s’est rendu semblable aux hommes en toute chose excepté le péché »75.

71 Bible, p.1495

72 Op.cit, p.1491

73

H.J. Stiker, Op.cit. p.31

74 Ph. Gauer Le Christ médecin. Nancy : Editions de l’Emmanuel, 1994

2.1.3. Les temps médiévaux

Douleur et souffrance sont très bien connues par les hommes du Moyen Age : c’est le temps des grandes épidémies, des guerres et de la famine. Les épidémies ont été si dévastatrices, que dans les villes, les corps morts restaient souvent dans les rues, non enterrés, à cause du manque ou des faiblesses des vivants. Aux épidémies de pestes, famines et autres épidémies de toutes sortes s’ajoutent les guerres. La souffrance du corps est due maintenant non seulement à la maladie, au manque de la nourriture ou à la vieillesse, mais aussi aux blessures, aux mutilations de guerre. Le corps souffrant devient quelque chose qui fait partie du quotidien des gens, ils s’y habituent et ils en ont peur en même temps. D’une part, les gens voient chaque jour cette destruction du corps qui sera peut-être demain leur corps devenu difforme et ils s’habituent à ces images et à ces idées. D’autre part, d’après Huizinga76, on constate l’émergence d’une peur et d’une obsession concernant les souffrances et les malheurs du corps.

On peut voir cette préoccupation dans les œuvres d’art qui montrent très expressivement, en détails impressionnants comparés à la modestie habituelle des représentations du corps, des corps détruits, malades, infirmes, morts. Le corps souffrant devient pour les gens une obsession, traduite dans plusieurs œuvres d’art et dans la littérature. Les gens à cette époque ont moins peur de la mort que de la souffrance.

Plusieurs analyses montrent que l’attitude face à la souffrance au Moyen Age, et même plus tard à l’époque de la Renaissance, est dominée par l’idée de l’AT qui lie la maladie et le péché. Il est intéressant d’observer comment, à cette époque, se mélangent les idées promues par l’Eglise et les vieilles croyances sur la maladie comme une affaire de forces maléfiques : « Les fous, les boiteux, les aveugles, écrivait Luther en 1528, les muets sont des hommes chez qui les démons se sont établis. Les médecins qui traitent ces infirmités comme autant de causes naturelles sont des ignorants qui ne connaissent point toute la puissance du démon ».77

La caractéristique de l’attitude face à la souffrance au Moyen Age ne serait pas