• Aucun résultat trouvé

Voyages et acquisition de bactéries multirésistantes : où en est-on ?

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Voyages et acquisition de bactéries multirésistantes : où en est-on ?"

Copied!
2
0
0

Texte intégral

(1)

138 | La Lettre de l'Infectiologue • Tome XXXIII - n° 4 - juillet-août 2018

ÉDITORIAL

Voyages et acquisition de bactéries multirésistantes : où en est-on ?

Travel and acquisition of multidrug-resistant bacteria: where do we stand?

Le risque pour les voyageurs d’acquérir une entérobactérie multirésistante aux antibiotiques (EMR) dans sa zone d’endémie est connu depuis plusieurs décennies. Dès les années 1980,

Barbara Murray et al. rapportaient la présence d’ Escherichia coli résistante aux antibiotiques chez les voyageurs américains revenant du Mexique (1) . À cette époque, la “multirésistance” était un concept qui inquiétait peu de monde, car ces souches demeuraient sensibles

à un grand nombre de molécules, dont les céphalosporines de troisième génération, tandis que le développement continu de nouveaux

antibiotiques laissait penser que l’on trouverait des solutions.

La situation est aujourd’hui bien diff érente, en raison de l’augmentation du nombre de voyageurs internationaux et des pandémies successives d’entérobactéries productrices de β-lactamases à spectre élargi (E-BLSE) et d’entérobactéries productrices de carbapénémases (EPC), en particulier dans les pays à faibles et moyens revenus.

Selon les études, les taux d’acquisition d’EMR lors d’un voyage varient de 21 à 51 % selon les régions visitées, et peuvent atteindre

80 % pour un voyage dans le sous-continent indien (2) . Outre la destination du voyage, les facteurs de risque

d’acquisition d’EMR durant le voyage retrouvés de façon récurrente sont la survenue de diarrhée et la prise d’antibiotiques.

Par ailleurs, la durée de portage des EMR au retour semble courte, avec une médiane de 1 mois, même si certains voyageurs restent colonisés plus de 1 an.

Si le portage d’E-BLSE au sein du tube digestif est totalement asymptomatique, plusieurs études ont montré que les voyages internationaux représentent un facteur de risque majeur d’infection par E-BLSE, et notamment d’infection urinaire. Il est donc important que les médecins aient connaissance de ce risque, en cas de suspicion d’infection au retour de voyage. Il est maximal dans les 2 mois qui suivent le retour, et tend à diminuer pour disparaître 1 an après (3) .

L’autre risque est, bien évidemment, celui de la dissémination hospitalière d’EMR en cas d’admission d’un porteur. Dans ce contexte, ce ne sont pas tant les E-BLSE, déjà endémiques dans nos hôpitaux, qui sont à craindre, mais les EPC, dont les épidémies hospitalières

Laurence Armand

Étienne Ruppé

Laboratoire de bactériologie, hôpital Bichat − Claude-Bernard, AP-HP et UMR 1137 IAME Inserm/université Paris-Diderot.

0138_LIF 138 24/09/2018 15:38

(2)

La Lettre de l'Infectiologue • Tome XXXIII - n° 4 - juillet-août 2018 | 139

ÉDITORIAL

sont souvent redoutables. Même si le risque d’acquisition d’EPC chez les voyageurs sains est encore faible et concerne principalement l’espèce E. coli (dont la diffusion intra-hospitalière semble plus limitée que celle d’autres entérobactéries), il a quand même été estimé à 4 % après un voyage en Inde, et pourrait être en augmentation.

En France, seuls les patients rapatriés ou ayant été hospitalisés à l’étranger doivent aujourd’hui être dépistés. Aucune recommandation n’a été émise concernant la prise en charge de patients ayant voyagé sans contact avec des structures de soins et potentiellement porteurs d’E-BLSE ou d’EPC.

Des groupes de travail européens ont commencé à se mettre en place, et leurs conclusions sont très attendues.

Cliniciens et hygiénistes doivent être informés de ce risque, pour la mise en place d’un traitement probabiliste dans la prise en charge d’une infection au retour de voyage, mais également

pour éviter le risque de dissémination hospitalière. En amont,

il est nécessaire d’expliquer le risque d’acquisition d’EMR aux voyageurs lors de leur consultation dans les centres de vaccination, et d’insister sur les gestes préventifs et l’usage raisonné des antibiotiques lors des épisodes de diarrhée du voyageur.

1. Murray BE, Mathewson JJ, DuPont HL, Ericsson CD, Reves RR. Emergence of resistant fecal Escherichia coli in travelers not taking prophy‑

lactic antimicrobial agents.

Antimicrob Agents Chemother 1990;34(4):515‑8.

2. Armand‑Lefèvre L, Andre‑

mont A, Ruppé E. Travel and acquisition of multidrug‑resis‑

tant Enterobacteriaceae. Med Mal Infect 2018. [Epub ahead of print]

3. Søraas A, Sundsfjord A, Sandven I, Brunborg C, Jenum PA. Risk factors for community‑acquired urinary tract infections caused by ESBL‑producing entero bacteriaceae − a case‑control study in a low prevalence country. PloS One 2013;8(7):e69581.

AVIS AUX LECTEURS

Les revues Edimark sont publiées en toute indépendance et sous l’unique et entière responsabilité du directeur de la publication et du rédacteur en chef.

Le comité de rédaction est composé d’une dizaine de praticiens ( chercheurs, hospitaliers, universitaires et libéraux), installés partout en France, qui représentent, dans leur diversité (lieu et mode d’exer- cice, domaine de prédilection, âge, etc.), la pluralité de la discipline.

L’équipe se réunit 2 ou 3 fois par an pour débattre des sujets et des auteurs à publier.

La qualité des textes est garantie par la sollicitation systématique d’une relecture scientifique en double aveugle, l’implication d’un service de

rédaction-révision in situ et la validation des épreuves par les auteurs et les rédacteurs en chef.

Notre publication répond aux critères d’exigence de la presse :

· accréditation par la CPPAP (Commission paritaire des publications et agences de presse) réservée aux revues sur abonnement,

· adhésion au SPEPS (Syndicat de la presse et de l’édition des professions de santé),

· indexation dans la base de données internationale ICMJE (International Committee of Medical Journal Editors) et liens privilégiés avec la SPILF,

· déclaration publique de liens d’intérêts demandée à nos auteurs,

· identification claire et transparente des espaces publicitaires et des publirédactionnels en marge des articles scientifiques.

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

0139_LIF 139 24/09/2018 15:38

Références

Documents relatifs

La fric- tion des mains devra être répétée à de nombreux moments de la journée et impérativement si vous devez quitter votre chambre.. • Votre hygiène corporelle doit

• patients; cathéters, voies centrales, intubation, SAD, capteurs de pression, stomies, matériel étranger, …. • espèces possiblement résistantes: toutes les

Donc les ATB détruisent les bactéries sensibles et sélectionnent les bactéries résistantes. • Nosocomial (acquise à l’hôpital) mais

Anton Bostane, éleveur de reines carnioliennes - Anton Tomec, secrétaire général de l´Association des apiculteurs slovènes. Ljubljana - Bled - Radovljica (musée de

La visite était prévue sur le site de post-sevrage de 5 000 places équipées d’un SPOTMIX situé à proximité de la fabrique d’ali- ment et d’un silo tour de maïs

L’événement « manger une salade verte et une pizza aux quatre fromages » a une probabilité de 1/6. L’événement «manger une salade verte, une pizza végétarienne et une

Les portes sont ornées et travaillées de façon remarquable, même dans les villages les plus modestes : une porte esthétique et précieuse est considérée

Par ailleurs, après deux semaines, la consommation de matière sèche devient plus élevée avec le régime contenant le saccharose seul qu’avec celui conte-. nant