ÉTUDE GÉNÉTIQUE DES GROUPES SANGUINS DANS DEUX POPULATIONS AVIAIRES
I. — TRANSMISSION HÉRÉDITAIRE DES FACTEURS
ANTIGÉNIQUES
A. PERRAMON, P. MÉRAT
J.-L. MONVOISIN
Station centrale de
Génétique animale,
Centre national de Recherches
zootechniques,
78 -Jouy-en-Josas
Institut national de la Recherche
agronomique
SOMMAIRE
Dans deux
lignées
depoules,
l’une deWyandotte
et l’autre deRhode-Island,
trois loci de groupesanguin
ont été identifiés.Chez la
Wyandotte,
lepremier
locus comporte quatre allèles et le second deux. Autroisième,
deuxallèles au moins coexistent ; les réactions
sérologiques
y sont nettementplus
faiblesqu’avec
les deuxpremiers.
Les loci II et III sont liés avec un taux de recombinaison voisin de 9. p. 100.Chez la Rhode-Island ont été identifiés un locus à 5
allèles,
un autre à 2 allèles au moins, letroisième
possédant
au minimum trois allèles. Ces deux derniers loci sont liés(taux
de recombinai-son voisin de 5 p.
100 ).
Une
hétérogénéité
hautementsignificative
desproportions
mendéliennes entre mères a été observée aux loci W6/WOetR’/R° respectivement
pour les deux souches(W représentant
un allèleet W° son
absence,
et de même pour R4 etR°)
dans les croisements 6W O IW O
XW’/We
et<
J R O /R
o XR’/R°. ’
Un manque occasionnel de réactivité des sérums anti-WO et anti-R4 n’est pas vraisemblable,
la
proportion
sur l’ensemble des familles étant normale, avec un excès de l’allèlecorrespondant
danscertaines. Une différence de mortalité
embryonnaire
associée à ces loci devrait être de sens variable dans différentesfamilles ;
de toutefaçon,
elle est rendue encore moinsplausible
par lacomparaison
des taux d’éclosion, aussi bons pour les mères à la
proportion
« anormale » que pour les autres. Cecisuggère
une influence sur lesproportions
mendéliennes se situant avant la méiose de la femelle. Un excès de « recombinants » apparents avec un locus lié, dans les deuxlignées,
chez les familles à rapport deségrégation
« anormal »,suggérerait
un mécanisme du type « recombinaisonmitotique
».Des résultats apparemment
analogues
ont été obtenus sur cailles.INTRODUCTION
L’étude génétique
des groupessanguins
chez lapoule
contribue à une meilleureconnaissance des effets de
gènes
individuels sur les caractèresquantitatifs,
et desfacteurs déterminant l’évolution de la
fréquence
de cesgènes
ou leur maintien àl’état
polymorphe.
D’autrepart,
les résultats sontsusceptibles
d’êtreappliqués
à lapratique
de l’amélioration ducheptel.
De nombreuses mises au
point bibliographiques
ont été faites sur cesujet,
parexemple GiWVZOUx (ig6o, 1 9 6 2 ) ;
BRILES(ig6o, 19 63),
RENDEL(1 9 61), NO RD SKOG, (ig64),
Box!r,(rg64), OOSTE RL EE, (zg65), MÉ R AT
et PERRAMON(1 9 68.) L’accord
desauteurs cités sur l’intérêt « fondamental » des
recherches
sur les groupessanguins
contraste avec
quelques divergences
à propos del’application
à la sélection.Malgré
lenombre
assezgrand
de travauxdéjà réalisés
sur lesfacteurs
anti-géniques
de lapoule domestique,
laplupart
concernent encore deslignées
consan-guines.
Ilsportent
surtout sur laLeghorn blanche, quoiqu’on puisse
citerquelques
résultats relatifs à d’autres races
(GI!,MOUR,
1949, surCornish, B y ahma, Plymouth
Rock
barrée;
BRIBES,McGr BS Ox, I RWIN ,
1950, surPlymouth
Rock barrée et New-Ham!shire ;
GASPARSKA etGA SP A R S KI , ig66).
Ceci rend souhaitables des recherches sur des races
nouvelles,
et surdavantage
de
populations
nonconsanguines, malgré
les difficultés matériellesqui
en découlent.C’est
pourquoi
nous avonsentrepris
une étude sur les groupessanguins
de deuxsouches
sélectionnées
pour laponte
à la stationexpérimentale
d’aviculture duMagne- raud,
l’une deWyandottes
blanches et l’autre de Rhode-Island. Pour lapremière,
desrésultats préliminaires
ontdéjà
faitl’objet
d’une communication(P!RRAMON, ig6 4 ).
MATERIEL
ETMÉTHODES
Ces deux
populations
sontteproduites
en troupeau « fermé »,depuis
1946 pour lapremière (Wyandotte
« M 11»),
etdepuis
1948 pour la seconde (Rhode « M99 »)
avec, pour cette dernière, un apport extérieur en19 6 4 .
Le nombre dereproducteurs
mâles était de 10lespremières
années, et de20
ensuite,
certains de ces mâles pouvant être frères.Toutes deux sont sélectionnées sur un « index total » tenant compte de divers
caractères,
maisl’objectif
essentiel est laproduction
d’ceufs, le croisement mâle M 99 X femelle M 11 fournissant despoussins
pour la ponte.La
reproduction, pedigree,
s’échelonne surune durée approximative
de deux mois, avec 10poules
par coq, un seul coq étant
accouplé
aux mêmes femelles durant toute la saison. Lesjeunes
sont élevésau sol, les femelles transférées sur
prairie
àl’âge
de losemaines, puis
enpoulailler
de ponte avant la maturité sexuelle. La détermination desgroupes sanguins
est faite sur les animaux de 8 semaines et refaite sur lesreproducteurs
pour vérification.Les résultats considérés ici
correspondent,
pour la souche M Il, aux trois années 1964, 1965,ig66 ;
pour la souche M 99, aux années19 6 5
et19 66.
Les méthodes
utilisées,
dupoint
de vues--rol D gique,
ontdéjà
étéexposées (P E xxnMOrr, 19 6 4 ).
RÉSULTA1’S
Nous nous limitons ici aux résultats concernant le mode de transmission héré- ditaire des facteurs
antigéniques, l’analyse
d’associations entre ces facteurs et des caractèresquantitatifs
étant destinée à un autre article.Nous passerons donc en revue, pour
chaque souche,
les testsgénétiques
depureté
des
antigènes
mis enévidence,
et la recherche de leurs relations d’allélisme ou delinkage.
Nous examinerons ensuitequelques
cas où lesproportions
diffèrent de cellesprévues
par le schéma mendélien et tenterons de lesinterpréter.
I. - Souche « M II »
Pour la souche M
11,
huit antisérums distincts ont été obtenus.Chacun,
selontoute
vraisemblance,
est « monovalent n dupoint
de vuesérologique ( 1 ).
Leshuit antigènes correspondants
ont étédésignés respectivement, d’après
leur ordred’appa-
rition,
parWl, W2, W3,
W5W6 , W7 ,
W8 et W9.Le
facteur
Wl mentionnéinitialement (P ERR A MON I g6 4 ),
et defréquence faible,
a
disparu
en19 65,
aucun desparents
de cettegénération
ne lepossédant, de
sorte que nous l’omettons ici.Quant
ausérum anti-W 9 ,
il a étéobtenu
en faiblequantité
et n’a pas été
reproduit
par la suite.Selon la nomenclature
proposée
par BRILES(r 95 8),
àl’antigène désigné
par W2correspond
le sérumanti-W 2 ,
W2symbolisant
legène responsable
de lasynthèse
decet
antigène.
Tous les locicorrespondants,
tant dans la souche M 11 que dans la souche M99,
se sont avérés autosomaux, comme le détail des résultatsqui
suiventle confirme.
I
.
Système
I(W 2 _W 3 _WS).
La
pureté
des sérumsanti-W 2 , anti-W,, anti-W 5 ,
est confirmée par les résultatsd’accouplement
où l’un desparents
esthétérozygote
pour laprésence
d’un anti-gène,
l’autre ne lepossédant
pas(proportion prévue z /r)
ou de ceux où les deuxparents
sonthétérozygotes (proportion prévue 3 /r). Le
tableau i résume cesdonnées,
pour le total des années
19 6 4 , 19 65
et19 66.
Nousn’y
avons pas faitfigurer
le détaildes
proportions
par sexe, aucune différencesignificative n’étant
apparue de cepoint
de vue.
L’expression
de cesgènes,
tous autosomaux commeindiqué plus haut,
n’estni limitée au sexe, ni conditionnée par le sexe.
( 1
) En réalité, chaque sérum monovalent contient plusieurs anticorps spécifiques de différents facteurs
antigéniques, déterminés par le même gène. Des absorptions sélectives avec des
globules
de souches diffé- rentes permettent de séparer différents ensemblesd’anticorps
dont chacun continue à être monovalent chez la souche... M 11, et de mêmespécificité.
Les
proportions
observéescorrespondent
auxprévisions,
dansl’ensemble,
defaçon
satisfaisante. Enparticulier,
iln’apparaît
nullepart
un excès de descendantsporteurs
d’unantigène,
de nature à le faireapparaître
comme la réunion deplusieurs produits géniques
différents( 1 ).
Les
premiers
résultats obtenus(P ERRAMON I9 C)q)
montraient l’allélisme des fac- teursW 2 , W 3 ,
W5. Les donnéesprésentes
confirment que tous les individusanalysés depuis 19 6 4 (plus
de8 ooo) possèdent
l’un au moins des troisantigènes W 2 ,
W3ouW
5
,
et n’en ontjamais plus
de deux. Certains croisementsparticuliers
attestent cesrelations d’allélisme
(tabl. 2 ).
Le terme « allèles »
peut correspondre
en réalité soit à un allélismevrai,
soit àun
linkage
très étroit.Les
quatre
facteurs ci-dessus ont despropriétés sérologiques
similaires(pour W
l
,
cf. :P ERRAMON , 19 6 4 ).
Leurantigénicité
assez élevéepermet
d’obtenir des isoimmunsérumscapables
d’atteindre un titre dei / 3 2
ài /6q. après cinq injections.
Ces
antigènes peuvent
être décelés(P ERRAMON , 19 6 4 )
à la fois sur les hématies et surles
leucocytes (méthode
dubufly
coat, SCHIERMANetNO R DS K OG, i 9 6i).
2.
Système
II(W 7 _W B ).
Ces deux
facteurs,
avec uneantigénicité
encoreplus
élevée que ceux dupremier système, produisent
desanticorps
de titrei /r28
ài / 25 6 (PE RR A M ON I(!6q.).
Le tableau suivant
(tabl. 3 ) suggère
defaçon
assez convaincante leurpureté génétique.
Tous les individus
possèdent
au moins l’un des deuxantigènes ;
ilapparaît
que W7et W8sont « allèles o et que la
population
étudiée ne contient pas de troisième fac- teur pour cesystème.
Nous avons donc faitfigurer
au tableau 3legénotype complet
des
parents
et des descendants.Comme pour le
système précédent,
nousn’indiquerons
pas le détail des propor- tions chez les mâles et lesfemelles,
étant donné la similitudequ’elles présentent
dans les deux sexes.
Les
quatre premières lignes
du tableau 3 montrent le caractère codominant des deux allèles. Iciaussi,
les observations concordent defaçon
satisfaisante avec les( 1
) Par ailleurs, un antigène absent chez les deux parents l’est toujours aussi chez tous les descendants, sauf cas exceptionnels, interprétables par des erreurs matérielles.
proportions
mendéliennesprévues,
àl’exception
du croisement mâle-W7 W8X femelle W7
W 8 , qui présente
un défaut trèssignificatif d’hétérozygotes
et un excèsd’animaux manifestant la
présence
du seulantigène
W7. Cette anomalieprovient
en
partie,
mais nontotalement,
de la descendance d’un coq(A 1 6)
en19 66.
Nousreviendrons sur son
interprétation possible (§ 6).
Les
gènes responsables
desantigènes
W8 et W7 ne sont pas allèles deW 2 ,
W3et W5 : on les trouve chez des individus
hétérozygotes
pour cepremier
locus.3
.
Système
III(W 6 -W°) .
Dans ce dernier
système,
nous n’avons identifié pour l’instantqu’un
facteurantigénique,
depropriétés
très différentes desprécédents (P!RRA!ON, 19 6 4 ).
Sonantigénicité
est très faible. Les immunisations doiventparfois
êtrepoursuivies jus- qu’à
8semaines,
avec un nombre élevéd’injections,
et son titre nedépasse jamais i /8.
Le
tableau 4
montre le caractère selon toute vraisemblance unitaire de l’anti-gène correspondant (analysé complètement
seulement en19 66).
Nousdésignons
par W° l’absence de W6.
Le
gène
W6n’est allèle,
ni dupremier système,
ni dusecond,
comme lesuggé-
raient
déjà
sespropriétés antigéniques.
On le trouve, parexemple,
chez des hétéro-zygotes
W2 W3 et W7W8.4
. Relations de
linkage.
De ces trois
loci,
lepremier
estindépendant
dutroisième,
oudu
moins nepré-
sente avec lui aucun
linkage
décelable. Encalculant,
danschaque
famille de frères-soeurs où il y a
ségrégation
simultanée aux loci I et III, leX 2
decontingence qui
testel’indépendance
des deuxségrégations,
et additionnant lesx 2 obtenus,
on obtient unx
2
totalégal
à6o, 9 26
pour5 2 degrés
de liberté(non significatif).
Defaçon analogue,
pour les loci I et
II,
la somme desX 2
decontingence
intra-familles estégale
à68, 195
pour
4 8 degrés
de liberté. Laprobabilité correspondante
est ici un peu inférieure à 5 p. 100,suggérant
lapossibilité
d’unlinkage,
mais il estprudent
d’attendre des donnéessupplémentaires
pour conclure définitivement.Par contre, un
linkage, déjà suggéré
par lespremiers
résultats(PE RRAMON , ig6
4
), apparaît
clairement entre les loci II(W I -W 8 )
d’unepart,
III(W 6 )
de l’autre.Au
total,
le taux de recombinés est de9 , 3 6
p.1 00 , indiquant
unlinkage
relati-vement
étroit,
avec legène
W6 associé defaçon générale
avec W8 encoupling
danscette
population.
Lepourcentage de recombinés
nediffère
passignificativement
dans les deux sexes, et, par
ailleurs,
on obtientsensiblement
autant d’unecatégorie
que de l’autre : 31 W8 sans
W 6 ,
33 W7 avec W6. 5.Fréquences alléliques.
I,es
fréquences alléliques
aux trois lociidentifiés
sontindiquées
pour lesrepro- ducteurs femelles
descheptels 19 6 5
et19 66 (tabl. 5 ).
Aucune n’est trèsfaible,
l’allèleW
l
,
dupremier locus, ayant disparu
en19 65.
6. Anomalies des
proportions
mendéliennes.Quoique,
dansl’ensemble,
la concordancedes proportions observées
et théo-riques
ne laisse pas de doute sur la nature des facteursgénétiques
en cause et surleurs relations
mutuelles, quelques
résultatsparticuliers d’apparence anormale,
nonexplicables
par des erreursmatérielles
d’identificationdes génotypes,
demandentun examen
plus
détaillé.a) Accouplezùents
danslesquels le
mâle esthétérozygote.
Au
premier locus,
la seuleparticularité
rencontrée est, dans unefamille
de19
66
dont lepère
et la mère avaient lesgénotypes respectifs
W2 W3et W2W 5 ,
unnet défaut de
l’antigène
W3: 16 enfants lepossédant
contre 41 ne lepossédant
pas.Le
X 2
de conformitévis-à-vis
de laproportion théorique
i/i
estégal
àio, 9 65
d’où! < o,ooi.
Pour le locus
II,
une famille de frères-soeurscorrespondant
au croisementJ W
7
W8X ?
W8W8en1 9 65
aproduit, parmi
les enfantsmâles,
12W7W 8 /r
W8W8et
parmi
lesfemelles,
3W7W8 pour 12W8W8.Le X 2
decontingence
destiné à testerl’égalité
deproportion
desphénotypes
entre sexes estsupérieur
à 12,compte
tenu de la correction de YATES(p
<o,ooi).
Pour ces deux
familles,
il est difficile de faireappel
à unhasard,
mais une inter-prétation
sûreparaît prématurée.
Dans lepremier
cas,l’hypothèse
d’une faible réactivité in vitro del’antigène W 3 ,
ou d’une mortalitéembryonnaire
oupost-em-
bryonnaire frappant
électivement lesporteurs
de cetantigène,
nécessiterait que le fait soit localisé à une seule famille.Par contre, ces deux
hypothèses
rendraient difficilementcompte
du deuxièmeexemple, où,
engroupant
les sexes, laproportion globale
des deuxtypes antigéniques
est normale. La
possibilité
d’une fécondation sélective desspermatozoïdes porteurs
de W’ ouW 8 ,
suivant que l’ovuleposséderait
ou non le chromosomeX, pourrait
être
suggérée,
sans que l’on soit en mesure de le confirmer.Enfin,
dansplusieurs
cas, pour lescroisements 3
W’ W8X ?
W7 W8 ouJ W
7
W8X ?
W8W 8 ,
soitW 7 ,
soit W8apparaît plus
rarement queprévu
dans ladescendance.
L’interprétation
n’est pas claire pourl’instant ;
en tout cas, les taux de fertilité et d’éclosion dans les famillescorrespondantes n’apparaissent
pas inférieurs à la moyenne dutroupeau.
b) Accouplements
danslesquels
lafemelle
esthétérozygote.
Dans ce cas, c’est
l’hétérogénéité
desproportions
suivant les mèresqui
mériteconsidération.
Dans le
croisement j
W° W°x ?
WeW° on note au total unehétérogénéité
entremères
intra-pères
trèssignificative
pour lerapport
deségrégation
desdescendants
(sexes groupés). Le X 2 correspondant
estégal
à6 7 , 909
pour3 6 degrés
de liberté(p
<o,ooi).
Enparticulier,
une mèreaccouplée
aupère
A io( 19 66)
a donné 5 enfants W° W° pour 27 W6Wo. Deplus,
comme iln’apparaît
pasd’hétérogénéité significa-
tive liée au facteur «
père
», nous avons calculé lex 2 d’hétérogénéité
entre toutes les mèrescomparées globalement
et nonplus intra-pères.
La valeur dece -;. 2
est97
, 0
65
pour 44 DL(p
<0 , 001 ) ;
elle reste de8 1 , 941
pour 43 DL(p
<o,ooi)
enôtant la mère la
plus
« anormale ».Ces écarts ne sont pas
simplement dus,
selon toutevraisemblance,
à un défaut de réactivité du sérumanti-W 6 ,
car,au total,
laproportion
des descendantsayant
ou
n’ayant
pas W6 est voisine de i/i (tabl. 4 ) ;
et l’onn’expliquerait
pas,ainsi,
lecas de mères
ayant
«trop
» d’enfants W6 W°. Nous avions parailleurs,
aupréalable,
éliminé de nos résultats les mères
ayant
seulement un ou deux descendants d’unecatégorie, qui pourraient
êtrehomozygotes
etcorrespondre
à des erreurs matérielles( 1 ) .
( 1
) Les effectifs des reproductrices étaient insuffisants pour vérifier par test de descendance les génotypes
des femelles issues des familles à ségrégation la plus perturbée.
D’autre
part,
nous avonscomparé
le taux d’éclosion dans les familles à excèsou à défaut de W6W°
significatif
au seuil 5 p. 100à celui des mèresaccouplées
auxmêmes
pères,
mais pourlesquelles
laproportion correspondante
ne s’écartait passignificativement
de 1/ 2 .
On trouve, pour lespremières,
un total de237 poussins
nés pour 354
oeufs
mis enincubation (66, 95
p. 100d’éclosion)
et, pour lessecondes,
661
poussins
éclos pour i 017 oeufsincubés (6 5 , 00
p.ioo).
Lalégère différence,
en faveur des mères àproportion
« anormale », n’est passignificative.
Il en est de mêmede la mortalité des
jeunes, qui
est d’ailleurs faible.Une
indication supplémentaire provenait
dulinkage
avec le locus II(W 7 _W 8 ).
Une
bonne partie
des mèreshétérozygotes
pour W6 l’étaientégalement
pour W8(auquel
W6est liéhabituellement).
Parmielles,
celles dont lerapport
deségrégation
au locus W6 s’écartait
significativement
dei /r
au seuil 5 p. ioo avaientparmi
leurs.enfants
3 6
recombinants sur un total de 150, soit 24,0p. 100. Celles dont lerapport
de
ségrégation
était « normal » avaient 32 enfants recombinants sur un total de 414, soit 7,7 p. Ioo. La différence entre ces deux taux de recombinaison est extrêmementsignificative (x 2
decontingence
=27 , 432 , p
<o,ooi).
Les « recombinés o, autotal,
sontaussi
bien d’untype
que de l’autre(cf. § 4 ).
Cesfaits supplémentaires
excluentpratiquement l’hypothèse
deproportions anormales
au locus W6par mortalité diffé- rentiellevariable
suivant lesfamilles, qui n’expliquerait
pas l’excès de « recombi- nants » apparus dans les familles en cause ; ilss’opposent
aussi à lasimple hypothèse
d’une
pénétrance
non absolue dugène
W6.On
peut ajouter
que, dans lecroisement 3
W6 WOx
W6W°,
une hétéro-généité
entre mères estégalement suggérée : x 2
«intra-pères
» = 39>412 pour 26DI, ;
§x2
pourl’hétérogénéité
«globale
»=53 , 833
pour 32D I, (!
<0 ,05).
Par
comparaison,
dans le croisementréciproque 3
W6 W°x Y
W°W°,
les mêmesannées,
lex 2 d’hétérogénéité
entre mèresintra-pères
a pour valeur 43,542 pour 41DI, (non significatif).
On ne trouve pas icil’hétérogénéité
obtenuelorsque
la mère est
hétérozygote.
L’hypothèse
de mortalitézygotique n’apparaissant
donc pasétayée
parles faits,
et celle de différences
d’expression
duphénotype
suivant le contextegénotypique
étant peu
vraisemblable,
on est tenté desupposer l’existence
deproportions
anor-males
à laméiose,
ou avant laméiose,
pourcertaines femelles : variations
non aléa- toires desproportions
lors de la divisionréductionnelle,
ou encore mosaïcisme desgonades
commecelui pouvant provenir
decrossing-over mitotique (G R Ü N E B E R G, 19
66)
ou de toute autre cause(CoCK, zg 55 ).
Cettehypothèse semblerait préférable
à celle de variations du
rapport de ségrégation
à laméiose,
carcelles-ci
nedevraient pas s’accompagner
d’uneaugmentation
du tauxapparent
de recombinaison.Une
hétérogénéité
entremères, d’apparence analogue,
adéjà
été trouvée(MÉ-
RA
T,
19 66, 19 6 7 )
à propos desgènes R /r (crête
enrose /simple), C /c (blanc « récessif »)
et
W /w (peau blanche /jaune).
Quant
au locusII,
onpeut
y soupçonnerégalement
une variation non aléatoiredes
proportions
suivant lesmères, lorsque
ces dernières sonthétérozygotes
W7W8. LeX 2 d’hétérogénéité intra-pères
est en effet de1 8, 14 6
pour 12degrés
de libertépour le
croisement 3
W’ W7X Y
W7W 8 ,
et de5 8, 392
pour3 8
DI, pour le croi-sement !
W8 W8x y W’ W 8 , soit,
en lesadditionnant, un X 2
de7 6,5 3 8
pour 59 D. !!
(P
<0 , 01 ). En particulier,
une mèrehétérozygote accouplée
en19 66
àun coq W8W8a donné 6 enfants W7W8 pour 24 W8W8
( x 2
=I o,8 00 , p
<o,ooi).
Le X
2 d’hétérogénéité
entre mèresintra-pères, quelque
peu élevé dansles
croi- sementsréciproques des précédents
où c’est lepère qui
esthétérozygote, n’y
estcependant
passignificatif : x!
=57.975
pour 41DL,
pour l’ensemble des croise-ments e
W’ W8X ?
W7 W7 etJ W 7 W 8 X ?
Wa Wa.Là encore, le taux
d’éclosion
n’est pas inférieur pour l’ensemble des mèrespré-
sentant une
proportion
« anormale »(significative à p. ioo)
dans leur descendancecomparées
aux mères « normales&dquo; accouplées
aux mêmespères :
ce taux est de6
2 ,8
1
p. 100 pour lespremières (sur 40 6
oeufsincubés)
et de5 9 ,5 3
p. 100 pour les secondes(sur 85 5
oeufsincubés).
Ces résultats
paraissent
concorder avec ceux relatifs au locus III.Pour le locus
I,
parcontre,
iln’apparaît
nullepart d’hétérogénéité significative.
II
. - Souche « M 99 &dquo;
Dans la souche M
99, 7 antisérums
monovalents distincts ont été obtenus en19 6 5
, numérotés respectivement anti-R l , R I , R 4 , R 5 R I , R 7 , R I .
En19 66,
un sérumsupplémentaire
R9 a pu être utilisé.i.
Système
I(R l -R 2 -R 7 -R 8 -R 9 ).
Comme dans la souche M
11, l’hypothèse
de lapureté
des sérumsanti-R l , R I , R 7
et
R I
n’est pas contredite par lesproportions
observées dans la descendance descroisements où un
parent
esthétérozygote
pour laprésence
d’unantigène,
l’autreparent
en étantdépourvu (proportion prévue i /r)
ou de ceux dont les deuxparents
sont
hétérozygotes (proportion prévue 3/1 ).
Les résultats pour le total des années19
65
et19 66 figurent
au tableau 6. Ils ont étégroupés
pour l’ensemble des deux sexes,après
vérification de la similitude desproportions
chez les descendants mâles et femelles.S’il
apparaît
dansplusieurs
cas(mère hétérozygote
pour le facteur 2 et pour le facteur8,
résultats d’ensemble pour le facteur7 )
un écart auxproportions prévues,
cet écart est par défaut. Seul fait
exception
un croisement relatif au facteur 9. Lapureté
des antisérums utilisés est donc vraisemblable.Les résultats de
19 66
montrent que tous les individuspossèdent
au moins l’undes facteurs
précédents
etjamais plus
de deux. Ceci conduit àadmettre,
au moinsà notre niveau
d’investigation,
l’ « allélisme » de cescinq
facteursantigéniques.
Certains croisements
particuliers
testent defaçon plus précise
la relation entre les facteurspris deux
à deux(tabl. 7 ).
2
.
Système
II(R 4 /R O ).
Un seul
antigène
a été identifié pour cesystème :
R°désigne
son absence etpeut correspondre
àplusieurs
allèles. Legène R 4 , apparaissant
chez deshétérozygotes
pour le
système I,
n’est pas un allèle de cesystème.
Le tableau 8 donne les
proportions de
la descendance des différents croisements pour ce locus. Cesproportions s’accordent
avecl’hypothèse
depureté
del’antigène.
Il
est clairqu’il
y a un défautimportant
desporteurs
del’antigène
4, parrapport
aux
prévisions :
autotal, z 3 6 4
descendantsayant
R4contrei 6 3 g
ne le manifestant pas(x $
=2q.,488, p
<0 , 001 ).
Nous reviendrons
plus
loin sur cette observation.3.
Système
III(R f >-R 6 -R D ).
Nous
désignons
par RO l’absence de R5 et de R°.Les deux
antigènes R 5 et R! apparaissent monovalents, d’après
lesproportions
mendéliennes
(tabl. 9 ).
Ils ne sont pas allèles dupremier système. Leur
relation avec le second sera discutéeplus
loin.L’allélisme
de RSet de RB estprouvé
par les résultats du tableau 10.4
. Relations de
linkage.
Le
premier
locus neprésente
pas de liaison décelable avec les deux autres. Pour R5 et
R 6 ,
nous avons, comme pour la souche M11, calculé,
danschaque
famille oùil y a
ségrégation
simultanée avec lepremier locus,
leX 2
decontingence
testant l’in-dépendance
des deuxdisjonctions.
La sommedes X 2
ainsi obtenus est, dansl’hypo-
thèse nulle, un x 2
a 66degrés
deliberté,
et sa valeur est75 , 399 (non significative).
De
même,
la sommedes x 2 analogues
relatifs aupremier
locus et au deuxième(R
4 -R O
)
vaut8q.,i 9 6
pour9 8
D I,(non significatif).
Quant
aux deux groupes RI-R6 etR 4 ,
ils sont assez étroitement liés.En tout, la
proportion
des recombinés( 99
pour 18 30 parentaux)
est de 5,4p. 100; elle nediffère
passignificativement
suivant le sexe. Le facteur R4est habituellement lié à R5 dans cettepopulation.
Parmi lesrecombinés,
on observeplus
souvent(6 1 fois)
la
présence
de R5 sans R4 que l’inverse( 3 8 fois).
La différence defréquence
entreces deux
types
estsignificative (p
<o,os).
D’autres données sont souhaitables pour confirmer ce fait etl’interpréter
le cas échéant.5. Fréquences alléliques.
Les
fréquences alléliques
pour les troisloci décrits, parmi
lesreproductrices parentes
ducheptel 19 66,
sont lessuivantes :
’I
erlocus
p l
= 0,251P 2
= 0,149P 7
= 0,097!8
= 0,102Po
= 0,4012
e
locus P 4
=0,089 3
e
locusP 5
= 0,254P 6
=0,268
Elles
sembleraientavoir
peuvarié
parrapport
à19 65,
pourles
allèlesdéjà iden-
tifiés cette
année-là,
àl’exception
de celle de R4qui
adiminué ( 0 , 159
eni 9 6s).
6. Anomalies des
proportions
mendéliennes.Des anomalies se rencontrent dans
plusieurs
cas, nonexplicables
par des erreursmatérielles sur le
phénotype
des enfants ou desparents.
a)
Plusieursantigènes paraissent
nepas
s’êtretoujours
manifestés pour des rai-sons non encore déterminées : alors que RI donne des
proportions
normales dansl’ensemble,
les allèlesR 2 @
R7 et R8se trouvent en défaut dans un certain nombre decas. Il
paraît prématuré
d’avancer uneinterprétation
définitive. Il en est de même au locusR 5 -R 6 ,
où lecroisement a
R5i- x y - /- présente
un certain défaut deR 5
chez les descendants mâles
(p
<0 , 01 )
etoù, dans
le croisementa
R5 R6x R5R
6
,
il y atrop
peud’enfants
dephénotype hétérozygote (p
<0 , 01 ).
; ’ .D’autre
part,
pour ces deuxloci,
iln’apparaît
pasd’hétérogénéité
entre mères(intra-pères
ou autotal)
pour lesproportions, lorsque
la mère esthétérozygote pour
un facteur donné et que le
père
nepossède
pas ce facteur.b)
Un autre ordre de faits mérite examen. Il concerne le locus R4. Pour l’en- semble des deuxannées analysées,
nous avonsdéjà indiqué que! la
descendance descroisements 3 R 4 /Iio x y R O /R o ou a R O /R O X Q R 4 jR° compte, à l’âge
de8
semaines, i 3 6o
individus extériorisantl’antigène
R4 contrei 6 35
nele
manifes- tant pas, soit 45,4p. 100pour lespremiers,
l’écart à laproportion prévue
de 50p. 100 étant hautementsignificatif (p
<o,ooi).
Ce défaut de R4se retrouve dans chacun des deux croisementsréciproques,
tant en19 65 qu’en 19 66,
et dans les deux sexes.L’hypothèse
apriori
laplus simple,
celle d’une mortalitéembryonnaire
oujuvé-
nile
plus grande
des individuspossédant R 4 , paraît
infirmée par nos données. Si l’on compare le taux d’éclosion(poussins nés joeufs incubés)
des mèresayant
R4 à cellesaccouplées
aux mêmespères
et nel’ayant
pas, onobtient,
en19 65, 78, 01
p. 100(sur i 6 74
oeufsincubés)
pour lespremières
et 7g,o4pour les secondes(sur 4 i8g oeufs) ;
en
19 66, 8 3 , 90
p. 100(sur
i 354oeufs)
et 79,22p. ioo(sur
6 191oeufs) respectivement.
Pour
chaque année,
comme autotal,
iln’y
a pas de différencesignificative
en faveurdes mères
privées
del’antigène
R4comme ons’y
attendrait si la mortalitéembryon-
naire étaitplus grande
pour leszygotes porteurs
de R4 : pourexpliquer
le manque duphénotype (R 4 ),
ilfaut,
eneffet,
supposer une mortalité d’environ 10 p. iooplus
élevée chez les
zygotes correspondants.
De
même, malgré
leurpetit
nombre( 3
en19 65,
1, en19 66),
onpeut signaler
que les
pères possédant R 4
n’ont pas un taux d’éclosion inférieur aux autres.Les résultats sont similaires pour la mortalité des
jeunes jusqu’à
10semaines d’âge,
et pour le nombre moyen, parmère,
d’enfantsayant
atteintl’âge
de 8 semaines_consignés
dans le tableau m suivant legénotype
desparents.
Quoiqu’elle paraisse,
àpremière
vue,surprenante
à cause de la netteté desréactions,
on est ramené àl’hypothèse
d’une abséncesporadique
de réactivité del’antigène R 4 ,
en liaison avec des causesgénétiques. Cependant,
aucun individu nonnoté « R4 » en
19 6 5
etayant reproduit
en19 66
ne s’est révéléposséder
cet allèled’après
sa descendance.De
même,
dansquelques
croisements où la mère étaithomozygote R 4 /R 4
4(
9
mères enig6 5 ),
204enfants
dephénotype (R 4 )
ont étéobtenus,
et aucun non-réagissant,
comme onpourrait s’y
attendresi l’antigène n’était
pastoujours
décelé.Enfin,
une vérificationpartielle était possible, grâce
aulinkage
entreles
loci IIet III.
I,’allèle
R4 esthabituellement
lié àR 5 ,
avec 5,4p. 100 derecombinants,
dont 3,2 p. 100sont
(R 5 )
sans(R 4 )
et les autres( 2 , 2
p.100 )
sont(R 4 )
sans(R b ).
Il y a bienun certain excès de « recombinants » du
premier type,
mais si le défaut de R4 était dû à unepénétrance incomplète,
on s’attendrait à environ 5 p. 100 de ces « recom-binants » apparents
enexcès, possédant
R5 mais non R4.Au
total,
dans les familles où il y aségrégation
à la fois aux loci II etIII,
onnote
8 92
R4R 5 ,
i oio non R4nonR 5 , 3 8
R4 non R5et6 9
R5 non R4. Si l’oncompte
les 31 recombinants en excès du derniertype
commeayant
en réalité legène R4,
il subsiste encore un certain défaut de cet allèle :9 6 1 (R 4 )
contrei o 4 8 (non R 4 ).
Pour
conclure, l’acceptation
d’une mortalitézygotique différentielle
et même celle d’unepénétrance
non totale se heurtent à des difficultés. On nepeut
donc écarterl’hypothèse
deproportions
anormales avant lafécondation, quoique
lemécanisme
éventuel n’en soit
pas clair,
le défaut observéexistant aussi
bienlorsque
lepère
esthétérozygote
quelorsque
c’est la mère.CONCLUSIONS
Nous n’avons pas encore pu tester
directement
lacorrespondance
entreles
lociidentifiés
dans ces deux souches et ceuxdéjà
connus.Cependant,
ilparaît
vraisem-blable que le
locus
I dans lasouche
M11,
et lelocus
Idans
la souche M99,
corres-pondent
au locus B. I,e nombred’allèles rencontrés
lesuggère,
ainsi que l’intensité des réactionssérologiques,
et surtout le fait que lesantigènes correspondants
sontportés
aussi par lesleucocytes,
cequi
estprécisément
le cas dugène
B(S CMERMAN
et
IV ORDSKO G, zg62).
Quant
aux deuxgènes
liés trouvés danschaque souche,
il est tentant de lesrapprocher
des loci A et E de BRILES.De toute
façon,
si les loci trouvés liés sont les mêmes dans nos deuxpopula- tions,
il reste que les taux de recombinaison yapparaissent
nettement différents( 9 ,
4
p. 100 dans lapremière,
5,4 dans laseconde,
la différence étantsignificative
auseuil i p.
z ooo).
Il faudrait alors supposer que des causesparticulières
àchaque
souche
interviennent, réarrangements chromosomiques
ougènes influant
sur le tauxde
recombinaison
de cetterégion.
Les
anomalies
observées dans lesrapports
deségrégation
sont encoredifficiles
à
interpréter.
Celle relative auxloci
liés II et III dans la soucheWyandotte paraît particulièrement intéressante,
car malaisée àexpliquer
autrement que par une pro-portion gamétique
anormale chez la femelle. Des recherchescomplémentaires
surce
point
méritent donc d’êtreentreprises.
Des résultatsapparemment analogues
ont été obtenus par nous sur des cailles