A NNALES DE L ’I. H. P.
R. P EIERLS
Quelques propriétés typiques des corps solides
Annales de l’I. H. P., tome 5, n
o3 (1935), p. 177-222
<http://www.numdam.org/item?id=AIHP_1935__5_3_177_0>
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I77
Quelques propriétés typiques des corps solides
PAR
R. PEIERLS
1. - PÉRIODICITÉ DU RÉSEAU. - Dans ce
qui suit,
nousdéveloppe-
rons
quelques
considérations sur lespropriétés
des corpssolides, qui,
au fond
reposent
toutes sur une seulepropriété typique :
l’arran-gement périodique
etrégulier
des atomes. Comme il est bien connu,les atomes d’un corps solide dans leur
position d’équilibre,
formentun réseau.
L’arrangement correspondant
àl’équilibre
a donc lasymé-
trie de
translation,
c’est-à-dire que pourchaque point
du réseau il existe une.série
d’autrespoints
que l’on atteint par destrajets égaux
et déterminés dans des directions déterminées
(axes cristallins)
etqui
ont la même
position
parrapport
au réseau cristallin. Lalongueur
deces
trajets
est la constante du réseau. Dans un réseaucubique,
lesaxes coïncident avec ceux d’un
système
de coordonnéescartésien,
la constante du réseau d est la même pour toutes les directions. La
symétrie
de translations’exprime
par le fait que lespoints
x, y, z, x +
d,
y, z, x --2d,
y, z, ... x, y + d, z, ......
sont
équivalents
parrapport
au réseau.Dans un réseau
cubique simple,
cas où nous nousplacerons
pourplus
desimplicité,
les atomes ont lespositions
,, I ’« x =
mld,
y -^m2d,
z =m3d,
où ml, m2, m3 sont des entiers arbitraires.
D’ailleurs,
ces considérations ne sontrigoureusement
valables que pour un cristalillimité,
car,quand
le cristal estlimité,
les différents178
points
du réseau ne sontplus équivalents,
mais ont despositions
diffé-rentes par
rapport
à lasurface. Cependant
si le cristal est suffisam-ment
grand,
l’influence de la surface n’est sensible que dans unecouche
mince, petite
vis-à-vis du cristal tout entier etqui,
parsuite, peut
êtrenégligée
dans laplupart
des considérations.Si les atomes ne sont pas exactement dans leurs
positions d’équi-
libre
(r)
mais n’en sont pastrop éloignés,
onpeut
néanmoins les numé- roter par les nombres ml, m3, c’est-à-dire que l’on caractérise parces nombres l’atome
qui
devrait se trouver aupoint (i).
On supposeainsi que les atomes se trouvent au moins au
voisinage
de laconfigu-
ration
(r).
Nous utilisons ici le fait que le corps se trouve encore à l’état solide et n’est pas fondu(Cf. § 7).
L’opération
desymétrie
dont il étaitquestion s’exprime
mainte-nant en ce que, par
exemple,
onaugmente
tous les mI de r :(2) B m1 - m1 + I .
Dès que le cristal n’est
plus
enéquilibre,
il n’estplus
invariant parrapport
à une telletransformation,
car les atomes isolés sont engénéral
dans des états différents vis-à-vis des
paramètres qui
décrivent les écarts avec laposition d’équilibre :
de telsparamètres
sont parexemple
la distance d’un atome à saposition d’équilibre (i),
savitesse,
son état d’excitation
interne,
un momentélectrique
oumagnétique
induit en lui par les forces
extérieures,
etc. Achaque
instant déter-miné,
le cristal n’a doncplus
desymétrie
detranslation,
mais en accom-plissant l’opération (2)
on obtient un autre état.Or,
nous savons que leséquations qui
déterminent la variation dans letemps
de tous cesparamètres
doivent avoir lasymétrie
de translation car apriori
tousles atomes sont
équivalents.
Si donc on considère la variation d’un état dans letemps,
étatqui
constitue une solution deséquations
dumouvement et
qu’on
luiapplique
la transformation(2),
on devraobtenir une nouvelle solution des
équations
du mouvement.Comme il est bien connu, on
peut
utiliser cettepropriété
pour obte-nir ou classer les solutions des
équations
du mouvement. La situationprésente
unegrande analogie
avec le cas d’unsystème
de corps sedépla- çant
dansl’espace
vide. En ce caségalement
lasymétrie
de translationne consiste pas en ce que, à un instant déterminé deux
points
sontéqui-
valents,
car le centre degravité
se trouve en unpoint
et pas en un autre. Mais on obtient une forme de mouvementcomplètement
ana-I79
logue lorsqu’on part
d’un état initial danslequel
lesystème
estdéplacé
d’un
segment
arbitraire dansl’espace.
On sait que cettepropriété
apour
conséquence
l’existence d’uneintégrale
deséquations
dumouvement, à
savoir,
laquantité
de mouvement dusystème.
Dans le cas du
cristal,
les choses sontanalogues
mais avec deux diffé -rences
importantes :
I. La transformation(1)
ne consiste pas à amenerl’atome ayant le numéro m au
point m 2014 I, mais
àremplacer
seule-ment l’état
(élongation, vitesse, etc.)
de l’atome m par celui de l’atome m - i. Parsuite,
lagrandeur qui
satisfait ici à unprincipe
de conservation n’est pas
identique
à laquantité
de mouvement ducristal entier
(pour
celui-ci existeégalement
unprincipe
de conser-vation,
mais celui-ci ne conduit à aucune conclusionintéressante),
mais seulement lui est formellement
analogue ;
II. Nous ne pouvons introduirequ’un déplacement
degrandeur
finie d sans modifier leséquations,
alors que dans leprincipe
de conservation de laquantité
de mouvement, on a affaire à une invariance vis-à-vis d’une trans- formation infinitésimale. Il n’existe donc
d’analogie
exacte avec leprincipe
de conservation de laquantité
de mouvement que dans lecas d’un continuum
qui
est invariant vis-à-vis de la transformation(2’)
x -~ x -ô,
où 03B4 est un nombre arbitraire
qu’on peut
aussiprendre
infini-ment
petit.
Pour un cristal à structureatomique
nous devons doncnous attendre à ce
qu’il
n’existe unprincipe
de conservation que dansun sens restreint.
La
façon
laplus simple
de discuter lespropriétés typiques
deséqua-
tions du mouvement est de considérer le cas où il
s’agit d’équations
linéaires. Soit
Fin, Gm...,
lesparamètres qui
décrivent l’état de l’ atome m et soitFm = AmnFn +
Gm
== CmnFn + DmnGn ......
les
équations
du mouvement. Lasymétrie
enquestion s’exprime
par le fait que les coefficientsA,
B,... nedépendent
que des différences des indices(vectoriels)
nu et n.Nous cherchons maintenant un
système
de solutions d’où nouspuissions
déduire par combinaisons linéaires la solution laplus gêné-
rale. Il suffit pour cela de ne considérer que des solutions
qui dépendent
du
temps
sous la forme de const. car toute fonction dutemps peut
êtreexprimée
sous forme d’une somme de tels termes et onpeut
voir facilement que tout terme doit alors êtreséparément
une solutiondes
équations
données.Si nous avons une telle solution
F, G, ...,
nous en obtiendrons une autreF’, G’,
..., parapplication
de(2).
A cette solutionappartient
lamême valeur de a). En
général,
à toute valeur de m necorrespond
essentiellement
qu’une
solution. Dans ce cas, parconséquent, F’, G’,
..., doit êtreidentique
avecF, G,
..., à un facteur constantprès.
Si par contre, il y aplusieurs
solutions pour la même valeur de a), nous avons une liberté dans le choix dusystème
de solutions. que nous pouvons utiliser pour que, ici encore, toute solution soit mul-
tipliée
par un facteur constantquand
on introduit(2) (1).
En tout cason
peut
ainsi arriver à ce queFm+1
= ~FmGm+1
= ~Gm...ou encore
(3) Gm =
(s . ~mSi le module de e est différent de l, F
augmente
indéfiniment dans l’une ou l’autre direction. Ces solutionscorrespondent
donc à desétats
qui
nesont jamais
réalisés et il suffit de considérer les solutions pourlesquelles |~|
= I. En d’autres termes :E
f
,où
f
est un nombre réel que l’onpeut
choisir de manière que(4) _ ~ ~ ~ ~
;..- On
peut
faire des considérationsanalogues
pour les autres directions et on obtient finalement la solution sous la forme.5) > =
Feifm;
G,» _--Geifm,
(1) On trouvera la discussion des théorèmes mathématiques d’où ceci se déduit dans les confé-
rences d’Ed. BAUER, Ann. Inst. H. Poincaré, vol. Iv, fas c. r, page 1 , I933~
I8I
où
F, G,
..., nedépendent
maintenant d’aucuns des indices m et oùf m
est une abréviation pourlm
=Ilml
+f2m2
+13m3.
Dans un cristal illimité le vecteur
f peut
avoir des valeursquel-
conques ; au
contraire,
dans un cristal fini il est lié par les conditionsaux limites. En
général,
les conditions aux limitescouplent
même lesphases
des ondes sepropageant
vers la droite et vers lagauche.
Maistant
qu’on
ne s’intéresse pas aux effets de surface nous ne devons tenircompte
des conditions aux limitesqu’en
tantqu’elles
déter-minent le nombre exact de
degrés
de liberté. Nous pouvons donc cal- culer avec des ondesprogressives,
mais nous devons en mêmetemps
n’admettre
qu’un
nombre fini de valeurs pourf
et nous devons choisirjudicieusement
leurrépartition.
Tout d’abord onpeut
voir que ces valeurs doivent êtreréparties
uniformément dans le cube déterminé par la condition(4) (1~ .
Leur nombre se déduit du fait que la transfor- mation(5)
introduit pourchaque
valeur def
unparamètre
F ad lieude tous les
paramètres Fm,
unparamètre
G au lieu de tous les para- mètresGm,
etc. Le nombre des valeurs def
doitdonc,
pour fournir le nombre exact deparamètres,
êtrejustement égal
au nombre desFm,
c’est-à-direégal
au nombre N des atomes dans le cristal. Le cubed’arêtes 2n contient donc N valeurs
possibles
pour le vecteur1,
c’est-à-dire
qu’un
intervalledfi dl2 df3
contient(6) > N (03C0)3 df1df2df3,
valeurs
possibles
pour1.
2. - VIBRATIONS DU RÉSEAU
(~).
-L’application
laplus simple
de cette méthode est la discussion des vibrations propres du réseau.
Les
paramètres qu’on
doit introduire ici pourchaque
atome sont sadistance à la
position d’équilibre
(7)
Uni - Xm - mdet sa vitesse
= xm.
(i) C’est seulement dans ce cas qu’on peut représenter par combinaison linéaire l’état où F, G, ...
s’annulent partout à l’exception d’un seul atome 11lo. Or, cet état est évidemment un état initial
compatible avec les conditions aux limites.
(2) M. BORN et Th. v. KARMAN, Phys. Z.,13 (I9I2), 297.
I82
Nous discutons tout d’abord le cas unidimensionnel d’une chaîne d’atomes où u aussi bien que
f
ne sont pas des vecteurs mais des nombres ordinaires.L’énergie cinétique prend
alors la formeEcin
= M 2 03A3u2m
,m
où M est la masse d’un atome ;
l’énergie potentielle
est engénéral
une fonction
plus compliquée
de tous les mais elle nepeut
dé-pendre
que de leursdifférences,
car undéplacement
de tout le cristalne
peut
modifierl’énergie.
Si les u sontpetits (c’est-à-dire
si la confi-guration
est encore voisine de celle del’équilibre),
onpeut développer l’énergie
suivant lespuissances
des u. Le terme constant y est sansintérêt,
le terme linéaire doitdisparaître puisque
la force est nulledans la
position d’équilibre,
lepremier
terme non nul est donc leterme
quadratique :
~/)~. -
.mm’
Par suite de la
symétrie
detranslation,
les coefficients An’y dépendent
que des différences des indices.
lorsque
la différence ~ -m’ augmente
ils tendent
rapidement
verszéro,
car les forces entre les atomes dé- croissentrapidement
avec la distance.L’équation
du mouvement devient donc(8)
ü»i -t-M y Akj2Um -
Um+k -u,r _k)
= o.k
D’après
les résultats duparagraphe précédent,
nous écrirons umsous forme d’une somme de fonctions
périodiques :
,(9)
um = I N03A303B6feifm.
v f En substituant dans
(8)
on obtient(I0)
)f
+2:--
= o,avec
I83
La solution
générale
de cetteéquation
est03B6f = bfIe03C9ft + bf- Ie-i03C9ft,
avec des
bu
arbitraires. Il est commode d’introduire la notation(12)
l - ==de sorte
qu’on peut
écrire alors u sous la forme(13) um = I Nbfiei(fm+wfjt).
Inversement on a
bif = I 2 (03B6f
+Ii03C9fjf)e-i03C9fjt.
Parfois,
il est commode d’utiliser au lieu desparamètres
b les para- mètres(14) afj
=bfjei03C9fjt,
car ceux-ci sont reliés aux u par l’intermédiaire d’une transformation
qui
ne contient pas letemps.
Les coefficients b ne sont pas tous
indépendants puisque
les usont
réels,
on a la relation(I5) b-f-j
=b*fj
,où
l’astérisque indique
le passage aucomplexe conjugué.
L’énergie
totale devient comme onpeut
le vérifier en calculant avec les nouvelles variables :(16)
E -M03A303A3|afj l2w’i
=M03A303A3| bfj 12w1;.
f 1 f 1
Pour reconnaître la
signification physique
des coefficientsb,
admettonsqu’un
seul coefficientbi~
et celui lié avec lui par(15),
soient diffé- rents de zéro. Soitbu
=| bfj |
ei03B4. On a alorsum =
-1 1 bl
( cos(j m
+ wtit + o). .Nous obtenons donc une onde
qui
se propage dans la directionf
sij
= 1 et dans la direction -f si 1.
= -1.(9) décompose
donc lemouvement du cristal en ondes
harmoniques
et(12) décompose
cha-I84
cune de ces ondes en leurs
parties
sepropageant
vers la droite et versla
gauche.
La vitesse dephase
des ondes est évidemment ~.~
et parsuite la vitesse de groupe
(I7) vf = d.
d03C9f df
.Pour discuter de
façon complète
le cas linéaire il ne resteplus qu’à
discuter la forme de la fonction ~/. En
première approximation
onpeut
admettre que dans(11)
seul le coefficientAi
est différent dezéro ;
alors ~ a la forme :
FIG. I.
En
général,
les coefficientssupérieurs Ak jouent également
un rôlemais le
type général
de la fonction reste lemême ;
une croissance linéaire pour lespetits f ,
une croissanceplus
faible maistoujours
monotone pour les
plus grandes
valeurs def ,
et un maximum pour/ 2 (fig. 1).
Un autre cas intéressant est celui où les atomes ne sont pas tous iden-
tiques
mais alternent en nature, parexemple
des ions alternativementpositifs
etnégatifs (type NaCl).
Dans ce cas iln’y
a naturellementplus
I85
de
symétrie
parrapport
à la translation(2),
mais seulement par rap-port
à la translation( 2 a) m -.. m -+- 2,
Nous ne pouvons donc demander aux solutions que de se
comporter
de
façon simple
vis-à-vis de la transformation(2a) .
Si nous posons à nouveau(9),
les fonctions avecf
± r secomportent
de la mêmefaçon
vis-à-vis des transformations(2a)
que celles avec/.
Leséqua-
tions du mouvement
pour 03B6f
et pourSI + T:
ne seront doncplus
indé-pendantes,
ces deuxgrandeurs
satisferont à uneéquation
simultanée.On
peut
ici encore chercher des solutionsqui
soient des fonctionspériodiques simples
dutemps.
On trouve alors pourchaque couple d’équations qui appartient
à une valeur déterminée def
deux solu-tions différentes avec deux
fréquences
différentes. Cesfréquences
différeront d’autant moins de celles du modèle
simple
à atomes iden-tiques,
à savoir : WI et WI + ;~, que les atomes serontplus semblables,
en
particulier
que leurs masses seront moins différentes.Si la différence est
faible,
onpeut
utiliser unprocédé
deperturba-
tion pour calculer les nouvelles
fréquences.
Il y intervient alors lerapport
des termesperturbateurs
aux différences desfréquences
nonperturbées.
Avec des atomes presqueidentiques
les valeurs des fré- quences sont engénéral
très peu modifiées àl’exception
de l’entou- rage def
=2 Î,
où en effet lesfréquences
mj et rof + ;~ coïncident presque. Dans lafigure
1 sontreprésentées
lesfréquences
d’un modèlelinéaire à masses
identiques.
Dans lafigure
2 les mêmes valeurs sontreprésentées
enpointillé
mais parrapport
à lasymétrie
réduite(2a)
par
rapport
àlaquelle f
etf
+ r. sontéquivalents
de telle sortequ’il
suffit de faire varier
f
entre - 03C0 2 et4- ".
Laligne
en traitplein
montrela variation
qui
estproduite
par la différence entre les atomes.On voit donc que par suite de la différence des atomes, la courbe des
fréquences
est divisée en deux branches. La branche inférieure con- serve la formecaractéristique
de la courbe desfréquences
du modèlemonoatomique,
c’est-à-direqu’elle
est linéaire pour lespetites
valeursdu vecteur d’ondes et atteint de
façon
monotone un maximum. La branchesupérieure,
aucontraire,
n’a pas depoint singulier
pourf
= omais un maximum et
également
unminimum,
continu pourf
=2~ ’=
I86
On
appelle
habituellement la branchesupérieure
la branche (optique
))et la branche inférieure la branche «
acoustique
)). La raison en est lasuivante : considérons en
particulier
les oscillations avec/
= o, leséquations correspondantes
ont des coenicientsréels,
lesamplitudes
des atomes seront donc
également
réelles. Comme/
= o lesampli-
tudes de tous les ions
positifs
sont d’ailleurségales
entre elles de mêmecelles des ions
négatifs
entre elles. Il reste donc seulement deux casessentiellement différents suivant que les
signes
sont les mêmes oùsont différents. Dans le
premier
cas tous les atomes ont la mêmephase,
03C9max
- 3T 0
Z~ ~
2 2
FiG, 2
cette forme de vibration
correspond
donc à un mouvement macros-copique
du cristal et les vibrationsvoisines
avecpetit / correspondent
à une vibration
élastique macroscopique (ondes sonores)
du cristal.Si au contraire les ions
positifs
ont desphases opposées
à celles des ionsnégatifs,
à un instant donné toutes lescharges positives
sedépla-
ceront vers la
droite,
toutes lescharges négatives
vers lagauche.
Cette forme de vibration
correspond
donc à cellequi
estproduite
parun
champ électrique
extérieur(par exemple,
radiation degrande longueur d’onde).
Elle est doncresponsable
del’absorption
du cristaldans
Finfra-rouge.
Tant pour un réseau
monoatomique
que pour un réseau NaCl lespetites
valeurs de/ correspondent
à unepetite
différence desampli-
I87
tudes et des
phases
entre atomes voisins. Dans ce cas il est donc pos- sible deremplacer
leséquations
aux différences pour ladépendance
dem par des
équations
différentielles. On obtient ainsi leséquations
pourun milieu
élastique qui représente
uneapproximation
utilisable tant que Mdépend
linéairement def.
La méthode que nous avons discutéplus
haut se réduit alors à la méthode connue dudéveloppement
deFourier pour résoudre
l’équation
de l’élasticité.Pour le cas tridimensionnel les choses sont très
analogues.
Onpeut également
f aire la transf ormation(~),
il faut seulement considérer w,f , u
et § comme des vecteurs. On obtient alors troiséquations
de mou-vement pour les trois
composantes de 03B6, qui
sont engénéral couplées
entre elles :
xf
=Axxf03B6xf + Axyf03B6yf
+Axzf03B6zf,
(18) yf
= Ayxf03B6xf + Ayyf03B6yf +Ayzf03B6,zf,
...
Si on pose la condition que la
dépendance
dutemps
doit êtreexprimée
par un facteur on obtient trois
équations homogènes qui
n’ontde solution que pour trois valeurs déterminées de 03C9. A chacun de ces 03C9
correspond
unrapport déterminé,
03B6fx : 03B6fy : 03B6fz c’est-à-dire une direction déterminée de vibrations. Nousdésignons
par efj(j
= 1, 2,3)
les troisvecteurs unitaires
(par
ailleursperpendiculaires
entreeux)
dans lesdirections de vibration
correspondant
auxfréquences
~/y. . La décom-position
en ondesprogressives
a lieu alors exactement comme dans lecas
unidimensionnel ;
on obtient defaçon
tout à f aitanalogue : (I3b) um = I N 03A3 03A3 bfjefjei(fm + wfit) ~N
-I 03A3 03A3afjefjeifm,
f ?’=±i ± ~
f
1=
M03A303A3 |afi|203C92fj = M03A303A3| bfj |203C92fj,
f ?
" "
f
.1" ..
Les trois
fréquences
~~y? sont ici des fonctions def qui
pour une direc- tion constante def
ont une allureanalogue
à lafigure
1. Enparticu-
lier,
elles sont au début linéaires etpeuvent
dans ce domaine être cal- culées àpartir
des constantesélastiques
du cristal au moyen de la théorie macroscopique de l’élasticité. De cettefaçon
on obtient enparticulier
leurdépendance
de la directionqui
est engénéral
com-pliquée. ( 1 )
Les trois branches
atteignent
le même maximum aux sommets ducube
(4),
car ici aucune direction n’estprivilégiée
par laphase,
deuxatomes voisins vibrent avec des
phases opposées.
Il est alors naturelle-ment sans
importance
dansquelle
directionprincipale
du cristal alieu la vibration
(cf. fig.
3a,b)
et les troisfréquences
coïncident.Si nous considérons enfin un réseau NaCl
tridimensionnel,
chacunedes trois branches se divise en une branche
acoustique
et une brancheoptique.
Nous devons à nouveau considérer les valeurs def qui
sedéduisent par addition de 7r aux trois
composantes
commeéquiva-
Fig 3b
Fig
3alentes. Si par suite nous limitons autour de
l’origine
un octaèdre par lesplans
lx
+Iy
+/z
= + 7cet octaèdre contient
justement
les valeurs essentiellement différentes def .
Lesfréquences
des trois branchesacoustiques
commencent alorsavec la valeur zéro dans le
voisinage
def
= o etatteignent
leursmaxima aux sommets de l’octaèdre. Ces maxima sont différents pour les différentes branches. Pour les branches
optiques
les minima(éga-
lement
différents)
se trouvent aux sommets del’octaèdre,
lesfréquences
croissent vers l’intérieur et
s’approchent
de la même valeur maxima pourf
= o.3. THÉORIE QUANTIQUE
(2) .
- Ladécomposition
de l’état de mou-(I) Une analyse de cette dépendance a été donnée par 31. BLACKMANN, Proc. Roy. Soc. (A) 148, (1935), 384.
, , , , ~
(2) Pour les détails mathématiques de la méthode employée ici, cf. R. PEIERLS, Ann. Physik.,
3 (1929), io55.
I89
vement que nous avons effectuée au
paragraphe précédent
revient àune transformation
linéaire,
la commutabilité desgrandeurs qui
yentrent en
jeu
n’est donc pas essentielle et onpeut
effectuer la trans- f ormation pour lesopérateurs correspondants
de lamécanique
quan-tique.
Nous obtenons donc ici encorel’équation
du mouvementf
+03C92f03B6f
- ,pour les oscillations
harmoniques,
de sorte que nous pouvons conclure que la matrice ~r doit êtreégale,
à un facteur constantprès,
à la ma-trice coordonnée de l’oscillateur
harmonique
bien connu. Enparticu- lier,
nous en déduisons que tous les éléments de matricede § dépendent
dutemps
par l’intermédiaire de eiwft ou de Ils ne font donc de tran- sitionsqu’entre
des états ayant pour différenced’énergie
+ Dansles
opérateurs
afi, les éléments de matricequi correspondent
aux tran-sitions vers les états
d’énergie plus
élevée sontséparés
de ceux oùl’énergie
diminue(aj;
n’est par suite pas une matricehermitique
carelle ne
correspond
à aucunegrandeur classique
réelle. La conditionde réalité
indique
ici que aji est la matriceconjuguée hermitique
deafi.) 1/énergie correspondant
àchaque
oscillation proprepeut
donc s’écrire sous la formeNjj
h const.Nfj
= o, z, 2 , ...et la théorie de l’oscillateur nous montre que la constante n’est autre
que 2 1
.n’est
donc ~
opour f
> o que si N’ = N + 1 tandis que pourp o, a
n’est différent dezéro
que pour N’ = N - I. Nous obtenons pourl’énergie qui correspond
à une seule oscillation(avec
les valeurspositive
etnégative correspondantes de j)
:(19)
- + (b*fj)N,N+I(bfj)N + I,N)03C92fj.
Nous en déduisons par
comparaison
avec(16b)
l’élément dematrice,
à un facteur de module 1
près, (20) (bfj)N,N-I =
h 2M03C9fj
N ; 3(bf-j)N1N
+ I (N + 1).(20) peut
s’écrire en une seule formule si on introduit formellement pour lesfréquences négatives
un nombrequantique
défini parAlors
l’énergie
totale dusystème peut
s’écrire sous la formeplus symé- trique
+~
(22) Ei = ) 1 E Nfjh03C9fj.
. f j_±~ I
L’utilisation des nombres
quantiques négatifs (21)
estparfois
trèscommode,
seulement il faut faire attention à ce que les nombres quan-tiques
ne sontplus indépendants
maisqu’ils
sont reliés deux par deux par la relation(21).
4. CHALEURS
SPÉCIFIQUES (1) .
- Uneapplication importante
de lathéorie concerne les chaleurs
spécifiques.
Dansl’équilibre thermique
la
probabilité
relative pour toute valeur d’un nombrequantique N/y- (supposons
toutd’abord j positif )
est donnée par le facteur de Boltz-mann
^
Nh03C9fj
e kT - .
Il s’ensuit que la moyenne
statistique
de N est donnée parl’expression
de Planck
(23) Nfj
= I eh03C9fj kT - IOn vérifie facilement au moyen de
(21)
et de(12)
que(23)
estégale-
ment
remplie
pour les valeursnégatives de j .
Considérons tout d’abord le cas limite des hautestempératures
pourlequel
estpetit
pourtoutes les
fréquences
entranten jeu.
Onpeut
alorsdévelopper l’expo-
nentielle dans
(23)
et on obtientNfj = kT h03C9fj -
2’ °On a donc
+
E-f-j
=I 2 h03C9fj[ (kT h03C9fj -I 2)-(-kT h03C9fj I 2)]
- kTet par suite
l’énergie
totale est(24)
Ë - 3NkT,
(1) 81 . BORN et Th. v. KARMAN, loc. cit.
I9I
comme on devait
s’y
attendre. Pour les bassestempératures, d’après (23),
les nombresquantiques positifs
tendent vers la valeur o, lesnombres
quantiques négatifs
vers la valeur - i,l’énergie
tend donc vers«
l’énergie
au zéro absolu » : :E0 = I 2 E 03A3h03C9fj.
L’écart avec cette
énergie
au zéro absolu est donné par(25) E-Eo=h03C9fj
.lorsque f augmente,
laquantité
sous lesigne
de sommation tendexponentiellement
vers zéro. Au lieu de sommer sur le cube(4),
onpeut
donc étendre la sommationjusqu’à
l’infini et laremplacer
d’ail-leurs
d’après (6)
par uneintégration.
Si latempérature
est suffisam-ment
basse,
seules les faibles valeurs def jouent
unrôle ;
pour ces valeurs onpeut
poser, comme nous l’avons vu,(26) w,; _ ~;(s~j ~ ~ f ~ ~ d ~ I
>où vj (Q)
est une fonction de la direction Q de1. Vy
est la vitesse ma-croscopique
du son pour les ondes depolarisation f
et de direction depropagation
Q. Dansl’intégrale
E - Eo = N (203C0)3d03A9hvj (e) df f3 I efhv k03C4 - I
.nous pouvons maintenant
prendre f hvj kT
au lieu def
comme variableet nous obtenons
E - Eo = Nd3 (203C0)3 (kT
)4
d03A9
( I hvj(03A9))3 dx.3 ex-I,
où
l’intégrale
est maintenantindépendante
de T. Nous voyons doncque
l’énergie thermique
aux bassestempératures
estproportionnelle
à T4 c’est-à-dire que la chaleur
spécifique (1)
estproportionnelle
à T3.Le facteur
peut
être calculé si l’on connait les constantesélastiques
(1) P. DEBYE, Ann. d. Physik, (4), (I9I2)i 789 39 ; E. SCHR0152DINGER, Phys. Z., 20 (I9I9),420-523.
du cristal. Pour avoir une évaluation
approximative
dufacteur,
ilsuffit de
négliger
la différence entre vj ainsi que leur variation avec ladirection,
de telle sorte que l’on a seulement besoin de connaître unevaleur moyenne de la vitesse du son. Nd3 étant le volume V,
l’énergie
s’écrit
(24’)
E - E. -(kT)4 V h3v3 03C02 IO.
(24’)
est valable dèsque kT
est trèspetit
vis-à-vis de lafréquence
maxima ojmax des oscillations du
réseau,
en d’autres termes dès que T est trèspetit
vis-à-vis de la «température caractéristique »
03B8 = ~
h03C9max.,
K
alors que
(24)
est valable dès que T ~> (~DEBYE
(1)
a introduit une formuled’interpolation
pour rendrecompte
de la chaleurspécifique
dans le domaine intermédiaire. Pourcela,
il. fait les
approximations
suivantes : onnéglige
les différences entre les six branches de la courbe desfréquences.
Lafréquence
estsupposée
être fonction du module de
f
seulement. On fait varierf
sur unesphère
au lieu du cube
(4), sphère qui
est choisie de manière que son volume soitégal
à celui du cube. Cette formule concorderemarquablement
bien avec
l’expérience,
au moins pour les cristauxcubiques ;
il ne fauttoutefois pas oublier
qu’il
nes’agit
que d’une formuled’interpolation et,
enparticulier,
il ne faut pas considérer depetits
écarts avec la for-mule de DEBYE dans le domaine des
températures
moyennes comme l’indice d’uneparticularité physique
du corps enquestion
comme celaa lieu de
temps
à autre dans certains travaux.5.
QUESTIONS
DE SYMÉTRIE. -Quoique
la théorie desquanta n’apporte
rien de nouveau enprincipe
dans laquestion
de l’invariance detranslation,
elle nouspermet cependant
de formuler trèssimplement
et très commodément les lois de
symétrie
cequi
est utile pourl’ analyse
de l’interaction avec les
champs
extérieurs.Dans ce
but,
demandons-nous comment la fonction d’onde du réseau entier secomporte quand
nous effectuons la transformation(2).
Cellequi
secomporte
de lafaçon
laplus simple
est la fonction d’ondes(1) P. DEBYE, loc. cil.
I93
pour l’état
fondamental,
pourlequel
tous les nombresquantiques
s’annulent. Dans ce cas, la fonction d’onde n’est absolument pas modifiée par la
translation,
car ici tous les atomes sont vraiment indisce- mables les uns des autres. Nous pouvons endéduire,
parexemple,
cequi
se passe
lorsque
unNjj
déterminé = 1 et que tous les autres(à l’exception
naturellement du
correspondant)
sont nuls. Eneffet,
leproduit
decette fonction propre par celle
correspondant
à l’état fondamental intervient dans l’élément de matrice deAfj
or, comme on le voit parexemple
sur(13 b),
celui-ci doit êtremultiplié
lors d’une translation parJ1eij il
s’ensuit donc que la fonction d’onde’f
de l’état enquestion
doit lors de la translation se transformer en
eif03C8.
Enrépétant
cetteremarque, on
peut
facilement montrer que la fonction d’ondes d’un état de nombresquantiques Nfi
estmultipliée
lors de la translation par(27) )
~x =ei
fNfj.De même pour les directions y et z.
Considérons maintenant en dehors du réseau cristallin un autre
système,
parexemple,
lechamp électromagnétique ;
sa fonction d’ondessera
multipliée
lors de la translation par r, parexemple.
Leproduit
des deux est donc
multiplié
par ~r.Or,
nous savons que dans toutes les transitions le caractère desymétrie
de la fonction d’ondes dusystème
entier se conserve si toutefoisl’énergie
d’interaction estsymé- trique.
Il s’ensuit que pour l’état initial et l’état final on doit avoir la relation(28)
-où les
grandeurs
affectées dusigne prime
serapportent
à l’état final.Si,
enparticulier
le deuxièmesystème
est lechamp électromagné- tique
contenant Mk?quanta
de lumière de vecteur d’ondes k et depola-
risation
y,
lors d’une translation infinitésimaleS,
sa fonction d’ondessera
multipliée
par.ei kxMkj03B4, kj
~
donc lors de notre transformation finie
(2)
parei
kxMkjd.kj
~
Si donc ;M et AN