Aspects du classicisme hollywoodien- séminaire du 16 mars 2021
LE TEMPS AU CINEMA
Triple notion de temps au cinéma:
Temps de la projection (durée “objective” , mesurable du film) Temps de l’action (durée diégétique de l’histoire racontée)
Temps de la perception (impression de durée ressentie par le spectateur, et très subjective, arbitraire, de même que son corollaire l’ennui)
Etude du récit : en priorité il est question du temps diégétique (mais influence possible sur les deux autres temps).
Modèle littéraire > il y a une conception classique de la temporalité, fondée sur codes et conventions : alternance régulière de scènes, pauses, sommaire, ellipses, qui st pour Genette les quatre mouvements narratifs de la littérature (commenter : en gros, modèle du roman réaliste du XIXe siècle, premier corpus où st codifiées les règles narratives).
Scène : TH = TR (temps d’histoire = temps de récit, on est dans le « temps réel »)
Pause = TR > TH (par ex. description, portrait : il ne se « raconte » plus rien, mais le récit continue, se consacrant à autre chose que des événements . Mais il est rare qu’on puisse dire que TH = 0, car souvent une description, même si elle ne raconte rien, donne le sentiment que du temps est en train de s’écouler. Ce qui sera encore plus vrai au cinéma, où la description est inscrite dans la durée.
Sommaire : TR <TH (résumé d’un grand nombre d’événements dans un espace textuel restreint : beaucoup d’histoire, peu de récit)
Ellipse : TR = 0 . Pas de récit du tout, et le contenu narratif qui est ainsi éliminé est plus ou moins déterminé, généralement considéré comme ayant peu d’importance pour la suite du développement du récit.
Comment cela se passe-t-il au cinéma ?
Ces quatre mouvements peuvent être à peu près maintenus pour le cinéma, avec un équilibre différent.
• le régime de la scène est beaucoup plus développé que celui de la pause : la description, d’un lieu ou d’un personnage ne peut excéder certaines dimensions au cinéma, car cela apparaît comme un ralentissement de l’action
• l’ellipse est beaucoup plus importante que dans le roman, car le récit est limité de façon beaucoup plus autoritaire par le temps de la projection : donc économie obligatoire d’un certain nombre d’événements rejetés, évacués dans les ellipses. Le temps du cinéma est presque toujours un temps recomposé, et presque toujours dans le sens d’une dramatisation : le temps raconté n’est jamais neutre.
• le sommaire (résumé) est relativement moins développé que dans le roman, où c’est alors la voix du narrateur qui domine. On le trouve souvent dans des films qui racontent de grands
Aspects du classicisme hollywoodien- séminaire du 16 mars 2021
moments de vie, comme les biopics. Il suggère alors l’évolution, la transformation d’une vie, par des moyens purement visuels (la répétition est difficile autrement) (voir Scène des petits déjeuners de C Kane (1941) qui suggère visuellement l’usure du couple)