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Décors et décorateurs à l'Exposition nationale de 1896

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Décors et décorateurs à l'Exposition nationale de 1896

EL-WAKIL, Leïla

Abstract

L'article se penche sur le travail des décorateurs actifs dans le cadre de la construction des pavillons de l'Exposition nationale qui s'est tenue à Genève en 1896.

EL-WAKIL, Leïla. Décors et décorateurs à l'Exposition nationale de 1896. In: el-Wakil, Leïla, Vaisse, Pierre. Genève 1896 : regards sur une exposition nationale. Genève : Georg, 2000. p. 119-136

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:4085

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Décors et décorateurs à l’Exposition nationale par Leïla el-Wakil

Préambule

Dès 1851, date de l'Exposition universelle fondatrice de Londres, les expositions universelles, mais aussi nationales ou régionales, de même que les fêtes de sociétés, que furent en Suisse les Tirs Fédéraux ou les Fêtes de gymnastique, sont, durant la seconde moitié du XIXe siècle, le lieu de grandes performances décoratives. Genève en 1896 ne fait pas exception. Les organisateurs plantent pour six mois, sur la Plaine de Plainpalais et les terrains de la Jonction, une ville éphémère de quelques 450000 m2 dont les constructions empruntent tout à la fois aux techniques des ingénieurs, des architectes, des menuisiers, des rocailleurs et des décorateurs de théâtres ... Hâtivement dressé le décor à l'échelle 1/1 est généralement haut en couleurs, on le veut "gai et gracieux". Il varie beaucoup dans ses formes toujours soumises au compromis, reflétant l'invention de l'architecte, mais aussi les avis de la commission des constructions, présidée par Charles Boissonnas, au sein de laquelle siègent quelques-uns des ténors de l'architecture genevoise de l'époque, comme Jacques-Elysée Goss, constructeur du Grand Théâtre auquel est confié le rôle d'architecte général de l'exposition, John, puis Marc Camoletti, multi-lauréats de concours, Emile Reverdin, architecte de l'aristocratie lémanique. L'étude des documents conservés dans les archives ainsi que l'analyse des constructions illustrent l'esprit décoratif qui règne sur l'ensemble de l'entreprise. Architecture, peinture, sculpture sacrifient au goût dominant pour l'ornement. Cet esprit décoratif est tantôt léger et anodin, emprunté au langage de la fête foraine, avec pour tout message une jubilation ornementale, tantôt empreint d'une emblématique allégorique, à connotation symbolique et nationaliste, parfois un peu insistante.

Héritière des réflexions pionnières sur l'architecture polychrome de Quatremère de Quincy et de Jacques-Ignace Hittorf tout comme de l'application pratique qui en résulta au Palais Garnier, sensible au mouvement Arts and Crafts, l'architecture de la seconde moitié du XIXe siècle fait, à Genève comme partout, largement appel au panachage des matériaux, des textures, des couleurs et des formes. Bâtie en 1876-1877 par Henri Bourrit et Jacques Simmler, l'Ecole des Arts industriels, devenue par la suite Ecole des Arts décoratifs, exhibe des murs d'une

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brique rousse dont il faut aujourd'hui, sous l'épaisse "patine" qui la recouvre, imaginer le flamboiement originel. Les organisateurs de l'Exposition nationale ont du reste cru bon faire figurer cette jeune institution dans le Journal Officiel illustré de l'Exposition nationale suisse en l'illustrant d'une gravure en pleine page1. George Hantz, chroniqueur de la section y relative à l'exposition, insiste sur l'importance de cette institution dans la vie culturelle genevoise en ces termes:

"Nous voici parvenus au terme de notre course dans cet intéressant salon [consacré à l'Ecole des Arts industriels]. aux esprits impatients ou chagrins qui nous demandent des résultats immédiats et la contre-partie des sacrifices consentis par l'Etat, la Ville et la Confédération pour l'entretien de toutes ces institutions artistiques, nous pouvons répondre que ces résultats sont saisissants et tangibles. Il n'y a peut-être pas cent mètres carrés dans toute l'exposition où les élèves n'aient travaillé, soit comme patrons, soit comme ouvriers, soit comme apprentis. Nous avons pu les voir à l'oeuvre, maniant la truelle, le pinceau, pleins d'ardeur, de courage, sur les ponts volants, sur les échafaudages, celui-ci dessinant une frise, décorant un panneau, celui-là modelant un bas-relief, ébauchant une statue."2

Dès les années 1870' l'architecture quotidienne des immeubles fazystes porte aussi en elle un décor intégré, qui bien qu'encore retenu avant l'Exposition nationale, tranche déjà avec les alignements néo-classiques des "casernes grises et répétitives" tant décriées par Victor Hugo et Théophile Gautier lors de leurs passages à Genève. Henri Juvet, candidat malheureux au concours pour le Palais des Beaux-Arts de l'Exposition nationale, qui se voit préférer les plans "gracieux, enlevés et originaux"

de Paul Bouvier, fait bien plus tard les frais de cette "horreur de la caserne"3.

Sans doute la vue des réalisations éphémères de l'Exposition nationale frappe-t-elle l'esprit du public et ouvre-t-elle la voie à de plus durables audaces colorées et formelles. Diversifiant les matériaux, les architectes associent à la traditionnelle molasse du lac ou à la verte molasse de Berne, la pâle Savonnière, la pierre blanche de Saint-Paul, le roche de Villebois, toutes convoyées par chemin de fer; ils exploitent les possibilités du marbre gris de St-Triphon et de la Meillerie éclatée, colorent les fonds enduits des murs, jouent sur l'éclat des briques ou la préciosité des terres cuites vernissées, invitent les peintres et leur

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pochoir. A l'excès parfois! Responsable de la construction des brasseries et des restaurants de l'Exposition nationale, Joseph Marshall, dont la Maison communale de Plainpalais est peut-être une manière de perpétuer dans la commune-même où avait eu lieu la manifestation les outrances de l'éphémère Palais des Beaux-Arts et de tous les autres bâtiments réunis, reçoit de vives critiques de la plume de William Vogt4. Tout comme Léon Bovy à la Mairie des Eaux-Vives, dont le fond des murs sang-de-boeuf et la silhouette aux évocations féodales sont mal digérées par ceux d'entre les Genevois qui continuent à cultiver un classicisme de

"bon aloi", dans la veine du XVIIIe siècle français.

Formidable banc d'essai des possibilités décoratives d'une part et de leur réception d'autre part, l'Exposition nationale est l'occasion d'une multitude de projets non réalisés pour tel ou tel pavillon, palais ou halle, qui garnissent aujourd'hui les cartables des Archives d'Etat. Les rendus lavés aux couleurs vives reflètent le goût pittoresque qui les a vus naître.

La consultation de ces dessins révèle les accents décoratifs des nombreux possibles de l'exposition. Il n'est jusqu'à John Camoletti pour dresser le luxuriant projet byzantinisant du Palais des Beaux-Arts: au jeu florentin des assises bichromes de la coupole qui vient s'asseoir sur un arc en cul- de-four doré façon Saint-Marc de Venise, il associe des pylônes surmontés de clochetons, prétendument "à la Suisse". L'architecte en chef du bureau des bâtiments, Jules Hedmann, présente quant à lui, plusieurs variantes pour l'entrée du Parc de plaisance dont la joyeuse exubérance "Art Nouveau national" renoue avec la tradition des arcs de triomphe d'Ancien Régime5.

Seule la Halle des machines, à structure métallique de type Cantilever conçue par Edward W. Phelps et réalisée par les ateliers de construction de Théodore Bell et Cie de Kriens est une intéressante occasion de dispute esthétique. Théodore Turrettini, qui a eu connaissance de certains projets hybrides où des structures métalliques novatrices voisinent avec des fictions de partitions architecturales "à l'ancienne", estime que "Mr Phelps a déjà prévu un projet pour l'extérieur. Quant à l'intérieur, il y aura lieu de se passer de décoration, la halle étant suffisamment belle par elle-même"6. Dans leur simplicité, ces propos s'inscrivent au coeur du débat polémique qui s'aggrave entre architectes et ingénieurs au XIXe siècle; tandis que les premiers exploitent toutes les possibilités de revêtements décoratifs, les seconds aspirent à dévoiler les beautés de la structure. L'avis de Turrettini est pris en considération: l'intérieur de la

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Halle et sa forêt de pylônes métalliques resteront visibles, abritant avec hardiesse les machines les plus audacieuses du temps.

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Du carton bituminé au staff, en passant par le tissu

Conçu pour être éphémère, le bâti est dans son ensemble précaire. La hâte dans laquelle les bâtiments se construisent entraîne des malfaçons.

Sous l'effet de la bise des 8 et 9 janvier 1896, une partie d'entre eux, alors en construction, s'effondre. L'économie est de mise et les matériaux employés bon marché, quant bien même il est prévu de démonter les constructions à l'issue de la manifestation et de récupérer ce qui pourra l'être. Les murs de maçonnerie sont rares. A l'usine Grandchamp de Veytaux, spécialisée dans la chaux et le ciment, Paul Pictet, secrétaire du Comité de direction, répond que, vu le caractère provisoire des bâtiments, on n'aura guère besoin de ses services7. Les structures porteuses sont en bois ou en fer; les remplissages et les couvertures souvent en carton bituminé, soit carton goudronné. Le couvreur Streit, connu pour ses ardoises du Valais et ses tuiles de Bourgogne, reçoit commande dudit carton pour recouvrir une partie des bâtiments de l'exposition8.

Equivalent économique de nos tôles ondulées ou skobalites, le carton ne supporte toutefois pas les intempéries qui assombrissent le ciel durant l'Exposition nationale. Des gouttières se produisent et il faut le remplacer. Pas question à l'époque d'avouer ce matériau pauvre. On s'ingénie à le déguiser. En toiture il est camouflé par des peintres, qui y posent des rangées de chevrons imitant les tuiles vernissées, l'ardoise ou la tuile. L'entreprise Paltenghi-Samson, successeur de Quaglia-Senta, spécialiste en "faux bois, marbre et décoration" applique sur la toiture goudronnée du pavillon de la chasse et de la pêche une "peinture décorative au silicate de potasse et à l'oxyde pierreux, à 2 ou 3 couches, et plusieurs tons, avec rechampissage, pochoirs, filage et certissage [sic], compris partie faites dans le ton du papier goudronné"9

Murs et parois, traités grossièrement, sont destinés à être dissimulés sous le décor qui présente l'avantage d'être un cache-misère. Combien de mètres de tissu tendu pour dissimuler les malfaçons dues à la hâte dans laquelle sont édifiés les bâtiments de l'Exposition nationale, la précarité des matériaux mis en oeuvre ou les changements de programme! Une architecture de tissu qui est le fait des décorateurs-tapissiers se superpose au gros oeuvre. Des flots d'étoffe sont lancés en autant de portières au plissé savant ou de vélums, créateurs d'ambiance et (ou) diffuseurs de lumière. La tradition, déjà bien installée au Cristal Palace, comme le montre les aquarelles commémoratives, connaît un climax en cette fin de

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siècle. Le tapissier Louis Bouët, achalandé en décors et passementerie, loue des tentures et vélums pour le groupe "Essai des matériaux en bâtiments", dont Louis Viollier est l'architecte10. L'Association genevoise des ouvriers-tapissiers fournit, pour tous les bâtiments de la 4eme division, les vélums, tentures, étoffes de nature à transformer la plus audacieuse des structures en un intérieur victorien feutré11. Et même la Halle des Machines reçoit son lot de calicots: orange et jaune pour l'aménagement des stands, rouges entremêlés de jaunes pour les tables de présentation, soigneusement plissées par les soins de Léon L'Huillier et Cie, "marchand de tapis, papiers peints, linoléums, étoffes, rideaux, portières, etc."12.

Illusionnisme paysager et architectural

En amont de la construction des bâtiments, certains aspects du décor relèvent de l'art de la scénographie. Le site plane des bords de l'Arve est refaçonné; la topographie des abords du Club Alpin et du Village suisse est bouleversée pour figurer la montagne et ses escarpements qui abritent notamment un Jardin alpin exécuté par le rocailleur Aristide Cormier13. Le principal artisan de cette métamorphose se nomme Jules Allemand, élève du parisien Edouard André, paysagiste de renommée internationale lui-même professeur à l'école d'Horticulture de Versailles.

Ce paysage offre à l'oeil:

"un délicieux tableau reproduisant l'Alpe avec ses rochers et ses fleurs, avec ses torrents grondant en cascades au bas des ravins profonds et des gorges mystérieuses, avec ses minuscules pâturages diaprés de mille fleurs qui étincellent comme des bijoux au grand soleil des sommets (...) Ici et là, émergent du sol des blocs disposés dans le désordre charmant de la nature ..."14

La présence des rhododendrons, des gentianes et des edelweiss, plus loin celle des pins alpestres, arolles, mélèzes, entraîne le badaud dans une haute montagne d'illusion! La haute montagne est un "décor factice", comme on se plaît à la qualifier, dont les rochers de staff reposent sur une carcasse de charpente. Mélange de ciment et d'étoupe, héritier du carton-pierre, malléable à souhait, "prémoulable", le staff est le matériau- roi des décorateurs qui en ont fait une grandiose démonstration dans le Musée des Monuments français, à l'Exposition Universelle de Paris en 1889. L'architecture qui prend place dans ce paysage est censée évoquer

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cette langue nationale qu'est l'Alpe, au sens où l'entend Albert Trachsel dans ses Réflexions à propos de l'art suisse à l'Exposition nationale.

Pour ce faire, les pavillons conçus par Aloïs Brémond, architecte spécial de la division de l'Agriculture, soit le pavillon du Club Alpin, celui de la Chasse et de la Pêche, ainsi que celui de la Silviculture recourent aux raffinements modernes de l'art du staffeur! Sur une carcasse de charpente, les pavillons de l'agriculture reçoivent un décor appliqué, exécuté par Edouard Berteault15, imitant les grumes de bois moussues et estampé d'après nature. Ce décor plus vrai que nature est ensuite revêtu d'une peinture à l'huile qui reproduit la texture des troncs d'arbre et de l'écorce.

Le Village Suisse est en partie exécuté de la même manière, la plupart des chalets et des maisons étant faites de staff. C'est dans ce cas Dominique Emilien Fasanino (1851-1910), "sculpteur-décorateur"

originaire de Novarre, "Spécialité de décorations d'appartements, bois, marbre, pierre et plâtre, 10, rue de l'Arquebuse", qui est chargé de la réalisation de ce "décor factice". Fasanino, qui s'est déjà signalé dans diverses demeures privées, ainsi que dans le décor de nombreux hôtels lémaniques16, envoie trois ouvriers de son atelier - deux mouleurs et un aide - à Gruyère, Monbovon et Château d'Oex. De ces moulages d'après nature seront reproduits les éléments qui seront ensuite plaqués sur les ossatures de bois.

L'engouement pour le factice induit à lui seul ces procédés, sans qu'il faille chercher des explications du côté de la pénurie de bois qui semble avoir été réelle17. Mise au service d'une architecture "à la suisse", la technique du staff exprimant les grumes de bois, renvoie, de fait, aux modèles internationaux de l'art des "rocailleurs", art présent à Genève lors de l'Exposition nationale, comme le montrent les dessins de Charles Baatard, aménagiste de parcs et jardins. Et, au-delà, est-ce sans doute davantage que le chalet alpestre, le modèle de la cabane primitive de l'abbé Laugier qui y est exprimé, modèle que l'érudit architecte général de l'Exposition nationale, Jacques-Elysée Goss, connaît bien!

Décor peint et peinture décorative de circonstance

La décoration des pavillons est, en règle générale, à la charge des organisateurs; celle des stands incombe aux participants. Incohérences et heurts esthétiques en résultent; l'aspect "bazar" est d'autant plus

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manifeste qu'une multitude d'intéressés, qui ne se concertent pas, sont concernés.

D'innombrables professions se rallient autour de la notion de décor. Les peintres, du plus modeste peintre en lettres ou peintre d'enseigne à l'artiste-peintre, sont partout présents. Mises en couleurs, les rudimentaires structures de sapin deviennent méconnaissables. Ainsi en est-il de l'intérieur de la Halle des Machines agricoles. L'entreprise de peinture et de gypserie, Heuby & Briod, applique la polychromie sur fond blanc à la colle: elle rechampit à la peinture brune ou jaune paille certaines parties des bois de charpente, elle peint au pochoir des chantignolles sur le berceau et les pannes, elle revêt des poteaux intérieurs en vert avec flammes et galons rouges18.

Si tous les bâtiments, du moindre pavillon à la plus vaste halle, sont revêtus de peinture ornementale répétitive, exécutée au poncif ou au chablon, seuls quelques-uns, reçoivent un décor allégorique et figuratif.

C'est notamment le cas du Palais des Beaux-Arts, du Bâtiment de l'Industrie, du Bâtiment de l'Agriculture, du pavillon de l'Alimentation.

S'agissant des grands bâtiments, le décor extérieur revêt en priorité, les tympans et frontons qui surmontent les accès, parfois les piliers qui flanquent lesdites entrées. On le trouve aussi en frises, au bord des toitures, ou dans les écoinçons, au-dessus des portes. Les petits bâtiments quant à eux, voient parfois leur façade entière livrée au pinceau du décorateur: c'est le cas au Théâtre du Sapajou où, pris dans des lignes en coup de fouet, l'"art fantaisiste", inventé par l'architecte visionnaire, Albert Trachsel, terrasse l'"art pompier".

La teneur et l'emplacement du décor sont, en règle générale, fixés par les architectes spéciaux, responsables de chaque division. La décoration de la longue façade de la Halle de l'Industrie donnant sur le Boulevard des Casernes a une véritable fonction architectonique, permettant d'"atténuer la monotonie de cette grande surface de bâtiment"19. Une façade décorative "comprenant charpente, menuiserie, gypserie, peinture et couverture"20, destinée à être placée en léger avant-corps au centre du bâtiment, est dessinée par l'auteur de la halle, Frédéric de Morsier. Les entrepreneurs Hufschmid et Faron sont chargés de l'exécution et de la mise en place de cette pièce rapportée. Au peintre Henri Van Muyden revient la commande de huit panneaux allégoriques conventionnels à placer sur les tympans de la façade: la Renommée, le Commerce, représenté par une allégorie de Mercure, le Travail des Métaux, le

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Travail des Etoffes, le Travail du Bois, l'Enseignement, "deux figures genre cariatides"21.

Le Bâtiment des Machines agricoles, projeté par Aloïs Brémond, avec toiture tuiles façon Altkirch (jaune) et façon Monchanin (rouge), la décoration est prévue sur le tympan des cinq pignons de la façade principale, ainsi que sur les pilastres flanquant ces cintres, garnis de planches à roseaux lissées au plâtre pour recevoir la peinture décorative.

Ernest Biéler sera chargé de réaliser en un mois et sur échafaudage l'ensemble du décor comprenant trois scènes agricoles de circonstance au centre, Les semailles, les moissons et les vendanges, et deux scènes ornementales aux extrémités, ainsi que les panneaux verticaux formant la paroi extérieure des pylônes.

Le cas du Palais des Beaux-Arts, clef de voûte de la composition paysagère et architecturale de l'Exposition nationale, est celui d'une exemplaire conception globale orchestrée par les architectes.

Finalement conçu par le Neuchâtelois Paul Bouvier et le Genevois Emile Reverdin, non sans que Goss se soit essayé à un projet en style suisse

"réclamé par le public après l'exposition des projets au Palais Eynard", le Palais des Beaux-Arts, est, sur sa structure de bois et de métal, richement décoré de peintures, marouflées ou directement appliquées, et de statuaires. Les deux architectes, mais probablement surtout Paul Bouvier, conçoivent le thème et la forme du décor pictural qui sera appliqué au bâtiment22.

Paul Bouvier23, maître de Charles l'Eplattenier, de Maurice Braillard, etc., est avant tout un artiste. Il finit sa carrière comme aquarelliste (1857-1940), et se fait une renommée dans les constructions d'exposition (1887: laiterie modèle pour Exposition fédérale d'agriculture de Neuchâtel, 1898: cantine à Neuchâtel sur la plaine du Mail pour cinquantenaire de la République neuchâteloise, 1900: représente la Suisse à l'exposition universelle de Paris, 1906 pavillon de l'Horlogerie Expo universelle de Milan; 1910: casino d'Interlaken).

Il contribue à enrichir ce Palais des Beaux-Arts Projet de Guerrier suisse, ensuite exécutés par Rodo de Niederhäuser,, que l'on voulait gai et bien suisse, de toutes sortes de manières. Une thématique née de la mythologie nationaliste est partout présente ici. Une salve d'écussons et d'armoiries orne les voûtes du corridor, certains peints "imitation

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sgraffito avec feuilles de lauriers et chêne dorées à la feuille et effet bronze"24; des hallebardes bronzées forment une haie sous le portique.

Les pilastres sont couronnés de Morgenstern en staff.

Deux guerriers suisses, dont Bouvier donne le dessin, flanquent le dôme principal. Surmontant l'entrée, l'aigle monumental, oiseau alpestre, mais aussi emblème héraldique par excellence, (qui en 1900 à l'Exposition Universelle de Paris sera remplacé par le Coq gaulois!), est moulé par Dominique Fasanino25. Charles Iguel, sculpteur de renom, médaillé de Nancy et aux salons de Paris 1864-1867, ainsi qu'à l'Exposition Universelle de 1889, réalise le génie colossal de 4 mètres de hauteur,

"costumé en armailli suivant le désir exprimé par Monsieur l'architecte Bouvier".

Des figures de Suisses (lansquenets) et de Suissesses des différents cantons, revêtent les pylônes du portique, peints pour moitié par Ferdinand Hodler et, pour moitié, par Daniel Ilhy (1854-1910), élève de Barthélémy Menn, décorateur à Paris pendant 12 ans, auteur des décors de l'hôtel Beau-Rivage.

Deux grands panneaux de Simonet, Genève ancienne et Genève moderne flanquent l'entrée. Ernest Biéler, qui a déjà frappé les Genevois avec ses Harmonies terrestres s'élevant vers les harmonies célestes au plafond du Victoria Hall, peint ici Les arts, La vie champêtre et La ville; Marc Dufaux, décorateur du musée Ariana, peint quant à lui, les différents milieux de la vie en Suisse (Le lac, La plaine, L'Alpe, Le Jura), classification qui anticipe sur celle de Guillaume Fatio dans Ouvrons les yeux. Voyage à travers la Suisse pittoresque.

Le Pavillon de l'alimentation

Pour le Pavillon de l'Alimentation, les organisateurs souhaitent trouver une décoration convenable "sans tomber dans les vieux poncifs, encore moins dans la vulgarité, qui fait trôner la boîte de sardines, la conserve alimentaire et la guirlande de saucisses panachée de jambons fumés et de fromages variés"26. Ils s'adressent d'abord au peintre-décorateur Alfred Briffod, qui nous a laissé un joli projet réalisé pour le décor de l'aquarium, dans la tradition du vélum pompéien, relayée à Genève par Jean-Jacques Dériaz, l'ancien directeur de l'Ecole de Dessin et d'Ornement, ancêtre de l'Ecole des Arts industriels (devenue par en 1869 l'Ecole spéciale d'art appliqué à l'Industrie)27. Briffod a-t-il conçu une

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trop truculente guirlande de saucisses et de jambons? Toujours est-il qu'il est remercié et dédommagé à hauteur de 900 frs. pour ses travaux préparatoires!28

On confie alors le travail à Joseph Mittey, ex-professeur à l'Ecole des Arts industriels, qui embauche des élèves pour l'exécution. Une fois les études et maquette approuvées, une convention est signée pour un travail à forfait. La décoration de Mittey a la prétention de s'adresser au penseur autant qu'au gourmet. L'ambition intellectuelle du programme iconographique est longuement expliquée dans le Journal Officiel de l'Exposition nationale. L'extérieur du bâtiment présente au sommet la Patrie par la Bannière fédérale enroulée et tendue dans une couronne de lauriers et la Famille par des pigeons, grands et petits qui évoluent dans la frise du clocher. L'attique évoque la Chaleur et la Fécondité par un soleil dardant ses rayons et un coq plein de sève. Des barriques et des gerbes mûries par la soleil représentent le Vin et le Pain. L'Abeille butine dans le lys, symbole de pureté, et l'iris. Les fruits de la terre, le raisin, les pommes et les poires complètent cette partie. Sur la façade méridionale une truite sauce genevoise est déposée sur un plat d'or Louis XV et une nappe brodée aux armoiries de Genève et de la Suisse. Une frise

"moderne" symbolise le commencement de la vie par l'oeuf brisé, livrant passage aux poulets, canards qui bondissent. Les panneaux symbolisent

"l'ordre dans l'économie", les abeilles dans leurs rayons d'une parfaite régularité. Les écoinçons des portes sont décorés d'edelweiss et de rameaux d'oliviers. A l'intérieur, Joseph Mittey conçoit un décor des verrières et du garde-corps de la galerie recouvert d'une toile bleue semée d'épis d'or29. Ce décor intérieur sera payé par les participants au pro rata de la superficie occupée.

Conclusion: Petit Décor - Grand Décor

Par son omniprésence, le décor est certainement, sous toutes ses formes, au centre de la création artistique de la seconde moitié du XIXe siècle.

Une multitude protagonistes s'y adonnent, du plus humble peintre d'enseignes et de drapeaux, au meilleur artiste-peintre, comme nous avons pu le voir à travers les réalisations de Hodler, Biéler ou Ilhy. Pour la petite histoire, il n'est pas sans intérêt d'apprendre qu'Ernest Biéler devise son travail au mètre, comme un simple peintre en bâtiments.

Tantôt désigné comme "peintre-décorateur" ou comme "artiste-peintre", il fournit un décompte pour "peinture décorative et ornementale" du dôme central du Bâtiment des machines agricoles où les deux tympans

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comportent des figures, soit 12 m2 58 de peinture, payés 50 frs/m2.

tandis que les ornements des mêmes tympans sont payés 6 frs/m2, la décoration des consoles 4 frs/m2, celle des bras de force, 2 frs/ m2.

Pour revenir à notre sujet, il demeure que l'accession des décorateurs au statut d'artistes fait encore problème. Le litige surgi entre l'anglais Clément Heaton (1861-1940) et le Comité d'organisation de l'Exposition Nationale est à cet égard significatif. Cet inventeur de génie dans le domaine des arts appliqués (du vitrail à la céramique, de l'émail cloisonné aux techniques du papier repoussé, qui s'est signalé au Musée des Beaux-Arts de Neuchâtel, au Musée Historique de Berne, au palais de Justice de Lausanne, etc.), venu d'Angleterre en Suisse dès les années 1880', installé à Neuchâtel dès 1893, et probablement invité à présenter ses recherches décoratives par Paul Bouvier, Heaton, donc, se voit offert une place dans la section "Objets de luxe et de fantaisie".

L'échange de correspondance conservé entre l'artiste et Paul Pictet nous apprend à quel point la crédibilité du décorateur passe encore par l'invention du dessin et la capacité de concevoir et peindre les figures.

Heaton l'a bien compris, qui défend son statut d'artiste en invoquant sa compétence à inventer et représenter des compositions à figures:

"C'est dommage, dit-il, que les idées de l'art modernes font naître des distinctions rigides et empiriques entre les beaux-arts et les arts industriels, car au fond c'est impossible de préciser la question et presque tout l'art du moyen âge pourrait être envisagé comme industriel30. "Moi-même, continue-t-il, j'ai fait de cette manière des grandes décorations monumentales avec figures grandeur naturelle. Il serait impossible pour moi de me présenter au public comme fabricant d'objets de luxe et de fantaisie (...) Je suis d'avis que la division arbitraire entre Beaux-Arts et Arts décoratifs ou Industriels fait énormément de mal à l'art de toute espèce et un tout autre principe était admis par Michel-Ange, Dürer et leurs contemporains."31

Ce disant Heaton rejoint, sans le vouloir peut-être, le débat autour des origines de l'art suisse, en particulier les propos tenus par l'architecte visionnaire, Albert Trachsel, dans ses Quelques mots sur l'art suisse32. La peinture monumentale de Tobias Stimmer et Urs Graf est, d'après lui, la grande tradition artistique nationale avec laquelle il s'agit de renouer.

Il n'est pas le seul de cet avis. Beaucoup de décorateurs souhaitent

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s'engager dans cette voie traditionnelle, mais aussi renouveler la thématique décorative typiquement suisse. Henri Silvestre, professeur à l'Ecole cantonale des arts industriels et coauteur du Grand Théâtre de Genève, préconise, dans son Rapport sur le groupe XVIII de l'Exposition nationale, un renouveau de l'ornementation à travers l'inspiration de "la flore particulière du pays, de notre architecture, de nos anciens édifices, châteaux, hôtels de ville, portes fortifiées, portes de ville, maisons particulières (...), de nos chalets, de nos costumes, de nos armes, certains de nos ustensiles, nos étains, nos vitraux"33.

Or, comment se fait-il que cet art si typiquement suisse, aux origines- mêmes de l'art suisse, soit aux mains des étrangers? Silvestre fait allusion aux Italiens qui, depuis 1830, détiennent l'univers de la décoration architecturale. Joseph Ferrero, artiste-peintre d'origine piémontaise, représente d'ailleurs cette corporation en tant que graveur-décorateur au Comité central de l'Exposition nationale, où il décore le Pavillon de l'hôtellerie, celui de l'Incendie et du Sauvetage, celui du Club Alpin.

Dominique Fasanino change son papier à en-tête après avoir reçu une médaille d'or à l'Exposition nationale pour ses moulages en staff. A ces deux ténors du décor s'ajoutent d'autres spécialistes italiens, tels Pierre Taddeoli, Joseph Massarotti (Massarotti copie de l'Harmonie de Jean Coulon au Victoria Hall) & Sartorio décorent en staff l'horloge de Mäder dans le hall central du palais des Beaux-Arts.

Un souci protectionniste transparaît clairement dans le rapport de Silvestre:

"Il y a là [dans le domaine de la peinture en bâtiments et de la petite décoration] quantité de spécialités intéressantes: d'abord la préparation des surfaces à peindre, la manière de passer les tons, en un mot la barbouille, puis la décoration par des tons plats, les chablons, le filage plat et le filage des moulures, avec lequel des ouvriers habiles, arrivent à faire des travaux ayant de la valeur et qui sont largement payés; encore davantage que l'imitation des bois et des marbres; que de bonnes études peuvent se faire, que de belles choses ont été produites dans ces genres qui deviennent en certaines mains des travaux artistiques. Combien de gens de notre pays ont bien fait leurs affaires en travaillant dans ces industries, qui ont été pratiquées à Genève, par de rares Genevois, tandis que quantité d'étrangers, des spécialistes dont le talent était connu et

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apprécié des architectes et des propriétaires, maître d'hôtels, etc.

s'y sont créés de belles positions."34

Silvestre sera entendu. Une relève locale prendra bientôt sa place dans le champ du décor. Quelques personnalités, telles George Guibentif, Jean- Baptiste Hellé, Eric Hermès, Joseph Vernay, joueront un rôle de premier plan.

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1 Journal Officiel illustré de l'Exposition nationale, Genève 1896, 4 septembre 1896, n° 33, p. 391.

2 Ibid., p. 392.

3 AEG, Exposition nationale, 29/15, 7 juillet 1894.

4 William VOGT, De l'enlaidissement de Genève, Genève, 1910.

5 Alain GRUBER,

6 AEG, Exposition nationale, 7 oct. 1895, 29/15.

7 AEG, Exposition nationale, 45/419, Réponse de Paul Pictet à L. Pasquier, Usine de Grandchamp, 27 déc. 1894.

8 AEG, Exposition nationale, 4/309. Le papier à en-tête du couvreur S. Streit, installé 7, rue Leschot, annonce un dépôt d'ardoises du Valais, des tuiles de Bourgogne et du pays.

9 AEG, Exposition nationale, 4/280.

10 AEG, Exposition nationale, 3/129.

11 AEG, Exposition nationale, 3/107. Elle dessinera le velum de 655 m2 du pavillon de l'art militaire, ainsi que les portières vieil or, les drapeaux et les oriflammes.

12 AEG, Exposition nationale. 4/256.

13 Aristide Cormier, dont la maison de "rocailleur-décorateur", fondée en 1872, peut réaliser des aquariums, jets d'eau, grottes, pavillons rustiques, travaux de ciment et de tuf, rocaille, meubles de jardins, etc. cf. AEG, Exposition nationale, 3/143.

14 Guide officiel de l'Exposition nationale pt.

15 AEG, Exposition nationale, 395/142.

16 "David Cullaz, successeur" de l'"ancienne maison D. Fasanino", fondée en 1873, énumère la longue liste de ses principaux travaux autour du lac Léman et au-delà. Parmi les hôtels concernés, le Grand Hôtel Beau-Rivage de Genève, le Grand Hôtel des Bergues, l'Hôtel des Trois Couronnes à Vevey, le Grand Hôtel National à Montreux, le Grand Hôtel de Paris et sa salle des fêtes à Montreux, le Grand Hôtel Continental de Montreux, Le Grand Hôtel Bonivard et sa salle des fêtes à Veytaux, le Grand Hôtel des Alpes à Territet, le Grand Hôtel de Caux, le Grand Hôtel des Avants, le Grand Hôtel de Jaman aux Avants, le Grand Hôtel des Bains à Lavey, le Grand Hôtel de Château Belle Vue à Sierre, le Grand Hôtel d'Evian-les-Bains et sa salle de spectacle, le Grand Hôtel Savoy à Chamonix, le Grand Hôtel Couttet à Chamonix, le Grand Hôtel Splendide à Aix-les-Bains, le Grand Hôtel des Bains de Divonne.

17 AEG, Exposition nationale, 45/406.

18 Le dépouillement systématique des volumineuses pièces comptables de l'Exposition nationale, ainsi que des dossiers consacrés à la genèse des différentes bâtiments et pavillons, conservés aux Archives d'Etat, une source d'énorme intérêt pour la connaissance des corps de métiers du bâtiment de l'époque nous a permis de découvrir une multitude de petites entreprises liées aux travaux de décoration.

19 AEG, Exposition nationale, 393/106. Rapport de Jules Hedmann à Jacques-Elysée Goss.

20 AEG, Exposition nationale, 393/194.

21 AEG, Exposition nationale, 393/208.

22 "Il est entendu que l'adjudication qui sera ouverte ne présentera pas le caractère d'un concours de composition entre les artistes suisses. La composition demeure confiée à MM. Reverdin et Bouvier;

l'adjudication s'adresse surtout aux industriels disposés à coopérer à l'exécution de ces compositions."

(Exposition nationale, 11 mars 1896, 29/15).

23 "Tel un mage, vêtu d'une houppelande, au milieu des éclatants décors ramenés d'Orient, (...) il réunissait d'humbles apprentis, assoiffés d'art, et, tout en leur racontant Paris, Rome, Pompéi et Tunis, (...) les faisait travailler. Les belles heures d'enthousiasme dans cet embryon d'école d'art! Un apprenti plâtrier venait à pied de Peseux, s'en retournait de même, ivre de joie (...) Son nom? Charles

l'Eplattenier."

24 Fischer entr.

25 AEG, Exposition nationale, 3/206.

26 Journal Officiel de l'Exposition nationale, p. 392.

27 AEG, Exposition nationale, 3/122, "Fourni un velum en toile de bâche avec peinture décorative au verso destinée à l'aquarium 250.-" Il fera toujours pour l'aquarium uen frise sur toile avec des poissons et des plantes.

28 AEG, Exposition nationale, 48/604/17. Briffod envoie de Paris un projet intitulé Chi va piano va sano de 22 armoiries entre lesquelles il fait figurer les noms des peintres, des archtiectes et sculpteurs

(17)

suisses en précisant: "J'ai cherché à donner à ce projet un caractère national, ainsi les feuillages qui accompagnent les armoiries seraient pris dans notre végétation."

29 Journal Officiel de l'Exposition nationale, pp. 393-394.

30 Exposition nationale, Décor architectural, 40/175/13.

31 Ibid.

32 "La peinture et la sculpture furent à l'origine monumentales et décoratives. Des artistes tels que Urs Graf, Tobias Stimmer, Hans Fries, Hans Aspert, décorèrent les édifices ou composèrent des vitraux.", ds. Op. cit., Lausanne, 1890, p. 89.

33 Op. cit., p. 23.

34 Op. cit. p. 27.

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