G ERGONNE
Géométrie de la règle. Solution et construction, par la géométrie analitique, de deux problèmes dépendant de la géométrie de la règle
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 7 (1816-1817), p. 325-334
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325
GÉOMÉTRIE DE LA RÈGLE.
Solution
etconstruction , par la géométrie analitique ,
de deux problèmes dependant de la géométrie de
la règ le ;
Par M. G E R G O N N E.
GÉOMÉTRIE DE
LARÈGLE.
EN monfrant, dans
unprécédent
article( page 289
de cevolume),
comment la
géométrie analitique ,
convenablementemployée , peut conduire ,
pour la solution desproblèmes,
degéométrie ,
a desconstructions bien
supérieures ,
pourl’élégance
et lasimplicité,
àcelles que fournit la
géométrie
pure ,j’ai promis d’ajouter
encorede nouveaux
exemples
de cette vérité à celuiqu’offrait
cet article.C’est dans la vue de
remplir
cette promesse, queje
me propose ici de résoudre les deuxproblèmes
suivans :PROBLÈME
7. A uneligne quelconque
du secondordre ,
ins-crire
untriangle
dont lescôtés passent
par troispoints donnés ;
en
n’employant
que larègle,
seulement ?PROBLÈME
Il. A uneligne quelconque dit
secondordre,
cir-conscrire un
triangle
dont les sommets soient sur trois droitesdonnées ;
enn’employant
que larègle
seulement aLe
premier
de ces deuxproblèmes,
borné seulement aucercle, et sans
exclurel’emploi
du compas, a étélong-temps célèbre ;
etdepuis Pappus , qui
en a traité un castrès-particulier , beaucoup
d’illustres
géomètres
en ont fait lesujet
de leursrecherches.
2-om.
VII, n.° XI , I.er mai 1817. 44
326 G E O M E T R I E
En I8I0 , j’essayai d’y appliquer
lagéométrie analitique,
tou-jours
pour le cas ducercle ;
elle meconduisit à
une construction lortsimple qui
a paru dans les recueilsde l’Académie
duGard;
mais on
n’y pouvait parvenir qu’à
la suite d’un calcul assezlabo...
rieux ;
et , commeje
n’avais pas aperçu que cette constructionn’exigeait
quel’emploi
de larègle , je
nesongeai
nullement a l’étendre à toutes les sectionsconiques.
A la page I26 du I.er volume du
présent recueil, je proposai
de démontrer
géométriquement
la solutiongraphique
quej’avais obtenue,
sans faire connaître l’analisequi m’y
avait conduit. Onme fit aussitôt observer que ma construction
pouvait
s’étendre in- ciit à toutes leslignes
du secondordre ;
et c’est cequi
me détermina à
généraliser
monpremier énoncé, corhme
on le voità la page
259
du même volume. MM. Servois et Rochat donnèrent l’un etl’autre (
pag.337
et342)
unesolution
duproblème
ainsigénéralisé.
Mais autre chose est de
légitimer
par le raisonnement une cons- tructiondéjà
connue ou deparvenir a
cette construction. Je me propose donc de faire voir ici comment lagéométrie analitique,
bien
employée,
conduit à cette même construction d’une manière pour ainsi dire inévitable.Comme il est
très-alsé
de ramener le dernier de nos deuxproblèmes
au
premier,
c’est d’abord de celui - ciuniquement
queje
m’oc-cuperai ;
et , comme unproblème
du domaine de lagéométrie
de la
règle
estrésolu,
pour toutes les sectionsconiques,
dèsqu’il
l’est pour une seule d’entre
elles, je supposerai ,
pourplus
desimplicité ,
que lacourbe
dont ils’agit
est uneparabole,
Je réduirai donc le
problème
au suivant :PROBLÈME.
Inscrire à uneparabole
untriangle rectiligne
dontles
côtés , prolongés
s’il estnécessaire ,
passent par troispoints
donnés sur le
plan
de celle courbe ?Solution.
SoientP , P’ , P"
lespoints donnés,
etS , S’ ,
S/1DE LA RÈGLE. 327
les sommets du
triangle cherché ;
de telle sorteque P
soit surS’S",
P/ surS"S,
et P" sur SS’.Il est évident que, si l’un des sommets , le sommet S par
exemple ,
était connu , leproblème pourrait
êtreréputé résolu ;
car,en rnenant de ce
point
des droites par lespoints Pl , P" ,
leursintersections avec la
parabole
détermineraientrespectivement
les deuxautres sommets
SI’ ,
SI.Occupons -
nous doncuniquement
de larecherche de ce
point
S.Soit 2p le
paramètre
de laparabole
dont ils’agit.
Soitpris
sonaxe pour axe des x, et la
tangente
à son sommet pour axe des y. Soient alors les coordonnées tant despoints
donnésP , P’, P"
que des
points cherches 8 , S’ , S" ,
ainsiqu’il
suitD’abord , puisque S , S’ , S"
sont despoints
de lacourbe ,
ondoit avoir
En
secondlieu, puisque
chacun despoints P , P’ ,
P" est enligne
droite avec deux deceux-là,
on doit avoirVoilà
donc sixéquations ,
aumoyen desquelles
onpeut déterminer
328 G E O M E T R I E
les six coordonnées xy,
x’y’ , x"y"
des troispoints inconnus S
S’ , S" ; mais ,
comme nous bornons notrerecherche
à celledu
point S,
il nous suffira d’éliminerxi , yI , x" , y"
entre lescinq dernières ;
il en résultera uneéquation
en x ety qui
,jointe à
la
première ,
nous fera connaître les coordonnées dupoint cherché.
Mais on
peut , par
une combinaison convenable de ces sixéqua- tions,
en obtenir d’autresincomparablement plus simples.
En re-tranchant,
eneffet,
deux àdeux , les équations (i) ,
onobtient
cclles-ci
En
comparant
ceséquations respectivement
auxéquations (2),
onen déduit les suivantes
en
chassant
les dénominateurs dans cesdernières
et eny remplaçant
respectivement
2px ,2px’ , 2px"
par leursvaleurs y2 , y’2 , y"2,
données par les
équations (I);
ellesdeviendront
enfinéquations
délivréesde x , x’ , xn ;
et entrelesquelles
il n’estplus question
qued’éliminer 03B3’
ety"
pour obtenir la valeur de y.L’élimination de
y"
entre les deux dernières donne329
1
DE LA RÈGLE.
ou , en chassant les
dénominateurs
ettransposant ,
Eliminant
enfin y’
entre celle-ci et lapremière
deséquations (5)
il
viendra
ou , en
chassant
les dénominateurs etréduisant ,
En
remplaçant y2
par sonéquivalent
2px , toutel’équation
seradivisible par 2,
et pourra ensuite être écrite ainsice
qui
revient à330
G É O M É T R I E
Telle est donc
l’équation qu’il
faudrait combiner avecl’équation y2=2px ,
pour obtenir les deux coordonnées x, y dupoint
cherchéS ; puis
donc quel’équation y2=2px
est celle de laparabole donnée,
et que l’autre n’est que du
premier degré seulement ;
il en fautconclure que
celle-ci
estl’équation
d’une droitequi
coupe la pa-rabole donnée
aupoint
cherché S.Tout se réduit donc à construire la droite
(A),
ou, cequi
re-vient au
même ,
à déterminer deuxpoints
de sadirection ;
cequi
re-vient encore à trouver deux
systèmes
de relations entre xet y
qui
y satisfassent.Or ,
les deuxsystèmes
de relations lesplus
naturels à établir pour y satisfaire sont les suivans :donc le
point
déterminé par leséquations (BI)
et lepoint
déterminépar les
équations (Bit)
sont deuxpoints
de la directionde (A).
On
pourrait ,
pour déterminer chacun de cespoints ,
tirer lesvaleurs de a
et y des
deuxcouples d’équations
parlesquels
ils sontdonnés ;
mais il estincomparablement plus
commode de construire lesquatre
droites(C/) , (DI) , (C"), (D")
elles-mêmes. L’inter- section des deuxpremières
sera lepoint (B’),
celle des deux der- niéres sera lepoint (B").
Nous examinerons tout-à-l’heure ce que
peuvent
être les droites(CI) , (C");
occupons-nousseulement,
pour leprésent,
de laconstruction des
droites (D’), (D");
ou, pour mieuxdire ,
de laDE
LARÈGLE.
33Iconstruction
de l’uned’eHes ;
car on voit assez que(D")
est parrapport
aupoint
P" ce que(DI)
est parrapport
aupoint
Pl.La droite
(DI)
seraitdéterminée ,
si nous connaissions deuxquel-
conques des
points
de sa direction.Or ,
on voit d’abord que cettedroite passe par le
point P’;
d’où il suitqu’il
nes’agit plus
qued’en trouver un autre
point ;
or , cepoint
sera donné par deux relations entre x et yqui
résolventégalement l’équation (D’) ;
et,entre toutes les relations
qu’il
soitpossible
dechoisir ,
lesplus simples
sont, sanscontredit)
les suivantes :La droite
(DI)
est donc une droite menée par lespoints
pl etE’;
et cc dernier
point, lui-même,
se trouve déterminé par l’intersec- tion des droites(G), (C").
Pour de semblables
raisons ,
la droite(D")
sera une droite menéepar le
point
P" et par unpoint
E" intersection des deux droites(C), (C’).
Notre construction se trouve donc réduite
ainsi à celles
des trois droites(C) , (CI) , (C"),
ouplutôt à
celle de lapremière
seu-lement; puisque
les deux autres sontrespectivement ,
parrapport
aux
points P’ , P" ,
cequ’est
celle-ci parrapport
aupoint
P.Or,
soitpris
sur laparabole
donnée unpoint quelconque (x’,y’);
la tangente à la courbe
en cepoint
sera , comme l’onsait,
ou, en
réduisant
et mettant2px’
poury’2,
332 GÉOMÉTRIE
Supposons,
en secondlieu , qu’il
soitquestion
demener à
laparabole
unetangente
par unpoint
extérieur(a, b) ;
enrepré-
sentant par
x’ , y’
les coordonnées dupoint
decontact ;
on aurapour déterminer ce
point
les deuxéquations
dont la
première exprime
que lepoint
de contact est sur lacourbe,
tandis que la seconde
exprime
que lepoint (a , b)
satisfait àl’équa-
tion
(I).
Puis donc quel’équation y’2=2px’
est du seconddegré
et l’autre du
premier seulement ,
on aura deuxpoints
de contact etconséquemment
deuxtangentes
par lepoint (a, bl.
Dans la recherche de ces deux
points
de contact, au lieu de tirer deséquations (2)
les deuxsystèmes
de valeursqu’elles
four-nissent pour x et y, il revient au même et il est
plus
commodede construire les
lignes qu’expriment
ces deuxéquations.
Puis doncque la
première
est celle de notreparabole elle-même,
et que l’autre n’est que dupremier degré seulement ,
cette dernière doitappartenir à
une droitepassant
par lespoints
où les deuxtangentes
touchent lacourbe , c’est-à-dire ,
que cette droite est lapolaire
du
point (a, b).
On voit
donc, d’après cela ,
que nos trois droites(C), (C’), (C"),
à la construction
desquelles
nous avons ramené notreproblème,
nesont autre chose que les
polaires respectives
des troispoints P y Pl ,
P".Or ,
comme la droitepolaire
d’unpoint donné ,
sur leplan
d’unesection
conique , peut
se construire à l’aide de larègle seulement,
il s’ensuit que nous pouvons étendre notre construction à une
section
conique quelconque ;
et voici àquoi
elle se réduit.Construction I. Soient trois
points P , P’, P",
donnés à vo-lonté,
sur leplan
d’uneligne
du second ordrequelconque ;
etsupposons
qu’il
soitquestion
d’inscrire à lacourbe
untriangle
dontles
DE LA RÈGLE. 333
les
côtés , prolongés
aubesoin, passent respectivement parles
troispoints
donnés. -Soient
S , SI
SII les trois sommetsinconnus ,
Pdevant
setrouver sur
S’S",
P’ surS"S,
et P" sur SS’.Soient construites les
polaires
despoints P , P’, P" ; représen-
tons-les
respectivement par C , CI , C" ;
C’ et C" secoupant
enE ,
C" et C enE’ ,
C etC’ en
EII.Soient
menéesPE , P’E’, P"E", coupant respectivement C , CI , C"
enB , B’, B" ;
alorsla courbe sera
coupée respectivement
en &par B’B" ,
en S’ parB"B,
en S" par BB/.On
doit
remarquer , ausurplus ,
quechacune
de ces droiteseoupera la
c’ourbeen.
d’eux’points
etqu’ainsi
leproblème
au’radeux
solutions. On doit remarquer encore , comme nous l’avonsdéjà
fait
plus hatatf,
que toutpeut
se réduire à la construction d.upoint
S d’où il est fàcile de conclure les deux autres. Il est donc su-
perflu
dedéterminer
lepoint B ,
etconséquemment
de mener ladroite
PE.
Le
second problème
seramène facilement
à celui-ci.Construction Il. Soient trois droites
C , C’
,C" , dônnées à volonté ,
sur leplan
d’uneligne
du second ordrequelconque ;
etsupposons
qu’il soit question
de circonscrire à lacourbe
untriangle
dont les sommets soient sur les trois droites données.
Soient
S , S’ ,
S" lespoints
inconnus où la courbedoit
êtretouchée par les côtés
du triangle
S étant sonpoint
de contact avecle côté
qui
se termine à C/ etC" ;
SI lepoint-
de contact avec lecôté
qui
se termine à C" et.C ;
et enfin S" lepoint-
de contactavec le côté
qui
se termine à C et C’.Cherchez
lespôles respectifs- P , P’ , P" ,
des droitesC , C’ ,
C".
Opérez
sur cespôles
et sur les droitesC , CI , Cil ,
commevous l’avez fait dans le
problème précédent;
les sommetsS, , Si ,
S" du
triangle
inscrit dont les côtéspassent
parP , P’ ,
P" seronten même
temps
lespoints
de contact de la courbe avec les Cotés dutriangle
cherché.Tom.
VII. 45
334 QUESTIONS
Ce qui
nous aprincipalement
déterminé àprendre
ces deuxproblèmes
pourexemple
de nosméthodes 3
c’est que M.Lhuilier,
dansses
Élémens
d’analisegéométrique
et dandlisealgébrique,
insinueque , soit sous le
rapport
de la mise enéquation,
soit sous celuide la
construction ,
lagéométrie analitique, qu’il appelle
la Méthodedes
coordonnées ,
neparait guère leur
être commodémentapplicable.
Nous pensons que les
géomètres qui prendrent
lapeine
de comparernos constructions à celles
qu’on
déduit des considérationspurement
géométriques,
enjugeront
d’une toute autre manière.Dans un
prochain articlc,
nous essayerons d’étendre nosprocédés
au-
problème général
où ils’agit
soit d’inscrire à uneligne
du secondordre un
polygone
de mcôtés ,
dont les côtéspassent
par un mêmenombre de
points donnés ,
soit de circonscrire àla,
même courbeun
polygone
de mcôtés
dont les sommets se trouvent sur unpareil
nombre de droites données.
QUESTIONS RéSOLUES.
Solution pratique du problème de combinaison proposé
à la page I88 de
cevolume ;
Par M. J. B. DURRANDE.
ir.
IL
est bien connu,depuis long-temps,
que des lettresP , Q ,
R ,...,
toutes différentes les unes des autres , et aunombre
dem ,
peuvent
êtredisposées,
enligne droite ,
les unes a la suitedes autres , d’un nombre de manières
exprimé
par m!(*).
(*)
J’emploie
ici m!, avec M.Kramp,
comme abréviation de I.2.3...m ;et
j’en
userai de ïnéme dans toute la suite de cet article. On a lieu d’êtresurpris qu’une
notation sisimple ,
etconséquemment
siutile ,
ne soitpoint
encore universellement