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Quelques Résultats sur les Espaces de Sobolev
Jérôme Droniou
To cite this version:
Jérôme Droniou. Quelques Résultats sur les Espaces de Sobolev. 2001. �hal-01382370�
Quelques R´ esultats sur les Espaces de Sobolev.
J´ erˆ ome Droniou
129/04/2001
1Universit´e de Provence, CMI, Technopˆole de Chˆateau Gombert, 39 rue F.Joliot Curie, 13453 Marseille Cedex 13 email: droniou@cmi.univ-mrs.fr
Table des Mati` eres
1 Changement de Variable Lipschitzien, Transport d’Espaces de Sobolev 4
1.1 Le Th´eor`eme de Rademacher . . . . 4
1.1.1 Quelques Rappels en Dimension 1 . . . . 4
1.1.2 D´eriv´ees de Fonctions Lipschitziennes . . . . 5
1.2 Le Changement de Variable Lipschitzien . . . . 10
1.3 Transport des Espaces de Lebesgue . . . . 14
1.4 Transport des Espaces de Sobolev . . . . 15
2 Int´egrale sur des Bords d’Ouverts 18 2.1 Ouverts Lipschitziens . . . . 18
2.1.1 Ouverts Faiblement Lipschitziens . . . . 18
2.1.2 Ouverts Fortement Lipschitziens . . . . 19
2.1.3 Distinctions entre les deux notions . . . . 20
2.2 Mesure et Int´egrale sur ∂Ω, EspacesLp(∂Ω) . . . . 23
2.2.1 Mesure sur∂Ω . . . . 23
2.2.2 Expressions de l’Int´egrale sur ∂Ω . . . . 26
2.2.3 Transport des EspacesLp(∂Ω) . . . . 27
3 Op´erateur de Prolongement, Injections 31 3.1 Prolongement . . . . 31
3.1.1 Cas du demi-espace . . . . 31
3.1.2 Cas d’un Ouvert Faiblement Lipschitzien . . . . 33
3.2 Injections de Sobolev . . . . 36
3.2.1 Cas de l’Espace Entier . . . . 36
3.2.2 Cas d’un Ouvert Faiblement Lipschitzien . . . . 43
3.3 Th´eor`eme de Rellich . . . . 43
4 Trace, Int´egration par Parties 45 4.1 Trace . . . . 45
4.1.1 Trace dans le Demi-Espace . . . . 45
4.1.2 Trace dansB+N . . . . 47
4.1.3 Trace sur le Bord d’un Ouvert Faiblement Lipschitzien . . . . 48
4.1.4 Trace dans le casp=∞ . . . . 49
4.1.5 L’espaceW01,p(Ω) . . . . 49
4.1.6 Espaces de Traces . . . . 50
4.2 Int´egration par Parties . . . . 54
4.2.1 Normale Ext´erieure `a∂Ω . . . . 54
4.2.2 Int´egration par Parties . . . . 59
A Un peu d’Analyse Fonctionnelle 69
B Quelques Lemmes Techniques pour la Caract´erisation deW01,p(Ω) 72
C Une Autre D´efinition deW1−1/p,p(∂Ω) 75
C.1 Le cas du demi-espace . . . . 75
C.2 Cas d’un Bord d’Ouvert Faiblement Lipschitzien . . . . 80
C.2.1 Pr´eliminaires . . . . 80
C.2.2 R´esultats Principaux . . . . 82
Notations g´en´erales.
N est un entier sup´erieur `a 1. λN d´esigne la mesure de Lebesgue sur RN.
x·y est le produit scalaire canonique de deux vecteurs (x, y)∈RN et | · | la norme euclidienne associ´ee (dist est la distance correspondante).
Pour x = (x1, . . . , xN) ∈ RN, x0 d´esigne le vecteur (x1, . . . , xN−1) de RN−1 (vecteur “vide” lorsque N = 1).
Le support d’une fonctionf est not´e supp(f). 1E est la fonction caract´eristique d’un ensembleE.
Nous noterons parfois∂i l’op´erateur de d´erivation partielle ∂x∂
i.
Enfin, (e1, . . . , eN) d´esigne la base canonique euclidienne deRN; nous nous permettrons aussi l’abus de consid´erer que les N −1 premiers vecteurs (e1, . . . , eN−1) de cette base forment la base canonique de RN−1. detN d´esigne le d´eterminant dans la base (e1, . . . , eN).
Chapitre 1
Changement de Variable
Lipschitzien, Transport d’Espaces de Sobolev
1.1 Le Th´ eor` eme de Rademacher
Dans ce chapitre, six∈RN etr≥0,B(x, r) d´esigne la boule euclidienne ouverte dansRN, de centrex et de rayonr;B(x, r) d´esigne son adh´erence etS(x, r) son bord.
1.1.1 Quelques Rappels en Dimension 1
Lemme 1.1.1 Si f :R → R est une application lipschitzienne alors la d´eriv´ee Df de f au sens des distributions surRest dansL∞(R)et on a, pour toutx∈R,
f(x) =f(0) + Z x
0
Df(t)dt. (1.1.1)
D´emonstration:
♦Etape 1: On montre queDf ∈L∞(R).
Soitϕ ∈ Cc∞(R); ϕ(·+s)−ϕ(·) s
s→0−→ϕ0 uniform´ement sur Ret a, pour s ∈[−1,1]\{0}, son support inclus dans supp(ϕ) + [−1,1]; comme f ∈L1(supp(ϕ) + [−1,1]), on en d´eduit
hDf, ϕiD0(R),D(R) = − Z
R
f(x)ϕ0(x)dx
= −lim
s→0
Z
R
f(x)ϕ(x+s)−ϕ(x)
s dx
= −lim
s→0
Z
R
f(x−s)−f(x)
s ϕ(x)dx.
Or, pour touts6= 0, on a|f(x−s)−f(x)
s | ≤Lip(f), donc
Z
R
f(x−s)−f(x) s ϕ(x)dx
≤Lip(f) Z
R
|ϕ(x)|dx.
En passant `a la limite s→0, on obtient
|hDf, ϕiD0(R),D(R)| ≤Lip(f)||ϕ||L1(R).
Cette in´egalit´e, valable pour tout ϕ ∈ Cc∞(R), nous dit que Df est une forme lin´eaire continue sur (Cc∞(R),||.||L1(R)); Df s’´etend donc en une forme lin´eaire continue sur L1(R), c’est-`a-dire un ´el´ement g∈L∞(R) au sens: pour toutϕ∈ Cc∞(R),
hDf, ϕiD0(R),D(R)= Z
R
g(x)ϕ(x)dx,
ce qui signifie exactementDf ∈L∞(R).
♦Etape 2: On prouve (1.1.1).
Pour d´emontrer cette formule, il suffit, en posant h(x) =
Z x 0
Df(t)dt∈L∞loc(R)⊂L1loc(R),
de prouver que la d´eriv´ee au sens des distributions dehestDf; on aura alorsD(f−h) = 0, c’est-`a-dire quef−hest une fonction constante, d’o`uf =f(0) +h.
Pour calculerDh, prenonsϕ∈ Cc∞(R); par d´efinition deh, on a Z
R
h(x)ϕ0(x)dx = Z
R+
Z
R+
Df(t)ϕ0(x)1[0,x](t)dt
dx
− Z
R−
Z
R−
Df(t)ϕ0(x)1[x,0](t)dt
dx.
En appliquant le th´eor`eme de Fubini, on obtient Z
R
h(x)ϕ0(x)dx = Z
R+
Df(t) Z
R+
ϕ0(x)1[t,+∞[dx
dt
− Z
R−
Df(t) Z
R−
ϕ0(x)1]−∞,t]dx
dt
= Z
R+
Df(t)(−ϕ(t))dt− Z
R−
Df(t)ϕ(t)dt
= −
Z
R
Df(t)ϕ(t)dt.
Cette ´egalit´e, valable pour tout ϕ∈ Cc∞(R), signifie exactement Dh =Df dans D0(R), ce qui conclut cette d´emonstration.
On d´eduit ais´ement de ce lemme que toute fonction lipschitzienne f : R → R est d´erivable, au sens classique,λ1-presque partout surR(en tous les points de Lebesgue deDf ∈L1loc(R)).
1.1.2 D´eriv´ees de Fonctions Lipschitziennes
Lemme 1.1.2 SoitAune partie non vide deRN. Sif :A→Rest une application lipschitzienne, alors f admet une extension lipschitziennefe:RN →Rtelle queLip(fe) = Lip(f). De plus, si f est born´ee par M sur A, on peut choisir feborn´ee parM sur RN.
D´emonstration:
Posons, pourx∈RN,fe(x) = supy∈A{f(y)−Lip(f)|x−y|} ∈]− ∞,∞] (nous avons choisi de raisonner avec la norme euclidienne — la constante de lipschitz est bien sˆur celle associ´ee `a cette norme —, mais ce qui suit est valable pour toute norme).
Commen¸cons par voir que, pour toutx∈RN,f(x)e <∞; il suffit, pour cela, de fixery0∈Aet de constater que, pour touty∈A, puisquef(y)≤f(y0) + Lip(f)|y−y0| ≤f(y0) + Lip(f)|y−x|+ Lip(f)|x−y0|, on af(y)−Lip(f)|x−y| ≤f(y0) + Lip(f)|x−y0|, doncf(x)e ≤f(y0) + Lip(f)|x−y0|<∞.
feest bien une extension def. En effet, prenons x∈A; puisquef(y)≤f(x) + Lip(f)|x−y|pour tout y∈A, on afe(x)≤f(x); commex∈A, on a aussif(x)e ≥f(x)−Lip(f)|x−x|=f(x), ce qui nous donne bienfe(x) =f(x).
Enfin, feest lipschitzienne, de constante de lipschitz Lip(f). En effet, prenons (x, z)∈ RN ×RN; pour touty∈A, on afe(x)≥f(y)−Lip(f)|x−y| ≥f(y)−Lip(f)|x−z| −Lip(f)|y−z|, soitfe(x) + Lip(f)|x− z| ≥ f(y)−Lip(f)|z−y|; en prenant la borne sup´erieure de cette in´egalit´e sur les y ∈ A, on obtient fe(x) + Lip(f)|x−z| ≥fe(z), soitfe(z)−fe(x)≤Lip(f)|x−z|; en effectuant le mˆeme calcul avec les rˆoles dexetzinvers´es, on trouvefe(x)−fe(z)≤Lip(f)|x−z|, ce qui nous donne|fe(x)−fe(z)| ≤Lip(f)|x−z|, c’est-`a-dire le caract`ere lipschitzien defe, avec Lip(f) pour constante de lipschitz.
Supposons maintenantf born´ee parM surAet notonsTM(s) = sup(−M,inf(M, s)) (i.e. TM(s) =−M sis <−M,TM(s) =ssi−M ≤s≤M et TM(s) =M sis > M);TM :R→Rest born´ee parM. Nous allons voir que c’est une application 1-lipschitzienne surR. Soient (s, t)∈R; quitte `a ´echanger les rˆoles desett, on peut supposers≤t; il nous faut ensuite traiter les cas un par un.
• Si s≤t <−M ouM < s≤t, alorsTM(t)−TM(s) = 0, donc|TM(t)−TM(s)| ≤ |s−t|.
• Si s <−M ≤t≤M, alors TM(t)−TM(s) =t+M et, commet+M ≤t−s=|t−s|, on a bien
|TM(t)−TM(s)| ≤ |t−s|.
• Sis <−M ≤M < t, alorsTM(t)−TM(s) =M+M et, commeM+M ≤t−s=|t−s|, on a bien
|TM(t)−TM(s)| ≤ |t−s|.
• Si −M ≤s≤t≤M, alorsTM(t)−TM(s) =t−s, donc|TM(t)−TM(s)| ≤ |t−s|.
• Si −M ≤s≤M < t, alors TM(t)−TM(s) =M −set, commeM−s≤t−s=|t−s|, on a bien
|TM(t)−TM(s)| ≤ |t−s|.
Ainsi,TM(fe) est une fonction Lip(f)-lipschitzienne born´ee par M; de plus, surA, puisque |f| ≤M, on aTM(fe) =TM(f) =f. TM(fe) est donc, dans ce cas, l’extension def recherch´ee.
Th´eor`eme 1.1.1 (Rademacher) Soit Ω un ouvert de RN. Si f : Ω→ R est localement lipschitzienne alorsf est d´erivableλN-presque partout surΩ.
Rappelons avant la d´emonstration que, pour toutM ∈ L(RN) et tout ensemble mesurableAdeRN, on aλN(M(A)) =|det(M)|λN(A).
D´emonstration:
Comme Ω peut ˆetre recouvert par une union d´enombrable de boules dont l’adh´erence est compacte dans Ω, il suffit de montrer que, pour toute bouleBd’adh´erence compacte dans Ω,f|Best d´erivableλN-presque partout surB.
Soit donc une telle boule. f|B ´etant lipschitzienne, elle admet une extension lipschitziennefe:RN →R. Il suffit de montrer quefeest d´erivableλN-presque partout surRN pour voir quef|B=fe|B est d´erivable λN-presque partout surB et conclure ainsi la d´emonstration du th´eor`eme.
♦Etape 1: On montre que, pourv∈S(0,1) fix´e, fe0(x;v) = lim
t→0
fe(x+tv)−fe(x) t
existe dansRpourλN-presque toutx∈RN.
SoitAv={x∈RN |fe0(x;v) n’existe pas}; par le crit`ere de Cauchy, RN\Av= \
n>0
[
k>0
\
(t, t0)∈]−1k,1k[ t6=0, t06=0
(
x∈RN |
fe(x+tv)−fe(x)
t −fe(x+t0v)−fe(x) t0
≤ 1 n
) ,
soit, en utilisant la continuit´e defe, RN\Av = \
n>0
[
k>0
\
(t, t0)∈Q∩]−1k,1k[ t6=0, t06=0
(
x∈RN |
fe(x+tv)−fe(x)
t −fe(x+t0v)−fe(x) t0
≤ 1 n
) .
Commex→ f(x+tv)−e t f(x)e etx→ f(x+te 0tv)−0 f(x)e sont Borel-mesurables et comme ces unions et intersections sont d´enombrables, on en d´eduit queAv est un bor´elien deRN.
Pourx∈RN, on remarque que
g
R −→ R
s −→ fe(x+sv)
est lipschitzienne, donc d´erivableλ1-presque partout surR; pour toutx∈RN, on a donc λ1
(
s∈R| lim
t→0
fe(x+sv+tv)−fe(x+sv)
t n’existe pas
)!
= 0. (1.1.2)
On compl`ete le vecteurv en une base (v1, . . . , vN−1, v) deRN. Soit l’isomorphisme P
RN −→ RN
(t1, . . . , tN−1, s) −→ t1v1+· · ·+tN−1vN−1+sv.
On sait,P ´etant lin´eaire inversible, que, pour tout bor´elienAdeRN,λN(A) =|det(P)|λN(P−1(A)).
En particulier, grˆace au th´eor`eme de Fubini,
λN(Av) = |det(P)|λN(P−1(Av))
= |det(P)|
Z
RN−1
λ1 (P−1(Av))(t1,...,tN−1)
dt1. . . , dtN−1, o`u
(P−1(Av))(t1,...,tN−1) = {s∈R|(t1, . . . , tN−1, s)∈P−1(Av)}
= {s∈R|t1v1+· · ·+tN−1vN−1+sv∈Av}.
Or, en posantx=t1v1+· · ·+tN−1vN−1,x+sv∈Av si et seulement si
t→0lim
fe(x+sv+tv)−fe(x+sv) t
n’existe pas. On voit donc, grˆace `a (1.1.2), queλ1 (P−1(Av))(t1,...,tN−1)
= 0 pour tout (t1, . . . , tN−1)∈ RN−1, ce qui nous donneλN(Av) = 0, c’est-`a-dire le r´esultat voulu.
Remarquons au passage le r´esultat suivant: pourv∈S(0,1) fix´e, la fonctionx∈RN\Av→fe0(x;v)∈R est la limite simple de la suite de fonctions continues uniform´ement born´ees (n(f(·e +v/n)−f(·)))e n≥1 (la borne uniforme vient du caract`ere lipschitzien de fe); comme Av est un bor´elien de RN, en posant fe0(·;v) ≡ 0 sur Av, la fonction fe0(·;v) : RN → R ainsi d´efinie est Borel-mesurable et appartient `a L∞(RN).
On voit aussi que, pourλN-presque toutx∈RN (x6∈Ae1∪ · · · ∪AeN),
∇fe(x) = (fe0(x;e1), . . . ,fe0(x;eN))T
existe et quex∈RN → ∇fe(x)∈RN (d´efinieλN-presque partout) est dans (L∞(RN))N.
♦ Etape 2: On fixe toujours v dans S(0,1) et on montre que, pour λN-presque tout x ∈ RN, on a fe0(x;v) =∇fe(x)·v.
Pour cela, on prend ϕ∈ Cc∞(RN), et on calcule, grˆace au caract`ere lipschitzien de feet en utilisant le th´eor`eme de convergence domin´ee:
Z
RN
fe0(x;v)ϕ(x)dx = lim
n→∞
Z
RN
f(xe + (1/n)v)−fe(x) (1/n) ϕ(x)dx
= lim
n→∞
Z
RN
fe(x)ϕ(x−(1/n)v)−ϕ(x) (1/n)
= −
Z
RN
fe(x)∇ϕ(x)·v dx, (1.1.3)
la derni`ere ´egalit´e d´ecoulant des faits suivants: ϕ(·−v/n)−ϕ(·) 1/n
n→∞−→ −∇ϕ(·)·v uniform´ement surR, a son support inclus dans supp(ϕ) +B(0,1), etfe∈L1(supp(ϕ) +B(0,1)). En appliquant ce r´esultat `a v=ei (pouri= 1, . . . , N), on trouve
Z
RN
fe0(x;ei)ϕ(x)dx=− Z
RN
fe(x)∂ϕ
∂xi(x)dx,
ce qui, associ´e `a (1.1.3), donne Z
RN
fe0(x;v)ϕ(x)dx =
N
X
i=1
vi Z
RN
fe(x)∂ϕ
∂xi(x)dx
=
N
X
i=1
Z
RN
fe0(x;ei)viϕ(x)dx
= Z
RN
ϕ(x)∇fe(x)·v dx.
Puisque fe0(·;v) et ∇fe(·)·v sont dansL∞(RN)⊂ L1loc(RN), cette ´egalit´e nous donne, grˆace au lemme fondamental des distributions,fe0(·;v) =∇fe(·)·v λN-presque partout surRN. NotonsBv=Av∪Ae1· · ·∪
AeN ∪ {x∈RN |fe0(x;v)6=∇fe(x)·v}; on aλN(Bv) = 0.
♦Etape 3: On conclut.
Soit{vn, n≥1}un ensemble d´enombrable dense dansS(0,1). PosonsB =S
n≥1Bvn; on aλN(B) = 0.
Nous allons montrer que, pour toutx6∈B,feest d´erivable en x, ce qui ach`evera la d´emonstration.
Soit x∈RN\B et (hk)k≥1 une suite d’´el´ements deRN\{0} tendant vers 0; prenons (hkl)l≥1 une suite quelconque extraite de (hk)k≥1. Commehkl/|hkl|=wl∈S(0,1), on peut extraire une suite (zm)m≥1= (wlm)m≥1qui converge vers z∈S(0,1). Notons finalementtm=|hklm|; on a tmzm=hklm.
On ´ecrit alors, pour tousn≥1 etm≥1,
|fe(x+tmzm)−fe(x)− ∇fe(x)·(tmzm)|
tm
≤ |fe(x+tmzm)−fe(x+tmvn)|
tm +
fe(x+tmvn)−fe(x)
tm − ∇fe(x)·vn
+|∇fe(x)·(vn−zm)|
≤
Lip(fe) +|∇fe(x)|
|vn−zm|+
fe(x+tmvn)−fe(x) tm
− ∇fe(x)·vn
.
Soitε >0. Choisissonsn≥1 tel que|vn−z| ≤ε; on a alors
|fe(x+tmzm)−fe(x)− ∇fe(x)·(tmzm)|
tm
≤
Lip(fe) +|∇fe(x)|
(ε+|z−zm|) +
fe(x+tmvn)−fe(x) tm
− ∇fe(x)·vn
.
Maistm→0 lorsquem→ ∞, donc
fe(x+tmvn)−fe(x) tm
− ∇fe(x)·vn
→0 lorsque m→ ∞
(carx6∈Bvn, ce qui signifie que (fe(x+svn)−fe(x))/ss→0−→fe0(x;vn) et quefe0(x;vn) =∇fe(x)·vn). Ainsi, puisquezm→z lorsquem→ ∞, il existe m0≥1 tel que, pour toutm≥m0,
|fe(x+tmzm)−fe(x)− ∇fe(x)·(tmzm)|
tm ≤2(Lip(f) +e |∇fe(x)|)ε+ε.
On a donc montr´e que, de toute suite extraite de
|fe(x+hk)−fe(x)− ∇f(x)e ·hk|
|hk|
!
k≥1
, (1.1.4)
on pouvait re-extraire une suite qui converge vers 0. Cela implique que toute la suite (1.1.4) converge vers 0, et quefeest donc d´erivable enx, de d´eriv´eefe0(x)(h) =∇fe(x)·h.
Corollaire 1.1.1 Sif : Ω→Rest localement lipschitzienne alors les d´eriv´ees partielles classiques def sont dans L∞loc(Ω) et coincident avec ses d´eriv´ees au sens des distributions dans Ω.
Remarque 1.1.1 Nous verrons, dans la premi`ere ´etape de la d´emonstration, que, lorsque f est globale- ment lipschitzienne sur Ω, ses d´eriv´ees classiques sont dans L∞(Ω) et sont essentiellement born´ees par Lip(f).
D´emonstration:
♦Etape 1: On montre que les d´eriv´ees partielles classiques def sont dansL∞loc(Ω).
Pour touti ∈[1, N], ∂x∂f
i est d´efinie λN-presque partout sur Ω grˆace au th´eor`eme de Rademacher. On remarque que, en posantf ≡0 hors de Ω (ce qui d´efinit une fonction Borel-mesurable surRN), la fonction
∂f
∂xi
(·) = lim
n→∞
f(·+ei/n)−f(·)
1/n (λN-presque partout sur Ω)
est Lebesgue-mesurable, en tant que limite simpleλN-presque partout de fonctions mesurables.
SoitK un compact de Ω etδ= dist(K,RN\Ω); commeKe =K+B(0, δ/2) est un compact de Ω, f est lipschitzienne surK. Notonse Cune constante de lipschitz pour f surK. Lorsquee |t| ≤δ/2 etx∈K, on a (x, x+tei)∈K, donce
f(x+tei)−f(x) t
≤C. (1.1.5)
En passant `a la limite lorsquet→0, on trouve donc, pourλN-presque toutx∈K,
∂f
∂xi
(x)
≤C. (1.1.6)
∂f
∂xi est donc essentiellement born´ee surK et les d´eriv´ees partielles def sont bien dansL∞loc(Ω).
Lorsque f est globalement lipschitzienne sur Ω, (1.1.5) est vraie, avec C = Lip(f), pour tout x ∈ Ω et tout|t| <dist(x,RN\Ω). Passer `a la limitet → 0 nous permet de voir que (1.1.6) reste vraie, avec C = Lip(f), pour λN-presque tout x∈ Ω et que ∂x∂f
i est donc dans L∞(Ω), avec une norme dans cet espace major´ee par Lip(f).
♦ Etape 2: Montrons maintenant que ces d´eriv´ees classiques coincident avec les d´eriv´ees au sens des distributions def dans Ω.
Soit ϕ ∈ Cc∞(Ω) et δ = dist(supp(ϕ);RN\Ω)> 0. Comme ϕ(·+sesi)−ϕ(·) −→s→0 ∂iϕ uniform´ement sur Ω en ayant (pour|s| ≤δ/2) son support inclus dans K= supp(ϕ) +B(0, δ/2) (compact de Ω) et comme f ∈L1(K) (f est localement lipschitzienne sur Ω, donc localement born´ee sur Ω), on a
hDif, ϕiD0(Ω),D(Ω)=− Z
Ω
f(x)∂iϕ(x)dx=−lim
s→0
Z
Ω
f(x)ϕ(x+sei)−ϕ(x)
s dx.
De plus, Z
Ω
f(x)ϕ(x+sei)−ϕ(x)
s dx= 1
s Z
Ω+sei
f(x−sei)ϕ(x)dx− Z
Ω
f(x)ϕ(x)dx
.
Comme, pour|s| ≤δ/2, Ω +sei⊃supp(ϕ), les int´egrales de cette derni`ere expression ne portent (lorsque
|s| ≤δ/2) que sur supp(ϕ); cela nous permet de voir que hDif, ϕiD0(Ω),D(Ω)=−lim
s→0
Z supp(ϕ)
f(x−sei)−f(x)
s ϕ(x)dx.
En notant C une constante de lipschitz de f sur K, (1.1.5) nous donne, pour tout |s| ≤ δ/2 et tout x∈ supp(ϕ), |f(x−sesi)−f(x)| ≤C. Ainsi, par le th´eor`eme de Rademacher, f(·−sesi)−f(·) −→ −s→0 ∂x∂f
i λN- presque partout sur Ω, donc sur supp(ϕ), tout en restant major´ee (sur supp(ϕ)) parC. On obtient alors, par convergence domin´ee,
hDif, ϕiD0(Ω),D(Ω)= Z
supp(ϕ)
∂f
∂xi(x)ϕ(x)dx= Z
Ω
∂f
∂xi(x)ϕ(x)dx.
Ceci ´etant v´erif´e pour toutϕ∈ Cc∞(Ω), on a bienDif = ∂x∂f
i dansD0(Ω).