A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
P AUL A PPELL
Sur certaines propriétés d’une position d’équilibre d’un système
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 1resérie, tome 6, no1 (1892), p. C1-C6
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C.I SUR
CERTAINES PROPRIÉTÉS D’UNE POSITION D’ÉQUILIBRE
D’UN SYSTÈME,
PAR M. PAUL
APPELL,
Professeur à la Faculté des Sciences de Paris.
Lorsqu’un système
dont les liaisons sontindépendantes
dutemps
est sol-licité par des forces dérivant d’une fonction de forces
U,
la recherche despositions d’équilibre
dusystème
se trouve ramenéeàla recherche des maximaet minima de cette fonction U
regardée
comme fonction desparamètres
in-dépendants qui
servent à définir laconfiguration géométrique
dusystème.
En
partant
de cettepropriété
bien connuequi
est uneconséquence
immé-diate du
principe
des vitessesvirtuelles,
onpeut,
même pour unsystème
sollicité par des forces ne dérivant pas d’une fonction de
forces, assigner
une infinité de fonctions devenant rnaxima ou minima dans une
position d’équilibre donnée
dusystème.
On obtient ainsi des théorèmes donnant despropriétés
de laposition d’équilibre considérée,
mais nepermettant
pas,en
général,
de trouver cetteposition,
car l’énoncé de cespropriétés
supposaconnue la
position d’équilibre.
Nous commencerons parindiquer,
en lesrattachant au
point
de vueauquel
nous nousplaçons ici,
des théorèmes deLagrange
et Mübius.Considérons un
système
depoints
matérielsM, (x, , y, , .~, ), M2 (x2, y~,, ~ ,,),
... ,
assujcttis
à des liaisons donnéesindépendantes
dutemps
et sollicités par des forces directement
appliquées,
lepoint M"
par des forces que nous supposons poursimplifier
réduites à uneforce P, ( X, , Y, , Z, ),
le
point M2
par une forceP2 (X:n y 2, Z2),
....Soit,
pour cesystème,
une po- sitiond’équilibre
déterminée danslaquelle
lespoints M"
...,Mn
oc-cupent
despositions
déterminées m" m’l’ ..., mn de coordonnées(at, b" et), (a2, b2, c2),
...,(an,
les forcescorrespondantes
étant des forces dé-terminées Pt, ~2, ..., pn de
projections respectives (A~, B , , C,), (A2, B~, C2),
...,
(An,
Dans ces conditions on a lespropositions
que nous allonsindiquer.
’
I.
Lagrange
donne dans saMécanique analytique Section I,
n° 18 et Section
III, § V)
une démonstration duprincipe
des vitesses vir- tuellesqui
est fondée sur unprincipe
entrevu par Torricelli(ibid. , § 16 )
etqui
conduit à lapropriété
suivante : Sur la direction de chacune des forces Pt, p2, ..., pncorrespondant
à laposition d’équilibre,
marquons unpoint fixe;
nous aurons ainsin points, 0
i sur02
sur p~, .... Dans une po- sition voisine de cetteposition d’équilibre,
lespoints
dusystème occuperont
des
positions M~ ...~ M~.
La fonctiondont
chaque
terme est la distance d’unpoint
dusystème
aupoint
fixe0/
icorrespondant multipliée
par l’intensité pi, est /naa7irnuin ou minimum dans laposition d’équilibre
considérée.En effet, imaginons
que lesystème,
au lieu d’être sollicité par les forces donnéesPi, P2...., Pn,
soit sollicité par des forcesPi, P;,
...,P;,,
la forceP’i appliquée
aupoint Mi
étantégale
à la constante pi etdirigée
vers lepoint
fixe
Oi :
sous l’action de ces nouvelles forces lesystème
sera encore enéquilibre
dans laposition
déterminée que nous avonsconsidérée,
car danscette
position
déterminée les nouvelles forcesP~, P1,
...,Pn deviennent, d’après
leurdéfinition, égales
à ce que deviennentPt, P?,
...,PIl
dans cettemême
position.
Mais ce nouveausystème
de forcesP~, P;,
...,P;~
dérive dela fonction des forces
car le travail virtuel de la force
Pz
d’intensitéconstante dirigée
vers lepoint
fixeOi
est - Laposition d’équilibre
considérée rend donccn
général
maximum ou minimum cette fonction desforces, S,
et dans tous les cas elle annule la variation de S.
Bien
entendu,
laréciproque
n’est pas exacte, en ce sens que touteposition
du
système
pourlaquelle
la variation de S est nulle est uneposition d’équi-
libre du
système
sous l’action des nouvelles forcesP~, P;,
...,P;l,
mais’
non sous l’action des
forces primitivement
donnéesP1, P2,
...,P,t;
lapropriété
énoncée est doncspéciale
à laposition d’équilibre particulière
que nous avons
envisagée
au début etqui
nous a servi à définir lespoints 0 i ) 0 2~
...,On
et lesquantités
p ~, p Z p. Il est
important
de remarquer aussi que laposition d’équilibre
considéréequi
est commune auxsystèmes
de forcesP" P?,
...,Pn
etP~, P~,
...,PJ, peut
être stable dans Fun des
systèmes
de forces et instable dans l’autre. La- grange montre que l’onpeut
réaliser ce secondsystème
de forces à l’aide depoids
et depoulies,
mais c’est là unpoint particulier qu’il
est inutile dedévelopper
ici.Prenons un
exemple
entièrement élémentaire.Imaginons
unpoint
libreM sollicité par trois
forces, d’égale intensité,
mais de directions dif- férentes. Cepoint
sera enéquilibre
dans uneposition
m pourlaquelle
lestrois forces formeront entre
elles,
deux àdeux,
desangles
touségaux
à Prenons
alors,
sur la direction de ces trois dernièresforces,
troispoints
fixes02, 0~,
lepoint
m se trouveraparmi
lespositions
dupoint
Mqui
rendent minimum la sommeUn calcul facile montre d’ailleurs
que
cepoint
m est le seulqu’on
trouveen cherchant à rendre cette somme minimum.
II. Dans son Traité de
Statique,
Möbius suppose presquetoujours
que les forcesagissant
sur unsystème
sont constantes cngrandeur,
directionet sens. Ce cas se
présenterait
pour les forcesP~, Pz,
...,Pn,
si lespoints appelés précédemment 0" 02,
...,On
étaientéloignés
indéfiniment surles directions des forces p, , P2’ ..., dans la
position d’équilibre
consi-dérée. Les
projections de Pi
étantAi, B;, C~,
celles deP~ qui
estégale
etparallèle
à p; auront les mêmesvaleurs;
lesystème
des forces P’ dérivera alors de la fonction des forcesqui remplacera
la fonctionappelée précédemment
S etqui,
parsuite,
seraencore, en
général,
maximum ou minimum dans laposition d’équilibre
considérée.
III.
Principe
du minimum de la somme des carrés des distances. - Voici une autrepropriété
del’équilibre qui
a étéindiquée par
Mobius etqui
se rattache au même ordre d’idées1 ’ ).
Lesystème
étant enéquilibre
dans les
positions
ne, , m2, ..., où les forces sont p" ~,,, ..., pn, prenons, àpartir
dupoint
ne, , sur la direction de la force p., unelongueur
m,0,
~égale
à àpartir
de m.~ sur la direction de p.~ unelongueur
m~U~ égale
à
~’’~ ~ ~
~~ kdésignant
une constante différente de zéro. Considérant ensuiteune
position quelconque NI, ,
..., dusystème,
faisonsagir
sur lespoints M~
...,M~
des forcesP~ P~
... ,P~ dirigées respectivement
suivant les droites
àI, U" OE,
..., etégales
àU" Uz,
li
Olt.
Sous l’action de ces nouvellesforces, le système
est encore enéquilibre
dans la mêmeposition
m,, ..., mn, car dans cetteposition spéciale
les forcesP~, I’~,,
..., coïncident ..., ~n. Comme lenouveau
système
de forcesP1, P~,,
..., dérive de la fonction des forceson voit que la
position d’équilibre
considérée rend cette fonction maximumou minimum en
général,
et que, dans tous les cas, la variation de la fonction T s’annule pour cetteposition d’équilibre.
Voilà donc encore une
propriété
del’équilibre qui
estanalogue
à celledu 110 1 et
qui
conduit aux mêmes remarques.En
appliquant
ce théorème au cas leplus simple,
on voit que, si unpoint
m est en
équilibre
sous l’action de trois forcesm 0" mO2, mO3,
cette po- sitiond’équilibre
est laposition
dupoint
M pourlaquelle
la sommeest
minimum,
cequi
est unepropriété
bien connue du centre degravité
dutriangle
IV. Plus
généralement,
si l’onprend à partir
de mi, sur la direction m, p,1
une
longueur égale
à(p1 k)03BD,
sur la direction m2p2 unelongueur
( 1 ) Ce principe peut être déduit d’un principe plus général relatif au mouvement donné
par Gauss (Journal de Crelle, t. IV). Voir aussi Mécanique analytique de Lagrange,
troisième édition, par M. J. Bertrand, t. Il, Note IX.
1
égale
à(? )03BD, ...> v désignant
une constante, la fonction
est maximum ou minimum
quand
lespoints MI,
..., dusystème
prennent
laposition d’équilibre
considérée mi, ..., mn. Eneffet,
enappliquant
auxpoints M1, M2,
...,Mn
des forcesPi, P;,
...,Pn dirigées
suivant
M, 0"
...,MnOn et égales
à0, ,
..., on ob-tient un
système
de forces dérivant de la fonction de forces R et se réduisantaux forces ~p ~ , p1, ..., ~,t dans la
position
ne , , , na,,, ... mn.Si v = -1, il faut
remplacer
R parSoient,
parexemple, plusieurs
forces se faisantéquilibre appliquées à
unpoint
libre dans uneposition rn
etayant
pour extrémités despoints
e"e~, ..., en ce
point
m est le centre des moyennes distances despoints
?.Prenons sur
chaque
droite unpoint Oi
tel quenous aurons ainsi construit un
système
depoints Oi
inverses despoints ei
par
rapport
aupoint
m.D’après
ce que nous venons devoir,
lepoint
m estl’une des
positions
dupoint
M rendant maximum ou minimuml’expression
Réciproquement
toutpoint
m’ pourlequel
cetteexpression
est maximumou minimum est le centre des moyennes distances des
points
formant lafigure
inverse despoints Oi
parrapport
à cepoint
m’.Quand
lespoints U, , 0.,, ,
...,On
sont dans unplan,
y cespoints
rrc’ sont,d’après
une remarque de Chasles(’ ),
lespoints représentant
les racines de la dérivée d’unpolynôme
ayant
pour racines lesquantités imaginaires représentées
par lespoints O , , ,,
...,~n.
( 1 ) Voir des Notes de M. F. Lucas, Comptes rendus, t 8;g et 1888, et une Note de il-1.
loty, ibid., , I884.
C.6
‘’ . Dans les énoncés
précédents
onpourrait remplacer
lespoints
fixesappelés 0,, 0~,
...,On
par des surfaces fixesquelconques
menées par cespoints
normalement p~,, ..., pn et supposer les distances auxpoints
fixes
remplacées
par les distances à ces surfaces. Mais toutes lespropositions
ainsi obtenues sont des cas
particuliers
de lasuivante, qui
permetd’assigner
une infinité de fonctions devenant maxima ou minima dans la
position
d’é-quilibre
considérée. Formons une fonction U de Z t ; ; x~,, y _> ? ,~., ; ... ; ?xn, yn,
zn dont
les dérivéespartielles
les valeursA,, Bi, Ci (i
== i, 2,..., n) quand
lesystème
est dans laposition d’équilibre
con-sidérée,
c’est-à-direquand
les coordonnées , .~ , ; x~2,y2.~
â ~ ~ ... ;prennent les valeurs a,,
b f,
c, ;a2, b2,
c2; ... ; a,obn,
cn. Le mêmesystème,
sollicité par des forcesP~, P~,
...,Pn
dérivant de la fonction des forcesU,
sera encore enéquilibre
dans la mêmeposition
nl i, m2, ..., car, dans cetteposition,
les forcesP~, P2,
...,P~t
coïncident avec 17,, p2, ... , pn. Donc la fonction U est engénéral
maximum ou minimum pourcette
position d’équilibre
et, dans tous les cas, sa variation s’annule pourcette
position.
Des remarques
analogues
peuvent être faites ausujet
duprincipe
de lamoindre action et du
principe d’Hamilton,
pour un mouvement déterminé dusystème correspondant
à des conditions initiales déterminées. On ob- tient alors desintégrales
définies devenant maxima ou minima pour cemouvement déterminé.