Généralisation d’un théorème d’Iwasawa
par
JEAN-FRANÇOIS
JAULENTA
Georges Gras,
à l’occasion de son soixantième anniversaireRÉSUMÉ. Nous
généralisons
à certainsquotients
finis d’un A-module noethérien non nécessairement de torsion leclassique
théorème d’Iwasawa sur
l’expression asymptotique
du ~-nombrede classes dans les Z£-extensions. Puis nous illustrons les résul- tats obtenus en déterminant
explicitement
les caractères inva- riants attachés aux~-groupes
de S-classes T-infinitésimales dansune tour
cyclotomique
à partir dequelques
paramètres référentset de données
galoisiennes simples
des extensions considérées. Un outil fondamental de cette étude est l’identité du miroir établie parGeorges Gras, qui
permet par dualitéd’exprimer
des condi-tions de ramification
(sauvages
oumodérées)
dans une extensionen termes de
décomposition
dans une autre extension. Les résul- tats obtenus précisent etcomplètent
ceux établis dans un travail antérieur en collaboration avec Christian Maire(cf. [12]).
L’étudeapprofondie
des contributions sauvages repose sur unegénéralisa-
tion d’un résultat de R.
Greenberg (cf. [3]).
ABSTRACT. We extend to convenient finite quotients of a noetherian A-module the classical result of K. Iwasawa
giving
theasymptotic
expression of the.~-part
of the number of ideal class groups in Ze-extensions of number fields.Then,
in the arithmetic context, we compute the three characters associatedby
this way to the~-groups
of T-infinitesimal ,S’-classes in thecyclotomic
towerand relate them to the classical invariants and the
decomposition
characters associated to the finite sets of
places
S and T. A maintool in this
study
is the so-calledSpiegelungssatz
ofGeorges Gras,
which
exchanges (wild
ortame)
ramification anddecomposition.
The main results of this arithmetical part extend those we ob- tained with Christian Maire in a
previous
article(cf. ~12~) .
Themost intricate
study
of the wild contribution of the sets ,S’ and T involves ageneralization
of a classical result of R.Greenberg
onthe genus
theory
ofcyclotomic
towers(cf. ~3~).
Introduction
Le résultat
emblématique
de la théorie d’Iwasawa(cf. [4]
et[5])
affirmeque les ordres
respectifs
des~-groupes
de classes d’idéaux atta- chés aux diversétages Kn
de laZi-extension cyclotomique K~
=U,,ENK,,
d’un corps de nombres K sont donnés pour n assez
grand
par une formuleexplicite
de la forme :où v est un entier relatif
(éventuellement négatif)
mais où Àet M
sont des entiers naturels déterminés par lapseudo-décomposition
de leur limiteprojective
pour lesapplications
normesCK.
= limCRKn, regardée
commemodule de torsion sur
l’algèbre
d’Iwasawa A =7~~ ((~y -1~~
construite sur ungénérateur topologique q
du groupeprocyclique
F =Gal(K/K) (cf.
[14]).
Il est alors commode de reécrirel’égalité précédente
sous une formene faisant intervenir que ces deux derniers
paramètres :
en convenant de tenir pour
équivalentes
deux suites d’entiers dont la diffé-rence est ultimement constante. L’identité obtenue vaut alors
identiquement
si l’on
remplace
les£-groupes
par leursquotients respectifs d’exposant
~n+1,
commeexpliqué
dans[9].
L’objet
de ce travail estprécisément
d’étendre ces résultats à des groupesde classes éventuellement infinis et dont la limite
projective (pour
la normearithmétique)
n’est doncplus généralement
un A-module de torsion.Donnons nous pour cela deux ensembles finis
disjoints
S et T deplaces
finies de
K ;
notonsSn
etTn respectivement
les ensembles deplaces
deKn
au-dessus de S et deT ;
et considérons le£-groupe CÊTN
des S-classesT-infinitésimales du corps
Kn,
que la théorieÊ-adique
du corps de classes identifie au groupe de Galois de lapro-Ê-extension
abélienne maximaleHsn
de
Kn qui
estS-décomposée
et T-ramifiée(i.e. complètement décomposée
aux
places
deSn
et non ramifiée en dehors deTn).
Les groupes ne sontplus généralement
finis(du
moins dès que l’ensemble T contient suffisam- ment deplaces
au-dessus de~),
mais leursquotients respectifs d’exposant
le sont encore, et il est montré dans
[12] qu’il
existe des entiers na-turel
p~, Ys
tels que les ordresrespectifs des £n+1C£r:
vérifientl’estimation
asymptotique :
’~
Ici encore les
paramètres p§, MI
et.1s
sont donnés par lapseudo-décomposi-
tion élémentaire de la limite
projective
T. = lim +--CÊTN
SIregardée
commemodule noethérien sur
l’algèbre
d’IwasawaA,
à celaprès
que l’invariantAT
diffère d’une unité de l’invariant lambda du A-modulelorsque
l’ex-tension
Kooi K
est elle-mêmeS-décomposée
etT-ramifiée,
i.e.lorsque
l’en-semble S est vide et que T contient la totalité des
places
au-dessus de 1!.De
fait,
la démonstration de la formuleprécédente
reposeintégralement
sur des résultats de
[9] (essentiellement
ceux duchapitre IV) qui
n’avaientjamais
faitl’ob jet jusqu’ici
d’unepublication spécifique,
et même en touterigueur
sur une versionplus
forte nonpubliée
de ces résultatsprenant
en compte les A-modules noethériensqui
ne sont pas nécessairement de torsion.Il nous a donc paru utile d’en rassembler ici une preuve
complète.
Etc’est
l’ob jet
de lapremière partie,
purementalgébrique,
de ce travail.De
plus,
une fois la formuleétablie,
se poseévidemment,
dans le contextearithmétique évoqué plus haut,
laquestion
du calcul des diversparamètres
des1!-groupes
de S-classesT-infinitésimales,
ou du moins de leur détermi- nation àpartir
dequelques paramètres référents
ne faisant pas intervenir les ensembles deplaces
S et T et d’invariantsgaloisiens simples qui
leur sontattachés. Et c’est
l’ob jet
de la secondepartie, arithmétique,
de ce travail.Or dans cette dernière
étude,
les identités du miroir obtenues parGeorges
Gras
(cf. [1])
se révèlent un outil essentiel. Et comme celles-cis’expriment
naturellement en termes de
représentations,
il estpréférable,
pour les uti- liserpleinement,
deremplacer
lesparamètres
traditionnelsd’Iwasawa, qui s’interprètent
comme dimensions de certains espacesvectoriels,
par des ca-ractères
prenant explicitement
encompte
l’actiongaloisienne
et dont lesdegrés respectifs
ne sont autres que les invariants dedépart.
Et c’est doncen termes de caractères que nous
énonçons
les théorèmes deparamétrage.
Une
conséquence
immédiate des identités de dualité est ledéploiement (déjà remarqué
dans[12])
de la ramification modérée au-dessus de la tourcyclotomique.
Enrevanche,
l’étude fine de la contribution desplaces
sau-vages soulève
rapidement
de délicatsproblèmes d’indépendance Sadique.
Laformule finale que nous obtenons vaut ainsi sous la
conjecture
deLeopoldt.
Elle repose sur une
généralisation
dans le cadre 1!-ramifié d’un résultat desemi-simplicité
de R.Greenberg (cf. ~3~),
dont nous donnons enappendice
une démonstration autonome basée sur la Théorie des Genres.
En fin de
compte,
il résulte de cette étude que les diversparamètres
d’Iwasawarespectivement
associés aux groupes de Galois attachés auxpro-1!-extensions
abéliennes T-ramifiéesS-décomposées
maximales sur unetour
cyclotomique
sont donnés par des formules entièrementexplicites
àpartir
des seulsparamètres
réels associés aux seuls groupes = oùT~
décrit les sous-ensembles de l’ensemble L desplaces Sadiques
du corps de base considéré.Principales
notationsNous utilisons dans ce
qui
suit les notations et conventions suivantes : Notationsalgébriques
de la Théorie d ’lwasawa- ~ est un nombre
premier
arbitraire(pris impair
dans la deuxième sec-tion) ;
- péoe =
UNEN
pén est le groupe des racines d’ordre-primaire
del’unité ;
- A est un groupe abélien fini d’ordre d
étranger avec ;
-
Z,
estl’algèbre Sadique
du groupe0 ;
- h =
y7’~
est le groupeprocyclique isomorphe
àZé engendré
par, ;- A =
Z£[[¡ - 1]]
estl’algèbre
d’Iwasawa associée au groupeh ;
- wn est le
polynôme -~ en - 1
de l’anneauZ£ [¡ - 1] =
-
Vn
est l’idéal de Aengendré
par lepolynôme
Wn et l’élément-
A(0~ _ A(~~e~ _ A~
estl’algèbre
dugroupe A
sur l’anneau A.Notations
art’thmétiques
de la Théorie d’Iwasawa- F est un corps de nombres totalement
réel ;
-
F 00
=UNEN Fn
est laZÊ-extension cyclotomique de F ;
- K est une extension abélienne de F de
groupe A
etcontenant ILf ;
- A =Gal(K/F)
est un groupe abélien fini d’ordre détranger avec ;
- =
UnEN Kn
est laZf-extension cyclotomique
de K(et
contient-
Kn
estl’unique
sous-corps de dedegré .
sur K(on
a ainsi K =Ko) ;
- F
_ ~y~~
est le groupe de GaloisGal(K /K) ;
-
hn
= est le sous-groupe- A =
7~~ ( (~y -1 ~ ~
estl’algèbre
d’Iwasawa associée àF ;
- S et T sont deux à-ensembles finis
disjoints
deplaces
finiesde K ;
- L est l’ensemble des
places Sadiques (i.e.
au-dessus de.~)
ducorps K ;
-
6~
= S n L est lapartie
sauvage de S etSD
=5~
sapartie modérée ;
-
Te
= est lapartie
sauvage de T etT °
= sapartie modérée ;
-
Sn
etTn
sont les ensembles finis deplaces
deKn
au-dessus de S et deT;
,- et
Toc
sont les ensembles finis deplaces
deKoo
au-dessus de S etT;
,-
dege
S =¿PES£ [Fp :
est ledegré
sauvage enS ;
de mêmedeg~
T enT.
Notations de la Théorie
f-adique
duCorps
de Classes- p est une
place
finie ducorps K
et .pn uneplace
deKn
au-dessusde p ;
-
Kp,, :
lecomplété
deKn
en laplace
pn ; 1- le
compactifié Sadique
du groupeKén
Ù- le sous-groupe unité de
RPn ;
- J-LPn : le sous-groupe de torsion de i.e. le groupe des racines de
l’unité ;
-
RPn :
le des idèles du corpsKn ;
1-
UKn
=Upn :
le sous-groupe des idèlesunités ;
-
JTn
= le groupe des idèlesT-infinitésimaux ;
TIPnETn Upn :
le sous-groupe unité deJTn ;
-
groupe des S-idèles T-infinitési- maux ;
’~ ’~ ’~ ’~
-
RKn
0zKn
C le sous-groupeprincipal
de- = n
Z
0zEKn :
le f-adifié du groupe des unitésglobales ;
- =
sous-groupe des unités T-infinitésimales de
Kn ;
- =
RKn n JI:: :
le groupe des S-unités T-infinitésimales deKn ;
- 1 le
~-groupe
des classes(au
senshabituel)
deKn;
- = le
~-groupe
des S-classes T-infinitésimales deKn; 1
’~= lim
CfT sn :
le groupe des S-classes T-infinitésimales de00 n
-
CSToo
00 = lim +---CfT sn :
n la limiteprojective (pour
lanorme)
des groupesg 2013~~- les caractères invariants d’Iwasawa du
A[A]-module CI: ;
Notations relatives à l’involution du miroir
-
T
=lim ILfn
est le module de Tate construit sur les racines del’unité ;
- le sous-groupe de
décomposition
des pn dans pour n» 0 ;
- xp : l’induit à A du caractère unité de
Ap ;
- Xr =
¿PET
Xp, la somme étantprise
sur lesplaces
deF 00 ;
- w : le caractère
cyclotomique,
i.e. le caractère duT~ ;
-~ = est l’involution du miroir
(où
est lereflet
de- xreg : le caractère
régulier de A ;
- X =
Xe :
ladécomposition de x
en sesparties
réelles etimagi- naires ;
- Xoo =
[F : Q] x g
et6s
=degé
S xreg ; demême: 6T
=degé
T xreg ;-
P~P :
un diviseur convenabled’hyperprimarité
du corpsKn;
- le sous-module de
7~~
formé des éléments congrus à 1 modulo mn;- = le groupe des S-unités congrues à 1 modulo mn ;
- = le
£-groupe
des S-classes de rayon mn dansKn .
-
Hsn :
l’extension abélienneS-décomposée
T-ramifiéed’exposant
maximale du corps
Kn ;
-
Radsn :
le radical kummérien de l’extension abélienneSn Sn
-
Galsn :
Sn le groupe de Galois de l’extension abélienneHI: / Kn.
Sn1. Le Théorème du
paramétrage
pourles A[A]-modules
1.1.
Rappel
du contextealgébrique
de la Théorie d’Iwasawa.Dans cette section
purement algébrique, £
est un nombrepremier
arbi-traire, Z@ désigne
l’anneau local des entiers£-adiques,
son corps résiduel et à est un groupe abélien fini d’ordre détranger
à Ê.Sous
l’hypothèse Ê t d, l’algèbre
résiduelle est ainsi unealgèbre semi-simple, produit
direct d’extensionsF~
deFé ; l’algèbre £-adique
est une
algèbre semi-locale, produit
direct d’extensions non ramifiéesZ~
de
Zé ;
et lesidempotents primitifs é~ (respectivement e~~ correspondant
àleurs
décompositions respectives :
sont donnés à
partir
des caractèresSadiques irréductibles cp
de A par lesformules
classiques :
~ -ainsi que leurs réductions
respectives
modulo I!. Enparticulier,
la dimension(~~ : ZÊ]
duZÊ-module Z, (c’est
à dire ledegré
de l’extension associée des corps defractions)
est ledegré deg
cp du caractère p.De
façon
toutesemblable,
si F =-y7£ désigne
un groupeprocyclique
iso-morphe
àZé
et 11=7~,~((~y-l~~ l’algèbre
des séries formelles en l’indéterminéeq- 1
à coefficients dans l’anneauZÊ
des entiersSadiques, l’algèbre
de groupeA[A]
s’écritcanoniquement
commeproduit
direct de sesp-composantes :
Et,
pourchaque
caractèreirréductible cp
du groupeA,
lacp-composante
associée à
l’idempotent
e~ s’identifie àl’algèbre
des sériesformelles
Z_ [[q - 1]]
enl’indéterminée, - 1
à coefficients dans l’extensionnon ramifiée
Z.
= de l’anneauZÊ.
Plus
généralement,
par action desidempotents primitifs
eep del’algèbre A [A]
tout A-module noethérien X sedécompose
naturellement comme som- me directe de sescp-composantes XI.
= c’est à dire comme sommedirecte de
A,.-modules
noethériens. Les théorèmes de structure de la Théoried’Iwasawa,
telsqu’énoncés
par Serre(cf. [14]), permettent
donc mutatismutandis de décrire un tel module à
pseudo-isomorphisme près
àpartir
d’un certain nombre de modules référents dits élémentaires. Il vient ainsi : Théorème 1.1. Tout
A[A]-module
noethérien X estpseudo-isomorphe
àune somme directe
finie
de modulesisotypiques
élémentaires.Plus
précisément
pourchaque
caractère.~-adique irréductible cp du
groupe existe ununique triplet (p~,
s~,t~)
d’entiersnaturels,
uneunique
suitedécroissante
( f~,i)i=o,...,s~
depolynômes distingués
de l’anneau~~(~y - 1]
et une
unique
suite décroissante naturels non nuls tels que lap-composante X - e,X du
module X s’envoie par unmorphisme
à noyau et conogaufini
dans la somme directe : .’On dit que l’entier P,, =
diMAIP
est la dimension duA[A] -module X,
et que le
polynôme Pep =
E1]
est lepolynôme caractéristique
de son sous-module deA,,-torsion.
Il est alors commode de coder
globalement
l’information donnée par l’en- semble de ces invariants en introduisant comme suit la notion de para- mètres :Définition 1.2. Dans le contexte
précédent,
nousappelons paramètres
d’un noethérien X les caractèresf-adiques
du groupe abélien à dé-finis
àpartir
des invariants d’Iwasawa descomposantes isotypiques
de Xpar les
formules :
où,
pourchaque
caractère irréductible cp, les entiers et~~
mesurent
respectivement
la dimensiondimAp Xc.p
de lacp-composante
deX ,
ainsi que la et le
degré polynôme
caractéristique
de son sous-module deIntroduisons maintenant la filtration
qui joue
un rôle essentiel dans cequi
suit :Proposition
1.3. Pourchaque
entier naturel n,désignons
parl’idéal de
l’algèbre
d’Iwasawa A =Zg[[, -1]] engendré
par l’élément£n+l
et lepolynôme
cvn =,en -
1 de l’anneav,Zg[1- 1]
=Ze[,].
. Cela étant :(i)
L’idéal 17 =Vo
estl’unique
idéal maximal de l’anneau localrégulier
A.
(ii)
Les idéaux(7n)ncN forment
une suite exhaustive strictement décrois- sante d’idéaux d’indicefini
del’algèbre
A =G~~~~y - 1]].
(iii)
Uncompact
X est noethérien si et seulement s’il existeun entier n pour
lequel
lequotient X/DnX
estfini; auquel
cas, lesquotients X/VnX
sont tous desfinis.
(iv)
Uncompact
Xest, fini
si et seulement s’il existe un entiern pour
lequel
le sous-moduleX/VnX
esttrivial; auquel
cas, les sous-modules
X/VnX
sont ultimement triviaux.Preuve. Les deux
premières
assertions s’obtiennent comme suit : d’uncôté,
comme ’-Vo est
égal à q - 1 ,
l’idéalDo
estprécisément
l’idéal maximal V del’algèbre 11;
et l’identitépour un
polynôme
convenable P de l’anneau1]
=~~ ~~y~,
montre parune récurrence évidente que
Vn
est contenu dans lapuissance (r~
+l)-ième
de l’idéal V. D’un autre
côté,
un calcul immédiat donne :avec
rn
=r IrRn ;
cequi
établit le deuxièmepoint.
Les assertions suivantes résultent alors du fait que les idéaux
forment une base de
voisinages
de 0 dansl’algèbre topologique
compacte~ _ ~~~~’Y -1~~~
L’objet
de la sectionqui
suit est de relier lesparamètres
invariants d’ unA[A]-module
noethérien aux ordres de certains de sesquotients
finis.1.2. Enoncé du théorème
principal
sur leparamétrage.
Le résultat essentiel de cette section relie les
paramètres
d’unA[A]-
module noethérien donné X avec les ordres de certains
sous-quotients
finisde X :
Théorème 1.4.
(Théorème
desparamètres. )
Soitnoethérien de
paramètres
p, IL et A. SiB7n
=.~n+lA. ~ cvnll désigne
l’idéalde
l’algèbre
d’Iwasawa A =~[[7 2013 1]] engendré
par l’élément et lepolynôme Wn
=(~y~ "1)~ ~ unique
caractère£-adique
virtuel v dugroupe A
tel que l’ordre£Xh
de lacp-composante
duquotient
soitdonné,
pourchaque
caractère~-adique irréductible cp
et tout entier n assezgrand,
par laf ormule :
.’En d’autres
termes,
l’indicegXh
=~X~ :
est donnéasymptotique-
ment par la
f ormule :
.’n , ’" ""... ".,. -
en ce sens que la
différence
entre les deux membres est ultimement constante.Ce résultat amène ainsi à poser :
Définition 1.5. Nous disons
qu’une
suite(Xn)nEN
defircis
est
paramétrée
par les caractèresf-adiques
virtuels :lorsque
pourchaque
caractèreR-adique
irréductible cp du groupe A l’ordreÊxn
de lacp-composante eipXn
deXn
est donnéasymptotz«quement
par laformule :
Lorsque
le caractère v n’est pasexplicité,
nous écrivonssimplement :
pour
signifier que la différence
entre les deux membres est ultimement cons-tante.
Remarque.
L’entierxh
étanttoujours positif,
le caractère pqui apparait
dans la Définition 1.5 est de ce fait
positif (en
ce sens que l’on ap~ >
0pour
chaque
caractère irrédutiblecp) ;
il en est de même du caractère IL si p estnul ;
et du caractère À si p et IL sont tous deux nuls. Ilpeut
arriveren revanche que les caractères A ou M ne soient pas dans
R é (A)
dès lorsque le caractère dominant y est : des
exemples
sont donnés dans la section 2plus
loin.Preuve du Théorème dans le cas élémentaire.
Distinguons
les trois cas :(i)
Pour X =A~,
il vient toutsimplement :
d’où l’identité attendue :
(ii)
Pour X =A~/~~A~
le même calcul donne :(iii) pour X
=enfin,
nous aurons besoin d’un lemmeclassique qui peut
êtreregardé
comme lagénéralisation
aux anneaux depoly-
nômes sur
Z_
du Théorème 8(iii)
de[14] :
Lemme 1.6. Soit
7~~
une extensionfinie
nonrami, fiée
de l’anneauZR
etfep
un
polynômes distingué
de l’anneau~~ ~~y -1~ .
Pourchaque
entier natureln assez
grand,
il existe alors deuxpolynômes
an etbn
dans7~~ ~~y - 1]
telsqu’on
ait : .’De
plus
l’élément est inversible dans l’anneau localA~
=Z~[[~2013 1]].
Preuve. Raisonnons dans l’anneau
quotient Z~["y2013 1]//~Z~[~2013 1].
Sid~
estle
degré
dupolynôme f~,
nous avons parhypothèse :
-dès que n est assez
grand.
Celaétant,
il suit :ce
qui
estprécisément
le résultat annoncé.Suite de la preuve du Théorème.
Appliqué
au moduleisotypique
X =le Lemme nous donne pour n assez
grand l’égalité
=Ê
’7nX,
donc :pour n » no ;
puis,
comme attendu :ce
qui
achève la démonstration du cas élémentaire.Dans la
pratique,
i.e. dans le contextearithmétique
de la théoried’Iwasawa,
il n’est paspossible
engénéral d’appliquer
directement le Théorème1.4,
car il est souvent nécessaire de faireappel
à un résultatapparemment plus techniquel :
Corollaire 1.7. Soit X un
A[A]-module
noethérien et deparamètres
p, IL eta ;
et soit Y un sous-module de X detype fini
surAlors,
pour tout entier naturel m assezgrand, la
suite desquotients définis
pour n > m par :est
paramétrée
par les mêmes caractères p, y et À que lesXn
=Enfin,
il est évidemmentpossible
dejouer
sur les deux termesqui
inter-viennent dans la
génération
des idéauxV,,.
Il vient ainsi :Corollaire 1.8. Soit X un noethérien. de
paramètres
P, IL et A. Si’7n, k=
+wnA désigne
l’idéal del’algèbre
diwasawa A =71.£ [[1- 1]] ] engendré
par l’élément£n+k
et lepolynôme
wn= 1£n - l,
il existeun
unique
caractère£-adique
virtuel v dugroupe A
tel que l’ordre£Xh
de la’P-composante
duquotient
soitdonné,
pourchaque
caractère ’£-adique
irréductible ’P et tout entier n assezgrand,
par laformules :
En d’autres
termes,
la suite desquotients
estparamétrée
par :
1C’est en particulier déjà le cas pour les groupes de classes d’idéaux au sens habituel.
Toute la difficulté pour établir le Théorème des
paramètres
et ses corol-laires est naturellement de vérifier que la formule annoncée est encore valide
lorsque
le module X est seulementpseudo-isomorphe
à unA[A]-module
élé-mentaire.
La démonstration de ce résultat fait
l’objet
de la sectionqui
vient.1.3. Filtration associée aux idéaux et preuve du Théorème.
Le Théorème des
paramètres
résulte d’une suite dequatre
lemmes et du calculdéjà
effectué de l’indice(E : lorsque
le module E est élémen-taire.
Lemme 1.9. Soit E = T E9 P un
A[A] -module
élémentaires somme directe de son sous-module de A-torsion T et d’un sous-moduleprojectif
P. Pourchaque
entier naturels n, posons anE = Celaétant,
pour tout n > no assezgrand,
il vient :Preuve. Observons d’abord que tout
A[A]-module
noethérien etprojectif
Pétant facteur direct d’un module
libre,
nous avons immédiatement anP = par factorialité descomposantes
localesA,
del’algèbre A[A].
En
particulier,
il suit comme annoncé :Considérons maintenant le sous-module de torsion T. Ses facteurs indécom-
posables,
en nombrefini,
sont de deuxtypes :
desquotients
de la formeA~/~~A~,
d’unepart ;
desquotients
de la formeA~/ f ~A~,
avecf ~ distingué
dans
~~ (~y - l~
d’autrepart. Désignons
parTo
la somme directe des seconds.Pour n assez
grand,
nous avons gnT =gnTo,
donc anT =Appliquons
maintenant le Lemme 2.2 à chacun des facteurs
indécomposables
deTo.
Pour n assez
grand,
disons pour n > no, nous obtenonsgTo,
d’où :
’~
Finalement il vient
bien,
comme attendu :anTo
=Lemme 1.10. Soit X un sous-module d’indice
fini
d’un module élémen-taire E. Pour
chaque
caractèref-adique
Z*rréductible Cf, la suite«,Ony
anX 1»n,N
descp-parties
des indices(an E’P :
est stationnaire.Preuve.
Désignons
parEtor
le sous-module de A-torsion de E et notons p laprojection canonique
E -E / Etor.
Nous avons alors :Et il
s’agit
de voir que numérateur et dénominateur sont tous deux station- naires. Or d’uncôté,
nous avonsl’égalité
évidenteainsi que l’inclusion immédiate C ~ d’où il résulte que le
numérateur, qui
va donc décroissant pour n assezgrand,
est bienstationnaire.
Et d’un autre
côté,
nous avons = ~an Etor
et =.~ no, par une extension facile du Lemme
2.3, puisque
et sont annulés par un même
polynôme distingué f ~
E~~[~ 2013 Ij.
Cela
étant,
comme pour no assezgrand
lamultiplication
par a tué le sous-module deZf-torsion
de lamultiplication par
estinjective
dansdénominateur est ainsi stationnaire pour n > no.
Lemme 1.11. Soit X un sous-module d’indice d’un
A[A]-module
élé-mentaire E. Pour irréductible cp; la suite
des des indices est stationnaire.
Preuve. Dans la suite exacte courte de finis
les termes
médians, qui
vontdécroissant,
sont stationnaires. Le résultat annoncé découle donc directement du Lemme 1.10 ci-dessus.Lemme 1.12. Soit X un
A[A]-module
noethérien. et El’unique
module élémentaire
auquel
il estpseudo-z»somorphe.
Pourchaque
caractèref-adique
irréductible 4’, la suite desquotients : "V’nEcp)
est stationnaire.
Preuve. Prenons un
pseudo-isomorphisme
t de X vers E et considérons la suite exacte courte associée :Le noyau N et le conoyau C étant
finis,
choisissons no assezgrand
pour avoir N nB7noX
= 0 et =0,
i.e.B7noE c t(X~.
Pourchaque n >
no,nous obtenons alors la suite exacte :
où,
pourchaque
caractère irréductible p du groupe~,
l’ordre de lap-partie
du terme de
gauche
est donnée par la formule :Elle est donc ultimement constante en vertu du Lemme 1.11.
Nous pouvons maintenant achever la démonstration des résultats annon-
cés dans la section 2.
Preuve du Théorèrrae des
paramètres
et de ses corollaires.Distinguons
lescas :
(i)
Le Théorème 1.3 résulte directement du calculdéjà
effectué de l’indice~E~ : 17,,E,,)
dans le cas élémentaire et du Lemme 1.12 ci-dessus.(ii~
Le Corollaire 1.7 s’en déduit aisément :compte
tenu de la suite exactecourte
canonique qui
relie lesXn
avec lesYn :
tout revient à vérifier que les noyaux à
gauche
sont ultimement constants.Or cela est
clair, puisqu’ils
vont naturellement décroissant etqu’ils
sontévidemment finis car de
type
fini surZÊ
parhypothèse
etd’exposant
finipar construction.
(iii) Enfin,
le Corollaire 1.8 s’obtient de la mêmefaçon
que le Théorèmeen
remplaçant
les idéaux par les idéaux’7,,,k
pour un k fixé : les calculs étantidentiques,
il estpossible
d’écrire la même série de lemmes que ci-dessus,
cequi
ramène la preuve du Corollaire au casélémentaire, lequel
estimmédiat.
2.
Applications
àl’arithmétique
des tourscyclotomiques
Nous supposons désormais que le nombre
premier /!
estimpair.
Dans cette
section,
nousdésignons
par F un corps de nombres totalement réel etpar K
une extension abélienne deF,
de groupe de Galois à =Gal(L/F),
dedegré
détranger
àÊ,
contenant une racineprimitive
/!-ièmede l’unité
~.
L’hypothèse d’imparité .~ ~
2 nous assure que le corps K est totalementimaginaire
et que le groupe de Galois A contient laconjugaison complexe
T. Dans ce contexte, il est naturel
d’appeler
réels les caractères irréductibles cp de àqui
vérifientl’inégalité p(T)
>0 ;
etimaginaires
ceuxqui
vérifientl’identité
opposée
0. Plusgénéralement :
Définition 2.1. Nous disons
qu’un
caractèreSadique
virtuel dugroupe A
est :
(i)
totalementréel, lorsque
tous ses facteurs irréductibles sontréels,
i.e.lorsque
tous ses facteurs absolument irréductibles prennent la valeur -f-1 surla
conjugaison complexe
T ;(ii)
totalementimaginazre, lorsque
tous ses facteurs irréductibles sontimaginaires,
i.e,lorsque
tous ses facteurs absolument irréductibles prennent la valeur -1 sur laconjugaison complexe
T.Sommant sur toutes les
composantes isotypiques
réelles del’algèbre
on définit en
particulier
sacomposante réelle, qui
n’est rien d’autre quel’image
de parl’idempotent
e0153= ~(1
+T) :
et on définit
également
sacomposante imaginaire
àpartir
cette fois del’idempotent complémentaire
ee= 2 (1- T)
par :les mêmes
décompositions valant, plus généralement,
pour tout module M. Enparticulier,
il est commode dedécomposer chaque
carac-tère
£-adique virtuel X
dugroupe à
sous la forme :en
regroupant séparément
facteurs réels et facteursimaginaires.
Parmi les caractères de à
figurent
enparticulier
le caractére unité1,
dont
l’idempotent
associé est donné àpartir
de la normealgébrique
par
el = d vo, et le
caractèrecyclotomiques
w, caractérisé par l’identité :C’est aussi le caractère du module de Tate
Ié
= construit sur les.~-groupes
de racines de l’unité.L’inverse2
ù =w-l
de c~, c’est à dire le caractère défini par(D(o-) =
w(U-1),
est dit souventanticyclotomique,
et l’involutionde
l’algèbre RZi (A)
des caractères£-adiques
virtuels de ~ est connue tra- ditionnellement sous le nom d’involution dumiroir;
on dit encore que9*
est le
reflet
de Enparticulier,
le caractèrecyclotomique W
= 1* étantimaginaire,
il suit que le reflet d’un caractère réel estimaginaire
et viceversa.
2.1. Le contexte
arithmétique
de la Théorie d’Iwasawa.Introduisons maintenant la
ZR-extension cyclotomique F 00 = UnEN Fn
du corps totalement réel
F,
en convenant dedésigner
parFn l’unique
sous-extension de
qui
est dedegré £n
sur F(de
sorte que l’on aFo
=F) ;
notons F =
,Zi
le groupe de GaloisGal(F /F)
identifié àZ~
par le choix d’ungénérateur topologique q ;
et écrivons A =Zé [[q - 1]] l’algèbre
d’Iwa-sawa associée.
2De façon générale, il est commode de noter le caractère cr H- (7)
Notons de même =
Kn la Zé-extension cyclotomique
de K endésignant
parKn
=KFn
lecompositum
de K et deFn.
L’extensionK /F
est encore
abélienne ;
son groupe de GaloisGal(K,,/F)
est leproduit
Fx A ;
et
l’algèbre complète
associée estl’algèbre Zé [[q - 1]] [A]
= étudiéeplus
haut.
Fixons alors deux ensembles finis
disjoints
S et T deplaces
de K stablespar A;
notons L l’ensemble desplaces Sadiques (i.e.
au-dessus deR) de K ; puis s~
= Son L(respectivement Te
=L)
lapartie
sauvage de S(resp.
T)
etS°
=(resp. T°
= lapartie
modérée.Enfin,
pourchaque
indice n e N U
lool,
notons demême Sn = Sn (resp. Tn
=Tn
UTf)
l’ensemble
(fini)
desplaces
deKn qui
sont au-dessus de S(resp. T).
Nous sommes intéressés dans ce
qui
suit par le groupe de GaloiscI:
dela
pro-R-extension
abélienneT,,-ramifiée S,,,,,- décomposée (i.e.
non ramifiéeen dehors des
places
au dessus de T etcomplètement décomposée
auxplaces
au dessus de
S)
maximale deKoo;
autrement dit par la limite pro-jective
Sn des mêmes groupes attachés auxétages
finisKn
de la tourcyclotomique,
groupes que la théorieSadique
du corps de classes identifieaux
R-groupes
de S-classes T-infinitésimales des corpsKn,
c’est à dire auxquotients :
=
FI res RPn désigne
le Ê-adifié du groupe des idèles du corpsKn ;
TIPnESn RPn
le sous-groupe des S-idèles T-infinitési- maux ; etRKn
0Kn
le sous-groupeprincipal
de(cf. [Il]).
Avec les conventions ci-dessus et celles de la section
1,
nous avons :Théorème 2.2. Le groupe
cI:
est un noethérienisomorphe
à la limite
projective
Sn des£-groupes
de S-classesT- infinitésimales
des corps
Kn
ainsiqu’à
celle de leursquotients respectifs d’exposant Ên+l
Et les trois caractères
ps, tCs
etas, qui
lui sont associésparamètrent
aussi la suite desquotients finis
àl’exception du
casspécial
S =0
etT = L dans
lequel
leparamètre
lambda doit êtreaugmenté du
caractèreunité.
Preuve.
Commençons
par établirproprement
cepremier
résultat. Ecrivonspour
simplifier
X pourCs:
etXn
Observons d’abord que les groupesXn
ne sont pas tout àf ait
lesquotients
maisqu’ils
en diffèrent d’une
quantité
bornée : eneffet,
le groupe de Galoisrn
=étant
procyclique,
leplus grand quotient
de X fixépar
rn,
i.e. le groupernX
=X/wnX, correspond
à laplus grande
sous-extension de l’extension