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Cônes de tuf

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Cônes de tuf

PITTARD, Jean-Jacques

PITTARD, Jean-Jacques. Cônes de tuf. Revue polytechnique , 1942, p. 1-8

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:142134

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SOCIÉTÉ SUISSE DE

Cônes de tuf

PAR

Jean-J.

PITTARD,

or

ès SC1ences

Extrait du Bulletin de la Société Sitisse de Spéléologie du 25 mai 1942

GENÈVE

lMPRIMER!E D:E LA TRIBUNE DE GENÈVE Rue du Stand, 42

1942

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Cônes de tuf

par

J.-J.

PITTARD.

Des eaux chargées de diverses substances en disso- lution peuvent édifier des constructions en relief, tels que des cônes, que l'on peut qualifier, comme le fait M. Gignoux, de parasites : cc Ces édifices, surgis des profondeurs du sol, apparaissent sans relation avec le paysage qui les entoure ; ils ont poussé sur place comme des champignons, de sorte que ce qualificatif de parasites, souvent appliqué aux édifices volcaniques, qui, eux aussi, viennent rompre brusquement les lignes d'un paysage, paraît tout à fait justifié pour de nombreuses formations tufeuses » 1.

Un exemple illustrant magnifiquement cette remar- que peut se voir en Algérie, aux sources thermales d'Hammam-Meskoutine, près de Guelma (départe- ment de Constantine). Ces sources, extrêmement chaudes (95°) laissent d'abondants et rapides dépôts de tuf des plus variés. Elles ont été minéralisées dans des terrains calcaires et gypseux du Trias 2 d'où elles proviennent directement en remontant de la profon- deur. L'étude de cette région et de ces sources thermo- minérales a été faite par M. ]. Blayac qui lui a con- sacré une thèse en 1912 3_

Aux divers et nombreux points d'émergence de ces eaux chaudes se trouvent des taupinières coniques dont quelques-unes peuvent atteindre jusqu'à ro et

12 m. de hauteur.

1 GIGNOUX, M. : Architectures édifiées par les sources tufeuses. La Terre et la Vie, Paris, mars-avril 1937.

2 JoLEAUD, L. : Notice géologique sur Hammam- Meskoutine (Algérie). Bulletin de la Société géologique de France, 3me série, t. XIV, 19!4·

3 BLA YAC, J. : Esquisse géologique du bassin de la Seybouse et de quelques régions voisines. Thèse, Sciences, Paris 1912.

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Ces cônes se sont édifiés un peu comme se construi- sent les stalagtites : la dissolution calcaire arrivant d'une fissure en mouille les bords et, à la suite d'une évaporation, le carbonate de chaux précipite sur le pourtour de l'orifice. Le phénomène se répétant, on finit par obtenir un tube qui peut atteindre une assez grande dimension. Les cônes de tuf sont donc en quelque sorte des « stalagtites retourn~es ll, l'eau montant de la profondeur au lieu de descendre le long d'une cassure.

Les cônes d'Hammam-Meskoutine, qui sont très nombreux, représente.nt le souvenir d'une série de

«griffons n d'eau thermale fortement minéralisée, dont les points de sortie se sont souvent déplacés (obstruc- tion de l'orifice, trop grande hauteur de la colonne d'eau, séismes pouvant être la cause de modifications dans le réseau des fissures, etc.).

Au point de vue de la formation, on peut rappro- cher les cônes de Guelma de ceux édifiés par les geysers, avec cette différence qu'en Algérie il s'agit de dépôts calcaires, tandis que ceux laissés par les geysers sont siliceux.

En effet, on constate autour des orifices de ces derniers la constitution d'un tuf formé d'opale com- mune ou silice hydratée, qui appartient à la variété à laquelle les minéralogistes ont donné le nom de geysérite.

En Islande et au Parc National du Yellowstone (Montagnes Rocheuses), ce dépôt repose sur une sorte de travertin siliceux, provenant de la substitution de la silice à un entrelacement de débris végétaux, parmi lesquels on distingue des plantes herbacées et des feuilles de bouleau, avec une argile rouge et une calcédoine zonée. Cette dernière, opaque à l'air sec, devient translucide quand elle est humide. Ces miné- raux, que l'on rencontre également en Nouvelle-

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Zélande, sont disposés en terrasses qui peuvent atteindre jusqu'à 30 mètres de hauteur et qui parais- sent comme taillées dans du marbre. Elles sont quelquefois disloquées par des tremblements de terre. La plupart de ces dépôts siliceux sont en rela- tion avec des roches volcaniques riches en silice (li pari tes et trachytes). Ils peuvent être blancs, gris, jaunâtres ou rougeâtres.

La seule végétation qui ait persisté autour des geysers est celle des prêles. ·Aussi ces plantes se montrent-elles fréquemment incrustées de geysérite concrétionnée, fibreuse ou stalagmitique.

Il y a naturellement une limite à l'activité des sources jaillissantes. Quand la cheminée, continuelle- ment accrue par le dépôt de la silice, a atteint une hauteur telle que la pression de l'eau empêche le phénomène de l'ébullition, les explosions cessent.

Ainsi se forme une citerne naturelle. Il y a en Islande de ces citernes qui ont IZ mètres de profondeur.

Le géologue A. de Lapparent raconte que c'est le physicien Bunsen qui, le premier, a signalé« le charme de ces tranquilles fontaines, à la surface desquelles court une vapeur légère, tandis qu'à travers l'azur sans tache de l'eau admirablement limpide qui les remplit, on aperçoit au fond la bouche d'un geyser aujourd'hui inactif. On observe aussi des digues de geysers éteints, dont la cheminée est comblée par des débris; les eaux, à la faveur de la pression déterminée par leur ascension (ou à la suite de secousses sismi- ques), ayant fini par se frayer un passage inférieur».

Au Parc National du Yellowstone on constate la présence de geysers siliceux et de geysers calcaires.

En ce qui concerne les premiers, on peut admettre que la précipitation de la silice est due à la neutrali- sation des sels alcalins dans laquelle elle se trouve à l'état de solution, par des eaux ou par des vapeurs

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acides. Les végétaux inférieurs paraissent exercer, sur cette action chimique, une influence particulière- ment favorable. Citons à ce sujet une observation de A. de Lapparent: cc Dans les bassins d'eau chaude de la région des geysers se développent, par des tempé- ratures qui, parfois, ne sont inférieures que de 7° au point d'ébullition, des algues de la famille des bacté- riacées, notamment les genres Leptothrix, Calothrix, etc. Ces algues forment des filaments qui, après la mort des végétaux, deviennent des masses de gelée siliceuse, converties avec le temps en incrustations pierreuses. Tandis que la simple évaporation des eaux thermales ne fournit guère, en 18 mois, qu'une épais- seur de 4/3 de millimètres de geysérite, les algues gélatineuses de Specimen Lake et d'Emerald Spring donnent jusqu'à 28 millimètres en deux mois et demi.

C'est à ces algues que les bassins geysériens du Yellow- stone doivent la richesse de couleurs qui les distingue.

Certaines mousses du genre Hypnum concourent aussi au même résultat. )) 1

Les geysers calcaires se rencontrent sur les bords du Gardiner's River. Là les roches volcaniques du Yellowstone se sont fait jour au milieu de puissants massifs calcaires. Ces massifs, aujourd'hui traversés par les eaux chaudes des geysers, leur abandonnent du carbonate de chaux, que les sources déposent ensuite à l'air libre sous la forme d'incrustations très étendues et souvent très pittoresques, présentant quelquefois une remarquable couleur rose. La tempé- rature des sources est de 660 à 72°. Beaucoup d'entre elles contiennent des diatomées, telles que Palmella, Oscillaria. L'eau renferme de l'hydrogène sulfuré, de la soude, de l'alumine et de la magnésie.

Le sol de la vallée est jonché de cheminées calcaires

1 DE LAPPARENT, A. : Traité de géologie. G. Masson, édit., Paris 1893.

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au fond desquelles se trouve l'eau bouillante. L'un des cônes éteints les plus remarquables est le Liberty Cap qui s'élève à plus de 15 mètres et dont le diamètre à la base dépasse 6 mètres.

Les eaux calcaires de ces geysers ont donc édifié des constructions semblables à celles laissées par les eaux thermales de la région de Guelma.

On conçoit sans peine que ces édifices surgis çà et là sur un terrain avec lequel ils n'ont rien de commun aient contribué au folklore régional: des noms leur sont donnés et des légendes se sont établies.

Les . cônes d'Hammam-Meskoutine, par exemple, étranges monticules dispersés en grand nombre dans

Cratère du « Giant Geyser» Yellowstone (U .S.A.) . Ce cratère est formé par des dépôts concrétionnés siliceux, abandonnés grâce à l'évaporation de l'eau bouillante du geyser,

riche en minéraux dissous.

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la plaine, ont frappé l'imagination populaire et, de ce fait, ils servent de point de départ à plusieurs légendes.

Beaucoup d'entre eux portent des noms; les habi- tants du pays voient dans ces sortes de hautes taupi- nières de tailles diverses un cortège de noce que le destin a fixé là pour toujours ou une importante caravane pétrifiée en pleine marche à la suite d'une intervention surnaturelle ! Ils désignent là un méhari, ici des dromadaires avec leurs cavaliers ou avec leurs conducteurs, et des ânes, des moutons, propriété de la tribu définitivement figée, qui, punie, ne reverra jamais plus l'oasis qu'elle avait abandonnée ...

c..A\io.anc..s\. s_.s.s..

Cratère éteint d'un geyser calcaire des bords du Gardiner's River, Yellowstone (U.S.A.). Ce cône est nommé «Cap of Liberty».

Le geyser ayant traversé de puissants massifs calcaires auxquels il a emprunté une forte proportion de carbonate de chaux

a abandonné ce dernier à l'a;r libre ..

Références

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