« T’es là pour ça » - Création 2013 - 2014
Cie Pipa Sol - Théâtre de Marionnettes
Lorsque vous n’êtes pas technicien, lorsque vous ne maitrisez pas le langage des régisseurs son, lumière ou images numériques, débarquer dans une rési- dence vidéo peut relever d’un grand moment de science fiction.
Une semaine de résidence vidéo c’est donc avant tout une semaine d’initiés, cablés entre eux, rivés à une rangée d’ordinateurs, sur fond de musique élec- tronique. Une impression d’intense concentration, ce silence si spécifique aux chercheurs en écran, cette...connection, mot isuté s’il en est, mais adapté dans cet espace temps.
Entrer comme dans un lieu de culte
contemporain, où la puissance de reflexion, d’imaginaires, de conceptualisations se mettent au service du plateau. Les interprétations
se rencontrent. Ainsi, lorsque les facettes d’une création se donnent rendez vous, un langage commun est à trouver.
C’est le rôle du metteur en forme ultime, Christine D, de tricoter les liens, coordonner,
Et même si parfois, les non initiés gardent la sensation d’être débarqués en pays étranger, il est bon de se laisser porter, d’attendre la révélation colorée, non sans un sourire naif, de ce langage images. Ne rien comprendre et se laisser toucher par les sens inédits, les directions, les couleurs immatérielles, les jaillissement, les boucles d’images...se laisser hypnotiser et se laisser agir, avec cette peau en plus.
Avouer cependant qu’au sortir de ces quelques heures, on ne comprend tou- jours pas comment sont possibles les explosions des limites des murs, ces di- mensions spatiales rendues magiquement labyrinthiques.
Sortir donc en flottant, un peu abrutis d’ombres...et une fois un air de «nor- malité» revenu, laisser les autochtones de cette étrange dimension dérouler leur dictionnaire.
Aurélie Dumaret dite Aurél de l’association 1 minute 69,
intervenante vidéo et grande prêtresse de « l’illusion audiovisuelle interactive».
Josselin Allaire, notre régisseur qui rougit quand on le complimente, et ménera cette danse virtuelle sonore et lumineuse lors des représentations.
Aurél: « L’idée est d’utiliser la technique du mapping vidéo afin de projeter la vidéo sur le plateau, les marionnettes etc.. (mapping video = projection sur volume)
La vidéo fait partie intégrante de la scénographie et de la mise en scène. Elle contri- bue à la construction et à la manipulation de l’espace avec pour but d’ajouter du sens.
En créa, nous utilisons des logiciels de post-production, et d’animations graphiques (After Effects), à partir des dessins vectoriels de Sophie Tais (plasticienne).
Pour une scène, j’ai aussi utilisé la kinect (?) comme capteur infra-rouge et quartz composer, un logiciel de programmation visuelle. Afin de créer une image à partir d’un tracking (suivi) de personnage ou de marionnettes. Nous travaillons aussi une partie de la création lumière grâce à la projection vidéo.
Josselin, dit Jojo ou encore Josse :
« MAPPING : le mapping est le fait de déplacer ou de déformer une image (animée ou pas) à l’endroit où l’on souhaite sans avoir à déplacer le vidéo projecteur. Le vidéoprojecteur a une zone définie de projection, un «cadre» au delà duquel il ne peut rien diffuser.
Le mapping est l’art de donner l’impression que l’on projette une image (ani- mée ou pas) à un seul endroit, alors qu’en réalité, le vidéoprojecteur projette en permanence de la lumière dans tout son cadre. Ce qui donne cette impres- sion est que l’on projette du noir autour de l’image que l’on veut montrer, cachant ainsi le reste du cadre à l’oeil du spectateur. Souvent, le mapping se pratique sur des surfaces de projections peu conventionnelles (bâtiments, per- sonnes, décors de théâtre, etc...), donnant à la vidéoprojection un champs de possibles quasi-illimité.
MILLUMIN (!) : c’est le nom du logiciel de diffusion dont nous nous servons sur TLA ( lire « T’es là pour ça »). Permet d’organiser les fichiers vidéo et son du spectacle en conduite. A la façon d’une console lumière, je peux programmer différents « états » visuels et sonores (il est doté d’une interface de mapping très complète et simple d’utilisation) pour chaque scène, et placer ces « états » dans
Aurél :
« Parrallèllement, il est nécessaire de crééer une régie de diffusion qui re- groupera le son, la lumière et la vidéo, grâce à un logiciel de programmation (maxmsp).»
Josselin:
« VGA / HDMI / S-vidéo : différents câbles vidéo utilisés pour relier l’ordina- teur au vidéoprojecteur.
XLR (ou module) / speakon : câbles utilisés en son (le premier pour les micros et le second pour les enceintes, dits «HP» pour hauts parleurs).
PRESTO : Console lumière utilisée par la Cie HF : sans fil (micros notamment)
Et pour ceux et celles qui se trompent toujours :
JARDIN/ COUR : gauche/droite ou droite/gauche, en fonction ».
Le conte moderne s’habille, les machines en fabriquent les coloris, et les ques- tions hantent toujours la forêt...
A quoi cela va t-il ressembler ? Une hâte commune : Voir ce que «tout cela» va être. Impossible réellement, questionner alors les sens de chacun et s’installer enfin dans les traces, les retrouver, s’y soumettre, y entrainer d’autres humains et incarner chacunes des décisions prises. Rêver malgré tout.
« C’est haut Sixième étage
On voit toute la ville Les rues
Les immeubles Les usines
J’aimerais aller là Et là
Et là-bas A l’horizon Si je m’envolais Tu imagines. »
