HAL Id: jpa-00243603
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Variation du rendement de radioluminescence des
scintillateurs organiques avec la perte d’énergie et le
nombre de charges des particules ionisantes
J. Lopes da Silva, R. Voltz
To cite this version:
VARIATION
DU
RENDEMENT
DE
RADIOLUMINESCENCE
DES
SCINTILLATEURS
ORGANIQUES
AVEC LA PERTE
D’ÉNERGIE
ET
LE
NOMBRE
DE
CHARGES DES PARTICULES
IONISANTES
J. LOPES da SILVA
(*)
et R. VOLTZDépartement
dePhysique
desRayonnements
etd’Electronique
Nucléaire,
Centre de RecherchesNucléaires,
Strasbourg,
France(Reçu
le 27 novembre1971,
révisé le 6 mars1972)
Résumé. 2014 On
présente une étude expérimentale de l’influence de la nature des particules ioni-santes sur le rendement de la radioluminescence, en distinguant la scintillation globale et ses
deux composantes (prompte et différée). Un dispositif original permet de mesurer le nombre de
photons émis, soit durant toute la scintillation, soit uniquement dans la composante différée, lorsqu’une particule chargée traverse une feuille mince de scintillateur plastique. On a utilisé une
variété aussi grande que possible de rayonnements (électrons, protons, deutons, tritons, parti-cules 03B1, ions 3He++ et azote), en accordant une attention particulière aux domaines d’énergie où le pouvoir ionisant est élevé. L’ensemble des résultats obtenus montre que les rendements de la scintillation et de ses deux composantes dépendent du nombre de charges et de la perte d’énergie
spécifique des particules. Les données expérimentales sont en bon accord avec des expressions théoriques proposées récemment par les auteurs.
Abstract. 2014 An
experimental study of the relative scintillation response of organic materials to different types of radiation is presented, considering separately the whole light emission and the two scintillation components. A device is described which allows one to mesure the number of emitted photons in the total scintillation and in the slow component, when a charged particle
interacts with a thin scintillator foil. The different types of radiation used in this work were electrons
(0.3-1 MeV), protons (0.3-4 MeV), deuterons (0.3-1 MeV), tritons (0.3-1 MeV), 3He++ ions
(1-3 MeV), 03B1 particles (1-9 MeV) and nitrogen ions (10-80 MeV). The results show that the light
yields for the scintillation and the two components depend on the charge number as well as on the
specific energy loss of the particles ; the data are in agreement with the theoretical expressions recently proposed by the authors.
Classification
Physics abstracts 11.10
Comme mesure du rendement de la
scintillation,
on utilise
d’ordinaire,
soit le nombredS/dE
depho-tons émis par unité
d’énergie perdue
par laparticule
ionisante,
soit le nombredS/dx
dephotons
émis parunité de parcours de
corpuscule chargé («
lumines-cencespécifique »)
[1], [2].
L’influence de la nature des rayonnements sur le
rendement de la radioluminescence des scintillateurs
organiques
estgénéralement
décrite par des relationssemi-empiriques
proposées
respectivement
par Birks[3]
et
Wright [4] :
(*) Adresse actuelle : Nûcleo de Quimica-Fisica Molecular Commissâo de Estudos de Energia Nuclear (IAC). Instituto
Superior Técnico. Lisboa - 1 Portugal.
où A et B sont les constantes. Divers auteurs
[1], [5]-[7j
ontcependant souligné
que l’ensemble desobser-vations
expérimentales publiées,
notamment dans lecas de rayonnements de
pouvoir
ionisantélevé,
nepeut être
interprété
par des relations de la forme(1).
De
plus, l’expression
de Birks ne tient pascompte
de
l’existence,
dans lascintillation,
de deux émissions. dontl’origine physique
est différente[2].
Lapremière,.
désignée
par « prompte »provient
de la désexcitation radiative de molécules excitées dans lepremier
étatsingulet Si,
formées par des processus non radiatifs trèsrapides
(conversion
interne,
recombinaisond’ions...)
à
partir
des étatsprimaires
d’excitation et d’ionisationcréés par les
particules chargées ;
la décroissance dece
signal
lumineux estexponentielle
etidentique
à celle de la fluorescence. La deuxième
émission,
dite« différée », est due aux niveaux
singulets S1,
résultant de l’interaction bimoléculaire d’étatstriplets
dans.les zones de forte densité d’activation telles que les.
traces des
particules primaires
etsecondaires ;
dans128
ce cas, le déclin est
plus
lent que pour lesignal
prompt,et a lieu suivant une loi non
exponentielle,
déjà
étudiée en détail par ailleurs[2], [8], [9].
La luminescencespécifique globale dsldx
doit donc être considéréecomme la somme de deux termes
dlldx
etdL’ jdx
correspondant respectivement
auxcomposantes
prompte
etdifférée,
qu’il
convient d’étudierséparé-ment :
Nous avons
repris
l’examen des relationsthéoriques
entre
dL/dx, dL’/dx
et certainesquantités
caracté-ristiques (nombre
decharges
z, perted’énergie
dE/dx)
des
particules
nucléaires ;
dans cetravail, déjà
par-tiellement
publié
[2], [7], [10],
nous avonsdistingué
les états d’activation moléculaireproduits
dans latrace du
corpuscule
primaire,
de ceux créés par lesélectrons secondaires
énergiques ;
l’influence de lanature des rayonnements sur les luminescences
spéci-fiques dL/dx
etdL’/dx
est attribuée à unedégradation
d’énergie
électronique,
résultant de l’interactiond’es-pèces
activées voisines sur latrajectoire
d’une mêmeparticule,
primaire
ou secondaire. On trouveainsi,
pour le
signal
prompt :où BS
est une constantecaractéristique
des processusde
dégradation
del’énergie
des étatssingulets
dans latrace des
particules
et C une constante depropor-tionnalité ; FS
est une fonction de laquantité
z2(dE/dx)-1
etreprésente
laproportion
del’énergie
de la
particule perdue
enproduisant
desrayons c5
d’énergie
suffisante pour sortir de la trace. Demême,
pour le
signal
différé,
on obtientl’expression :
dans
laquelle
Bt
caractérise lesphénomènes
dedégra-dation des états
triplets
dans la trace, et C’ est uneautre constante de
proportionnalité ;
03A61
dE/dx
et03A62
dE/dx
désignent
respectivement
lesénergies,
par unité de parcours ducorpuscule
incident, dissipées
dans des zones de forte densité d’excitation par laparticule primaire
et les électrons secondairesrapides.
La validité de cesexpressions
théoriques
adéjà
été confirmée
qualitativement
parplusieurs
étudesexpérimentales
[7], [10]-[14],
mais les résultats sontencore
trop
fragmentaires
pour permettre unecompa-raison
précise
aux relations(2)
à(4) ;
enparticulier,
toutes les mesures ont
porté
sur la scintillationglobale
sans chercher à ladécomposer
en ses deuxcompo-santes. Nous étions donc amenés à
reprendre
l’étudeexpérimentale
duproblème.
Dans ce
but,
nous avons mis aupoint
undispositif
original
permettant de mesurer directement unegrandeur
proportionnelle
au nombre dephotons
émis,
soit durant toute lascintillation,
soituniquement
dans la composante lente de laradioluminescence,
lorsqu’une particule
nucléaire traverse une feuillemince de scintillateur
plastique ;
les méthodes etdispositifs
de mesure sont décrits dans unepremière
partie
de ce travail. Dans une deuxièmepartie,
nousprésentons
les résultats de nos mesures,lesquelles
ont
porté
sur une variété aussigrande
quepossible
departicules (protons,
deutons,
tritons, particules
a,ions
3He++,
ionsazote),
en accordant une attentionparticulière
aux domainesd’énergie
où lepouvoir
ionisant estélevé ;
de telles données sont en effetparticulièrement
intéressantes pour vérifier lespré-visions
théoriques
sur l’influence du nombre decharges
et de la perte
d’énergie dE/dx
sur le rendement de lascintillation. La discussion des courbes
expérimentales
est abordée dans la dernière
partie
de cetteétude ;
elle est nécessairement brève dans le cadre de cette
publication,
consacrée surtout àl’aspect expérimental
de notre travail.1.
Dispositif
et méthodes de mesure. - Un filmde scintillateur
organique, d’épaisseur
Ax(de
l’ordredu
micron)
est traversé par uncorpuscule chargé
d’énergie
E ;
ils’agit
de mesurer la perted’énergie
AEde la
particule
dans le scintillateur ainsi que les nombres dephotons
AS et AL’ émisrespectivement
dans la scintillationglobale
et dans lesignal
différé.1.1 PRINCIPE
(Fig.
1).
- Laparticule
ionisante,
ayant traversé la feuille de scintillateur(F),
tombesur un détecteur à semiconducteur
(DS).
Celui-cipermet de déterminer la perte
d’énergie
àpartir
dudéplacement
du spectred’amplitude
desimpulsions
produites
par laparticule
suivantqu’elle
traverseou non le scintillateur.
FIG. 1. - Schéma du
montage expérimental.
Pour mesurer les faibles
quantités
de lumière émises lors du passage desparticules
à travers la feuille F on aemployé
unphotomultiplicateur
(PM)
encomp-teur de
photons [15]-[17].
Dans cebut,
onrègle
photo-multiplicateur
afin que le nombremoyen n
dephotons
tombant sur la cathode soit tel que fia «
1, a
étant le rendementquantique
de l’émissionphotoélectrique ;
on montre que, dans ces
conditions,
le nombre parunité de temps,
Nb,
d’impulsions
anodiques
duphoto-multiplicateur,
estproportionnel
à celui dephotons
arrivant sur la cathode. Si AI est l’intensité lumineuse émise par le film descintillateur,
onpeut
donc écrireque :
où K est un facteur de
proportionnalité qui
nedépend
que des conditionsexpérimentales,
telles que ladis-position géométrique
etl’épaisseur
deF,
ainsi quel’ouverture du
diaphragme ;
si ces conditions sontfixées,
le facteur K reste constant pour toutes les mesures car la forme du spectred’amplitude
àphoto-électron
unique
reste invariante pour tout le domainespectral
de la fluorescence duscintillateur, laquelle
nedépend
pas de la nature du rayonnement ionisant. Enpratique,
pour réduire l’influence du bruit de fonddu
PM,
on réalise des coïncidences entre lesimpul-sions délivrées par le
photomultiplicateur
et cellesissues du détecteur à semiconducteur. Les
nombres,
par unité de temps, de coincidences
(N’),
designaux
provenant du compteur DS
(N)
et du PM(Na)
sontliés par la relation :
dans
laquelle
0représente
le temps de résolution ducircuit de coïncidence et
où
Nc
est le nombred’impulsions
de bruit de fond.D’après
les relations(5)
à(7),
laquantité
AI à mesurerest donc donnée par :
N" = 2
03B8NNc
étant le nombre de coïncidencesfor-tuites,
par unité de temps, en l’absence de scintillateur sur latrajectoire
des ions.1. 2 DISPOSITIF EXPÉRIMENTAL. - La chambre à
irradiation est
représentée
sur lafigure
2. Elle estFIG. 2. - Chambre à irradiation ; I et III : collimateurs ;
II : support avec source radioactive, diaphragme et diffuseur
métallique ; IV : scintillateur ; V : détecteur à semiconducteur ;
VI : système de refroidissement (effet Peltier) ; VII : cylindre
de Faraday.
constituée d’une enceinte
cylindrique
enacier,
raccor-dée à un ensemble de pompage et fermée par un
couvercle
qui
peut tournergrâce
à un roulement à billes. A l’intérieur de la chambre et solidaires du couvercle sontdisposés
une sourceradioactive,
un diffuseurmétallique,
lescintillateur,
le détecteur àsemiconducteur et le
photomultiplicateur.
Lecolli-mateur
placé
à l’entrée de l’enceinte permet de réduireéventuellement l’intensité d’un faisceau de
particules
accélérées. Ladisposition
des différents élémentsest telle que l’on peut, par rotation du
couvercle,
effectuer les mesures d’intensité de lumière et de
perte
d’énergie
desparticules
dans les mêmes conditionsgéométriques,
que l’irradiation du scintillateur aitlieu directement ou
après
diffusion desparticules
par lafeuille
métallique.
Le schéma du montage
électronique
estindiqué
surla
figure
1. Le détecteur à semiconducteur(DS)
estconstitué par une diode à barrière de surface or-silicium ayant deux sorties isolées. La borne
négative
(or)
est reliée à unamplificateur
sensible à lacharge
(AC), qui
délivre unsignal d’amplitude
proportion-nelle àl’énergie
de laparticule
détectée,
lequel
estanalysé
par un sélecteur multicanaux(SMC).
Laborne
positive (silicium)
de la diode est connectée à unamplificateur
de tension(A) (*)
suivi du circuit de mise en formeMF2,
dont lessignaux
- de durée(~ 1,5 us) supérieure
à celle d’une scintillation-commandent l’ouverture du
circuit-porte
P. Celui-cipermet d’effectuer les coïncidences entre les
impulsions
délivrées par le détecteur d’une part, et celles issues
du
photomultiplicateur
PM(Dario
56UVP/03),
puis
mises en forme(MF1),
d’autre part.Au cours de nos
expériences,
nous avonsparfois
travaillé avec des sources de
particules
nonmono-cinétiques (particules
a dudépôt
actif duthorium,
par
exemple).
Nous avons doncprévu,
dans notredispositif,
une voie latérale destinée à effectuer une sélection enénergie :
un sélecteur monocanal(SM),
relié àl’amplificateur
sensible à lacharge,
permetde
n’appliquer
que lessignaux correspondant
à uneénergie
déterminée ausystème
de coïncidencesUC,
dont l’autre voie est reliée à la sortie du
circuit-porte.
Les échellesE2
etE4
servent à compterrespective-ment le nombre
global,
par unité de temps,Ni,
departicules
détectées par la barrière desurface,
et lenombre
N2
decorpuscules
ayantl’énergie
définiepar le sélecteur monocanal. Avec les échelles
El
etE3,
on mesure les
nombres,
NI
etN2,
de coïncidencestotales,
ou ceux,N"1
etN2,
de coïncidencesfortuites,
ayant lieurespectivement
au niveau des circuits P et UC.(*) Cet amplificateur A est nécessaire, car en prélevant
l’information à la sortie de (AC) (temps de montée 250 ns), les fluctuations de l’instant de détection sont trop importantes
et entraînent une incertitude temporelle pour l’ouverture du
130
1. 3 MESURE DES
QUANTITÉS
DE LUMIÈRE àS ET àL’.- Le nombre des
photons
AS dans la scintillation totale estdonné, d’après (8),
par l’une ou l’autre des relations suivantes :où 01
est la durée d’ouverture ducircuit-porte,
et02
le temps de résolution du circuit UC. Il faut noter que,
pour un rayonnement
monocinétique,
on anécessai-rement
AS1
=0394S2 ;
dans le cascontraire,
laquan-tité AS est mesurée par
(9b).
Le facteur K dans lesexpressions (9) dépend
des conditionsexpérimentales
mais non des
caractéristiques
des rayonnementsincidents ;
pour que les valeurs de(Ni - N"1)/N1)
ou de(N2’ -
N2)/N2,
obtenues pour différents typesde
particules,
soientcomparables,
il faut donc queces conditions
(disposition
géométrique
dufilm,
gain
duphotomultiplicateur, ...)
soient maintenuescons-tantes.
Pour mesurer le nombre de
photons
AL’ émis dansle
signal
différé,
on retarde lesimpulsions
issues duphotomultiplicateur pendant
un intervalle detemps t’
supérieur
à la durée dusignal
prompt. On aalors,
dans la relation(5),
AI = 03A9AL’,
03A9 étant un facteurqui dépend
de l’instant àpartir
duquel
lesphotons
« retardés » sont détectés. Par
analogie
avec cequi
précède,
AL’ est donné par(loa)
ou(lob) :
avec AL’ =
0394L’1
=dL2
si lesparticules
incidentessont
monocinétiques,
et AL’ =AL’
(~
0394L’1)
dansle cas contraire. Notons que, comme la loi de
décrois-sance du
signal
différé estindépendante
de la nature et del’énergie
des rayonnements[2], [8], [9],
il en estde même pour le facteur
Q ;
les valeurs de AL’ mesu-rées pour différents types d’irradiation sont donccomparables.
2. Résultats
expérimentaux.
- Danscette étude
nous avons
employé
des protons(0,3
à 4MeV),
des deutons
(0,3
à 1MeV),
des tritons(0,3
à 1MeV),
des ions 3He++
(1
à 3MeV),
desparticules
a(1
à 9MeV)
et des ions azote
(10
à 80MeV).
Les rayons aprove-naient de sources radioactives
(210Po,
dépôt
actifde
Th) ;
les ions azote ont été accélérés par lecyclotron
CEVIL
(Orsay) ;
dans ces deux casl’énergie
desparticules
a été modifiée à l’aide d’écransmétalliques
d’épaisseurs appropriées.
Les autres rayonnements ont été obtenus à l’aide d’accélérateurs de types van deGraaff
(3
et 5MeV)
et Cockcroft-Walton(CRN,
Strasbourg).
A titre decomparaison,
nous avonségalement
fait desexpériences
avec des électrons de0,3
à 1 MeV(sources
de113In,
137 Ba
et207 Pb)
dont la perte
d’énergie
dE/dx
estbeaucoup plus
faibleque pour les ions lourds.
Le scintillateur
plastique
utilisé(NE
102 A :poly-vinyltoluène
contenant des solutésfluorescents)
a étépréparé
sous forme de films minces suivant un modeanalogue
à celui décrit par Green[18]. L’épaisseur
Aux des feuilles deplastique
était de l’ordre de1 Il
pourque
l’énergie
AEdissipée
parchaque particule
soittrès inférieure à son
énergie
E(0394E/E 1) (*) ;
dans cesconditions,
lesquantités
mesuréesAE, AS,
AL’et Ax peuvent être assimilées aux
quantités
diffé-rentielles
dE, dS,
dL’ et dxqui figurent
dans les rela-tionsthéoriques
à vérifier.2.1 PERTE D’ÉNERGIE DES PARTICULES ET ÉPAISSEUR
DES FEUILLES. - Les résultats
expérimentaux
sur laperte
d’énergie
AE desparticules
dans le film descintillateur,
parcomparaison
aux données calculéesde
dE/dx,
permettent de déterminer avecprécision
l’épaisseur
Ax de la feuilleorganique.
Sur les
figures
3 et4,
nous avonsreprésenté
encoordonnées
logarithmiques,
les valeurs mesurées de AE en fonction del’énergie
E de protons(0,3
à 3MeV),
d’ions 3He++(1
à 3MeV),
4He++(1
à 9MeV)
FIG. 3. - Perte d’énergie de
protons, ions 3He++ et particules a
dans un film de scintillateur organique : points expérimentaux
et courbes calculées.
FIG. 4. - Perte d’énergie d’ions azote dans un film de
scin-tillateur plastique : points expérimentaux et courbes calculées.
(*) A titre d’exemples, indiquons que, pour avoir une perte
d’énergie AE, telle que AE/E = 0,1, il faut ex = 1
u pour un
et azote
(15
à 80MeV),
pour un scintillateurd’épais-seur donnée.
Si les
épaisseurs
Ax sont assez faibles pour que0394E/E
1,
les résultats des mesures de AE doiventêtre tels que :
où
dE/dx
peut être calculé àpartir
desexpressions
de Bethe
(e
et m :charge
et masseélectroniques ;
z et M : nombre decharges
et masse ducorpuscule chargé).
NZreprésente
la densitéélectronique,
et a été évaluée connaissant lacomposition
(CHi,ios) et
la densité(1,032
g.cm-3)
du scintillateur :NZ =
3,36
x 1023 électrons parcm3 .
I est le
potentiel
d’ionisation moyen ; il a étédéter-miné suivant les indications de Sternheimer en utilisant la
règle
d’addition deBragg [19], [22].
Dans le casparticulier
des ions azote, nous avons tenu compte des valeurs de lacharge
effective,
données par North-cliffe[20].
Dans cesconditions,
on vérifie que larelation
(11)
est satisfaite dans tous les cas, en prenant une même valeur pourl’épaisseur
Ax : c’est ainsi que lescourbes en traits
pleins
sur lesfigures
3 et 4repré-sentent les
quantités
(dE/dx)
0394x,
calculées avec Ox =4,9
x10- 5
cm. Il faut noterque la
précision
decette valeur
numérique
dépend
de celle del’énergie
I ;elle souffre donc des limites de la validité de la
règle
deBragg
mises en évidence récemment dans des casde milieux
organiques
solides[23].
Les valeurs ainsiobtenues pour
l’épaisseur
Ax peuventcependant
êtreconsidérées comme
plus précises
que celles déterminées parpesée (méthode particulièrement imprécise,
car lepoids
du film est très inférieur à celui de sonsupport).
2.2 LUMINESCENCESPÉCIFIQUE.
- Connaissantl’épaisseur
Ax de la feuille descintillateur,
ayant déterminé lesquantités
de lumières AS et AL’d’après
les méthodes du
paragraphe
1. 3,
on a des mesures desquantités
ASIAX
et0394L’/0394x,
données par :En
pratique,
les résultats concernant lescorpuscules
decharges
différentes ne sont pas nécessairementcomparables,
les facteurs K étantcaractéristiques
de conditionsexpérimentales
éventuellement nonidentiques ;
il fallait doncprocéder
à unenormali-sation,
laquelle
a été réalisée en prenant commeréférence les données obtenues avec des
particules
a de210Po ;
pour évaluer le facteur denormalisation,
on a,
après
avoir déterminé lesquantités (13)
et(14)
pour un type de rayonnement
donné,
effectué ces mêmes mesures avec les rayons a, en conservantidentiques
tous lesparamètres
expérimentaux,
cequi
estpossible
avec notre chambre à irradiation.Les différentes données
expérimentales
étant ainsicomparables,
sontindiquées
sur lafigure
5 pour lesFIG. 5. - Résultats
expérimentaux sur les variations des
luminescences spécifiques es/ex et 03A9 0394L’/0394x en fonction du
pouvoir d’arrêt d’ions lourds (résultats normalisés en prenant
comme unité de luminescence spécifique celle correspondant aux électrons de conversion 137Ba).
particules
lourdeschargées ;
l’échelle de luminescencespécifique
a été choisie en prenant comme unité cellecorrespondant
aux électrons de conversion de13’Ba ;
on note, par
exemple,
que lesparticules
a induisent une luminescencespécifique ASIAX égale
à environ 100 fois celleprovoquée
par un électron de0,624
MeV(137Ba),
cequi
est en accord avec les observations d’autres auteurs[1].
Sur lafigure
6,
nous avonsreprésenté
les résultats de nos mesures avec lesélec-trons ; dans ce cas, nous n’avons pu étudier l’émission
différée
qui
était trop faible pour que l’onpuisse
distinguer
nettement les nombres N’ et N"qui
inter-viennent dans les relations
(10).
3. Discussion. - L’ensemble de nos résultats
expé-rimentaux montre que les rendements de lascintil-lation et de ses deux composantes
dépendent
dunombre de
charges
z et de la perted’énergie
spéci-fique dE/dx
desparticules
incidentes.3. 1 INFLUENCE DU NOMBRE DE CHARGES. - Elle
n’est pas
prévue
par les relations(1) ;
dans les expres-sions(3)
et(4),
par contre, lesquantités
Fs, 03A61
etcfJ2
dépendent
de la variablez2(dE/dx)-1 :
àpouvoir
d’arrêt
égal,
descorpuscules
de massedifférente,
mais de mêmecharge,
doivent provoquer l’émissionde la même
quantité
de lumière dans la scintillationglobale,
comme dans lacomposante
différée. Ceciest bien en accord avec les observations que nous
avons faites avec les ions de
charges
+ 1 et + 2132
Nos relations
théoriques prévoient,
parailleurs,
que pour une valeur donnée de la variable
dE/dx,
la
particule
laplus chargée
induit les luminescencesspécifiques dS/dx
etdL’/dx
lesplus
élevées ;
l’examen des résultatsexpérimentaux
de lafigure
5 montrequ’il
en est bien ainsi : avec les rayons a et les protons, caractérisés par une perted’énergie
par
exemple,
le rapport des valeurs mesurées de laquantité dS/dx
est de l’ordre de1,5 ;
ce rapport estencore
plus
grand
dans le cas des ions azote et despar-ticules a de même perte
d’énergie spécifique, puisqu’il
est d’environ 5 pour
dE/dx =
3 000 MeV.cm-1.Notons aussi que, si les données
expérimentales
relatives à la luminescence du
signal
différé,
déter-minées avec des protons et des
particules
oc depouvoirs
ionisants
égaux,
sont du même ordre degrandeur,
il n’en est pas de même pour les ions azote avec
les-quels
on obtient des valeurs deAL’/Ax
nettementsupérieures :
onvoit,
parexemple,
que pources derniers
corpuscules
provoquent une luminescencedifférée
égale
à 3 fois celle mesurée avec des rayons ade même perte
d’énergie.
3.2 INFLUENCE DU POUVOIR D’ARRÊT. - Pour des
valeurs croissantes de
dE/dx,
la relation(1b)
deWright prévoit
uneaugmentation
continue dedS/dx
et celle
(la)
de Birks une croissanceasymptotique
vers une valeur constante ;d’après
les relations(2)
à(4)
que nous proposons, par contre, lesquantités
dS/dx
etdL’/dx
doivent passer par un maximumet décroître pour des
pouvoirs
d’arrêt élevés. Lafigure
5montre que cette
prévision
est bien vérifiée dans le cas desparticules
decharge
+ 2. L’existence d’un tel maximum aégalement
été mise en évidence par d’autres auteurs[6],
[21]
en mesurant la luminescencespécifique
dsldx
d’un cristal d’anthracène irradiépar des rayons a. Dans les cas des
corpuscules
à unecharge
et des ions azote, nous n’avons pu conclureà l’existence d’un
maximum,
car nous aurions dû réaliser desexpériences
dans des domainesd’énergies
trop faibles pour que la définition en
énergie
restesatisfaisante.
Notons enfin que,
d’après
toutes les relations men-tionnées dansl’introduction,
la luminescencespé-cifique
dS/dx
est une fonction linéaire dupouvoir
d’arrêtdE/dx
si celui-ci est suffisammentfaible ;
telest le cas pour les électrons que nous avons utilisés dans nos
expériences,
comme le montre lafigure
6.FIG. 6. - Luminescence spécifique 0394S/0394x en fonction de la
perte d’énergie 0394E/0394x d’électrons.
L’interprétation théorique
détaillée des courbesexpérimentales présentées
dans cetravail,
feral’objet
d’unepublication
ultérieure,
danslaquelle
nousinsisterons,
enparticulier,
sur les indications nouvelles que fournissent nos résultats sur les effetsprimaires
des rayonnements dans les milieux
organiques.
Remerciements. - L’un de nous
(J. Lopes
daSilva)
remercie l’Instituto de Alta Cultura pourl’autorisation d’absence
provisoire
de la Commissâode Estudos de
Energia
Nuclear, Lisboa,
ainsi que laFundaçâo
Calouste Gulbenkian pour la boursequ’elle
lui
a accordée. Nous remercionségalement
M. J. Miehé pour l’aidequ’il
nous aapportée.
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