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Submitted on 1 Jan 1901
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Réflexions au sujet de l’univers et des lois naturelles
H. Pellat
To cite this version:
H. Pellat. Réflexions au sujet de l’univers et des lois naturelles. J. Phys. Theor. Appl., 1901, 10 (1),
pp.277-279. �10.1051/jphystap:0190100100027700�. �jpa-00240505�
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RÉFLEXIONS AU SUJET DE L’UNIVERS ET DES LOIS NATURELLES ;
Par H. PELLAT.
Les conséquences de la dégradation de l’énergie dans un système isolé, indiquées par lord Kelvin (’ ) et développées surtout par Helm- holtz (’), sont aujourd’hui bien connues et en quelque sorte clas- siques. Je me permettrai pourtant de les rappeler brièvement pour
l’intelligence de ce qui va suivre.
Un système soustrait à toute action extérieure possède une quan-
tité d’énergie invariable ; mais la forme de l’énergie se modifie sans
cesse par suite des phénomènes, de toute nature, dont le système est
le siège. Or ces modifications ne se font pas dans un sens quel-
conque : elles se font toujours dans le sens où l’entropie du système augmente, et tendent à rapprocher le système d’un état final où toute l’énergie se trouve sous forme de chaleur snr des corps à même tem-
pérature, où aucune transformation d’énergie et, par conséquent,
aucun phénomène perceptible ne peut plus se produire.
Appliquées à l’Univers, considéré comme un vaste système, mais
fini en matière et, par conséquent, en énergie, sur lequel rien n’ag it, puisque, par définition, rien ne lui est extérieur dans le monde maté-
riel, ces considérations font prévoir la fin du monde vivant, dans le
sens habituel du mot.
Mais, au lieu de développer les conséquences de la dégradation de l’énergie en regardant ce qui arrivera dans les âges futurs, repor- tons notre pensée sur ce qui a eu lieu dans le passé en considérant
toujours l’Univers comme fini en matière et en énergie.
Puisque, en suivant le cours des temps, l’énergie est de moins en
moins différenciée et l’entropie de plus en plus grande, en remontant
le cours des temps nous trouvons l’énergie de plus en plus différen-
ciée et l’entropie de plus en plus faible dans l’Univers. Mais la diffé- renciation de l’énergie, ou la diminution de l’entropie, a une limite ;
car, dans un système fini, l’énergie ne peut ètre indéfiniment diffé-
renciée, l’entropie ne peut décroître au-delà de toute limite. Dési- gnons par oL répoque â laquelle l’entropie avait sa valeur minimum,,
(’) Ora cz uraiuersal Tendency in Vcitiiî,e to the dissipation of lnechanical Eraeo~~
(P/~/. lIIEr~., 4> série, v?ol. Iv1 p. 30i ; 18J2).
(~) Geber die Wec~seltc~i~°kun~ cleo ~l~’atu~er°~i fte (Kônigsberg, 1804).
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:0190100100027700
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et remarquons tout de suite que cette époque ce ne peut être infini- ment éloignée de nos jours, car il faudrait pour cela que la vitesse de dégradation de l’énergie ou d’augmentation de l’entropie tendît
vers zéro à mesure que nous considérons des époques plus éloignées
dans le passé ; or, bien au contraire, la vitesse de dégradation de l’énergie ne peut aller qu’en augmentant, en moyenne, par le fait même que les énergies sont plus différenciées (plus les températures
sont différentes, plus est rapide le passage d’une quantité de chaleur
d’un corps à l’autre ; plus l’énergie cinétique est considérable, plus
est grande la transformation de cette énergie en chaleur par les frot- tements ou les chocs, etc.). Nous reviendrons pourtant sur ce point
un peu plus loin. Dès lors nous aboutissons à une impasse ; car,
avant cette époque ce que se passait-il ? D’une part, la loi de la dégra-
dation de l’énergie veut que la différenciation de l’énergie soit plus grande qu’à l’époque x, c’est-à-dire que l’entropie soit moindre;
d’autre part, c’est impossible, puisqu’à l’époque x la différenciation de l’énergie était maximum, l’entropie minimum. Nous ne pouvons sortir de cette impasse qu’en admettant : soit, qu’avant l’époque a. la
loi de la dégradation de l’énergie n’existait pas, c’est-à-dire que les lois naturelles ont été modifiées, ce qui équivaut à une création ; soit
que l’Univers est indéfini en matière et en énergie, puisque notre raisonnement ne s’applique qu’à un Univers fiui.
Je crois bon maintenant de revenir sur la vitesse de variation de
l’entropie. Nous connaissons des systèmes très riches en énergie chimique, qui pourtant nous semblent rester indéfiniment dans le même état, tant qu’une petite quantité de chaleur venue de l’extérieur
ou un choc ne détermine les réactions chimiques et le commence-
ment des transformations de l’énergie, tel un baril de poudre, telle
. une torpille chargée. Peut-on, pour échapper aux conclusions indi-
quées ci-dessus, imaginer que l’Univers a été primitivement consti-
tué par quelque chose d’analogue à ces systèmes, qu’il est resté
endormi pendant une éternité jusqu’à ce qu’un choc, à une époque séparée de nos jours par un temps fini, ait déterminé le commence-
ment de la série de transformations que nous observons aujourd’hui ?
Il faudrait, au moins, imaginer plusieurs systèmes de ce genre doués de mouvement et, pour que le choc ne se produise qu’au bout d’un temps infini, il faudrait imaginer que primitivement plusieurs de
ces systèmes étaient à une distance infinie les uns des autres. En
outre, pour que la probabilité d’un choc, dans ces conditions, ne soit
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pas infiniment faible, il faut encore admettre que ces systèmes étaient
en nombre infini et remplissaient un espace infini. Nous sommes
ainsi ramenés aux conclusions indiquées ci-dessus.
En résumé, pour l’Univers, l’infini dans le temps entraîne l’infini
dans l’espace ; si l’Univers est fini en matière et en énergie, il a été
créé ou, du moins, les lois dites naturelles ont été modifiées à une
époque séparée de nos jours par un temps fini.
SUR LES CHALEURS SPÉCIFIQUES DES ALLIAGES ;
Par D . MAZZOTTO.
~1. van Aubel, dans une note insérée dans ce Journal (i), discute
les résultats que plusieurs expérimentateurs ont obtenus en étudiant
la chaleur spécifique des alliages, dans le but d’apprendre dans quels
cas et jusqu’à quel point on peut la déduire de la chaleur spécifique
des métaux composants, en appliquant la règle des mélanges.
Dans cette étude, il a constaté le désaccord entre la valeur :
.