Design, emplacement et gestion
Réserves et zones protégées
BIO3515
Prof. Gabriel Blouin-Demers, PhD
Tendances dans les aires
protégées
Taille des parcs
Représentation
Grand Canyon NP
Raison première de la création des
parcs est souvent la géologie….
Yellowstone NP
Pergams & Zaradic. 2008. Evidence for a fundamental and pervasive shift away from nature-based recreation. PNAS 105: 2295-2300.
Diminution des visites
On ne peut apprécier si
on ne connait pas...
• Il y a un état d’équilibre stable pour les
écosystèmes
• Lorsque perturbés, les écosystèmes
reviennent à leur état d’équilibre
État de l’écosystèmeCaractéristique 1
Caractéristique 2
Perturbation
État d’équilibre
État perturbé
Écosystèmes
Hypothèse de l’équilibre
• Écosystèmes peuvent être préservés dans des réserves
• Les écosystèmes vont s’y maintenir à leur état d’équilibre
• Lorsque perturbés, ils vont revenir à leur état d’équilibre
Implications de
l’hypothèse de l’équilibre
• Les écosystèmes naturels sont en changement
dynamique entre plusieurs états
• Lorsque perturbés, ils peuvent changer d’état
État de l’écosystèmeCaractéristique 1
Caractéristique 2
Perturbation
S1
État perturbé S2
S1
S2
S3 S3
Écosystèmes
Hypothèse du non-équilibre
• Les écosystèmes ne peuvent être préservés facilement dans des réserves isolées
• Il est peu probable que les réserves demeurent dans un seul état stable
• Les perturbations naturelles et
anthropogéniques vont causer des changements dans les réserves
Implications de l’hypothèse
du non-équilibre
Design & emplacement
des aires protégées
• Préservation d’écosystèmes intacts (Ex:
bassins versants)
• Préservation de la biodiversité (Ex: régions avec beaucoup d’endémisme)
• Préservation d’espèces étendard (Ex: grands carnivores)
• Conservation pour une exploitation soutenable (Ex: forêts, marais)
Objectifs des réserves
• Si l’espèce étendard requiert un vaste habitat, sa
protection peut mener à la protection d ’un écosystème complet et à celle de
nombreuses autres espèces
• Ex: tigres, pandas, grizzly
• Syndrome de Bambi...
Espèces étendard et le concept du parapluie
Autres
espèces Autres espèces
Espèce étendard
Espèces étendard
Espèces étendard
• Enjeux biologiques, et leur implications pour la taille, l’emplacement, la configuration, etc.
• Enjeux socioculturels, implications face aux utilisations traditionnelles du territoire
• Enjeux économiques, implications pour l’économie locale et régionale
Enjeux du design des
réserves
• Taille
• Forme
• Zones tampon
• Corridors et réseaux de réserves
• Contexte du territoire
• Hétérogénéité spatiale et agrégation
• Représentativité
Aspects critiques dans
le design des réserves
• Nombre d’espèces
d’herbivores augmente avec la taille des parcs d’Afrique de l’est
• Mécanisme: taux
d’extinction plus faibles dans les grands parcs
Log surface du parc (km2)
1 2 3 4 5
1.2 1.3 1.4 1.5 1.6
Log richesse spécifique
Taille des réserves: implications
de la biogéographie des îles
• Depuis l’arrivée des
européens dans le nord des Rocheuses
• Pertes augmentent avec la taille décroissante des aires isolées
• Donc aires isolées de petite taille ne sont pas suffisantes pour
maintenir la diversité
10 Superficie (km2 x 1000)
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
% moyen d’espèces perdues
0 10 20 30 40 50 60 70
Pertes de grands
mammifères
• Parcs Nationaux USA
• Nombre
d’extinctions est
inversement relié à la taille des parcs
0 1 2 3 4 5 6 7 8
10 100 1000 10000 100000
Superficie (km2)
Nombre d’extinctions
Extinction de mammifères
dans les parcs
• Taille des populations augmentent avec celle des parcs
• De grands parcs sont requis pour des
populations viables de gros herbivores et
particulièrement de carnivores
Petits herbivores Gros herbivores Gros carnivores
1 10 100 1000 10000 100000
1 100 10000 1000000
Taille de la population
Superficie du parc (hectares)
Taille des parcs et des
populations protégées
• Rapport bordure:superficie diminue lorsque la taille de la réserve augmente
• Donc, pour une largeur de zone d ’influence donnée, les petites réserves seront plus affectées que les
grosses
Taille des réserves et
effets de bordure
• Réserves longues et étroites sont surtout de la bordure
• Réserves circulaires de même superficie ont un habitat intérieur
100 m
Bordure Intérieur
Forme des réserves et
effets de bordure
• Dans les réserves circulaires, la perte d’habitat de bordure peut réduire
dramatiquement la superficie de l’habitat d’intérieur
Effets de la perte d’habitat sur des réserves de formes différentes
Bordure
Intérieur
100 m
• Richesse spécifique est plus grande
• Populations protégées sont plus grandes
(particulièrement important pour les grands mammifères)
• Effets de bordure sont minimisés
Pourquoi privilégier les
grandes réserves?
• Zone centrale où l’impact de l’homme est minimal
• Zone tampon qui protège la zone centrale
• Zone de transition entre la réserve et le territoire non
protégé Centre
Zone tampon
Zone de transition
Design des réserves: zone
tampon et de transition
• Diminue l’impact des menaces extérieures
• Permet usages multiples tout en minimisant les impacts sur la biodiversité et la structure et le fonctionnement de l’écosystème
• Minimise l’effet de bordure sur la zone centrale
Rôle des zones tampon
• Raison: favoriser le mouvement et la re-
colonisation d’habitats de bonne qualité dans un
territoire fragmenté
Corridors
Exemples de corridors
Exemples de corridors
• Corridors de migration qui lient des habitats divers
• Corridors permettant les déplacements
d’individus entres habitats pour les espèces formant des métapopulations
Types de corridors
• Lac Manyara au Parc National Tarangire en Tanzanie
• Corridor proposé permettrait aux
ongulés de se déplacer entre les zones de
pâturages naturels
Corridors pour espèces
migratrices
• Taille et qualité des
corridors déterminent les taux de re-colonisation
• les petit corridors de basse qualité augmentent les taux d’extinction dans les puits
Source Puit
Corridor
Corridors pour
métapopulations
Estimés de la largeur minimale des corridors
Lieu Largeur
Loup Ours noir
Cougar Lynx Chevreuil
Minnesota Alaska
12 km 22 km
Minnesota 2 km
Californie 5 km Caroline du sud 2,5 km
Minnesota 0,6 km
• Région de Klamath en CA et OR
• Corridors proposés
relient zones protégées et sont suffisamment
larges pour permettre le mouvement des espèces menacées
Oregon
California To
Oregon Cascades
To Redwood National Park
Corridors pour créer
un réseau
• Comprennent les
réserves, les corridors et les zones tampons
Centre
Zone tampon
Zone de transition
Réseaux régionaux à
usages multiples
Lassen Volcanic NP
Yosemite NP Sequoia NP
Sierra Network
(California)
North Cascades NP
Mt. Ranier NP
North Cascades Network
(Washington)
Great Smoky Mountains NP
Southern Appalachian Highlands Network
(North Carolina/Tennessee/Georgia)
Yellowstone NP Grand Teton NP
Yellowstone Network
(Wyoming/Montana/Idaho)
Réseaux de zones protégées
proposées aux USA
• Grosse > petite
• Une grosse > plusieurs petites: SLOSS *
• Rapprochées > éloignées _______________
* contesté!
Mieux Pire
Design des réserves:
Principes généraux I
• Corridors > pas de corridors
• Ronde > linéaire
• Zones tampon/transition >
pas de zone tampon
Mieux Pire
Design des réserves:
Principes généraux II
• Frontières de juridiction devraient
correspondre aux frontières écologiques
• Réserves devraient être localisées dans des zones où la biodiversité est élevée ou
menacée
Localisation et
frontières des réserves
• 8 plus grandes réserves en AN
• 7/8 ont des frontières légales beaucoup plus petites que les frontières écologiques
• 7/8 ont des frontières plus petites que la superficie
minimale requise pour une espèce (ou plus) de grands
mammifères
Frontière écologique / frontière légale0 5
10 15 20
PMV = 50 PMV = 500
Frontières de juridictions
et des réserves
Analyse de trouées
Analyse de trouées
Prendergast et al. 1993. Rare species, the coincidence of diversity hotspots and conservation strategies. Nature 365: 335-337.
Pas toujours de correspondance
Myers et al. 2000. Biodiversity hotspots for conservation priorities. Nature 403: 853-858.
Mais certaines zones
critiques claires
Myers et al. 2000. Biodiversity hotspots for conservation priorities. Nature 403: 853-858.
Global clines in species richness of fish (A), corals (B), snails (C),
and lobsters (D). (E)
Concordance of the top 10%
most species-rich cells among taxa. Red cells were included for
all four taxa, orange for three, yellow for two, and blue for one.
(F) Threats to reefs in each grid cell. Blue represents low risk;
yellow, medium risk; and red high risk. (G) Concordance in
patterns of range rarity among the top-scoring 10% of cells for each taxon. Places outlined show multitaxon centers of endemism.
Roberts et al. 2002. Marine biodiversity hotspots and conservation priorities for tropical reefs. Science 295: 1280-1284.
Cumulative curves of species number versus
geographic range size.
Range size is expressed as the number of cells containing reef habitat
within each species' extent of occurrence
Roberts et al. 2002. Marine biodiversity hotspots and conservation priorities for tropical reefs. Science 295: 1280-1284.
Bruner et al. 2001. Effectiveness of parks in protecting tropical biodiversity. Science 291: 125-128.
Efficacité des parcs
Comparison of the condition of parks to the
surrounding 10-km belt.
For all five anthropogenic impacts, parks were in
significantly better condition than their
surrounding areas
Bruner et al. 2001. Effectiveness of parks in protecting tropical biodiversity. Science 291: 125-128.
Roberts et al. 2001. Effects of marine reserves on adjacent fisheries. Science 294: 1920-1923.
Study sites and marine reserve zones in St. Lucia (left) and Florida (right)
Efficacité des réserves
marines
Build-up of commercially important fish biomass in marine
reserves and adjacent fishing grounds in St. Lucia
Roberts et al. 2001. Effects of marine reserves on adjacent fisheries. Science 294: 1920-1923.
Comparison of fish catches and catch per
unit effort between 1995-1996 and
2000-2001 for the two principal forms of fishing gear used in the
St. Lucian reef fishery
Roberts et al. 2001. Effects of marine reserves on adjacent fisheries. Science 294: 1920-1923.
Cumulative world records for game fish in the 200-km coastal section adjoining the Merritt Island refuge (open circles) compared to records
from all the rest of Florida (filled circles). Asterisks mark the time of
protection from fishing within the refuge. Vertical dashed lines show a
period of rapid accumulation of new world records after addition
of new line classes by the IGFA.
Arrows mark the points at which there was a rapid increase in accumulation of new records for each species from areas around the
Merritt Island refuge.
Roberts et al. 2001. Effects of marine reserves on adjacent fisheries. Science 294: 1920-1923.
Wittemyer et al. 2008. Accelerated human population growth at protected area edges. Science 321: 123-126.
Across Africa and Latin America, human population
growth rates in 10-km buffers surrounding PAs (black bars) nearly doubled
those of national rural growth rates (gray bars),
exceeding them by an average of 1% per annum
Des menaces pèsent
Wittemyer et al. 2008. Accelerated human population growth at protected area edges. Science 321: 123-126.
Population growth rates within 10 km of 306 rural PAs in 45
countries in Africa and Latin America were significantly
higher than national rural averages
Wittemyer et al. 2008. Accelerated human population growth at protected area edges. Science 321: 123-126.
Deforestation measured within a 50- km buffer of 55 forested PAs in
Africa and Latin America was greatest where annual rates of human population growth in PA
buffers were highest
Gestion des aires
protégées
•
Pourquoi doit-on gérer les zones protégées?•
Principes de gestion et d’aménagement•
Types de gestionGestion des zones
protégées
•
Gestion implique lasurveillance et la modification des activités humaines et des processus écologiques à
l’intérieur et à l’extérieur des zones protégées pour
atteindre les objectifs de protection
Processus
écologiques Activités humaines Gestion des zones protégées
Objectifs
(e.g. protection de la biodiversité)
Qu’est-ce que la gestion
des zones protégées?
•
L’état de non-équilibre desécosystèmes implique qu’il est peu probable qu’ils persistent dans leur état actuel
•
Donc, si on veut maintenir l’état actuel, il faut intervenir activementVariable 1
Variable 2
S2
S3 S1
Intervention requise pour maintenir état S2
État de l’écosystème S2 S3
S1
Temps
État actuel désiré
Pourquoi intervenir?
•
Les zones protégées sont des systèmes ouverts qui échangent énergie et matière avec leurentourage
•
Ces échanges peuvent affecter grandement ce qui arrive dans les zones protégées•
Donc, des interventions àl’intérieur des zones protégées peuvent être requises pour
contrebalancer les influences de l’extérieur
Pourquoi intervenir?
0 1 2 3 4 5 6 7 8
10 100 1000 10000 100000
Aire (km2)
Nombre d’extinctions
•
Beaucoup de zones protégées sont trop petites pour supporter des populations viablesPourquoi intervenir?
•
Beaucoup de zonesprotégées sont trop petites pour contenir les
perturbations naturelles qui maintiennent la biodiversité
•
Interventions requises pour simuler ces perturbationsFeux contrôlés dans les zones protégées de Cape Cod
Pourquoi intervenir?
•
Zones protégées sontaffectées par des pressions extérieures
•
Interventions requises pour mitiger ces pressionsImage satellite de la Savannah River Reserve, South Carolina
Pourquoi intervenir?
•
Pour atteindre les objectifs, quel est le niveau minimum d’intervention requis?LA! question
• Les processus écologiques critiques doivent être maintenus
• Les pressions de l’extérieur devraient être minimisées et les bénéfices de l’extérieur maximisés
• La gestion doit être adaptative et minimale
• Les stress doivent être mitigés, pas leurs symptomes
4 principes de gestion
des zones protégées
•
Interventions conçues comme de véritables expériences•
Connaissances acquises par ces expériences sontutilisées pour revoir les stratégies de gestion
Données Savoir
Processus de décision
Intervention expérimentale
Surveillance
Évaluation
Gestion adaptative
•
En gestion adaptative, les interventions changentrapidement en réponse aux nouvelles connaissances
•
Comme chaque intervention est une expérience, lesconnaissances grandissent rapidement
Temps
Connaissances
Évaluations Interventions
Adaptative
Non-adaptative
Gestion adaptative vs
non-adaptative
•
Des espèces indicatrices, clés, ou très appréciées (rares,menacées ou en danger) sont choisies
•
La zone protégée est gérée afin d’assurer une population viable de ces espèces•
Si les espèces choisies seportent bien, on assume que les objectifs de conservation de la biodiversité sont atteints
Stratégies de gestion I:
Une seule espèce
•
Un inventaire des habitats(généralement les communautés végétales) est fait
•
La gestion est faite de manière à permettre à ces habitats de se maintenir dans la zone protégées, quoique leur taille et leur position puisse changer dans le temps•
Implique généralement des interventions pour simuler lesprocessus naturels comme le feu et les innondations
I
II
III IV
V
I
II III IV
V
Gestion de l’habitat
(modification des processus écologiques)
Stratégies de gestion II:
Gestion de l’habitat
•
Feu regénère l’habitat de la forêt boréale, mais les feux ont été supprimés à cause de l’antipathie du public•
Depuis les années 1980, le Service Canadien des Parcs a mis en place unprogramme de feux contrôlés dans la Bow
Valley pour simuler les feux naturels
Gestion de l’habitat
dans le PN de Banff
•
Gestion vise à maintenir lastructure, le fonctionnement, et la composition des écosystèmes
•
Fondée sur une vision intégrée des perspectives écologiques, sociologiques et institutionnelles•
appliquée dans une zonedélimitée (idéalement) par de frontières naturelles
Perspectives
Espace
Temps Gestion de
l’écosystème
Gestion traditionnelle des ressources
Stratégies de gestion 3:
Gestion de l’écosystème
• Les interventions doivent se faire à l’échelle spatiale appropriée
• La surveillance et l’évaluation des
interventions doivent se faire à l’échelle temporelle appropriée
La question de l’échelle
•
Si il n’y a pas demétapopulation, tenter de favoriser A semble valable
•
Par contre, si il y a unestructure de métapopulations, alors c’est B qu’il faut favoriser
Source Puit
Réserve A
B
Échelle spatiale et dynamique
des métapopulations
•
Si les caractéristiques de l’écosystème répondentlentement aux interventions (grand τ), les changements ne seront pas rapidement détectés
•
Si la surveillance ne dure pas assez longtemps, on pourra faussement conclure que l’intervention a été sans effetCaractéristique
Temps Petit
τ
Grande
τ
Intervention
Surveillance