• Aucun résultat trouvé

Mo n ta is o n Dé va la is o n

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Mo n ta is o n Dé va la is o n"

Copied!
91
0
0

Texte intégral

(1)

TRAVAUX DE RECHERCHE SUR L’ANGUILLE D’AMÉRIQUE (Anguilla rostrata) DE LA PETITE RIVIÈRE DE LA TRINITÉ EN 1999 ET 2000

par

Denis Fournier et François Caron

Société de la faune et des parcs du Québec Mars 2001

(2)

FOURNIER, D. et F. CARON. 2001. Travaux de recherche sur l’anguille d’Amérique (Anguilla rostrata) de la Petite rivière de la Trinité en 1999 et 2000. Société de la faune et des parcs du Québec, Direction de la recherche sur la faune. 85 p.

Dépôt légal − Bibliothèque nationale du Québec 2001 ISBN : 2-550-37340-5

(3)

ÉQUIPE DE RÉALISATION

PLANIFICATION, LOGISTIQUE ET COORDINATION Denis Fournier, technicien de la faune

François Caron, biologiste

TRAVAUX DE TERRAIN

Pierre-Alexandre Paradis, biologiste, chef d’équipe Julie Tremblay, technicienne de la faune

Denis Fournier 1999

Chantal Raymond, technicienne de la faune Kathleen Brisson-Lamoureux, étudiante Stéphane Gagné, technicien de la faune

Joël Thibault, étudiant Julie Boucher, étudiante

2000 Régis Lamy Stéphane Gagné Karl Lévesque, étudiant Yan Bouthillette, étudiant Véronique Gleeton-Déraps, étudiante

Benoît Frances, étudiant

Guillaume Lapierre, technicien de la faune Annie Dusseault, étudiante

RÉDACTION Denis Fournier François Caron

RÉALISATION GRAPHIQUE Denis Fournier

CARTOGRAPHIE Jacinthe Bouchard

(4)

RÉSUMÉ

La situation de l’anguille d’Amérique (Anguilla rostrata) fait l’objet de préoccupations particulières depuis quelques années. Le déclin de la montaison d’anguilles au lac Ontario, la diminution importante des captures d’anguilles argentées dans la rivière Richelieu et dans l’axe principal du Saint-Laurent posent la question pressante de l’état de ce poisson au Québec. D’ailleurs, la situation de l’anguille sur la côte est nord- américaine est partout préoccupante, si bien que les autorités gouvernementales responsables de la gestion de l’anguille ont réuni, au mois d’août 2000, un comité scientifique pour examiner la situation (ICES/CIEM 2000).

Divers travaux ont été menés au cours des dernières années au Québec, notamment sur la Petite rivière de la Trinité. Les travaux de 1999 et 2000 ont permis de mettre au point une série d’observations et des techniques de capture et marquage pour estimer adéquatement à la fois le recrutement d’anguillettes et la production d’anguilles argentées dans cette rivière.

On estime que 14 000 et 20 000 anguillettes de moins de 120 mm sont venues coloniser le bassin de drainage de la Petite rivière de la Trinité en 1999 et 2000. Le début de la montaison a coïncidé avec la période où la température de l’eau atteignait 15 oC. Ces anguilles utilisent la rivière principale, les tributaires et les lacs comme lieu d’alimentation et de croissance comme l’ont démontré les inventaires en pêche à l’électricité et au moyen de bourolles.

On estime que 14 500 anguilles se trouvaient dans la rivière et ses tributaires au moment de l’inventaire de 2000. Une méthode efficace d’inventaire pour les lacs reste à mettre au point avant d’obtenir un portrait global de la situation.

Il ne semble pas y avoir de mouvement important d’anguilles vers l’estuaire marin de la rivière au printemps, comme cela se voit sur certaines rivières de l’île d’Anticosti.

Toutefois, certaines anguilles qui se retrouvent près de l’estuaire fluvial vont définitivement s’alimenter en eau saumâtre comme en témoigne la nourriture d’origine marine trouvée dans leur estomac.

(5)

La dévalaison d’anguilles argentées se produit vers la fin de septembre sur cette rivière, au moment où l’eau de la rivière se refroidit. On évalue que 2 000 et 3 000 anguilles sont parties en mer pour se reproduire en 1999 et 2000. La taille modale des anguilles argentées est de l’ordre de 610 mm, ce qui est beaucoup plus petit que la taille des anguilles produites dans l’axe principal du Saint-Laurent. La production d’anguilles argentées pour l’ensemble du réseau hydrographique est estimée a 1,4 kg/ha. On a noté la présence de quelques mâles dans notre échantillon, ce qui est très rare au Québec.

Nous sommes d’avis qu’il y a un avantage certain à poursuivre l’étude de l’anguille sur cette rivière compte tenu des résultats obtenus et de la possibilité d’y dresser un portrait global de l’anguille. L’estimation récurrente du recrutement d’anguillettes et la production d’anguilles argentées sont susceptibles de constituer rapidement une base de référence de toute première importance pour cette partie du Québec.

(6)

TABLE DES MATIÈRES

Page

RÉSUMÉ ...v

TABLE DES MATIÈRES ... vii

LISTE DES TABLEAUX...ix

LISTE DES FIGURES ...xi

LISTE DES ANNEXES ... xiii

1. INTRODUCTION ...1

2. AIRE D’ÉTUDE...3

3. DONNÉES CLIMATIQUES ET HYDROLOGIQUES ...4

3.1 Matériel et méthode ...4

3.2 Résultats : chaud et sec en 1999, normal en 2000 ...4

4. MONTAISON DES ANGUILLES...6

4.1 Matériel et méthode ...6

4.1.1 Zone de capture ...6

4.1.2 Zone de recapture ...7

4.2 Résultats...9

4.2.1 Température de l’eau lors de la montaison : plus de 15 °C...9

4.2.2 Temps de montaison entre les sites : environ de 15 à 25 jours...10

4.2.3 Anguillettes en montaison en 1999 et 2000 : 14 000 et 20 000 ...10

4.2.3.1 Estimation de 1999 : 21 500 anguilles dont 14 000 anguillettes...11

4.2.3.2 Estimation de 2000 : 26 000 anguilles dont 20 000 anguillettes...13

4.2.4 Déplacements des anguilles dans la rivière...14

4.2.5 Comparaison avec les décomptes visuels antérieurs ...15

4.2.6 Majorité d’anguilles femelles de petite taille...16

4.2.7 Relation longueur-poids...16

4.2.8 Biomasse totale des anguillettes : 12 et 18 kg en 1999 et 2000 ...17

5. DÉVALAISON DES ANGUILLES ARGENTÉES...18

5.1 Matériel et méthodes...18

5.2 Résultats...19

5.2.1 Dévalaison : fin septembre ...19

5.2.2 Temps moyen de dévalaison entre les sites : 3 jours...19

(7)

5.2.3 Caractéristiques des anguilles capturées ...19

5.2.4 Nombre d’anguilles en dévalaison en 1999 et 2000 : 2 000 et 3 000...20

5.2.5 Relation longueur-poids...21

5.2.6 Biomasse des anguilles en dévalaison : 1 et 1,5 tonne en 1999 et 2000 ...21

6. INVENTAIRE DE LA POPULATION RÉSIDENTE D’ANGUILLES...22

6.1 Anguilles en rivière...22

6.1.1 Matériel et méthodes ...22

6.1.2 Résultats : estimation de 14 500 anguilles en rivière ...23

6.1.3 Biomasse des anguilles résidentes...25

6.2 Les anguilles de l’estuaire...25

6.2.1 Matériel et méthodes ...25

6.2.2 Résultats : peu d’anguilles...25

6.3 Anguilles en lac : pas d’estimation actuellement disponible ...26

6.3.1 Matériel et méthode...26

6.3.2 Résultats : quelques captures avec les bourolles ...27

7. ESSAIS D’UNE MÉTHODE DE MARQUAGE QUOTIDIEN ...28

7.1 Marquage à chaud (hot branding) : pour les anguilles de plus de 300 mm ...28

7.2 Fil de couleur : perte des marques...28

7.3 Injection d’élastomère : nombre limité de combinaison ...29

7.4 Dermo-jet pour les grandes anguilles...30

7.5 Pyrograveur : la meilleure technique disponible ...31

8. DISCUSSION ET CONCLUSION...33

8.1 Les méthodes sont adéquates ...33

8.2 Les anguilles sont petites mais abondantes ...33

8.3 Une production de 1,4 kg/ha ...34

8.4 La présence de quelques mâles est rare au Québec ...34

8.5 Le cycle de vie en eau douce se dessine ...35

8.6 Un projet à poursuivre?...35

GLOSSAIRE

...

36

LISTE DES RÉFÉRENCES...37

(8)

LISTE DES TABLEAUX

Page

Tableau 1. Capture et recapture d’anguilles en montaison en 1999... 43 Tableau 2. Capture et recapture d’anguilles en montaison... 45 Tableau 3 Temps de montaison des anguilles entre le site de marquage

(fosse 2) et de recapture (fosse 3) ... 47 Tableau 4. Comparaison entre les années des décomptes visuels d’anguilles

à la fosse 2... 48 Tableau 5. Évaluation de l’âge de 65 anguilles capturées en 1999 par un

étudiant français (Nicolas Michelet) associé au CEMAGREF ... 49 Tableau 6. Capture d’anguilles en dévalaison en 1999 ... 50 Tableau 7. Capture et recapture d’anguilles en dévalaison en 2000 ... 51 Tableau 8. Estimation de l’abondance d’anguilles, par la pêche à l’électricité,

dans le cours principal et les tributaires de la Petite rivière de la

Trinité en 2000 ... 52

(9)

LISTE DES FIGURES

Page Figure 1. Localisation de la zone d’étude et bassin de drainage de la Petite

rivière de la Trinité ... 55 Figure 2. Capture d’anguilles en montaison et température de l’eau en

1999 et 2000 ... 56 Figure 3. Ffréquence de longueur des anguilles en montaison, selon

l’engin de pêche, en 1999 et 2000... 57 Figiure 4. Fréquence de longueur des anguilles en montaison, selon le

calcul de capture-recapture, en 1999 et 2000 ... 58 Figure 5. Fréquence de longueur des anguilles capturées manuellement

dans la zone de capture, par mois, en 1999 et 2000 ... 59 Figure 6. Fréquence de longueur, lieu de capture et de recapture des

anguilles en montaison marquées en 1999 et recapturées en 2000... 60 Figure 7. Relation longueur-poids des anguillettes en montaison et des

anguilles résidentes capturées dans la Petite rivière de la

Trinité en 1999-2000 ... 61 Figure 8. Capture d’anguilles en dévalaison et température de l’eau en

1999 et 2000. ... 62 Figure 9. Fréquence de longueur des anguilles capturées dans la

trappe de dévalaison en 1999 et 2000... 63 Figure 10. Relation longueur-poids des anguilles en dévalaison capturées

dans la Petite rivière de la Trinité en 1999 et 2000. ... 64 Figure 11. Fréquence de longueur des anguilles capturées par la

pêche à l’électricité en 2000 ... 64

(10)

LISTE DES ANNEXES

Page

Annexe 1. Liste de matériel ... 67 Annexe 2. Température, niveau d’eau et précipitation en 1999 et 2000 ... 70 Annexe 3. Détail sur l’anesthésie des anguilles... 75 Annexe 4. Captures d’anguilles en montaison dans la zone de capture

(fosse 2) par la pêche manuelle et la bourolle (entre parenthèses)

en 1999 ... 76 Annexe 5. Captures d’anguilles en montaison dans la zone de recapture

(fosse 3) dans la passe-piège en 1999... 78 Annexe 6. Captures d’anguilles en montaison dans la zone de recapture

(fosse 3) par la pêche au tuyau ABS en 1999 ... 79 Annexe 7. Captures d’anguilles en montaison dans la zone de capture

(fosse 2) par la pêche manuelle en 2000... 80 Annexe 8. Captures d’anguilles en montaison dans la zone de recapture

(fosse 3) en 2000 ... 82 Annexe 9. Caractéristiques des stations de pêche à l’électricité en 2000... 84 Annexe 10. Captures et estimation du nombre d’anguilles dans les stations

de pêche à l’électricité en 2000 ... 85

(11)

1. INTRODUCTION

L’anguille d’Amérique (Anguilla rostrata) est un poisson de toute première importance au Québec pour ses pêcheries commerciales dans l’axe du Saint-Laurent autant en eau douce que dans l’estuaire fluvial et moyen. Or, depuis maintenant une vingtaine d’années, on note que les débarquements d’anguilles sont à la baisse, non seulement au Québec, mais aussi dans beaucoup d’autres endroits en Amérique du Nord où l’anguille est exploitée. Par contre, elle ne fait pas l’objet d’exploitation commerciale en lacs et en rivières et l’exploitation pour des fins sportive ou d’alimentation est négligeable.

L’anguille est une espèce catadrome; elle se reproduit dans la mer des Sargasses dans les Bermudes, mais peu d’informations sont connues sur sa reproduction. Il semble que les larves (leptocéphales), portées principalement par le courant du Gulfstream, mettent un peu plus d’un an avant d’atteindre le golfe du Saint-Laurent et de pénétrer dans nos rivières ou dans le fleuve. Ce mode de distribution des anguilles, au gré des courants, pourrait donc avoir une influence importante sur le recrutement dans les rivières. La durée de séjour en eau douce est variable, mais dure environ 20 ans sous nos latitudes.

Selon les connaissances actuelles, l’anguille d’Amérique est considérée comme panmictique, c’est-à-dire que l’ensemble de la population ne formerait qu’un seul pool génétique (William et al. 1973; Avise et al. 1986, 1990). Des études récentes tendent toutefois à montrer qu’il pourrait en être autrement de l’anguille européenne (Anguilla anguilla) (L. Bernatchez, comm. pers)1.

Plusieurs indices laissent croire que ces deux espèces ont subi des déclins importants, du moins dans une partie septentrionale de leur aire de répartition, au cours des dernières années (Castonguay et al. 1994; Robitaille et Tremblay 1994; Ritter et al.

1997). Le Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM/ICES) a même récemment conclu que le stock d’anguilles européennes n’était plus dans les limites biologiques du maintien de l’espèce (ACFM 1998). Le CIEM a réuni au mois d’août 2000 un groupe de travail sur l’anguille d’Amérique et les conclusions de ce groupe, sans être

1 Université Laval.

(12)

aussi alarmistes que pour le cas de l’anguille européenne, soulèvent la nécessité d’avoir une approche très prudente dans la gestion de cette espèce et rappellent l’urgence d’acquérir plus de connaissances sur la vie de l’anguille en eau douce afin de pouvoir être en mesure d’assurer une gestion éclairée de l’espèce dans un avenir prochain (ICES/CIEM 2000).

Au Québec, le déclin de la pêcherie d’anguilles argentées dans le Bas Saint-Laurent ainsi que dans la rivière Richelieu et la diminution importante de l’indice de recrutement en provenance de la passe migratoire du barrage hydroélectrique de Cornwall font craindre que nous assistions actuellement à l’effondrement du stock. Le problème est-il relié à un mauvais recrutement en mer ou à des difficultés rencontrées durant l’engraissement dans nos cours d’eau? Si le problème se trouve en eau douce, s’agit-il d’une situation ponctuelle ou généralisée?

Pour pouvoir répondre à ces questions, il faudrait avoir en place un système d’évaluation pour le recrutement des civelles et pour les échappements de géniteurs, semblable à ce que nous avons sur le saumon atlantique (Salmo salar). Pour palier à ce manque d’informations, des tentatives d’évaluation de recrutement ont été menées sur les rivières Rimouski, du Sud-Ouest, Petit-Saguenay, Petite rivière de la Trinité et Bec-Scie, par le passé, mais cette liste a été réduite pour l’instant à deux rivières, les rivières du Sud-Ouest et la Petite rivière de la Trinité. Les travaux menés sur cette dernière, par diverses équipes, depuis le début des années 1980, apportent donc une contribution importante à ce peu de connaissances.

Le présent document présente les données recueillies sur la Petite rivière de la Trinité en 1999 et 2000, la méthodologie, les résultats et des analyses sommaires. Une liste du matériel requis pour ces travaux est présentée à l'annexe 1. Les noms des poissons utilisés dans ce rapport et leur orthographe sont ceux normalisés à la Société de la faune et des parcs du Québec, en tenant compte des dernières modifications taxonomiques (Desrosiers et al. 1995). Un glossaire définissant les termes utilisés dans ce rapport pour les diverses phases de vie de l’anguille auxquelles nous nous référons est proposé à la fin du document.

(13)

2. AIRE D’ÉTUDE

La Petite rivière de la Trinité est située sur la haute Côte-Nord (49°32’N, 67°14’O), soit à mi-chemin des villes de Baie-Comeau et de Sept-Îles, dans la zone d’exploitation contrôlée (zec) Trinité. Cette rivière, d’environ 35 km de longueur, draine un bassin versant de 200 km² avant de se jeter dans le golfe Saint-Laurent. Le milieu forestier ambiant est dominé par les conifères. Plusieurs lacs se déversent dans cette rivière par des ruisseaux secondaires.

La rivière coule sur de la roche ignée du bouclier canadien et présente des cascades et des chutes qui rendent impossible la migration de la plupart des poissons migrateurs dans la partie amont. Tout au long du parcours, on y observe une succession de rapides, de seuils et de chenaux, avec prédominance de blocs et de galets dans les zones d’eau vive et prédominance de sable et de gravier dans les eaux lentes. Dans la partie aval de la rivière, le sol environnant est dominé par d’importants bancs de sable et de gravier.

L’eau est peu conductible, acide et de coloration brunâtre à cause de l’acide tannique qui s’y trouve. La seule activité humaine importante dans ce bassin de drainage est la coupe forestière. L’accès routier est limité ce qui fait que la pêche sportive est concentrée dans quelques lacs et sur la partie aval de la rivière.

L’anguille et l’omble de fontaine (Salvelinus fontinalis) sont présentes dans l’ensemble du bassin de drainage. Dans la partie amont on rencontre, en plus, l’omble chevalier (Salvelinus alpinus) dans certains lacs. En aval de la troisième chute (km 7), on rencontre le saumon atlantique, le meunier rouge (Catostomus catostomus), le meunier noir (Catostomus commersoni) et l’épinoche à trois épines (Gasterosteus aculeatus) en plus des formes anadrome d’omble de fontaine et possiblement de l’omble chevalier.

Cette liste d’espèces n’est pas nécessairement complète.

Les travaux sur l’anguille de cette rivière remontent au début des années 80 alors qu’un indice de recrutement des anguillettes par décompte visuel a été développé au site de la première chute de la rivière (Dutil et al. 1989) avant d’être repris par Tremblay de 1993 à 1995 (Fournier et Tremblay 1994; Raymond et Tremblay 1995, 1996) et Caron en 1996 (Raymond et Caron 1997).

(14)

3. DONNÉES CLIMATIQUES ET HYDROLOGIQUES

3.1 Matériel et méthode

La température de l’eau et de l’air, le niveau d’eau et la quantité de pluie sont recueillis durant la période des travaux de terrain.

La température de l’eau a été prise en amont de la fosse 2, à environ 1 mètre de profondeur, à l’aide d’un thermographe électronique programmé à intervalle d’une heure. Ces données servent au calcul des températures moyennes, minimales et maximales quotidiennes. Pour les besoins immédiats, la température de l’eau a été prise quotidiennement vers 21h00 à la fosse 2 à l’aide d’un thermomètre de poche.

La température de l’air provient d’un autre thermographe électronique installé dans un endroit ombragé, près du poste d’enregistrement de la rivière de la Trinité. Ces données sont disponibles pour 1999 seulement.

Le niveau d’eau est mesuré au moyen d’une règle fixe; il s’agit d’un long madrier muni d’une règle, fixé sur la rive et dépassant au-dessus de la rivière. Une corde munie d’un plomb qui pend au bout du madrier est ajustée à la surface de la rivière et un curseur indique le niveau. Cette règle a initialement été installée en 1994, dans le cadre des projets de décomptes d’anguillettes et les données recueillies cette année sont donc comparables avec celles récoltées lors des décomptes de 1994 à 1996.

La quantité de pluie a aussi été notée quotidiennement avec un pluviomètre portatif d’une capacité de 50 mm installé près de la fosse 2.

3.2 Résultats : chaud et sec en 1999, normal en 2000

Les données recueillies sont présentées à l’annexe 2. En 1999, la température de l’eau s’est élevée très tôt au printemps, dépassant 20 °C dès la mi-juin et est demeurée relativement chaude jusqu’au début septembre. Les précipitations estivales ont été rares et le niveau d’eau est demeuré bas jusqu’au 10 septembre au moment où une

(15)

forte pluie a fait gonfler la rivière. Ces conditions ont été favorables à la montaison des anguilles et particulièrement à celle des anguillettes tout au long de la saison.

En 2000, la température a été plus froide qu’en 1999. Pour les périodes allant du 15 juin au 15 septembre, la température moyenne de l’eau a été de 19,4°C (min. 15,0, max.

22,3) en 1999 alors qu’elle fut de 18,0°C (min. 12,8, max. 21,9) en 2000.

Deux crues estivales, l’une à la mi-juillet et l’autre à la mi-août, ont permis de maintenir un niveau d’eau acceptable dans la rivière tout au long de l’été 2000.

(16)

4. MONTAISON DES ANGUILLES

La vraie mesure de recrutement d’anguilles dans la rivière devrait se faire par l’estimation de l’arrivée de civelles à l’embouchure de la rivière. Les tentatives antérieures de captures de civelles se sont toutefois révélées infructueuses et à défaut de développer une meilleure technique de capture, nous sommes contraints de mesurer le recrutement d’anguillettes dans les premières années de vie en rivière. Pour ce faire, nous assumons que l’ensemble des anguillettes remontent vers les parties amont de la rivière entre l’âge de 1 et 3 ans.

4.1 Matériel et méthode

L’estimation des anguilles en montaison est obtenue par la méthode de capture- recapture. La zone de capture est située à la fosse 2, à 3,5 km de l’embouchure et la zone de recapture à la fosse 3 (figure 1). Ces deux zones sont séparées de deux kilomètres, ce qui est suffisant pour assurer le mélange homogène des anguilles capturées de celles non capturées à la zone de capture.

4.1.1 Zone de capture

La zone de capture est constituée d’une cascade de 20 mètres de long avec un dénivelé de 4 mètres. L’eau coule sur la roche mère avant de se déverser dans un large bassin (fosse 2). Pour franchir cette cascade, les anguilles remontent les zones de faibles débits de chaque coté de la rivière ou procèdent même par reptation sur la roche humide, dans les fissures avec de l’eau ou juste en bordure du courant. La capture manuelle est donc effectuée dans cette zone, entre la veine d’eau principale et la rive ouest de la rivière.

Tous les soirs, à 22h30 et 23h30, deux personnes parcourent systématiquement la zone, de l’aval vers l’amont, en éclairant avec des lampes de faible intensité ou recouvertes d’un filtre rouge afin de ne pas faire fuir les anguilles. Les deux pêcheurs capturent le plus d’anguilles possibles à l’aide de puises à smolt dans les grands trous d’eau et au rebord de la veine d’eau principale, au moyen de petites épuisettes d’aquarium dans les petits trous d’eau et d’un contenant de plastique de quatre litres à large ouverture pour capturer les anguilles en reptation sur la roche mère et dans les zones humides. Les anguilles vues mais non capturées sont notées à chaque passage.

(17)

Toutes les anguilles sont anesthésiées à l’aide d’une solution à base d’huile de clou de girofle à une concentration de 60 mg/l. À cette concentration, les anguilles prennent en moyenne 10,3 minutes pour atteindre un sommeil profond et 5,9 minutes pour un réveil complet. Le détail de ces tests ainsi que des commentaires sur la solution anesthésiante se retrouvent à l’annexe 3. Les anguilles sont mesurées (longueur totale, ± 0,5 mm) marquées puis relâchées après qu’elles se soient bien réveillées. Les recaptures étaient notées.

En 1999, la marque utilisée était la coupe du bout de la queue, à l’aide d’un coupe-ongles, de façon à ce que la queue soit carrée. Les anguilles ont été relâchées 100 mètres en aval de la zone. L’objectif de les relâcher en aval était de faire de la capture-recapture au même site étant donné que la vitesse de montaison et la faisabilité de recapturer des anguilles à la fosse 3 n’étaient pas connues.

En 2000, le bout de la queue a aussi été coupé afin de mieux repérer les anguilles marquées à la zone de recapture et un pyrograveur a été utilisé pour effectuer une marque distincte quotidienne sur les anguilles, selon la méthodologie développée en 1999 (voir section 7.5). Les anguilles ont ensuite été relâchées 100 m en amont de la cascade.

En 1999, afin d’estimer le temps de montaison entre les deux zones, 303 anguilles ont été marquées d’une marque quotidienne distincte entre le 13 et le 19 juillet; chaque anguille à eu le bout de la queue coupé en biseau (du ventre vers la queue) et a reçu une injection d’élastomère en utilisant une combinaison de cinq couleurs. Ces anguilles ont été relâchées une première fois comme les autres en aval du site et si elles étaient recapturées, elles étaient relâchées en amont du site. À la zone de recapture, les captures de ces anguilles étaient notées.

4.1.2 Zone de recapture

La zone de recapture est située au pied d’une cascade de 80 m de long, comportant un palier dans sa portion centrale et se déversant dans un bassin (fosse 3). Le principal substrat est la roche mère.

(18)

En 1999, une passe-piège et des tuyaux ABS ont été installés dans la partie aval de la cascade. La passe-piège est constituée d’une rampe en bois sur laquelle sont installés des bouts de tuyaux de 10 cm de longueur à la verticale pour permettre aux anguilles de s’appuyer pour gravir la pente. À la fin du trajet, les anguilles tombent dans une poche en filet à mailles très fines qui repose dans un bac d’eau et qui permet de les retenir. Cette passe-piège s’inspire de celle développée par Hydro-Québec au barrage de Chambly (Desrochers et Fleury 1999). Elle est toutefois beaucoup plus courte (2,5 m) ce qui permet de la déplacer et de l’installer facilement. Les tuyaux sont plus rapprochés et la pente est faible afin de permettre aux petites anguilles de l’utiliser. Une visite quotidienne est faite en début de soirée pour vérifier le bon fonctionnement. Les captures sont notées le matin.

Un second piège consiste en des tuyaux ABS noirs, d’une longueur d’un mètre et d’un diamètre de 38 ou 51 mm (1,5 ou 2 pouces); ils sont simplement installés à l’horizontal sur la roche mère dans le fond de la rivière, une roche placée au-dessus pour les empêcher de bouger, dans des endroits où les anguilles s’accumulent, par exemple au pied d’une parois verticale. Au lever du jour, les anguilles vont s’y réfugier. Lors de la visite des pièges, les extrémités du tuyau sont fermées avec les mains et le tuyau est vidé dans un bac.

Trois sites ont été expérimentés, soit à mi-cascade, sur la rive droite, dans un petit endroit calme en retrait du courant principal (site 1); sur la rive gauche en face du site 1, au pied d’une parois de roche de deux mètres (site 2) et sur cette même rive, au pied de la cascade en retrait du courant (site 3). Les anguilles capturées ont été anesthésiées, mesurées et examinées pour la recherche de marques. Chacune a été marquée d’une marque différente à chaque jour (voir test de marquage section 7). Environ la moitié des anguilles ont été gardées en vivier, de quelques jours à plusieurs semaines afin de vérifier l’évolution de leur marque. Des mesures de poids, longueur, sexe ont été faites ainsi que des prélèvements d’otolithes pour des fins d’estimation d’âge et d’une petite partie de nageoire pour des analyses génétiques. L’autre moitié des anguilles a été relâchée 100 mètres en aval du piège afin de vérifier la possibilité de repérer ces marques en milieu naturel et la faisabilité d’estimer la population à un même site. Les anguilles recapturées ont été relâchées en amont de la cascade afin de ne recapturer ces individus qu’une seule fois.

(19)

En 2000, deux passe-pièges (site 1 et 2 de 1999) et des tuyaux ABS ont été utilisés. Le marquage s’est fait uniquement sur 225 anguilles qui ont été, par la suite, relâchées en amont de l’obstacle. Le but de cette manipulation était de vérifier si des anguilles pouvaient redescendre et remonter plus d’une fois cet obstacle durant la même saison.

Toutes les anguilles ont donc été relâchées en amont de la cascade.

4.2 Résultats

4.2.1 Température de l’eau lors de la montaison : plus de 15 °C

En 1999, la montaison a été très hâtive. Dès la première visite à la zone de capture, beaucoup d’anguilles ont été vues en montaison sur les roches. La première soirée d’échantillonnage, le 15 juin, a permis la récolte de 91 anguilles (tableau 1). Nous avons donc manqué le début de la montaison. En consultant les données de température d’eau de la rivière de la Trinité, située à 12 km de la Petite rivière de la Trinité, on remarque qu’un réchauffement important de l’eau a eu lieu le 11 juin, la température passant de 16 à 20 °C (Caron et al. 2000a). Les journées précédentes, les températures ne dépassaient pas 15 °C.

Une baisse des températures a fait chuter le nombre quotidien de captures à la fin juin, puis le réchauffement de l’eau à la mi-juillet a fait atteindre un pic de montaison le 14 juillet à la zone de capture et le 19 juillet à la zone de recapture. Par la suite, les captures ont diminué graduellement puis sont demeurées faibles à partir du début août jusqu’à la mi-septembre et nulles après le 19 septembre. On voit donc une certaine concordance entre la montaison et la température de l’eau (figure 2). Il est, par contre, difficile de déceler une influence du niveau d’eau sur la montaison car celui-ci s’est maintenu relativement bas toute la saison.

En 2000, le début de la montaison a été plus tard et plus graduel; les premières captures ont été enregistrées le 15 juin à la zone de capture et le 23 juin à la zone de recapture (tableau 2). Le nombre de captures varie en dents de scie et un pic de migration important est enregistré à la fin juillet et au début août, particulièrement à la zone de recapture, alors que la température de l’eau atteignait son maximum (figure 2).

(20)

Les différentes variations dans les captures correspondent souvent à des variations de la température et de niveau d’eau. Les captures ont été très faibles lors des deux crues.

Le détail des captures par année, par zone et par engin se retrouve aux annexes 4 à 8.

4.2.2 Temps de montaison entre les sites : environ de 15 à 25 jours En 1999, des 303 anguilles spécialement marquées pour l’évaluation du temps de montaison entre les sites de capture et celui de recapture, 22 ont été recapturées (tableau 3). Les anguilles ont mis en moyenne 16 jours pour franchir cette distance, avec un minimum de 5 jours et un maximum de 39 jours. Cette estimation est à titre indicatif car elle peut être biaisée par le fait que les anguilles ont été relâchées en aval du site de marquage et que les tests ont été effectués sur une courte période de 7 jours, ce qui ne représente pas nécessairement la vitesse de croisière des anguilles à d’autres moments de la saison.

En 2000, on connaît le temps de montaison de chaque recapture (tableau 3). Il diminue tout au long de la saison, passant de 38 à 14 pour une moyenne de 28 jours. Le résultat de 1999 est comparable à 2000 car la moyenne de 16 jours avait alors été obtenue la troisième semaine de juillet, durant la forte période de montaison.

4.2.3 Anguillettes en montaison en 1999 et 2000 : 14 000 et 20 000 L’estimation du nombre d’anguilles en montaison est complexe dans la situation présente; plusieurs groupes d’âge se chevauchent, la distance et le temps que mettent les anguilles pour franchir la distance entre la zone de marquage et de recapture est variable dans le temps et des anguilles peuvent hiverner entre les deux zones.

L’utilisation de l’estimateur de Petersen peut donc comporter un certain biais dans ces circonstances. Une étude a d’ailleurs été entreprise à ce sujet avec le support du département de mathématique de l’Université Laval et les résultats suggèrent « que l’estimation du modèle stratifié est comparable à celle de Petersen » (Dusseault 2000).

(21)

4.2.3.1 Estimation de 1999 : 21 500 anguilles dont 14 000 anguillettes

En 1999, la zone de capture a été en opération du 14 juin au 29 octobre et la recapture du 26 juin au 25 août. Il y a eu capture dès le premier jour mais la première recapture a eu lieu le 11 juillet. Pour respecter le temps moyen de montaison entre les deux sites, les données retenues pour l’estimation de population, commencent et finissent 16 jours après le début et la fin du marquage à la zone de capture (tableau 1). Nous pouvons donc estimer la montaison pour cette période par la formule de Petersen, corrigée par Chapman (Chapman 1951), dont l’équation est la suivante :

N = (M+1) (C+1) (R+1)

où N = effectifs estimés

M = nombre de poissons marqués C = taille de l’échantillon prélevé

(nombre de poissons capturés dans la zone de recapture) R = nombre de recaptures dans l’échantillon

l’intervalle de confiance est calculé pour 1 – P = 0,95 (Ricker 1980).

L’évaluation est donc la suivante : N = (2337+1) (1075+1) = 17 969 (139+1)

l’intervalle de confiance se situe entre 15 236 et 21 188.

Pour obtenir une estimation complète de la montaison, il faut tenir compte des anguilles qui ont franchi le premier obstacle avant le début de la période d’échantillonnage.

D’après les températures d’eau (voir section 4.2.1), il est fort probable que les anguilles aient commencé leur montaison vers le 11 juin, soit quatre jours avant le début de nos travaux. À notre première journée d’échantillonnage, nous avons capturé 91 anguilles.

En supposant que le nombre d’anguilles était la moitié moindre le 14, ce qui fait 45, la moitié moindre encore le 13, ce qui fait 23 et de même pour le 12 et le 11 avec 11 et 6, nous estimons que 85 anguilles auraient donc pu être capturées si nous avions démarré

(22)

nos travaux plus hâtivement. De plus, 45 anguilles ont été échantillonnées et 330 anguilles capturées après la période servant à l’estimation.

Au total, 461 anguilles auraient donc pu être capturées à la zone de capture mais sont exclues de l’estimation précédente. Il nous faut tenter de les réintégrer du mieux possible dans notre estimation et nous proposons la façon suivante; pour l’ensemble de la saison, la proportion d’anguilles capturées à la zone de capture est de 13 % de la montaison. En appliquant cette proportion au nombre d’anguilles que nous croyons avoir manquées, il faudrait ajouter 3 543 anguilles à l’estimation pour mieux représenter la montaison totale, ce qui donnerait un total de 21 512 anguilles.

L’estimation précédente comprend les anguilles de toutes tailles et est soumise à un biais d’échantillonnage du fait que les gammes de tailles des anguilles capturées diffèrent entre les engins et donc entre les zones de capture et de recapture (figure 3).

Toutes les fréquences de longueur montrent une courbe bimodale, le premier groupe étant les anguilles de 120 mm et moins.

Selon les travaux de Dutil et al. 1987 sur la population d’anguilles de cette rivière, les civelles demeureraient dans l’estuaire pour monter la rivière et franchir la zone de capture durant les premières années de leur vie. Ceci a été confirmé par l’étude des otolithes de ces anguillettes qui présentent des marques distinctes entre la croissance en eau salée et douce (Michaud et al. 1988).

Étant donné que 93 % des anguilles capturées ont été mesurées, il est possible d’estimer le recrutement d’anguillettes qui arrivent de la mer, c’est-à-dire les anguilles d’âge 1, 2 et peut-être 3 ans (à préciser avec des lectures d’âge) en prenant la proportion d’anguilles de 120 mm et moins pour chaque variable de la formule (figure 4).

Ainsi, l’estimation serait la suivante :

N = (1683+1) (344+1) = 11 620 (49+1)

l’intervalle de confiance se situe entre 8 832 et 15 265.

(23)

Cette estimation représente 64,7 % de l’estimation totale. Il faut donc ajouter cette proportion des 3 543 anguilles exclues de l’estimation totale, soit 2 292 anguilles. Ainsi, l’estimation totale d’anguillettes de 120 mm et moins serait de 13 912.

4.2.3.2 Estimation de 2000 : 26 000 anguilles dont 20 000 anguillettes

En 2000, les deux zones étant en fonction du début à la fin de la montaison, l’ensemble des données sera considéré. La pêche a débuté le 6 juin dans la zone de capture mais la première anguille a été capturée le 15 juin. Dans la zone de recapture, les premières prises ont eu lieu le 23 juin et les premières recaptures le 3 juillet. Les opérations se sont terminées le 8 septembre alors que durant les quatre derniers jours, pas plus d’une anguille par jour n’avait été capturée (tableau 2).

L’évaluation est donc la suivante : N = (2177+1) (2936+1) = 26 109 (244+1)

l’intervalle de confiance se situe entre 23 043 et 29 582.

Aussi, 5 anguilles ont été échantillonnées à la zone de capture. La proportion d’anguilles capturées à cette zone est de 8,3 % de l’estimation. En appliquant cette proportion aux anguilles échantillonnées, on doit ajouter 60 anguilles à l’estimation pour une montaison totale de 26 169.

Les fréquences de longueur par engin étant encore bimodales (figure 3), l’évaluation du recrutement d’anguillettes de 120 mm et moins peut se faire de la même façon que précédemment (figure 4); la formule devient donc la suivante :

N = (1284+1) (1703+1) = 19 767 (110+1)

l’intervalle de confiance se situe entre 16 424 et 23 784.

(24)

De plus, 4 anguillettes ont été prélevées au site de capture. La proportion de capture dans cette zone sur l’estimation étant de 6,5 %, 62 anguillettes sont ajoutées pour un total de 19 829.

L’estimation au moyen d’un estimateur stratifié procure une estimation de 17 230 anguillettes avec une variance de 3 5362, ce qui est comparable au résultat du modèle de Petersen (Dusseault 2000). Nous avons donc retenu le modèle de Petersen pour l’instant à cause de sa simplicité d’utilisation, mais cette position pourrait être revue à la lumière des résultats des années subséquentes. Suite à des lectures d’âge, il sera possible de reprendre ce calcul selon l’âge, d’estimer le nombre d’anguillettes de 1, 2 ou 3 ans qui remontent la rivière et ainsi pouvoir rapidement déceler une bonne ou une mauvaise année de recrutement.

4.2.4 Déplacements des anguilles dans la rivière

Pour mesurer le flux migratoire des anguilles, il faut être assuré que les anguilles que nous capturons sont effectivement en migration et non pas en déplacement de va-et- vient dans la rivière.

Le patron de capture des anguillettes diffère de celui des anguilles de plus grande taille au cours des deux années. En 1999, la proportion d’anguillettes est forte en juin et juillet avec 80 % et 79 % puis diminue à 57 % puis à 15 % en août et septembre (figure 5). En 2000, la même situation se répète; le pourcentage mensuel d’anguillettes est de 60 %, 65 %, 45 % et 46 % entre les mois de juin à septembre (figure 5).

Parmi les captures d’anguilles de plus grande taille, il semble que certaines soient résidentes dans le secteur ou qu’elles effectuent des mouvements de va-et-vient peut- être pour s’alimenter dans des zones plus productives à l’embouchure de la rivière. Ce fait est corroboré par la capture en 2000 de 83 anguilles marquées en 1999 et, en 2000, par la capture en pêche à l’électricité d’une anguille marquée à la zone de capture le 22 juin et recapturée le 2 août près de l’embouchure de la rivière.

Il semble également qu’une partie des anguilles, particulièrement les petites, peuvent arrêter leur migration entre les deux zones pour y hiverner et reprendre leur montaison

(25)

l’année suivante. En effet, 83 anguilles marquées en 1999 ont été recapturées à la zone de recapture en 2000 et de ce nombre, 65 % étaient des anguillettes. Il n’y a pas de cas d’anguilles qui auraient été marquées à la zone de recapture en 1999 et qui auraient été reprises à la zone de capture en 2000 (figure 6).

4.2.5 Comparaison avec les décomptes visuels antérieurs

De 1982 à 1985, un indice de montaison d’anguillettes à été développé sur la Petite rivière de la Trinité (Dutil et al. 1989). Ce suivi a été reconduit de 1993 à 1996 par le ministère de l’Environnement et de la Faune. Il s’agissait alors de faire annuellement de 10 à 12 décomptes visuels des anguilles en reptation sur les roches à la fosse 2 (zone de capture actuelle), soit un comptage à tous les quatre soirs entre le début juillet et la mi-août. Pour faire le lien avec ces précieuses données, les anguilles vues mais non capturées ont été notées et ajoutées aux captures, ce qui contribue à rapprocher les observations de ces deux périodes d’inventaire.

Les résultats de ces décomptes sont présentés au tableau 4. Pour 1999 et 2000, le résultat représente le total des anguilles capturées et celles vues mais non capturées pour les mêmes dates et au même endroit que les décomptes de 1993 à 1996. La comparaison n’est donc pas parfaite mais peut tout de même nous donner un ordre de grandeur. Les dates des décomptes étant fixes mais la montaison variant selon les conditions climatiques, le point de comparaison retenu est la moyenne des 10 meilleurs décomptes.

Selon cette approche, les année 1999 et 2000 auraient été des années de faible montaison, la moyenne des 10 meilleurs décomptes étant de 85 et 64 alors que la moyenne des décomptes des années antérieures s’est située entre 75 et 551. Seule l’année 1994 présente donc des valeurs semblables à nos deux années, mais il faut se rappeler que l’année 1994 avait été caractérisée par de très hauts niveaux d’eau tout au long de la saison estivale, ce qui a sans doute pu nuire à la montaison, particulièrement pour les anguillettes. Cette année-là, les données montrent d’ailleurs que seulement 25 % des anguilles avaient une taille de 100 mm ou moins alors que pour 1995 et 1996, la proportion d’anguillettes de cette taille est respectivement de 54 % et de 40 % (Raymond et Tremblay 1995, 1996; Raymond et Caron 1997). Malgré les biais

(26)

inévitables de ces comparaisons, on conclut tout de même que le recrutement des deux dernières années a été de beaucoup inférieur à ce qui a été observé sur cette rivière depuis 1982.

4.2.6 Majorité d’anguilles femelles de petite taille

En 1999, 3 649 anguilles ont été mesurées. La plus petite mesurait 62 mm et la plus grande 679 mm. Seulement 8 anguilles avaient plus de 400 mm. À la zone de capture, 72 % des spécimens avaient 120 mm et moins.

En 2000, 4 819 anguilles ont été mesurées. La plus petite mesurait aussi 62 mm et la plus grande 428 mm. Seulement quatre anguilles avaient plus de 400 mm. À la zone de capture, 59 % des anguilles ont moins de 120 mm.

La détermination du sexe par un examen visuel sur des anguilles de petite taille est particulièrement difficile sinon impossible. En 1999, le sexe de 96 anguilles de plus de 200 mm a été examiné; 63 d’entre elles étaient des femelles et 33 de sexe indéterminé.

En 2000, 70 de ces anguilles ont été examinées dont 50 femelles et 20 de sexe indéterminé.

Des otolithes ont été récoltés sur 246 anguilles en montaison en 1999 et 228 en 2000.

Nous n’avons pas, pour l’instant, développé d’expertises pour faire la détermination de l’âge de ces anguilles; les lectures seront donc faites ultérieurement. Un étudiant associé au centre de recherche du CEMAGREF (France), Nicolas Michelet, a lu avec deux collaborateurs les otolithes de 65 anguilles de 1999 dont 27 en montaison (Michelet 2000). Elles étaient âgées entre 1 et 16 ans. L’âge de 4 anguillettes de 120 mm et moins a été estimé, soit 2 de 1 an, 1 de 2 ans et 1 de 3 ans (tableau 5).

4.2.7 Relation longueur-poids

Les mesures de longueur et de poids sont connues pour 595 anguilles en montaison ou résidentes dont la taille varie de 62 à 810 mm. La relation longueur-poids pour toutes ces anguilles n’est pas valable ne respectant pas le test de normalité à cause d’une

(27)

croissance différente entre les anguillettes (≤ 120 mm) et les autres. La relation est donc améliorée en séparant ces deux groupes (figure 7).

Ainsi, la relation longueur-poids pour les anguillettes serait la suivante : Log10 poids (g) = 3,0376*log10 long. (mm) – 6,0653

Et celle des anguilles de plus de 120 mm :

Log10 poids (g) = 3,5396*log10 long. (mm) – 7,2929

4.2.8 Biomasse totale des anguillettes : 12 et 18 kg en 1999 et 2000 La biomasse totale des anguillettes est obtenue en estimant le poids de celles dont la longueur est connue à l’aide de la relation longueur-poids précédente et en rapportant ce poids sur le nombre total d’anguillettes estimées.

En 1999, le poids moyen des 2 157 anguillettes mesurées est de 0,84 g. La biomasse totale des 13 912 anguillettes est donc estimée à 11,7 kg.

En 2000, le poids moyen des 2 826 anguillettes dont on connaît la longueur est de 0,93 g. La biomasse des 19 829 anguillettes en montaison est estimée à 18,4 kg.

(28)

5. DÉVALAISON DES ANGUILLES ARGENTÉES

5.1 Matériel et méthodes

En 1999, le but de l’étude de la dévalaison automnale était avant tout exploratoire; on désirait connaître les dates de migration ainsi que les caractéristiques des anguilles qui quittent la rivière à la fin de leur cycle de croissance en eau douce. Aucune méthode d’estimation de la dévalaison n’a donc été utilisée.

Une trappe Alaska munie d’ailes de 15 m a été installée près de l’embouchure (fosse 1) de façon à couvrir environ la moitié de la largeur de la rivière. Une boîte de rétention fabriquée à partir d’un baril de plastique a été fixée à la queue de la trappe. Elle était visitée tôt tous les matins. Les captures étaient dénombrées par espèce et les anguilles anesthésiées, mesurées, mises dans un bac de récupération pour être ensuite relâchées 100 m en aval de la trappe. Quelques anguilles ont été gardées en laboratoire pour des mesures de poids, de sexe et de prélèvements d’otolithes pour des fins d’estimation de l’âge.

En 2000, l’étude avait en plus pour but d’estimer le nombre d’anguilles en dévalaison;

nous avons choisi d’utiliser une méthode de capture-recapture. Une trappe Pennsylvania, qui devait servir comme trappe de capture dans la zone de marquage, a été installée à la fosse 2 et la même installation que celle faite en 1999 à la fosse 1 devait servir de trappe de recapture. Or, la trappe de capture à la fosse 2 s’est révélée être difficile à opérer et les captures étaient plus faibles qu’à la zone de recapture. Il a donc été décidé, après quelques jours, de modifier les opérations et d’effectuer l’estimation à l’aide d’une seule trappe, soit l’installation de 1999 à la fosse 1.

Toutes les anguilles ont été anesthésiées, mesurées et examinées pour repérer les spécimens marqués. Une marque différente à chaque jour a été effectuée sur les anguilles non marquées à l’aide d’un pyrograveur (voir section 7.5). Des étiquettes spaghetti avec un numéro individuel ont aussi été installées avec succès sur 83 anguilles.

Elles ont ensuite été relâchées à la fosse 2, soit 3,5 km en amont du site de capture. Les anguilles marquées étaient notées selon le code de leur marque et relâchées 100 mètres en aval de la trappe. Quelques-unes ont été sacrifiées pour des mesures

(29)

morphométriques et des prélèvements d’otolithes. Les autres espèces capturées ont été dénombrées.

5.2 Résultats

5.2.1 Dévalaison : fin septembre

Avant 1999, les dates de la dévalaison d’anguilles argentées n’étaient pas connues sur cette rivière ni sur d’autres rivières avoisinantes; la trappe a donc été installée tôt, soit le 3 août mais les captures ont été très faibles jusqu’à la mi-septembre (tableau 6). L’essentiel de la dévalaison (85 % des captures) s’est déroulé du 17 septembre au 8 octobre, alors que la température de l’eau a chuté, passant de 17 à 6 °C (figure 8). Aucune correspondance n’est apparente entre le niveau d’eau de la rivière et la dévalaison.

En 2000, les trappes ont été installées le 31 août mais les premières captures ont été faites le 6 septembre (tableau 7). Le pic de dévalaison a eu lieu quelques jours plus tôt qu’en 1999, 85 % des anguilles ont été capturées entre le 16 septembre et le 1er octobre, une fois encore durant la baisse de la température de l’eau qui est passée de 17 à 6 °C (figure 7). Le niveau d’eau est demeuré stable tout au long de la dévalaison.

5.2.2 Temps moyen de dévalaison entre les sites : 3 jours

En 2000, les anguilles marquées ont mis de 1 à 11 jours et en moyenne 2,9 jours pour se rendre de la fosse 2 où elles sont relâchées à la trappe de capture à la fosse 1. La vitesse moyenne de migration a donc été de 1,2 km/jour. Étant donné la petite taille de la rivière et la faible profondeur de l’eau, il s’agit, à n’en pas douter, d’une nage active qui doit se faire essentiellement au fond de la rivière.

5.2.3 Caractéristiques des anguilles capturées

En 1999, la plus petite anguille capturée mesurait 219 mm et la plus grosse 957 mm.

Les anguilles de petite taille ne présentaient pas toutefois les caractéristiques des anguilles argentées. Selon les observateurs sur le terrain, on devrait les considérer comme des anguilles résidentes et non pas comme des migratrices. Nous avons donc convenu de retirer les anguilles de moins de 475 mm de notre échantillon et retenir que

(30)

les plus grandes (89 %) pour l’estimation. La longueur moyenne des anguilles considérées en dévalaison est de 632 mm et le mode se situe entre 611 et 620 mm (figure 9).

En 2000, les anguilles mesuraient entre 270 et 1 014 mm, dont 97 % avaient 475 mm ou plus. La longueur moyenne de ces dernières est de 643 mm et le mode se situe entre 601 et 610 mm (figure 9). La longueur des anguilles capturées en dévalaison est très semblable entre les deux années.

En 1999, le sexe a été déterminé pour 144 anguilles, soit 141 femelles, un mâle et deux individus de sexe indéterminé. En 2000, sur 105 spécimens examinés, 102 étaient des femelles et trois étaient des mâles. Cent trois anguilles ont été examinées afin de déceler la présence du parasite (Anguilla crassus), parasite qui a fait son apparition dans les populations d’anguilles au nord des États-Unis comme dans la rivière Hudson New York par exemple. Aucune présence de ce parasite n’a été notée à ce jour dans les populations d’anguilles du Québec et nous n’en n’avons pas décelé la présence dans notre échantillon.

Les otolithes de 155 anguilles en dévalaison ont été prélevés en 1999 et 105 en 2000.

L’âge de 39 anguilles de 1999 a été estimé par une équipe du CEMAGREF. Elles sont âgées entre 6 et 24 ans (tableau 5).

5.2.4 Nombre d’anguilles en dévalaison en 1999 et 2000 : 2 000 et 3 000

En 2000, 692 anguilles ont été capturées, 513 ont été marquées et relâchées et 113 ont été recapturées durant la période de marquage (tableau 7). L’évaluation de la dévalaison est donc la suivante :

N = (493+1) (602+1) = 2 708 (109+1)

l’intervalle de confiance se situe entre 2 249 et 3 260.

(31)

Le taux d’anguilles capturées est donc de 18 %. Les 56 anguilles capturées avant la période de marquage représentent 311 anguilles que l’on ajoute à l’estimation pour un total de 3 019 anguilles argentées qui ont quitté la rivière.

En 1999, aucun marquage n’a été effectué mais l’installation de capture était la même qu’en 1999. En supposant que le comportement des anguilles a été le même durant les 2 années, on peut tenter d’estimer la dévalaison en rapportant le nombre d’anguilles capturées (351) sur le taux de capture de l’an 2000 (18 %) pour un total de 1 950 anguilles argentées.

5.2.5 Relation longueur-poids

La figure 10 présente la relation longueur-poids obtenue pour les anguilles en dévalaison (≥ 475 mm) pour les deux années. La relation entre le poids et la longueur peut s’exprimer de la façon suivante :

Log10 poids (g) = 3,1324*log10 long. (mm) – 6,1169

5.2.6 Biomasse des anguilles en dévalaison : 1 et 1,5 tonne en 1999 et 2000

À partir de la relation longueur – poids, il a été possible d’estimer le poids des anguilles argentées dont la longueur était connue et d’obtenir la biomasse totale en rapportant ce poids sur le nombre estimé d’anguilles ayant quitté la rivière.

En 1999, les 351 anguilles argentées, dont on connaît la longueur, ont un poids moyen estimé de 472,5 g; l’ensemble des anguilles en dévalaison auraient donc une biomasse totale de 921 kg.

En 2000, la longueur de 557 anguilles nous a permis d’estimer le poids moyen à 502,2 g. On obtient donc, pour les 3 019 anguilles en migration vers la mer, une biomasse de 1 516 kg.

(32)

6. INVENTAIRE DE LA POPULATION RÉSIDENTE D’ANGUILLES

Dans la littérature scientifique, on rapporte que l’anguille utilise aussi bien les rivières, les lacs et même les estuaires pour effectuer sa croissance durant sa période de vie en eau douce. Nous avons donc tenté d’utiliser divers moyens pour évaluer l’ensemble de la population d’anguilles résidentes dans le réseau hydrographique de la Petite rivière de la Trinité.

6.1 Anguilles en rivière

6.1.1 Matériel et méthodes

Les travaux précédents ont démontré que la pêche à l’électricité est une technique efficace pour estimer la population d’anguilles en rivière (Raymond et Caron 1997).

Nous avons donc décidé de retenir cette technique pour déterminer l’abondance de l’anguille dans le réseau fluvial. Il fallait, au préalable, déterminer la répartition de l’anguille dans le réseau hydrographique. Un relevé des dossiers des lacs a permis de constater que l’anguille est présente dans plusieurs lacs, même ceux en tête du réseau hydrographique.

La méthodologie retenue pour la pêche à l’électricité s’inspire de celle utilisée pour l’inventaire des tacons de saumons décrite dans Caron et Ouellet 1987 et qui a été utilisée pour les inventaires d’anguilles sur la rivière Bec-Scie. Les stations sont fermées par un filet empêchant l’entrée ou la sortie des poissons afin de pouvoir évaluer la population résidente de chaque parcelle échantillon. L’équipe est constituée d’un opérateur de l’appareil, d’une personne munie d’une puise et d’une autre personne qui récupère les poissons dans une chaudière. Lors de la pêche, les trois personnes regardent dans l’eau et aident à localiser les anguilles. La parcelle échantillon de 100 m2 est pêchée face au courant, à trois reprises, avec une période de repos de 15 minutes entre les essais, ce qui nous permet d’évaluer la population totale de la parcelle (Zippin 1958; Armour et al. 1983). Les anguilles ayant dérivé dans le filet aval sont ramassées à la fin de chaque essai. Le nombre d’anguilles vues mais non capturées est noté à chaque passage.

(33)

Tous les poissons capturés sont notés par espèce à chaque essai; les anguilles sont anesthésiées et mesurées et quelques-unes sont gardées pour des mesures morphométriques.

Pour cet inventaire, nous voulions représenter le mieux possible l’ensemble du système fluvial colonisé par l’anguille de manière à tenter une estimation de la population résidant en rivière. Les stations ont été réparties comme suit : 10 le long du cours principal de la rivière dont 5 dans des seuils et 5 dans des chenaux, 2 dans le tributaire principal soit le ruisseau du Dôme et 2 dans 2 tributaires secondaires. Les 14 stations ont été pêchées entre le 1er et le 6 août, lors de l’étiage estival. Les caractéristiques de ces stations se retrouvent à l’annexe 9.

6.1.2 Résultats : estimation de 14 500 anguilles en rivière

Le petit nombre de stations inventoriées rend quelque peu fragile l’estimation que nous en tirons sur la population de l’ensemble de la rivière. Néanmoins, compte tenu du plan d’échantillonnage qui répartit assez bien les stations dans l’ensemble du réseau hydrographique, il nous apparaît possible de faire une première estimation du nombre d’anguilles dans le réseau fluvial.

L’estimation du nombre total d’anguilles dans les parcelles par la formule de Zippin s’applique à 6 stations où il y a eu capture dans les 2 premiers essais. Pour les autres stations, le nombre d’anguilles capturées a été considéré total, aucune capture n’ayant été effectuée lors des 2 derniers essais pour 7 stations et 1 anguille a été capturée à chaque essai pour 1 station.

Au total, 63 anguilles ont été estimées dans les 14 stations inventoriées. On observe que dans le cours principal de la rivière, le nombre d’anguilles diminue de l’aval vers l’amont, passant de 29 près de l’embouchure à 0 par 100m2 en amont (annexe 10).

C’est la station 1, près de l’embouchure, qui a rapporté le plus grand nombre de captures avec 29 anguilles. Il est probable qu’une partie de ces anguilles se concentrent à cet endroit pour aller s’alimenter dans l’estuaire, comme en font foi l’examen du contenu de quelques anguilles capturées dans ce secteur par la trappe Alaska et dont

(34)

l’estomac contenait des organismes qui vivent en eau salée. Les résultats de cette station seront donc traités à part.

Pour l’ensemble des autres stations, les densités d’anguilles varient en fonction du faciès; on retrouve en moyenne 4,5 anguilles par 100 m2 dans les seuils et 2,4 dans les chenaux. Dans les tributaires, deux stations n’ont rapporté aucune capture alors qu’une et trois anguilles ont été capturées dans les deux autres pour une moyenne globale de 1,0 anguille par 100 m2 de tributaire (tableau 8). La plus petite anguille capturée mesurait 64 mm et la plus grande 600 mm pour une moyenne de 218 mm (figure 11).

Pour tenter d’estimer la quantité d’anguilles présentes dans la rivière au moment de l’inventaire, nous avons utilisé la photo-interprétation du cours principal de la rivière effectuée par la firme Argus en 1992. Nous reconnaissons donc quatre habitats en rivière pour le présent calcul :

1- La section de rivière juste en amont de l’estuaire, qui comprend 4 620 m2 de faciès rapide; l’estimation obtenue à la station 1, soit 29 anguilles au 100 m2 a donc été appliquée, ce qui donne 1 340 anguilles.

2- Les rapides et les seuils de la rivière totalisent 163 430 m2. La densité moyenne dans ces habitats étant de 4,5 anguilles au 100 m2, on estime donc à 7 354 anguilles dans ce type d’habitat de la rivière.

3- Les bassins, chenaux et méandres comptent 94 159 m2. À une densité moyenne de 2,4 anguilles au 100 m2, ceci donne 2 260 anguilles.

4- Il y a 78,9 km linéaires de ruisseau dans le bassin versant de la rivière dont la largeur moyenne est estimée à 5 m, ce qui donne 394 500 m2; en appliquant une densité 1,0 anguille au 100 m2, ceci donne 3 947 anguilles pour les tributaires.

Au total, l’estimation serait donc de 14 901 anguilles dans la partie fluviale du bassin de drainage. Cette valeur est toutefois indicative seulement compte tenu du petit nombre d’échantillons et de la variabilité observée d’un site à l’autre.

(35)

En ce qui concerne les cascades, les chutes et la partie marine de l’estuaire, nous leur accordons, pour l’instant, une valeur nulle pour la production d’anguille.

6.1.3 Biomasse des anguilles résidentes

Le poids moyen estimé des 60 anguilles capturées était de 25,2 g. En appliquant cette biomasse à l’estimation de 14 901 anguilles, on obtient une biomasse totale de 376 kg d’anguilles qui vivent en milieu fluvial.

6.2 Les anguilles de l’estuaire

Lors des travaux de recherche sur le saumon de la rivière Bec-Scie à l’île d’Anticosti, une dévalaison importante de petites anguilles avait été mise en évidence entre la mi-mai et la fin juin. Une trappe servant à estimer la dévalaison des smolts a capturé annuellement entre 5 000 et 20 000 anguilles entre 1988 et 1995 (Caron et Raymond 1997). Le plus gros de ces captures s’effectuait durant le pic de dévalaison des smolts au début de juin. Il semble que les anguilles juvéniles se rendaient alors à l’estuaire pour s’y alimenter quelques semaines puis remontaient en eau douce à la fin de l’été. Il nous est apparu important de vérifier s’il y avait ou non un phénomène semblable sur la Petite rivière de la Trinité car ceci serait susceptible de modifier de façon importante le calcul de production, le cas échéant.

6.2.1 Matériel et méthodes

Une trappe Alaska a donc été installée près de l’embouchure, soit la même installation que pour la dévalaison automnale (voir section 5.1). Les poissons ont été comptés par espèce. Les anguilles ont été anesthésiées, mesurées et relâchées en aval de la trappe. Quelques-unes ont été gardées pour des mesures morphométriques.

6.2.2 Résultats : peu d’anguilles

En 1999, la trappe a été en opération du 15 au 26 juin et a capturé 2 anguilles. Le printemps ayant été très hâtif, le pic de dévalaison des smolts était peut-être terminé à cette période et nous avons jugé que l’expérience devait être reprise dans de meilleures

(36)

conditions. En 2000, la trappe était en opération durant la dévalaison des smolts, soit du 11 au 21 juin. Au total huit anguilles ont été capturées.

Un examen sommaire du contenu stomacal de deux anguilles a révélé la présence de néréis, polychète qui vit en eau saumâtre ou salée. Il ne semble donc pas y avoir de migration massive d’anguilles au printemps, du moins pas à cette période, mais quelques anguilles semblent effectuer des mouvements d’aller et retour entre la rivière et son estuaire. Nous considérons donc ce phénomène comme présent mais marginal pour cette rivière.

6.3 Anguilles en lac : pas d’estimation actuellement disponible

L’estimation d’anguilles dans les lacs n’est pas chose facile. Le réseau hydrographique de la Petite rivière de la Trinité compte 174 lacs, dont 9 de plus de 25 hectares (superficie cumulative de 480 hectares), 34 entre 5 et 25 hectares (superficie cumulative de 329 hectares) et 131 de moins de 5 hectares (superficie cumulative de 197 hectares). Étant donné le grand nombre de lacs et la difficulté d’accès à plusieurs d’entre eux, nous avons convenu de faire, en 2000, des essais de capture dans le but de trouver une approche simple et rapide d’estimation de la population d’anguilles en lac.

6.3.1 Matériel et méthode

Étant donné le succès obtenu en rivière avec les simples tuyaux ABS, nous avons voulu transposer cette technique en lacs à l’aide d’un engin maison constitué de trois tuyaux ABS de 1 m de longueur et de diamètre variant entre 25 et 76 mm (un à trois pouces) réunis ensemble. L’engin était déposé sur le fond avec les extrémités des tuyaux ouvertes. Lors du retrait de l’engin, un mécanisme actionnait des clapets qui venaient fermer les bouts de tuyaux avant de remonter le tout à la surface. À chaque lac pêché, neuf engins étaient installés à différentes profondeurs pour une durée d’environ 24 heures. À chaque endroit, une bourolle appâtée avec des poissons morts était également installée.

(37)

6.3.2 Résultats : quelques captures avec les bourolles

Entre le 25 juillet et le 20 août 2000, six lacs ont été pêchés avec ces engins. Aucun poisson n’a été capturé par les tuyaux ABS. Dans les bourolles, neuf anguilles ont été capturées, soit cinq dans le lac de la Fraye et une dans chacun des lacs des Chasseurs, Birk, Boréal et Éider. Aucune anguille n’a été recensée dans le lac Cavanagh bien que la présence de l’anguille dans ce lac soit déjà connue.

Ces captures révèlent à n’en pas douter que l’anguille est présente dans un grand nombre de lacs du réseau hydrographique, ce qui n’est pas en soit une surprise. Seules les bourolles ont données des résultats satisfaisants. Les tuyaux ABS fonctionnent bien pour capturer les anguilles en rivière car elles vont s’y réfugier avant le lever du jour mais en lac, les abris étant plus facilement disponibles, les tuyaux ne représentent aucun avantage.

Il faudra donc utiliser beaucoup de bourolles ou une autre approche pour faire l’estimation de la population d’anguilles en lacs. Pour l’instant, nous croyons qu’il faudrait procéder à la classification des lacs en fonction de leur habitat favorable à l’anguille puis de faire l’estimation sur quelques lacs de chacune des catégories retenues.

(38)

7. ESSAIS D’UNE MÉTHODE DE MARQUAGE QUOTIDIEN

Pour estimer une population migratrice par la méthode capture-recapture, il est préférable de marquer les individus d’une marque différente à chaque jour; ceci permet, entre autres, de connaître le temps de migration entre le site de capture et celui de recapture et permet d’acquérir des connaissances sur le comportement de ces migrateurs. De plus, ce type de marquage est essentiel à l’utilisation de certains estimateurs qui fractionnent l’estimation en courte période de temps. Des marquages quotidiens ont déjà été utilisés pour des anguilles adultes en dévalaison vers la mer par du marquage à chaud (hot branding) de différentes formes et à différents endroits sur l’anguille (Caron et al. 2000b) mais cette technique ne peut être utilisée sur des anguilles de petite taille. En 1999, diverses méthodes ont donc été testées pour trouver une technique rapide et efficace. Pour les essais suivants, toutes les anguilles étaient anesthésiées, environ la moitié des anguilles étaient marquées et relâchées en aval du site et l’autre moitié étaient gardées en vivier quelques semaines pour vérifier l’évolution de la survie et la persistance des marques.

7.1 Marquage à chaud (hot branding) : pour les anguilles de plus de 300 mm

Cette méthode consiste à faire une cicatrice sur la peau du poisson à l’aide d’un fil métallique chauffant de différentes formes. L’appareil utilisé était un fusil à souder modifié, accompagné d’un rhéostat et alimenté par des piles (12 volts). Cette méthode fonctionne très bien sur des anguilles de plus de 300 mm mais les 10 anguilles testées mesurant entre 80 et 120 mm ont plié sous l’élément chauffant et la moitié sont mortes quelque temps après le marquage. Cette technique s’avère donc valable uniquement sur les anguilles de plus de 300 mm.

7.2 Fil de couleur : perte des marques

Le marquage consistait à passer un fil de couleur dans les muscles sous la nageoire dorsale et à le nouer sur le dessus. Pour ce faire, une planche de marquage a été construite comprenant un support pour aiguille de moulin à coudre (dont le chas est

(39)

dans la pointe) et des clous sans tête pour les bobines de fil. L’aiguille est fixe sur le

support, le fil est passé dans le chas et d’un geste rapide, l’anguille est poussée sur l’aiguille. On attache ensuite le fil. Le temps de marquage est d’environ 90 secondes par individu.

Le marquage dans trois parties du corps : le bout de la queue, entre le bout de la queue et l’anus et vis-à-vis l’anus, couplé à plusieurs combinaisons de fils de couleur peut ainsi donner un grand nombre de combinaisons. Sur les 172 anguilles testées, aucune mortalité n’a été observée. Les marques faites par l’aiguille ont bien cicatrisé après quelques jours. Par contre, les fils se sont avérés accrochant et plusieurs anguilles ont perdu leur bout de fil après quelques jours de rétention. Cette méthode ne convient donc pas à nos besoins sur l’anguille mais pourrait être utilisée pour d’autres espèces de poissons.

7.3 Injection d’élastomère : nombre limité de combinaison

Du silicone bio-compatible, appelé élastomère, était injecté avec une seringue hypodermique sous la peau du poisson. L’ensemble à élastomère (décrit à l’annexe 1) a été fourni par le Centre interuniversitaire de recherche sur le saumon atlantique (CIRSA) qui l’utilise habituellement pour marquer des smolts.

Vingt anguilles, dix vivantes et dix mortes, mesurant entre 80 et 200 mm, ont été apportées au CIRSA pour subir des tests de marquage par des manipulateurs expérimentés. Des injections d’élastomère ont été faites sur le dos et le ventre d’anguilles anesthésiées.

L’aiguille pénètre difficilement sous la peau et est souvent enfoncée trop profondément dans les tissus pour que la marque soit visible. Cette technique pourrait être utilisée entre les rayons des nageoires mais les nageoires des anguillettes sont trop minces pour ce faire. L’injection derrière l’œil a aussi été tentée sans succès car cet endroit est difficile à atteindre et présente un risque d’endommager l’œil. Enfin, des injections ont été réalisées sur le dessus de la tête, entre les deux yeux. Il est facile d’insérer l’aiguille

(40)

à cet endroit et le temps de marquage est relativement court, soit 30 secondes par individu pour un manipulateur expérimenté.

Sur le terrain, 300 anguilles mesurant entre 62 et 329 mm ont été marquées de cette façon, dont 232 à la zone de capture afin d’évaluer le temps que mettent les anguilles pour franchir la distance entre la zone de capture et la zone de recapture (voir section 4.2.2).

Cette marque est très visible chez les petites anguilles mais la couleur foncée de la peau de certaines grandes anguilles empêche de bien voir la marque. À la pêche manuelle la nuit, à la lumière des lampes frontales, les marques d’élastomère étaient facilement repérables, sauf pour les marques faites avec le bleu qui n’est pas fluorescent. Souvent, il était même possible de repérer la marque avant de capturer l’anguille. Cette méthode fonctionne donc bien pour les petites anguilles, moins bien pour les grosses et le nombre de combinaisons possibles est limité étant donné que nous ne disposons que de quatre couleurs bien visibles et d’un seul endroit de marquage sur l’anguille.

7.4 Dermo-jet pour les grandes anguilles

Le Dermo-jet est un appareil servant à effectuer sans aiguille des injections sous- cutanées de médicaments. La pression du pistolet doit être réglée en fonction de l’épaisseur et de la résistance du tissu à traverser. Il est ainsi possible d’injecter un liquide coloré sous la peau des poissons pour les marquer. Cette technique a déjà été utilisée par l’Université du Québec à Rimouski pour marquer des tacons de saumon et des ombles de fontaine sur les rivières Matane et Causapscal (Dussault et Rodriguez 1997) et par des chercheurs de la Nouvelle-Zélande sur deux espèces d’anguilles (Anguilla dieffenbachii et Anguilla australis) en rivière (Chisnall et Kalish 1993).

Après plusieurs ajustements de pression de l’appareil et de dissection d’anguilles marquées pour constater l’étendue de la marque, les grandes anguilles ont été marquées avec succès; toutefois, nous ne sommes pas parvenus à marquer convenablement les petites anguilles.

Références

Documents relatifs

Contrat signé entre l‟Autorité Délégante et le Délégataire, portant sur la mise en gestion déléguée des services de distribution d‟électricité, d‟eau

A notre avis, les états financiers cités au premier paragraphe ci-dessus, donnent dans tous leurs aspects significatifs, une image fidèle du patrimoine consolidé, de

Sur la base des diligences ci-dessus, nous n'avons pas d'observation à formuler sur la concordance des informations comptables et financières, données dans la présente note

secondaire des taux BDT 10 ans publiée le 31 octobre 2012 par BAM, soit 4.84%. augmenté d’une prime

[r]

[r]

Le 2 juin 1923, Pierre Labric dévale en vélo les marches depuis le premier étage de la tour Eiffel..

Alors il contient tout le 3-Sylow qui contient cet ´el´ement, donc (par le th´eor`eme de Sylow, et par simplicit´e) tous les 3-sous-groupes de Sylow, et donc tous les