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Les fresques du palais Schifanoia de Ferrare : le paysage comme éloge du prince

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Academic year: 2022

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Les fresques du palais Schifanoia de Ferrare : le paysage comme éloge du prince.

À Ferrare, le palais Schifanoia - « éloigne l’ennui » - possède un ensemble de fresques admirables. Ces fresques décorent une salle de réception que l’on appelle le Salon des Mois, car un cycle zodiacal s’y déploie, en vertu duquel douze divinités planétaires président aux douze mois de l’année et aux travaux qui leur sont associés. Ces travaux, essentiellement agricoles, façonnent des paysages qui varient en fonction du calendrier. Par ailleurs, ces fresques mettent également en scène leur commanditaire, le duc Borso d’Este, qui règne sur Ferrare de 1450 à 1471. Ce prince, qui a suscité de son vivant une abondante littérature encomiastique, comme la Borsiade de Tito Vespasiano Strozzi1, ou le traité De felici progressu illustrissimi Borsii Estensis du physicien Michele Savonarola2, a également inspiré à ses peintres une véritable rhétorique de l’éloge par l’image. Les fresques de Schifanoia associent étroitement la peinture de paysage à l’apologie politique. Comment cette articulation s’opère-t-elle ? Comment la représentation d’un espace réel peut-elle s’accommoder d’une visée encomiastique ? Quelles distorsions et quelles reconstructions subit le paysage, lorsqu’il se fait l’instrument d’un projet politique ?

Le programme iconographique du Salon des Mois.

Le programme particulièrement complexe du Salon des Mois de Schifanoia a été élaboré par l’humaniste Pellegrino Prisciani, bibliothécaire, historiographe, surintendant des beaux-arts et professeur d’astronomie à l’université de Ferrare. Les fresques elles-mêmes ont été réalisées en peu de temps, entre 1469 et 1470, par l’« atelier de Ferrare » au grand complet : Cosmè Tura, premier peintre de la cité, qui a sans doute coordonné le travail des autres artistes, et dessiné les cartons préparatoires ; Francesco del Cossa, qui revendique la paternité des mois de mars, avril et mai ; le jeune Ercole de’ Roberti, dont on reconnaît la manière dans plusieurs scènes du mois de

1 S. Macioce, « La 'Borsiade' di Tito Vespasiano Strozzi e la 'Sala dei Mesi' di Palazzo Schifanoia », Annuario dell'Istituto di Storia dell'Arte, Università di Roma 'La Sapienza', Roma, 1984.

2 M. Savonarola, De felici progressu illustrissimi Borsi Estensis ad Marchionatum Ferraria, cité par Charles M.

Rosenberg, Art in Ferrara in the reign of Borso d’Este, a Study in Court Patronage, Ph. D. Dissertation, University of Michigan, 1974. Le texte était accompagné d’une miniature représentant le prince sur un char de triomphe.

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septembre ; enfin, plusieurs autres artistes qui ne sont connus que sous des noms de convention.

On sait aussi qu’en 1473, le peintre Baldassarre d’Este a été chargé de retoucher le portrait de son frère Borso, afin d’en augmenter la ressemblance.

Les fresques du Salon des Mois ne nous sont cependant pas parvenues dans leur intégralité, et, en raison de divers travaux d’aménagement et de reconstruction, nous ne pouvons admirer aujourd’hui que les mois de mars à septembre, dont certaines parties sont extrêmement détériorées, en dépit des restaurations dont le Salon a fait l’objet entre 2001 et 2004.

L’organisation du programme iconographique est très rigoureuse : chacune des quatre parois du Salon est divisée en trois sections verticales, correspondant à trois mois successifs, séparés les uns des autres par des pilastres en trompe-l’œil. Ces sections verticales sont à leur tour subdivisées en trois zones horizontales, conduisant de la sphère céleste à la sphère terrestre : dans la zone supérieure sont représentés les triomphes des divinités planétaires qui président à chaque mois ; la zone médiane est consacrée aux signes du zodiaque et à leurs décans, tandis que la zone inférieure illustre la vie quotidienne à la cour de Borso d’Este et dans l’État de Ferrare.

Précisons enfin qu’à l’époque de Borso d’Este, le Salon des Mois ne comportait qu’une seule petite porte, et que les fenêtres étaient cachées par des panneaux de bois peint, de façon que la décoration puisse se dérouler sans aucune interruption. Les invités pouvaient alors imaginer qu’ils étaient transportés comme par magie dans un lieu enchanté, comme dans certains romans de chevalerie, à l’intérieur duquel ils pouvaient admirer l’influence des planètes, tout comme l’efficacité politique de leur hôte sur le territoire de Ferrare.

Le paysage olympien : une mise en scène du bon gouvernement.

Dans sa partie supérieure, le cycle des mois présente les douze divinités planétaires sur leurs chars, selon la tradition des Triomphes mis à la mode par Pétrarque et souvent mis en scènes dans les fêtes de la Renaissance. De part et d’autre des chars sont représentés les

« enfants » des planètes, c’est-à-dire les catégories de personnes qui jouissent de la protection des divinités planétaires pour leur profession, ou de leur influence sur leur tempérament.

Minerve, divinité tutélaire du mois de mars, est ainsi escortée sur sa droite par un groupe de professeurs de l’Université de Ferrare, qui participent de sa sagesse ; ces professeurs ont des traits individualisés et devaient être facilement identifiables par les hôtes de Borso d’Este ; ils ont pour fonction de rappeler l’engagement financier du duc dans la réorganisation de l’Université de

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Ferrare. Sur sa gauche, le char de Minerve est jouxté par un groupe d’ouvrières installées devant leurs métiers à tisser, qu’entourent des dames filant leurs quenouilles : ce second motif est motivé par la légende d’Arachné, associée à la déesse Minerve, tout en constituant une allusion aux investissements de Borso d’Este dans l’industrie textile. L’image se caractérise ainsi par une tension entre allusion mythologique et évocation réaliste de l’activité intellectuelle et économique de la cité ; une telle tension sera récurrente dans l’ensemble du programme iconographique du Salon des Mois. Par ailleurs, la composition de l’image s’inspire du genre théâtral : de part et d’autre du char de triomphe de Minerve, qui s’avance sur une allée centrale, les deux groupes des enfants de la planète sont présentés sur deux socles rocheux, qui comportent des détails naturalistes (précision des strates, cailloux détachés, pelouse et arbustes), mais qui permettent surtout, telles deux estrades de théâtre, une mise en scène rationnelle et ordonnée des effets du bon gouvernement. La fresque tend ainsi à démontrer, au moyen de deux motifs symétriques et clairement didactiques, que l’action de Borso d’Este prolonge et développe l’influence bénéfique des planètes sur le territoire de Ferrare. En outre, une rigoureuse construction en perspective mène l’œil vers de gracieuses citadelles hérissées de clochers et de flèches, dont les teintes grisées traduisent l’éloignement, afin de suggérer les infinies richesses architecturales du territoire.

Le mois d’avril est régi par Vénus, déesse de l’amour. Mars est agenouillé à ses pieds et enchaîné à son char : il s’agit d’une allusion à la paix que Borso d’Este est parvenu à ramener dans sa cité. Le char de Vénus glisse sur un fleuve, tiré par deux cygnes ; Francesco del Cossa a pris soin de dessiner des bateaux devant les cités placées sur la ligne d’horizon, afin d’évoquer le commerce fluvial de Ferrare. Deux part et d’autre du fleuve central, deux jardins d’amour rappellent au spectateur que Borso d’Este et ses prédécesseurs se sont intelligemment soumis à la loi des astres en faisant de Ferrare la capitale de la poésie courtoise. Une multitude de détails naturalistes évoquent la fécondité liée à l’amour et à la création artistique : chardonnerets, lapins, rosiers et grenadiers montrent que la cour de Ferrare propose un nouvel Eden. Sur la droite, un motif étrange s’intègre dans cette harmonie d’inspiration médiévale : il s’agit du groupe des Trois Grâces, soutenues par un promontoire rocheux. Si les jardins d’amour, qui perpétuent l’atmosphère du Roman de la Rose, manifestent l’attachement particulier de Ferrare à la culture

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courtoise, ce groupe antique des Trois Grâces souligne toutefois la modernité de la cité, sa maîtrise de la culture antique et son ouverture à l’humanisme renaissant.

Au mois de mai, l’Aurore conduit le char d’Apollon sur une route empierrée. Cette route est jouxtée, à gauche, par un groupe de poètes de Ferrare aux costumes et aux visages bien différenciés, qui figurent les enfants du dieu, et à droite par une foule de putti, sans doute ses messagers, suivis par un groupe de dames de la cour jouant le rôle des neuf Muses ; on reconnaît ici la tension caractéristique des fresques de Schifanoia, partagées entre tradition courtoise et culture humaniste. Principes et pratiques de la poésie à Ferrare sont à nouveau présentés de manière assez théâtrale, au moyen de deux socles rocheux tout à la fois réalistes et fonctionnels, puisque leurs avancées permettent une exposition ordonnée des différents attributs d’Apollon (trépied de la Pythie, éperviers, lauriers). Le paysage du mois de mai rappelle ainsi que Ferrare, grâce au soutien du duc d’Este, qui sait favoriser l’inspiration des poètes à l’instar du dieu Apollon, est alors la capitale de la poésie courtoise, face à Florence qui est celle du néoplatonisme.

En juin, les enfants de Mercure sont des commerçants et leurs clients, disposés par petits groupes sur une place bordée de boutiques. A droite du char de triomphe de la divinité planétaire, un cordonnier semble vanter les mérites d’une paire de souliers, tandis qu’un groupe d’hommes entretient une conversation animée auprès de tonneaux et de coffres. A gauche, plusieurs personnages sont vêtus de longs manteaux, coiffés de turbans ou dotés de longues barbes noires : le peintre, connu sous le nom de « maître des yeux écarquillés », souligne le rayonnement commercial qu’a su impulser Borso d’Este, et en particulier les échanges qu’il a engagés avec l’Orient.

Le mois de juillet est consacré à la religion. Le char de Jupiter et de Cybèle est escorté, à droite, par des prêtres jouant du tambour et des cymbales, et par des jeunes gens en armure : selon Aby Warburg, il s’agirait des prêtres de Cybèle et des Corybantes qui mirent le jeune Jupiter à l’abri du cannibalisme de son père Saturne en couvrant ses pleurs par leur fracas3.

3 Aby Warburg, « Art italien et astrologie internationale au palais de Schifanoia à Ferrare », traduit de l’anglais par S.

Trottein, Symboles de la Renaissance, Paris, Presses de l’Ecole Normale Supérieure, 1982.

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Cependant, les soldats peuvent également constituer une allusion à l’armée envoyée par Borso au pape Pie II, afin de participer à sa croisade contre les Turcs. A gauche du char, Galeotto della Mirandola passe l’anneau nuptial au doigt de Bianca d’Este, fille du commanditaire. Au-dessus de cette scène de mariage, des moines circulant devant une église rappellent à la fois les anciennes représentations des enfants d’Apollon4, et la construction de la Chartreuse de Ferrare par le duc. Evocations des mystères antiques et illustrations de faits contemporains se mêlent donc étroitement dans cette fresque, afin de suggérer que Borso d’Este perpétue dignement l’héritage des prêtres antiques et sait assurer l’ordre religieux de sa cité avec autant d’efficacité que Jupiter sait garantir celui du monde.

En août, les enfants de Cérès s’activent dans un paysage admirablement réaliste. Le char de la déesse, tiré par des dragons, s’avance jusqu’à la lisière d’un champ. Au premier plan, à droite, des courtisans conversent avec des marchands, tandis que des paysans chargent les sacs de blé sur une charrette. À gauche, un paysan tire un couple de bœufs ; au-dessus de lui, dans un paysage construit en terrasses, un autre laboure, suivi par son fils qui sème le grain. A l’horizon, d’autres paysans travaillent à la porte d’une ville fortifiée. L’ensemble de ces scènes agricoles, savamment étagées, est associé au motif antique de l’enlèvement de Proserpine, afin de constituer un panorama complexe, à la fois naturaliste et mythologique, qui s’offre au regard de deux personnages : un homme élégant et son jeune fils, juchés sur un promontoire rocheux. Ces deux personnages, en contemplant la campagne, suggèrent quelle est la réaction attendue de la part du spectateur : une reconnaissance de l’intense activité agricole - semailles, labour, commerce du grain - impulsée par le duc sur ses terres, parce qu’il est le ministre efficace de la divinité planétaire Cérès, et un élan d’admiration pour le magnifique paysage qu’il a su construire sur le territoire de Ferrare. La fresque du mois d’août, parce qu’elle comporte une mise en abyme du regard, fait appel simultanément à l’adhésion politique et au sentiment esthétique.

En septembre, enfin, le peintre Ercole de’ Roberti a situé le triomphe de Vulcain dans un paysage imaginaire, où prédominent les scènes mythologiques - amours de Mars et de la nymphe Ylia, forge des Cyclopes – et où la recherche stylistique semble l’emporter sur l’apologie

4 Dans l’astrologie de l’antiquité tardive, c’est Apollon qui règne sur le mois de juillet, et ses enfants sont des religieux. (Aby Warburg, ibid.)

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politique. Partout ailleurs, cependant, le paysage de la sphère céleste, savamment organisé, mêle des anecdotes mythologiques à des scènes réalistes qui permettent d’identifier avec précision le territoire de Ferrare en 1470. Ce paysage hétérogène, qui oscille entre la tradition du gothique international et la modernité humaniste du Quattrocento, n’évoque pas tant l’influence des astres que l’efficacité politique de Borso d’Este. À Schifanoia, le triomphe des planètes et le calendrier des travaux donnent véritablement à voir, mais de manière indirecte, les Effets du bon gouvernement - pour reprendre le nom d’une célèbre fresque siennoise. Le propos implicite du Salon des Mois est de montrer combien l’action du duc se combine harmonieusement avec l’influence des planètes, de manière à assurer à Ferrare le retour de l’âge d’or.

L’éloge du prince.

Dans la zone inférieure des fresques, en revanche, l’efficacité du duc est représentée directement, sans la médiation des planètes. Cette zone, qui évoque la vie quotidienne à la cour et dans les campagnes de Ferrare, est en effet consacrée exclusivement à la représentation des activités afférentes aux différents mois de l’année, selon la tradition des calendriers agricoles. Les peintres ont ainsi l’occasion de représenter avec minutie les paysages du territoire ferrarais, et d’étudier leurs variations en fonction des saisons. Cependant, la partie inférieure des fresques nous étant parvenue très détériorée, nous concentrerons notre étude sur les mois de mars et avril, peints par Francesco del Cossa.

La zone inférieure du mois de Mars est divisée en trois parties. À droite, sous un magnifique portique de style renaissant, le duc reçoit la supplique d’un homme du peuple : Borso d’Este travaille à sa popularité en se montrant à l’écoute de ses sujets les plus humbles. À gauche, dans la partie supérieure, sont représentés les travaux agricoles, avec une grande luxuriance de détails. Mars étant le mois de la taille, des paysans élaguent les arbres, et les relient par des poutrelles pour préparer une pergola. Ils sont présentés sur une sorte de terrasse à laquelle on accède par un escalier de briques, et qui permet de mettre en scène la compétence des paysans du duc, lors de la préparation de la vigne et des arbres fruitiers. À l’arrière-plan sont représentés avec beaucoup de réalisme des édifices de briques et de bois, très certainement identifiables par les habitants de Ferrare.

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Toujours à gauche, mais cette fois dans la partie inférieure de la zone, le duc Borso, entouré de ses courtisans blonds, coiffés de barrettes rouges, part à la chasse au faucon. Aux pieds du duc, un chien, les deux pattes avant dans l’eau, surveille attentivement des canards qui s’ébattent dans un étang, tandis qu’un fauconnier, tirant sur le mors de son cheval, fait prendre son envol au faucon. Au-dessus, deux lévriers s’élancent à la poursuite d’un lièvre, qui s’enfuit vers la droite, au-dessus de Borso. Devant ces animaux réapparaît le groupe de cavaliers, Borso en tête, précédés d’un chien qui flaire le terrain. Dans toute cette zone, le paysage est étonnamment fragmenté. L’espace n’est pas unitaire, mais constitué d’une mosaïque de paysages hétérogènes, indépendants les uns des autres, organisés selon des perspectives différentes, et ayant chacun un horizon spécifique. Ces paysages hétérogènes sont juxtaposés les uns à côté des autres, selon un principe encore gothique : une telle composition est totalement étrangère aux préoccupations esthétiques d’Alberti, qui est pourtant venu à Ferrare en 1450. Cependant, un lien entre les différents espaces est assuré par le trajet des chasseurs, selon le principe du tout récent Cortège des rois Mages de Benozzo Gozzoli. Ce cortège des chasseurs possède trois fonctions complémentaires : conférer une unité au paysage, démontrer la noblesse de Borso d’Este, et souligner la maîtrise de son territoire par le duc. En effet, Borso, qui n’est que le fils illégitime de Nicolas III d’Este, a besoin de rappeler qu’il est rompu aux privilèges seigneuriaux, au nombre desquels figure la chasse, et qu’il mérite pleinement l’anoblissement que lui a promis le pape5. Par ailleurs, ce cortège met en évidence son rôle capital de Borso d’Este dans l’élaboration du paysage de Ferrare : le duc s’est beaucoup investi dans l'assainissement du territoire de sa cité, dont la majeure partie était marécageuse et en friche. Sa représentation en tête du cortège de chasseurs, parcourant les campagnes, lui permet ainsi de faire valoir aux yeux de ses hôtes, lorsqu’il les reçoit dans le Salon des Mois, son rôle d’ordonnateur du paysage de Ferrare.

Dans la zone inférieure du mois d’avril, le paysage représenté par Francesco del Cossa est un paysage urbain. Il est lui aussi subdivisé en trois parties, articulées les unes aux autres par des motifs architecturaux à l’antique témoignant de la modernité de Ferrare. À droite, Francesco del Cossa a peint Borso d’Este dans son palais, entouré de ses courtisans, offrant une pièce à son bouffon Scoccola : la fresque constitue ainsi un éloge de la largesse du prince. À gauche, en bas, le peintre a figuré le duc à son retour de la chasse, et a créé un effet de trompe-l’œil en asseyant

5 Borso d’Este sera anobli le 12 avril 1471 par le pape Paul II, dans la basilique Saint-Pierre de Rome.

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un fauconnier sur la corniche peinte, ce qui accroît l’effet de présence des personnages figurés.

Puis, de gauche à droite, une voûte tronquée relie le retour de la chasse à une scène de festivités : il s’agit du palio derisorio, l’un des grands moments d’autocélébration de la cour. Ce palio consistait en une série d’épreuves humiliantes au cours desquelles on forçait les prostituées, les idiots et les juifs de Ferrare à courir à pied ou sur des ânes, contre les élégants chevaux du duc montés par des jockeys. Le motif du palio permet à Francesco del Cossa de souligner la supériorité aristocratique du duc, toujours dans la perspective de son anoblissement par le pape, et d’insister sur sa magnificence. Elle lui donne également l’occasion de représenter le paysage urbain de Ferrare avec un réalisme minutieux, puisque l’on peut reconnaître le palais ducal et une partie du château d’Este à travers une voûte – ce qui est une manière de mettre en valeur le rôle joué par Borso d’Este dans l’embellissement architectural de la ville de Ferrare.

A mi-chemin entre culture courtoise et culture humaniste, les paysages du Salon des Mois de Schifanoia, caractéristiques de la nouvelle fonction de l’art au Quattrocento, qui est de servir la gloire d’un commanditaire, en exaltant sa puissance et ses vertus, peuvent être compris comme une transposition picturale de la littérature encomiastique qui fleurit dans le dernier quart du XVème siècle à Ferrare. Ils donnent à contempler un territoire reconnaissable et cependant transfiguré par les effets du bon gouvernement – un territoire savamment ordonné, exploité, enrichi et embelli. Les paysages de Schifanoia présentent également le duc illégitime de Ferrare comme le digne émule des plus grands princes italiens, et lui construisent, par leur précision naturaliste, sociale et architecturale, savamment associée à des références antiques et humanistes, une légende auréolée de gloire, de sagesse, de culture et de magnificence.

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