FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX.
A.1ST3STÉE 1896-97 No 75
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE
m
IGNES Ë I
Iirmi—m@ g» 8H
THESE POUR LE DOCTORAT EN MEDECINE
présentée et soutenue publiquement le 31 Mars 1897
par
Joseph-Charles-Marie MICHIELS
Ancien Interne provisoire des Hôpitaux Lauréat des Hôpitaux
Né à Chauvigny (Vienne), le 20 février 1875.
Examinateurs de laTiièse
MM. LANELONGUE, professeur.... Président.
P1ÉCHAUD, professeur..
CANNIEU, agrégé )Juges.
BRAQUEHAYE, agrégé
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE Y. CADORET
17 — rue montméjan — 17
1897
FACULTE DE MEDECINE El DE PHARMACIE DE BORDEAUX
M. PITRES Doyen.
MM. MICE., AZAM
PROFESSEURS :
Professeurs honoraires.
Cliniqueinterne Cliniqueexterne
Pathologieinterne....
Pathologieetthérapeu¬
tique générales Thérapeutique
Médecineopératoire...
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section de médecine (Pathologie interneet Médecinelégale).
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COURS COMPLÉMENTAIRES
Cliniqueinterne des enfants
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DENIGES.
LeSecrétaire de la L'acuité: LEMAIRE.
Pardélibérationdu5 août 1879, la Facultéaarrêté queles opinionsémisesdans les Thèses qui ui sont présentées doivent être considéréescomme propres à leursauteurs, et qu'elle n'entend
eurdonner niapprobation ni improbation.
A MON PÈRE ET A MA MÈRE
MEIS ET AMICIS
.4 mon Président de thèse
Monsieur le Docteur M. LANELONGUE
Professeur de Cliniquechirurgicale à la Faculté de Médecine, ChevalierdelaLégion d'honneur,Officier de l'Instruction publique
Membrecorrespondant de l'Académie de Médecine, Membre de l'Académie de Bordeaux.
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Si la fin de nos études nous force à quitter nos maîtres à regret, elle nous fournit en revanche l'occasion de les remercier publiquement de tout ce qu'ils ontfait pour nous.
Nous tenons cetteoccasion et, loin de la laisseréchapper,nous
exprimons toute notre gratitude envers M. le professeur Lane- longue, qui a bien voulu, après avoir dirigé nos premiers pas dans la clinique chirurgicaleet nous avoir rendu de nombreux services, accepter la présidence de notre thèse.
MM. les professeurs Moussous père et fils nous ont initié à la pratique des accouchements et à la médecine infantile, nousles
en remercions ainsi que des témoignages de sympathie qu'ils
nous ont donnés en maintes circonstances.
M. leprofesseur agrégé Cassaëtnous aplusieurs fois rendu de grands services qui, joints à sonenseignement, lui méritentnotre plus grande reconnaissance.
M. le Dr Ghavanaz, chirurgien des hôpitaux, a droit à des
remerciements sincères de notre part, car nonseulementilnous
a inspiré notre thèse, mais encoreil nous a donnéd'utiles ensei¬
gnements.
Enfin à tous ceux qui ont contribué à nous instruire, à tous
ceux qui pendant nos études nous ont entouré de sympathie,
merci.
I
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE
DES
TUMEURS MALIGNES Ml TESTICULE ECT0PI1
INTRODUCTION
Il est presque universellement admis qu'un organe qui n'est
pas à la place que lanature lui attribue normalement, est pré¬
disposé à se voir envahir par toutes sortes de lésions.
Le testicule n'échappe pas à cette règle; bien plus, on peut
dire que c'est en se basant sur les différents cas d'ectopie testi-
culaire compliqués d'affections variables, quela cliniqueaétabli
cette règle.
De ces dillérentes affections, la plus dangereuseest sans con¬
tredit le cancer du testicule ectopié.
Or son histoire est loin d'être complète. Comme on le verra dans la suite denotre étude, aucun travail complet sur la ques¬
tion ne fut fait avant 1895, époque à laquelle parut la thèse du
Dr Wisner, de Paris, sur ce sujet.
Mais comme il le dit lui-même, denouveaux casplus détaillés
sur la question sont utiles à connaître, car la symptomatologie,
le diagnostic et surtoutl'anatomie pathologique sont assez mal
connus.
Aussi troisnouveaux cas s'étantproduits dernièrement à Bor¬
deaux, nous avons pensé faire œuvreutile en reprenantlaques¬
tion dans son ensemble et eninsistant sur lespointsqueWisner signale comme peu connus.
Après unexposésuccinct destravauxantérieurs aunôtre,nous exposerons les principales observations publiées à ce sujet.
Nous essaierons ensuite d'en faire découler tout ce que l'on peut en retirer au point de vue de
l'étiologie, de l'anatomo-pa-
thologie, de la symptomatologie, du diagnostic et du pronostic.Nous exposerons ensuite le traitement rationnel.
En résumé, nous voulons faire un exposé général de la ques¬
tion, une mise au point qui n'a pas encore était faite, à l'occa¬
sion de trois observations nouvelles.
CHAPITRE PREMIER
HISTORIQUE
Les faits de tumeurs malignes du testicule en ectopie n'ont
commencé à être mis en lumière qu'à la fin du siècle dernier.
C'est Pott qui, en 1777, publia le premier cas observé chez un
homme d'âge moyen auquel il pratiqua la castration : celle-ci
réussit parfaitement; quant auxsuites, ilnerevit plus le malade.
D'ailleurs les observations qui suivirent jusqu'aux dernières
furent publiéespar des chirurgiens qui s'appliquèrent bien plus
à faire connaître le résultat de leurs opérations qu'à étudier la question à un point de vue plus général.
Chopart, en 1780, Schneller, en 1782, en ont opéré deux cas
avec succès opératoire.
Dupuytren, en1839, fitune cliniquesur un casdecancer com¬
pliqué d'hydrocèle et guéri après castration.
Puis d'autres observations furent publiées par différents auteurs; Godard, en 1856, ajouta sept observations (Mémoires
de la Société de biologie, 1856) aux cas déjà connus.
La thèse du professeur Le Dentu, en 1869, fut précédée, en
1868, parle Mémoire de Szymanowski; il avait des raisons par¬
ticulières pour connaître la question, étant, alors même qu'il
écrivait son Mémoire, victime de la triste maladie. Opéré, il
mourait l'année suivanteaprès récidivedans la cicatrice etgéné¬
ralisation.
Après la thèse d'agrégation de LeDentu sur « les Anomalies
du testicule, et contenant quelques nouveaux exemples », nous trouvons l'importante monographie des docteurs Monod et Ter-
rillon sur la « Castration dans l'ectopie inguinale » où ils don-
- 14 —
nent le résultat de 42 castrationspratiquéespourtumeurs mali¬
gnes du testicule.
En 1889 paraît leur « Traité des maladies du testicule » où
ils n'ajoutent pas de nouveaux faits.
Enfin la thèse de Wisner (Paris, 1895), ajoute aux faits con¬
nus un nouveau relevé dans le service du docteurSegond. Mais après étude historique, étiologique et pathogénique de la ques¬
tion assez approfondie, il se borne à des indications assez som¬
maires sur la symptomatologie, le pronostic, le diagnostic etle
traitement.
Enfin nous apportons trois observations nouvelles et détail¬
lées dont nous avons indiqué l'origine dans notre introduction
et une quatrième, assez courte, du reste, publiée en 1893 par
Gluck,qui n'a pas encore été relevée et que nous avons
extraite
et traduite du Berliher Klinische Wochenschrift, 26 juin 1893.
CHAPITRE II
OBSERVATIONS
Nous pensons qu'il est préférable de mettre au début de
notre travail les observations que nous avons relevées. De cette façon, nos lecteurs pourront se rendre compte, après un coup d'œiljeté sur nos observations, que tout ce que nous écrivons
dans la suite est basé sur la clinique, sur des faits, en un mot
que nous n'avançons rien qui n'ait été rencontré.
Nous publions les anciennes observations sous forme de
tableaux pour qu'il soit plus facile d'en saisir les particularités
et d'en avoir en même temps une meilleure idée d'ensemble.
Nous mettrons à leur suite les observations de cancer dans
l'ectopie abdominale qui sont peu connues. Enfin, les trois der¬
nières observations prises dans les hôpitaux de Bordeaux seront publiées in extenso.
1777 1780
1782
1823
1825
1832
1835
1841
nom
de l'opérateur
Pott Choppart
Schneller (deStrasbourg).
Manzoni (de Florence).
Nœgele
Gama
Fait rapportépar
Petrequin Dupuytren . . . . Boyer (2 cas). . .
Roux
Baum.
i?emojet
32
20
40
30
41
18
côté
Gauche.
Gauche.
Droit.
Gauche.
Gauche.
Gauche.
Gauche.
N a t ur E
dumal
Cancer.
Cancer.
Tumeurd'un très mauvais
aspect.
Cancer.
Squirrhe.
Squirrhe.
Cancer.
Cancer ethydrocèle.
Cancer.
Cancer
eucéphaloïde
résultats immédiats
de l'opération
Guèrison.
Guérison.
Guérison.
Guérison.
Guérison en
5 semaines.
Guérison.
Guérison.
Guérison.
Guérison.
Guérison.
Guérison.
résultats ultérieurs
Mort 2ansaprès de généralisai,abdominale.
Un mois après récidive dans cicatrice etventre.
Mort au bout de 2 ans récidive mésentérique.
Mort18 mois après par généralisationabdominale.
Mort au bout de 2 ans parcancergénéralisé.
remarques
Unbandageherniaire avaitété appliqué par erreur.
Le malade avaitportéunbandage her¬
niaire pendant un an. La tumeur déve¬
loppée en 6 mois à la suite d'un effort
suivi de vives douleurs mesurant6pouces 9lignes de longet 6 pouces 2 lignes de large.Elle était dans lecanal.
Enormetumeursquirrheuse situéeau- dessus dulig1 de Poupart.Peauintacte.
Unbandage herniaire avait été appliqué par erreur.
Le testicule s'était induré àla suite de l'usage d'un bandage herniaire appliqué
parerreur.
<V ... - —-— V
nom
de l'opérateur
résultats
date age côté
du mal
immédiats de l'opération
résultats ultérieurs remarques
1842 Poland 26 Gauche. Mort 4ansaprès.
1846 Arnott 48 Droit. Père de 13 enfants. On trouva une
médullaire. en 3jours d'érysipèle.
masse encéphaloïde considérabledans le mésentère.
1847 Storks 38 Gauche. Id. Guérison. Mort en 14 mois géné¬
ralisation abdominale.
1849 Ricard Plus de Droit. Cancer. Guérison. Mort plus tard on ne sait dequoi.
30ans.
» Lenoir 45 Droit. Cancer. Guérison.
généralisation.
1854 Demarquay. . . . 37 Gauche. Cancer. Guérison. ? Le testicule droit avait été enlevé un
anavantpour uneaffection semblable.
1856 Jobert(de Lamb.) 23 Droit. Cancer. Guérison. ? , 1856 Huguier 19 Gauche. Cancer
eucéphaloïde
Guérison. Mort 2ansplus tard de phtisie aiguë.
1857 Spry 28 Droit. Id. Guérison. 9
» Bardeleben. . . . » Droit. Carcinome. Guérison. Récidive, mortpeuaprès. Latumeurétaitulcérée, lecordon était pris;aussi les ganglions des deux aines étaient-ilsgroscommedesœufs d'oie.
1861 Szymanowski.. . 39 Droit. Squirrhe. Guérison
en 4 mois.
Mort 4 mois plus tard, récidive dans la cicatrice.
La tumeur, grosse comme une tête d'enfant, s'étendait de l'épine iliaque antéro-supérieure jusqu'à la symphise.
1861 Langenbeck . . . 20 Droit. Fongus hématode.
Guérison. 9 Tumeur mesurant 4cent,long., 2cent, large. Le testicule était descendude l'ab¬
domen dans lecanal, six mois seulement avantl'opération.
date
nom
de l'opérateur
age
1862 Fayrer 45
1862 Michel Clarke . . »
1863 Hewson 40
1864 Desgranges. . . . 3 9
1867 Jarjavay 28
1867 Pirogoff 38 (cas de Sgyma-
nowski).
1867 Gosselin 38
1868 Parlridge 46
1868 Bœckel 42
1868 Langenbeck . . . 44
côté
Droit.
Droit.
Droit.
Droit.
Gauche.
Gauche.
Droit.
Droit.
Gauche.
Gauche.
NATURE
dumal
Cancer.
Cancer eucéphaloïde
Sarcocèle.
Tumeur (ibro-plastiqe.
Maladie
kistique.
La tumeur contient aussi
liquide cho¬
colat.
Cancer eucéphaloïde
Cancer.
Cancer.
Sarcome.
résultats immédiats
de l'opération
Cuérison.
Guérisonen
6 semaines.
Mort le lendemain.
Guérison.
Guérison en3sem.l/2.
Mort le 8ej.
av. érysipèle gangreneux.
Mort le lendemain.
Guérison.
Mort le 12ej.
depéritonite.
résultats ultérieurs
Mort 12 moisaprès l'opé¬
ration, généralisât, abdo¬
minale.
Mort 16 mois plus tard, ganglions lombaires.
Mortl'année suivante.
remarques
Détailsautopsie citée et décriteàl'ana- tomiepathologique.
Au bout de 4 semaines 1/2 récidive locale dans la cicatrice. Nouvelle extir¬
pationpar Pirogoffet guérison momen¬
tanée. Mort le 25 avril 1868.
Tumeurconsidérable, volume œufd'au¬
truche; marche activée par bandage;
ponctions et injections iodées.Etat ca¬
chectique. Ganglions lombairestrès volu¬
mineux.
Tumeur énorme. Intervention trop retardée.
*
/<
daté
1870 1873
1875
1875
1878 1879
1893
NOM
de l'opérateur
Scbœnbrun. . . .
Arnott Allier
Despins
Verneuil ...
Aubert
Guyon
Segond
19 50 72
42
38
28
42
côté
Gauche.
Gauche.
Gauche.
Gauche.
Droit.
n a t u r e
du mal
Sarcome.
Cancer.
Carcinome.
Sarcome alvéolaire.
Carcinome.
Cancer.
Carcinome réticulé.
Sarcome.
résultats immédiats
de
l'opération
Guérison.
Guérison.
Guérison.
Guérison.
Mort aubout de6jours.
Guérison.
Guérison.
Guérison.
résultats ultérieurs
Mortaubout de 2 mois.
Mort 5 mois plus tard dedysenterie.
Le malade était fort bien portanten 1889.
Mort 6 mois après de généralisation.
remarques
Généralisationdans le foie.
Le malade,revu 5 ans plus tard,était fort bien portant et ne présentaitaucun
symptômede récidive.
Observation I
Thèse Le Dentu (G. Johnson, In Causttatt'sJahrebberiifl, 1860).
Cancer encéphaloïde du testicule droit retenu dans la cavité abdo¬
minale, chez un jeune homme de 27 ans, trèsvigoureux, développé
en six semaines à la suite d'une partie de cricket.
Autopsie : Toute la partie antérieure de la tumeurétait adhérente
aux téguments de l'abdomen; la masse principale était lisse, polie
et contenaitplusieurs kystes dont le volume variait entre celui d'une
noisette et celui d'une orange.
Observation II
Matthieu(Bull, cle la Soc. anat., Paris, 1881).
Ectopie testiculaire double.—Sarcome dutesticule etdurein gauches.
Henri B..., charron, 49ans, entre en étatpost-apoplectique. Para¬
lysie faciale droiteprononcée, paralysie du bras droit. Aphasie.
Peu de renseignements sur son histoire. À des vertiges depuis quelque temps.
Laveille, on l'a trouvé dans sonlitparalysé.
Outre les signesde paralysie notés, on trouve de l'alhérome arté¬
riel. Rien au cœur.
Tumeur abdominale un peu à gauche de la ligne médiane et dans
la fosseiliaquequ'iladepuis dixouquinze ans au dire de sa famille.
Le lendemain, mort par asphyxie due à une congestion pulmo¬
naire généralisée.
Aulopsie:Foyerd'hémorragie cérébrale sous rinsulagauche.Rien
dans les bourses. Latumeur du ventre est lisse, arrondie, ovalaire.
Elle est surmontée en haut d'unesorte de crête un peu rugueuse où l'on trouvel'origine du canal déférent avec des veines etles artères spermatiques, le péritoine l'entoure en lui formant un courtmésen¬
tère. Le testicule gauche rappelle la forme d'un testicule très hyper¬
trophié.
i
— 21 ~
L'épididyme est hypertrophié dans les mêmes proportions que le
testicule.
Le testicule droit, petit, se trouve à l'entrée du canalinguinal. Le
^ testicule gauche, formant tumeur, montre, à la coupe, l'albuginée épaisse et résistante; le reste,blanc jaunâtre,a l'aspect des tumeurs eneéphaloïdes.
Anses intestinales adhérentes entr'elies par brides pseudo-mem¬
braneuses dont quelques-unes partentde latumeur testiculaire.
Rein gauche, gros comme un œuf de dinde, présente, àla coupe,
l'aspect encéphaloïde.
Foie muscade (?).
Ganglions mésentériques noirs et durs.
'Examen histolocfique : Les deux tumeurs sont constituées par du
sarcome globo-cellulaire.
On trouve une grande quantité de cellules arrondies, embryon¬
naires, disséminées dans les mailles du tissu conjonctif.
Observation III
Pxcque (Soc.Chirurgie, Paris, 1892).
Tumeur maligne du testicule enectopie abdominale.
G..., âgé de 34 ans, employé àla Compagnie du Nord, se présente
enseptembre 1892.
Homme vigoureux, énergique, de santéjusqu'alors excellente. En janvier 1892, il ressent pour la première fois une douleur sourde
dansla fosse iliaque du côté gauche, douleur très supportable, d'ail¬
leurs. Au mois de mars, il découvre dans cette région une petite
tumeur du volume d'une noix.
Depuislors, cette tumeur s'est progressivement développée sans porteratteinte àla santé générale.Néanmoins, le malade vint à l'hô¬
pital pour en demander l'extirpation enraison des phénomènesdou¬
loureux qu'il éprouve.
Etat actuel: Le ventreneprésentepasde déformation appréciable
à la vue. Par la palpation, on arrive sur une tumeur siégeant exclu-
— 22 —
sivement dansletiers interne de la fosseiliaquegauche. Cette tumeur déborde l'arcade de Fallope, d'environ deux travers de doigt et affleure laligne blanche sur la ligne médiane.
Dans la partie accessible, elle estde consistance dure; la surface U
estlobulée. Cette tumeur est mobile dans sa portion iliaque, mais elle semble se prolonger dansla fosseiliaque et y adhérer même. Au niveau de l'arcade de Fallope, elle semble adhérer à sa partie
moyenne. Le toucher rectal permetdeconstater nettement qu'ellese
prolonge dans le petit bassin où elle fait une forte saillie. Elleaplatit
le rectum contre le sacrum; le doigt n'arrive pas à la contourner.
Il n'existe pas d'engorgementganglionnaire appréciable.
Troubles fonctionnels : Il existe une douleur sourde de la fosse
iliaque gauche; de temps à autre, le malade ressent quelques élan¬
cements. 11 y a de la constipationsurtout marquée dansces derniers mois. Le malade accuse en outre un peu de disurie.
Les fonctions digestives sont intactes, l'état général est excellent, mais le malade dit avoir maigri d'environ 2 kilogr. depuis quatre ou
cinq mois.
En présence de l'augmentation rapide dela tumeur et de sa con¬
sistance, on ne pouvait, malgré l'absence de phénomènes généraux, , *
qu'admettre l'existence d'une tumeur maligne du petit bassin, mais quel en étaitle siège? Or,ayantremarquéquelemalade étaitatteint d'une ectopie abdominale du testicule gauche, je n'hésitai pas à diagnostiquerun cancer du testicule. Jeproposaidès lors aumalade
une laparotomie qui fut acceptée de suite et que je pratiquai le
21 septembre au pavillon de l'hôpital Lariboisière.
Lalaparotomie futpratiquée surla ligne médiane, selonlesrègles
ordinaires. J'arrivaisur unetumeurvolumineusedépassantle volume du poing, adhérente à l'êpiploon et à une anse d'intestin grêle. La tumeur, fortement enclavée etadhérenteaucul-de-sacrecto-vésical,
futlibérée commeà l'habitude. Elle était fixée à l'orifice interne du
trajet inguinal à l'aide d'un pédicule très vasculaire, en tout sem¬
blableau pédicule d'une tumeur ovarienne. Je le traitai de la même
façon : ligature àlasoie et excision. Le foyer opératoire ne montre
aucun ganglion; seul, le cul-de-sac recto-vésical présente en un
pointun épaississementsuspect.
«fr
- 23 —
Le ventre estrefermé à l'aide d'un triple plan de sutures. Les
suites de l'opération ont été fort simples : au neuvièmejour, les fils
sont enlevés; la réunion estcomplète. Le malade quitte l'hôpitalau
♦ quinzièmejour.
Observation IV
Giùck, traduite de l'allemand dans le Berliner Klinische Wochenschrift, 26 juin 1893.
Je vous montre enfin une préparation d'une ectopie inguinale du
testicule chezun homme de 32ans,dont l'autre testicule occupantle
scrotumétait aussi gros etaussi puissantquenormalement. Il s'agit,
comme le montrelapièce, d'un carcinome de.l'épididyme avecdégé¬
nérescence kystique du testicule. Dans le liquide du kyste, on n'a
pas trouvé de spermatozoïdes.
Les kystes ont seulement une bouillie athéromateuse comme contenu.
Le canal déférent contient aussi déjà depetitsnoyaux. L'opération
a bien réussi, les douleurs du malade ont disparu.
?
Observation Y
ObservationpubliéeparM. le professeur agrégé Villar, suppléant M. le professeur Lanelongue, dans le Journal de médecine de Bordeaux, 12 janvier 1896.
Carcinome encéphaloïde développé dans un testicule en ectopie.—
Castration.
Pierre X..., âgé de 28 ans, marin à bord d'un yacht de plaisance,
entre à l'hôpital en août 1893, pour tumeur douloureusede larégion inguinale droite.
Antécédents héréditaires : Très bons.
Antécédentspersonnels : Seulement deux blennorhagies,ni suivies,
niaccompagnées de complications du côté de l'appareilgénito-uri-
naire. Son testicule droit n'estjamais descendu dans le scrotum; de
^ temps en temps, dit-il, il constatait l'existence d'une petite boule le long du trajet inguinalet quecette boule disparaissait dans leventre lorsqu'il cherchait àlapresser de bas en haut.
Àl'époque du conseil de révision, on constate outre l'ectopie une
pointe de hernie.
Histoire de la maladie : Il y adeux ansenviron, le malade s'aper¬
çutque sa petiteglande avait grossi; bientôt elleatteignait le volume
d'un œuf de pigeon. Malgrécette augmentation de volume, pasde douleur, à peine un peu de gène. L'année dernière, le volume aug¬
mente, des douleurs apparaissentdans la région lombaire et la fosse iliaque droite. Le10 aoûtdernier, une poussée rend la tumeur très douloureuse et empêche la marche. A la suite de cette poussée, il
entre àl'hôpital, adressé par le Dr Bourdier.
Examen : La région inguinale droite présente une tumeurassez
volumineuse, duvolume d'un très gros œuf de dinde dont le grand
axe ala direction du trajet inguinal.
Ovoïde, la tumeur est recouverte par une peau normale, mobile
surles parties profondes. Elle estdure avec trois points fluctuants,
unà chaque pôle, l'autreaumilieu; une ponction avec la seringue
de Pravaz en a ramené du liquide citrin, la percussion donne une matité totale.
Mobilité très nette dansle sens transversal, peu ou pas de mobi¬
lité dans le sensde la longueur. Pas de transparence.
Lapression déterminée versla partie inférieure réveille une sen¬
sation désagréable que le malade compare volontiers à la douleur
testiculaire.
Le scrotum du côté correspondant, privé de testicule, est presque
complètement atrophié.
Les ganglionslymphatiques de la fosse iliaque internene semblent
pas augmentés de volume.
Le testicule du côté opposé, les différentsviscères et organes sont
normaux. L'étatgénéral est très satisfaisant, quoique le malade ait maigri etdépéri dans ces derniers temps.
Opération : Elle estpratiquée le 28août par M. Villar, après anes- thésie à l'étherobtenue au bout de 2 minutes. Ablation rapide de la tumeur, dontladécortication fut des plus simples. Il constata l'exis¬
tence d'un canal vagino-péritonéal et oblitéra le canal inguinal par le procédéde Bassini(de Padoue). Pas le moindre incidentà signaler
àla suite de l'opération; pasd'élévation detempérature. Le septième
jour, premier pansement et ablation des points de suture, réunion
parpremière intention.
Examenliistologique de la tumeur: Il a étépratiqué par MM. Sabra-
zès et Rivière dans le laboratoire des cliniques de la Faculté et a montré qu'il s'agissait d'un carcinome encéphaloïde. Nous publions
l'examen détaillé au chapitre Anatomiepathologique.
Observation VI
Prise dans le service de M. leprofesseur DémonsetpubliéeparMM. les D's Binaud
etChavannaz(Extrait du Journal de médecine de Bordeaux, 25 février 1896).
Carcinome encéphaloïde développé dans un testicule ectopié chez un
sujet de 59 ans(variété cruro-scrotale).
Le malade, âgé de 59 ans, maître de chai, est entré àl'hôpital le
3décembre 1895., pour une tumeur paraissant siégerau niveau de l'orificeexterne du canal inguinal.
Rien à signaler dans ses antécédents aussi bien héréditaires que
personnels. Pas de syphilis.
Jusqu'à l'âge de 50 ans, le testicule gauche est demeuré dans le
canal inguinal; mais depuis l'âge de 11anscetteglande spermatique
a étélesiège de pousséesinflammatoires, qui setraduisaient surtout par des crises douloureuses d'une durée de 12 à 24 heures, crises séparées par des intervalles de quelques mois à deux ou trois ans.
Toutefois ces accidents n'ont jamais retenti du côté du péritoine et de l'intestin.
Vers l'âge de 50ans, le malade s'estaperçu quele testicule ectopié opérait sadescente lentementversles bourses; cette descentecepen¬
dant n'ajamais été complèteetl'organe, dont le volume nedépassait
pasla grosseurd'une noisette, s'est définitivementarrêté à deuxtra¬
versde doigt au-dessousde l'orificeexterne du canal inguinal. Enfin,
ily a2ansetsans cause apparente,ce testiculea augmentéprogres¬
sivement de volume. Le malade a cruà l'apparition d'une hernie et
un pharmacien consulté aprescrit le port d'un bandage. L'applica¬
tion de cet appareil aété l'origine de douleurs telles que le malade
s'est décidé à entrerdans le service,
Au moment de l'entrée, nous faisons les constatations suivantes : homme ayant toute l'apparence d'une bonne santé; au-dessous de
l'orifice externedu canalinguinal, tumeur ovoïde, à grand axeàpeu près vertical, du volume d'un petit œuf. Peau mobile, nettement indépendante. Tumeur irréductible de consistance uniforme, parais¬
sant finement lobulée, mate à la percussion et légèrement doulou¬
reuse à lapression. Impossibilité de distinguer le testicule de l'épi- didyme. Au-dessous de latumeur et attenante à elle, petite masse mollasse du volume d'une noisette. A lapartie supérieure,on ne peut délimiter la tumeur qui se perd dans le trajet inguinal. Pasd'hydro-
cèle concomitante. Le testicule, l'épididyme et le cordon du côté droit sontnormaux.
Ganglions inguinaux normaux, de mêmeles vésicules séminaleset la prostate. L'épaisseur de la paroi empêche toutexamen ducôté des ganglionslombaires.
La castration est pratiquée le 11 décembre suivant. A la coupe, la pièce présente tousles caractères d'une tumeurmaligneet l'examen histologique, pratiqué par M. le professeur agrégé Sabrazès, montre qu'il s'agit d'un carcinome encéphaloïde type.
Observation VII
(PriseparM. le Dr ChayannazetM. Michel, interne dans le service deM.Pousson.)
Carcinomeencéphaloïde du testiculegauche enectopie inguinale.
Descente du testicule gauche. Castration.
Marcel C..., âgé de 31 ans, forgeron, entre dans le service de
M. Pousson, à l'hôpital Saint-André de Bordeaux, pour une lésion
de l'appareil génital.
Il n'ajamais été malade, sauf une amygdalite à l'âge de 20ans.
Pas de blennorrhagie, pasde syphilis, pas de traumatisme testicu-
laire sérieux. Il n'a pasfait son service militaire parce que son testi¬
cule gauche n'était pasdescenduetétaitrestédansle canal inguinal.
Au mois d'avril 1896, le malade a éprouvéunesensationdepesan-
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leur etquelquestiraillementsauniveau de l'ainegauche avecirradia¬
tion du côté du rein correspondant. Ces douleurs augmentaient avec la fatigue et disparaissaient dans le décubitus horizontal. A cette
époque C... a constaté que son testicule commençait à descendre.
Mais cette descente n'a pas été brusque, elle s'est faite progressive¬
ment et,pouratteindre le scrotum,le testiculea mis un peu plus de
trois mois.
Pendant cette descente, lapeau du scrotum était, parait-il, un peu rouge ; tous les soirs il existait un léger mouvement fébrile et les douleurs avaient augmenté. Le malade a vu un médecin qui lui a
prescrit sans succès de 1 iodure de potassium et du phosphate de
chaux.
Au moment de son entrée àl'hôpital, nousnotons : le scrotum est
plus volumineux du côté gauche, il est distendu par une tumeur ovoïde, mesurant 8 centimètres de diamètre vertical, sur G centimè¬
tres de diamètre transversal; cette tumeur estsolide, de consistance uniformeet la pression ne réveille pasla sensibilité propre au testi¬
cule; du reste le testicule et l'épididyme ne peuvent en aucune manière être délimités.9^
Lapeau est mobile surla tumeur, elle n'offre pasde modifications dans sa coloration ou sa vascularisation. Le cordon spermatique est augmenté de volumeet douloureux àlapression. L'exploration des ganglions lombaires etinguinaux reste négative.
Du côté droit, noustrouvons unelégère hydrocèle, et lapalpation
du testicule ydécèle l'existence de trois petits noyaux durs rappe¬
lant parlejir forme etleur consistance desgrains degrosplomb. Ces noyaux se sont montrésdepuis deux mois et leur formation a coïn¬
cidé avec l'apparition de douleurs presque localisées au testicule droit, carc'est à peine s'il existe parfois quelques irradiations dou¬
loureuses au niveau du rein droit. Le testicule droit a conservé sa
sensibilité normale. L'épididyme et le cordon spermatique corres¬
pondant sont sains. La prostate est indemne.
L'état général estsatisfaisant, pasd'ascite, pasd'œdème desmem¬
bresinférieurs. Toutefois le malade a un peu maigri et a perdu ses forces.
Le 16 février 1897, la castration est pratiquée, le testicule est