A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION A
H. B ACRY
J. N UYTS
Sur des groupes de symétrie pour multiplets de particules de masses différentes
Annales de l’I. H. P., section A, tome 7, n
o4 (1967), p. 333-338
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p. 333
Sur des groupes de symétrie
pour multiplets de particules
de
massesdifférentes
H. BACRY
(*)
etJ.
NUYTS(**)
Institute for Advanced
Study,
Princeton.Ann. Inst. Henri Poincaré, Vol. VII, n° 4, 1967, ]
Section A :
Physique théorique.
RÉSUMÉ. - On montre
qu’il
estpossible
de définir des groupes desymétrie
interne exacts
[exemple d’isospin]
tenantcompte
des différences de masseà l’intérieur de
chaque multiplet.
Utilisant certainespropriétés
del’opéra-
teur infinitésimal des dilatations de
l’espace-temps,
onindique
comments’obtiennent les
lagrangiens
deschamps
libres.ABSTRACT. - It is shown that exact internal
symmetry
groups[isospin
for
example]
can be defined which take into account mass différences inside eachmultiplet. Using properties
of thespace-time
dilationoperator,
the construction ofLagrangians
for free fields is derived.1. -
INTRODUCTION
Le rôle de la théorie des groupes dans la classification des
particules
élé-mentaires est double : d’une
part,
le groupe de Poincaré(ou
groupe de Lorentzinhomogène) permet
de définir leconcept
departicule élémentaire ;
(*)
Worksupported by
the National Science Foundation(U.
S.A.)
on leavefrom Université de Marseille.
(**)
Researchsponsored
by the Air Force Office of Scientific Research.Office of
Aerospace research,
United States Air Force, under AFSOR 42-65.334 H. BACRY ET J. NUYTS
d’autre
part,
les groupes desymétrie
interne conduisent à classer lesparti-
cules et résonances en
multiplets (groupe d’isospin)
eux-mêmes assemblésen
supermultiplets (groupe
desymétrie
unitaire SU(3)).
Un groupe desymétrie
interne est, engénéral, supposé
transformer lesparticules
d’unmultiplet
donné les unes dans les autressans
modifier ni leurs masses ni leursspins.
Cettedescription
constitue une excellenteapproximation
dansle cas des
isomultiplets
où les masses sont suffisammentvoisines,
mais estbeaucoup
moinsjustifié
pour le groupe SU(3)
où les masses à l’intérieur d’un mêmesupermultiplet
sontbeaucoup plus dispersées.
Il est naturel de se demander s’il est
possible
deremplacer
ces groupes desymétries approchées
par des groupes desymétries
exactesqui
tiendraientcompte
de ces différences de masses. On sait que de nombreuses difficultés sont liées à lapossibilité
d’une telle construction. Nous nous proposons d’élaborer ici un modèle en nous limitant à l’étude desparticules
libres.Nous ferons
appel
pour cela au groupe des similitudes del’espace-temps,
groupe dont nous allons résumer les
propriétés qui
nous seront utiles pour la suite.2. -
L’ALGÈBRE
DE LIE DU GROUPE DES SIMILITUDESSi xJL
zou
=0, 1, 2, 3)
sont les coordonnées d’unpoint d’espace-temps,
une
similitude {
a,A, as
est définie par la transformationDans cette
équation,
les aIL sontquatre paramètres
réels décrivant les trans-lations ;
a est un nombre réel définissant une dilatation. Enfin A est unematrice 4 x 4 satisfaisant à la relation
où At
désigne
la matricetransposée
de Aet g
est la matrice de Gramassociée à la
métrique
de Lorentz.335
SUR DES GROUPES DE SYMÉTRIE
La
similitude {
a,A,
est donc décrite par un ensemble de onze para- mètresindépendants auxquels
sont associés les onzegénérateurs
suivants :(2.4)
Transformation de Lorentz(2.5)
Translations(2.6)
DilatationCes
expressions
conduisent aux relations de commutation suivantes :Ces considérations
permettent
d’obtenirl’égalité
relation essentielle pour ce
qui
suit etqu’on
obtient immédiatement àpartir
de
(2.11)
endéveloppant l’opérateur
exp(iaD)P Il
exp(- iaD)
par rap-porta
ex.3. -
RÉINTERPRÉTATION
DU GROUPE D’ISOSPINLes
générateurs
infinitésimaux du grouped’isospin
satisfont aux relationsde commutation
où est le tenseur
complètement antisymétrique
défini par E123 - 1.Dans
l’interprétation habituelle,
les transformations du grouped’isospin
commutent avec les transformations du groupe de
Poincaré,
cequi
se tra-duit pour les
générateurs
infinitésimaux par les relations de commutationANN. INST. POINCARÉ, A-V!!-4 24
336 H. BACRY ET J. NUYTS
Cette dernière
propriété implique
l’invariance de la masse sous le grouped’isospin (On rappelle
quel’opérateur
de masse M est lié auxgénérateurs
des translations par
M2 =
Pour
sauvegarder
la notiond’isospin,
tout en tenantcompte
des diffé-rences
de masse à l’intérieur d’unmultiplet,
on est amené à chercher uneréalisation de
(3.1) qui
ne commuteplus
avec lesP~.
L’utilisation del’opé-
rateur exp
(iaD)
introduit auparagraphe précédent permet
d’obtenir de telles réalisations. Eneffet,
les deuxexemples
suivants :satisfont aux relations
(3 .1) quels
que soient lesA~;
onpeut
enparticulier
choisir
L’exemple (3.4)
sera utiliséexplicitement
dans leparagraphe
suivant pour l’étude des doubletsd’isospin.
Iln’y
aura aucune difficulté à traiter le casdes
isotriplets
àpartir
del’exemple (3.5).
Lagénéralisation
au cas des iso-multiplets
de dimensionplus
élevée est évidente.Notons
quelques propriétés
del’algèbre (3.4), (3.6) présentée
ici. Lesrelations de commutation s’écrivent
où
(m, n
=1,2)
estantisymétrique
et 812 = 1. Les élémentsPu, M~
et iiengendrent
unealgèbre
de Lie infinie en définissant une chaîned’opérateurs
du
type
337
SUR DES GROUPES DE SYMÉTRIE
. 4. - INVARIANCE DU LAGRANGIEN LIBRE POUR UN DOUBLET D’ISOSPIN
DE MASSES
DIFFÉRENTES
Nous allons
appliquer
les considérationsqui précèdent
à un ensemblede deux
particules
de Dirac de masses différentes ml et m2 formant undoublet
d’isospin.
Cette étudepeut
s’étendre de manière évidente auxmultiplets (ou
même auxsupermultiplets)
despin
etd’isospin quelconques.
Désignant
parles
champs
des deuxparticules
deDirac,
lelagrangien
libre s’écritavec
où
et d’où l’on déduit les
équations
de mouvement habituellesNous supposons que le groupe
d’isospin agit
sur 0 de lafaçon
induitepar
(3.4).
Plusprécisément,
à toutetransformation g
de SU(2)
on fera
correspondre l’opérateur
Goù,
pour des raisonsd’unitarité, l’opérateur
D estsymétrisé
sous la forme338 H. BACRY ET J. NUYTS
En utilisant les identités
et
après quelques manipulations,
on démontre que leLagrangien
est invariantsous les transformations
G,
pourvu que oc satisfasse à la relationNous avons ainsi construit
explicitement
un formalismelagrangien
dedeux
particules
de massesdifférentes,
invariant pour un nouveau groupe despin isotopique.
5. - CONCLUSION
Nous avons
présenté
un modèlequi
décrit desisomultiplets
au niveaudes
particules
libres(ou
dulagrangien libre).
Ce modèle al’avantage
detenir
compte explicitement
des différences de massesprésentes
dans cesmultiplets.
Lelagrangien
libre estparfaitement
invariant pour un nouveau grouped’isospin isomorphe
au groupe SU(2)
mais le groupe de Poincaréne commute
plus
avec le grouped’isospin.
Nous avons pour cela faitappel
aux
propriétés
del’opérateur
de dilatation comme vecteur de cechange-
ment de masse bien
qu’on puisse imaginer
d’autresopérateurs
pourjouer
un rôle
analogue.
La recherche d’un autreopérateur
seraitprobablement
utile pour
pouvoir
traiter correctement l’invariance dulagrangien
d’inter-action.
Signalons
enfin que la méthode utilisée segénéralise
aisément auxgroupes de
symétrie,
tel SU(3), qui
classent lesparticules
ensupermultiplets.
REMERCIEMENTS
L’essentiel de ce travail a été réalisé au C. E. R. N. au début de l’année 1964. La mise au