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Réflexion sur l'autonomisation des projets locaux : Analyse de la dynamique du Groupe d'Action Locale "Pays des Condruses"

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Réflexion sur l'autonomisation des projets locaux : Analyse de la dynamique du Groupe d'Action Locale "Pays des Condruses"

Auteur : Doutrepont, Adrien Promoteur(s) : Stassart, Pierre M Faculté : Faculté des Sciences

Diplôme : Master en sciences et gestion de l'environnement, à finalité spécialisée en interfaces sociétés-environnements Année académique : 2016-2017

URI/URL : http://hdl.handle.net/2268.2/3194

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Département des Sciences et Gestion de l’Environnement Unité SEED

Réflexion sur l’autonomisation des projets locaux Analyse de la dynamique du Groupe d’Action Locale

« Pays des Condruses »

Mémoire présenté par Adrien Doutrepont

en vue de l’obtention du grade de Master en Sciences et Gestion de l’Environnement, à finalité spécialisée Interfaces Sociétés-Environnement

Rédigé sous la direction de M. Pierre Stassart

Année académique 2016-2017

Comité de lecture : M. Jean-François Pêcheur, Mme. Marlène Feyereisen

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René Dubos, 1972

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(6)

Je tiens à remercier l’ensemble des professeurs et assistants de l’équipe SEED pour leur enseignement tout au long de cette dernière année d’études et plus particulièrement M. Pierre Stassart, mon promoteur, pour ses conseils avisés.

Je tiens également à remercier mon amie Elodie Duckers et ma sœur Catherine pour le temps passé à corriger ce mémoire et pour leur soutien durant la rédaction.

Un énorme merci à mes deux amies, Céline et Delphine, pour leur aide précieuse et les séances de rédaction collectives.

Merci aux personnes qui ont été interviewées et sans lesquelles ce travail n’aurait pu être réalisé.

Merci à Jean-François Pêcheur et aux membres du GAL du Pays des Condruses, pour leur accueil et leur disponibilité.

(7)
(8)

Introduction ... 1

Chapitre 1 : Objectifs de recherches et corpus théorique ... 3

1.1. Objectifs de recherche ... 3

1.2. Méthodologie ... 5

1.3. Source des données ... 8

1.4. Cadre de l’étude ... 10

Chapitre 2 : L’approche LEADER ... 11

2.1. Le programme LEADER ... 11

Chapitre 3 : Projets étudiés : Ochain Energie et Point Vert ... 19

3.1. Analyse de la dynamique du projet « Ochain Energie » ... 20

3.2. Analyse de la dynamique du projet « Point Vert » ... 35

3.3. Conclusion de chapitre ... 48

Chapitre 4 : Analyse de la dynamique du GAL du Pays des Condruses ... 50

4.1. Ochain Energie et Point Vert : ... deux innovations sociotechniques radicales ... 50

4.2. Le GAL : un espace de protection active ... 51

4.3. Le GAL : animateur du territoire et coordinateur de réseau ... 53

4.4. Empowerment – Autonomisation ... 62

4.5. Conclusion de chapitre ... 66

Discussion : Ochain Energie et Point vert : deux projets bien différents ... 68

Conclusion ... 72

Bibliographie et sources... 74

Annexes ... 79

(9)
(10)

1

Introduction

Le sujet de mon mémoire de fin d’études s’inscrit dans ma volonté de comprendre comment les citoyens peuvent participer au développement de leur territoire.

Agronome de formation, les territoires ruraux et notamment les synergies entre les acteurs et la nature m’intéressent depuis de nombreuse années. Mon passage à l’université de Liège en Sciences et Gestion de l’Environnement m’a permis d’alimenter ma réflexion sur le rôle que peuvent avoir les espaces ruraux dans le développement durable et les transitions écologiques. Plus précisément, la finalité

« Interface société Environnement » a éclairé ma vision du développement rural en y ajoutant notamment les dimensions de la participation citoyenne et de la gouvernance ascendante.

Afin de comprendre comment la société civile peut porter le développement rural, je me suis intéressé aux organisations et institutions qui permettent cette participation citoyenne. Les groupes d’action locale (GAL) me sont alors apparu comme étant de bons exemples d’organisations permettant la participation des citoyens dans le développement des territoires ruraux.

Ces groupes d’action locale sont mis en place par la Commission européenne depuis 1991 dans le cadre des programmes d’initiative communautaire successifs

« LEADER », ou « Liaison entre Actions de Développement de l’Economie Rurale ».

L’approche Leader, à travers les groupes d’action local, offre aux citoyens la possibilité de s’impliquer dans la définition des orientations du développement de leur territoire.

Les groupes d’action locale permettent également aux acteurs locaux de développer des projets s’inscrivant dans le développent économique, social et environnemental du territoire rural. Le cas d’étude pratique que j’ai choisi pour réaliser ce travail est le GAL du Pays des Condruses.

Dans ce travail, nous allons tenter de comprendre comment, dans le cadre du programme européen de développement rural « LEADER », le groupe d’action locale

« Pays des Condruses » peut mener à l’autonomisation de projets locaux ? Pour mener cette analyse du GAL du Pays des Condruses, ce travail s’articulera en six parties.

Tout d’abord, le premier chapitre dressera les objectifs de recherche s’articulant autour d’une question centrale. Cette partie décrira également la méthodologie utilisée lors de l’étude de terrain, ainsi que les cadres théorique employés dans notre analyse.

Ensuite, dans le second chapitre, nous replacerons le GAL du Pays des Condruses dans le contexte européen et wallon. Notamment, les caractéristiques de l’approche LEADER, ainsi que la traduction qu’en fait la Wallonie y seront décrites.

Le troisième chapitre sera consacré à la description de la dynamique des projets « Point Vert » et « Ochain Energie » qui évoluent sur le territoire du Pays des Condruses. Cette analyse aura comme objectif de comprendre comment ces projets peuvent s’autonomiser. Pour ce faire, nous mobiliserons la théorie de l’acteur-réseau (ANT).

(11)

2 Le quatrième chapitre se concentrera sur la description de la dynamique du GAL du

Pays des Condruses, à l’aide de la théorie de la Gestion Stratégique de Niche (GSN).

Cette analyse nous permettra de comprendre comment ce GAL peut favoriser le développement et l’autonomisation des deux projets étudiés dans le chapitre 3.

Ensuite, dans la discussion, nous tenterons de comprendre dans quelle mesure le GAL du Pays des Condruses est capable de porter ces deux projets, de leur conception à leur autonomisation. Pour ce faire, nous identifierons et mettrons en perspective les caractéristiques spécifiques des projets « Point Vert » et « Ochain Energie ».

Enfin, nous conclurons en synthétisant les apprentissages que cette étude nous a permis de faire. Aussi, nous aborderons certaines limites que nous avons pu identifier à posteriori de ce travail.

(12)

3

1.

Chapitre 1 : Objectifs de recherches et corpus théorique

1.1. Objectifs de recherche

L’approche LEADER, ou « Liaison Entre Actions de Développement de l’Economie Rurale », lorsqu’elle fut appliquée dès 1991 par la Commission européenne à travers le programme d’initiative communautaire « LEADER I », représentait une méthodologie relativement novatrice. En effet, cette approche propose la mise en place d’outils institutionnels, organisationnels et financiers, afin de favoriser les partenariats au niveau sous régional entre les secteurs privés et publics et la société civile. Ces partenariats se font à travers les Groupes d’Action Locale (GAL), composés des acteurs locaux représentatifs du territoire. Aujourd’hui, LEADER en est à sa cinquième génération de programme, avec le programme LEADER/DLAL1 2014-2020.

A l’heure actuelle, le développement durable et local est une trajectoire de plus en plus empruntée par les acteurs de la société civile. En effet, nous observons depuis plusieurs années, l’émergence d’initiatives citoyennes et locales, partout en Wallonie.

Ces projets locaux peuvent prendre diverses formes et traiter de thèmes variés, allant de la coopérative citoyenne d’énergie à la coopérative de production agricole locale, en passant par la création de magasins de produits locaux ou encore par la création de nouvelles filières de production et de distribution de denrées alimentaires produites localement, etc. Cette émulsion de projets ne compte cependant pas que des réussites car il est possible que certaines initiatives n’arrivent pas à maturité. Dans ce contexte, un enjeu identifié est celui de la viabilité des initiatives locales. Il s’agit dès lors de comprendre comment des initiatives peuvent arriver à maturité à travers une certaine autonomisation. C’est de cers quoi tend le présent travail, au travers d’une part, l’étude des dynamiques de deux projets locaux développés dans le cadre du GAL du Pays des Condruses et d’autre part, l’étude de la dynamique propre au groupe d’action locale.

La méthodologie de l’acteur-réseau sera mobilisée afin de tenter de déterminer comment et à travers quoi les deux projets observés acquièrent une relative autonomie ? Ensuite, nous complèterons notre analyse avec la méthodologie de la

« gestion stratégique de niche » afin de tenter de comprendre comment le GAL, en tant que niche, favorise-t-il le processus d’autonomisation des projets ?

Nous proposons la question de recherche suivante :

« Dans le cadre du programme européen de développement rural « LEADER », comment le groupe d’action locale « Pays des Condruses » peut-il mener à l’autonomisation de projets locaux ? »

1 DLAL : Développement Local mené par les Acteurs Locaux

(13)

4 Afin de répondre à cette question, nous organisons notre recherche à travers deux

objectifs :

1. Observer la dynamique des projets d’espace-test « Point Vert » et de biométhanisation à Ochain.

2. Observer la dynamique d’accompagnement de projets du Groupe d’Action Locale du Pays des Condruses.

Ces objectifs vont nous permettre de répondre à ces trois sous-questions, qui composent notre question de recherche :

a. Comment et à travers quoi les deux projets observés acquièrent une relative autonomie ? (méthodologie de l’acteur-réseau)

b. Le GAL est-il une niche d’innovation sociotechnique ?

c. Comment favorise-t-il le processus d’autonomisation des projets ? (méthodologie de la gestion stratégique de niche)

1.1.1. Précision sur la notion d’autonomisation

Le concept d’autonomisation étant central dans ce travail, il importe de le définir afin de clarifier sa compréhension.

La notion d’autonomie s’oppose à celle d’hétéronomie, qui signifie « le fait de recevoir sa loi du dehors au lieu de la tirer de soi-même »[1]. L’autonomie peut alors être interprétée comme « la capacité à concevoir et produire ses propres règles »[2]. Cependant, il ne faut pas omettre que cette capacité s’inscrit dans un environnement, un régime avec ses propres règles et contraintes [2].

Par « autonomisation », nous entendons faire référence à la notion « d’empowerment » développée Smith & Raven dans leur ouvrage de 2012 «What is a protective space?

Reconsidering niches in transitions to sustainability ». Dans ce travail, l’autonomisation doit alors être comprise comme la capacité à défendre un projet, dans un jeu complexe de pouvoirs, permettant de tenir à distance la pression du régime2 plutôt que d’y être subordonné. L’autonomisation peut désigner autant un état (l’autonomie), qu’un processus.

2 « Régime : ensemble semi-cohérent de règles portées par les différents groupes sociaux qui orientent et coordonnent leurs activités et procurent ainsi au système sa stabilité. »[63]

(14)

5

1.2. Méthodologie

La méthodologie appliquée dans ce travail se fait en deux temps : une première phase d’enquête de terrain, suivie d’une deuxième phase de traitement et d’analyse des données.

La première phase, l’enquête de terrain, nous a permis de collecter des données utiles à notre analyse. Afin d’organiser cette enquête, nous avons mobilisé les outils de la « technique d’investigation qualitative ». En effet, l’enquête de terrain s’est organisée à travers des entretiens semi-directifs réalisés avec les acteurs concernés.

Pour préparer ces entretiens, un guide thématique général et un guide spécifique à chaque entretien furent préalablement créés.

Lors des entretiens, une attention particulière fut portée sur la position à adopter en tant qu’observateur. La position adoptée fut inspirée des trois principes d’agnosticisme sur lesquels Michel Callon fonde la théorie de l’acteur réseau[3] :

- Le principe d’agnosticisme généralisé : l’observateur doit faire preuve d’une impartialité vis-à-vis des arguments scientifiques et techniques mais aussi vis- à-vis des contextes sociaux. C’est-à-dire que les acteurs sont libres de toutes considérations, doutes, jugements et appréciations émis par l’observateur.

- Le principe de symétrie généralisée : l’observateur ne doit pas changer de registre explicatif ou de méthode lorsque l’on se place du côté de la Nature ou de la Société et lorsque l’on parle d’humains ou de non-humains. Les acteurs mêlant en permanence leurs considérations sur la Nature et la Société, il est important d’user du même vocabulaire pour chaque aspect, sans user des facteurs sociaux, ou des normes institutionnelles ou organisationnelles, risquant de fermer la discussion.

- Le principe de la libre association : l’observateur se doit de rejeter l’hypothèse selon laquelle il existe une frontière entre la Nature et la Société, respectant alors le fait que les acteurs associent librement les faits de la Nature et de la Société.

La deuxième phase, se subdivise en deux étapes : le traitement des données et l’analyse de celles-ci.

Afin de traiter les données récoltées grâce aux entretiens, il a été nécessaire retranscrire et de coder ces derniers de manière précise, regroupant les informations par thèmes. Les retranscriptions représentant un corpus de 146 pages, le codage nous a permis de rétrécir la quantité d’informations en mettant en évidence les plus pertinentes. Les informations sont dès lors devenues plus précieuses dans leur représentation des éléments importants. Il fut alors plus aisé de hiérarchiser les informations et de les mettre en perspective en fonction de la question de recherche.

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6 L’analyse à proprement parlé de ces données s’est faite à travers la mobilisation

de deux cadres analytiques : la théorie de l’acteur-réseau ou ANT (Actor Network Theory) selon Michel Callon et la théorie de la gestion stratégique de niche ou GSN, proposée par Smith & Raven. Ces théories seront utilisées nous permettront de réaliser deux niveaux d’analyses distincts : l’ANT nous permettra de mettre en évidence la dynamique interne des deux projets étudiés à travers l’étude da la construction de leur réseau sociotechnique respectif. La GSN, quant à elle, sera utilisée afin de cadrer notre analyse de la dynamique du GAL du Pays des Condruses de manière plus générale.

La théorie de l’acteur réseau est développée par Michel Callon (1986) à travers le processus de traduction qui rend compte de la construction d’un réseau sociotechnique se détaillant en quatre étapes :

1. La problématisation : cette première étape consiste à comprendre les problèmes et identifier les acteurs concernés par les questions formulées par les porteurs du projet. Le traducteur doit faire en sorte que la problématisation qu’il propose fournisse des éléments de réponses au projet dans tous ses aspects. La problématisation devient alors un point de passage obligé (PPO), qui est un lieu physique ou imagé « dans lequel les actants sont entre-définis et à travers lequel ils ne peuvent atteindre leur objectif individuellement, mais bien en s’accordant collectivement autour de la problématisation commune »[4].

2. Les dispositifs d’intéressements : ou comment sceller les alliances.

L’intéressement est « l’ensemble des actions par lesquelles une entité s’efforce d’imposer et de stabiliser l’identité des autres acteurs qu’elle a défini par sa problématisation »[3]. Les entités qui composent le réseau vont alors évoluer et se redéfinir tout au long du processus d’intéressement. A travers cette évolution, les entités et le réseau se voient reconfigurés, atteignant une nouvelle stabilité potentielle. Cette reconfiguration peut parfois aller jusqu’à la redéfinition de la problématisation.

3. L’enrôlement : l’enrôlement est un intéressement réussi. Il désigne le mécanisme par lequel un acteur accepte le rôle qui a été défini pour lui à la suite de négociations.

4. La mobilisation des alliés ou les porte-paroles : L’aboutissement du processus est la mobilisation progressive d’acteurs qui s’allient pour rendre crédible et indiscutable la proposition initiale, formulée dans la problématisation. Les acteurs ne vont cependant pas être mobilisés à chaque moment par le réseau et des porte-paroles vont émerger afin de représenter ces derniers.

Nous mobiliserons cette théorie de l’acteur-réseau dans le chapitre 3 afin de comprendre et de décrire la dynamique des deux projets étudiés. Cependant, dans le cadre de cette étude, nous appliquerons cette théorie dans un contexte particulier qui diffère de celui auquel se réfère la théorie de l’acteur-réseau selon Michel Callon.

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7 Dans le chapitre 4, nous mobiliserons la gestion stratégique de niche (GSN)

développée par Smith & Raven dans leur ouvrage de 2012 « What is a protective space?

Reconsidering niches in transitions to sustainability », afin de comprendre dans quelles mesures le GAL du Pays des Condruses peut être considéré comme une niche de protection d’innovations sociotechniques. Les auteurs mettent en avant trois propriétés qui définissent une niche de protection.

Les voici exposées brièvement :

1. La protection (schielding) : « processus qui permet de tenir à distance une certaine pression de l’environnement »[5]

a. Protection passive : une région marginalisée, un environnement institutionnel fertile à l’innovation avec le soutien du public

b. Protection active :

i. Générique : soutien par l’offre ou par la demande

ii. Spécifique : incubateur d’entreprise, coopératives citoyennes 2. La maturation (nuturing) : « processus qui supporte le développement des

innovations radicales »[5]

a. Gestion des attentes b. Apprentissages

c. Capacitation / empowerment : dans ce travail : « autonomisation » i. Fit & conform

ii. Stretch & transform

3. La capacitation par le narratif : « Processus qui permet de tenir à distance une certaine pression de l’environnement plutôt que d’y être subordonné »

a. Attentes positives pour le futur inscrit dans un récit ou prospective b. Se montrer amical, non-exclusif et coexistant

c. Montrer que l’innovation fait partie de la solution

d. Challenger le régime en lui montrant ses propres contradictions

Selon les auteurs, une niche est donc un espace physique ou institutionnel, qui offre une protection aux innovations sociotechniques. Elle accompagne notamment ces projets dans leur processus de maturation, de la gestion des attentes à l’autonomisation. Aussi, une niche peut endosser le rôle de porte-parole des projets face au régime sociotechnique en place.

(17)

8

1.3. Source des données

Il existe bon nombre de documents officiels européens détaillant l’approche LEADER ainsi que les GAL et le développement local mené par les acteurs locaux (DLAL). Nous avons notamment parcouru la législation à travers les règlements européens concernant FEADER, LEADER, le second pilier de la PAC, la stratégie

« Europe 2020 », ou encore la documentation concernant la politique de cohésion 2014- 2020, ainsi que le programme européen pour le développement rurale 2014-2020. Nous avons également parcouru la documentation officielle de la Région wallonne à travers le Programme wallon de Développement Rural (PwDR) 2014-2020, les programmes précédents ainsi que la documentation publiée par le Réseau wallon de Développement Rural (RwDR). Cette approche théorique à travers la législation nous a permis de mieux cerner les tenants et aboutissants de l’approche LEADER.

Nous avons également parcouru la littérature scientifique spécifique aux GAL et à l’application de la mesure LEADER. Bien que l’approche de ces travaux s’écarte quelque peu de notre question de recherche, se concentrant plutôt sur la mise en place de la mesure que sur la dynamique des GAL, ils nous ont permis de mieux saisir les aspects de « terrain » de la mesure LEADER. Nous pouvons citer entre-autres les travaux d’Yves Champetier « L’Europe et le développement rural » (2003), de Marie- Claude Maurel « L’action publique par le bas : l’approche LEADER en Europe centrale » (2008), de Pascal Chevalier « Application du programme leader selon les principes de base du développement local » (2014), ou encore la collaboration de Marie-Claude Maurel, Pascal Chevalier et Peter Póla dans « les acteurs locaux à l’épreuve du modèle européen LEADER : l’expérimentation de l’approche LEADER en Hongrie » (2010).

Au vu des objectifs de recherche et de la méthodologie employée dans ce travail, il a été indispensable de préciser ces données par la réalisation de plusieurs entretiens semi-directifs avec les acteurs concernés par notre cas d’étude. Ces entretiens constituent le socle de nos recherches et vont fournir les éléments principaux de notre analyse. Ils nous ont permis de mieux comprendre les dynamiques des projets et les relations qui existent entre les acteurs, tout en nous imprégnant des ressentis et visions personnelles de chacun. L’acteur de référence, qui nous a permis l’accès au terrain et ouvert la voie vers d’autres acteurs est Monsieur Jean-François Pêcheur, directeur- coordinateur du GAL du Pays des Condruses. Plusieurs acteurs clés furent préalablement identifiés, mais l’échantillon d’acteurs interrogés se rallongea au fur et à mesure des entretiens, de nouveaux acteurs nous aillant été renseignés.

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9 Lors de notre étude de terrain, nous avons rencontré les personnes suivantes :

- M. Jean-François Pêcheur, directeur-coordinateur du GAL du Pays des Condruses

- M. Grégory Racelle, porteur de projet « Ochain Energie scrl » - M. Damien Wathelet, 1er échevin de la Commune de Clavier

- M. Benoit Noël, ancien chargé de mission « agriculture-énergie» au GAL du Pays des Condruses

- Mme. Séverine d’Ans, ancienne candidate maraichère « Point Vert »

- M. Renaud Devries, maraîcher « Point Vert » et employé chez « Devenirs asbl » - Mme. Fanny Lebrun, ancienne candidate maraichère « Point Vert »

- M. Marc Wauthelet, chargé de mission « transition énergétique du territoire» au GAL du Pays des Condruses

- Mme. Kathleen Vanhandenhoven, chargée de mission « une économie plurielle » au GAL du Pays des Condruses et coordinatrice de l’espace-test

« Point Vert »

- M. Frédéric Englebert, formateur pour « Devenirs asbl » et conseiller technique de l’espace-test « Point Vert »

- M. Thierry Laureys, entreprise « Energie & développement local »

- M. Paul Gaillard, ACIS asbl, gestionnaire de chantiers pour les institutions de la région de Liège – Verviers

- M. Jean-Marc Zanatta, SAW-B asbl, conseiller en entreprise sociale

- M. Steve Francis, ancien chargé de mission « économie » au GAL du Pays des Condruses

- Mme. Daphné Lemaitre, CREAJOB asbl, chargée de projets – filière agrotourisme

- M. Daniel Wathelet, TR@ME scrl, administrateur chef de projet & chargé de mission au sein de la cellule d’animation du RwDR, animateur des groupes de travail thématique "Infrastructures de la Santé" et "Formation des GAL".

- M. Benoit Delaite, TR@ME scrl, Administrateur chef de projet, chargé de mission au sein de la cellule d’animation du RwDR, animateur des groupes de travail thématiques "Biodiversité" et "Forêt".

- Mme. Chantale Courard, chargée de mission « Bien vieillir au Pays des Condruses » au GAL du Pays des Condruses

(19)

10

1.4. Cadre de l’étude

Dans notre cas d’étude, deux niveaux d’analyse sont à prendre en compte : Le premier niveau pertinent est celui des projets d’espace-test maraîcher et de biométhanisation à Ochain. En effet, afin de comprendre comment ces projets tendent vers une autonomisation relative, il importe de s’intéresser à leur dynamique propre.

Bien que ces projets soient nés sous l’impulsion du GAL du Pays des Condruses, ils vont évoluer de manière décentralisée de celui-ci, à travers leur propre dynamique sociotechnique. Ils vont alors se définir une identité particulière à travers la construction de leur réseau sociotechnique en mobilisant d’autres acteurs, à la fois à l’intérieur et à l’extérieur du territoire du Pays des Condruses.

Le deuxième niveau d’analyse à prendre en compte est celui du GAL du Pays des Condruses, à travers sa propre dynamique. En effet, bien que les projets évoluent de manière relativement décentralisée, le GAL peut accompagner, soutenir, voire porter ces derniers vers une autonomisation relative. L’équipe du GAL va notamment jouer le rôle d’animateur du territoire et mettre en place des dispositifs permettant de favoriser l’émergence, la maturation et l’autonomisation de ces projets.

Lors des entretiens, les acteurs interrogés font sans cesse des allers-retours entre ces deux niveaux, les dynamiques des projets et du GAL interagissant régulièrement.

Cependant, afin de clarifier notre analyse, nous avons jugé pertinent d’aborder ces deux niveaux d’action de manière séparée. Cette approche nous permet dès lors de comprendre comment les projets évoluent de manière spécifique, tout en mettant en évidence le rôle du GAL dans ces dynamiques.

(20)

11

2.

Chapitre 2 : L’approche LEADER 2.1. Le programme LEADER

2.1.1. Historique

L’approche LEADER fut appliquée à partir de 1991 à travers le programme d’initiative communautaire (PIC) « LEADER I ». A travers la mise en place de ce programme, la Commission européenne fait preuve d’une approche novatrice, s’écartant de sa traditionnelle politique de développement « descendante », qui détermine un ensemble de mesures à appliquer dans les Etats membres. En effet,

« LEADER I » propose une méthode permettant de mobiliser les acteurs locaux du monde rural afin qu’ils participent au développement de leur territoire. Lors de cette programmation3 1991-1994, le monde rural devient une sorte de « laboratoire »[6], ou la méthode LEADER est expérimentée afin d’élaborer des réponses novatrices aux anciens et nouveaux problèmes que les communautés rurales rencontrent [6].

L’approche LEADER a été reconduite à travers plusieurs programmes successifs jusqu’à aujourd’hui :

- LEADER I : 1991-1994

o Financé à travers une subvention globale regroupant différents fonds structurels européens (FEOGA4, FEDER5, FSE6)[7][8]

- LEADER II : 1995-2000 o Financement inchangé - LEADER + : 2000-2006

o Financement : FEOGA [8]

- LEADER/FEADER7 : 2007-2013

o Redéploiement de crédit de la PAC en faveur d’un 2e pilier

Création du FEADER o Financement : FEADER - CLLD8 (LEADER) : 2014-2020

3 « "programmation" : processus d'organisation, de décisions et de répartition des ressources financières en plusieurs étapes, avec la participation de partenaires (…), visant à mettre en œuvre, sur une base pluriannuelle, l'action conjointe de l'Union et des États membres pour réaliser les objectifs de la stratégie de l'Union pour une croissance intelligente, durable et inclusive » [68]

4 Fond Européen d’Orientation et de Garantie Agricole

5 Fond Européen de Développement Régional

6 Fond Social Européen

7 Fond Européen Agricole pour le Développement Rural

8 Community-Led Local Development

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12 o Financement : FEADER + FEDER, FSE, FEAMP9

Nous remarquons que pour la programmation 2014-2020, le programme LEADER fait preuve d’un remaniement de la part de la Commission européenne. En effet,

« l’approche LEADER reste sous l’égide de FEADER, mais offre la possibilité de mettre en œuvre des stratégies de développement local plurifonds bénéficiant du soutien d’autres fonds européens. Dans ce contexte plurifonds, l’approche LEADER sera appelée « Développement Local mené par les Acteurs Locaux »[7] (DLAL) ou (CLLD en anglais). La stratégie de développement local menée par les acteurs locaux (DLAL), représente un ensemble cohérent de règles et de mesures inscrites dans « Règlement (UE) n°1303/2013 du Parlement européen et du Conseil du 17 décembre 2013 »

Dans notre travail, bien que l’utilisation de l’acronyme CLLD ou DLAL soit recommandée, nous utiliserons l’acronyme LEADER, pour désigner à la fois les programmes LEADER avant et après 2014. Ce faisant, nous ne trahissons pas l’essence même du programme, le CLLD/DLAL se basant sur la méthode LEADER.

2.1.2. Caractéristiques

L’approche LEADER, qui est l’acronyme de « Liaison entre Actions de Développement de l’Economie Rurale », s’inscrit dans la politique de l’Union européenne pour le développement rural. Cette politique fut instaurée en tant que deuxième pilier de la PAC (Politique Agricole Commune) lors de sa réforme « Agenda 2000 ».[9]

L’approche LEADER propose aux communautés rurales européennes une méthode qui permet aux acteurs locaux de prendre part à la définition des orientations du développement de leur territoire, ainsi que d’agir à travers des actions locales.[6] En ce sens, l’approche LEADER n’est pas une mesure de politique rurale classique qui imposerait « ce qui doit être fait », avec une obligation de résultats. Au contraire, cette approche indique « comment procéder », avec une obligation de moyens.[6]

Compte tenu de la diversité des zones rurales européennes, il est essentiel de mettre des outils de développement adaptatif tel que LEADER. En effet, « les stratégies sont plus efficaces et plus efficientes si elles sont décidées et mises en œuvre au niveau local par des acteurs locaux et qu’elles sont accompagnées de procédures transparentes, de l’appui des administrations publiques compétentes et de l’assistance technique nécessaire au transfert des bonnes pratiques »[6].

9 Fond Européen pour les Affaires Maritimes et la Pêche

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13 Dans le cadre de « la stratégie 2020 »10 de l’Europe, LEADER répond particulièrement

au 6e objectif de la politique pour le développement rural, qui est de « Promouvoir l’inclusion sociale, la réduction de la pauvreté et le développement économique dans les zones rurales »[10]. L’approche LEADER peut être détaillée en sept caractéristiques [6] :

Caractéristique n°1 - Stratégies locales de développement par zone

Afin de s’inscrire dans le programme LEADER, les acteurs locaux doivent définir un territoire sur lequel sera mise en œuvre la politique de développement. Ce territoire doit être « homogène et de petite taille, avoir une identité locale avec une cohésion sociale et des traditions communes, un sens d’appartenance ou des besoins et des attentes communs »[6].

En Wallonie, en plus de respecter les conditions précédentes, ce territoire d’action doit être composé de minimum 3 communes contigües, rurales et/ou semi-rurales (annexe I) et avoir une population sur le territoire comprise entre 10.000 et 70.000 habitants.

Caractéristiques n°2 – l’approche ascendante

La participation citoyenne est certainement la caractéristique la plus spécifique de LEADER. La méthodologie originale que propose LEADER qu’est l’approche ascendante, se caractérise par la participation citoyenne au processus de décision et d’action collective concernant les orientations du territoire en matière de développent.

La définition des acteurs locaux impliqués dans la dynamique de développement doit inclure la population au sens large, c’est-à-dire, « inclure les groupes d’intérêt économiques et sociaux et les organismes publics et privés représentatifs »[6]. L’approche ascendante implique notamment :

- « la sensibilisation, la formation, la participation et la mobilisation de la population locale pour déterminer les atouts et les faiblesses de la zone (analyse);

- la participation des différents groupes d’intérêt à l’élaboration d’une stratégie locale de développement;

- l’établissement de critères clairs pour sélectionner au niveau local les actions appropriées (projets) visant à mettre en œuvre la stratégie. »[6]

Il est également important de ne pas limiter la participation des acteurs locaux à la phase initiale, mais bien de les inclure dans tout le processus de mise en œuvre des actions locales.[6]

10 « La stratégie Europe 2020 est le programme de l’UE en faveur de la croissance et de l’emploi pour la décennie en cours. Elle met l’accent sur une croissance intelligente, durable et inclusive comme moyen de surmonter les faiblesses structurelles de l’économie européenne, d’en améliorer la compétitivité et la productivité et de jeter les bases d’une économie sociale de marché durable. »

(23)

14 Caractéristique n°3 – Partenariats publics-privés : les groupes d’action locale

L’application de la mesure LEADER sur un territoire défini se fait à travers un partenariat local mixte (public/privé) dénommé « groupe d’action locale » (GAL). La composition du GAL doit être bien équilibrée entre les partenaires publics et privés et représentative des groupes d’intérêt locaux existants.

Concernant la prise de décision, les partenaires privés « c'est-à-dire les représentants des milieux économiques et sociaux ainsi que de la société civile (agriculteurs, femmes issues du milieu rural, jeunes, acteurs économiques, associations, …) »[11] doivent représenter au moins 51%11 du partenariat local.

La mission du GAL, pilotée par un comité de projet comprenant un coordinateur et des chargés de mission, s’articule autour de deux axes principaux :

- « Elaborer et de mettre en œuvre la stratégie définie pour le territoire

- Assurer la coordination, le suivi et la gestion des projets, de la stratégie ainsi que des moyens financiers publics octroyés. »[11]

Le GAL doit être formalisé dans une structure juridique propre, reconnue par l’Europe (ex : asbl). Cette structure ne doit pas être fixe ni exclusive, le GAL devant permettre l’intégration d’une personne ou d’une association en cours de programmation.

Caractéristique n°4 – Faciliter l’innovation

LEADER, à travers la gouvernance ascendante, favorise les approches nouvelles et novatrices du développement rural susceptibles de faire émerger des innovations sociotechniques radicales. « Ces innovations sont encouragées en donnant au GAL une grande marge de manœuvre et de flexibilité dans la prise de décision concernant les actions qu’ils veulent entreprendre. »[6]

L’obligation pour les GAL d’introduire des projets de développement à caractère innovant ne doit pas être comprise comme un aspect limitant, mais plutôt comme une incitation à développer les projets dans tous leurs aspects. En effet, l’innovation est définie au sens large, pouvant signifier « l’introduction d’un nouveau produit, d’un nouveau processus, d'une nouvelle organisation ou d’un nouveau marché »[6].

Caractéristique n°5 – Actions intégrées et multisectorielles

Le GAL doit élaborer une stratégie de développement local fondée sur une approche multisectorielle, c’est-à-dire qu’elle coordonne les actions et les projets dans un ensemble cohérent. [6] Ce faisant, l’intégration des différents intérêts et groupes d’intérêts au sein d’une programmation multisectorielle constitue un terreau idéal pour l’émergence d’innovations sociotechniques.

11 51% selon le « Programme wallon de Développement Rural » ; 50% selon la Commission européenne.

(24)

15 Caractéristique n°6 – Mise en réseau

La mise en réseau est une caractéristique essentielle de LEADER, car elle va permettre d’inscrire les acteurs du développement rural dans une dynamique plus large, contribuant à combattre l’isolement de certaines régions rurales. Cette mise en réseau permet notamment l’échange des réalisations, des expériences et du savoir-faire entre les groupe Leader, mais également avec tous les autres acteurs du développement rural, qu’ils soient ou non bénéficiaires directs de la mesure LEADER.

Cela permet également de faire voyager les innovations et de partager les bonnes pratiques, ainsi que de favoriser les projets de coopération en mettant en contact les différents groupes Leader. Cette mise en réseau s’organise à travers deux types de réseaux institutionnels financés par la Commission européenne :

- Un réseau européen pour le développement rural (REDR), géré par la Commission [12]

- Un réseau rural national institué dans chaque Etat membre12. Caractéristique n°7 – Coopération

La coopération consiste à encadrer deux groupes Leader dans la création d’un projet commun. Elle peut également se faire entre un groupe Leader et un groupe adoptant une approche similaire.

La coopération s’inscrit à deux niveaux :

- « la coopération interterritoriale, c’est-à-dire la coopération entre différentes zones rurales dans un État membre. Elle peut réunir des groupes Leader et elle est également ouverte à d’autres groupes locaux adoptant une approche participative similaire;

- La coopération transnationale, c’est-à-dire la coopération entre groupes Leader issus d’au moins deux États membres ou avec des groupes de pays tiers ayant une approche similaire. »[6]

2.1.3. Application en Wallonie

En Région wallonne, la mesure LEADER est traduite dans la mesure 19 du Programme wallon de Développement Rural : « M19 - Soutien au développement local Leader (CLLD -développement local mené par les acteurs locaux) (art.35 du règlement (UE) n°

1303/2013)»

Particulièrement, le Programme wallon de Développement Rural (PwDR) a pour objectifs « d’améliorer la compétitivité des secteurs agricoles et sylvicoles, de renforcer la complémentarité entre ces secteurs et l’environnement et de favoriser un monde

12 Pour la Wallonie : « Réseau wallon de Développement Rural » ce réseau est animé par la scrl

« Tr@me »

(25)

16 rural dynamique, en améliorant la qualité de vie et en aidant à la création

d’emplois. »[13]

Afin de répondre aux exigences de mise en réseau de la mesure LEADER13, le Gouvernement wallon a institué un réseau régional : le Réseau wallon de Développement Rural (RwDR) qui couvre les différentes mesures du PwDR. Pour dynamiser ce réseau, la scrl « Tr@me » fut désignée comme cellule d'animation du RwDR.

Cette cellule, outre la mise en place le RwDR, va s’agencer autour d’une dynamique d’animation (groupes de travail, des séminaires,…), de communication et de capitalisation des savoirs et des bonnes pratiques du RwDR [14], avec comme objectifs :

- « d’accroître la participation des parties prenantes à la mise en œuvre de la politique de développement rural;

- d’améliorer la qualité de la mise en œuvre des PDR;

- d’informer le grand public et les bénéficiaires potentiels sur la politique de développement rural et sur les possibilités de financement;

- de favoriser l'innovation dans le secteur de l'agriculture, de la production alimentaire et de la foresterie ainsi que dans les zones rurales. »[13]

Le RwDR et à travers lui, les mesures du PwDR, ne s’adressent pas uniquement aux GAL, mais aux différents acteurs du monde rural (agriculteurs, TPE/PME, communes, Parcs naturels, maisons du tourisme, etc.)[13].

Concernant LEADER, le RwDR veille à appliquer la mesure 19 du PwDR, avec en outre l’aide à la coopération inter-GAL au niveau interterritorial et transnational. Cette mission nous intéressera particulièrement dans ce travail, le RwDR ayant mis en place le groupe de travail « essaimage des espaces-tests maraîchers », visant à favoriser la mise en place du Réseau des Acteurs Wallons des Espaces-Tests Maraîchers

« RAW’ET maraîcher ».

Dans le cadre du PwDR 2014-2020, le Gouvernement wallon décida de faire une première sélection de 13 Plans de Développement Stratégique (PDS) proposés par les GAL, le 29 octobre 2015. Un second appel à la candidature fut organisé le 11 mars 2016, afin que les GAL non retenus lors de la première sélection, puissent présenter leur PDS à ce second appel. En validant les PDS des GAL, le Gouvernement leur donne l’accès à la mesure LEADER inscrite dans le PwDR et par là, l’accès aux financements structurels prévus dans le programme européen CLLD 2014-2020. La mesure LEADER du PwDR 2014-2020 représente un budget de 30.701.381€, financé par la Wallonie à hauteur de 57% et par l’Europe à hauteur de 43% [15].

13 L’article 54 du Règlement (UE) n°1305/2013 relatif au soutien au développement rural par le Fond européen agricole pour le développement rural (FEADER), stipule que «chaque État membre établit un réseau rural national/régional qui regroupe les organisations et les administrations travaillant dans le domaine du développement rural»[13]

(26)

17 A l’issue de ces deux sélections, vingt GAL Wallons ont été retenus pour la

programmation 2014-2020. Ceux-ci sont repris sur la carte en annexe II. Le Groupe d’Action Locale que nous allons étudier dans ce travail est le GAL « Pays des Condruses ». Celui-ci validé par la Région wallonne en juillet 2008 et constitué sous la forme d’une asbl, est piloté par Jean-François Pêcheur, directeur-coordinateur. Le GAL s’inscrit alors dans la programmation 2007-2013 et fut reconduit pour la programmation actuelle 20014-2020.

Situé dans la région du Condroz, le territoire du « Pays des Condruses », s’étend sur une superficie de 301,4 km² et regroupe 7 communes contiguës ayant une typologie d’occupation du sol similaire (environs : 60% agricole, 25% de bois, 10%

urbanisée), à savoir : Anthisnes, Clavier, Marchin, Modave, Nandrin, Ouffet et Tinlot. En date du 1er janvier 2017, ce territoire compte 29.626 habitants.

Figure 1 : Localisation du territoire du Pays des Condruses

25% 65%

10%

Occupation du sol sur le territoire du "Pays des Conduses"

Terres agricoles Forets

(27)

18 Le GAL du Pays des Condruses, avec pour thème fédérateur, « Pour une Ruralité

Créative, Intelligente (Smart) et Solidaire », propose un plan d’action composé de huit fiches projets à travers son Programme de Développement Stratégique (PDS) :

- Appui technique (animation et coordination du GAL) - Une économise plurielle au Pays des Condruses - Mobilité douce et partagée

- Gestion durable de l’eau

- Rues, hameaux, villages au naturel - Transition énergétique territoriale - Bien vieillir au Pays des Condruses

- Cadre de vie et urbanisme : accompagnement des pouvoir locaux

Le PDS 2014-2020 du GAL du Pays des Condruses regroupe 74 partenaires (annexe III), qui vont constituer le socle de base sur lequel les actions seront développées [16].

Les deux actions locales ou projets que nous allons étudier dans ce travail que sont l’espace-test maraîcher « Point Vert » et l’unité de biométhanisation d’Ochain ne sont pas repris tels quels dans la programmation 2014-2020. En effet, ces deux projets ont évolué dans la programmation précédente 2007-2013. Bien que n’étant pas repris dans une fiche projet, ces deux projets peuvent tout de même encore profiter du soutien du GAL, à travers les fiches projets « Une économise plurielle au Pays des Condruses » pour Point Vert et « Transition énergétique territoriale » pour « Ochain Energie ».

(28)

19

3.

Chapitre 3 : Projets étudiés : Ochain Energie et Point Vert

Dans ce chapitre, nous allons tenter de comprendre comment les deux projets

« Ochain Energie » et « Point Vert » s’inscrivent dans des dynamiques spécifiques, leur permettant d’évoluer vers une forme d’autonomisation. Par « autonomisation », nous entendons faire référence à la notion « d’empowerment » développée par Smith &

Raven (2012). Dans ce travail, l’autonomisation doit alors être comprise comme la capacité à défendre un projet, dans un jeu complexe de pouvoirs, permettant de tenir à distance la pression du régime14 plutôt que d’y être subordonné. Afin d’illustrer ces dynamiques, nous allons suivre le parcours de ces deux projets à travers le développement de leur réseau sociotechnique respectif.

La genèse des projets « Ochain Energie » et « Point Vert » s’inscrit dans la programmation précédente du GAL du Pays des Condruses qui s’est étendue de 2007 à 2013. Bien que le GAL ait initié ces deux projets, ou du moins ait mis en place un environnement favorable à leur création, les stratégies d’action se différencient par l’implication du GAL dans leur développement. En effet, sur le projet « Point Vert », qui est un espace-test maraîcher, le GAL se positionne en tant que porteur, le personnel étant à la manœuvre, avec notamment Kathleen Vanhandenhoven chargée de mission économie, qui endosse le rôle de coordinatrice de l’espace-test.[17]

« Point Vert » s’inscrit dans une logique de service aux entrepreneurs maraîchers souhaitant développer leur activité professionnelle. Cet espace leur donne un accès à la terre, avec un suivi technique et du matériel mis à disposition. La démarche mise en place ici peut être qualifiée de stratégie d’offre, le GAL offrant cet espace, avec la volonté d’attirer des porteurs de projets demandeurs.[17]

De son côté, le projet « Ochain Energie » est un projet de production de biogaz à caractère entrepreneurial privé, porté par Grégory Racelle, agriculteur-entrepreneur.

La gestion du projet est ici déléguée à un privé, le GAL n’ayant ni la capacité, ni la volonté de mener ce type de projet. Le travail de ce dernier s’est alors limité à développer un environnement favorable à la création de ce projet, une des actions menées étant la réalisation d’une étude de faisabilité sur le territoire. Cette étude, menée dans le cadre de la fiche « agriculture et énergie » et présentée en 2011, met en évidence le potentiel d’installation d’unités de biométhanisation sur le territoire du Pays des Condruses. Partant avec l’apriori que la biométhanisation n’est pas rentable si la chaleur n’est pas valorisée[18], l’étude s’est orientée sur les points focaux du territoire ayant une demande en chaleur importante. Dans ce contexte, le GAL a opté pour une stratégie d’action en fonction de la demande[19]. A partir de cette demande d’énergie calorifique, le GAL identifie 19 points potentiels où pourraient être installées des centrales à biogaz[20].

14 « Régime : ensemble semi-cohérent de règles portées par les différents groupes sociaux qui orientent et coordonnent leurs activités et procurent ainsi au système sa stabilité. »[63]

(29)

20 Ces deux actions locales évoluent vers une autonomie relative qui se comprend à

la fois comme une capacité à développer une trajectoire autonome par rapport au soutien initial du GAL mais aussi comme une capacité à être compétitif par rapport à un environnement qui ne bénéficie pas du même type de soutien. Celles-ci ont pu émerger selon le modèle de co-construction, en opposition au modèle de diffusion qui construit d’innovation de manière dissociée des usagers. Selon le modèle de co- construction, l’innovation n’émane pas du concepteur indépendamment des usagers, mais bien en coévolution avec les acteurs concernés [21]. Cette manière de penser l’innovation amène les acteurs à supporter le projet dans son évolution, celui-ci se reconfigurant et se redéfinissant au fur et à mesure des négociations entreprises entre ces acteurs hétérogènes. Ce faisant, les projets vont acquérir une stabilité potentielle et une certaine robustesse. Ces réorganisations successives vont permettre à ces innovations de s’ancrer progressivement dans leur environnement, en permettant l’enrôlement de nouveaux acteurs qui à leur tour vont solidifier d’avantage le réseau sociotechnique.[3]

Il importe dès lors de comprendre comment des acteurs hétérogènes peuvent converger autour des projets « Point Vert » et « Ochain Energie », les portant vers une autonomisation relative. Pour ce faire, nous allons reprendre certains éléments de la théorie de l’acteur-réseau (ANT) selon Michel Callon et ainsi appliquer les concepts de problématisation, point de passage obligé, intéressement et enrôlement. [3], [22]

3.1. Analyse de la dynamique du projet « Ochain Energie »

3.1.1. Problématisation

La problématisation est l’action par laquelle le traducteur formule les problèmes, mais aussi identifie l’ensemble des actants, c’est-à-dire toute les parties prenantes au changement, qu’elles soient humaines ou non humaines. La proposition de la problématisation est d’étudier un réseau hétérogène d’actants, c’est-à-dire acteurs humains et non humains, qui vont s’associer, négocier et se définir librement.[3], [22]

Dans le cadre de cette étude, nous appliquerons ce concept dans un contexte particulier qui diffère de celui auquel se réfère la théorie de l’acteur-réseau selon Michel Callon.

En effet, cette théorie trouve son plein potentiel dans les dynamiques de controverses lorsqu’il s’agit de rassembler des acteurs ayant des opinions ou des interprétations divergentes, afin qu’ils trouvent leurs intérêts autour d’une problématisation commune. Or, dans la dynamique qu’anime le GAL du Pays des Condruses, nous ne retrouvons pas, dans un premier temps, de controverses à proprement parler dans lesquelles les acteurs prendraient des positions fortes.

Cependant, les controverses peuvent naitre dans le cadre des projets que le GAL met en place. A écouter les témoignages des personnes interrogées, nous comprenons que les chargés de missions de la fiche projet « énergie » du GAL ont dû faire face à des oppositions dans le cadre de certains projets de biométhanisation. Nous pouvons citer

(30)

21 les projets avortés du « CNRF » de Fraiture, du CTA de Strée et d’un bâtiment

communal la commune de Marchin[18], [19]. C’est donc dans le deuxième temps de la problématisation que les controverses peuvent émaner, avec le risque de ne pas rencontrer le PPO. Cet état de fait rappelle les trois cas cités ci-dessus, où les acteurs n’ont pas réussi leur intéressement et donc ne se sont pas enrôlés dans la dynamique.

Afin de mieux comprendre cette dynamique spécifique de problématisation, nous allons l’expliciter sous la forme de deux étapes successives.

La première problématisation se fait à l’échelle du GAL, lors de la construction de celui-ci. Lorsque les employés préparent la programmation du GAL, ils procèdent selon une gouvernance bottom-up. C’est-à-dire que des réunions avec les citoyens et les élus sont organisées afin de recueillir leurs attentes quant aux actions à mener sur le territoire. Les citoyens participent alors à la co-création des fiches projets à travers des groupes de travail qui s’organisent autour des thèmes soulevés lors des réunions[23]. Sur cette base, les fiches projets sont alors traduites par les chargés de mission afin d’être présentées à l’administration wallonne. Pour ce qui est du projet

« Ochain Energie », celui-ci est né dans le cadre de la fiche projet « agriculture- énergie » de la programmation 2007-2013 et continue à se développer dans la fiche projet « énergie » de la programmation actuelle 2014-2020.

C’est à travers cette co-construction des fiches projets que nous pouvons identifier la première étape de la problématisation qu’est la gestion des attentes, dont nous approfondirons les caractéristiques dans le chapitre 4.

Le GAL va alors traduire les attentes des citoyens dans la fiche projet en y définissant les objectifs. Les acteurs vont ainsi s’accorder autour de cette traduction, celle-ci étant formulée de manière assez large et théorique. Nous pouvons retrouver dans les fiches

« agriculture énergie » et « énergie » les objectifs qui nous servirons à définir la problématisation :

- « Développement de l’autonomie énergétique du territoire, de la maitrise des flux énergétiques et de la matière organique » [24]

- « Augmenter l’autonomie énergétique du territoire en travaillant sur des projets concrets apportant une plus-value aux communes, aux citoyens et aux entreprises. » [16]

Aussi, l’objectif de 2009 étant de maitriser les flux énergétiques et de matière organique, que nous illustrerons dans la deuxième étape de la problématisation, s’est transformé en l’objectif de travailler sur des projets concrets. Si nous faisons fi de ces variations, nous pouvons dire que de manière générale, les acteurs s’accordent autour de cette première problématisation : « développer l’autonomie énergétique du territoire ». Cette dernière va cependant évoluer au fil du temps en se spécifiant autour des projets concrets en fonction des actants qui s’y enrôleront. C’est en effet dans la deuxième phase que le GAL va pouvoir identifier les actants concernés en développant les projets à réaliser au cas par cas.

(31)

22 La deuxième étape de la problématisation, est dédiée à l’identification du potentiel

du territoire et ensuite l’identification des actants potentiels. Pour atteindre ces objectifs, partant de deux aprioris, le GAL va soutenir deux études de potentialité. Ces deux aprioris sont, d’une part, que le territoire des Condruses produit assez de matières fermentescibles potentiellement utilisables en biométhanisation et d’autre part, que la biométhanisation n’est rentable que si la chaleur est valorisée.[18]

Pour répondre à l’objectif de 2009 de maitriser les flux énergétiques et les flux de matière organique [24], une étude quantitative du potentiel de gisement de matière organique sur le territoire[25], fut réalisée par Olivier Rulot dans le cadre de son travail de fin d’étude. Pour ce faire, l’étudiant s’est rendu dans les fermes réparties sur les sept communes du GAL, collectant les informations auprès de presque 300 agriculteurs. Il en résulte une base de données importante qui récence toutes les matières organiques agricoles sur le territoire.[18][26]

Une seconde étude de potentialité fut réalisée par le GAL, en collaboration avec le bureau d’étude Walvert. L’objectif de ce travail fut de recenser les points focaux du territoire (bâtiments privés ou publics) qui présentent une demande en énergie calorifique importante. Il ressort de cette étude, une carte (annexe IV) indiquant 19 points qui pourraient potentiellement bénéficier de la chaleur d’une centrale de biométhanisation. Nous y retrouvons notamment les projets du CNRF de Fraiture, du CTA de Strée, du biogaz de Marchin et de la maison de repos « asbl Château d’Ochain », projets sur lesquels le GAL a concentré ses forces vives.[20] N’étant pas encore enrôlés dans la problématisation, ces 19 points, en particulier les quatre cités ci- dessus, se définissent comme des actants potentiels.

A ce stade nous pouvons redéfinir la problématisation comme telle :

« Développer l’autonomie énergétique du territoire, à travers des projets de centrales de production d’énergie utilisant la biomasse locale et bénéficiant de débouchés pour la valorisation de l’électricité et de la chaleur. »

Une troisième évolution de la problématique voit alors le jour. La problématisation va se spécifier au cas par cas. Pour les quatre projets retenus, l’identification des actants, ainsi leur intéressement et enrôlement autour d’un point de passage obligé, seront précisés.

Les actants vont être identifiés et le GAL va tenter de les enrôler dans le projet, en définissant un point de passage obligé, à travers lequel ils pourront faire valoir leurs intérêts, tout en définissant un intérêt collectif. Si les actants hétérogènes se laissent enrôler par la problématisation proposée, celle-ci sera considérée comme réussie, permettant la convergence de leurs intérêts.[3] Cependant, certains actants ne vont pas l’accepter telle qu’elle est présentée et vont alors négocier celle-ci pour la redéfinir et enfin, accepter de s’enrôler.

(32)

23 A contrario, si les actants ne souhaitent pas s’enrôler, la problématisation ne sera pas

valide, rendant le développement des projets impossible. Sur les quatre projets proposés par le GAL, un seul n’a pas fait face à un blocage de la part de certains actants et a pu émerger autour d’une problématisation valide. Ce dernier est le projet de

« Ochain Energie », qui nous intéresse dans cette étude.

3.1.2. Point de Passage Obligé

Le traducteur doit faire en sorte que la problématisation qu’il propose fournisse des éléments de réponse au projet dans tous ses aspects. « Alors, la problématisation devient un point de passage obligé (PPO), dans lequel les actants sont entre-définis et à travers lequel ils ne peuvent atteindre leur objectif individuellement, mais bien en s’accordant collectivement autour de la problématisation commune » [4].

Le PPO, peut être défini comme « le moment incontournable dans les premières phases de la construction d’un réseau sociotechnique, qui s’incarne en un lieu institutionnel ou physique et à travers lequel des alliances vont pouvoir être scellées entre les actants concernés. »[27]

Dans le cas étudié à travers ce travail, le PPO est incarné par la création de la centrale de biométhanisation d’Ochain. Dans les discours des personnes interrogées, nous relevons que l’intérêt commun qui rallie les acteurs est la centrale de biogaz en elle- même. Aussi, la question de la rentabilité apparait comme une caractéristique sine qua non à la réussite du projet. Bien que cette notion de rentabilité puisse paraitre de bon sens dans le cadre d’un projet entrepreneurial comme celui-ci, elle trouve une place importante dans la dynamique du projet d’Ochain. En effet, la question de la rentabilité va être centrale dans l’intéressement des acteurs et engendrera des modifications dans le réseau, en enrôlant de nouveaux acteurs et en scellant ainsi de nouvelles alliances.

La problématisation qui est de « Développer l’autonomie énergétique du territoire, à travers des projets de centrales de production d’énergie utilisant la biomasse locale et bénéficiant de débouchés pour la valorisation de l’électricité et de la chaleur », va se spécifier selon le PPO suivant : « La centrale de biométhanisation d’Ochain doit être opérationnelle et fonctionner de manière rentable. »

La rentabilité de la centrale d’Ochain devient alors la partie non négociable, permettant notamment l’enrôlement d’acteurs financiers, qui sont essentiels à la réussite du projet.

Nous verrons dans la partie ci-après, comment le projet gagne en robustesse au fur et à mesure des négociations entre les différents acteurs.

(33)

24 3.1.3. Intéressement/enrôlement des acteurs

Dans cette partie, nous allons tenter de décrire comment le réseau sociotechnique s’est construit autour de la centrale de biométhanisation d’Ochain. Pour ce faire, nous allons suivre la dynamique du projet à travers l’intéressement et l’enrôlement des acteurs dans celui-ci.

L’intéressement est « l’ensemble des actions par lesquelles une entité s’efforce d’imposer et de stabiliser l’identité des autres acteurs qu’elle a définis par sa problématisation »[3]. L’enrôlement est un intéressement réussit, c’est-à-dire « le mécanisme par lequel un rôle est défini et attribué à un acteur qui l’accepte. »[3]

Initiateur de la dynamique de développement énergétique du territoire, le GAL fut le premier acteur à porter le projet [18]. Comme nous l’avons vu dans la problématisation, le GAL a soutenu une étude de potentialité énergétique sur le territoire des 7 communes qui a identifié 19 points ayant un grand besoin en chaleur.

Les membres de l’équipe du GAL, impliqués dans cette dynamique « énergie » lors de la programmation 2007-2013, étaient : Benoit Noël, chargé de mission « agriculture énergie », Jean-François Pêcheur, directeur-coordinateur, Steve Francis, chargé de mission « économie » et Marc Wauthelet chargé de mission « eau » et expert dans le domaine de la biométhanisation [18]. Afin de réaliser cette étude, le GAL a fait appel au bureau d’étude Walvert [20]. Une fois ce travail accompli, le rôle du GAL était alors d’une part, de convaincre les acteurs des points focaux identifiés de s’enrôler dans le projet et d’autre part, de trouver des porteurs de projets.

Dans un premier temps, le GAL et Walvert se sont concentrés sur le projet du CNRF à Fraiture. En effet, étant donné que le centre neurologique de réadaptation de Fraiture a des besoins de chaleur énormes, ce projet présente un haut potentiel. Là-bas, Laurent Hellemans, ingénieur et gérant du bureau Walvert s’est entendu avec Grégory Racelle, un agriculteur-entrepreneur de la région, afin de porter le projet. Cependant, le projet de biométhanisation de Fraiture a fait face à des freins techniques concernant le réseau électrique ainsi que des freins d’ordre relationnel, l’administration du centre ne souhaitant pas participer au projet. Ce projet étant avorté, les chargés de mission du GAL et Walvert se sont tournés vers le projet de biométhanisation d’Ochain en coopération avec la maison de repos « Château d’Ochain ».[18]

Afin d’intéresser les acteurs, le GAL a effectué un travail de communication sur l’étude réalisée. Des séances d’information publiques sur la biométhanisation et le potentiel du territoire ont alors été organisées. Ces réunions avaient pour but de partager les résultats de l’étude, d’expliquer le fonctionnement d’une centrale de biométhanisation ainsi que les applications possibles sur le territoire [18], [28]. Les responsables de la maison de repos d’Ochain ont notamment pris part à ces séances d’information [29].

L’enquête réalisée de terrain nous a mené à interroger Paul Gaillard, gestionnaire de chantiers pour les institutions de la région de Liège – Verviers. M. Gaillard est la personne de contact pour l’asbl ACIS concernant le projet d’Ochain.

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