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5.2.1 Choix des écoles

Le choix des écoles observées à Saint-Benoît ne s’est pas effectué de manière aléa- toire. Nous souhaitions en effet que notre évaluation soit adaptée à tous les enfants, et donc que la passation des épreuves se fasse au mieux avec eux, quels que soient leurs

compétences langagières de départ. De ce fait, pour prendre en compte un maximum de facteurs, nous voulions composer un échantillon d’enfants présentant des profils langagiers les plus diversifiés.

Dans cet échantillon d’informateurs, peu nous importait donc de connaître le CSP des parents ou de prendre en considération le caractère plus ou moins urbain de leurs écoles, pour ne mentionner que des variables couramment mises en avant. De même, nous avions volontairement occulté le critère " pratique " d’enseignement qui ne nous était pas très utile. D’ailleurs, pour qu’il soit pertinent, il aurait fallu que nous sui- vions chaque enfant de manière longitudinale, tout au long de son apprentissage (du- rant trois années) en croisant les diverses pratiques des enseignants. Il était avant tout pertinent de faire porter nos recherches sur des enfants qui avaient des compétences bonnes, moyennes et faibles en français et en créole.

Pour effectuer notre choix, les seuls indices langagiers dont nous disposions a priori concernaient les résultats nationaux en français des écoles élémentaires, et les résultats individuels, toujours en français, auprès des maîtresses.

Pour Saint-Benoît, une première sélection s’est donc faite à partir des résultats ob- tenus sur quatre années aux Evaluations Nationales de CE2 en français. Nous sommes partie du principe que les élèves étant répartis dans les écoles élémentaires selon des critères géographiques (carte scolaire), les enfants présents en maternelle dans une école étaient en majorité affectés dans l’école élémentaire la plus proche de l’école ma- ternelle.

Nous sommes bien entendu consciente du caractère quelque peu hasardeux de cette déduction, mais au moment où nous avons commencé nos enquêtes de terrain, la circonscription de Saint-Benoît n’avait aucune donnée statistique sur les évaluations en français dans ses écoles maternelles (le livret d’évaluation de circonscription n’a été distribué que pour l’année scolaire 2006-2007). Nous avons donc choisi, en concer- tation avec la conseillère pédagogique de l’Inspection Académique de l’époque, trois écoles maternelles qu’on pouvait "relier" à trois écoles élémentaires ayant obtenu pour l’une un niveau relativement bon en français, une autre un niveau moyen et enfin, une dernière un niveau faible pour les Evaluations Nationales de CE2.

L’école "liée" à un bon niveau général de français (Ecole primaire Julie Huet) se trouve à Sainte-Anne, "grand village" étant rattaché à la commune de Saint-Benoit.

Elle se situe dans un zone d’habitation tranquille composée en majorité de maisons individuelles de plein pied, dont les habitants ont des CSP diversifiés. Il s’agit d’une école primaire, on y comptait 139 enfants inscrits en pré-élémentaire. On peut la situer, au sud de Saint-Benoit, sur la carte répertoriant l’emplacement des trois écoles où nous sommes intervenue (cf. figure 5.2).

FIGURE5.2 – Les trois écoles bénédictines. Source : Google maps

L’école "liée" à un niveau moyen général en français (Ecole maternelle La poussi- nière) est relativement proche du centre-ville de Saint-Benoît. Les enfants viennent en général des logements sociaux aux alentours, mais parfois aussi de maisons indivi- duelles. On y dénombrait 230 élèves. Cette école est classée en ZEP/REP et fait partie dorénavant d’un RAR (Réseau "Ambition Réussite")3.

Enfin, la dernière école, celle qui était liée à un faible niveau général de français (Ecole maternelle André Hoareau) est située dans le quartier de Beaufonds, composé majoritairement de logements sociaux, construits autour de l’usine sucrière qui a été fermée en 1995. 168 enfants étaient inscrits dans cette école maternelle qui est égale- ment classée en ZEP/REP et fait aussi désormais partie d’un RAR.

A partir d’avril 2005, nos investigations ont concerné uniquement l’école La Pous- sinière. Comme dans toutes les écoles de notre échantillon, nous y gérions avec une grande liberté le temps que nous voulions consacrer à chaque enfant. Outre les bonnes

relations que nous entretenions avec les enseignantes, dont la directrice, et les Atsem, cette école présentait surtout de grands avantages pour nous au niveau "logistique". Nous disposions en effet de deux salles à part, l’une où nous jouissions d’un espace pour recevoir les enfants au calme (ce qui n’est pas le cas partout), et l’autre, moins silencieuse certes (la BCD située à l’entrée de l’école), mais équipée d’un téléviseur et d’une pièce attenante d’où nous pouvions observer discrètement les interactions langagières des enfants laissés entre eux, tout en menant des activités avec d’autres informateurs.

Pour Le Tampon, nous avons choisi une école maternelle dont l’école élémentaire attenante avait des résultats moyens en français aux Evaluations nationales, selon les mêmes paramètres, pour la circonscription concernée. Notre choix s’est porté sur l’Ecole Terrain-Fleury (cf. figure 5.3).

FIGURE5.3 – L’école tamponnaise. Source : Google maps

Troisième commune de l’île par sa superficie (170 km2), Le tampon se situe dans le sud-ouest de l’île. Comme nous l’avons mentionné supra, dans cette région dite des Hauts, le créole est réputé être acrolectal, c’est-à-dire plus proche du français que les variétés parlées dans les Bas (sur les côtes).

Pour la métropole, nous sommes allée dans trois écoles relativement peu éloignées du centre-ville palois :

de la maternelle au CM2. Il nous semblait intéressant de voir comment évo- luent les enfants avec deux autres langues proches enseignées à l’école. Ce ne fut que des observations non enregistrées. Nous n’avons pas eu d’entretiens individuels avec les enfants.

— une classe de grande section d’une école maternelle, à mi-chemin entre une zone pavillonnaire et une zone de HLM

— les deux classes de grande section d’une école maternelle située dans une zone de HLM (Ecole des Fleurs), classée en ZEP et une classe de moyenne section. Remarque : pour les deux écoles publiques paloises, le choix a été fait par défaut. Seules ces deux écoles acceptaient de nous recevoir en début d’année (un IUFM étant implanté dans la ville, les écoles de la commune sont en fait submergées de demandes de stage de la part d’étudiants). Mais il s’est avéré qu’elles nous convenaient parfaite- ment, puisque les niveaux de français dans les classes observées étaient disparates.

5.2.2 Choix des classes

A Saint-Benoît, le choix des classes observées s’est effectué avec l’accord des ensei- gnantes et de manière aléatoire lorsque toutes les enseignantes étaient d’accord pour nous accueillir au sein de leur classe, la seule condition étant que les niveaux des en- fants en français au sein de ces classes soient le plus hétérogène possible (selon les dires des enseignantes). Les enseignantes ne se préoccupant généralement que du ni- veau de français de leurs élèves, elles étaient moins sûres de leurs niveaux en créole.

Le nombre d’enfants par classe de grande section était :

— à André Hoareau : 25 enfants. Nous avons également observé dans cette école une petite section et une moyenne section, sans entretiens individuels.

— à La Poussinière : 25 enfants en 2003-2004, 27 enfants en 2004-2005, 26 enfants en 2005-2006, 23 enfants en 2006-2007

Au Tampon, la classe à observer nous a été imposée par le directeur. Celle-ci comptait 27 élèves. Le niveau en français était relativement bon pour l’ensemble de la classe. Beaucoup d’enfants s’exprimaient en français, mais certains avec des difficultés plus grandes que d’autres. Les niveaux en créole n’était pas connu de l’enseignante.

direction. Elle comprenait 23 élèves. A l’école Les Fleurs, en revanche, nous avons pu observer les deux classes de GS de l’école (l’une comptait 27 élèves et l’autre 25 élèves), mais aussi une classe de moyenne section et une classe de petite section.

5.2.3 Choix des enfants

Outre les observations des élèves de toutes ces classes (dans la classe, en récréation, entre pairs, individuellement ou dans les relations avec la maîtresse ou l’Atsem), nous avons établi un échantillon d’enfants avec lesquels nous avons mené des entretiens individuels. Les enfants qui ont participé à ces derniers ont été choisis en majorité en GS, en fonction de deux critères :

— le fait qu’ils étaient " grands ou moyens parleurs "

— leur niveau de français (bon-moyen-faible) selon les appréciations de leurs maî- tresses.

Nous avons complété cette liste avec sept témoins bénédictins faisant partie de notre cercle familial, en dehors du cadre scolaire.

Durant toutes nos recherches, les entretiens individuels que nous avons effectués à La Réunion ont concerné près de 90 enfants : environ 80 en GS, 4 en MS, 3 en PS, et 3 enfants non encore scolarisables, c’est-à-dire qui avaient moins de trois ans (dont un a été réinterviewé en MS). Nous ne comptabilisons pas ici bien entendu toutes les interactions spontanées que nous avons pu avoir plus ou moins longuement avec chaque enfant de chacune des classes observées.