R EVUE DE STATISTIQUE APPLIQUÉE
V LADIMIR K LEGA
Optimisation de la disposition des réserves pour un système à fiabilité du type série
Revue de statistique appliquée, tome 19, n
o2 (1971), p. 67-75
<
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OPTIMISATION DE LA DISPOSITION DES RÉSERVES
POUR UN SYSTÈME À FIABILITÉ DU TYPE SÉRIE
Vladimir KLEGA
Institut National de
Recherches
de ConstructionsMécaniques
Bech ovice(Prague)
1 - INTRODUCTION
Considérons un
système
formé par dessous-systèmes
d’éléments ensérie
(système
debase)
et par dessous-systèmes
de réserves de ces élé- ments(système
deréserves)
et un modeparticulier
deréparation
pour ces éléments. L’introduction dusystème
de réserves et du mode deréparation
assure au
système
une fiabilitésupérieure
à celle dusystème
de base. L’as-surance d’une telle fiabilité pour le
système
de base est limitée par des im-pératifs techniques
etéconomiques
tels quepoids, volume, prix
dusystème
entier, par les coûts du mode deréparation,
etc... Ces notions conduisent à la construction d’une suite demodèles,
à l’aidedesquels
leproblème
del’optimisation
de la réserve a été résolu.Un groupe est
représenté
par les modèles décrits dans(L 1), (L 2), qui dépassent
les limitesimposées.
On cherche alors unsystème
de réser-ves
qui,
tenantcompte
de ceslimites,
rende maximale la fiabilité du sys- tème entier. L’autre groupe estreprésenté
par les modèles décrits dans(L 3), (L 4), qui permettent
de construire successivement l’ensemble dessystèmes
deréserves,
dont chacunpossède
lapropriété optimum
suivante :un
système
de réservesquelconque,
pourlequel
la fiabilité dusystème
entierest
plus grande, répond
moins bien auximpératifs techniques
etéconomiques .
Tout
système
de réservesayant
cettepropriété s’appelle système
substan-tiel de réserves. Il en résulte que la fiabilité du
système
entier atteint son maximum pour unsystème
de réservesqui,
avec les limitesimposées,
estun élément de l’ensemble des
systèmes
substantiels de réserves. Dans ce sens le modèle du second groupe estplus général,
parcequ’il
contient la so-lution associée au modèle du
premier
groupe.Lors de la construction de l’ensemble des
systèmes
substantiels de ré-serves on
peut poursuivre,
aupoint
de vuetechnique
etéconomique,
le dé-veloppement
de la situationd’après
lapuissance
dusystème
entier, réalisée successivement par l’addition d’autres réserves etcompte
tenu del’augmen-
tation de sa fiabilité. Un inconvénient de certaines
méthodes,
dontquelques-
unes sont utilisées dans ce
document,
pour la construction de l’ensemble dessystèmes
substantiels deréserves,
est que l’on n’obtient pas tous les élé- ments del’ensemble,
de sorte que l’on ne construitqu’un
ensemble incom-plet.
Ainsi on obtient seulement un résultatapproximatif,
mais celui-ci estcompensé
par le fait que leprocédé
de calcul estplus simple.
Deplus,
l’en-semble
incomplet
estgénéralement
suffisant.Dans cet article en
généralise quelques
résultats obtenus par Barlow(L 3)
pour les modèles du second groupe, de sorte quel’optimisation
desréserves
peut
êtreappliquée
aussi à d’autressystèmes.
Deplus
onpeut
con- sidérer le mode deréparation.
2 - DISPOSITION DES RESERVES
Considérons un
système, qui représente
lesystème
de base compre- nant k éléments en série et unsystème
de ni réserves pour leiè8e
élément(i = 1 ,
2 , ... ,k).
Lesystème
est déterminé par le vecteurque nous allons
appeler disposition
des réserves. Le vecteur n =(0 ,
0 , ... ,0) correspond
ausystème
de base.La fiabilité du
système
estdésignée
parR(n).
Si pour la réserve i ondépense
cij, le nombre des coûts cij étant s, la somme :donne les coûts
du j ème type
de réserves. Dans la notion de coûts nous allons inclure tous lesparamètres techniques
etéconomiques
considérés. La dis-position optimum
des réserves est définie de la manière suivante.Définition
La
disposition
des réservesn*
est dite substantielle dans le cas oùR (n)
> R(n*)
==~ c(n)
> c(n*)
est vraiequel
quesoit j,
ou
R (n) = R (n*)
~ c(n) =
c(n*)
est vraiequel
quesoit j.
En d’autres termes, la
disposition
des réserves est substantielle dans le casoù une
disposition quelconque augmentant
ou conservant la fiabilité dusystè-
me
augmente
ou conserve les coûts de toutes les réserves.Le but de ce document est de déterminer les éléments de l’ensemble des
systèmes
substantiels de réserves. En construisant cetensemble,
d’unepart
on réduit le nombre dessystèmes
deréserves, qu’il
faut considérerpour
prendre
unedécision,
d’autrepart
onpeut prendre
une décisionopti-
mum de la
façon
suivante : ladisposition
de réserves au coût minimumpeut
être choisie àpartir
d’une fiabilité donnée(ou,
cequi
estéquivalent,
unedisposition
à la fiabilité maximum dusystème peut
être choisie àpartir
decoût de réserves
donné).
Par lasuite,
nous considérerons deuxméthodes,
à l’aide
desquelles
nous construirons l’ensemblequi peut
êtreincomplet
desdispositions
substantielles deréserves,
ces méthodes étant valables d’une manièregénérale.
3 - CONSTRUCTION DE L’ENSEMBLE DES DISPOSITIONSSUBSTANTIELLES DE RESERVES
3. 1 - Première méthode
Supposons qu’il
existe une fonction monotone de la fiabilité dusystème
R (n) :
où
K1, K2
sont des constantes. La fonction Ui nedépend
que du nombre de réserves dui èlle
élément dusystème
de base(et
parexemple
du mode de ré-paration).
Ladisposition
des réserves va être obtenue successivement à par- tir dusystème (0, 0,..., 0)
etchaque système
suivant sera obtenu paraddition d’un élément. Si l’on aboutit ainsi au
système
n, onajoute
au sys- tème une unité duo
élément et on obtient ladisposition
no =
(n 1 , n 2 , - - - , ni 0-1 , nio
+1 , n~
...nk)
Dans ce cas,
l’expression
atteint son maximum pour i = io. Si
l’expression (2)
atteint son maximumpour
plusieurs
indices i, on choisira poursystème
n’ celuiqui
est leplus petit.
Ce
procédé
sera réalisé avec un vecteur a =(a 1 ,
a2 , ... ,âg), puis
avec un autre vecteur de
façon
àépuiser
tous les vecteurs a EA,
où Areprésente
l’ensemble des vecteursqui
satisfont aux conditions(L’ensemble
A est de toute évidence convexe, et pour cette raison a estappelé
par Barlow(L 3)
vecteurconvexe).
Par
répétition
duprocédé
pour un vecteur depoids donné,
vecteurqui
ne diffère pas
trop
du vecteurdéjà appliqué,
on n’obtientgénéralement
pas d’autresdispositions
substantielles des réserves. Pour cette raison nous al-lons,
dans le calculpratique,
choisir parexemple
un incrémentquelconque
0
0
1 de telle sorteque 1 représente
un nombre entier et nous allonsrépéter
leprocédé
pour les vecteursou
wDans cette
première méthode,
l’idée est basée sur l’addition d’une ré-serve au
système
telle que l’incrément d’une certaine fonction de fiabilité dusystème
sur les coûts des réserves est maximum(on
ne considéreraqu’un
seul genre decoût).
La fonction de fiabilitépossède
unepropriété
telle que du fait de )aréserve,
parexemple
d’indice i =io,
son incrément nedépende
que de l’incrément de la fonction
Uio (nio).
---
(1) sgn G = 1 ou - 1, avec une fonction G croissante ou décroissante.
Théorème 1
Si la fonction G est croissante
(décroissante),
la fonctionUi (ni)
crois-sante et concave
(décroissante
etconvexe)
pour tous les i,Ki, K2, (K2
>0) constants,
et si la relation(1)
estvérifiée, après chaque disposition
des ré-serves n, construite par la
première méthode,
lesystème
de réserves est substantiel.Démonstration
Soit le
système
de réservesn*
construit selon lapremière
méthode etpour un certain vecteur a. Soit
no
ladisposition,
que l’on va obtenir dans le dernier cas par l’addition d’une unité à la réserve duièlle élément,
desorte que la
disposition nô
soit la suivante :Soit n un
système
tel queR (n)
>R (n*) .
Désignons
parDl
etU2
l’ensemble des indices i, pourlesquels
res-pectivement
ni >n~
et nini,
et considérons parexemple
le cas où G estune fonction décroissante. Il résulte successivement des relations
(1)
et(3) :
où la dernière
inégalité
résulte du fait queUi (ni)
est une fonction décrois- sante et convexe. Dans le cas considérél’expression (2)
devientPour assurer la suite du
système
n*après
ladisposition n~
dans lapremière méthode,
il faut satisfaire pour toutes les valeursi ~ io
les iné-galités
et
Les relations
(4)
à(7)
nouspermettent
d’écrire :Puisque Vl0(nto - 1)
>0,
on obtient N > 0.L’expression (8)
s’écrit alors :de sorte que, pour certaines valeurs de
j, l’inégalité c j(n)
>c j(n*)
est véri-fiée. La
première implication
dans la définition de ladisposition
substan-tielle est donc satisfaite.
Soit n une
disposition,
telle quel’inégalité R(n) = R (n*)
soit vraie. Enconséquence
on obtient de la même manièrel’inégalité :
l’égalité peut
exister seulement dans le cas, oùc j (n)
>c j (n*)
pourquelques
valeurs
de j,
dans le cas oùcj(n) = Cj(n*)
pour toutes les valeursde j,
desorte que la deuxième
implication
de la définition est aussi satisfaite. Le même résultat serait facilement obtenu dans le cas où G est une fonction croissante. Il en résulte que ladisposition
des réserves n* est substantielle.3.2 - Seconde méthode
L’idée de la seconde méthode est basée sur le fait que la
disposition
des réserves atteint son
optimum
dans le cas où les incréments d’une fonc- tion de fiabilité dusystème
par unité d’une combinaison linéaire des coûts des réserves sontidentiques (avec
une limitation sur le nombre discret desréserves)
pour tous les éléments en série. D’unefaçon plus
exacte, on con- sidère un vecteur decomposantes
constantes b =(bl, b2 , ... bg),
avecb j >
0(les bj
n’étant pas tousnuls)
et on suppose l’existence de la rela- tion(1).
On déterminen i (b)
pour tous les i = 1 , 2 ,..., k
comme leplus petit
nombre entier m,qui
satisfaitl’inégalité
Le vecteur
n(b)
obtenu est considéré commedisposition optimum
desréser-ves.
Théorème 2
Si toutes les conditions du théorème 1 sont
satisfaites, après chaque disposition
des réservesn(b),
construite à l’aide de la secondeméthode,
lesystème
de réserves est substantiel.---
(1) sgn G =1 ou -1 quand G est une fonction croissante ou décroissante.
Démonstration
Soit n* la
disposition
des réserves construite à l’aide de la seconde méthode pour un vecteur decomposantes
constantes b. Soit n une telle dis-position, qui
satisfait àl’inégalité
En
reprenant
la démonstration utilisée pour lepremier
théorème à par- tir del’inégalité (3),
dans le cas où G est une fonctiondécroissante,
nousobtenons de toute évidence :
où la dernière
inégalité
résulte del’expression (10)
et de la définition desquantités ni(b).
D’où on obtientl’inégalité
de sorte que pour certaines valeurs
de j, l’inégalité c j(n)
>Cj(n*)
est véri-fiée. Par
rapport
àl’inégalité (11)
les deuximplications
de la définition de ladisposition
substantielle sont satisfaites. Le même résultatpourrait
être facilement obtenu pour une fonction G croissante. Ladisposition
des réservesn*
est donc substantielle.On
peut
combiner convenablement les deuxméthodes,
surtoutquand
ladisposition
substantielle est cherchée en fonction de la fiabilité dusystème
ou des coûts
(CI,
02 , ... ,cs)
dans un certain intervalle. On trouve tout d’a- bord à l’aide de lapremière
méthode ladisposition
partâtonnements, qui
donne une valeur située à l’extrêmegauche
del’intervalle ;
ensuite on con-tinue à l’aide de la seconde méthode
jusqu’à
ce que l’on obtienne la valeur située à l’extrême droite de l’intervalle.4 - OPTIMISATION DES RESERVES D’UN SYSTEME A REDONDANCE DE SECOURS
Considérons un
système,
dont lesystème
de base contientk~ 1~ éléments, qui
sont mis en série et dont lesystème
de réserves est constitué de néléments de secours pour
chaque
élémentprincipal.
Lerégime
derépara-
tions des éléments est le suivant : le
système
estréparé
par kdépanneurs,
dont le
i ème effectue la
réparation
de tous les éléments duibe
genre. Lors d’une avarie dusystème,
laréparation
n’est effectuée que par ledépanneur
de
l’élément,
dont l’avarie a causé la défaillance dusystème.
---
(1) k > 1.
On considère que le
système
fonctionne si les conditions suivantes sont satisfaites :(1)
Letemps
de fonctionnement du iè8e élément est une variable aléatoire dont la fonction derépartition
est :pour
pour
(2)
Letemps
deréparation
dui è8e
élément est une variable aléatoire dont la fonction derépartition
est :(3)
Toutes les variables aléatoires sontindépendantes. Lorsque
lesystè-
me atteint un état
d’équilibre,
sa fiabilité est donnéed’après (L 5)
par l’ex-pression :
où
On constate facilement que, pour le
système considéré,
l’ensemble des dis-positions
substantielles de réservespeut
être réalisé. Posons :Supposons
quePi
1, cequi
est naturelpuisque
le taux de défaillance de l’élément estplus petit
que le taux deréparation.
De
plus
supposons que :et que
A
partir
de la relation(14)
on vérifie facilement que : p - 1 0 ,---
(2) i = 1 , 2 , ... , k.
pour
pour
et de la relation
(15)
que :inégalités qui
sont évidemment vérifiées pour 0 P 1, de sorte queU (n)
est une fonction décroissante et convexe. Etant donné les relations
(12)
et(13),
la fonction G est décroissante et la relation(1)
3stvérifiée,
toutes lesconditions des théorèmes 1 et 2 sont aussi satisfaites.
Si nous utilisons la seconde
méthode,
onpeut simplifier
la construc-tion
de ni ( ~,)
à l’aide del’inégalité (10) qui,
dans le casconsidéré, peut
être écrite sous la forme :ou :
Désignons
parg 1(n)
lapartie gauche
de cetteinégalité
et posonsg 2(n) = (1 - p ) 2 pD+1. Puisque
pour 0 p 1, n >_ 0, lesinégalités
0(1 - pD+l)
1sont
vérifiées,
on obtient :L’expression
-.nous
permet
d’écrire :avec
Si ni =
n(~, ),
nireprésente
leplus petit
nombre entierqui
satisfait àl’inégalité (16).
Soit n2 leplus petit
nombre entierqui
satisfait àl’inégalité (18). Puisque
la relation(17)
est vraie et que les deux fonctionssont de toute
évidencedécroissantes, l’expression
n 1 ~ n2 esttoujours
vraie. Del’inéga-
lité
(19)
il résulte que :n2 =
[d] (21)
n2
peut
être défini comme le nombre tel que[d] ]
soit le nombre entier leplus grand parmi
les nombres D tels que D d. Comme p estgénéralement
pro-che de
zéro,
on obtient dans laplupart
des cas ni = n2.A titre
d’exemple,
nous pouvons considérer un ordinateur comme unsystème
formé d’un sous-ensemble de troispaires (i =
1 , 2 ,3) : l’entrée,
l’unité centrale et lasortie,
et par unsous-système
de réserves de l’entrée et de la sortie. Leprix
dusystème
entier et le coût durégime
desrépara-
tions sont des contraintes intéressantes. Si le
régime
desréparations
estcelui considéré au §
4,
la fiabilité est donnéed’après
(L5)
parEn utilisant les deux méthodes
proposées
nous trouverons facilement l’ensemble desdispositions
substantielles des réservescompte
tenu des deuxcontraintes ci-dessus.
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