FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
. ANNÉE 1896-1897 Ko 59
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T
IAL.THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenue
publiquement le 27 Janvier 1897
PAR
François
-Marie QUESSE "VEUR
Né à Plestin-les-Grêves (Gôtes-du-Nord), le
6 janvier 1872.
ElèveduService deSantéde la Marine
MM. P1ÉCHAUD professeur.... Président ARNOZAN professeur....)
BINAUD agrégé
[
Juges.BRAQUEHAYE agrégé )
Examinateurs delaThèse:
Le Candidat répondra aux questionsqui
lui seront faites
surles
diversesparties de l'Enseignement
médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE DO
MIDI
—PAUL CASSIGNOL
91 — RUK PORTE-DIJKAUX — 91 1897
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. PITRES Doyen.
PROFESSEURS
MM. MIGÉ ) „ , ,
AZAM Professeurs honoraires.
Clinique interne
MM.
1 PICOT.
/ PITRES.
DEMONS.
LANELONGUE.
DUPUY.
Cliniqueexterne Pathologie interne...
Pathologie et théra¬
peutique générales. YERGELY.
Thérapeutique ARNOZAN.
Médecine opératoire. MASSE.
Clinique d'accouche¬
ments MOUSSOUS.
Anatomie pathologi¬
que COh NE.
Anatomie BOUCHARD.
Anatomie générale et
histologie VIAULT.
AGRÉGÉS EU
SECTIONDE MÉDECINE (Pdtllolog_
MM. MESNARD.
CASSAET.
AUCHÉ.
|
SECTIONDE CHIRURGIE ET ACCOUCHEMENTS
(MM. Y1LLAR. | Acôouchements
(MM. RIVIÈRE.
Pathologieexterne BINAUD. |
Accoucnements...
• CHAMBRELENTl
BRAQUEHAYE |SECTION DES SCIENCES ANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES
JMM. PRINCETEAU | Physiologie MM. PACHON.
*'( CANNIEU. Histoire naturelle BEILLE.
Physiologie Hygiène Médecine légale Physique
Chimie
Histoire naturelle ...
Pharmacie
Matière médicale....
Médecine expérimen¬
tale
Clinique ophtalmolo¬
gique
Clinique des maladies chirurgicalesdis en¬
fants
Clinique gynécologique FX.FRCICF :
ie interneetMédecine MM. SABRAZÈS.
LE DANTEC.
MM.
JOLYET.
LAYET.
MORACHE.
BERGONIÉ.
BLAREZ.
GUILLAUD.
FIGUIER.
DE NABIAS.
FERRÉ.
BADAL.
PIECHAUD.
BOURSIER.
légale.)
Anatomie..
SECTION DESSCIENCES PHYSIQUES
Physique MM. SIGALAS. | Pharmacie M. BARTHE.
ChimieetToxicologie
DEN1GÈS. j
FOURS COMPLÉMUXiTA H RFS :
Clinique interne des enfants MM. MOUSSOUS.
Clinique des maladiescutanées et syphilitiques DUBREUILH.
Clinique des maladies des voiesurinaires POUSSON.
Maladies dularynx, des oreilles etdu nez MOURE.
Maladies mentales RÉGIS. ,
Pathologieexterne DENI CE.
Accouchements RIVIERE.
Chimie DENIGÈS
Le Secrétaire dela Faculté: LEMAIRE.
Pardélibération du 5 août1879, la Faculté aarrêté que les opinions émises dans les Thesesqui lui sontprésentées doivent êtreconsidérée^ commepropres àleursauteurs, et
qu'elle n'entendleurdonnerniapprobation ni improbation.
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR
PIÉCHAUD
PROFESSEUR DE CLINIQUE CHIRURGICALE A
L'HOPITAL DES ENFANTS
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
INTRODUCTION
Nousavonsentrepris ce
travail inaugural sur les conseils de
M. le
professeur Piécliaud. Le but que nous nous sommes
proposé
aété de compléter l'étude anatomo-pathologique des
contusions du testicule par une
étude clinique basée sur
l'analyse des
observations que nous avons pu recueillir, et
depasser
ensuite
enrevue les conséquences qui peuvent en
résulter; conséquences,
quelquefois très graves qui mon¬
trentcombien
l'intégrité du testicule intéresse l'homme, non
seulement au point
de
vuephysique mais au point de vue
social.
Mieux que personne
le médecin est bien placé pour savoir
que les
divorces, les crimes passionnels, les adultères, les
séparations
de
corpset toutes les récriminations dont le lit
conjugal est trop souvent le théâtre n'ont pas pour cause
unique une
antipathie de caractère.
Non seulement une
lésion des organes sexuels diminue ou
détruit chez l'homme
le père et le mari, l'individu même est
amoindri ; bien que
conservant encore les attributs exté¬
rieurs de la virilité,
si l'accident arrive après la puberté, il
voit bientôt ses
facultés s'affaiblir
;sa force physique dimi¬
nue ainsi que
la vigueur morale, la décision et le courage ;
toute son économie
porte le cachet d'une vieillesse anticipée.
Une
profonde vérité
secache peut-être sous l'ingénieux
paradoxe de M. Renan. Dans les(cDiaioguesphilosophiques»,il
imagine
des ascètes delà science quLpourconsacrer toutes les
énergiesde
leur être à la recherche de la vérité, feraient vœu
__ 8 —
dechasteté; ceux-là môme, ceux-là surtout, auraient un puis¬
sant intérêt à la conservation de leurs testicules puisque la puissance intellectuelle est en rapport avec
l'intégrité
des organes de la viephysique.
Rabelais, quand il disait : « le testicule c'est l'homme »,
voyait dans le bon fonctionnement de ces organes autre chose que l'intégrité de leur fonction
physiologique.
Nousne pouvions nous dispenser de relater tous cesgravesdésor¬
dres en parlant d'une des causes les plus fréquentes de leur production.
Mais avant d'aborder notre sujet nous ne saurions oublier de
témoigner
notre reconnaissance à ceux de nos maîtres de la Marine, de la Faculté etdes Hôpitaux de Bordeaux quinous ont porté quelque intérêt.
Nousgarderons particulièrement le souvenir des savantes
leçons
et des conseils essentiellement pratiques que M. le professeur Piéchaud nous a prodigués pendant la dernière année de nos étudesmédicales;
il nous fait aujourd'hui l'honneurd'accepter
la présidence de notre thèse: qu'il soit assuré de notre profonde reconnaissance.HISTORIQUE
Lescontusions du testicule, connues
de tout temps, n'ont
été étudiées que
dans
cesdernières années. La sensibilité
particulière de
ces organess'exagérant au moindre choc, la
fréquence
de
cescontusions, la perte de l'importante fonc¬
tionde la
génération et les désordres survenant dans l'orga¬
nisme entier
après l'atrophie des testicules devaient forcé¬
ment attirer l'attention des
observateurs.
Hérodote, en
parlant des Scythes et des Tartares, raconte
qu'il
existe parmi
euxbeaucoup d'hommes impuissants qui se
condamnent aux travaux
des femmes,
secomportent abso¬
lument comme elles et en
imitent même la voix et le lan¬
gage;on
les appelle efféminés ; Ilippocrate cherche ensuite
quelles
peuvent être les causes de cette maladie :« L'habi¬
tuded'être achevai,
dit-il, et d'avoir
sanscesse les extrémités
inférieures
pendantes, leur occasionne des fluxions chroni-
quesautour
des parties génitales ». Plus loin, le même auteur
déclare denouveau à
plusieurs reprises que l'équitationseule
lui
parait être la
causede
«cette maladie qui afflige les Scy-
tlieset lesassimiled'une
manière particulière aux eunuques.
Elle n'attaque en
effet
queles hommes les plus puissants par
leur fortune et parleur
noblesse, précisément à cause de
l'équitation continuelle. Les pauvres et ceux de la dernière
classe du
peuple
ysont moins exposés, par cela même qu'ils
ne vont point
à cheval
».En
unautre passage, Ilippocrate
ajoute encore : «
Et ce n'est pas seulement chez les Scythes
que
l'équitation produit ces maux ; partout où cet exercice
— 10 —
est une occupation journalière, on trouve
beaucoup
de per¬sonnes sujettes aux fluxions
chroniques
des parties géni¬tales, à la sciatique, à la podagre et inhabiles aux plaisirs de
l'amour». Il faut dire que tous ces passages n'ont pas été
interprétés
de la même façon par tous les auteurs ; et cette perte de la virilité, cette maladie féminine, a étéconsidérée par les uns comme une maladiehypochondriaque
; d'autresl'ont assimilée à la syphilis; plusieurs commentateurs
d'Hip-
pocrate ont cru qu'il ne s'agissait là que d'un vice assezfréquentchez les Scythes. Néanmoins, sion pense que l'abus
del'équitationétaitconsidéré
danscesouvrages commecause■ déterminante de la maladie et si onveut bien partager l'avis
_ des plus habiles commentateurs des livres hippocratiques,
Galien etHesychius, il semble bien démontré qu'IIippocrate
faisait allusion à ces orchites qui s'observent à la suite de l'exercice du cheval.
Nous'voyons
que les plus anciens auteurs non seulement connaissaient l'étiologie deLorcliite traumatique, mais aussi l'avaient soupçonnée de produire les plus graves désordres dans l'économie.La question d'ailleursen resta là pendant fort longtemps; les rapports de l'orchite
traumatique
et del'atrophie
se con¬firmaient seulement de plus en plus, et nous voyons A.Paré comparant les victimes de cesaccidents aux aeunuques et chastrezqui dégénèrentennature féminine en signe de quoi ils n'ont point debarbe, leur voix change, le courage leur- fait défaut, deviennent timides et honteux ; bref sont inha¬
biles à plusieurs bonnes actions humaines et n'est leur vie que misérable. »
Bedor, chirurgien à Troyes, donne une observation de gynécomastie, survenue après atrophie
testiculaire,
dans le Journal de Boyer, 1812 : « On ignore, dit-il, les causes de cesanomalies,maison saitseulement quecesécartsde la nature, où les sexes semblent faire échange de«certains attributs,
sont
toujours
accompagnés de circonstancespréjudiciables
à
l'importante
fonction de lareproduction«.Pour lui, ledéve-— 11 —
loppement des mamelles
atoujours lieu chez des indivi¬
dus à tempérament
lymphatique.
Horteloup, dans sa
thèse d'agrégation
surles tumeurs du
sein, prétendque
si la gynécomastie survient à la suite d'une
atrophie
testiculaire due à
uneorchite, il n'y faut voir autre
chose qu'un
trouble général de l'économie avec infiltration
graisseuse;
il nie l'influence de l'atrophie testiculaire.
D'après Geoffroy Saint-Hilaire il
y adans le développement
des seins et des testicules, un antagonisme
réel. Lorsque
les uns se développent,
les autres s'atrophient, c'est-à-dire
qu'il y en a
de primitifs
outransitoires et de secondaires ou
définitifs. Lambert
(■*), dans
sathèse, arrive aussi à ces con¬
clusions.
Cette terminaison par
atrophie et
cesfâcheuses consé¬
quences
de l'orchite traumatique ont encore été signalées
dansles thèses de Dumont
(Paris 1830), de Morlot (Paris 1881)
et d'Esquiba
(Montpellier 1884).
Quantaux lésions
déterminées dans le parenchyme testi¬
culaire, elles n'ont
été étudiées
quedans
cesdernières
années. Seules certaines
manifestations de la contusion
avaient été
signalées;
noustrouvons,
eneffet, depuis Fabrice
d'Aquapendente
de nombreuses discussions sur les épanche-
ments survenant dans le
parenchyme testiculaire entouré
deson albuginée,par
suite de contusions
;tous ces auteurs
n'admettent pas
l'existence de l'hématome intra-testiculaire
et parmi eux on
trouve
:Bell, Jourdan, Samuel Cooper,
Cloquet, Boyer ;
les autres, Jean-Louis Petit, Pott, Richter,
Béraud, admettent son
existence, mais expliquent sa pro¬
ductiondedifférentesfaçons; nousavons
trouvé réunies dans
le travail de Bayon sur«
l'Hématome intra-testiculaire » les
diverses opinions
de
cesauteurs. La thèse de Baseil sur
«l'Hématome du scrotum •» nous
explique le modedeproduc-
tion des
épanchements sanguins qui ont lieu dans les cas de
rupture
de l'albuginée.
(i) Lambert, thèse
Paris, 1878.
— 12 —
Astley Gooper
(1837), Curling
(1857),enAngleterre, etMonod et Terrillon(1889)
en France, ont laissé trois ouvrages oùtoutes les affections du testicule sont passées en revue. En 1881, ces derniers auteurs avaient déjà fait à la Société de Chirurgie une communication des résultats de leurs expéri¬
mentations et avaient déterminé les différents degrés de la contusion. Mais, avant eux, en 1879, M. Rigal avait déter¬
miné
expérimentalement
les lésions dues aux fortes contu¬sions, et, suivant pas à pasle processus inflammatoire déter¬
miné dans le testicule, avait montréque l'atrophie était la terminaison habituelle de Forchite traumatique.
Avec les travaux de Cruveilhier, de Gosselin et Curling, Pitha et Bilroth, Rindfleiscli, Gornil et Ranvier, l'anatomie
pathologique
des contusions testiculaires se trouva consti¬tuée.
L'étude clinique était un peu délaissée ; seuls certains points relatifs à la pathogénie avaient soulevéquelques dis¬
cussions après les réflexions de Soulé surles orchites indi¬
rectes dans le Journal de médecine de Bordeaux en 1846. et nous voyons plus tard (1877) paraître la thèse de Delome, inspirée parDuplay, où l'auteur prétend que toutes ces sor¬
tes d'orchite ont leur origine ailleurs et qu'on reconnaît faci¬
lement par un examen minutieux.
Nous verrons que Duplay lui-même changea plus tard ses idées àce sujet etce qu'on en pense aujourd'hui.
Tel est l'état actuel dela question. Nous avonsvoulu coor¬
donner toutes les données anatomo-pathologiques détermi¬
nées expérimentalement par les différentsauteurs; complé¬
ter ces données par uneétude clinique basée sur lesdiverses observations rapportées par les auteurs et celles que nous avons pu étudier nous-même, et par quelques considéra¬
tions sur les divers troubles dont peut être frappé l'orga¬
nisme à la suite de la perte des testicules.
Le plan de notre travail est ainsi tout tracé ; nous le divi¬
sons en cinq chapitres.
Dans le Chapitre I consacré à l'étude anatomo-pathologi-
que nous
énumérons les différentes lésions déterminées
par
chaque degré de la contusion et les différents modes de
réaction du testicule.
Dans le Chapitre
II, consacré à l'étude clinique, nous étu¬
dions successivement
l'étiologie, la symptomalogie, le diag¬
nostic et le
pronostic des contusions du testicule en géné¬
ral.
Le Chapitre
III traite des conséquences de l'atrophie du
testicule et des rapports
de
cesconséquences avec l'âge du
sujet.
Le Chapitre IV
renferme
nosobservations.
LeChapitre V,
le traitement.
CHAPITRE PREMIER
Etude
anatomo-pathologique.
I
Avant d'énumérer les lésions qu'un traumatisme peut déterminer dans un testicule, nous dirons que nous lais¬
sons complètement de côté tous les cas où le sujet est sus¬
pect tantau point de vue de ses organes génito-urinaires qu'au point de vue de son état général. Nous nous expli¬
quons.
C'est un fait bien établi que la
plupart
des malades qui viennent consulter pour une affection de leurs testicules attribuent tout leur mal à un choc, à un effort, en un motau traumatisme. Souvent ilsontraison et il y a euréellement traumatisme ;mais les trois quarts du temps lacontusion n'a été que la cause occasionnelle. Le point de
départ,
la causeprimitive doit être recherchée ailleurs. Nous voyons parlà qu'il y a lieu chaque fois de recourir à un examen appro¬
fondi sous peine de faire une grosse erreur de diagnostic.
Dans cet examen, le médecin devra porter ses
investiga¬
tions: 1° du côté des organesvoisins, étudier les antécédents du malade au point de vuedeson urèthre, de sa vessie, de
sa prostate, de tous les organes, en un mot, dont l'infection pourrait se transmettre parpropagation au testicule; 2° en¬
fin, pour
compléter l'examen,
il devra s'assurer de l'étatgénéral du sujet et
passer en revueses antécédents, princi¬
palement
aupoint de
vuede la syphilis, de la tuberculose et
du cancer.
Nous savons, en effet,
d'après les travaux de Verneuil, de
Kocher, que
l'existence dans le testicule, même à l'état latent,
de l'une de cesaffections,fait de
l'organe
unlieu de moindre
résistance. Oncomprend
facilement
quedans
cesconditions
le moindre chocpeut
avoir les conséquences les plus
graves,et il existe dans la science descas avérés
dans lesquels des
violences extérieures,des coups portés sur
le.testicule ont
marqué ledébut et
sansdoute provoqué l'apparition d'une
orchite
syphilitique
oud'une
gomme.Le syphilome, suivant
la loi établiepar
Verneuil,
seporte donc
surl'organe parce
que
celui-ci était déjà malade et constituait un lieu de moin¬
dre résistance; de
même
uneinflammation de
causetrau-
matique pourra,
chez
untuberculeux, déterminer une pous¬
séede tubercules.
L'état de congestion
entretenue dans le testicule
parles
excès vénériens,parla
masturbation, est
unecausede même
ordre etbien mise en
lumière
parFournier, qui dit avoir
vu le sarcocèle « succédermanifestement à
unvéritable
surme¬nage
testiculaire, à des prouesses érotiques immodérées. »
Cette
digression,
un peulongue peut-être, nous a paru
nécessaireà cause de
l'importance de la question; elle sort
du cadre de notre
sujet et mérite d'ailleurs,
parl'intérêt qu'elle présente, d'être l'objet d'une étude spéciale.
Revenons donc au
testicule normal et
voyonscomment
ce testicule vasecomporter lorsqu'il
auraété soumis à une
contusion.
Monod etTerrillon, dans
leur Traité cles maladies du testi¬
cule etde ses annexes,
divisent les
casde contusion en trois
degréssans
parler des cas où le traumatisme ne détermine
que
de la douleur sans aucune lésion immédiate ou consé¬
cutive.
Dans le
premier degré, qui nécessite déjà un traumatisme
assez violent et la
fixation du testicule,
ontrouve dans cet
_ 10 —
organe des
hémorrhagies
capillaires disséminées, siégeantsurtout dans les travées conjonctives, sans altérations gra¬
ves des tubuli. Les lésions sont les mêmes dans
l'épidi-
dyme où lestubes sont en outre un peu avariés à cause de leur volume et de la moindre quantité de tissu cellulairequi les sépare.
Le seconddegré,qui nécessite une force considérable, con¬
siste dans la production de petits foyers
hémorrhagiques
dans le testicule, sans rupture de l'albuginée, et dans une dilacération des tubes.
Au microscope, on constate qu'au niveau de ces petits foyers
hémorrhagiques
les tubes sont dilacérés et mélangésà d'abondantsglobules rouges.
Monod et Terri lion n'admettent pas l'existence deces gros
foyers apoplectiques que les auteurs désignent sousle nom d'hématocèle intra-testiculaire. Ils ont fait de nombreuses expériences consistant en traumatismes violents (coups de
maillet) exercés
sur des testicules de chien qu'ils fixaient préalablement avec des pinces; dans ces conditions ils ont obtenu un épanchement sanguin, mais toujours avec rup¬ture de l'albuginée.
Cooper, Bel, Jourdan,
Cloquet,
Boyer nient également l'existence del'hématome intra-testiculaire.Pourquelques-uns de ces auteurs, le sang que l'on trouve dans le parenchyme testiculaire serait dû à des productions variqueuses: les autres soutiennent qu'il s'agit là de
foyers
sanguins développés dansdes tumeurs néoplasiques.Tous les auteurs ne nient cependant pas l'existence de l'hématocèle intra-testiculaire.
Fabrice
d'Aquapendente
semble en avoir rapporté la pre¬mière observation quand il parle desang s'amassant sous la tunique qui
enveloppe
immédiatementle testicule.Aprèslui Jean-Louis Petit, Pott, Richter, Béraud, Bayon en ont également admis l'existence.
Pour Béraud, la production de ces tumeurs sanguines
s'expliquerait grâce à
unedisposition particulière
des vais-seaux de l'albuginée. « Coupez,
dit-il,
entravers l'albuginée,
vousverrez à sa surface
profonde
unecouche vasculaire
formée par
des artères et des veines en très grand nombre.
Ces artères etces veines
sont
commesculptées
surla face profonde de l'albuginée et offrent une disposition qui rap¬
pelle celle des sinus de la dure-mère. Qu'y a-t-il d'étonnant
après cela qu'une forte contusion de la glande ne déchire les
vaisseaux qui vont se
répandre dans le parenchyme glan¬
dulaire, et ne
produise ainsi
unecollection de sang plus ou
moinsabondante? »
Pour Rayon les
raisons tirées de la disposition anatomique
des vaisseaux de
l'albuginée, et alléguées
parBéraud, sont
fausses. En effet ces vaisseaux
ont leurs parois
propreset
par
conséquent là où ils sont renforcés par la présence de la
tunique
albuginée, les doublant en partie ou en totalité, ils
ont bien moins de chances
de
se rompre.Cette rupture peut cependant
sefaire et, dans ce cas, grâce à la disposition de
cesvaisseaux,
l'hémorrhagie est très considérable. Mais en général
ce nesont
pasces vaisseaux qui sont la source de
l'épanchement sanguin
:ce sont les vaisseaux qui se distri¬
buentà la substance
séminifère et
ceuxqui des cloisons
interlobairesvontau
parenchyme
; cesvaisseaux, plus fra¬
giles et
n'étant
passoutenus, peuvent très bien se rompre
sous l'influence d'un
traumatisme violent et donner issue à
un amas de sang
considérable.
Dans le troisième
degré, l'albuginée est rompue sur une
étendue plus ou
moins variable ; et la vaginale est remplie
par une
hémo'rrhagie abondante et l'issue d'un certain nom¬
bre de tubes. Dans ce cas on
voit presque toujours d'impor¬
tantsamas
sanguins qui peuvent occuper non seulement la
substance
glandulaire mais aussi la tunique vaginale et les
enveloppes
du scrotum; c'est même là, d'après Bayon, l'un
desmodes, rare
il est vrai, de la production de l'hématocèle
du scrotum.
Quant à Monod etTerrillon ils sont d'avis que ce
n'estque
dans le cas de rupture de l'albuginée qu'a lieu la
production de l'hématocèle vraie du testicule ou hématocèle
Quesseveur
intra-testiculaire ; pour eux
il faudrait attribuer
cesénormes épanchements de
sangà la rupture des vaisseaux de l'albu-
ginée. Dans tousles
cas cetterupture de l'albuginée
exigeune force considérablequi,
d'après
les expériences de Monod et Terrillonsur des chiens, a été évaluée à 50 kilogrammes.L'épididyme,
peurésistant, n'est jamais
rompu.Il
asubi
cependantdes altérations profondes,
setraduisant à l'œil
nu par laprésence de véritables foyers sanguins,
quel'on
ren¬contre surtout vers la têtedel'organe.
II. Terminaisons
Sous l'influence du traumatisme et des lésions anatomi- ques qu'il
détermine
dansle
parenchyme testiculaire et que nous venons de passer en revue,il
se passe dans le testi¬cule desphénomènes
inflammatoires
qui,d'après
lesauteurs, auraient trois modes de terminaison:1° La résolution ; 2° La
suppuration
; 3° L'atrophie.Hâtons-nous de dire avec ceux qui se sont occupés
de la
question que larésolution
etla suppuration
se rencontrent très rarement et que la terminaison habituelle, pour ne pas dire fatale de l'orchite traumatique,est l'atrophie.a) Terminaison
parrésolution.
—Bien
que rare, elle ne serait pasimpossible d'après les
auteurs. Dans ce cas la congestion etladouleur de l'organe disparaissent
rapide¬mentet au bout de quelques jours il ne reste plus trace de
la lésion. L'épididyme reste parfois légèrement induré, ou bien encore la surface du testicule, en raison des adhérences de la vaginale, semble inégale etcomme rugueuse-. Maisces
points sont
négligeables,
carils n'ont
aucune conséquence sérieuse(Monod etTerrillon).
b)
Terminaison
parsuppuration.
— Ce mode de termi¬naison serait beaucoup plus fréquent,
d'après
Monod et_ 19 _
Terrillon; pour
d'autres auteurs la suppuration serait aussi
rareque
la résolution; enfin
on aprétendu également qu'elle
n'existaitpas et que
dans le
casoù
onl'avait observée, il
s'agissait soit
de tuberculose suppurée, soit de gommes syphilitiques;
pour cesderniers, il faudrait une solution de
continuité des enveloppes pour
permettre
auxagents
pyo- gènesd'arriver jusqu'au testicule. C'est là une des théories
pathogéniques de la suppuration ; mais il en est d'autres.
« Les éléments cellulairesdu pus
dérivent d'une part des leu¬
cocytes par
diapédèse et d'autre part de la prolifération des
éléments
embryonnaires du tissu préexistant. L'exsudat liquide provient du sang et de la lymphe modifiés par des
phénomènes osmotiques qui se passent dans les divers tis¬
sus. L'accumulationdes
leucocytes
enfoyer, leurs modifica¬
tions nutritives sont dues
à des actions irritantes d'origine
ou mécanique,ou
chimique,
ouspécifique 0
».La vieillesse, les
excès de toutes sortes,
en unmot toutes
les causes qui
peuvent mettre l'organisme dans un état
d'inférioritémanifeste
prédisposent
auxsuppurations. Aussi
sera-cechez ces
sujets
quel'on trouvera le plus souvent •
cette terminaison de
l'orchite traumatique. Gosselin rap¬
porte un cas
bien typique étudié par M. Rémy.
Obs. —Ils'agit d'un
officier anglais, brun, de haute taille, offrant
lescaractères extérieursd'une
bonne santé et n'ayant ni blennorrhagie,
ni
syphilis. Mais
venu enFrance pour y passer quelques mois il s'y
était adonne à toutes espèces
de plaisirs. Il
semanifesta chez lui des
accidents d'hémophilie
après l'opération qu'il dut subir ; mais jusqu'à
présent
il n'en avait
euaucun signe.
Versles
premiers jours de novembre 1878, il reçut, pendant l'exer¬
ciceducheval,une
contusion du testicule, laquelle fut suivie d'orchite.
Lavaginalese
remplit de liquide et au bout de dix jours il fallut en
pratiquer
l'ouverture
;il sortit du pus. Le testicule put alors être
explorépar
l'œil, le doigt et la pression. Il était augmenté de volume.
(9 Coyne,
Traité élémentaire cl'anatomie pathologique,
— 20 —
Dixjours après on
vit sortir du
pus par uneouverture spontanée de la
vaginale etde
l'albuginéé, puis
cetteouverture s'agrandit et laissa
sor¬tirunbourgeon, qui grandit
malgré
tousles efforts du chirurgien
et se fitjour audehorsparl'ouverture fistuleuse des bourses. Ce bourgeon
ne tarda pas àprendre
la forme d'un champignon. Il semblait dans les
premiersjours
composé de substance testiculaire, du moins
onpouvait
en tirer de longs filamentsressemblant auxtubes
séminifères
àl'oeil
nu.Ce bourgeon ayant pris des
proportions de plus
enplus considérables
futréséqué et envoyé à notre examen.
C'est alors
quele malade fut
pris d'hémorrhagiës presqueincoercibles qui révélèrent
unevéritable
diathèse hémophilique. Enfin, après quelques semaines,
il fallut faire
une ablation complète de la portion restantedu
testicule,
etla guérison
fut parfaite.
M. Rérny,
après
un examenminutieux de la pièce, put éta¬
blir queles
lésions franchement inflammatoires n'offraient
aucunement lescaractères d'une affection diathésique, tuber¬
culeuse ou
syphilitique.
L'ôrcliite avait surtoutété interstitielle, comme dans toute orchite traumatique succédant à une contusion. La prolifé¬
ration du tissu cellulaire interposé avait
amené
la nécrose destubes. Ceux-ci au lieu de disparaître par voie de résorp¬tion lente
(atrophie) s'étaient éliminés à
travers uneperfo¬
ration de l'albuginéé, et
s'étaient
étalés comme un champi¬gnon à la surface du
testicule, formant
aussi une masse gri¬sâtre constituée parla substance testiculaire.
Nousne ferons que mentionner cette complication de
l'or-
chitetraumatique ; elle n'a lieu que dans les cas de suppu¬
ration ; c'est dire combien
elle
est raredans les
casde
contu¬sion du testicule. C'est Callisen qui le premier, vers 1800,
donna le nom de
fongus à
cesexcroissances qui
ens'étalant
sur le testicule arrivent parfois à l'englober presque en entier. Mais pour
Callisen le fongus
était purementsuperfi¬
ciel, dérivant toujours de la tunique
albuginée
ou de la tuni¬quevaginale et n'atteignant
jamais le parenchyme testicu¬
laire.
- 21 —
En 1807,
Samuel Cooper et à sa suite Lawrence, Astley
Cooper,
Jarjavay (*), Hennequin (2) reconnurent que le point
de départ
pouvait être situé plus profondément, au sein
même de la
glande. Mais tous n'étaient pas d'accord sur le
contenu de ce fongus
profond. Pour les uns ce serait la subs¬
tance
glandulaire elle-même, d'où le nom de fongus glandu¬
laire que ces
auteurs lui donnèrent (Lawrence, Jarjavay,
Hennequin)
; pourles autres (Astley Cooper, Reclus) le fon¬
gus
profond
sedévelopperait presque toujours aux dépens
de la face interne
et bourgeonnante d'un abcès ou d'une
gomme
et
necontiendrait que très rarement des tubes testi-
culaires.
L'analyse
détaillée de l'observation de M. Remy et surtout
l'étude
microscopique qui
aété faite de la pièce ne permettent
plus
de mettre en doute la possibilité du fongus glandulaire.
Nousy trouvons
réunies toutes les conditions nécessaires à
sa
production
:l'ouverture de l'albuginée, l'inflammation in¬
tense du
parenchyme et son augmentation de volume due à
la
prolifération du tissu cellulaire.
Ceprocessus
pathologique, lent et progressif, n'a rien de
commun avec ceque
l'on
aappelé la fonte du testicule, affec¬
tion
passagère et à marche rapide.
Nousdirons
également tout de suite que ce fongus glandu¬
laire, bien que
nécessitant quelquefois pour guérir la castra¬
tion, ne
compromet nullement la vie du malade; aussi le
fait-on entrer dans
la catégorie des fongus bénins, les fon¬
gus
malins
sedéveloppant sur des tumeurs malignes du tes¬
ticule.
c)
Terminaison par atrophie.
—Diverses opinions ont
étéémises par
les auteurs pour expliquer la marche du pro¬
cessus
inflammatoire; cette divergence des opinions s'expli¬
quepar
la difficulté où l'on se trouve desuivreles différentes
phases
évolutives de l'orchite traumatique.
(•)Jarjavay,
Archives générales de médecine, juin 1819.
(2).Hennequin,
Thèse de Paris, 1865.
Cruveilhier : « Dans
l'atrophie
des glandes par contusion,c'est la paroi propre de substance fondamentale qui
dispa¬
raît de prime abord, soit dans toute l'étendue du tube glan¬
dulaire, soitparplaces;
l'épithélium
ne disparaît que plus tard; souvent lescelluless'hypertrophient
isolément, devien¬nent granuleuses; dans certains cas, la cavité du tube glan¬
dulaire qui s'atrophie se remplit d'un contenu granuleux solidequi persiste plus ou moins
longtemps après l'atrophie
de laparoi. Je suis porté à croire que les canauxséminifères peuvent subir la même transformation. »
Gosselin etCurling: Poureux il se forme, dans le tissu in- tertubulaire, un exsudât de
lymphe plastique
qui se trans¬forme en unesubstance fibreuse et
blanchâtre,
tandis que les tubes remplis de corpuscules jaunes passent à l'état de cordons pleins.Pitiia et Bilroth :
D'après
eux,ily a une infiltration inters¬titielle à
laquelle
participe la paroi des canalicules en même temps que s'effectue ladisparition
granulo-graisseuse des cellules séminifères et celle des tubes spermatiques.Rindfleiscii dit que la prolifération conjonctive est le fait primitif et détermine la dégénérescencedes parties du tissu testiculairequ'elleenvironne.
Cornil et Ranvier : Il est probable quele testicule, dans l'orchite
traumatique, présente
une inflammation œdéma¬teuse deson tissu conjonctifavec toutes lesconséquences de cet état, c'est-à-dire l'irritation des cellules du tissu conjonc¬
tif etl'inflammation de ses canaux
lymphatiques.
Reclus: Dansl'orchite traumatique, les tubes séminifères sont seuls atteints; leurs lésions consistent en une hyper¬
trophie de la tunique interne avec atrophie de
l'épithélium
et
disparition
de la cavité; ce n'est pas une sclérose intersti¬tielle, maisune sclérose
parencliymateuse
ayant pour siègele tube séminifère lui-même.
Del'ensemble de ces travaux, il se dégage un fait précis, bien apprécié, c'est l'atrophie de l'organeparl'obstruction et l'effacement des conduits sous uneorganisation fibreuse. Ce
— 23 —
qui
est moins clair, ce qui laisse à désirer dans la descrip¬
tion, ce sont les
phases successives de ce processus qui
aboutità la
constitution définitive de cette trame envahis¬
sante.
Pourcombler cettelacune,
M. Rigal
aexpérimenté sur des
ratset des cobayes;
il
aété obligé, afin de déterminer une
lésion constante et
toujours appréciable, de produire sur le
testicule une contusion
amenant la rupture de l'albuginée.
Toutes les fois,
l'atrophie
aété la conséquence de ses con¬
tusionset, pour
déterminer l'évolution atrophique du testi¬
cule, il a
divisé
entrois phases la marche du processus in¬
flammatoire. Nous donnons
ici le résumé de ses expérimen¬
tations.
Premierstade. — Rupture
de l'albuginée; diminution de
volume et flaccidité de l'organe,
hémorrhagie,- diminution
ducalibredestubes et
phénomènes réactionnels; destruction
de
l'épithélium et des éléments* spermatiques, obstruction
desconduits par
prolifération d'éléments ronds de même
diamètre, infiltration
oedémateuse du tissu conjonctif et for¬
mation de larges
vacuoles remplies d'une matière granu¬
leuse.
Deuxièmestade. —
Réapparition de l'organe, qui devient
perceptible
autoucher. Sa perte de poids, sa diminution de
volume, la
dégénérescence granulo-graisseuse de l'épithé¬
lium, le débutde
l'organisation de la trame fibreuse autour
dela paroi
primitive et la résorption en train de s'effectuer.
Troisièmestade. —
Atrophie définitive, adhérences aux
parties
voisines, formation de blocs réfringents et dispari¬
tion complète
des tubes.
Des recherches
expérimentales de M. Rigal, il résulte que
la réaction
inflammatoire commence par les conduits sémi-
nifères dontla
lumière est envahie par de nombreux élé¬
mentsronds
provenant de la périphérie des tubes; ces élé¬
ments ronds
semblent dériver de la paroi par un renouvel¬
lement
incessant et,
parune poussée concentrique, être
amenésvers l'axe
du canalicule et soumis à une dégénéres¬
cence
progressive.
« A ce travail, qui constitue la
première
phase de destruc¬tion, succède, à un intervalle de temps toujours appréciable, l'organisation de la trame fibreuse. On voit tout d'abord le tissus'organiser autour des conduits et lui former des cou¬
ches successives de revêtement. L'examen direct, puis l'ob¬
servation des espaces primitivement remplis de matière fibrineuse, successivement envahis, en fournissent la dé¬
monstration; 011 voit ces espaces clairssur les coupes longi¬
tudinales et transversales être sensiblement comblés par les
traînées de fibres connectives. Parallèlement à cette néofor¬
mation, les exsudats sont déversés dans les espaceslympha¬
tiques devenus de vastes lacunes et sont repris par les lymphatiques, pendantque les globules blancs sechargent
de matériaux pigmentaires provenant de la
désagrégation
des caillots.
»
LescellulesinterstitiellesdeWaldeyer,
dontlasignificationn'est pas encore connue, prennent part elles-mêmes à la ré¬
sorption. Dès que leurarrangement au voisinage des vais¬
seaux se trouvebouleversé et détruit, elles
s'hypertrophient,
deviennent granuleuses etse chargent, comme les éléments
lymphatiques,
de pigment sanguin...» Finalement, la sclérose envahit tout le parenchymeet la glande finitpar disparaître sous le retrait de cette gangue interstitielle. »
CHAPITRE II
Etude
clinique
I. Etiologie.
Le testicule, grâce
à
sonextrême mobilité au milieu des
diverses enveloppes
qui l'entourent, échappe souvent aux
nombreux traumastismes
qui frappent la région des bourses.
Les plaies par
instruments piquants, les plaies par instru¬
ments tranchants, les
plaies contuses ou les lacérations par
armes à feu sont
relativement
rares ;Chenu, dans ses rap¬
ports
surles campagnes d'Orient et d'Italie, n'aobservé qu'un
nombre très restreint
de plaies du testicule; pour la cam¬
pagne
d'Orient il cite 11 cas, tous terminés par guérison,
6 fois avec perte de
l'organe, 4- fois avec atrophie ; pour la
campagne
d'Italie il put observer 13 fois des plaies du testi¬
cule; la
guérison fut encore constante, 8 fois avec perte de
l'organe, 3
fois
avecatrophie.
La contusion estbeaucoup
plus fréquente et cela se com¬
prend
facilement si
onsonge à la position qu'occupent les
testicules etaux
frottements incessants auxquels ils sont
soumis. Cette fréquence sera
encore plus prononcée chez les
individus qui par
goût
ouparmétier exposent cette région à
des
traumatismes-continuels
:tels sont les cavaliers, les
amateurs de bicyclette,
etc.
Pour que
la contusion détermine son maximum d'effet, il
— 26 —
fautd'abord un traumatisme assezviolent, et ensuite que le
testicule soit arrêté dans son mouvement deglissement. Le plus souvent c'est le pubis qui constitue cette
barrière
; quant auxviolences extérieures, elles peuventvenir
:1° De bas en haut (coups de pied, coups de genou,
etc.)
; ces faits ne sont pas rares dans les rixes ; les conséquencessont en général très graves sion songe que souvent les héros
de ces luttes brutales portent des sabots dont
l'extrémité
est assez large pour intéresser les deux testicules à la fois;
2° De hauten bas :ce sont les chutes à califourchonsur un
objet présentant un certain volume ; les testicules viennent buter contre le pubis ou seglissentsouslepérinée. M.Barthé¬
lémy,
dans les Arçhives de Médecine navale de 1865, par¬lant des chutes tragiques dont les matelots sont souvent vic¬
times, s'exprime ainsi : « Si le corps sur lequel la chute s'ef¬
fectue est au contraire à surface large, une vergue par
exemple, le testicule pourra être comprimé, contusionné
contre le pubiseton verra survenir l'infiltration sanguinedu
scrotum et l'une des variétés d'hématocèles décrites par les
auteurs ». De pareils faits se présentent chez les cavaliers et les bicyclistes et je ne sais plus quel auteur
prétendait
que tout cavalier devrait être muni d'un suspensoir. Quant auxbicyclistes voici ce qu'en ditMme Brès dans \a Revue
d'Hy¬
giène
de 1894 : «La bicyclette congestionne plusou moins les organes génito-urinaires ; cette congestion, sans influencefâcheuse chez les adultes, peut n'être pas sansinconvénients
chez les enfants deonze à seize ans aumoment de l'évolution et de la formation des organes génitaux. »
3°Enfin les testicules peuvent être surpris dans un rappro¬
chement brusque des cuisses, dans l'action de croiser les jambes avec une certaine force etsans précaution,quand les
testicules sontpendants. On peut mettre dans la même caté¬
gorie les meurtrissures que subissent les testicules et leurs enveloppes dans les morsures de cheval, les pincements.
4° Une contraction
brusque'du
crémaster déterminée par uneffort violent ou unevive émotion peut aussiproduireune— 27 —
contusion du testicule. Dans ce cas
le testicule soulevé heurte
le
pubis
;il
seproduit ainsi fréquemment une orcliite par con¬
tusion qui, pour
Tillaux,ne diffère
enrien de l'orchite due à
l'unedescausesquenousavons
énoncées plus haut. Terrillon
(.Annales des maladies des voies génito-urinaires 1885) com¬
plète cette pathogénie
;le testicule entraîné par le crémaster
ne vient pas
s'écraser contre le pubis mais plutôt s'étrangler
dansle
pédicule des bourses
;trop à l'étroit il s'y enflamme,
et l'auteur cite le casd'un
homme qui
ensoulevant une barre
de fer ressentit une douleur
syncopale dans la glande gau¬
che; celle-ci
s'enflamma, resta pincée à la racine des bourses,
et s'atrophia.
On voit que
cette orchite
nediffère en rien par sonétiologie
decelleque
produisent les violences extérieures. Néanmoins
on lui a donné un nom
spécial et, bien plus, à certains
moments on acontesté son
existence.
C'est Soulé, de
Bordeaux, qui, le premier, dans ses Ré¬
flexions
surles orchiles, admit deux formes d'orchite trau-
matique :
l'orchite directe due à un traumatisme s'exerçant
sur le testicule même;
l'orchite indirecte, qu'il attribuait à
des tiraillements sur
le cordon. Velpeau, épousant les idées
de Soulé, fitde
l'orchite indirecte l'orchite par effort.
Rouxet Nélaton
admirent l'idée de Velpeau.
Mais, en 1876,
Duplay soumit l'orchite par effort à une cri¬
tique
fort vive et,
en1877, son élève Delome publiait sa thèse
sur «
l'Orchi-Epididymite prétendue par effort » et soutenait
que
cette inflammation de la glande aurait comme origine
une lésion méconnue
du canal, une uréthrite profonde, un
état
sub-inflammatoire du col vésical ou de la prostate, une
cystite
latente,
unexcès de coït, la masturbation, une conti¬
nencetrop
austère, des érections prolongées sans éjacula-
tion. Que
dans l'un de ces états se fasse un effort, petit ou
grand,
il deviendra responsable de l'orchite, que légitime
cependant à elle toute seule la congestion de l'urèthre ou de
la vessie.
Jamais
cependant
sonexistence ne fut absolument niée.
— 28 —
Duplay,
lui-même, revint sur ce qu'il y avait de trop absolu.Depuis Schwartz, Monod et Terrillon l'admettent ; Castex, Annales des maladies des organes
génito-urinaires,
1851, en signale un cas intéressant.Il est bien entendu que cette susceptibilité contractile du crémaster n'est pas aussi prononcée chez les individus d'un certain âge ou fatigués d'une
façon
quelconque que chez unadolescent, voire même un adulte bien conservé; c'est une loi générale de la physiologie que la contractilité muscu¬
laire s'émousse sous l'influence de l'âge, ou de toute autre
cause amenant un ralentissement de la nutrition. D'ailleurs,
ce défautde tonicité du crémaster se manifeste extérieure¬
ment chez les individus d'un certain âge; chez eux, en effet, les testicules sont fortement descendus entre les cuisses et la peau du scrotum est
complètement
lisse:phénomène
uniquement dû à la perte de l'élasticité delà couche mus¬culaire desenveloppes scrotaies et particulièrementdu dar- tos et du crémaster.
Il y a donc là pour les jeunessujets une cause
particulière
de contusion du testicule ; si onajoute à cela que la glande
est en pleine période d'activité ou mieux en période d'évolu¬
tion, on comprendra facilement que la réaction sera plus
fortechez un jeune hommeque chez un vieillard. C'est là, à notre avis, la vraie cause de la plus grande fréquence
chez les adolescents que chez les adultes de l'orchite trau- matique et par suite de
l'atrophie
testiculaire ; puisque,comme nous le montronsplus loin, la terminaison habituelle de l'orchite traumatique est
l'atrophie.
II. Symptomatologie
Quel que soit le mode de production de la contusion du testicule, le traumatisme est suivi d'un certainnombre de phénomènes qui font rarementdéfaut; toutd'abordune dou¬
leur très vive, spéciale,
déterminant
souvent une syncope,— 29 —
quelquefois-même la mort, par suite d'une sorte de sidéra-
tion du
système
nerveux.Curling et Kocher en ont rapporté
chacun un cas. Dans
le premier
casil s'agissait d'un homme
bien
portant qui
sebattait dans l'obscurité; soudain il
pousseun
cri, tombe en convulsion et meurt au bout de cinq
minutes; on ne
trouva à l'autopsie qu'une rupture des deux
artères et des deux
veines spermatiques au niveau des an¬
neauxinguinaux
internes
;le scrotum et les testicules avaient
été arrachés parun
des adversaires.
Dansle cas de
Kocher, il s'agissait d'une contusion par
morsure decheval.
La douleur s'irradie
dans le cordon et va se perdre dans
les lombes; le
blessé est pâle, a des sueurs froides, quelque¬
fois même des
vomissements; le pouls est petit et misérable;
tousles
symptômes enfin d'une dépression profonde. La po¬
sition dumalade
est caractéristique; il se penche en avant,
porte ses
mains à ses testicules pour les soutenir et tâcher
d'éviter la douleur.
•Ces
symptômes font rarement défaut et sont toujours faci¬
lement
appréciables
:mais souvent il est difficile de procéder
à un examendirect
du testicule et cela à cause de l'épanche-
ment desang
qui
sefait presque toujours dans le scrotum et
qui
quelquefois est tellement considérable, qu'il est impos¬
sible desentir les
testicules.
D'ailleurs, nous ne
donnons ici que les symptômes géné¬
raux, ayant
déjà fait pour chaque degré de la contusion le
tableau des
phénomènes qui caractérisent chaque cas par¬
ticulier.
III. DIAGNOSTIC
D'une manière
générale, il est facile de faire le diagnostic
decontusiondu
testicule; les phénomènes subjectifs (douleur
spéciale, état svncopal) et les phénomènes objectifs (ecchy¬
moses scrotales.