A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION A
F RANCIS H ALBWACHS
M OHAMMED M EBKHOUT
Groupes de symétrie et groupes d’invariance interne dans la théorie des particules à interactions fortes
Annales de l’I. H. P., section A, tome 2, n
o1 (1965), p. 1-20
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p. 1-2
Groupes de symétrie
et
groupes d’invariance interne dans la théorie des particules à interactions fortes
Francis HALBWACHS et Mohammed MEBKHOUT Faculté des
Sciences,
Marseille.Ann. Inst. Henri Poincaré, Section A :
Physique théorique.
SuMMARY. 2014 A
parallel
treatment isproposed
for theordinary symmetry concept governing
the interactions ofstrongly interacting particles,
and forthe idea of the invariance of an « internai»
dynamics
ascribed to a geo- metrical model of an extended structure forelementary particles.
Aftera short survey of the well-known
pion-nucleon
treatment, where bothpoints
of view areequivalent,
thisconception
isapplied
to the relativistic rotatortheory,
in order to derive an interaction Hamiltonian consistent with the invariance group of the model. Somequalitative
outcomes areobtained
concerning
the unobserved statesprovided by
thetheory,
and theirunappearance is
interpreted.
La théorie. des
particules élémentaires,
notamment des «particules
àinteractions fortes »
(baryons
etbosons),
est apparuedepuis
une dizaine d’an- nées[1],
comme un domained’application privilégié
de la théorie des grou- pes. Peut-être même a-t-on été entraîné dans ce domaine àquelque exagé- ration, perdant
de vue leproblème
del’analyse
de la réalitéphysique
pourne considérer que de pures structures
mathématiques régnant
dans un« ciel
intelligible
», etproduisant
finalement les résultatsqui surgissent
dans
l’expérience,
par une sorte de « miracle»platonicien.
On
peut
caractériser a cetégard
troispoints
de vue distincts :1 ° Le
point
de vue,qui
se manifeste notamment dansl’Eightfoldway
de Néeman et Gell-Mann
[2] [3], qui part
d’un groupe abstrait considérécomme « matrice »
suprême
de laphysique
desparticules,
et construitcertaines de ses
représentations
irréductibles(1)
danslesquelles
on classeles différents «
supermultiplets
» entrelesquels
se distribuent lesparticules
et résonances.
2° Le
point
de vue,adopté
notamment par le schéma de Sakata[4] [5], qui
considère un groupe desymétrie opérant
sur un espace abstrait encadré par lesparticules.
3° Le
point
de vue des théories à « modèle » telles que celle deVigier-
Yukawa
[6] [7] qui quantifie
un modèle doté d’une structure étendue dansl’espace,
et utilise parconséquent
un groupe d’invarianceopérant
sur cettestructure, dans
l’espace-temps physique.
Pour mettre en évidence en
particulier
la différence entre lespoints
devue 2 et
3, rappelons,
sanspréciser
le traitementtechnique
bien connu, la théorie duspin isotopique
pour lesparticules d’étrangeté nulle,
soit lathéorie
déjà
ancienne des interactionsnucléons-pions [8]
que l’onpeut
étendre au cas du besoinisosinglet ~
et àl’isoquadruplet
debaryons A (2).
Si nous prenons le
point
de vue 2°développé
notamment pard’Espagnat
et Prentki
[9]
nous nous contentons de formulermathématiquement
lefait
expérimental
del’indépendance
decharge
pour les interactions fortes.On
part
d’un espacecomplexe
à deux dimensionsE10
encadré parl’isospi-
neur N
= (pn),
et son dualE01,
encadré par lesantiparticules
N =(- p n),
et on considère le groupe de
symétrie Gs
=SU2. Remarquons
tout de suiteque, d’un
point
de vue strictementphénoménologique,
seules les transfor- mations discontinues(représentées
par les matrices de PauliTK) peuvent
recevoir uneinterprétation physique
et caractériser lasymétrie
des inter-actions fortes vis-à-vis de
l’échange
des nucléons. Leprocédé employé, qui exploite
les relationsgénérales
entre un groupe unitaireSUn
et le groupesymétrique Sn [39],
revient à passer au groupe continuSU2,
et introduitune infinité
d’opérations qui
nepeuvent
être définiesphysiquement (notons
(1) On sait que le
développement
logique de la théorieoblige
à considérer éga- lement, dans les interactionsprévues,
desreprésentations
irréductibles(Quarks)
auxquelles ne correspond aucuneparticule expérimentale.
C’est à l’heureactuelle,
une grave
objection
contrel’Eightfoldway.
(2) Dans tout ce qui suit nous utiliserons la nomenclature
proposée
par Gell- Mann [20].GROUPES DE SYMÉTRIE ET GROUPES D’INVARIANCE INTERNE 3
à ce propos que dans un article
récent, Yamaguchi
propose de s’en tenirau groupe des
permutations [10]).
Les
représentations
irréductibles deGs
se construisent de lafaçon
clas-sique [11]
en réduisant lesproduits
tensorielsE~ @ E°, E~ @ E~ (x) E~,
etc.On obtient alors : Dans
E~
le scalaire ~.Dans
Ei
un isovecteur 1tk = 7t+ ::l: i1t-, roqu’on
écrit matriciellement :Dans
Ef
un «quartet
)) A ==0++~ A+, Ao,
A-qu’on représente
par deux matrices :Il est alors
facile,
au moyen desspineurs ~, ~
duscalaire ~
et des matricesJ1t, j{,x
et d’écrire toutes les combinaisons invariantes par le groupeGs, qui,
munies de constantes d’interactionsconvenables,
fourniront toutes les interactions fortes(pour
l’identificationphysique
on pourra s’en teniraux
isomultiplets
despin minimum)
soit :Cette
théorie, qui
suppose, contrairement àl’expérience,
que lasymétrie
par le groupe
Gs
est exacte et lesisomultiplets rigoureusement dégénérés,
peut être raffinée en faisantappel
à la théorie de lajauge
localed’Utiyama
et Sakurai
[12] [13], laquelle, soulignons-le,
est relative essentiellement augroupe
continu, puisqu’elle
considèreuniquement
les transformations infinitésimales du groupeGs. D’après
cettethéorie,
l’invariance duLagran- gien
sousSU2
entraîne l’interaction dechaque particule
avec unsystème
de trois
champs
vectoriels del’espace
de Minkowski[14],
interactionqui
conserve la
symétrie
sous le groupeGs.
Enréalité,
dansl’expérience,
unseul de ces
champs intervient,
c’est lechamp électromagnétique A~,
et soninteraction avec les
particules précédentes
est invariante seulement sous le groupe dejauge
abélienGM qui
seprésente
comme le sous-groupe deGs engendré
par la seule matrice ’t’3. C’est la rupture de lasymétrie isotopique
par les interactions
électromagnétiques.
Comme les termes contenantA~
ont une constante d’interaction
minime,
il en résulte une « structure fine »des
isomultiplets
dans lespectre
de masse.Adoptons
aucontraire,
lepoint
de vue 3° comme l’a fait pour lapremière fois,
C. Van Winter[15].
Nous considérons comme modèleclassique,
unestructure étendue dans
l’espace physique
etpossédant
lasymétrie sphérique.
Soit B un trièdre orthonormé attaché à la structure et A un trièdre de réfé-
rence. Les variables du
système
sont lesparamètres
w, fonction dutemps,
de la rotation12(6)) qui
amène le référentiel fixe A sur le trièdre mobile B.A,
comme référentiel arbitraire n’est définiqu’à
une rotationQ(«) près,
et B n’est lui aussi défini
qu’à
une rotationprès
à cause de lasymétrie sphérique.
Ainsi ladynamique
dusystème
est invariante sous les transfor- mations M 2014~ G/ définies par la relation :Ces transformations constituent le groupe bilatère de
803,
que nousappel-
lerons groupe d’invariance G de la théorie. Contrairement au groupe
Gs ci-dessus,
ilopère
dansl’espace physique,
et il a unesignification
clairecomme groupe continu. Son
algèbre
de Lie admet pourgénérateurs
undouble
système J~, Ji d’opérateurs isomorphes
aux -r1 dePauli,
etqui
com-mutent entre eux. La
quantification
d’un telsystème, opérée
formellement dans un travaildéjà
ancien de Casimir[16],
met enjeu
les fonctions proprescommunes des trois
opérateurs commutables, J3, J;
etJkJk
=JkJk (fonctions sphériques généralisées) qui
ont la forme m’ - -l, 2014/+!.../20141,/,
et sont définies sur le groupe des rotations. G. Lochaka montré
[17]
que si onimpose
à cesfonctions,
non d’être uniformes mais seulement d’être continues sur le groupe desrotations,
on doit considérer des étatsquantiques
aussi bien pour les valeurs demi-entières de 1 que pour les valeursentières,
si bien que les fonctionscorrespondant
à desvaleurs de 1 et de m’ données encadrent
l’espace
de lareprésentation D(1)
du groupe
SU2,
recouvrement universel de Cecidit,
si on assimile mau
spin isotopique
et m’ au demi-nombrebaryonique,
on obtient une théorieexactement
équivalente,
en cequi
concerne lessymétries
desinteractions,
à celle ded’Espagnat
etPrentki,
mais avec unesignification sous-jacente complètement
différente. En fait dans celle-ci on forme lesreprésentations
irréductibles du groupe
Gs opérant
dansl’espace
abstrait desnucléons,
et
qui
n’a designification
que relativement aux deux sortes de nucléonsprises
ensemble. Dans celle-là on forme lesreprésentations
irréductibles(bivaluées)
du groupeGi,
groupe continuopérant
sur la structure du modèleclassique
dansl’espace physique, chaque espèce
departicules
étant consi-5
GROUPES DE SYMÉTRIE ET GROUPES D’INVARIANCE INTERNE
dérée isolément comme un état
quantifié
stable du mouvement du rotateursphérique.
Chacune des formes
équivalentes
de cette théorie a donnénaissance,
dans les dernières
années,
à unegénéralisation ayant
pour butd’englober
dans un même
schéma,
d’abord lesparticules
«étranges
»,puis
lesparti-
cules hautement instables observées comme résonances. Et il est remarqua- ble que les schémas obtenus ont été très différents suivant la
signification
choisie pour la théorie.
Dans la
ligne phénoménologique
de la théorie deDespagnat
etPrentki,
nous trouvons le schéma de Sakata
qui
étend le groupe desymétrie Gs
=SU2
à un groupe de «supersymétrie
»On
=SU3
incluant leséchanges p -
Aet n - A. Le groupe
opère
sur un espacecomplexe
à trois dimensions6§
/~B
encadré par le «
superspineur
» S= n (Sakaton),
et son dual~01
encadrépar les
anti-particules
S =( p n A).
On forme commeplus
haut lesreprésen-
tations irréductibles de
GH qui
encadrent les espaces~ô, ~i, ~i,
etc.Chaque
espace forme un «
supermultiplet
» stable sous le groupeGH.
Comme le groupeGs
est un sous-groupe deGH,
lessupermultiplets
se subdiviseronten
isomultiplets (ainsi
le Sakaton se subdivise en l’isodoublet N== ) W )
etl’isosinglet A).
On trouvera le détail descalculs,
désormaisclassiques,
auxréférences
[5] [11],
voir aussi[18] [19].
Disons seulement que, si la
physique
était invariante sous le groupeG~
les
supermultiplets
seraientdégénérés.
En considérantGH
comme ungroupe de
jauge
locale à 8générateurs,
on est amené à introduire 8champs
vectoriels de Sakurai. La
rupture
de la «supersymétrie
» ainsidéfinie,
sefait en considérant le groupe de
symétrie
desinteractions fortes expérimen-
tales soit
Gp
=U2. GF
s’étudie en tantqu’extension
deGs
parGy,
oùGs
est le groupe
SU2
considéréprécédemment,
etGy
un groupe dejauge
abé-lienne défini par elaY où Y est
l’hypercharge
dechaque particule.
Les grou- pesGs
etGy
sont deux sous-groupes deGH qui
commutent entre eux.Les termes d’interaction avec les
champs
vectorielscorrespondants
vontséparer chaque supermultiplet
en desisomultiplets
différant par leurhyper- charge.
La constante d’interaction est ici une constante « forte », si bien que laséparation
estimportante.
Enfin l’interactionélectromagnétique
introduit une nouvelle
rupture
desymétrie
et une structure fine des isomulti-plets
comme dans la théorie deDespagnat
et Prentki.Par ailleurs on sait que la théorie de Sakata a été assez
généralement
abandonnée au
profit
de théoriesplus abstraites,
basées elles aussi sur legroupe unitaire à trois dimensions
[2] [8] [21 ],
et que ces tout dernierstemps,
en raison de difficultésayant surgi
avec les derniers résultatsexpéri- mentaux,
lespromoteurs
del’Eightfoldway inclinent
àintroduire,
nonplus trois,
maisquatre champs
fondamentaux[22] [23]
cequi
peut introduireune
analogie
avec la théorie surlaquelle
nous allons maintenant insisterplus particulièrement.
La théorie
proposée
ces dernières années par L. deBroglie, Yukawa, Vigier [6] [7] [24]
dérive de la théorie duspin isotopique
d’une toute autremanière. On part de la théorie du rotateur
sphérique
résuméeplus haut,
et on
généralise
le modèle enpassant
del’image classique
àl’image
relati-viste. Ceci
peut
se faire deplusieurs façons
et ouvreplusieurs
voiesqu’on
est en train
d’explorer.
Nous nous en tiendrons ici à lagénéralisation
laplus
naturelle et la mieuxétudiée,
à savoir le modèle du rotateur relativiste àsymétrie sphérique.
On attache au centre de la structure untétrapode
relativiste orthonormé B dont le vecteur du genre
temps
coïncide avec la vitesse unitaire du centre, les trois vecteurs du genre espace étant liés à la structure comme dans le rotateur non relativiste. La théorie ne sera donc invariante que sous une rotationspatiale
dutétrapode
B laissant fixela vitesse unitaire. Le
tétrapode
B serarepéré
parrapport
à un référentiel d’inertie Aparallèle
au référentiel dulaboratoire,
etpouvant,
comme lui subir une transformation de Lorentzhomogène quelconque A(p).
Les varia-bles du
système
sont lesparamètres
m, fonction dutemps,
de la transforma- tion de Lorentzhomogène
orthochrome proprequi
amène A sur B.La
dynamique classique
etquantique
dusystème
sera donc invariante sousles transformations co 2014~ 6)’ définies par :
Ces transformations forment un groupe
GT engendré
par troissystèmes d’opérateurs J’k tous
troisisomorphes
aux matrices de Pauli et com-mutant entre eux. Le groupe infinitésimal est
engendré
par la transformation :où les «k sont
réels,
les~3k
et~k complexes conjugués.
On
peut
définir àpartir
des sixopérateurs
commutablesJ~, J f= J 1= ,
un
système
de fonctions propres des variables~(r) : Z(l+, 1-, l’ ; m+,
m-,
m’)
caractérisées par six nombresquantiques
avec les valeurs suivantes1
GROUPES DE SYMÉTRIE ET GROUPES D ’INVARIANCE INTERNE 7
Un argument
analogue
à celui de Lochak[17] permet de justifier l’emploi
des valeurs semi-entières pour l~ . Dès lors on voit que les transformations à
gauche :
engendreront
un groupequi
sera le recouvrement universel du groupe homo-gène
orthochrome propre deLorentz,
etqui,
comme nous lepréciserons plus loin,
estisomorphe
aucomplexifié (au
sens deCartan )
du groupe propre unitaire à deux dimensions. Nous le notonsSU2.
La transformationgénérale C engendrera
le groupe d’invarianceGT
de la théoriequi
sera alorsprécisément :
(Sz
est le groupesymétrique
à deux éléments0 I ~ , - 1 ( 0 - ~ -1 ~ tandis
que la transformation à
gauche
Tengendrera simplement
le groupe res- treintGT
=SU;.
On propose les
interprétations
suivantes : m+ =spin isotopique,
m- =demi-étrangeté,
~ï’ == demi-nombre
baryonique,
m+ + m- + m’ =charge.
Ce choix
[7] [26]
n’est pasunique [24] [25] [27].
Il entraîne les identifica- tions suivantes pour les espaces dereprésentation E~
etE~ :
La dernière
particule (qui figure
aussi dans le schéma deSakata)
est unisosinglet étrange
decharge
+ 1correspondant d’après Vigier
et Yukawaà un état très instable récemment aperçu dans le « backward
scattering
»K°p [30] [31].
Lesantiparticules correspondront
auchangement
dessignes
de
m+,
m-, m’.L’espace E~
est ainsi encadré parquatre
vecteurs de basequ’on peut p
grouper en un «
superspineur
» Y== ~ (Yukawon).
Sur cet espace, laA
représentation
du groupe restreintG~ engendré
par les transformations Tsera :
où
Lk
etLk représentent
les matrices 4 X 4 :Montrons que la transformation
S, qui
fournit évidemment laself-repré-
sentation de
SU;,
fournit en mêmetemps
lareprésentation
bivaluée dugroupe orthochrone propre de Lorentz : on sait que la
représentation
despin
d’une transformation infinitésimale de Lorentz :z Cùij
réels,
Cùi4 = -imaginaires)
est donnée par la matrice 4 X 4 :les
quatre r~
constituant une réalisation del’algèbre
de Clifford 4 X 4.Prenons la réalisation suivante :
En formant les combinaisons self-duales et antiduales des
qui
nousfourniront les
~:
et~3k complexes conjuguées,
on faitapparaître
les combi-naisons :
et la matrice S
prend
la forme(1)
cequi exprime
unisomorphisme
connu
[28] [29].
Une fois établi
l’isomorphisme
entre le groupe d’invariancephysi-
que
G~ opérant
sur le rotateur relativiste dansl’espace
deMinkowski,
et le groupe desymétrie SU; opérant
surl’espace
abstraitE~
encadré par leYukawon,
nous pouvonspartir
formellement del’expression
matricielle(1)
et rechercher ses
représentations
irréductibles sur lespuissances
tensorielles des espacesE~
etE~.
Les deuxconceptions
sontéquivalentes,
comme nousl’avons montré pour le groupe
SU2. Signalons
ici que notre groupe n’estplus unitaire,
à cause des coefficientscomplexes,
et comme cela doitêtre,
pour les
représentations
finies du groupe de Lorentz. Dèslors,
si nous vou-9
GROUPES DE SYMÉTRIE ET GROUPES D’INVARIANCE INTERNE
Ions définir une dualité
intrinsèque
entre les espacesE~
etE~,
lamétrique
que nous introduirons ainsi dans
l’espace
fonctionnel ne sera pasdéfinie.
II est
cependant possible
de manier un tel espace «pseudo-hilbertien
»comme on le verra à la référence
[6]
et dans un traitementplus
détailléque nous avons élaboré avec M. Souriau
[32] (3).
On
peut
ainsi fairecorrespondre
auvecteur Y )
deE~
uncovecteur ~ Y [
défini par
( YY ~ = YY Il
où Ydésigne
laligne (-
p, n, -V, A)
forméeavec les fonctions Z des
antiparticules,
et où les doubles barresindiquent qu’on prend
la mesure invariante sousGT
de la fonction encadrée :Il résulte immédiatement de la forme
(1)
de la transformationS,
que celle-ciagit séparément
sur les fonctions p, n et sur les fonctionsV,
A. Autrementdit,
lesprojections due Y ) respectivement
sur lesplans 1,
2 et3, 4,
se trans- formantséparément, l’espace E~
est réductible en ces deuxplans
en tantque
représentation
du groupeG~. Cependant,
pour utiliser une seule et mêmereprésentation,
nous resterons dansE~
et nous considérerons respec- tivement les deux vecteursdont la somme constitue le
vecteur 1 y )
dansE~. Moyennant
cetartifice,
la transformation T du groupe
G~
induirasur N ) et 1 L)
la même trans-formation S
opérant
dansEô : j N ) - S j N ), ) L )
tandis que les covecteurs se transformentpar (
N- ( N 1 S-t, L 1 -)- L j
1 S-l enposant :
Nous nous proposons dans ce
qui
suit de former lespremières représen-
tations irréductibles du groupe
G~
par réduction desproduits
tensoriels(3)
La variété surlaquelle opère
le groupe d’invariance GT est lasphère S:
derayon 1 dans l’espace euclidien
complexe
à 4 dimensionsC4.
Si onprend
comme paramètres m lescoordonnées ~~,
=1)
dupoint
courant deS:
dansC4,
onvoit que les fonctions Z sont des
produits
depolynômes
homogènesen .~,~
etç* fJ.
res-pectivement.
Il est alorspossible,
enprolongeant analytiquement
ces fonctionsà tout
l’espace C4
et en prenant leur valeur au centre deS:’
de définir pourchaque
fonction de cette forme une mesure invariante sous le groupe GT, en évitant les
intégrations
divergentes. Notonsqu’on
se limite à un espace depolynômes.
successifs de
E~
etE~.
La méthodeclassique [11] ] [19]
consiste à former des combinaisons tensorielles dont toutes les contractions sontnulles, puis
àprendre
lapartie complètement symétrique
des tenseursformés,
encadrant ainsi un espace dereprésentation décomposé
en sous-espaces irréductibles.Mais si on identifie les
particules
élémentaires à des fonctions définiessur le groupe de
Lorentz,
on aboutit à un espace vectoriel defonctions
iso-morphe
auprécédent
et les deux réductions sontexactement équivalentes (4).
Cette
équivalence généralise l’isomorphisme,
bien connu dans le cas dugroupe
SU2,
entre leproduit
de Clebsch-Gordan des fonctionssphériques
et la réduction du
produit
tensoriel des sous-espaces irréductibles sousSU2
dansl’espace
de Hilbert. Il est utile de remarquer ici que ces deux forma- lismeséquivalents
sous-tendent deuxconceptions physiques profondément
différentes : celle du groupe de
symétrie
dessystèmes
departicules
en inter-action
(forte),
et celle du groupe d’invariance d’unedynamique
interne(quantifiée)
que l’on attribue àchaque particule.
Il résulte de notrefaçon
de poser le
problème
que l’invariance de ladynamique
interne entraînenon seulement une classification des états
quantifiés,
mais lasymétrie
deleurs interactions sous un groupe
isomorphe
au groupe d’invariance(ou
toutau moins à un sous-groupe discret de
celui-ci).
Comme nous avons à considérer deux vecteurs de
base 1 N > et 1 L >
dans
Eô,
nous utiliseronsséparément
les contractionspartielles
dans lesdeux
demi-espaces irréductibles,
en introduisant les matrices restreintes :qui
sont tensorielles sous la transformation(1).
Onpeut
ainsi former deuxexpressions séparément invariantes : ( NN ) et ( LL )
soitY3 &gY«
etqui représenteront
leLagrangien
desbaryons
libres(nous
réservons le nomde
baryons
auxparticules
debase p,
n,V, A).
Cesexpressions
sont inva-riantes sous le groupe fondamental
G’T engendré
par 1+ i 203B2k+03A3k + i 203B2k-03A3k
mais non sous le groupe des interactions
fortes GF qui,
ne conservantque le
spin isotopique (vecteur)
etl’étrangeté S,
seraengendré
par 1+ i 2 03B2k+03A3k + i 2 03B23-03A33.
Il y aura doncrupture
de lasymétrie
par les inter-(4)
Leproduit algébrique
de deux fonctions Z est commutatif tandis que leproduit
tensoriel de deux vecteurs ne l’est pas. Mais il le devientlorsqu’on prend
la
partie complètement symétrique.
GROUPES DE SYMÉTRIE ET GROUPES D’INVARIANCE INTERNE 11
actions fortes
qui sépareront
l’isodoublet N et les deuxisosinglets A
etV,
et on
peut, moyennant
un choix designe qui
sera fait une fois pour toutes pour toutes lesreprésentations,
en tirer laconséquence
que V estbeaucoup plus
lourd queA,
donc hautement instable. Une telle situation se retrouvera pour toutes lesparticules
que nous feronsapparaître
dans lesreprésentations
successives
(nous n’y
reviendronsplus),
et on voit immédiatement que larupture
desymétrie
stabilisera lesparticules d’étrangeté négative
dechaque supermultiplet étrange,
et enverra les autresparticules
dans desrégions
degrande énergie
et haute instabilité. Ce faitpeut
constituer unepremière explication
pour laprésence
dans notre schéma departicules (désignés
par
X, Y, etc.) qui n’apparaissent
pas dansl’expérience.
Nous en donneronstout à l’heure une autre. Contentons-nous de
signaler
leparallélisme
entrela
rupture
desymétrie
des interactions fortes(restrictions
de~33 ~3)
et celles des interactions
électromagnétiques (restriction
de[3;- L3)
la seule différence tenant à la constante d’interaction. Bien
entendu,
l’uneet l’autre
rupture
faitdisparaître l’isomorphisme
avec le groupe de Lorentz(plus précisément
ni le groupeGF,
ni le groupeGM
ne sontplus isomorphes
du groupe de
spin
du groupe deLorentz).
Les deux
scalaires ( NN >
=N«Na et ( LL )
=L«L«
nous fournissent deuxreprésentations
irréductiblesD(0, 0) (5)
dansE~.
Montrons commenton construit les
représentations D(l, 0), D(0,1)
et D(.. )
dansE~.
Onpeut
former avec les deux
demi-spineurs quatre expressions
tensorielles irré- ductibles :En
remplaçant
lescomposantes
desspineurs
par les fonctionsZ,
et eneffectuant les
produits
deClebsch-Gordan,
on faitapparaître
les fonctions Z(5) On désigne les
représentations
irréductibles du groupeSU;
par la nota-tion
D([+-).
des
bosons,
d’où lesexpressions
tensorielleséquivalentes
auxprécédentes qu’on explicitera
sous forme matricielle :Une
expression analogue
notée fait intervenirA,
V et trois bosons instables~+, ~3°, p- correspondant
aux fonctionsZ(0, 1, 1 ; 0,
m-,0), singlets d’étrangetés 2, 0,
- 2.Les
expressions p~(3
etQ~(3
fontapparaître
deux sortes de fonctions :qui appartiennent
à unsinglet
de nombrebaryonique,
et :qui appartiennent
au terme central d’untriplet
de nombrebaryonique,
ce
qui
nous conduit à introduire deuxquadruplets
de bosonsétranges
isobares. Suivant une idée
déjà
avancée par J. P.Vigier
et l’un d’entrenous
[33],
nous associerons lesparticules physiques,
non aux fonctionspropres
elles-mêmes,
mais aux combinaisons linéaires entresinglet
ettriplet qui apparaissent
dans les matricesp~
etQ~
soitKt
= K aux kaonsordinaires,
etK~
+Kt
= M à des isobares instablesqu’on pourrait
iden-tifier à la résonance à 730 MeV
[34]
si elle a lespin
0(g).
On aura ainsiles matrices :
(6) Les bosons vectoriels formant, comme il est bien connu, un système
parallèle
à celui des bosons
pseudoscalaires,
il est clair, comme nous lesignalons
dansl’article référence [33], qu’on devra introduire quatre autres matrices, ayant même forme que 77, 93,
Je(2)
mais constituées par des isobares de spin 1.Si les bosons M sont de spin 0, on est ainsi amené à
introduire,
outre les kaonsvectoriels K* (888 MeV), des isobares vectoriels de M,
qui
ont été aperçus vers 1 200 MeV.13
GROUPES DE SYMÉTRIE ET GROUPES D’INVARIANCE INTERNE
Le Hamiltonien des interactions invariantes sous
G~
s’écrit en formanttoutes les combinaisons contractées des tenseurs
baryons-antibaryons
B. (3 P«~~
avec les tenseurs bosons7u~ ~5~, K~~~§3, ~(2~ qui s’obtiennent
en
prenant
la trace de tous lesproduits
matriciels nonnuls,
affectés chacun d’une constante decouplage différente,
sauf en cequi
concerne les termesen et
3(,(2) qui
sontconjugués
decharge,
et ont même constante decouplage.
On aura ainsi :les
parenthèses désignant
la trace desproduits
matriciels. Lepremier
termedonne les interactions
nucléons-pions
de la théorie ordinaire duspin
isoto-pique.
Le second necorrespond
à aucune interactionobservable,
lesbosons ~
étant
supposés
très instables. Les deux derniers termes donnent ledévelop- pement :
On voit que les bosons instables M sont associés à la
particule
instableV,
c’est
pourquoi
les termes nonsoulignés
nepourront
pasapparaître expéri-
mentalement. Les termes
soulignés
fournissent les interactionsprévues
par la
théorie
deDespagnat
et Prentki.Dans la
représentation 3~
on aura à considérerquatre
cas mettant enjeu respectivement
les fonctions propres pourlesquelles :
On obtient deux tenseurs irréductibles :
et :
dont on conservera la
partie symétrique :
Si nous
exprimons
ces deux tenseurs au moyen des fonctions deD(1, 1/2)
nous verrons
apparaître
deuxtriplets d’hypérons ~+, ~°,
et
Y++, Y+,
y° pour m- =+ 1 2.
Le secondtriplet (qui figure
aussi dansles états
composés
de la théorie deSakata)
est très instable. En outre cesdeux
triplets figureront
sous deuxformes,
toutes deux de nombrebaryo- nique 1,
mais l’une notée~d, Yd appartenant
à un doublet de nombrebaryo- nique
avecm’ _ ~ 2 1
l’autrenotée S~, Yq appartenant
à unquadruplet
de nom-bre
baryonique
avec /’= 2 3 , m’ - ~ 1 . 2
Ces deuxtypes
de fonctionsapparaîtront
par les combinaisons linéaires :Nous nous trouvons donc dans la même situation que dans le cas des mésons K et comme
plus
haut nous considérerons que ces deuxtypes
de combinaisons(et
non pas les fonctions propreselles-mêmes) représenteront
deux états des
hypérons correspondants,
l’un(relativement)
stable que nousdésignerons par S
etY,
l’autre très instable que nousdésignerons
par E*et Y*. Dans ces conditions les 2 tenseurs irréductibles
exprimés
à l’aidedes
hypérons
donneront l’unqui
ne contiendra que leshypérons *,
l’autre S - 8
qui
ne contiendra que deshypérons
non *.Tous les invariants sont inclus dans l’hamiltonien :
Le
premier
terme nous fournit les interactions AII,
et des interactions dutype
VnYqui
nepeuvent
semanifester,
étant donné l’instabilité desparticules
V et Yd’étrangeté positive.
Le second terme nous fournit des interactions detype
NM~* inobservables pour la même raison et des inter- actions NKY*. Celles-cipourraient apparaître
comme résonancesN-K,
mais on
peut
admettre que lesparticules
Y* doublement instables(comme
états « étoilés » et comme états
d’étrangeté positive) exigent
uneénergie qui
est hors despossibilités expérimentales
actuelles.Le troisième terme fournit les
interactions
NK~classiques
et des inter-actions NMY manifestement inobservables.
b)
Cas deD(l/2, 1).
Un calcul
symétrique
auprécédent
feraapparaître
trois doubletsd’hypé-
rons :
X++,
X+d’étrangeté
+2, p,
n isobares instables de n et p,E°, 0396-,
15
GROUPES DE SYMÉTRIE ET GROUPES D’INVARIANCE INTERNE
d’étrangeté -
2 et ceci sous une forme « non étoilée »(relativement stable)
et sous une forme « étoilée » très instable.
Les tenseurs irréductibles seront
Q~,
soitqui
ne contiendra que deshypérons
« non étoilés » etpartie sym.. P03B203B1 - 1 2 03B403B203B303C603BB.P.03BB03B1),
soitqui
ne contiendra que deshypérons
« étoilés ».L’hamiltonien d’interaction sera :
Le
premier
terme donnera des interactions inobservablescomportant
des bosonsinstables p
et leshypérons
« étoilés ». Le second fournira les interactions AKEclassiques
et des interactionsVKN,
AMN et VMX inob-servables,
soit dutype AME*, VKX*,
etc., avec deuxparticules instables,
soit du
type
AKN* oùfigure
uneparticule
« doublement » instable dont la formationexigerait
uneénergie
considérable.Ainsi dans les trois cas
présentés
parRi, Je2, ~3
on voit que le formalisme rendcompte
des résultatsqualitatifs
del’expérience :
toutes les interactions observéesapparaissent
dans la théorie et les autres termespeuvent
être écartés en considération del’impossibilité pratique
de faireinteragir
lesparticules
hautement instablesqui
se trouvent associées. Le seul cas où la réaction n’est pasrigoureusement impossible
est celui de la formation d’isobares « étoilés »d’étrangeté
nonnégative
et la théorie incite à examinersoigneusement
lesscatterings correspondants
dans le domaine des très hautesénergies.
c)
Les cas deD(3/2, 0)
etD(0, 3/2).
Ici les
produits
de fonctions fontapparaître
d’unepart
unquadruplet A++, A+, 0°,
A-d’étrangeté nulle, qu’on peut
identifier évidemment avec la résonance Nx à 1 238MeV,
d’autrepart quatre singulets, Q++, n+, 110,
Q-d’étrangeté + 3, + 1, - 1, - 3 respectivement,
nécessairement très insta-bles,
sauf Q-d’étrangeté négative qui peut
être identifiée à laparticule
stable- à
désintégration
faible - récemment observée à Brookhaven[35].
Avecles A on
peut
former le tenseur irréductible :ANN. INST. POINCARÉ, A-! !-1 2
et on aura un hamiltonien :
qui représentera
la résonance enquestion.
Il en est de même avec les
D,
un hamiltonienqui
serapportera
à des inter- actions dutype LpQ,
donc inobservables.CONCLUSION
En conclusion nous voyons que nous avons obtenu dans le cadre de la théorie du rotateur relativiste une
représentation complète
des interactionssous le groupe
GT
et conservant le nombrebaryonique.
Il est à noterqu’un
hamiltonien d’interactions fortes avait été
déjà proposé
simultanément par Katsumori[36]
et par l’un de nous(F. H.) [37].
La méthode utilisée[38]
consistait
simplement
à former avec les fonctions Z des combinaisons tensorielles irréductibles sous le groupeGT
et à les contracter en des inva- riants. Cette méthodecependant
laisse de côté ungrand
nombre de combi-naisons mettant en
jeu
des étatsinstables,
notamment les isobares étudiés dans leprésent article, provenant
de ce que la théorie relie le nombrebaryo- nique
à un groupe de rotations tridimensionnelles. La méthode utilisée ici introduit une idéesupplémentaire
celle des «particules composées »
obtenues par fusion de
quatre espèces
departicules
« fondamentales ».Il en résulte des contraintes
supplémentaires qui
introduisent nécessaire- ment tous les états résultant de lafusion,
ycompris
lesmultiplets supérieurs
du groupe de nombre
baryonique.
Le résultat diffère ainsi des traitements antérieurs. Il estplus
délicat àinterpréter.
Enparticulier
pour rester dans le cadre del’expérience
- tout au moinsqualitativement
- on a été amenéà abandonner pour la
représentation
desparticules physiques
les fonctions propres elles-mêmes auprofit
de combinaisons linéaires déterminées. Ilnous semble que le résultat est