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INITIATIVES TREFLE m m Wa pour (2)SOMMAIRE INITIATIVES TREFLE Oui...pour dire non LES EMIGRES PARMI NOUS Fribourg, place du Pt-Paradis Racisme et personne âgée Pour une protection légale.

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Texte intégral

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PRO FRIBOURG

Mars 1990 Trimestriel N° 85

CENTRE FRIBOURGEOIS DE DOCUMENTATION PEDAGOGIQUE

Mit Wimiossohnellè' a» Deine Schwölle Ziehen Griissè mein ;

Sollen froh Dich finden und Dir verkünden ..Trau denk ich Dein".

INITIATIVES

TREFLE

m m

Wa pour

(2)

SOMMAIRE

INITIATIVES TREFLE Oui...pour dire non LES EMIGRES PARMI NOUS

Fribourg, place du Pt-Paradis Racisme et personne âgée Pour une protection légale..

Vivre ensemble

face au racisme ordinaire PATRIMOINE A VAU-L'EAU...

La dérive

Pitié pour Miséricorde

Place aux voyous et incultes GONFLES ET DEGONFLES

ERFURT DDR: DIE WENDE

Collectif

Gérard Bourgarel Pascal Schmied Alain Boyer Laurence Terrin et Jean Kunz

15 16 18 20 21 Gérard Bourgarel

Christoph Allenspach 22 Gérard Bourgarel 27 Gérard Bourgarel 30 Gérard Bourgarel 31 Crédit photographique:

Primula BOSSHARD, Fribourg: p. 6, 7, 9, 10-12, 24-28 Benedikt RAST, Fribourg: p. 29

Gérard BOURGAREL, Fribourg: p. 31-35 Dessins :

Roland ANSERMET, Grez-sur-Loing p. 4 Nils BURWITZ, Johanesbourg: p. 17

Imprimerie Mauron + Tinguely S Lâchât, Villars-sur-Glâne. Tirage 4200 ex.

PRO FRIBOURG Secrétariat: Staldtn 14, 1700 Fribourg CCP 17 - 6883-3, Fribourg Cotisation :

Ordinaire: 28 fr.; de soutien 38 fr. avec l'édition de langue allemande (4 numéros par an) supplément 14 fr. Tarif réduit : 18 fr.

(étudiants, apprentis, 3e âge)

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EDITORIAL

Ce cahier est, actualité oblige, consacré à ce qu'il faut bien appeler des choix de société: la prochaine votation sur les ini¬

tiatives Trèfle, l'intolérance grandissante à l'égard des étrangers, une spéculation qui maltraite notre patrimoine ancien et moderne.

Le monde, autour de nous, bouge, se transforme. Des peuples longtemps muselés accèdent à la liberté d'expres¬

sion, à l'espoir et ...aux lendemains qui déchantent.. Sommes-nous ouverts à ces changements ou figés dans nos imperturbables comportements ? Hier encore, il n'était question que de s'adapter à la Communauté européen¬

ne, à ses exigences de grande puissan¬

ce économique en gestation. Avec la perspective de voir, dans trois ans, les barrières douanières s'abaisser entre nos voisins, accroissant brutalement le trafic et les échanges, sans trop d'égards pour les régions faibles et les populations pauvres.

En quelques mois, nos horizons vien¬

nent de s'élargir à une Europe géogra¬

phique et humaine, viable dans la mesu¬

re où elle se montrera solidaire. Le réflexe d'insularité, par égoïsme, myopie et routine, est désormais un danger mortel pour notre pays. Notre "modèle"

n'en est pas un, dès lors que les pays de l'Est et du Tiers Monde de peuvent accéder à notre niveau de richesse et de gaspillage sans catastrophe écolo¬

gique générale et épuisement des res¬

sources naturelles. Les pays de l'Est ris¬

quent d'être colonisés par le mode de vie occidental, avec McDonald à la clef pour les uns et soupe populaire pour les autres, particulièrement les vieux, ceux- là mêmes qui ont reconstruit leur pays ravagé par la guerre. Caricatural ? C'est pourtant le danger de la réforme moné¬

taire envisagée par l'Allemagne de l'Ouest pour les "frères" de la RDA.

Copie trop conforme de celle de 1948 qui ruina les épargnants et les gens âgés pour que, selon le verdict de Heinrich Boll, "depuis ce jour, le feu soit toujours vert pour les forts, toujours rouge pour les faibles" *)

Plus que d'un élan charitable, c'est d'une solidarité active dont nous devons faire preuve, toutes affaires cessantes.

Pour cela, il faut dégager des res¬

sources, renoncer à ces gaspillages col¬

lectifs que sont des autoroutes de luxe ou des armements aussi coûteux que vite dépassés, réviser notre attitude face aux étrangers qui, moteur indispensable de notre économie, sont encore traités en parias et en exclus.

Un choix de société ? Oui, urgent, lan¬

cinant, inévitable.

Gérard Bourgarel

*)Heinrich Boll, "Wo ist dein Bruder?" discours du 8.3.1956, ä l'occasion de la semaine de la fraternité.

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INITIATIVES TREFLE

pour dire

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ALEMANIQUES CONTRE ROMANDS

Le lobby du béton qui finance la propa¬

gande pour la N1 met en avant le "désé¬

quilibre helvétique", le "sous-équipe- ment" autoroutier des cantons romands.

Il oppose même volontiers romands et alémaniques comme si ces derniers s'apprêtaient à imposer leurs idées vertes aux premiers.

Les bons apôtres !

La N1 va combler en direction de la Broyé le "fossé des röstis", autant dire que les Romands vont être plus que comblés: submergés. Voyez déjà ce qui se passe à Avenches. La petite cité somnolente se réveille. Mais combien dur est ce réveil pour les Avenchois qui doivent désormais renoncer à s'acheter une maison dans la vieille-ville ou une villa, ou seulement trouver un logement à prix abordable. En avance de peu sur la N1, les promoteurs sont là: ils sont bernois. En quelques années, les prix ont été multipliés par vingt.

Une restauratrice d'art, membre de Pro Fribourg, vient d'en faire l'expérience:

chassée de son logement et de son ate¬

lier, elle a cherché désespérément quelque chose à prix raisonnable à Avenches, où elle connaissait tout le monde. Finalement, c'est au coeur de Lausanne, dans un quartier tranquille, qu'elle a trouvé refuge. A meilleur comp¬

te qu'à Avenches !

Le fossé des röstis comblé, c'est la fron¬

tière des langues qui vacille. Le "désé¬

quilibre helvétique" ne sera pas compen¬

sé en mettant toute une région à portée de l'agglomération saturée de Berne.

Après Avenches, c'est Estavayer et les localités de la Broyé qui sont menacés par l'afflux des spéculateurs. Le choc sera brutal.

Dans la perspective de l'Europe écono¬

mique unifiée en 1992, on doit s'attendre à une énorme augmentation du trafic des "brummis", mastodontes et autres

"gros-culs", tous plus "sympas" les uns que les autres. Les autoroutes fran¬

çaises et autrichiennes sont déjà à la limite de la saturation. Les blocages, bouchons, manifestations de routiers de ces dernières semaines donnent un avant-goût de la situation à venir. Ce sera toujours plus tentant de se déver¬

ser par la nouvelle autoroute au travers de la Suisse. Ce n'est pas la "vignette", vite ammortie, qui les arrêtera. Alors, bonjour les dégâts I

La réalisation de la N1 est, nous dit-on, un pas vers l'Europe: Ouais, celle de la pollution: autant dire un faux-pas !

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Le serpent de béton de la N1 s'est fau¬

filé de Berne au Löwenberg près de Morat et veut se glisser à travers la Broyé jusqu'à Yverdon, avalant au pas¬

sage de précieux biotopes, ingurgitant de bonnes terres cultivées et sacca¬

geant des paysages encore intacts. On prend prétexte d'un tracé européen "de hambourg à Lisbonne" pour nous impo¬

ser un trafic de transit supplémentaire à travers le pays. Pour provoquer une telle catastrophe écologique, trois auto¬

routes parallèles ne sont pas de trop pour nos bétonneurs.

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Petit problème:

Trois autoroutes parallèles au lieu de deux: une évidence?

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AVIS D'ALIENATION Dlatrlct I O.,!,.-

verAusserungsanzeiqe M Ne/ B. Nr. .?.T.?A9

. Nom ei edtesse de l'acquéreur et date de nelssence: Neme, Vomame, Geburtsjahr. Adresse dis Enverbert:

: sttpuléle ....24.0*,.19.Ç». imcrftwRFIe... J3.. W.»J.?Ä9. verurkurtdtf-i» elnçetrtgen »m BRUâCBR Mareel, â Narlyf HfeoiuOX GlllM» à Dohdidier RAHUZ Karite, â Ecuvillene, SC1K5RRO Joeeph# A Cor»iiibo«i KK6N1H fil* d'AaêdéB-Hichol ni le 18.11.194:

A GenAv«. Qual da Cheval Blanc 14

Commun« Gemeinde LotiMvne Kom locsl Ced. toi. KM. U.M. Plut Nr. Ait/ Rehe ArtJNr. Vttt Geb. V.Nr. TaxeMtimant* At*. OebSudeteluaung Ott«, taxe 0>d.'Cxt>. Otfton. OS, AOS

D0KD1DISR 2890

171

\ Droit d'hiWtallon I Wofmrecfit

Usufruit I Nutinltssung

. Immeubles aliénés: a/ «niècetotale: mVertussert» Grundstück«: a/ Total» Rieh«: m* 1 ? »...

cl taxes totales: fonds et bâtiments: Fr c/ Gesemttchitxung: Boden und Gebinde:

2*961*000.- Entrée en Jouissance: .?.f fMxon tmd Scftadén eb:

2'168*430.~

792*570.- hypothtques légales

GesetrSche Grvndpfendrecht»

(nouv. emprunts contr. par l'acquéreur: Fr. ..

(neue GntndpfendscMden de» Erwerben:

. ScAiet Restbetrag:

Total: Fr. J'MVOOO.- 7. K3I payé par f acquéreur l.-jaaitut' Uegenscttetisgewfnnsteuet bexsNt vom Erwtrber/ Verlwem ' ' touHjnt» c* qui oowvtsnt / Zutreffindet uMentiekhen

9. Nature des Immeubles.-transtérés; pré / champ/ torét / pâturage / surftet »neutte I place I lardtn /1 train â bâtir / bâtiment Industriel / habita¬

tion/rural/unfté de PPE/

Bezeichnung der übertragenen Liegenschaften: Wfese / Acker / Wald / Walde / Unfruchtbar'/ Plett / Gerten / Bauland / Induttriegebtude / Wohnhwu*/Ökonomleg ebiude/StockwtrkelnhfH/

ACQUISITION PAH l'ALIENATEUR I ERWERB DURCH DEN VERJlUtBERER

achat du 29.9*1980 11. Ptlxd'tcquisltionoud'el!rlbut>on:Fr. ....l.!.9.W.!.W9.«.T... pour JWJîft. mErwerbs- oder Obemthmeprefs: (Or m' 1

taseestondsFr . .. bâtiment Befurtnmeent Boden Geblud*

KM EBtaynyer h 31 «tobr».198B , den

PJ HolB. Nr.. .S.W.W.

itiln IomI« WelM OoMoA OrOrt Kent. llaiMtMhatinewlwiiieMwmw.

LE CONSBtVATEtm OU REGISTRE FONCIER:

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Ceux qui crient au "CUL-DE-SAC" pen¬

sent SAC D'ECUS: les projets autorou¬

tiers contestés ont déjà pour effet une ruée des spéculateurs et une hausse dramatique du prix des terrains. Le pro¬

jet de prolongation de la N1 profite au petit nombre (voir T'exemple" ci-contre) et sera cher payé par tous.

Hommes, femmes et enfants, qui pen¬

sent plus loin, forment ici une longue procession silencieuse aux abords de Morat, en soutien des initiatives Trèfle.

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C'est ainsi que l'Etat protège la nature.

Ici, près de Faoug, un biotope a été dévasté, brûlé et aplati, entraînant la dis¬

parition des grenouilles et des espèces rares. Geste dérisoire: les bétonneurs ont aménagé un enclos tiré au cordeau pour les fantômes de ces animaux.

L'essentiel: le ruban de béton est prêt à s'étirer jusqu'à Estavayer qui présente dans son musée de si jolies grenouilles empaillées.

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(12)
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pour dire

mm

Initiatives Trèfle Secrétariat:

Grand-Rue 47 Tél. 037 - 23 26 58

1er avril:

VIADUC CADUC!

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Les émigrés

parmi nous

Illustration: affiche de Stasys Eidrigevicius, de la revue polonaise PROJEKT 14

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FRÉOURG. PLACE DU PETIT-PARADIS

DES TRACES DE SANG QUI NE S'EFFACENT PAS

Quelle histoire I En fait-on autant pour ces piétons qui se font écraser par des automobilistes malchanceux

? Ou pour ce conjoint que l'on tue dans une crise de jalousie ? Pour tous ces "accidents" qui sont deve¬

nus une banalité dans notre société.

Au départ, une bande de jeunes en virée, qui s'ennuient, boivent, se livrent au passage à des dépréda¬

tions et finissent par commettre, ou laisser commettre une grosse bêtise.

Du coup, parents, amis, voisins de quartier font faire front, au risque de justifier, de banaliser le fait.

Car on vit plus ou moins bien les changements de notre époque, on ressent confusément qu'un cadre de vie, son logement sont menacés et quoi de plus simple que de prendre l'étranger comme bouc émissaire ? Cela rappelle, sur un tout autre registre, l'affaire de Villarepos. C'est le même enchaînement, le même rejet du monde extérieur. Et face aux autres, face à ce miroir déformant qu'est cette TV dont on ne peut plus se passer, on va jusqu'à clamer qu'on est des chrétiens massacreurs de turc, comme d'autres ont été des

catholiques casseurs d'église.

Bien sûr, par réaction sur le vif, par entêtement plus que par conviction.

Une attitude bien vite, trop vite confortée par des "responsables"

politiques, religieux qui, dans un cas comme dans l'autre, vont se défiler, de peur de heurter le sentiment populaire.

Au Petit-Paradis, comme à Villarepos, le résultat est là, une fois de plus, vu au crible d'une émission de Temps Présent: une image de Fribourg dégradée et dégradante.

Avec pour seule échappatoire, de dire encore: C'est la faute aux médias !

Gérard Bourgarel

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LE RACISME ET LES PERSONNES AGEES

En tant qu'animateur à la Fondation pour la Vieillesse Pro Senectute, je suis amené à rencontrer des gens qui se répartissent en :

- ceux que nous appelons les "jeunes retraités" entre 60 et 70 ans, qui ont déjà pu bénéficier des avantages sociaux liés au progrès (Caisse de retraite par exemple) et qui se sont très souvent aménagés une "retraite active";

- et, à l'opposé, ceux et celles qui doi¬

vent "tirer le diable par la queue" et qui, de ce fait, ne s'octroient que très peu de plaisirs (de temps à autre, un loto ou un match aux cartes). Ces personnes sont souvent aigries et très agressives à l'égard des étrangers "à qui l'on paye tout !"

Le problème du racisme et les réactions belliqueuses à l'égard des étrangers résultent souvent d'un manque d'infor¬

mation général sur la prise en charge financière des requérants d'asile et sur la nécessité de la main d'oeuvre étran¬

gère pour faire fonctionner notre écono¬

mie

Je m'explique: Certaines personnes âgées sont persuadées que la plupart des réfugiés viennent en Suisse pour profiter d'une situation prospère. Un sen¬

timent renforcé par le fait qu'elles sont amenées à croiser en ville des groupes de Turcs, de Vietnamiens ou de Tamouls se balladant mains dans les poches : "Ils feraient bien de travailler, ces fainéants" s'écriera l'une, alors que telle autre dira "La Croix-Rouge et les services sociaux leur payent tout ce qu'ils veulent. En tous cas, ce n'est pas à moi qu'on va donner plus."

Ou encore "Regardez celui-ci ! On se demande bien qui lui a payé cette bagnole ?". J'arrête là mes citations, tant elles pourraient être nombreuses.

En règle générale, c'est la crainte et la jalousie face à la prospérité économique de certains qui alimentent le sentiment raciste chez la personne âgée. Il faut donc passer beaucoup de temps pour faire de l'information, en utilisant toutes les structures institutionnelles qui sont à notre disposition à Pro Senectute:

- par des rencontres avec des étrangers dans le cadre de loisirs ou de forma¬

tions,

- par des discussions suscitées dans des groupes de discussion se réunis¬

sant chaque semaine,

- par une prise de conscience continuel¬

le lors de nos fréquents contacts pour susciter chez nos interlocuteurs un inté¬

rêt à se battre pour une amélioration de la sécurité sociale, les personnes âgées étant également des exclus dans notre société.

En fin de compte, nous retrouvons chez les personnes âgées le même clivage que chez les jeunes: beaucoup de gens ont évolué avec le temps, sont capables de discernement, alors que d'autres, repliés sur eux-mêmes, focalisent leurs problèmes sur l'étranger, source de tous leurs maux. Ceux-là ne pourront mal¬

heureusement pas faire le pas: ils "vivo¬

tent" et ne peuvent, de ce fait, dépasser leur aigreur pour penser aux autres:

c'est là un réflexe tout simplement humain.

Pascal Schmied, Assistant social et animateur 16

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POUR UNE PROTECTION LEGALE CONTRE LE RACISME

La tragique succession d'attentats et d'agressions racistes qui a secoué l'année 1989, a montré à ceux qui en doutaient encore que la montée de l'intolérance raciste n'épargnait pas la Suise. En effet, sanctionnée par la mort de six personnes, l'année 1989 a vu le racisme se montrer à visage découvert.

La Suisse a été prise au dépourvu.

Cela fut des plus patents d'autant que notre pays n'a pas encore ratifié la

"Convention internationale de l'ONU pour l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale" datant pourtant de 1965. En effet, l'adoption de cette convention requiert du pays contractant une protection légale

contre le racisme. La Suisse, dont la législation est déficiente sur ce point, devra au plus vite combler le vide pour se joindre aux 128 Etats qui sont à ce jour parties.

Mais, comment se fait-il, peut-on s'interroger, que la Suisse ait tellement tardé alors que la plupart des pays d'Europe possèdent cet outil depuis de nombreuses années ? La France, par exemple, s'est dotée de sa loi contre l'incitation à la haine raciale en 1972. Le laxisme des autorités a été manifeste en la matière. Maintes fois, promesse fut faite aux parlementaires qu'une loi serait proposée, cependant on ne vit rien venir. Ce laxisme est de même nature que celui qui empêche 17

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aujourd'hui la ratification de la Convention internationale des droits de l'enfant élaborée à Genève pourtant. La Suisse a, il est vrai, un lourd contentieux avec les droits de l'homme qui, au regard de l'harmonisation en cours en Europe, prend un aspect particulièrement flagrant.

De plus, il y a le fait, lié sans doute, que, pour beaucoup, le racisme n'était pas, jusqu'il y a peu, un phénomène touchant la Suisse au même titre que les autres pays. Le fait de s'être opposé aux initiatives xénophobes ou, du moins, d'une non-xénophobie.

Cependant, aujourd'hui, l'intolérance qui se manifeste est d'une nature bien différente. Elle appelle à des solutions adaptées. Ce n'est pas que le bouc émissaire qui a changé, ce sont toutes les données du problème:

statut, origines des migrants, causes des migrations, conjoncture mondiale, etc...

L'adoption d'une protection légale contre le racisme par la Suisse, bien qu'elle ne constitue pas l'ultime solution face à l'émergence du racisme, est cependant un passage obligé dans la recherche de solutions.

Elle l'est au même titre que l'a été, dans le débat sur le viol, l'adoption d'une législation. De manière semblable, elle ne peut se dissocier d'une campagne de prévention.

Il est aujourd'hui absolument nécessaire que les actes de racisme soient considérés comme des délits et, qu'à ce titre, ils soient réprimés comme tout autre délit. L'article proposé par le Conseil Fédéral et introduit en procédure de consultation en décembre dernier sous la pression des événements, crée cette possibilité

Certes, son champ d'action sera restreint. Car il ne prend pas en considération la discrimination d'une manière générale, ou fondée sur le sexe ou les pratiques sexuelles. De plus, il ne mentionne pas l'antisémitisme. Ce sont évidemment des manques regrettables.

Dans sa formulation actuelle, il ne devrait pas permettre aux associations antiracistes de se constituer partie dans un procès, soit sur mandat d'une victime, soit en tant qu'association. Cependant, dès aujourd'hui, la collection des faits et la constitution de dossiers sont un travail essentiel, qui appuiera dans un premier temps l'adoption de la loi, puis créera une pratique autour de la loi. C'est dans ce but, entre autres, qu'une Maison des potes a été créée à Fribourg.

Le calendrier annoncé par le Conseil Fédéral qui devrait mener à l'adoption de la loi cette année encore, est évidemment susceptible de modifications. Son maintien tient dans la capacité des organisations concernées à porter cette revendication comme la plus cruciale dans l'immédiat.

Alain Boyer SOS RACISME - FRIBOURG

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VIVRE ENSEMBLE FACE AU RACISME ORDINAIRE

Les événements malheureux de confrontation entre communautés qui se sont déroulés ces derniers temps dans notre canton sont le résultat d'une poli¬

tique de non-intégration des étrangers due à nos autorités et au patronat de ce pays. Afin de mieux comprendre cette situation, il est important de rappeler l'évolution économique et sociale de notre région.

Au début des années soixante, le can¬

ton, avant tout agricole et artisanal, comptait 6'371 émigré(e)s pour la plu¬

part d'origine italienne. A l'époque déjà, des incidents racistes s'étaient produits à Fribourg. Des Italiens se souviennent de bastonnades et d'une inscription sur la porte d'un bistrot:

"RITALS ET CHIENS INTERDITS".

En 1970, 16'806 imigré(e)s résidaient dans le canton. La crise pétrolière qui suivit avait provoqué le renvoi de 200'000 travailleurs(euses) immigré(e)s pour toute la Suisse. Renvoi justifié selon nos autorités par la pression popu¬

laire exercée par les différentes initia¬

tives xénophobes lancées par les partis d'extrême-droite, qui avaient déjà trouvé ce bouc émissaire pour tous les pro¬

blèmes sociaux.

En 1980, ce sont 14'349 étrangers qui vivent parmi nous. Malgré une petite récession au début de la décennie, cette période a vu le canton poursuivre sa course à l'industrialisation, tout en déve¬

loppant massivement le secteur des ser¬

vices. Socité en pleine mutation, offrant

comme seule valeur: réussite sociale, consommation, travail en col blanc, dévalorisant par là même de plus en plus les professions manuelles.

Parallèlement au développement de l'économie, de nombreuses places de travail ont été créées appelant une nou¬

velles immigration (portugaise, yougo¬

slave, turque). Ces travailleurs(euses) viennent avec des statuts des plus pré¬

caires: saisonniers de 9 ou 3 mois, clan¬

destins. C'est à cette époque également qu'arrivent quelques milliers de requé¬

rants d'asile.

En 1989, la population globale du can¬

ton est de 200'166 habitants, dont 19710 immigrés, parmi lesquels on ne trouve pas les saisonniers à trois mois (env. 5'000) et les travailleurs au noir qui sont estimés entre 3 et 8'000.

Durant cette période, des problèmes sociaux, directement ou indirectement liés à cette situation économique sont apparus:

- les retraités, avec des rentes déjà très basses, ont vu leur pouvoir d'achat se réduire comme peau de chagrin, - les locataires soumis à la loi des spé¬

culateurs ne trouvent plus d'apparte¬

ment correspondant à leur salaire.

Certains quartiers, c'est le cas de la Basse-Ville de Fribourg, ont vu leur population d'origine expulsée vers des

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- sur les chantiers et dans les usines, les travailleurs stables sont soumis à une rotation continuelle de nouveaux immigrés, avec tous les problèmes de communication, de choc de culture et de compétences professionnelles différentes que cela implique.

- les professions manuelles sont de plus en plus dévalorisées.

TRENTE ANNEES OU L'ON N'A ACCUEILLI QUE DES BRAS

Au delà des déclarations morales, humanistes ou solidaires, quelles alternatives sont-elles possibles pour casser le racisme ordinaire ?

- Développer des luttes sociales telles que: l'amélioration de l'AVS, la création de logements sociaux, la revalorisation des métiers manuels, l'augmentation des places dans les crèches, etc...

- Supprimer les contingentements et les statuts discriminatoires pour la main-d'oeuvre étrangère, ce qui permettrait de développer une politique d'intégration comprenant le droit au regroupement familial, la possibilité d'améliorer et de contrôler les conditions de travail pour tous.

- Ouvrir à tous la formation et le perfectionnement professionnels.

Offrir des cours de langue pour les nouveaux arrivants.

- Informer les jeunes apprenti(e)s et collégiens(iennes) sur la culture et la situation des pays d'immigration.

- Offir des lieux où les communautés peuvent se réunir et exprimer leur identité spécifique.

- Introduire rapidement sur le plan législatif une loi antiraciste.

- Créer la rencontre et permettre l'intégration des immigré(e)s dans nos associations, partis, syndicats, églises et introduire au plus vite le droit de vote et d'éligibilité au niveau cantonal et communal afin d'associer chacun aux décisions qui nous concernent toutes et tous.

Vivre ensemble dans le respect mutuel est possible aujourd'hui, à condition qu'on s'en donne les moyens.

Laurence Terrin et Jean Kunz

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PATRIMOINE A VAU-L'EAU.

La vague de spéculation donne le coup de grâce à notre patrimoine, tant ancien que moderne. Seuls quelques monu¬

ments échapperont au massacre, bichonnés selon toutes les règles asep¬

tisantes du perfectionnisme helvétique.

Mais le reste part à vau-l'eau.

La Conservation cantonale des Monuments fait ce qu'elle peut, complè¬

tement débordée par l'avalanche des demandes de permis de construire.

Comment examiner, avec deux postes et demi, le millier de demandes qui défi¬

lent à l'année venant des quatre coins du canton ? Elle ne voit même plus pas¬

ser les balles, car trop souvent les pré¬

fets négligent de lui soumettre les dos¬

siers. Elle est de plus priée de ne pas faire de vagues.

La fantaisie débridée de l'ancien respon¬

sable est certes passée de mode, mais l'inefficacité demeure. Si la Direction de l'Instruction Publique s'est toujours contentée d'une conservation alibi, c'est qu'elle n'a que faire d'une conservation contraignante et efficace.

C'est dès lors le triomphe des intérêts à court terme, le champ libre laissé aux agissements de vulgaires voyous: on ne sauvera même plus les apparences. A force de détruire le contenu, l'enveloppe finit par se lézarder. A Fribourg, la vieille ville se meurt.

Nous donnons ci-après quelques exemples particulièrement scandaleux de ce qui se passe dans un silence feu¬

tré et sans la moindre sanction officielle dans notre ville comme dans tout le can¬

ton.

Il y a pourtant, de toute évidence, gas¬

pillage des deniers publics. A quoi bon faire des inventaires, si ensuite tout est détruit et part à la décharge ? A quoi bon imposer des règlements si ceux qui les enfreignent se voient accorder mal¬

gré tout des subventions ? La Ville a entrepris ces dernières années de réels efforts de conservation, mais ils ne sont pas relayés au plan préfectoral, cantonal et fédéral.

Si nous dénonçons le scandale, c'est que notre mouvement a eu, voici 25 ans, comme but premier la sauvegarde et la mise en valeur de ce patrimoine, en premier pour ses habitants. L'échec est actuellement patent, à tel point que notre mouvement en perd sa justifica¬

tion, jouant à son tour un rôle alibi, dans la mesure où il sort de temps en temps une belle brochure sur un sujet bien sage (...Manessierà Fribourg) ou même brûlant (L'inventaire de l'architecture moderne), dès lors que, dans les mois qui suivent, on dénature sans la moindre gêne, jusqu'aux édifices majeurs (Le Moderne à Bulle, le Moderna à Pérolles et - c'est un comble - l'Uni Miséricorde...).

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PITIE POUR MISERICORDE

Des architectes suisses renommés en demandent la protection:

Lors de leur inauguration en 1941, les bâtiments de l'Université de Miséricorde ont été célébrés en tant que contribution majeure à l'architecture moderne suisse.

Aujourd'hui, à peine 50 ans plus tard, on la traite comme du rebut. Année après année, on transforme et dénature ces bâtiments sans concept d'ensemble, de façon totalement arbitraire. L'administration a les coudées franches, car la Direction de l'Instruction Publique refuse de mettre l'Uni Miséricorde sous protection.

Ce témoin important de l'architecture doit être préservé de nouveaux dommages. Mieux encore, des erreurs passées peuvent être corrigées. Pro Fribourg en appelle au Gouvernement cantonal: Mettez sans tarder ces bâtiments et leur intérieur sous protection! Veillez à ce que les rénovations et les aménagements soient entrepris sous une direction compétente. Ne permettez pas que le centième anniversaire de l'Université soit l'occasion d'adjonctions déplacées: tel ce projet de fontaine Signé à ce jour par:

Atelier 5, architectes et urbanistes, Berne Marie-Claude Bétrix, architecte, Zurich Werner Blaser, architecte, Bâle Mario Botta, architecte, Lugano

André Corboz, professeur histoire de l'architecture, EPFZ Zurich

Carl Fingerhuth, architecte cantonal, Bâle René Furer, professeur EPFZ, Benglen Aurelio Galfetti, architecte, Bellinzone

Jacques Gubler, historien de l'architecture, Lausanne Marie-Thérèse Honegger, compagne de l'architecte

sans relation avec la composition architecturale. Fribourg ne doit pas encourir le reproche d'avoir délibérément défiguré un édifice d'importance nationale et marqué ce centième anniversaire par un acte d'inculture.

Les professeurs et architectes suivants ont signé cet appel:

PETITION POUR LA SAUVEGARDE DES BATIMENTS DE L'UNI MISERICORDE

L'ensemble des bâtiments de l'Université Miséricorde à Fribourg est progressivement dénaturé par des interventions incompétentes et des transformations abusives. Il faut à tout prix éviter de telles atteintes à un ensemble de bâtiments d'intérêt national. Le, la soussigné(e) souhaite son inscription dans la liste des bâtiments dignes de protection du Canton et de la Confédération ainsi que sa protection totale. Les rénovations doivent être faites à l'avenir après analyse scientifique et sous une direction compétente.

Denis Honegger, Genève

Benedikt Loderer, Rédacteur en Chef Hochparterre, Zurich

Pierre von Meiss, professeur EPFL, Lausanne Stanislaus von Moos, professeur, Uni Zurich Georg Mörsch, professeur Conservation des Monuments, Zurich

Werner Oechslin, professeur EPFZ, Zurich Arthur Rüegg, architecte, Zurich

Alberto Sartoris, architecte, Cossonay-Ville Caria Prina, artiste-peintre, Cossonay-Ville Martin Steinmann, professeur EPFL, Lausanne Livio Vacchini, architecte, Lugano

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PRO FRIBOURG

LETTRE OUVERTE AU GOUVERNEMENT FRIBOURGEOIS

Madame la Conseillère d'Etat, Messieurs les Conseillers d'Etat,

Soutenus par des personnalités renommées de l'architecture et de nos hautes écoles suisses, nous vous prions de faire le geste généreux de classer dans son ensemble les bâtiments de l'Université de Miséricorde. Une telle demande peut paraître inha¬

bituelle s'agissant de constructions datant d'un demi siècle. Deux raisons justifient cependant notre démarche:

L'Université de Miséricorde est un important témoin de la nouvelle architecture en Suisse et représente la plus importante réalisa¬

tion architecturale de cette époque dans le Canton de Fribourg.

Même sur le plan international, elle a sa place d'honneur. Les signatures à l'appui de notre demande attestent la valeur que lui accordent les architectes de nos jours. Un monument de cette importance doit être entretenu avec le plus grand soin et restauré et réaménagé qu'avec une extrême retenue et avec compétence.

Depuis des années, c'est le contraire qui se passe à Miséricorde.

Nombre d'éléments ont été détruits par inadvertance ou négligence:

des lampes et des meubles ont été jetés, alors qu'ils n'étaient même pas endommagés. Partout où cela était possible, des espaces, même des halls et une cage d'escalier, ont été transformés en bureaux. L'ensemble des fenêtres de l'aile des séminaires ont été remplacées, sans même que la Conservation cantonale des Monuments en soit avisée. De nouvelles, importantes transformations sont prévues, sans qu'on en connaisse exactement les plans. Les crédits à cet effet ont été votés par le Grand Conseil sous une rubrique

"entretien et transformation".

Nous vous demandons de veiller à ce que tout se passe "cartes sur table" et, surtout, que tout "soit soigneusement étudié en vue d'une rénovation. Pour cela, en plus de la mise sous protection, une expertise exhaustive par des architectes et restaurateurs com¬

pétents est nécessaire. Après 50 ans, une restauration d'ensemble s'avère urgente.

Nous vous remercions d'avance pour votre attention et votre com¬

préhension .

Avec l'expression de nos sentiments respectueux PRO FRIBOURG

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L'Université de Miséricorde a été construite de 1937 à 1941 par les deux architectes Denis Honegger et Fernand Dumas. Dès leur achèvement, les bâtiments ont été aussitôt recon¬

nus comme une grande réalisation architecturale. Denis Honegger, responsable et auteur du projet, avait repris les idées de deux grands architectes, Auguste Perret et Le Corbusier, pour en faire une synthèse originale riche d'expression. La grande composition d'ensemble s'inspire de Le Corbusier, alors que la composition esthétique des façades, des espaces et de l'aménagement intérieur font référence à Perret. Fernand Dumas contribua à cette réalisation par sa grande expérience dans le traitement du béton (voir ses églises de Bussy, Murist et Orsonnens). De nombreuses solutions techniques pour les plafonds, sols et escaliers sont de véritables prouesses.

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PATRIMOINE:

PLACE AUX VOYOUS ET AUX INCULTES

La "LIBERTE" est en progrès. L'information locale est enfin trai¬

tée avec sérieux. Si on a encore droit aux compte-rendus de soi¬

rées choucroutes avec fastidieuse énumération de notables, on a maintenant également des informations à chaud - celles sur les¬

quelles nos officiels passent comme chat sur braise - quç ce soit sur le crime du Petit-Paradis ou sur les actes de vandalisme de spéculateurs en Vieille-Ville.

Le cas de l'immeuble Place-du-Petit-St-Jean 33 (Liberté du 22.2.) en est l'exemple crasse. En trois temps, trois mouvements ce bâti¬

ment du 16e siècle, un des rares encore intacts en Basse-Ville, a été saccagé. Premier temps, l'immeuble est acheté par l'entrepre¬

neur Jocelyn Polzer à un prix spéculatif (plus d'un million). Les locataires sont évincés et un projet de transformation est déposé, ne tenant aucun compte des règles de protection en Vieille-Ville.

Pour rentabiliser son investissement, Polzer prévoit de vider l'immeuble et de le bourrer jusqu'aux tuiles de studios et de 2 pièces. Entretemps, la Conservation des Monuments et le service archéologique sont intervenus et ont réalisé un inventaire som¬

maire (en l'absence de sondages) de l'intérieur. Cela permet déjà de repérer un riche décor, des plafonds peints. D'où blocage du projet. Polzer s'en tire en repassant le paquet à un bernois:

Lino(cent) Schwab qui va se dépêcher de faire table rase. En vi¬

tesse, ni vu ni connu, tout sera fracassé et jeté à la décharge.

Sommé de s'expliquer, Schwab fera l'âne:"le préavis, j'I'ai pas lu..." Le mal est fait, mais ce vandalisme peut encore être sanc¬

tionné: une amende peut être fixée allant jusqu'à 10 % de la va¬

leur de l'immeuble (ce qui pourrait s'élever à 100-150'000 Fr.), pour peu, bien sûr que le Préfet sanctionne... Mais y-a-t'il un préfet à Fribourg ?

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Paçje précédente: A la Place du Petit-St-Jean, les vandales y sont allés carré ment à coups de masse, détruisant systématiquement tous les éléments indiqués

"à protéger". Ci-dessus: La façade de l'immeuble sinistré et les corbeaux qui soutenaient un ancien plafond peint, maintenant parti à la décharge...

LE MODERNE A BULLE DEMODERNISÉ:

Ce qui s'est commis illégalement à Fribourg va pouvoir se commet¬

tre en toute légalité à Bulle (vide juridique oblige). Le sau¬

vetage du bâtiment du Moderne avait été en son temps exemplai¬

re. Et son aménagement intérieur par Catherine Monferini, une réussite, résolument moderne et sans concessions, (voir notre cahier de septembre No 82, en p.

28) .

En dépit du fort mouvement d'op¬

position, les marchands de soupe qui ont repris l'établissement ont tiré parti d'une lacune ju¬

ridique pour le transformer en

"pub Sherlock Holmes" qui, selon eux "correspond bien au caractè¬

re suisse" (Yeah !).

Un exemple de plus qui démontre que le patrimoine fribourgeois ancien et moderne est fort mal protégé.

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SAINTE-ELISABETH

PRETE A S'ENVOLER?

Cette photo de Rast montre la statue originale encore en pla¬

ce à l'angle de la maison du Stalden. Depuis quelques années une copie la remplace, et l'ori¬

ginal orne l'intérieur d'une cé¬

lèbre actrice de cinéma. La mai¬

son est maintenant en passe d' être vendue et la statue risque de suivre sa propriétaire dans le midi de la France. Cette sta¬

tue appartient pourtant au pa¬

trimoine fribourgeois.

Ainsi que le relève le Chanoine Pfulg, grand défenseur de l'art sacré fribourgeois, ces statues bien en vue sur un décrochement de façade (le St Christophe de la Grand'Rue ou celui de la rue d'Or) avaient une fonction pré¬

cise de dévotion publique: St Christophe protégeait de la mort subite et Ste Elisabeth invitait à se montrer généreux envers les pauvres. Elles sont donc proprié té de la collectivité.

TOUT CE QUI BRILLE N'EST PAS OR La Commune de Fribourg a reçu le

"Toit d'Or" pour la rénovation de l'Hôpital des Bourgeois, dé¬

cerné par l'association PRO RE¬

NOVA. Ceci explique cela, cette association regroupe des profes¬

sionnels de la rénovation, en¬

treprises et architectes. Ceux- là n'ont évidemment qu'à se louer d'un chantier aussi profi¬

table pour les maîtres d'état.

Au prix de la restauration de la coupole de l'Hôpital des Bour¬

geois, elle pourrait tout aussi bien être plaquée or...

On passe ainsi allègrement sur des fautes professionnelles, tel le cette grave déformation et affaissement de la susdite coupo le, décelée en cours de travaux, faute d'avoir fait la moindre analyse préalable du bâtiment.

Avec ce "Toit d'Or", ce sont les contribuables fribourgeois qui sont bien coiffés 1

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GON flÉS... Dégonflés.

SUPER-GONFLE, LE FROMAGER

Sans complexe, ce commerçant qui fait installer à la veille de Noël ce bal¬

lon publicitaire lumineux, sans la moindre autorisation officielle ni même celle du propriétaire du terrain!

Nous sommes intervenus pour stopper ce mercantilisme...

DE L'AVANT-GARDE INTERNATIONALE A L'ARRIERE-GARDE FRIBOURGEOISE...

Jean Tinguely est toujours le premier:

aux conformistes, la société élève des monuments qu'en réalité elle s'élève à elle-même...

HISTOIRE DE FICHES...

Je me souviens, fin des années 50, notre compagnie étant cantonnée à 1' auberge de Bourguillon, que son pro¬

priétaire, inspecteur de la sûreté, essayait de nous recruter pour li¬

vrer des renseignements ...sur les Fribourgeois établis à Genève Et les débuts de Pro Fribourg furent marqués par une enquête policière.

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FICHU FICHEUR...

Une petite phrase critique sur l'opération "Diamant" glissée dans notre éditorial du No 82 de septembre, nous a valu 1' ire d'un traîneur de sabre - M. Jean Blindenbacher de Berne - lequel a utilisé ses entrées au DMF pour mener une campagne de dénigrement auprès d'officiers de notre canton. Ces procédés anti¬

démocratiques ne peuvent que nuire à la cause même de la défense nationale. Il nous in¬

cite par son attitude à parti¬

ciper au débat libre et démo¬

cratique sur ce sujet...

ETHIQUE ELASTIQUE...

Engagé pour le secrétariat des Initia¬

tives Trèfle, Jean Steinauer a brillé par son absence, le répondeur le signa¬

lant "momentanément absent" durant tou¬

te la période de préparation de la vo- tation. Rude déconvenue de constater que, dans le même temps, l'écrivain- journaliste préparait la publication de jubilé d'une des plus grosses en¬

treprises de transport de Suisse Ro¬

mande, à paraître aux éditions Bertil Galland/24 Heures...

BEAÖREGARD, DROIT DE REGARD

Ce scandale (voir notre No de juin) a enfin été débattu au Grand Conseil.

Inutile d'épiloguer même si on veut encore nous faire croire à la bonne affaire (le temps qu'elle sombre dans l'oubli. Pendant ce temps, la moindre maison de maître ...artisan atteint de nouveaux records:

A vendre en vieille villa de Fribourg

MAISON DE MAÎTRE DU XIV*

rénovée et comprenant : 6 chambres à coucher, 4 bains, grand salon, salle è manger, plafonds et cheminées d'époque.

Situation et ensoleillement exceptionnels, vue imprena¬

ble.

Prix: Fr. 1 600 000.-

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ERFURT DDR: DIE WENDE

Franchir un rideau de fer toujours bien présent, balisé de miradors et parcouru par des patrouilles en armes, arriver à Erfurt RDA dans la cohue des allemands de l'Est chargés de provisions, débarquer dans la grisaille d'une ville sur laquelle pèse la fumée du lignite, être accueilli par les affiches annonçant la venue de Kohi au pro¬

gramme "sozial und ökologisch", c'est le monde à l'envers, la langue de bois retournée, plonger dans l'irréel.

Des gens encore abasourdis, libérés de l'omniprésence de la STASI (émigrée à l'Ouest ?), qui apprennent le libre parler, forment des attroupements devant les premiers vendeurs de journaux non officiels.

Une révolution, le changement (Die Wende) sans violence, à pas lent, taciturne comme les gens d'ici, travailleurs et économes.

Le choc d'un monde rétréci dans son enfermement, replié depuis plus de quarante ans dans son socialisme à l'idéologie sclérosée, dans ses structures figées, dans son économie de guerre, ne tolérant au¬

cune initiative, comptant à chacun son dû, chichement, sans notion de coût ou de prix de revient. Pour un salaire moyen de 1300 Ostmark

(celui, par ex. d'un ouvrier carrossier), le loyer du logement de trois pièces fixé entre 70 et 85 Ostmark (30 FS au change officiel!), le journal du parti, NEUES DEUTSCHLAND, pour 15 Pfennig (un sou!) mais rien que ce journal... Un repas complet avec boisson pour 15 Mk mais la simple boîte d'ananas (un luxe...) pour le même prix, 10 à

15 ans d'attente pour une Trabi, coûtant presque un an de salaire.

D'un coup, la liberté, des brèches dans le mur, le temps de retrou¬

vailles et d'une fête folle. La profusion, les lumières de l'Ouest.

Mais aussi la réaction horrifiée de ceux qui ont poussé jusqu'à Frankfort, devant l'alignement des sex-shops du quartier de la gare, des gratte-ciels à l'américaine d'un centre-ville accaparé par les banques, d'un monde prospère, dur et sans pitié, plus matérialiste que celui où ils vivent encore.

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Dans le train, une infirmière au visage las, s'inquiète de l'avenir:

si l'exode continue, la RDA sera une maison de vieux... Infirmières et médecins ont passé en nombre à l'Ouest, les malades sont restés.

Elle tempère son propos: ce sont surtout les jeunes, ceux qui, à cause de la pénurie de logements, sont contraints de vivre encore avec leurs parents, qui sont le plus tentés de partir.

Les hôtels sont envahis d'Allemands de l'Ouest: hommes d'affaires en complets sombres de coupe italienne, sérieux et tendus. Mais aussi des "tronches" inquiétantes, venues en droite ligne des bas-fonds de Frankfort ou de Hambourg. Tous à leur façon à l'affût.- Les réac¬

tions des habitants sont vives: ces gens de "l'autre côté" inquiètent leur comportement choque. De même que celui de ces excursionnistes Ouest-allemands en grosses voitures, qui viennent piller les maga¬

sins, profitant du taux de change faussé, et ..rafflant des plaques de beurre, parce que c'est meilleur marché...

L'inquiétude gagne. On me confie: c'est le "populo" qui veut la réu¬

nification tout de suite. Mais qu'adviendra-t'il de nos économies, de nos avantages sociaux, de nos logements? A coup sûr, ce sont les plus de 50 ans qui vont trinquer. Si on est jeune, en travaillant, on s'en tirera. La perspective des vautours de l'Ouest, prêts à fon¬

dre sur les immeubles, les terrains, les entreprises, ne sourit pas à grand monde. Pour ceux qui ont décidé de rester, par dignité ("on ne vit qu'une fois"..), à un mois des élections, l'incertitude pèse.

Erfurt, 18 février 1990 Gérard Bourgarel

CHANTIER EN PANNE En Vieille Ville d'Erfurt, un énorme chantier hors d'échelle: La Maison de la Culture, dont le coût avoisine 200 Mos d'Ost¬

mark. Un contingent d'ou¬

vriers polonais doit ve¬

nir le terminer. Signe des temps : on a dû renon¬

cer aux locaux et aux

"gadgets" prévus pour la STASI (le trou du souf¬

fleur?) . Ils seront re¬

convertis pour la gas¬

tronomie ...

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Mehrere tausend verlassen täglich die DDR

Bleibt im Land und engagiert euch täglich!

TAV 1/90 * Die erste respekt- und parteilose Zeitung für nur 99 Pf.! *

<\\\\ jpMf

<111 gemeine

VERUNSICI1CB1JNG PÄSORG/MTDESCHS^

Das Letzte zuerst! — Frisch aus dem Buschfunk ! Es ist zum Kotzen!

Premiere von Dessau nun auch in Magdeburg möglich?

Waffen der Kampfgrup- pen bereits vernichtet LIBERTE DE PRESSE \

A un mois des-élections, les premiers journaux li¬

bres font leur apparition en Thuringe et en Saxe- Anhalt. A l'exception du journal ci-dessus ("sans respect ni parti"), ils sont imprimés ...en RFA.

Le monopole étatique est encore tout puissant.

Vendus parfois à la sau¬

vette, les nouveaux jour¬

naux ont un ton percutant, dénoncent les excès du régime, annoncent la des¬

truction des armes de la STASI à Magdebourg et à Dessau, traitent d'envi¬

ronnement et de pollution.

Ils appellent à rester au pays...

Aktion zur Rettung der Klosterberge bei Plötzkv

• •

Uber 1000 bei Demo gegen Umweltzerstörung

Stimmungsbild aus Sachsen-Anhalt 90 Prozent für Vereinigung SPD bei über 50 Prozent 32 Prozent der Wähler sind noch unentschlossen

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GROS SABOTS...

Le Chancelier Ouest- Allemand intervient directement dans la campagne électorale.

Il a fort à faire à relancer la CDU de 1'Est, hypothéquée par sa collaboration avec le régime com¬

munistes. Les sonda¬

ges ne lui donnent que près de 15 % des voix. La réuni¬

fication, par ab¬

sorption, est déjà faite au plan de la CDU.

Face à l'énorme classe ouvrière de l'Est, Kohi martèle le credo nationa¬

liste, faisant si¬

lence sur la ligne Oder-Neisse...

Hufbruch SOZIAL + ÖKOLOGISCL'

SPD (West) und SED träumen gemeinsam vom demokratischen Sozialismus Thüringen, unsere Heimat—

Deutschland, unser Vaterland—

Europa, unsere Zukunft!

PROPAGANDE CDU:

DRANG NACH OSTEN La SED communiste n'a bientôt plus que le poids de son ap¬

pareil: il a perdu la confiance du peu¬

ple.

La propagande de la CDU se gausse d'un Honecker déjà à ter¬

re et d'un Karl Marx hors du temps.

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mm*' Tr?fK ta, -%r

L'AME DE LA RESISTANCE ! En RDA, c'est l'église protestan¬

te qui a été le point de rassem¬

blement des opposants au régime, (elle regroupe encore entre un tiers et la moitié des habitants) L'église catholique (10 % de la population) a eu une attitude attentiste et vient de rendre hom¬

mage aux protestants, lors de leur récent synode, par la bouche de l'évêque de Berlin.

C'est donc en partie dans la mou¬

vance protestante, que se situe le mouvement NEUES FORUM, qui est le fer de lance du mouvement démo¬

cratique en RDA: il est ainsi par¬

venu à empêcher la reconstitution de la STASI. Son handicap (et sa force!) est de ne pas être repris en mains par un parti-frère de la RFA. De ce fait, son rôle sera li¬

mité lors des prochaines élections.

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m '- LJ / m

NEUES FORUM

A besoin de notre aide.

Flambeau de la démocratie en RDA c'est le seul mouvement à garder

son entière indépendance Adressez vos dons au CCP PRO FRIBOURG 17-6883-3 avec la mention "NEUES FORUM"

Figure

table pour les maîtres d'état.

Références

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