Académie d’Orléans –Tours Université François-Rabelais FACULTE DE MEDECINE DE TOURS
Année 2015 N°
Thèse pour le
DOCTORAT EN MEDECINE Diplôme d’Etat
Par
Laëtitia POCHEAU MARQUES
Née le 20 janvier 1984 à Nogent Sur Marne (94)
Présentée et soutenue publiquement le 25 juin 2015
TITRE
Etat des lieux de la place donnée à la cigarette électronique dans le sevrage tabagique de leurs patients par les médecins généralistes d’Indre-Et-Loire en 2015
Jury
Président : Pr Patrice DIOT, Doyen de la Faculté de Médecine de Tours
Membres : Pr Anne Marie LEHR DRYLEWICZ, Faculté de Médecine de Tours Pr Nicolas BALLON, Faculté de Médecine de Tours
Pr Philippe BOUGNOUX, Faculté de Médecine de Tours Dr Georges BONNEMAISON, Faculté de Médecine de Tours
03 avril 2015
UNIVERSITE FRANCOIS RABELAIS F
FAACCUULLTTEE DDEE MMEEDDEECCIINNEE DDEE TTOOUURRSS
DOYEN
Professeur Patrice DIOT VICE-DOYEN Professeur Henri MARRET
ASSESSEURS
Professeur Denis ANGOULVANT, Pédagogie Professeur Mathias BUCHLER, Relations internationales Professeur Hubert LARDY, Moyens – relations avec l’Université Professeur Anne-Marie LEHR-DRYLEWICZ, Médecine générale Professeur François MAILLOT, Formation Médicale Continue
Professeur Philippe ROINGEARD, Recherche SECRETAIRE GENERALE
Madame Fanny BOBLETER
********
DOYENS HONORAIRES Professeur Emile ARON (†) – 1962-1966 Directeur de l’Ecole de Médecine - 1947-1962 Professeur Georges DESBUQUOIS (†)- 1966-1972
Professeur André GOUAZÉ - 1972-1994 Professeur Jean-Claude ROLLAND – 1994-2004
Professeur Dominique PERROTIN – 2004-2014
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Professeur Jean-Claude BESNARD Professeur Patrick CHOUTET
Professeur Etienne DANQUECHIN-DORVAL Professeur Guy GINIES
Professeur Olivier LE FLOCH Professeur Etienne LEMARIE Professeur Chantal MAURAGE Professeur Léandre POURCELOT
Professeur Michel ROBERT Professeur Jean-Claude ROLLAND
PROFESSEURS HONORAIRES
MM. Ph. ANTHONIOZ - A. AUDURIER – Ph. BAGROS - G. BALLON – P.BARDOS - Ch. BERGER – J. BRIZON - Mme M. BROCHIER - Ph. BURDIN - L. CASTELLANI J.P. FAUCHIER - B. GRENIER – A. GOUAZE – M. JAN – J.-P. LAMAGNERE - F. LAMISSE – J. LANSAC – J. LAUGIER - G. LELORD - G. LEROY - Y. LHUINTRE - M. MAILLET - Mlle C. MERCIER – J. MOLINE - Cl. MORAINE - J.P. MUH - J. MURAT - Ph. RAYNAUD – JC. ROLLAND – Ph. ROULEAU - A. SAINDELLE - J.J. SANTINI - D. SAUVAGE
– J. THOUVENOT - B. TOUMIEUX - J. WEILL.
PROFESSEURS DES UNIVERSITES - PRATICIENS HOSPITALIERS
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FAUCHIER Laurent ... Cardiologie
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PAINTAUD Gilles ... Pharmacologie fondamentale, Pharmacologie clinique PATAT Frédéric ... Biophysique et Médecine nucléaire
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ROINGEARD Philippe ... Biologie cellulaire
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PROFESSEUR DES UNIVERSITES DE MEDECINE GENERALE M. LEBEAU Jean-Pierre ... Médecine Générale Mme LEHR-DRYLEWICZ Anne-Marie ... Médecine Générale
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MAITRES DE CONFERENCES DES UNIVERSITES - PRATICIENS HOSPITALIERS
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BLASCO Hélène ... Biochimie et biologie moléculaire M. BOISSINOT Éric ... Physiologie
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GUILLON-GRAMMATICO Leslie ... Biostatistiques, Informatique médical et Technologies de Communication MM. HOARAU Cyrille ... Immunologie
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MAITRES DE CONFERENCES
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Mme MONJAUZE Cécile ... Sciences du langage - Orthophonie M. PATIENT Romuald ... Biologie cellulaire
MAITRE DE CONFERENCES ASSOCIE
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CHERCHEURS INSERM - CNRS - INRA
M. BOUAKAZ Ayache ... Directeur de Recherche INSERM – UMR INSERM 930 Mmes BRUNEAU Nicole ... Chargée de Recherche INSERM – UMR INSERM 930
CHALON Sylvie ... Directeur de Recherche INSERM – UMR INSERM 930 MM. CHARBONNEAU Michel ... Directeur de Recherche CNRS – UMR CNRS 7292
COURTY Yves ... Chargé de Recherche CNRS – UMR INSERM 1100 GAUDRAY Patrick ... Directeur de Recherche CNRS – UMR CNRS 7292 GILOT Philippe ... Chargé de Recherche INRA – UMR INRA 1282 GOUILLEUX Fabrice ... Directeur de Recherche CNRS – UMR CNRS 7292 Mmes GOMOT Marie ... Chargée de Recherche INSERM – UMR INSERM 930
GRANDIN Nathalie ... Chargée de Recherche CNRS – UMR CNRS 7292 HEUZE-VOURCH Nathalie ... Chargée de Recherche INSERM – UMR INSERM 1100 MM. KORKMAZ Brice ... Chargé de Recherche INSERM – UMR INSERM 1100
LAUMONNIER Frédéric ... Chargé de Recherche INSERM - UMR INSERM 930 LE PAPE Alain ... Directeur de Recherche CNRS – UMR INSERM 1100 Mme MARTINEAU Joëlle ... Chargée de Recherche INSERM – UMR INSERM 930 MM. MAZURIER Frédéric ... Directeur de Recherche INSERM – UMR CNRS 7292
MEUNIER Jean-Christophe ... Chargé de Recherche INSERM – UMR INSERM 966 RAOUL William ... Chargé de Recherche INSERM – UMR CNRS 7292 Mme RIO Pascale ... Chargée de Recherche INSERM – UMR INSERM 1069 M. SI TAHAR Mustapha ... Directeur de Recherche INSERM – UMR INSERM 1100
CHARGES D’ENSEIGNEMENT Pour la Faculté de Médecine
Mme BIRMELE Béatrice ... Praticien Hospitalier (éthique médicale) M. BOULAIN Thierry ... Praticien Hospitalier (CSCT)
Mme CRINIERE Lise ... Praticien Hospitalier (endocrinologie) M. GAROT Denis ... Praticien Hospitalier (sémiologie) Mmes MAGNAN Julie ... Praticien Hospitalier (sémiologie)
MERCIER Emmanuelle ... Praticien Hospitalier (CSCT) Pour l’Ecole d’Orthophonie
Mme DELORE Claire ... Orthophoniste MM. GOUIN Jean-Marie ... Praticien Hospitalier
MONDON Karl ... Praticien Hospitalier Mme PERRIER Danièle ... Orthophoniste Pour l’Ecole d’Orthoptie
Mme LALA Emmanuelle ... Praticien Hospitalier M. MAJZOUB Samuel... Praticien Hospitalier
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SERMENT D’HIPPOCRATE
Au moment d’être admise à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité.
Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux.
Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou l eurs convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou m enacées dans leur intégrité ou l eur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité.
J’informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences.
Je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences.
Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire.
Admise dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés.
Reçue à l’intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre les mœurs.
Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément.
Je préserverai l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission. Je n’entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer au mieux les services qui me seront demandés.
J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité.
Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonorée et méprisée si j’y manque.
7 Titre de la thèse :
Etat des lieux de la place donnée à la cigarette électronique (e-cigarette) dans le sevrage tabagique de leurs patients par les médecins généralistes d’Indre Et Loire en 2015.
Résumé :
Objectifs : L’utilisation de l’e-cigarette s’est développée et nous avons étudié comment les médecins généralistes d’Indre Et Loire (MG) la perçoivent et l’utilisent dans le cadre de l’accompagnement au sevrage tabagique (ST) de leurs patients.
Matériel et méthodes : Il s’agit d’une étude descriptive qui a porté sur 30 m édecins généralistes d’Indre et Loire ayant répondu à un hétéro-questionnaire entre mars et avril 2015.
Résultats : 83% des MG orientent peu leurs patients en demande d’aide au ST vers d’autres professionnels de santé. 77% pr escrivent très souvent des substituts nicotiniques, et 66%
prescrivent peu souvent des médicaments censés faciliter le sevrage. 60% pensent avoir un rôle important dans le ST de leurs patients.
Les MG interrogés pensent que la e-cigarette n’est pas inutile (97%), que c’est une aide au sevrage (77%), un m ode de substitution nicotinique (63%), une technique de réduction des risques (50%), insuffisamment validée (77%), mais pas dangereuse (100%). Ils la destinent plutôt aux gros fumeurs, aux fumeurs avec d’autres facteurs de risque cardio-vasculaires, ou avec complication(s) de leur tabagisme (70%). En revanche ils ne la conseillent pas aux jeunes ou aux petits fumeurs (70%), ni aux femmes enceintes (63%). En termes d’efficacité de substitution nicotinique ils la placent juste derrière les patchs et les gommes.
43% des MG ont changé leur pratique de l’accompagnement au ST depuis l’arrivée de l’e- cigarette.
Ils répondent facilement (80%) aux questions de leurs patients sur la e-cigarette et en donnent une opinion positive (71%). 75% des MG pensent avoir des patients devenus vapoteurs sur leur conseil.
77% des MG aimeraient des recommandations sur le ST prenant en compte la disponibilité de l’e-cigarette, pourtant 2/3 des MG n’ont pas entendu parler des recommandations HAS 2014 sur le ST.
Conclusion : Il semble que les MG d'Indre et Loire interrogés, malgré le fait que ce dispositif se soit développé hors contrôle médical, l’aient adopté dans leur arsenal d’aide au sevrage tabagique.
Mots clés :
- cigarette électronique - e-cigarette
- Médecine Générale - sevrage tabagique
8 Research report :
An inventory of perceptions and attitudes of General Practioners of Indre-et-Loire department, France toward e-cigarettes in smoking cessation therapy, in 2015.
Abstract :
Background and aims : E-cigarettes are i ncreasingly popular. This survey aims to report how it is considered and used by GPs of Indre-et-Loire in smoking cessation support and therapy.
Material and methods : This study describes the 30 responses to a questionaire-based survey conducted among GPs of Indre-et-Loire between march and april 2015.
Findings : 83% of GPs rarely direct their patients seeking aid in smoking cessation to other healthcare professionals. 77% of GPs very often prescribe nicotine replacement therapy.
66% of GPs rarely prescribe medication supposed to aid toward smoking cessation. 60% think they are instrumental in supporting their patients during smoking cessation.
Responding GPs think e-cigarettes are not devoid of interest (97%), that they facilitate smoking cessation (77%), that they are a nicotine replacement method ( 63%), a risk reduction tool (50%) albeit insufficiently documented (77%) , t hat they are not harmful (100%). They recommend e-cigarettes to heavy smokers, to smokers suffering from other cardiovascular risks or from tobacco-related complications (70%). Nevertheless they do not recommend e-cigarettes to teenagers or to light smokers (70%) nor to pregnant women (63%).
In nicotine replacement therapy they rank their efficiency third after patches and gums.
43% of the responding GPs have changed their approach to smoking cessation since e- cigarettes appeared. They readily answer patients' questions about e-cigarettes and convey a positive opinion about them (71%). 75% deem some of their patients have become vapers following their advice. 77% of GPs would welcome recommendations on smoking cessation to include e-cigarettes available, yet 2 thirds have not heard of the recommendations issued in 2014 by the Haute Autorité de Santé in 2014 on smoking cessation therapy.
Conclusion : Although e-cigarettes have been developed out of any healthcare protocol, it seems that responding Indre-et-Loire GPs have included them in their array of smoking cessation therapies.
- e-cigarettes Key words :
- General Practice - electronic cigarette - smoking cessation
REMERCIEMENTS
Aux membres du jury
A Monsieur le Doyen Patrice Diot,
Merci de me faire l’honneur de présider le jury de cette thèse. Merci également de m’avoir accueillie en tant qu’extern e et pour vot re enseignement renouvelé grâce à votre investissement pour la formation des médecins généralistes.
A Madame le Professeur Anne Marie Lehr Drylewicz,
Merci de me faire l’honneur de juger ce travail, et pour votre engagement auprès des étudiants de Médecine Générale.
A Monsieur le Docteur Georges Bonnemaison,
Merci pour ton soutien tout au long de mon internat, tu m’as aidé à chaque fois que j’en ai eu besoin, ta disponibilité, ta franchise et tes encouragements m’ont été d’un grand secours.
Merci pour tes enseignem ents, pour m ’avoir guidée dans ce travail de thèse, pour ta confiance. C’est un plaisir de travailler sous ton conseil.
A Monsieur le Professeur Philippe Bougnoux,
Merci pour le bel exemple que vous m’avez donné au cours de mon stage d’externe en hôpital de jour d’oncologie. V otre engagement envers la sc ience, les pa tients, les é tudiants, vos qualités humaines ont forcé m on respect et j’ai été chanceuse d’être votre élève. Les valeurs que vous incarnez continuent à me porter.
A Monsieur le Professeur Nicolas Ballon,
Merci d’avoir accepté de particip er au jury de cette thèse, et pour votre contribution à l’addictologie auprès des médecins généralistes.
A la Médecine Générale,
Qui me rend utile au Monde, qui m e permet d’approcher l’Homm e dans son in croyable complexité physique et psychologique, qui m e rend la vie belle et pleine de sens, et a chassé l’ennui à jamais (!)
A cette thèse,
Qui me donne enfin l’occasion de témoigner de toute la gratitude et l’affection que je ressens pour mes proches.
9
10
A ma famille
A mon Fredo,
Merci de m’avoir soutenue et aidée comme tu l’as fait, sans limite, et d’avoir accepté le travail sous payé de statisticien de cette thèse !
De partager et d’embellir ma vie, de m’inspirer, me surprendre et de m’impressionner, je suis fière de toi et fière de nous. Je t’aime.
A mes parents,
Merci de m’avoir permis de réaliser mon rêve de devenir médecin. Votre sens du travail et votre respect pour la nature humaine ne sont sans doute pas étrangers à cette vocation. Vous m’avez supportée dans tous les sens du t erme pendant mes années d’étude et périodes d’examen, bravo et merci.
A mon frère,
Merci de m’avoir fait répéter encore et encore, sans toi ça n’aurait pas marché. Merci pour ton indéfectible soutien, ton oreille attentive, ton aide informatique (24h/24), ton enthousiasme contagieux. Merci aussi pour ma super belle-sœur et mon super neveu !
A ma sœur,
Merci d’avoir eu pour moi ce regard admiratif durant toutes ces années. Ta joie, ton inventivité, ta spontanéité, ta profonde gentillesse font de toi une personne précieuse et belle.
A mon grand-père maternel,
Merci pour ton soutien, ta foi en moi, pour l’intérêt que tu as porté à mes études, pour partager mes bonheurs et t’inquiéter des difficultés sur ma route. Ta force et ton courage sont pour moi un exemple.
A mes grands-parents paternels,
Merci d’être là toujours, pour tout. J’espère être un jour aussi avisée et perspicace que vous, en attendant je bois vos paroles et savoure de trouver écho à l’affection que je vous porte.
Merci pour l’élan et la sérénité que vous donnez à ma vie.
A mes beaux-parents,
Merci pour m’avoir adoptée, pour veiller à notre bonheur, pour votre soutien et votre aide indéfectible, je n’aurais pas pu ê tre mieux que dans votre famille. Je vous admire et vous aime.
11
A mes collègues et amis
A mes amies Pauline Precausta, Mathilde Ménard, Cathie Tran Michot, Hélène Gbaguidi, Marie Grezard, Nadia Vigneau, Marine Paillard,
Merci d’être aussi géniales, drôles, intelligentes, et enthousiastes. Merci pour toutes les joies partagées, pour votre confiance et votre authenticité, et pour votre soutien. Cathie ton PC m’a sauvée !
A mes amis Flavien Precausta, Bruno Diot, Nicolas Michot, Merci d’être un soutien sincère, et pour partager nos aventures.
A leurs enfants nés et à venir qui bousculent joyeusement nos vies.
A mes très chers collègues qui partagent avec moi leurs connaissances et anecdotes entre autres dîners improvisés et fous rires : Vincent Migazzi, Julie Frebault, Julien Cetier, Aurélie Morin, Mathilde Ménard, Cathie Tran Michot.
A mes maîtres de stage Docteur Céline Sendra, Docteur Alain Lecalier, Docteur Philippe Duval, Docteur Jean-Michel Matthieu,
Merci pour vos enseignements, votre soutien, votre disponibilité, votre engagement dans mon parcours.
Aux médecins que je remplace Docteurs Marie Sylvie Pacaud, Thibault Gaillard, Philippe Giraud et Christophe Genies qui m’accordent leur confiance et me font bénéficier de leur expérience, le tout dans une formidable ambiance de franchise et d’humour. Merci, j’espère être à la hauteur.
12
TABLE DES MATIERES
Remerciements………..………...9
Table des matières……….………..……...…12
Glossaire………..…...14
Prologue………...15
1) Historique de l’e-cigarette………....…....16
2) Anatomie de l’e-cigarette………...16
3) Statut de l’e-cigarette en France………...16
4) Au niveau européen……….…...16
5) Situation internationale……….….…...16
6) Données des agences sanitaires………....…....17
7) Etat actuel des connaissances sur la toxicité/sécurité de l’e-cigarette…………...19
8) Etat actuel des connaissances sur l’efficacité de l’e-cigarette……...21
Introduction………...23
Matériel et méthode………...25
Résultats………...26
1) Caractéristiques des médecins généralistes interrogés...26
• Répartition géographique des médecins interrogés...27
2) Aide au sevrage tabagique par les médecins généralistes...28
• Evaluation de la dépendance tabagique et de la motivation au sevrage...30
• Distinction des petits et des gros fumeurs...30
• Approche du tabagisme selon le type de patient...31
• Accompagnement au sevrage tabagique...32
• Professionnels conseillés aux patients...32
• Prescription de substituts nicotiniques...32
• Prescription de médicaments pouvant aider au sevrage...33
• Auto-appréciation des médecins sur leur capacité à induire la réflexion...34
• Satisfaction des médecins quant à leur pratique de l’aide au sevrage...34
• Enjeu de l’intervention du médecin généraliste...35
• Synthèse des caractéristiques du sevrage tabagique par les MG...35
13 3) Croyances des médecins généralistes concernant l’e-cigarette
dans le cadre du sevrage tabagique...36
• Perception de l’e-cigarette par les médecins généralistes...36
• Utilité présumée de l’e-cigarette selon le profil de patient...37
• Efficacité attribuée par les médecins aux aides au sevrage...39
• Efficacité attribuée par les médecins aux modes de substitution...39
• Synthèse des croyances des médecins généralistes sur l’e-cigarette...40
4) En pratique comment les médecins généralistes composent avec l’e-cigarette en consultation de sevrage tabagique...41
• Opinion sur l’e-cigarette exprimée aux patients...41
• Patients ayant essayé l’e-cigarette sur le conseil de leur médecin ...42
• Facteurs prédictifs de suggestion de l’e-cigarette...43
• Synthèse de l’utilisation de l’e-cigarette par les médecins egénéralistes en consultation de sevrage...44
5) E-cigarette en tant que nouveau dispositif, comment les médecins généralistes l’intègrent-ils ?...45
• Identification des patients vapoteurs...45
• Sollicitation de l’avis du médecin...45
• Suggestion de l’e-cigarette...45
• Intégration de l’e-cigarette via les recommandations...45
• Intérêt pour des recommandations concernant l’e-cigarette...46
• Changement de pratique depuis l’arrivée de l’e-cigarette...47
• Synthèse de l’intégration de l’e-cigarette par les médecins généralistes...49
Discussion………...………...49
1) Principaux résultats...49
• Sevrage tabagique par les médecins généralistes...49
• Perception de l’e-cigarette...49
• Utilisation de l’e-cigarette...50
• Intégration de ce nouveau dispositif en Médecine Générale...50
2) Limites de l’étude...50
3) Comparaison avec les données de la littérature...51
4) Questions non résolues et futures recherches...51
Conclusion………...52
Références………...53
Annexes………..………...57
14
GLOSSAIRE
E-cigarette : cigarette électronique, e-cig, ENDS, vaporisateur personnel, vapoteuse Vapoter : utiliser l’e-cigarette
Vapoteur : l’utilisateur de l’e-cigarette
E-liquide : liquide contenu dans l’e-cigarette, e-juice
Vapoteur fumeur : usager de l’e-cigarette qui fume également des cigarettes classiques
15
PROLOGUE 1/ HISTORIQUE DE L’E-CIGARETTE
Le premier prototype d’e-cigarette a été élaboré par l’américain Herbert A. Gilbert, et breveté en 1965. Il était présenté comme un dispositif « remplaçant le tabac et le papier par de l’air chauffé et aromatisé » [1]. Gilbert fut approché par des sociétés souhaitant fabriquer cette cigarette, mais son invention ne fut jamais commercialisée.
Puis Hon Lik, un ancien pharmacien et ingénieur chinois, déposa en 2005 un brevet pour une
« cigarette sans fumée à pulvérisation électronique ». Ce fut le premier dispositif rendu public destiné à simuler l'utilisation d'une vraie cigarette [2]. Il utilisait alors la technologie de nébulisation par ultrason.
La technologie de vaporisation par résistance chauffante, seule technologie commercialisée pour les e-cigarettes actuellement, a été inventée et brevetée vers 2009 par le chinois David Yunqiang Xiu avec son « Electronic Nicotine Delivery System (ENDS)» [3].
2/ ANATOMIE DE L’E-CIGARETTE
L’e-cigarette comporte trois parties principales (cf. Figure 1) contenues dans une enveloppe plastique ou métallique :
FIGURE 1
Sur les cigarettes réutilisables, les piles sont des batteries « basse tension » (accumulateurs), rechargeables par câble USB ou par chargeur.
Le dispositif de stockage de l’e-liquide pe ut prendre la forme d’une cartouche ou d’ un réservoir rechargeable, en contact avec le système de vaporisation (atomiseur).
L’atomiseur permet de convertir l’e-liquide en brouillard simulant la fumée. Il est constitué d’une spirale ou treillis métallique qui forme une résistance chauffante. Il est de plus en plus souvent intégré dans la cartouche rechargeable.
Une micro-valve sensible à la dépression provoquée par l’inspiration ou un c ontacteur à déclenchement manuel permettent l’alimentation par la pile de l’atomiseur et la formation d’un brouillard inhalé par le vapoteur.
16
3/ STATUT DE L’E-CIGARETTE EN FRANCE
Actuellement, l’e-cigarette est considérée comme un produit de consommation courante. Elle est commercialisée hors contrôle sanitaire, n’étant ni un aliment, ni un médicament, ni un produit du tabac. Elle ne peut pas être vendue en pharmacie. En avril 2015 l’Institut National de la Consommation et l’Association Française de NORmalisation (AFNOR) ont édicté des normes de sécurité auxquels les fabricants peuvent choisir de se soumettre [4].
Un amendement pour interdire sa vente aux mineurs a ét é intégré à l a loi sur la consommation.
Son usage est pour le moment autorisé dans les lieux publics [5], mais le Ministère de la Santé souhaite mettre en place une interdiction (le Conseil d’État, saisi par le ministère, doit encore se prononcer). Pour le moment, seul le règlement intérieur d’une entreprise peut permettre cette restriction d’usage (c’est déjà le cas dans certains transports en commun : RATP, SNCF, Air France, etc.).
La publicité pour l’e-cigarette n’est pas spécifiquement interdite mais peut tomber sous le coup de la loi Évin, qui interdit « toute propagande ou publ icité, directe ou i ndirecte, en faveur du t abac ou des produits du t abac ». En effet, la gestuelle, la vapeur dégagée, la présence possible de nicotine, etc. s’apparentent à une véritable cigarette, et les détracteurs de l’e-cigarette pensent que cela peut constituer une possible incitation au tabagisme.
4/ AU NIVEAU EUROPEEN
En décembre 2014, les 28 États membres de l’Union européenne ont trouvé un accord sur la
« Directive tabac », pour lutter contre le tabagisme et mieux encadrer le marché de l’e- cigarette. Ainsi, la vente de ce produit sera interdite aux moins de 18 a ns, les pays qui le considèrent comme un médicament pourraient continuer à le faire (sans obligation pour les autres, comme la France), la concentration maximale en nicotine sera fixée à 20 mg/ml (un seuil rarement voire jamais dépassé dans les points de vente français). La Commission européenne devrait présenter en 2016 un rapport sur les risques sanitaires liés à cet usage.
5/ SITUATION INTERNATIONALE
L’Organisation Mondiale de la Santé recommande de ne pas utiliser l’e-cigarette tant que son innocuité n’a pas été prouvée scientifiquement. Seuls quelques pays ont totalement interdit ce produit, comme le Brésil, l’Argentine et Singapour ; dans d’autres pays, tels la Suisse et le Canada, seules les e-cigarettes sans nicotine peuvent être commercialisées.
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6/ DONNEES DES AGENCES SANITAIRES
En mai 2011, l ’ANSM [6] déconseillait l’usage de l’e-cigarette, précisant qu’elle n e répondait pas aux critères caractérisant les médicaments (quantité et concentration en nicotine, revendication de l’aide au sevrage), et qu’aucune firme n’avait fait la demande d’autorisation de mise sur le marché.
En mars 2013, Le ministère de la santé demanda à l ’OFDT (Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies) une enquête sur ce dispositif qui s’était beaucoup répandu : l’enquête ETINCEL menée en novembre 2013 rendit ses résultats en février 2014 [7].
Parallèlement l’INPES a m ené (de décembre 2013 à m ai 2014) une enquête « baromètre santé » sur la consommation de tabac en France, incluant des questions sur l’e-cigarette [8].
Il ressort de ces deux enquêtes que la prévalence du tabagisme est de 34% des 15-75 ans, étant plus forte chez hommes (38%) que chez les femmes (30%). 29% des fumeurs quotidiens ont fait une tentative d’arrêt en 2014.
Concernant l’e-cigarette elle est connue de 99% des français, 29% l’ont essayé, 3% sont des vapoteurs quotidiens (1.5 millions de personnes), dont la moitié en font un usage exclusif.
Dans l’ensemble les hommes, les personnes de moins de 55 ans ainsi que celles ayant un niveau de diplôme inférieur ou égal au bac sont plus souvent vapoteurs que les autres. Ces caractéristiques sont proches de celles observées chez les fumeurs.
86% des vapoteurs utilisent des e-cigarettes avec nicotine et 97% utilisent des e-cigarettes avec recharge (par opposition à jetables).
98% des vapoteurs sont des fumeurs ou des ex-fumeurs.
Les fumeurs (réguliers et occasionnels) présentent des taux d’expérimentation de vapotage très élevés (60% et 48% respectivement).
Les fumeurs vapoteurs sont 69% à acquiescer à l’affirmation qu’ils ont envie d’arrêter de fumer, contre 54% des fumeurs non-vapoteurs. Les fumeurs-vapoteurs se caractérisent donc, entre autre, par une plus forte propension à déclarer vouloir arrêter de fumer que les simples fumeurs.
L’enquête ETINCEL (Enquête Téléphonique pour l'INformation sur la Cigarette ELectronique) retrouve cette tendance et la précise: La moitié (51 %) des personnes interrogées qui déclarent utiliser simultanément du tabac et l’e-cigarette affirment spontanément que leur objectif principal et ultime est d’arrêter toute consommation de ces deux produits. Parmi les motifs évoqués, viennent ensuite, loin derrière, la réduction de la consommation de tabac mais sans arrêt complet (11,5 %) puis le remplacement du tabac par l’e-cigarette (8,2 %).
18 L’INPES (Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé) quant à lui conclut son enquête en disant que 0,9% des 15-75 ans, soit environ 400 000 personnes, constitue une première approximation de la proportion de Français ayant réussi à arrêter de fumer, au moins temporairement, grâce à l’e-cigarette.
En avril 2014, l’Office Français pour la prévention du Tabagisme a publié un avis d’expert [9]
disant entre autres que les professionnels de santé doivent tenir compte de la disponibilité de l’e-cigarette lors de la prise en charge des fumeurs, et qu’ils peuvent la proposer à ceux qui ne veulent pas ou ne réussissent pas à arrêter ou à réduire leur tabagisme avec les méthodes classiques.
En Octobre 2014 l a Haute Autorité de Santé (HAS) a publié sa version actualisée des recommandations pour l’aide au sevrage tabagique destinée aux professionnels de santé [10].
Concernant l’e-cigarette, l’accord d’experts stipule qu’en raison de l’insuffisance de données sur la preuve de son efficacité et de son innocuité, il n ’est actuellement pas possible de recommander l’e-cigarette dans le sevrage tabagique ou la réduction de la consommation de tabac. Le rapport recommande d’informer les fumeurs qui utilisent des e-cigarettes de l’insuffisance actuelle de données sur les risques associés à leur utilisation. Il souligne néanmoins que du fait des substances contenues dans les e-cigarettes par rapport à celles contenues dans le tabac, les e-cigarettes sont supposées être moins dangereuses que le tabac, et donc que si un f umeur refuse les moyens de substitution nicotinique recommandés, l’utilisation de la e-cigarette ne doit pas être déconseillée mais doit s’inscrire dans une stratégie d’arrêt avec accompagnement.
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7/ L’ETAT ACTUEL DES CONNAISSANCES SUR LA TOXICITE / SECURITE DE L’E-CIGARETTE
La plupart des e-cigarettes nicotiniques n’ont pas été testées par des scientifiques indépendants, mais les rares tests réalisés révèlent d’importantes variations dans la nature de la toxicité des constituants et des émissions [11].
Le flacon est sécurisé par un bouchon empêchant l’ouverture par les enfants ou accidentelle, et doit porter le sigle en tête de mort signalant les produits toxiques (cf. Figure 2).
FIGURE 2 :
Dans l’e-liquide on retrouve essentiellement du propylène glycol et de la glycérine [11,12] qui ne sont pas considérés comme toxiques dans la mesure où ils entrent dans l’alimentation.
Cependant, sur une utilisation à court terme par voie inhalée des troubles bronchiques, neuropsychiques et des irritations oculaires ont été rapportées. De plus les effets à long terme de son inhalation sous forme de nano-gouttelettes dans les poumons, via les e-cigarettes, sont inconnus [13, 14].
Le glycérol chauffé peut entraîner la formation d’acroléine qui est un irritant respiratoire, notamment en cas de surchauffe de la batterie [8]. Le chauffage du propylène glycol et du glycérol peut entrainer la formation de formaldéhyde et d’acétaldéhyde, cancérogènes, en quantité comparable à c elle contenue dans la fumée de tabac, lorsque le voltage de l’e- cigarette est supérieur ou égal à 4V [15-17], pour de plus faibles voltages leur concentration est divisée par 10 dans le brouillard d’e-cigarette par rapport à la fumée de cigarette.
20 Les nitrosamines sont retrouvées à moins de 0.5% de leur taux dans la fumée de cigarette.
Concernant les goudrons les quantités retrouvées dans les e-cigarettes sont négligeables sauf pour l’acétone et l’isoprène dont les dosages n’ont pas été réalisés.
Le risque d’inhalation de substance cancérogène est donc accru en cas d’utilisation des e- cigarettes « à vide ou à sec », ou en cas de surchauffe des batteries [18].
Les e-liquides contiennent également des arômes. La liste limitative fixée par les règlements sanitaires concerne ceux destinés à être ingérés. Leurs effets par inhalation sont mal connus mais il a déjà été montré que l’arôme de cannelle était cytotoxique in vitro [19, 20], que les arômes de beurre étaient responsables d’atteinte respiratoire irréversible par inhalation et que des dérivés terpéniques exposant à un r isque convulsif étaient parfois utilisés dans les e- liquides [9, 21].
Certaines études ont montré que lors de l’utilisation d’une e-cigarette on obs ervait une augmentation de la résistance des voies respiratoires (e-cigarette perte de 3% du VEMS/CV vs 7,2 % cigarette classique) [22, 23].
On suppose également un risque d’accumulation des composés huileux ( pneumopathies huileuses décrites en cas d’inhalation chronique de composés huileux vaporisés chez les fraiseurs de métaux, deux cas décrits secondaires à l’utilisation de la e-cigarette après 7 mois d’utilisation [24].
La nicotine est le composant dépendogène du tabac. Elle a des effets nocifs pendant la grossesse et contribue aux maladies cardiovasculaires indépendamment du tabac en agissant sur certaines voies métaboliques. Bien que n’étant pas elle-même cancérogène, elle peut jouer le rôle de « promoteur de tumeur ». Il semble que la nicotine intervienne de façon fondamentale dans la biologie des maladies malignes ainsi que dans la neurodégénérescence [25].
En vapotant, la nicotine pénètre avec une cinétique en pics, quasi identique à ceux de la fumée de tabac, pouvant entrainer ou m aintenir la dépendance pharmacologique [26]. On observe une augmentation de la fréquence cardiaque et de la tension artérielle après la 5ème minute d’utilisation [25]. Un usage prolongé de l’e-cigarette a été observé chez environ un tiers des personnes ayant arrêté le tabac.
Le principal risque sanitaire que présente l’exposition à la nicotine par d’autres voies que l’inhalation est une surdose par ingestion ou pa r contact cutané [27], se traduisant par des sensations vertigineuses, céphalées, insomnies, somnolence, nausées, douleurs abdominales, vomissements, myalgies, tachycardie, augmentation de tension artérielle. Le décès peut survenir pour une exposition dépassant 1mg de nicotine par kg de poids.
21 Les effets secondaires de l’utilisation de l’e-cigarette retrouvés chez les vapoteurs sont : irritation buccale et de la gorge, bouche sèche, nausées, vertiges, céphalées [28].
De rares cas d’explosions d’e-cigarette ont été rapportés, en lien avec du matériel défectueux, responsable de brûlures ou d’incendies.
Le vapotage n’est donc pas sain. Sur le court terme il est néanmoins probablement moins nocif que le tabagisme [29]. Sur le long terme et concernant le vapotage passif [30,19] le recul et les données disponibles à ce jour sont insuffisants pour conclure. La diversité de composition des e-liquides, la différence entre la composition du e -liquide et celle du brouillard émis (selon le type d’e-cigarette via lequel la cartouche est utilisée, selon l’utilisation par le vapoteur), et l’absence de contrôle de la fabrication des e-liquides et des e- cigarettes font que les risques liés à l’utilisation de l’e-cigarette sont difficiles à mesurer.
8/ L’ETAT ACTUEL DES CONNAISSANCES SUR L’EFFICACITE DE L’E-CIGARETTE DANS LE CADRE DU SEVRAGE TABAGIQUE
L’essai randomisé en double aveugle ECLAT [31] n’a pas mis en évidence de différence significative sur l’abstinence à 6 m ois entre 3 groupes de 100 v apoteurs sans intention d’arrêter de fumer (2 groupes recevant des recharges nicotiniques de concentrations différentes, le troisième recevant des recharges sans nicotine). A 1 an, 11% des patients ayant utilisé l’e-cigarette avec nicotine étaient abstinents versus 4% des utilisateurs de l’e-cigarette sans nicotine (p=0.04).
L’essai randomisé de Bullen [32] mené en septembre 2013 en Nouvelle Zélande portait sur un échantillon de 657 personnes. Il comparait 3 groupes : e-cigarette avec nicotine, e-cigarette sans nicotine et administration de patchs nicotiniques dosés à 21 m g. Un télé-conseil était possible pour les 3 groupes, sans suivi médical individuel.
L’étude a conclu que les scores d’abstinence à 6 mois étaient de : - 7,3 % dans le groupe e-cigarette + nicotine
- 5,8 % dans le groupe patch 21 mg
- 4,1% dans le groupe e- cigarette placebo, sans différence significative.
Parmi les personnes du groupe e-cigarette avec nicotine, 57 % ont diminué leur consommation de cigarettes de moitié au bout de 6 m ois, versus 41% pour le groupe patch (p= 0.0002). Les taux de réduction de consommation de cigarettes étaient voisins chez les personnes utilisant des e-cigarettes, avec ou sans nicotinique.
22 Après 12 semaines les patchs étaient arrêtés mais les groupes avec e-cigarette pouvaient continuer à l’utiliser (ce qui a concerné 1/3 des vapoteurs jusqu’au 6ème mois).
L’étude ne comprenait pas d’évaluation de la dépendance par la mesure du CO expiré dans les différents groupe (pas d’ajustement sur la dépendance), ni d’adaptation de la substitution nicotinique dans le groupe patch alors que les vapoteurs peuvent faire varier leur apport nicotinique, ce qui limite la portée de ses résultats.
Une méta-analyse des résultats des groupes e-cigarette des deux essais randomisés ci-dessus (662 personnes) effectué par la Cochrane a r elevé une abstinence tabagique à 6 mois statistiquement plus élevée chez les utilisateurs d’e-cigarette avec nicotine [33].
Une étude de cohorte anglaise [34] portant sur 5863 pe rsonnes a comparé l’abstinence déclarée sur 3 groupes de patients voulant se sevrer du tabac (e-cigarette seule, substituts nicotiniques seuls, sans aide). Après ajustement sur les principaux facteurs de confusion (dont la dépendance), les vapoteurs rapportaient un meilleur taux d’abstinence que les utilisateurs de substituts nicotiniques et que les personnes se sevrant sans aide, de façon statistiquement significative.
Ces données montrent donc que l’utilisation de l’e-cigarette peut aider à arrêter de fumer, mais son efficacité relative par rapport aux autres modes de substitution nicotinique reste à préciser.
23
INTRODUCTION
En France le tabagisme est la première cause de mortalité, théoriquement évitable.
Le tabagisme actif est considéré comme responsable de 90 % des cancers du poum on et globalement d’un cancer sur 3. En effet parmi les 4 000 composants chimiques de la fumée de cigarette, plus de 250 sont nocifs et une cinquantaine sont cancérogènes. [35]
En 2010 on obs ervait en France pour le cancer du poumon une baisse de la mortalité dans la population masculine, conséquence de l’importante réduction du tabagisme masculin, et un accroissement de la mortalité chez les femmes dont la consommation de tabac avait augmenté. C’est pour la classe d’âge des 35 à 44 a ns que les variations étaient les plus importantes : la mortalité chez les hommes avait été divisée par deux en 10 ans et la mortalité chez les femmes avait été multipliée par quatre en 15 ans. Malheureusement cette tendance chez les femmes se poursuit (+ 6.1% par an), chez les hommes également avec une diminution modeste (- 0.9% par an). [36]
Le tabagisme est également responsable de pathologies non cancéreuse : maladies cardio- vasculaires, broncho-pneumopathies chroniques obstructives, etc...
Entre autres, il est le facteur essentiel et souvent isolé des accidents cardiovasculaires aigus des sujets jeunes. Il intervient sans effet de la dose ni de la durée de consommation, même pour des consommations faibles ou oc casionnelles, y compris pour une exposition au tabagisme passif. Le sevrage tabagique peut apporter un bénéfice cardiovasculaire rapide et très important. En prévention primaire il permet d’éviter les accidents les plus précoces, et en prévention secondaire, il réduit de 30 à 50% les événements cardiovasculaires (les fumeurs ayant fait un infarctus du myocarde et sevrés ont une mortalité à dix ans diminuée de l’ordre de 50% par rapport aux sujets restés fumeurs). [37]
Le tabagisme passif a également de lourdes conséquences. C hez l’adulte il augmente d’environ 25% les risques de cardiopathie ischémique et de cancer du poumon. Chez l’enfant il augmente le risque de mort subite du nourrisson, d’infections respiratoires, d’otites et d’asthme.
En 2002 [38] le nombre de décès par tabagisme passif était d’environ 1 100 dont 510 décès par infarctus, 390 p ar accident vasculaire cérébral, 150 pa r cancer du poumon et 60 pa r maladies respiratoires chroniques. On peut noter que cette estimation n’a pris en compte que ces quatre risques et ne s’est intéressée qu’à la population adulte.
Au total le tabagisme est responsable de 73 000 décès prématurés chaque année dans notre pays (soit un décès sur 9). [39]
Ces données alarmantes peuvent avoir influencé (entre autres) la motivation au sevrage : entre 2010 et 2014, 69,1 % des fumeurs réguliers ont déclaré avoir envie d’arrêter de fumer ou avoir fait une tentative d’arrêt dans l’année. La part de fumeurs ayant fait une tentative d’arrêt dans l’année est en augmentation par rapport à 2010, a insi que la part d’individus ayant arrêté de fumer (en particulier chez les femmes). [8]
24 Néanmoins entre 2010 et 2014 la consommation de tabac en France est restée globalement stable, avec une prévalence d’environ 30%. On peut toutefois noter une légère baisse chez les femmes (de 26,0 % à 24,3 %). L’industrie du tabac a dans le même temps subi une baisse des ventes importante (- 10 % au total entre 2010 et 2013), tandis que le nombre moyen de cigarettes fumées reste stable parmi les fumeurs quotidiens, à 13,5 cigarettes par jour.
L’usage de l’e-cigarette est apparu sur cette période associé à une plus grande propension à déclarer avoir diminué sa consommation depuis quatre ans, ce qui amène à s e demander si dans ce contexte de grande motivation pour l’arrêt du tabagisme l’e-cigarette pourrait être une aide.
Par ailleurs son apparition survient alors que certains traitements de la dépendance tabagique sont d’une efficacité scientifiquement prouvée mais qui peut paraître limitée, les meilleurs permettant un arrêt total d’au moins 6 mois chez au mieux 35% des fumeurs. Les substituts nicotiniques, sous toutes leurs formes pharmacologiques, multiplient par 1,5 à 1,7 les chances de succès des tentatives d’arrêt du t abac dans 132 e ssais concernant plus de 40 000 participants. [40]
L’étude Baromètre santé 2009 menée par l’INPES [41] s’est intéressée aux conduites des médecins dans le cadre des addictions. Concernant le tabagisme elle retrouvait que la quasi- totalité des médecins généralistes (94,5 %) prennent en charge leurs propres patients dans le cadre d’un sevrage tabagique. Le nombre de patients vus dans le cadre d’un sevrage tabagique par les médecins généralistes avait presque doublé en dix ans, ce qui était mis en rapport avec l’élargissement de l’offre de substituts nicotiniques, et plus largement avec la volonté des pouvoirs publics de « dénormaliser » le tabac.
Le rôle des médecins généralistes est fondamental : ils dépistent, et sont le moyen pour les patients qui souhaitent arriver au sevrage de bénéficier des aides les plus efficientes. En effet, en l’absence de toute aide pharmacologique ou non pharmacologique à l’arrêt, les taux de sevrage tabagique apparaissent faibles, de l’ordre de 3 à 5 % à 6-12 mois. [38]
Dans le contexte que nous venons d’évoquer, les médecins généralistes sont confrontés d’une part à l a volonté de sevrage de leurs patients, auxquels ils peuvent proposer des méthodes d’aide à l ’arrêt efficaces et connues mais dont le succès reste modeste, et d’autre part à l’émergence d’un nouveau dispositif, l’e-cigarette, qui bien que souffrant d’un manque de réponses scientifiquement établies peut paraître prometteur.
Nous avons donc cherché à savoir comment les médecins généralistes d’Indre-et-Loire perçoivent et utilisent l’e-cigarette dans le cadre de l’aide au sevrage tabagique qu’ils apportent à leurs patients
25
MATERIEL ET METHODE
Il s’agit d’une étude quantitative descriptive transversale, qui a porté sur 30 m édecins généralistes d’Indre et Loire, entre mars et avril 2015.
Ont été inclus les médecins généralistes ayant accepté de répondre à un hétéro-questionnaire anonymisé au cours d’un entretien d’environ 20 minutes, à leur cabinet, visant à définir leur perception et leur utilisation de l’e-cigarette dans le cadre du sevrage tabagique de leurs patients.
Le recrutement a été mené par téléphone, et au cours d’une cession des « Jeudis du Généraliste », organisée à la Faculté de Médecine de Tours. Tous les médecins généralistes volontaires, jusqu’à l’obtention de 30 questionnaires, ont été inclus consécutivement.
Le questionnaire (cf. Annexe) a été établi et soumis aux médecins étudiés selon les règles sociologiques de conception et de passation telles qu’énoncées par François de Singly. [42]
L’analyse statistique a été menée à l’aide du logiciel IBM SPSS version 20.0 ( IBM Corp., Armonk, NY, USA) Tous les questionnaires ont été traités.
26
RESULTATS
1/ CARACTERISTIQUES DES MEDECINS GENERALISTES INTERROGES :
(cf. tableau 1)* médiane (minimum-maximum)
** Maison de Santé Pluridisciplinaire
27 La moyenne d’âge observée est de 45.5 ans, pour une moyenne départementale à 52 ans (statistiques 2013 du Conseil National de l’Ordre des Médecins).
Répartition géographique des médecins généralistes interrogés :
La FIGURE 3 montre par des points de taille proportionnelle au nombre de médecins interrogés leur lieu d’exercice :
D’après les données 2013 du conseil national de l’ordre des médecins, 30 médecins interrogés représentent 5.1% des 584 médecins généralistes d’Indre-et-Loire.
28
2/ AIDE AU SEVRAGE TABAGIQUE PAR LES MEDECINS GENERALISTES
Evaluation de la dépendance tabagique et de la motivation au sevrage
Les médecins généralistes étudiés sont une majorité à évaluer la dépendance nicotinique de leurs patients en demande d’aide au sevrage. Pour seulement 2 ( 6.66%) d’entre eux cette évaluation est occasionnelle. Pour 10 (33.3%) d’entre eux elle est systématique. (cf. Figure 4)
FIGURE 4
29 L’évaluation de la motivation est moins souvent réalisée : elle est systématique pour 6 (20%) des médecins étudiés, fréquente pour 17 (56,6%) d’entre eux et occasionnelle pour 6 (20%) d’entre eux. 1 ( 3,33%) médecin ne recherche jamais à évaluer la motivation du pa tient demandeur d’aide au sevrage. (cf. Figure 5)
FIGURE 5
30 Distinction des petits et des gros fumeurs
8 médecins sur 30 s oit 26.7 % se basent sur le résultat au score de Fagerström pour différencier « petits » et « gros » fumeurs. Les autres se basent sur un seuil en nombre de cigarettes (cf. Figure 6) : un patient est un gros fumeur à partir de :
- 5 cigarettes pour 4 médecins - 6 cigarettes pour 1 médecin - 10 cigarettes pour 11 médecins - 15 cigarettes pour 2 médecins Et 20 cigarettes pour 4 médecins.
FIGURE 6
31 Approche du tabagisme selon le type de patient
Il a été demandé aux médecins de déterminer leur attitude selon la catégorie de fumeur à laquelle leur patient appartient. Ils avaient à ch oisir entre : « Je n’aborde pas le tabac »,
« j’aborde le tabac », « je conseille l’arrêt », « je rentre dans les détails et parle du sevrage ».
Il leur a été précisé, avant formulation de la question, que chaque attitude adoptée par le médecin présupposait qu’il avait également adopté la précédente à un moment donné. Par exemple un m édecin qui choisissait de répondre « je conseille l’arrêt » savait que cela signifiait qu’il avait auparavant « abordé le tabac ».
Concernant les jeunes fumeurs, 3 ( 6.66%) médecins ne parlent pas du tabac, 13 ( 43.3%) abordent la question, 11(36.6%) conseillent l’arrêt et 2 (6.66%) discutent du sevrage.
Concernant les patients qui initient la discussion autour du tabac, aucun médecin n’élude le thème. 16 (53.3%) médecins à cette occasion rentrent dans les détails du sevrage.
Concernant les patients qui ne parlent pas de leur tabagisme, 7 (23.3%) médecins ne lancent pas la discussion, 20 (66.6%) abordent la question et 3 (10%) autres conseillent l’arrêt.
Concernant les femmes sous contraception oestro-progestative, on voit que le tabagisme est systématiquement abordé et qu’un conseil d’arrêt est donné pour 22 (73.3%) médecins, avec les détails du sevrage pour 6 d’entre eux.
Concernant les asthmatiques 1 médecin n’aborde pas la question du tabac. 26 ( 86.6%) médecins conseillent l’arrêt, dont 11 (36,6%) rentrent dans les détails du sevrage.
Concernant les patients avec d’autres Facteurs De Risque Cardio-Vasculaires (FDRCV), 22 (73.3%) des médecins conseillent l’arrêt, dont 8 (26.6%) rentrent dans les détails du sevrage.
Parmi les 8 autres, 7 (23,3%) abordent la question, 1 (3,33%) ne le fait pas spontanément.
Concernant les patients qui présentent des complications de leur tabagisme, 2 ( 6,66%) médecins abordent la question du tabac, 27 (90%) conseillent l’arrêt, dont 14 (4.6%) rentrent dans les détails du sevrage.
32 Accompagnement au sevrage tabagique
2 (6.7%) médecins généralistes interrogés s’occupent seuls d’accompagner leurs patients qui les sollicitent pour un sevrage tabagique.
7 (23.3%) font peu appel à d’autres professionnels de santé.
16 (53.3%) font parfois appel à d’autres professionnels de santé.
5 (16.7%) font souvent appel à d’autres professionnels de santé.
Aucun n’a de recours systématique à un autre professionnel.
Professionnels conseillés aux patients pour l’accompagnement au sevrage
Lorsque les médecins adressent leurs patients pour une aide au sevrage tabagique, ils les adressent par ordre de préférence au tabacologue (19 soit 63.3 %), à l’hypnothérapeute (11), à l’acupuncteur (10), au sophrologue (6), au psychologue (5), à l’addictologue (3), à l a sage- femme (3) ou au centre de soutien téléphonique (3), au pneumologue (2), et en « autre » un médecin m’a dit adresser parfois ses patients en demande de sevrage à une diététicienne.
Prescription de substituts nicotiniques par les médecins généralistes dans le cadre de l’aide au sevrage tabagique
Les médecins généralistes étudiés prescrivent des substituts nicotiniques lorsqu’ils sont consultés pour aide au sevrage (23 médecins soit 76.7% des médecins interrogés en prescrivent à la majeure partie de leurs patients). Aucun n’en prescrit jamais.
Le mode de substitution le plus couramment prescrit est le patch (29/77), puis les gommes (22/77), les autres modes de substitution étant moins utilisés (comprimés à sucer 13/77, comprimés sublinguaux 8/77, inhalateurs 3/77, et spray 2/77)
33 Prescription de médicaments pouvant aider au sevrage tabagique par les médecins généralistes
Les médecins généralistes interrogés prescrivent rarement des médicaments dans le but de faciliter le sevrage, (cf. Figure 7). 20 (66.6%) en prescrivent peu ou j amais, 8 (26.6%) en prescrivent parfois, et 2 ( 6,66%) en prescrivent souvent. Aucun n'en prescrit systématiquement.
Parmi les traitements de l'aide au sevrage (hors substitution), les préférés sont les anxiolytiques (37,1% des prescriptions déclarées), puis l'homéopathie (25,7%), et la varénicline (Champix), les antidépresseurs, la phytothérapie (11,4% chacun). Le Bupropion (Zyban) représente 2,8% des prescriptions.
FIGURE 7
34 Auto-appréciation des médecins sur leur capacité à i nduire une réflexion sur le tabac chez leurs patients
On demandait aux médecins s'ils pensaient pouvoir induire une réflexion sur l'arrêt du tabac chez leurs patients. 16 ( 53,3%) pensaient qu'ils étaient assez efficaces pour susciter la réflexion, 6 ( 20%) pensaient qu'ils étaient très efficaces, 8 ( 26,6 %) pensaient qu'ils étaient peu efficaces, et aucun n'a pensé être inefficace. Au total 22 médecins (73,3%) pensent pouvoir susciter la réflexion sur le sevrage tabagique chez leurs patients.
Satisfaction des médecins quant à leur pratique de l’aide au sevrage tabagique (cf. Figure 8)
2 (6.66%) sont très satisfaits de leur pratique, 12 (40%) sont plutôt satisfaits, 14 (46.6%) ne sont plutôt pas satisfaits, et 2 (6.66%) ne sont pas satisfaits du tout. Au total 14 (46.6%) sont globalement satisfaits et 16 (53.3%) sont globalement insatisfaits.
FIGURE 8