Géométrie élémentaire. Sur la construction du cercle tangent à trois cercles donnés
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 13 (1822-1823), p. 193-200
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I93
GÉOMÉTRIE ÉLÉMENTAIRE.
Sur la construction du cercle langent à trois cercles donnés ;
Par
unABONNE.
GE
RGONNE.Au Rédacteur des Annales ;
MONSIEUR ,
EN
examinant avec attentionl’ingénieuse
théorie parlaquelle M.
leprofesseur Durrande,
au commencement du XI.e volume desAnnales ,
est parvenu à démontrer
géométriquement l’élégante
construction que vous avez déduite de l’analisealgébrique,
à la page 302 du VIIevolume
du mêmerecueil,
pour la détermination du cerclequi
toucheà la fois trois cercles
donnés,
il m’a paru que cette théorie étaitsusceptible
desimplification
asseznotables ; qu’elle pourrait
être rendueindépendante
de toutcalcul,
et même de la considération des pro-portions ;
etqu’elle
devenaitainsi ,
cnquelque
sorte , le tésultat d’une pure intuition. J’ai l’honneur de vous transmettre le résultat demes réflexions sur ce
sujet,
dont vous ferezl’usage
que vousjugerez
convenable.
J’admets
uniquement
lesprincipes
connus sur lespôles
etpolaires
et suc les axes
radicaux , principes
que l’onpeut
démontrer soieà
la manière deMonge ,
soit comme l’a fait M.Durrande,
soitde toute autre
manière ;
etje
lesrappelle
en ces termes:I. Les sommets de tous les
angles circonscrits
à un mêmecercle,
I94 CERCLE TANGENT
de telle sorte que leurs cordes de contact concourent toutes en un
même
point ,
sont tous situés sur une même droitequ’on appelle
la
polaire
de cepoint ,
etqui
estperpendiculaire
à la droitequi
le
joint
au centre.2.
Réciproquement,
les cordes de contact de tous lesangles
cir-conscrits à un même
cercle de
telle sorte que leurs sommets soient.tous sur une
même ligne droite,
concourent toutes en un mêmepoint, qu’on appelle lepôle
de cettedroite,
etqui
se trouve situésur la
perpendiculaire qui
lui est menée par le centre.3. D’où il suit que deux
polaires
d’un même cercle secoupent
au
pôle
de la droitequi joint
leurspôles ,
et queréciproquement
ladroite
qui joint
deuxpôles
d’un même cercle a pourpôle
l’inter-section de leurs
polaires.
4.
Le lieu de tous lespoints
duplan
de deux cerclesdesquels
on
peut
leur mener destangentes
de mêmelongueur
est une droiteperpendiculaire
à celleqni joint
leurs centres , etqu’on appelle
l’axeradical
des deux cercles.5. Cela
posé ,
soient deuxfigures
semblablesquelconques ,
tracéessur un même
plan ,
et soit unpoint pris
arbitrairement sur l’uned’elles ;
si l’on demande sonhomologue
sur l’autre et que les deuxfigures
soient divisibles en mparties égales
etsuperposables,
par des droites
partant
de deuxpoints homologues,
leproblème
aura
évidemment m solutions.6. En
particulier ,
si lesfigures données
sont despolygones régu-
liers de m
côtés ,
et que lepoint
donné sur l’un d’eux soit autreque son centre , son
homologue
sur l’autre pourra êtrepris
de 2mmanières différentes.
7. Des choses
analogues
auraientlieu,
si une droite indéfinie étant tracée arbitrairement parrapport
à l’un despolygones,
on deman-dait son
homologue
parrapport
à l’antre.8. Il suit de là que , deux cercles étant tracés sur un même
plan,
et un
point
ou une droite étant donné parrapport à
l’und’eux,
ce
point
ou cette droite pourra avoir une infinitéd’homologues
parrapport
à l’autre. Il suffira en effet que les distances des centresI95
a ces deux
points
ou à ces deux droites soientproportionnelles
aux rayons ; ce
qui assujettira simplement
lepoint
cherché à êtresur une certaine
circonférence,
ou la droite cherchée à lui êtretangente.
9. Il n’en sera
plus
de même ’si l’ondétermine ,
dans les deux cerclesdonnés
, des diamètres que l’onregarde
commehomologues ,
en fixantcelles des deux extrémités de ces diamètrts que l’on
répute
ho In-logues,
ainsi que les demi-cercleshomologues.
Il est évidentqu’alors
je
problème d’assigner,
pour l’un descercles,
unpoint
ou unedroite
qui
soitl’homologue
d’unpoint
ou d’une droite donnés parrapport
à l’autre n’admettraplus qu’une
solutionunique.
I0. Soient deux cercles tracés sur un même
plan ;
onpeut
tou-jours,
sur la droitequi joint
leurs centres ,assigner
deuxpoints
et deux
points seulement, l’un
entre les centres et l’autre au-delàdu centre du
plus petit
dont les distances à ces deux centres soientproportionnelles
aux rayons des deux cercles. Cespoints
serontles seuls
points homologues
communs quepuissent
avoir les deuxcercles;
encorefaudra-t-il,
pourqu’ils puissent
êtreréputés tels ,
que l’on considére les diamètres situés sur la droite indéfinie
qui joint
les centres comme deux diamètreshomologues.
Ce sont ces deuxmêmes
points
que M. Durrande adésignés , d’après Monge ,
sousles
dénominations
de centres de similitude interne et externe. Leur choix détermine les extrémités des deux diamètresqui
doivent êtreréputées homologues;
ces extrémités devant être constamment lesplus
voisines ou les
plus
distantes du centre de similitude que l’onchoisit
cornme
point homologue
commun.i i. Il suit de ces considérations que le
point
de contact dedeux
cercles
qui
setouchent
est un centre de similitudequi
sera in-terne ou externe , suivant que les deux cercles se toucheront exté-
rieurement
ou seront l’un dans l’autre. On doit aussi remarquer que,lorsque
deux cercles sontégaux,
leurcentre
de similitude ex-terne est Infiniment
éloigné. Quant
à leur centre de similitude in.terne, il est évidemment au milieu de la droite
qui joint
leurs centres.I96 CERCLE TANGENT
1 2.
Deux figures
semblablesquelconques
étantdonnées ,
et desdroites
homologues
étant tracées dans ces deux’figures, si ,
pardes
points homologues
de ces douxdroites
, on mène deux nou-velles droites
fermant,
du même côté et dans le mêmesens, des
an-gles égaux
avec lespremières ,
il est connu que ces nouvelles droi-tes:
seront aussi des dtoiteshomologues.
Or il est évident que toute,
droite menée par l’un des deux centres de similitude de deux cercles
est dans le même cas par
rapport
à ces deuxcercles;
donc elleen est une
ligne homologue
commune , elle les coupera donc en segmens semblables si elle les coupe ; elle seratangente
a l’unsi elle l’est à
l’autre; et, si
elle ne rencontre pas ceiulci,
elle nerencontrera pas l’autre non
ptas.
13.
Réciproquement,
to de droitehomologue
commune à deux cercles doit passer par Fun de leurs centres desimilitude , puisque
ladroite
qui joint
les centres est aussi une droitehomologue
communequi
doit êtrecoupée
par lapremière
en unpoint homologue
commun.14.
Il suit de là quesi ,
considérant comme diamètres homolo- gues de deux cercles ceuxqui
setrouvent
sur la droitequi joint
leurs
centres, on détermine despoints homologues quelconques
dansces deux cercles ;
la droitequi joindra
ces deuxpoints
passera par l’un des centres de similitude.15.
Donc,
enparticulier (I I), lorsque
deux cercles setouchent,
toute droite menée par leur
point
de contact est uneligne
homo-logue
commune; etréciproquement ,
touteligne homologue
com-mune doit passer par le
point
de contact. II doit donc en être de même de toute droitequi
passera par despoints homologues
de cesdeux
cercles.16. Soient trois
cercles C , C’, C’’,
et soientI ,
E les centres de similitude interne et externe de C etC’’, Il
El ceux de ... C’’ etC , I’’,
E’’ ceux de ... Cet C’ . Les
droitesI’II’’
et E’E’’ seront donc l’une et l’autre(I2) lignes
homologues
AUTRES.
I97homologues
communes à Cil et C etlignes homologues
communesà C et
CI ;
elles seront donchomologues
communes à CI etC’’,
et
conséquemment
elles devront(13)
passer par 1 ouE ; mais ,
comme il est d’ailleurs évident
qu’elles
nepourront
ni l’une ni l’autre passer entre les centres de CI etC" ,
ce sera par Equ’elles
pas- seront toutes deux. Ainsi les centr-es de similitude externes de troiscercles, pris
deux àdeux,
sont tous trois situés sur une mêmeligne droite ;
et chacun d’eux est enligne
droite avec deux des centresde similitude
internes ;
de manière que ces sixpoints
sont aux inter-sections de
quatre
droites. Ce sont ces droites que M.Durrande
anommées axes de similitude des trois
cercles ;
ce sont deslignes homologues
communes à ces trois cercles.17.
Donc ,
enparticulier (II), lorsqu’un
cercle en touche deuxantres, les deux
points
de contact sont enligne
droite avec l’undes centres de similitude de ces deux
derniers ; savoir,
le centre desimilitude externe ou le centre de similitude
interne,
suivant que les deux contacts sont de même nature ou de nature différente.Cette droite est donc
(t 1)
un axe de similitude des deux cercles.18.
Én
considérant l’un ou l’autre centre de similitude de deux cercles comme unpôle
commun à ces deuxcercles ,
il aura(i)
une
polaire
surchaque
cercle. Les deuxpolaires
relatives àchaque
centre sont cé que M. Durrande a
appelé polaires
de similitudeexternes et
polaires
de similitude internes. Ce sont évidemment deslignes homologues
des deuxcercles, qui conséquemment, lorsqu’elles
lescoupent, les
partagent
en segmens semblables. Lepôle
des deux der-nières est
compris
entreelles ,
tandis que celui des deuxpremières
est hors de l’intervalle
qui
lessépare.
ig. Soit C’’
(fig. 4
et5 )
l’un des centres de similitude de deuxcercles,
parlequel
soit menée une sécantehomologue
commune ,comprenant
dans ces cercles les cordeshomologues AB , A’B’,
dontles
pôles
soientP , P’;
ces deuxpôles
seront despoints
homo-logues
des deuxcercles ,
parlesquels
menant lesperpendiculaires PQ 1 P/Q’
à la droitequi joint
les centres , cesperpendiculaires
1om. XIII. 28
I98 CERCLE TANGENT
seront
(3, I8)
lespolaires
desimilitude relatives
au centreC’’;
et il est de
plus
évidentque
lestriangles isocèles homologues
APB ,
A/P/B’ serontsemblables ; mais,
euprolongeant
PB etP’A’
jusqu’à
leur. rencontre enR’’ ,
et PA et P/B’jusqu’à leur
rencontre en
S’’ ,
letriangle BR’’A’
serasemblable
à chacun de cesdeux-là ,
et il en sera de même dutriangle B’S’A ;
ils seront doncisocèles
comme. eux ; de manièreque
les deuxtangentes
R’’B et R’’A’ seront de mêmelongueur,
ainsi que les deux tangentes S’’B’ et S’A.Donc ,
si l’on mèneR’’S’’,
cette droite sera(4) l’axe
radical des deuxcercles,
et comme telleparallèle
auxpolaires
de similitude.
20. Il suit évidemment
de
là que , si l’on fait tourner la sécantecommune autour du
point fixe C’’,
lespoints P ,
Pl etR’’, S’’,
dans leur mouvement , ne
sortiront
pas des troisparallèles PQ, P/Q’
etR’’S’’ ,
dont la situation esttout-à-fait indépendante
de ladirection de cette sécante.
21.
Mais ,
si la sécante devenaittangente,
y le milieude
l’inter- valle entre lespoints
de contactserait (4)
unpoint
de l’axe ra-dical : donc cette
tangente
commune a sesparties interceptées
depart
et d’autre entre l’axe radical et les deuxpolaires égales
entreelles ;
d’où il suit que cet axe radical estégalement
distantde
l’une et de l’autre.
22. Il résulte de tout ce
qui précède
quelaxe
radicalde deux
cercles est
placé , par rapporta
tout cerclequi
les touchel’un
etl’autre,
de la même manière que le sont , par
rapport
à cesdeux-ci ,
leurspolaires
de similitude de même
dénomination ; savoir ,
leurspolaires de
similitude externes ou leurs
polaires
de similitudeinternes,
suivantque les deux contacts seront de même
espèce
oud’espèces
différentes.Soient en effet
deux
cerclestouchés
par untroisième
en A et BI ou bien en AI et B( fig.
6 et7);
la sécanteAB’
ou A/B seradonc
(17)
un axe desimilitude
des trois cercles. En achevant donc lesfigures ,
comme nous l’avons fait( 6g. 4 et 5 ) ,
lespoints P ,
P’, R’’
ouS" , pôles respectifs
de cette droite parrapport
à cestrois
cercles,
en seront donc despoints homologues;
d’où il résulteque
les droitesPQ, P/QI
etR’’S’’ , qui, passant
par cespoints,
font
desangles égaux
avec laligne homologue
commune, sontelles-mêmes
deslignes homologues.
23. Toutes ces
choses
ainsientendues, supposons qu’on
demandeun cercle
qui
touche à la foistrois
cerclesdonnés ;
comme lecercle cherché pourra toucher de deux manières chacun des cercles
donnés ,
il y auragénéralement
huit solutionspossibles,
et il faudrad’abord
s’entendre sur cellequ’on
aura dessein d’obtenir.Quelle
quepuisse
être cettesolution ;
comme l’on sait faire passerun cercle par trois
points donnés ,
laquestion
se réduiraa
déter-miner le
point
de contact du cercle cherché avec chacun des troiscercles
donnés ,
ouplutôt
avec l’und’eux ,
attendu que laméthode qu’on
aura suivie pour la recherche de celui-là pourra êtreéga-
lernent
appliquée à
chacun des autres.Soient donc
c , c’ ,
Cil les trois cerclesdonnés,
C le cercle cher-ché ;
et proposons-nous de trouver sonpoint
de contact avec c ;tout se
réduira (I5)
à trouver deuxpoints
p , Pqui
soient homo-logues
parrapport à
ces deuxcercles ; puisqu’en joignant
cesr points
par unedroite ,
cette droitedevra
couper c aupoint
decontact cherché.
Or,
comme les intersections deslignes homologues
sont despoints homologues ,
la recherche despoints p ,
P se réduit à trouverdeux droites relatives à c et leurs
homologues
dansC ,
cequi
estfacile, d’après
cequi précède.
Soit
en effet t’ lapolaire
de similitudede c, comparé à cl;
polaire
externe ouinterne ,
suivant que c et cr devront être touchéspar’C
de la même manière ou d’une manièredifférente ;
et soitRI l’axe radical de ces deux cercles. Soit
pareillement
rll lapolaire
desimilitude de c , comparé
àc’’, polaire
externe ouinterne ,
suivant quec et c’’ devront être touchés par C de la même manière ou d’une manière
différente ;
et soit R’’ l’axe radical de ces deux cercles.200
CERCLE TANGENT A TROIS AUTRES.
Il vient d’être démontré
(22) que rI
et R’ étaient deslignes homologues
de c etC ,
etqu’il
en était de même de rll et R’’.En
prenant
donc pour p l’intersection de t’ etrll,
il faudraprendre
pour P l’intersection de RI et
RI’ ;
et alors enjoignant pP
son in-tersection avec c sera le
point
de contact demandé.On voit par là
qu’il
y auraquatre
manières différentes deprendre
p , tandis que P demeurera
invariable ;
on aura doncquatre
droitespP ,
dont chacune déterminera sur c deuxpoints
de contact , entrelesquels
il faudra faire unchoix , d’après
la manière dont cI etc’’ devront être touchés par C.
Les
quatre
droitesr’, r’’ , R’ ,
R’’ forment unparallélogramme
dont la droite
qui
coupe c auxpoints
de contact cherchés estune
diagonale.
Mais sip’
etp’’
sontrespectivement,
sur c’ etc’’ , les homologues
de ri et rl sur c, lesquatre
droitesr’ , r’’ , p’, p’’
formerontégalement
unparallélogramme;
et il résulte de cequi
a été dit(21)
que ses côtés seront doubles de ceux du pre-mier ;
il lui sera doncsemblable;
d’où il suit que, si 71f est l’in- tersection depl
etpu ,
ladroite pP , prolongée ,
s’il lefaut ,
passerapar s. On pourra
donc.
dans la recherche de cettedroite ,
subs-tituer les
polaires pl
etpli
aux axes radicaux R/ etR’’ ;
de sorteque , pour la solution
complète
des huit cas duproblème ,
onn’aura réellement à mener que les douze
polaires
de similitude des cerclespris
deux àdeux ,
et douzediagonales
deparallélogrammes
formés par leur rencontre.
Il me